La réception de Cabanis et de l’Idéologie au Río de la Plata
Résumés
La réception de l’Idéologie en Argentine au début du XIXe siècle a joué un rôle essentiel dans la construction politique et culturelle du pays à travers l’action de son président, Bernardino Rivadavia. Les professeurs de philosophie de la nouvelle université de Buenos Aires furent chargés d’adapter en espagnol et de diffuser les idées des philosophes français dans un contexte politique souvent difficile. L’Idéologie est ainsi devenue un enjeu important dans les débats sur les modèles d’organisation politique de la jeune République succédant à l’organisation coloniale.
Plan
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Introduction
- 1 L’ouvrage de référence sur cette question demeure encore aujourd’hui : D. V. Dominguez de Ghioldi, (...)
- 2 Les cours d’Idéologie d’Agüero ont fait l’objet d’une édition critique au XXe siècle : J. M. Fernán (...)
1La diffusion de l’Idéologie, à Buenos Aires et dans l’ensemble du Río de la Plata, connaît son essor entre 1821 et 1827, notamment avec la politique réformiste de Bernardino Rivadavia, ministre et président qui a cherché à éradiquer l’héritage colonial espagnol, tout en modernisant la politique et l’enseignement. Des penseurs du XVIIIe siècle français et du début du XIXe siècle, plus particulièrement Destutt de Tracy et Cabanis, sont ainsi devenus des références majeures dès la fondation de l’université de Buenos Aires et avec la création d’une chaire de Philosophie consacrée à l’Idéologie1. L’étude de cette période dans l’histoire du Río de la Plata pose plusieurs questions : comment l’Idéologie a-t-elle circulé à Buenos Aires ? Quels savoirs ont été particulièrement retenus ? Et en fonction de quels objectifs ? Nous étudierons d’abord le contexte politique et social de Buenos Aires au début du XIXe siècle, pour comprendre comment l’élite dirigeante a fait siennes les propositions de l’Idéologie. Nous nous attarderons ensuite sur les manuels d’enseignement écrits par les professeurs argentins, en accordant la plus grande importance à Fernández de Agüero, titulaire de la chaire d’Idéologie2. Cela nous permettra de relever certaines appropriations et certaines relectures des Idéologues. Nous analyserons enfin la réception dans la presse, où l’on peut apprécier le conflit provoqué par l’avènement de ces idées nouvelles et la polémique qu’elles ont suscitée.
- 3 S. Bagú, El plan económico del grupo rivadaviano (1811-1827). Su sentido y sus contradicciones, sus (...)
2Les Idéologues ont joué un rôle politique très significatif, en France, sous le Directoire et les premiers temps du Consulat, mais leur influence a décliné à mesure que le pouvoir napoléonien s’imposait. C’est alors que le Río de la Plata leur a offert un espace ouvert, fécond pour expérimenter leurs idées politiques en matière d’enseignement. Après la déclaration de l’Indépendance et pendant les conflits qui l’ont précédée, la vie politique de cette région était en pleine réorganisation ; par conséquent, les dirigeants locaux ont fait appel aux principes et aux buts de l’Idéologie pour construire un projet nouveau3.
La réception politique de l’Idéologie et son contexte historique
3Le rappel succinct de quelques aspects de l’Histoire du XIXe siècle devient ici nécessaire. L’invasion napoléonienne de l’Espagne en 1808 et les abdications de Bayonne, qui ont écarté du trône le roi Ferdinand VII, ont provoqué une crise de la monarchie espagnole en Amérique et de profondes transformations au Río de la Plata. Le besoin de réorganiser les structures de pouvoir et d’en bâtir de nouvelles est devenu encore plus pressant lorsque cette région est devenue indépendante. Les œuvres des philosophes des Lumières ont acquis une grande importance pour justifier ces changements profonds et pour traiter les affaires publiques. Auparavant, leur discours et leurs idées avaient été partiellement introduits, en particulier par certains secteurs de l’Église catholique, dans un but réformiste. Mais un changement de taille se produit en 1821, lorsque le groupe de Rivadavia arrive au pouvoir dans la province de Buenos Aires. Naît alors un espace de discussion plus large qui tente de se soustraire à l’emprise de la religion.
4Rivadavia devient ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères sous le gouvernement de Martín Rodríguez (1821-1824) et accède à la présidence en 1826. Mais il doit démissionner un an et demi plus tard. Sa gestion présente deux caractéristiques principales : la consolidation d’un régime républicain et représentatif et la mise en place de tout un éventail de réformes, destinées à modifier les pratiques et les bases politiques héritées de la période coloniale.
- 4 J. Myers, « Las paradojas de la opinión. El discurso político rivadaviano y sus dos polos : el “gob (...)
5La circulation des savoirs offrait ainsi à Rivadavia un ensemble de concepts et de méthodes sur lesquels il pouvait appuyer sa gestion. Les courants utilitaristes et l’Idéologie sont venus s’ajouter à la philosophie des Lumières4. Nous chercherons à préciser, parmi ces différents savoirs, ceux qui proviennent plus précisément de l’Idéologie et, en particulier, des œuvres de Destutt de Tracy et de Cabanis.
