• 1 Cette exposition s’est construite au gré du temps et a abouti à la publication d’un ouvrage clé, As (...)

1Si l’on constate une expansion notable des expositions d’architecture ces dernières cinquante années, on observe également l’élargissement de leur portée – cette tournure récente est une conséquence due aux nouveaux sujets traités et aux formats qui s’imposent. Car si l’exposition est devenue le medium privilégié du discours architectural, ou le lieu de la recherche et de la critique, elle est surtout une caisse de résonance des problématiques sociétales et culturelles que pose désormais l’environnement bâti. C’est ce qui transparaît à la lecture des conversations réunies dans cet ouvrage, organisées dans le cadre de l’enseignement de Reto Geiser (Rice University School of Architecture) et Michael Kubo (School of Architecture, University of Houston) entre 2018 et 2021. Les sept voix interrogées viennent d’institutions ayant des statuts et des objectifs différents. Leur posture se trouve d’autant plus soulignée, lorsque sont évoqués les empreintes profondes et les changements politiques et culturels laissés par la pandémie du Covid. Toutes ces voix cherchent à renouveler leurs approches de l’exposition en remettant en question la présentation de l’architecture, pour la situer dans un débat répondant aux intérêts publics et aux nouvelles questions disciplinaires. Par exemple, Zoë Ryan, commissaire au Aic de Philadelphie, évoque son expérience de l’organisation de As Seen : Exhibitions That Made Architecture and Design History1 pour défendre la responsabilité du musée et son engagement dans l’éduction du public à propos des fondements théoriques et idéologiques de l’architecture. Mario Ballesteros développe quant à lui une démarche bricolée et pragmatique aux Archivo Diseño y Arquitectura à Mexico. Depuis sa fermeture en 2019, ce lieu d’archives d’objets et d’exposition conçoit le site web des archives comme « un espace curatorial alternatif » permettant aux expositions de l’Archivo « de transgresser les limites de son espace physique » (p. 19). Giovanna Borasi décrit, depuis son point de vue de directrice du Centre Canadien d’architecture, les problématiques d’une institution de recherche disposant d’archives importantes, et réfléchissant son rôle à la fois de collecte et d’initiation de recherches à mener sur des domaines négligés. Au final, tous les entretiens insistent sur des prises de conscience qui, si elles restent spécifiques aux postures et institutions interrogées, montrent un caléidoscope d’idées et de stratégies nouvelles.