
Genève : Mamco, 2019, 192p. ill. en noir et en coul. 23 x 16cm, (Collection MAMCO)
ISBN : 9782940656028. _ 25,00 €
Textes de Thierry Davila, Erik Verhagen
Texte intégral
1L’artiste Franz Erhard Walther fait partie de ses figures qui « ont été délaissées par les récits dominants (p. 6) » – ce qui lui a valu l’étrange privilège d’être re‑découvert dans les années 1990. Issu de la même promotion que Gerhard Richter et Sigmar Polke à la Kunstakademie de Düsseldorf, il s’est fait connaître internationalement entre 1967 et 1972, en participant notamment à l’exposition Quand les attitudes deviennent forme (1969) organisée par Harald Szeemann. Deux textes offrent ici une analyse rétrospective de son parcours. En premier lieu, dans son essai intitulé « Franz Erhard Walther : 1. Werksatz, 1963-1969 », l’historien de l’art Erik Verhagen étudie cet ensemble d’œuvres aujourd’hui « considéré comme l’opus magnum de l’artiste » (p. 8). Dans un second temps, Thierry Davila, conservateur au MAMCO, se penche sur les relations qui unissent l’artiste à cette institution, sachant que son œuvre y a été « montrée quasiment en continu » (p. 168) depuis l’ouverture public du musée (« Le Werklager (1961-1972) : Franz Erhard Walther au MAMCO »). Une annexe composée de 58 notices documente méticuleusement l’Ensemble d’œuvres n°1 [1. Werksatz]. Une des raisons d’être de ce livre est de pointer l’absence de cet ensemble d’œuvres dans les ouvrages de référence portant sur l’Art conceptuel publiés entre 1975 et 1990. Face à cette situation, deux éléments de réponse sont apportés. D’une part, l’œuvre de Franz Erhard Walther sort des sentiers battus et s’articule autour de la double volonté de « maintenir une distance entre l’art et la vie » (p. 9), tout en valorisant une interaction de principe avec le public. Il en résulte que ses œuvres demandent à être activées selon des instructions spécifiques. Dans ce contexte, les tensions entre le sujet et l’objet n’aboutissent ni à une dématérialisation de l’œuvre d’art, ni à une forme de syncrétisme, ni même à une critique institutionnelle. L’expérience artistique reste ainsi contenue dans un cadre prescrit : une caractéristique qui est restée très largement inaperçue jusqu’à l’arrivée de l’Esthétique relationnelle dans les années 1990. D’autre part, Franz Erhard Walther a été représenté par des galeristes qui n’avaient « ni les réseaux ni les visions nécessaires au maintien et à la consolidation de sa visibilité et de sa notoriété » (p. 7). A dessein, ce livre répare partiellement cette injustice en faisant connaître une œuvre qui, après coup, semble avoir été décisive.
Pour citer cet article
Référence électronique
Alban Loosli, « Franz Erhard Walther », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 04 juin 2021, consulté le 09 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/61777 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.61777
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