6Entre 1810 et 1820, six gouvernements révolutionnaires se sont succédé à Buenos Aires, privilégiant toujours le pouvoir de celle-ci sur les provinces : Primera Junta (Première junte, mai-décembre 1810), Junta Grande (Grande junte, janvier-septembre 1811), Junta Conservadora (Junte conservatrice, septembre-novembre 1811), Primer Triumvirato (Premier triumvirat, novembre 1811-octobre 1812), Segundo Triumvirato (Second triumvirat, octobre 1812-janvier 1814) et Directorio (Directoire, janvier 1814-février 1820). Après la Déclaration de l’indépendance, en 1816, Buenos Aires est devenu le centre du pouvoir politique des Provincias Unidas del Río de la Plata (Provinces unies du Río de la Plata). La Constitution de 1819, promulguée par le Directorio, établissait un type de gouvernement centralisé qui excluait l’autonomie des provinces, laquelle a été alors vivement revendiquée. Mais une telle situation n’était pas vraiment nouvelle. Ce même conflit s’était déjà manifesté en 1813 lors de la Asamblea General Constituyente (Assemblée générale constituante) tendant à donner une organisation institutionnelle à l’ancienne vice-royauté de la Plata, qui était en cours d’émancipation de la couronne espagnole. On a vu ainsi surgir, un an plus tard, la Liga Federal ou Unión de los Pueblos libres, qui réunissait différentes provinces : Provincia Oriental (l’actuel Uruguay), Santa Fe, Entre Ríos, Corrientes, Córdoba et une partie de Misiones, dans une organisation confédérale sous la « protection » de José Artigas, de la Provincia Oriental. Face à la tentative centraliste de Buenos Aires, que la Constitution de 1819 rendait institutionnelle, les leaders provinciaux, notamment José Artigas, Francisco Ramirez (province d’Entre Ríos) et Estanislao López (province de Santa Fe), se sont soulevés contre le gouvernement de Buenos Aires. Ils ont remporté une victoire très significative lors de la bataille de Cepeda, le 1er février 1820, ce qui a entraîné la chute du Directoire, suivie de l’autonomie des provinces. Cette période est connue dans l’histoire du Río de la Plata sous la formule « Anarchie de l’année 20 ».
7À partir de 1821, se dessine la construction d’un régime politique stable issu d’une association entre les dirigeants de la capitale et les secteurs ruraux ascendants de la province de Buenos Aires, association qui sera connue sous le nom de Grupo Rivadaviano ou Movimiento Rivadaviano (Groupe de Rivadavia). Mais ce mouvement était ambivalent, voire hétérogène, formé de deux ensembles distincts, l’un autour des membres de la nouvelle législature et du ministre de l’Intérieur Bernardino Rivadavia ; l’autre, par des secteurs plus larges, régis par la politique du cercle ou de la faction. L’unité sera donnée, dans les deux cas, par l’appel aux idées de Cabanis et de Destutt de Tracy.
Réception académique de l’Idéologie
8L’un des principaux vecteurs de la réception académique de l’Idéologie a été, comme nous l’avons déjà souligné, la création de la chaire de Philosophie à l’université de Buenos Aires, occupée par Juan Manuel Fernández de Agüero. Cela coïncide avec la période où Rivadavia est au pouvoir, d’abord au ministère de l’Intérieur, puis comme président et qui dure jusqu’à son départ définitif. La réception de l’Idéologie est clairement en rapport avec la recherche d’une légitimité politique pour le modèle républicain au Río de la Plata. Le lien est aussi manifeste avec l’opposition entre le modèle fédéral défendu par les provinces et le centralisme unitaire des dirigeants de Buenos Aires. L’Idéologie a joué un rôle majeur permettant de surmonter cette crise et de donner un fondement politique et philosophique, ainsi qu’une légitimité, à de nouvelles institutions.
- 5 Sur les relations de Rivadavia avec Destutt de Tracy, voir R. Piccirilli, Rivadavia y su tiempo, Bu (...)
9Rivadavia, qui avait déjà rencontré Destutt de Tracy à Paris5 et qui a maintenu un échange épistolaire important avec celui-ci, s’emploie donc à encourager ce nouveau modèle de gouvernement et la vie d’une société républicaine. Cet effort s’accompagne du besoin de transformer la culture politique jusqu’alors dominante pour en proposer et élaborer une nouvelle.
- 6 A. Parada, El mundo del libro y de la lectura durante la época de Rivadavia. Una aproximación a tra (...)
10L’historien Alejandro Parada6 signale à ce propos que l’importation de livres européens a connu une croissance remarquable, répondant au besoin d’une certaine élite d’accéder aux idées les plus récentes pour les appliquer, ensuite, à la construction d’une nouvelle culture politique.
- 7 F. Senillosa, Gramática española o Principios de la gramática general, aplicados á la lengua castel (...)
- 8 J. C. Lafinur, Curso filosófico dictado en el Colegio de la Unión del Sud de Buenos Aires en 1819, (...)
- 9 C. Argerich, « Un comunicado del Dr. Cosme Argerich », El Americano, nº 27, 1819, p. 2-3.
