L’Amour, la mort, le diable : une collection particulière
Paris : Lienart ; Limoges : Galerie des Hospices, 2015, 91p. ill. en coul. 24 x 17cm, fre/eng
ISBN : 9782359061352. _ 15,00 €
Textes d’Andrea Hilgenstock, Jean Mairet, Catherine Millet
Texte intégral
1L’Amour, la mort, le diable identifie une collection et un couple de collectionneurs. A la fois poétique et énigmatique, ce titre invite d’emblée le lecteur à faire autre chose qu’à découvrir les trésors d’acheteurs, c’est-à-dire à entrer dans leur monde, voire dans leur intimité. Les collectionneurs, Jean et Christina Mairet, ont accepté de livrer leurs œuvres au commissariat et à la lecture d’Hubert de Blomac pour une exposition à la Nouvelle Municipalité de Limoges. Si l’on peut s’interroger sur l’aspect un peu « dévotionnel » que le commissaire confère à son exposition, très enclin à faire de Jean Mairet celui qui montre la voie, on peut apprécier cependant la franchise des textes qui accompagnent ce catalogue. Ils rappellent que les collections les plus intéressantes sont celles qui ne sont rien d’autre qu’un moyen pour celui qui collectionne de s’interroger profondément sur soi et sur son rapport au monde. L’article de Catherine Millet en particulier est d’une réelle liberté de ton et d’une vrai posture critique en mettant en débat le seul statut de son écriture vis-à-vis d’un ensemble d’œuvres faisant l’objet d’un choix personnel et privé. A quel endroit doit se situer son propre axe d’analyse ? Afin d’être garante de son indépendance, Catherine Millet répond à la question en jugeant le niveau de cohérence des choix réalisés. Elle fait appel à un critère donc, simple là aussi, mais qui lui permet à la fois de mettre à distance son objet d’étude et de dégager des œuvres des champs de réflexion. L’auteure opère en outre dans son texte une mise en perspective stimulante entre ce qu’induisent la collection et la critique d’art « en tentant d’articuler différemment des œuvres de manière à mieux les comprendre ». L’Amour, la mort, le diable est une belle mise à l’honneur des artistes aimés par le couple Mairet et cela passe par un grand inventaire d’œuvres très bien reproduites, présentées comme le dit justement Andrea Hilgenstock « sans hiérarchie verticale ». Un très intéressant dictionnaire amoureux en somme, d’autant que certains des artistes n’occupent pas le devant de la scène. Cet ouvrage a donc l’avantage de poser une question qui affleure, mais que l’on aborde que très rarement dans les ouvrages liés aux collectionneurs et à leur engagement : la collection, ou le « collectionnisme » pour être plus précis, est-il un mode d’expression ? C’est en tout cas ce que semble penser et mettre en pratique bon nombre de ces acteurs de l’art aujourd’hui ; une donnée qu’il est sans cesse important d’interroger.
Pour citer cet article
Référence électronique
Barbara Satre, « L’Amour, la mort, le diable : une collection particulière », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 04 novembre 2016, consulté le 03 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/19338 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.19338
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