
Berlin : Sternberg Press ; Montréal : Centre Canadien d’Architecture, 2019, 200p. ill. en noir et en coul. 31 x 25cm
ISBN : 9783956795183. _ 18,00 €
Sous la dir. de Giovanna Borasi, Albert Ferré, Francesco Garutti, Jayne Kelley, Mirko Zardini
Texte intégral
1Fondé en 1979, le Centre canadien d’architecture (CCA) est un centre de recherche situé à Montréal, ainsi qu’un musée consacré à l’architecture et à l’environnement bâti. Dans le livre Le Musée ne suffit pas, le CCA s’interroge publiquement sur sa mission et, par extension, sur le rôle des institutions culturelles au XXIe siècle à travers une série de documents, d’images, de textes et d’entretiens. Fruit d’une réflexion collective, l’ouvrage réunit plus d’une vingtaine de contributeurs dont Kalle Lasn, Wilfried Kuehn, James Voorhies, Kieran Long, Mark Wigley, Mike Pepi, Maria Lind et Bernd Scherer. Il s’agit du premier volume d’une série annuelle destinée à mettre en perspective l’état actuel du champ curatorial. La rédaction des textes se voulant fluide et décontractée, on retrouve diverses problématiques çà et là qui sont traitées de manière transversale, sans faire l’objet d’un examen systématique. Toutefois, deux axiomes sont récurrents à la lecture de cette publication. Premièrement, le CCA entend s’intéresser aux idées de l’architecture. Autrement dit, ses recherches ne se focalisent pas uniquement sur « le supposé résultat final de l’architecture [ou sur] le médium qui en représente la forme » (p. 15). Deuxièmement, le CCA s’attèle à méditer sur les zones grises de l’architecture, en définissant ce terme comme suit : « une zone grise est un territoire inexploré autour des limites de notre croyance : un territoire non réclamé qui met au jour les préjugés et les attitudes de notre culture » (p. 27). Ces deux axiomes se déclinent alors en plusieurs champs d’application concrets telles que la conception et la mise en espace des expositions, le rôle des archives et de la recherche au sein des institutions culturelles, la prépondérance du numérique et les enjeux sociopolitiques qu’il soulève, ou encore la place à accorder aux dispositifs de médiation culturelle. Néanmoins, des réflexions d’ordre philosophique sont également véhiculées dans l’ouvrage telles que la nécessité de s’extirper du présentisme, la volonté d’établir une planification à la fois souple et empiriquement fondée, le renoncement à tout rôle pédagogique au profit du doute scientifique, et enfin le désir de réinventer continuellement les institutions. En filigrane, on s’aperçoit que le régime énonciatif du musée est en crise, puisqu’il est à la fois assailli par les pourfendeurs issus de la critique institutionnelle et de la gouvernementalité néolibérale. Autant de problématiques complexes que le lecteur retrouvera à dessein dans Le Musée ne suffit pas.
Pour citer cet article
Référence électronique
Alban Loosli, « Le Musée ne suffit pas », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 09 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/61792 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.61792
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