11Parmi ces œuvres, celles des Idéologues et des penseurs qui leur sont les plus proches ont connu une importance particulière. Condillac, Condorcet, Daunou, Cabanis et Destutt de Tracy furent les auteurs les plus lus à Buenos Aires à cette époque. Ce dernier a probablement connu sa plus grande faveur entre 1820 et 1827, aussi bien parmi les responsables politiques qu’auprès d’un public cultivé plus large. D’ailleurs, Felipe Senillosa mentionne Destutt de Tracy dans sa Grammaire7 publiée en 1817. Deux ans plus tard, Juan Crisóstomo Lafinur fait de même dans son livre Curso filosófico8, premier texte qui attribue une présence majeure aux idées de Condillac, Destutt de Tracy et Cabanis. Le célèbre médecin Cosme Argerich se place lui aussi sous les auspices des Idéologues, tout en défendant l’existence de l’âme. Titulaire de la chaire d’anatomie clinique depuis 1814 et l’un des pères fondateurs de la médecine argentine, il engage, en 1819, dans le journal El Americano, une polémique avec Lafinur, où il défend la pertinence de la théologie face au matérialisme des philosophes français. Mais loin de condamner ces derniers, Argerich revendique l’enseignement des idées de Cabanis et de Destutt de Tracy depuis plus de onze ans9. Lorsque Rivadavia accède aux responsabilités politiques, il peut donc bénéficier, auprès de ses contemporains, d’une certaine connaissance de l’Idéologie déjà présente à Buenos Aires.
- 10 R. Piccirilli, Rivadavia y su tiempo, t. II, p. 606-621.
- 11 A. Parada, El mundo del libro…, p. 24.
12Malheureusement, nous n’avons pas d’indications suffisantes sur les titres des ouvrages des Idéologues ni sur le nombre d’exemplaires effectivement parvenus au Río de la Plata. On sait, en revanche, que les Éléments d’Idéologie et le Traité d’économie politique de Tracy figuraient, en version originale, dans la bibliothèque particulière de Rivadavia10. La réception de l’Idéologie a connu, aussi, d’autres vecteurs, notamment les liens personnels à l’intérieur de l’élite culturelle et politique, les voyages et les communications informelles, qui ont intensifié ce processus11. Pour notre étude, il est indispensable de placer au premier plan la correspondance entre Tracy et Rivadavia.
- 12 Lettre de Destutt de Tracy à Bernardino Rivadavia, datée du 18 novembre 1822. Seule nous est parven (...)
13Cet échange épistolaire se fait dans un style peu formel, qui témoigne d’une relation personnelle nouée, nous l’avons vu, lors du séjour de Rivadavia en France dans les années précédentes. C’est alors que se sont établis des contacts et des réseaux qui expliquent l’existence d’un flux d’idées, d’un échange fécond de nouvelles et de savoirs. Celui-ci deviendra encore plus important lors du retour de Rivadavia à Buenos Aires, en 1824. Un sujet se dégage plus particulièrement de cette correspondance : moderniser l’éducation dans la province de Buenos Aires. Destutt de Tracy écrit à Rivadavia : « En vérité, c’est une belle institution que la chaire d’économie politique ainsi que celle d’Idéologie. S’agissant de cette dernière, je serais heureux que mon œuvre puisse être d’une quelconque utilité aussi longtemps qu’il n’en apparaîtra pas de meilleure »12. Tracy laisse clairement transparaître sa satisfaction de voir que l’Idéologie est présente dans la nouvelle politique menée par Rivadavia, nommé directeur du département des Études préparatoires, le 19 juin 1821. Un mois plus tard, devenu ministre de l’Intérieur, ce dernier est allé encore plus loin dans l’institutionnalisation de ces enseignements et le 9 août, il a signé, avec le gouverneur Martín Rodriguez, l’édit portant création de l’université. Fut ainsi instituée une chaire d’Idéologie, matière obligatoire pour les études préparatoires et faisant partie du Collège des sciences morales de l’université.
14L’enseignement de l’Idéologie avait pour but, dans le projet de Rivadavia, de développer une éducation républicaine inspirée des Lumières et destinée à former des citoyens en accord avec ces idées nouvelles. Tracy le souligne dans l’une de ses lettres :
- 13 Lettre de Destutt de Tracy à Bernardino Rivadavia, datée du 20 septembre 1823 (ibid., p. 451).
[…] vous avez réellement, Monsieur, un grand intérêt personnel à ce que vos concitoyens soient éclairés afin qu’ils puissent bien apprécier ce qu’ils vous doivent. Néanmoins, c’est sans doute bien plus leur intérêt que le vôtre qui vous fait continuellement accroître et répandre parmi eux les lumières. Vous trouvez moyen de vous y faire aider même par le clergé qui partout ailleurs travaille si fort en sens contraire et en même temps vous êtes parvenu à le rendre soumis à l’autorité civile que trop souvent il contrarie et prétend dominer13.
- 14 Sur la vie et la carrière de Fernández de Agüero, on consultera avec fruit : J. R. Zamudio Silva, « (...)
