Robert Wilson. Paris : Flammarion : The Arts Arena, 2011
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1« Le théâtre ne devrait jamais commencer ou s’arrêter. C’est une ligne continue » (p. 214). Cette phrase prononcée par Robert Wilson résume ici assez bien son parcours artistique et l’esprit du livre dirigé par Margery Arent Safir. Se sont plus de quarante ans de création qui depuis New York ont rapidement irradié la scène européenne et constitué une production toujours plus prolifique. Alors que l’œuvre de Wilson atteint aujourd’hui une force exponentielle (avec pas moins de huit spectacles pour la seule année 2011), il est temps de mettre à l’honneur ce travail monumental et sa grande variété de pratiques, du théâtre à l’opéra en passant par la danse, ou la peinture.
2Il s’agit d’évoquer l’inclassable « Bob ». C’est de l’intimité (ou des coulisses) du travail de Wilson dont il est question plutôt que de l’étude technique des instruments d’une métamorphose scénique. La forme n’est pas décortiquée et on peut s’étonner que le concept de « théâtre d’images », dont Robert Wilson est le principal représentant depuis le début des années 1970, soit absent de l’ouvrage. Celui-ci renouvelle et élargit au contraire le regard que l’on peut porter sur cette création en consacrant un rôle prédominant à la parole des collaborateurs de l’artiste et à la diversité des points de vue. Le livre apparaît morcelé, mais il transcrit efficacement le caractère expérimental de la démarche théâtrale de Wilson.
3Ce gros volume parvient à dégager tout un tissu de questions soulevées par les spectacles. La voie/x interrogative offre en effet une lecture duelle assez originale. La présentation de l’homme dévoile une création jamais péremptoire, jalonnée de fécondes incertitudes, et les discours croisés des intervenants accentuent la part secrète, voire magique, qui préside à son œuvre. C’est alors de la complémentarité des textes, des photographies et des reproductions de dessins (rarement visibles) que se compose dans toute sa complexité le puzzle wilsonien. En pendant de cette approche en tous points sensible, un épais catalogue raisonné fournit une formidable source d’informations pour les recherches futures. Cet ouvrage constitue à la fois un livre-hommage et un recueil de témoignages orienté vers l’avenir. Ainsi, des hypothèses de Jonathan Harvey sur le rapport qu’entretient Wilson avec le langage (« La Quête d’un protolangage », pp. 179-185) ou de l’interprétation de Serge von Arx sur les structures scénographiques de l’artiste (« Le Scénographe comme architecte », pp. 210-220) ressortent des analyses ouvertes, prêtes à recevoir ce qui pourra bientôt advenir d’une œuvre toujours plus hybride.
4On retiendra l’éclairage que donne l’artiste autour de son travail, basé sur l’intersection de l’horizontale et de la verticale, données vectorielles de l’espace et du temps ; une conjonction déduite de la lumière surnaturelle et si énigmatique de ses pièces. Dans ce sens, écrits et images contribuent à récoler souterrainement les coordonnées d’une association presque alchimique et inexorablement mystérieuse.
References
Electronic reference
Barbara Satre, « Robert Wilson », Critique d’art [Online], 39 | Printemps 2012, Online since 01 April 2013, connection on 06 December 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/2627 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.2627
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