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2012

Stephen Eric Bronner, Modernism at the Barricades: Aesthetics, Politics, Utopia

Juliane Debeusscher
Stephen Eric Bronner, Modernism at the Barricades: Aesthetics, Politics, Utopia

New York : Columbia University Press, 2012, 190p. ill. 24 x 16cm, eng

Index

ISBN : 9780231158220. _ 32,50 $

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Texte intégral

1Modernism at the Barricades explore les tensions entre les ambitions utopistes de l’art avant-gardiste et le contexte dans lequel elles ont vu le jour, caractérisé par des pouvoirs politiques autoritaires et des institutions artistiques majoritairement réactionnaires. Son auteur, Stephen Eric Bronner, est philosophe politique et professeur de Sciences politiques à la Rutgers University.

2La relation antagoniste entre modernisme –qui est à comprendre ici comme le phénomène regroupant les arts d’avant-garde dans leur ensemble– et modernité est au cœur de l’ouvrage. Ce dernier interprète l’« impulsion moderniste » comme une réaction anti autoritaire face à aux versants négatifs des progrès scientifiques et industriels de la modernité, conduisant à l’aliénation et à la réification. A de nombreuses reprises, Stephen Eric Bronner questionne l’idée d’une vision politique comme moteur principal de la production esthétique, argumentant que loin de posséder une vision politique articulée, et encore moins homogène –comme le montre bien le large éventail des idéologies embrassées par ceux-ci-, la plupart des artistes opposent à la culture bourgeoise et philistine l’aspiration utopique à une nouvelle humanité et l’articulation d’une sensibilité neuve. Le modernisme est, pour Stephen Eric Bronner, représentatif de l’impossibilité de superposer le radicalisme esthétique avec le radicalisme en politique. Son ouvrage parvient à nuancer cette équation trop facilement appliquée à deux luttes distinctes et  à produire des réflexions susceptibles de résonner dans le contexte présent.

3Les deux premiers chapitres introduisent la notion de modernisme telle que la conçoit l’auteur : en premier lieu, l’« impulsion moderniste » juxtaposée aux notions de subjectivité, résistance et liberté, puis son contexte d’apparition et les éléments pour une esthétique politique qu’il offre. Les huit chapitres suivants abordent des aspects bien précis du phénomène et sont agrémentés de nombreux détails et références. Ainsi, les chapitres 3 à 5 explorent-ils diverses facettes de l’Expressionisme : la peinture expressionniste et ses nombreux protagonistes, la correspondance entre Arnold Schoenberg et Wassily Kandinsky et enfin, le « modernisme extatique » d’Emil Nolde, dont Stephen Eric Bronner restitue l’ambigüité. Les chapitres suivants sont consacrés au Futurisme de F.T. Marinetti, au Surréalisme et à son « imaginaire politique », à l’avant-garde russe et à la courte période d’existence de la République des Conseils de Bavière, durant laquelle les modernistes se retrouvèrent au pouvoir. Seul chapitre consacré à une exposition, le chapitre 10 revient sur l’exposition Paris-Berlin : 1900-1933, organisée en 1978 par le Centre Pompidou. Stephen Eric Bronner souligne l’importance d’un événement qui, pour la première fois, insiste sur les conditions sociales d’émergence de ces pratiques et compare deux scènes nationales. La conclusion de l’ouvrage suggère finalement que les expérimentations du modernisme ont créé les conditions culturelles pour que des pratiques radicales puissent s’épanouir et mener à des projets transformateurs.

4Concis dans son format et sélectif dans son corpus analysé, Modernism at the Barricades constitue une bonne entrée en matière pour aborder la complexité de la période comprise en 1900 et la fin des années 1930 et pour replacer les expérimentations esthétiques dans leur contexte social et politique. Si la vision du modernisme qui y est présentée semble parfois trop générale et peu nuancée, en particulier dans les chapitres introductifs qui font l’impasse sur le caractère construit de cette étiquette -perpétuée par une historiographie eurocentriste-, l’ouvrage offre néanmoins de nombreuses pistes pour examiner les relations entre un art radical, ses expérimentations utopistes et le contexte politique particulièrement mouvementé dans lequel il émerge.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Juliane Debeusscher, «  Stephen Eric Bronner, Modernism at the Barricades: Aesthetics, Politics, Utopia », Critique d’art [En ligne], Toutes les notes de lecture en ligne, mis en ligne le 28 novembre 2014, consulté le 23 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/critiquedart/15577 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/critiquedart.15577

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