- 15 Pedro Alcántara de Somellera (1774-1854) ; l’histoire éditoriale de ses écrits suit les vicissitude (...)
- 16 Sur ce sujet, voir en particulier : C. B. Welch, Liberty and Utility. The French Idéologues and the (...)
15Le 8 février 1822, Rivadavia attribue, comme nous l’avons vu, la chaire d’Idéologie à Juan Manuel Fernández de Agüero qui se consacra, dès lors, à une activité publique intense : professeur universitaire (1822-1829), membre de la Société littéraire et député (1823-1824)14. Encore faut-il remarquer que, parallèlement à la diffusion des œuvres de Tracy et de Cabanis dans les Principios de Ideología de Fernández de Agüero, un autre intellectuel, Pedro Somellera15, accomplissait une opération semblable dans ses Principios de derecho civil où l’on reconnaît les idées de Jeremy Bentham, dont certaines œuvres avaient été traduites, à Buenos Aires, précisément par Bernardino Rivadavia, qui avait établi des liens avec le philosophe anglais, quelques années auparavant, à Londres16.
- 17 A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie, Première partie : Idéologie proprement dite, Paris, Vve (...)
16Fernández de Agüero s’inscrit, donc, dans la lignée de Tracy et de Cabanis. Il considère que l’éducation est le moyen le plus efficace pour promouvoir l’implantation de l’idéologie en tant que science de la connaissance. Il propose à ses élèves de suivre la méthodologie de Destutt de Tracy, qu’il cite explicitement : « Seulement il faut partir de ce qu’ils connaissent, les prendre au point où ils sont, et surtout ne pas commencer par vouloir leur définir les termes les plus généraux et les plus abstraits […] »17.
17En sa condition de professeur d’Idéologie, Agüero souligne aussi le besoin d’établir une nouvelle forme de raisonner. Les jugements élaborés par les êtres humains doivent faire la différence entre les présupposés émanant de sources invérifiables et ceux établis à partir des paramètres des Lumières. Il conseille donc d’abandonner les idées théologiques, marquées par l’abstraction, qui appartiennent au domaine de la métaphysique :
- 18 Ibid. Nous traduisons le texte original en espagnol. Nous ferons de même pour l’ensemble des textes (...)
En vérité, lorsque nous raisonnons sur des abstractions sans pouvoir leur faire correspondre des idées claires et distinctes, comme c’était le cas autrefois dans les opinions théologiques et les discussions trop métaphysiques ; et lorsque nous jugeons des faits sans pouvoir avancer de preuves solides et convaincantes, comme il arrivait à propos des causes et effets, des hypothèses et des systèmes, et des faits historiques, quels autres fruits serons-nous en mesure de recueillir, si ce n’est des erreurs, des monceaux d’erreurs18 ?
- 19 Ibid., p. 138.
- 20 Ibid., p. 193.
- 21 A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie, Troisième partie : Logique, Paris, Vve Courcier, 1818, p (...)
18Il faut pourtant noter que Fernández de Agüero ne se limite pas à imiter ou à adapter l’œuvre de Tracy. Il signale, à ce propos : « Destutt ajoutera une contribution à nos propres remarques pour les compléter et il aura la bonté de supporter notre critique lorsque celle-ci nous semblera justifiée et pertinente pour notre objet »19. Les critiques qu’il avance visent surtout deux questions essentielles : d’un côté, l’initiation prématurée des jeunes aux études les plus avancées ; de l’autre, les sorites, qui constituaient pour Destutt de Tracy la meilleure forme de démonstration. Dans le premier cas, Fernandez de Agüero modifie l’ordre proposé dans les Éléments d’Idéologie. Alors que l’Idéologue propose d’expliquer en premier sa philosophie, Fernández considère qu’elle constitue un degré de difficulté supérieur et que, par conséquent, elle doit être enseignée plus tard. Ses Principios de Ideología s’écartent des Éléments d’Idéologie, puisqu’ils placent en premier la Logique, suivie de la Métaphysique et, pour finir, la Rhétorique. En ce qui concerne les sorites, Agüero revendique le syllogisme puisque « le mérite acquis par celui-ci à cause de l’exactitude et la précision avec lesquelles il fait ressentir le lien entre les idées, fait qu’il a été appliqué aux matières évidentes [sic] et que toute la logique a été comprise comme une dialectique »20. Destutt de Tracy considérait, en revanche, que le syllogisme était précaire et archaïque21.
19Ces critiques avancées par Fernández ont de quoi nous surprendre. Pour les justifier ou, du moins, les expliquer, on peut faire appel à trois interprétations différentes. En premier lieu, il semble légitime de considérer que sa formation religieuse et théologique lui pesait encore. Par conséquent, il croyait que les idées de Tracy sur ce sujet étaient erronées. Peut-être, aussi, adhérait-il pleinement à la pensée des Lumières et à l’Idéologie, mais, craignant des sanctions ou des représailles de la part des hiérarchies de l’Église, s’est-il cru obligé de critiquer certains aspects de l’œuvre de Tracy, exerçant une sorte d’autocensure. Pour le dire plus simplement, il a mesuré ses paroles. On peut enfin penser qu’il n’a pas vu la contradiction entre les idées de Tracy et sa propre formation religieuse, de telle sorte qu’il a fini par superposer, dans une démarche complexe, les idées chrétiennes, les Lumières et l’Idéologie. En tout état de cause, il faut reconnaître qu’Agüero a réélaboré le langage de l’Idéologie en lui attribuant des significations nouvelles. Celles-ci ont circulé dans l’université et ont provoqué une mutation des concepts dans l’enseignement de la philosophie, à Buenos Aires. En ce qui concerne la logique, il a fait preuve, indéniablement, d’une certaine réserve vis-à-vis de Tracy. En revanche, le deuxième tome, Ideología abstractiva o metafísica, se place dans la continuité de presque toutes les idées de ce dernier. Pour Condillac, prolongé par Cabanis et Tracy, « penser, c’est sentir ». Le clivage établi par la scolastique entre matière et esprit est ainsi congédié, et l’on peut reconnaître des impressions de quatre sortes : la perception, la mémoire, le jugement et la volonté. Fernandez de Agüero reprend dans son texte toutes ces considérations et leur consacre des explications et des analyses détaillées.
- 22 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p (...)
- 23 Ibid., p. 62-63.
- 24 A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie. Grammaire, Paris, Vve Courcier, 1817, p. 10.
20L’étude des impressions sensibles occupe une toute première place, parce que la physionomie du monde « a déjà changé : les Lumières sont arrivées jusqu’à ces lointains pays et y ont pénétré au cri de Liberté ; et un heureux bouleversement a soumis à l’empire de la raison les têtes couronnées elles-mêmes, qui s’étaient attribué le droit de l’opprimer »22. Cet empire de la raison a éclipsé le savoir monolithique et dogmatique imparti par l’enseignement de type scolastique. Agüero reprend les termes mêmes de Cabanis et de Tracy : « la philosophie rationnelle analytique doit partir des faits, à l’instar de toutes les parties de la science humaine qui ont acquis le degré d’une véritable certitude »23. Le lien devient ainsi évident avec l’Idéologie, pour laquelle la raison « est donc le commencement d’une ère absolument nouvelle dans leur histoire. Cette ère est vraiment l’ère française ; et elle doit nous faire prévoir un développement de raison et un accroissement de bonheur »24.
- 25 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p. (...)
21Agüero va d’ailleurs jusqu’à reprendre tels quels de longs extraits de Rapports du physique et du moral de l’homme de Cabanis qu’il traduit en espagnol, parmi eux le célèbre passage sur l’identité du physique et du moral qui figure dans le deuxième tome de son Ideología25. Il s’agit probablement de la première version dans cette langue de ces écrits.
- 26 Ibid., Préface, Peisse, p. 46, Lehec et Cazeneuve, p. 114.
- 27 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p (...)
22Fernández de Agüero souligne l’importance de la sympathie, faculté de l’homme qui lui permet de prendre part aux sentiments d’autrui et d’équilibrer les conflits. On reconnaît ici encore Cabanis et en particulier le passage qu’il consacre à la sympathie dans sa Préface des Rapports. C’est là en effet qu’il insiste tout particulièrement sur le fait que la sympathie nous permet de nous identifier à nos semblables, de reconnaître les sentiments qui les animent, et aussi de communiquer avec « la multitude »26. Par ailleurs, il met ce principe en rapport avec les enseignements de Jésus qui, dans son interprétation, perd sa qualité divine et n’est plus que « le philosophe de Nazareth »27.
- 28 Voir A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie, Troisième partie : Logique, p. 150-152, note.
23Il se place donc dans la foulée des idées avancées par Tracy et Cabanis, qui visaient l’Église catholique en tant qu’institution ayant entravé la connaissance rationnelle par l’imposition des dogmes et par sa vision de l’ordre humain28. Il cherche aussi à revendiquer le premier christianisme. Tout le reste n’est que pur mensonge destiné à contrôler l’esprit des hommes, c’est-à-dire l’intelligence humaine.
Réception de l’Idéologie dans la presse
24Fernández de Agüero percevait un ensemble de facteurs faisant obstacle à la diffusion de la nouvelle philosophie. Dès le début de son cours, le 14 mars 1822, il a dû affronter l’opposition du recteur de l’université, le père Antonio Sáenz, qui a rapidement qualifié l’Idéologie de doctrine hétérodoxe, car elle s’éloignait du dogme.
- 29 Archivos general de la Nación, Sala x, Universidad, 6-2-3.
25Deux années plus tard, lors de la publication du premier volume des leçons d’Agüero, consacré à la Logique, le recteur Sáenz a soumis ce travail au jugement du cloître universitaire. Il n’a pourtant pas réussi à faire destituer le professeur qu’il visait ainsi ; il a donc décidé de supprimer la chaire d’Idéologie29. La presse, notamment El Argos de Buenos Aires, s’est fait l’écho de cette situation et a publié les lettres échangées entre Fernandez de Agüero et Antonio Sáenz, ainsi que l’intervention du ministre Manuel García. Il faut signaler à ce propos que les journaux connaissaient, à cette même époque, dans les provinces de la Plata, un développement considérable, étroitement en rapport avec les réformes avancées par Rivadavia pour sa légitimation politique. La lettre que Fernández de Agüero avait adressée au gouvernement le jour même où la chaire a été supprimée révèle l’origine du conflit :
- 30 El Argos de Buenos Aires, nº 59, 1824.
En ce jour, à huit heures et demie du matin, alors que je m’apprêtais à remplir mes obligations en tant que responsable de la chaire d’Idéologie, le concierge de l’Université m’a fait savoir que le recteur l’avait supprimée et qu’apparemment il avait, dès hier, saisi les clefs de la salle correspondante. Encore sous le coup de la surprise, j’ai répondu que si l’ordre ne m’était pas communiqué par écrit, comme c’est la norme, je ferais sauter la serrure. Une heure plus tard, le concierge est revenu et m’a transmis la réponse du recteur pour qui l’ordre écrit était trop important pour le confier au concierge ou à quiconque autre qu’un notaire et que celui-ci viendrait me l’intimer30.
- 31 Ibid.
26Tout ce qui précède montre à l’évidence que l’affaire était considérée comme particulièrement grave. Mais quels étaient les motifs de la suppression de la chaire ? Fernández de Agüero ne cache ni sa surprise ni son étonnement. Ce qui le surprend, ce qui l’étonne, ce n’est certainement pas d’apprendre que ses idées étaient censurées, mais c’est d’avoir été placé face à une mesure aussi extrême sans qu’aucune forme ne fût respectée. C’est pourquoi il s’adresse au gouvernement. Après avoir reçu la lettre d’Agüero, Manuel José García, ministre de l’Intérieur, a demandé au recteur de justifier sa décision et ce dernier lui a répondu en soulignant le « caractère impie » de l’Idéologie31. Le qualificatif qu’il emploie : impie, vise le discours idéologique, destiné à moderniser l’enseignement universitaire. Il est intéressant de remarquer que le recteur considère comme une preuve de cela le premier volume des Principios de Agüero, publié à la demande du gouvernement. Pourtant, dans cette partie de son œuvre, il analyse la construction d’une logique par les Idéologues tout en faisant part de quelques réticences. Mais le recteur relève et souligne les considérations qu’il perçoit comme les plus hétérodoxes.
- 32 Ibid.
27Le danger que suppose la diffusion d’idées « contraires à la religion » est ici patent. Pour Sáenz, l’important est de contrôler et de surveiller les sujets traités. Finalement, un décret ministériel a accordé à Fernández de Agüero « le libre exercice de ses fonctions […] car, dans des sujets de cette nature, rien n’est plus dangereux que le fait de susciter des passions qui ensuite dévoient la raison et corrompent les sentiments les plus sains, provoquant ainsi un dommage incalculable à la morale et aux lumières »32.
- 33 Cité par J. Zamudio Silva, « Prólogo », in J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. (...)
- 34 Correo Político y Mercantil de las Provincias Unidas del Río de la Plata, nº 39, 1827. Cité par Jor (...)
28La réception par la presse de la résistance à l’Idéologie fait sortir ce conflit de l’espace strictement académique et en fait un sujet de discussion publique. De ce point de vue, l’intervention du gouvernement n’est pas aléatoire. C’est le cas aussi de l’attitude favorable de la majorité des journaux à l’égard de Fernández de Agüero et de l’Idéologie. El Argos de Buenos Aires n’est pas le seul journal à le soutenir. El Centinela a donné une grande diffusion aux réformes entreprises par le gouvernement et tel fut le cas, aussi, de La Abeja Argentina, dont Fernandez était l’un des rédacteurs. Cette nouvelle forme de réception a permis de diffuser dans un espace plus vaste les théories des Idéologues et de toucher d’autres acteurs sociaux. Ainsi l’opposition elle-même ne peut plus ignorer cette nouvelle philosophie. Par exemple, El Observador Esclesiástico de la ville de Córdoba considérait les doctrines enseignées par Agüero comme une « hérésie », parce que « comme cela est de notoriété publique, il enseignait que Jésus Christ n’a été qu’un simple philosophe de Nazareth »33. En 1827, le Correo politico y mercantil de las Provincias Unidas del Río de la Plata dénonçait le fait que « l’on enseigne à la jeunesse le Déisme »34. La réception de l’Idéologie par la presse nous permet de mieux comprendre l’enjeu qu’elle représentait : remplacer une éducation établie sur des principes religieux par une nouvelle forme d’enseignement s’appuyant sur les apports de Cabanis et de Destutt de Tracy.
- 35 Agüero fait ici référence au « motín de Tagle », ainsi nommé d’après le leader anti-rivadavien Greg (...)
- 36 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p (...)
29Nous voyons aussi resurgir la vieille opposition entre État unitaire et État fédéral. Agüero le reconnaît clairement lorsqu’il écrit : « La révolte célèbre de la nuit du 19 mars35 nous oblige à nous prononcer en faveur des Lumières et contre l’hydre de l’anarchie »36. Ce dernier terme fait allusion, de façon on ne peut plus explicite, à la formule bien connue, « l’anarchie de l’an 20 », qui a marqué, comme nous l’avons vu, la prééminence du pouvoir des provinces sur celui, centralisateur, de Buenos Aires.
- 37 Sur l’influence des idées de Cabanis et de Pinel sur la pensée médicale d’Alcorta, on peut lire : E (...)
30Le principal détracteur de l’Idéologie, le recteur de l’université et prêtre Antonio Sáenz, meurt en 1825. Son successeur, Valentín Gómez, est plus ouvert aux idées nouvelles. À cela vient s’ajouter le retour de Rivadavia à Buenos Aires en octobre de la même année. Il continuera de soutenir les idées de son ami Tracy et de Cabanis. Notre principale référence académique dans cette étude, Fernández de Agüero, peut ainsi publier, en 1826, sa Metafísica, qui avait suscité tant de résistance, et peut également assurer son cours d’Idéologie jusqu’en 1827. Il est remplacé dans cette chaire par le docteur Diego Alcorta qui, en sa qualité de médecin, a su associer l’héritage de son prédécesseur, la pensée médicale de Cabanis et certaines des idées de Pinel37.
Conclusion
31L’évolution de l’histoire viendra apporter un nouveau chapitre à la réception de l’Idéologie au Río de la Plata. L’arrivée au pouvoir, en 1829, de Juan Manuel de Rosas, qui ne sera renversé qu’en 1851, provoque l’exil à Montevideo de l’élite intellectuelle et politique de Buenos Aires. Ce groupe contribuera à diffuser les idées de Tracy et de Cabanis dans ce nouvel espace, ce qui permet de reconnaître encore aujourd’hui une présence particulière de l’Idéologie aussi bien à Buenos Aires que dans toute l’Argentine et l’Uruguay. Bien des réformes dans le domaine politique et dans l’enseignement, ainsi que la création de certaines institutions médicales, lui sont manifestement redevables.
Notes
1 L’ouvrage de référence sur cette question demeure encore aujourd’hui : D. V. Dominguez de Ghioldi, Filosofía argentina. Los Ideólogos, Buenos Aires, Talleres gráficos de « La Vanguardia », 1938.
2 Les cours d’Idéologie d’Agüero ont fait l’objet d’une édition critique au XXe siècle : J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología elemental, abstractiva y oratoria. Con un apendice de documentos referentes à la vida y actuación de Fernández de Agüero, J. R. Zamudio Silva (éd.), Buenos Aires, Universidad de Buenos Aires – Facultad de Filosofía y Letras – Instituto de Filosofía, 1940, 3 vol. Voir également H. Donghi, Historia de la Universidad de Buenos Aires, Buenos Aires, Editorial Universitaria de Buenos Aires, 1962.
3 S. Bagú, El plan económico del grupo rivadaviano (1811-1827). Su sentido y sus contradicciones, sus proyecciones sociales, sus enemigos, Santa Fe, Universidad Nacional del Litoral, 1966. Voir aussi : A. Korn, Influencias filosóficas en la evolución nacional, Buenos Aires, Editorial Claridad, 1936.
4 J. Myers, « Las paradojas de la opinión. El discurso político rivadaviano y sus dos polos : el “gobierno de las Luces” y “la opinión pública, reina del mundo” », in La vida política en la Argentina del siglo XIX. Armas, votos y voces, H. Sabato et A. Lettieri (dir.), Buenos Aires, FCE, 2003, p. 75- 95.
5 Sur les relations de Rivadavia avec Destutt de Tracy, voir R. Piccirilli, Rivadavia y su tiempo, Buenos Aires, Peuser, 1960, 2 vol.
6 A. Parada, El mundo del libro y de la lectura durante la época de Rivadavia. Una aproximación a través de los avisos de La Gaceta Mercantil (1823-1828), Buenos Aires, Instituto de Investigaciones Bibliotecológicas (Cuadernos de Bibliotecología ; 17), 1998.
7 F. Senillosa, Gramática española o Principios de la gramática general, aplicados á la lengua castellana, Buenos Aires, Imprenta de los Expósitos, 1817.
8 J. C. Lafinur, Curso filosófico dictado en el Colegio de la Unión del Sud de Buenos Aires en 1819, Buenos Aires, Universidad de Buenos Aires – Facultad de Filosofía y Letras, 1938.
9 C. Argerich, « Un comunicado del Dr. Cosme Argerich », El Americano, nº 27, 1819, p. 2-3.
10 R. Piccirilli, Rivadavia y su tiempo, t. II, p. 606-621.
11 A. Parada, El mundo del libro…, p. 24.
12 Lettre de Destutt de Tracy à Bernardino Rivadavia, datée du 18 novembre 1822. Seule nous est parvenue la traduction à l’espagnol de cette lettre, conservée au Museo Mitre à Buenos Aires ; nous reproduisons donc ici la traduction proposée par Claude Jolly dans son édition de la correspondance de Destutt de Tracy, Œuvres complètes, Vrin, Paris, 2018, t. VIII, p. 432.
13 Lettre de Destutt de Tracy à Bernardino Rivadavia, datée du 20 septembre 1823 (ibid., p. 451).
14 Sur la vie et la carrière de Fernández de Agüero, on consultera avec fruit : J. R. Zamudio Silva, « Prólogo », in J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. I : Ideología elemental o lógica, p. 11-36, ainsi que V. Osvaldo Cutolo, Nuevo Diccionario biográfico argentino. 1750-1930, Buenos Aires, Elche, 1958-1985, t. III, p. 54-55.
15 Pedro Alcántara de Somellera (1774-1854) ; l’histoire éditoriale de ses écrits suit les vicissitudes de l’histoire politique du Río de la Plata. Ainsi, certains de ses cours de droit seront imprimés en 1848 à Montevideo, où il s’est exilé, l’ensemble de ses cours n’étant publié qu’au XXe siècle à Buenos Aires (N. d. T.).
16 Sur ce sujet, voir en particulier : C. B. Welch, Liberty and Utility. The French Idéologues and the Transformation of Liberalism, New York, Columbia University Press, 1984, p. 135-153 ; ainsi que B. Dávilo, « De los derechos a la utilidad : el discurso político en el Río de la Plata durante la década revolucionaria », Prismas. Revista de Historia Intelectual, nº 7, 2003, p. 73- 98, et K. Gallo, « A la altura de las luces del siglo : el surgimiento de un clima intelectual en la Buenos Aires posrevolucionaria », in Historia de los intelectuales en América Latina, vol. 1 : La ciudad letrada, de la conquista al modernismo, J. Myers (dir.), Madrid, Katz, 2008, p. 193-198.
17 A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie, Première partie : Idéologie proprement dite, Paris, Vve Courcier, 1817 [reprint Vrin, 1970], p. 390, traduit littéralement par J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. I : Ideología elemental o lógica, p. 174.
18 Ibid. Nous traduisons le texte original en espagnol. Nous ferons de même pour l’ensemble des textes publiés en espagnol au Río de la Plata qui suivront (N. d. T).
19 Ibid., p. 138.
20 Ibid., p. 193.
21 A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie, Troisième partie : Logique, Paris, Vve Courcier, 1818, p. 15-19 et 315-318.
22 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p. 106.
23 Ibid., p. 62-63.
24 A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie. Grammaire, Paris, Vve Courcier, 1817, p. 10.
25 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p. 29-30 : « Así pues lo físico y lo moral se confunden en su origen, o por mejor decir lo moral no es otra cosa que lo físico considerado bajo ciertos puntos de vista más particulares. Para la completa inteligencia de esto bastará observar que la vida es un tejido de movimientos ejecutados a virtud de las impresiones recibidas por los diferentes órganos ; y que las operaciones del alma o del espíritu resultan igualmente de los movimientos ejecutados por el órgano cerebral ; y sus alteraciones de impresiones recibidas y comunicadas por las extremidades sencientes de los nervios en las diferentes partes, o excitadas en este órgano por medios que parecen obrar inmediatamente sobre él ». Voir P. J. G. Cabanis, Rapports, Mémoire I, § III, Peisse, p. 78, Lehec et Cazeneuve, p. 142.
26 Ibid., Préface, Peisse, p. 46, Lehec et Cazeneuve, p. 114.
27 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p. 148 ; voir A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie. Traité de la volonté, Paris, Vve Courcier, 1818, p. 71-74.
28 Voir A. Destutt de Tracy, Éléments d’Idéologie, Troisième partie : Logique, p. 150-152, note.
29 Archivos general de la Nación, Sala x, Universidad, 6-2-3.
30 El Argos de Buenos Aires, nº 59, 1824.
31 Ibid.
32 Ibid.
33 Cité par J. Zamudio Silva, « Prólogo », in J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. I : Ideología elemental o lógica, p. 82.
34 Correo Político y Mercantil de las Provincias Unidas del Río de la Plata, nº 39, 1827. Cité par Jorge Zamudio Silva, in J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. III : Ideología oratoria o retórica, Apéndice Documental, p. 198.
35 Agüero fait ici référence au « motín de Tagle », ainsi nommé d’après le leader anti-rivadavien Gregorio García de Tagle.
36 J. M. Fernández de Agüero, Principios de Ideología…, t. II : Ideología abstractiva o metafísica, p. 159.
37 Sur l’influence des idées de Cabanis et de Pinel sur la pensée médicale d’Alcorta, on peut lire : E. Mahieu, « Diego Alcorta : dissertation sur la manie… aiguë ? », in Psychiatries dans l’histoire, J. Arveiller (dir.), Caen, PUC, 2008, p. 113-124, ainsi que N. Conti, « Juan Manuel Fernández de Agüero y Diego Alcorta : ideología y locura en el Río de la Plata », Temas de Historia de la psiquiatría argentina, n° 2, 1997, p. 3-47.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Mariano di Pasquale, « La réception de Cabanis et de l’Idéologie au Río de la Plata », Cahiers de philosophie de l’université de Caen, 57 | 2020, 131-144.
Référence électronique
Mariano di Pasquale, « La réception de Cabanis et de l’Idéologie au Río de la Plata », Cahiers de philosophie de l’université de Caen [En ligne], 57 | 2020, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté le 08 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cpuc/1497 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cpuc.1497
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