Du matérialiste crasse au fondateur de la psychophysiologie : la réception de Cabanis outre-Rhin (1801-1870)
Résumés
L’œuvre de Cabanis a eu énormément de mal à sortir d’une place qui lui était prescrite au moment même de son inscription dans le champ philosophique et scientifique allemand. Cette place, c’est celle de continuateur audacieux, informé, d’un projet lui-même daté : le projet d’une anthropologie physiologique, dont on estimait que les limites en avaient d’emblée été fixées par Kant et qu’en conséquence il n’était pas voué à un grand avenir. Pendant un demi-siècle environ, l’œuvre philosophique de Cabanis, limitée ici aux fameux mémoires sur les Rapports du physique et du moral chez l’homme, a trouvé dans l’anthropologie physiologique, critiquée par Kant, son pré carré et les conditions de sa relative extinction. C’est une seconde réception, sans doute plus souterraine, plus muette aussi sur l’influence réelle que Cabanis a pu exercer, qui lui a permis de ressurgir au début des années 1860, sous une autre forme ou en une autre place : celle de père de la psychophysiologie, une place en apparence identifiable ou superposable à la précédente mais bien distincte. C’est sur cette seconde position, plus favorable à Cabanis, qu’on conclut ces analyses.
Texte intégral
1Les théories contemporaines de la réception nous ont appris – c’est devenu parfaitement trivial, mais ce ne l’était pas il y a un demi-siècle – qu’un auteur, un corpus, un système ne venaient pas simplement occuper une page laissée blanche de l’histoire des idées, des sciences, de la philosophie d’une époque ou d’une aire culturelle donnée. L’école de Constance, avec à sa tête Hans Robert Jauss et Wolfgang Iser, avait établi vers le milieu des années 1970 que l’actualisation d’un texte pour un lectorat donné reposait toujours sur un écart permettant de mesurer son historicité propre : l’écart entre l’horizon d’attente, soit le système de références implicite dans lequel ce texte allait rentrer, et l’ensemble des effets subjectifs produit à sa lecture par ce qui allait devenir son public, vaste ou restreint, fidèle ou négligent. Il s’agit là d’une vision herméneutique de la réception qui a sa noblesse, elle a engendré de puissants effets. Peu de temps après, cette approche herméneutique s’est articulée à une approche plus sociologique raisonnant en termes de champs (champ intellectuel, académique, scientifique), celle dont Bourdieu en France est sans aucun doute l’initiateur. Cette dernière conception avance qu’un auteur se voit d’abord prescrire, en quelque sorte relationnellement, une place dans le champ intellectuel qu’il peut discuter, voire disputer avec ses contemporains, mais, quand l’écart géographique ou historique est important comme ici, dont il peut très difficilement sortir. Comme si l’horizon d’attente ou le système de références implicite identifié par l’école de Constance ne laissait finalement qu’une infime marge à la découverte, à la surprise. Peut-être faut-il des marginaux, et même des marginaux consacrés dans le champ philosophique ou ailleurs, pour parvenir à inverser la hiérarchie des ordres, des places, des classes assignées, et participer à leur tour à la redécouverte d’autres auteurs voués à l’oubli : convertir les minores en majores, les mineurs en majeurs.
2Je crois que cette vision peut-être plus pessimiste, plus déterministe sans doute, de l’histoire des idées trouve à s’appliquer de façon exemplaire dans le cas de la réception de Cabanis outre-Rhin. Comme j’essaierai de le montrer, l’œuvre de Cabanis a eu énormément de mal à sortir d’une place qui lui était assignée au moment même de son inscription dans le champ philosophique et scientifique allemand. Cette place, c’est celle, mineure, de continuateur certes audacieux, informé, d’un projet toutefois daté : le projet d’une anthropologie physiologique, dont on estimait que les limites en avaient d’emblée été fixées par Kant et qu’en conséquence il n’était pas voué à un grand avenir. Pendant un demi-siècle environ, l’œuvre philosophique de Cabanis, limitée ici aux fameux mémoires sur les Rapports du physique et du moral chez l’homme, a trouvé dans l’anthropologie physiologique, critiquée par Kant, son pré carré et les conditions de sa relative extinction. C’est une réception sans doute plus souterraine, plus muette aussi sur l’influence réelle que Cabanis a pu exercer, qui lui a permis de ressurgir au début des années 1860, sous une autre forme ou en une autre place : celle de père de la psychophysiologie. Une place en apparence identifiable ou superposable à la précédente mais bien distincte, sur laquelle je m’attarderai pour conclure.
- 1 Pour une présentation plus précise de cette première réception, je me permets de renvoyer à l’ouvra (...)
3La réception d’un auteur étranger, en Allemagne comme ailleurs, passe par la traduction. Or, deux traductions sont aujourd’hui recensées des mémoires de Cabanis, la première, partielle, et limitée aux deux premiers mémoires présentés à l’Institut national de la Convention thermidorienne, la seconde, complète, et augmentée d’un petit traité à visée critique. Il faut nous y attarder1.
- 2 Voir notice biographique dans The Bloomsbury Dictionary of Eighteenth-Century German Philosophers, (...)
4Les deux premiers mémoires présentés par Cabanis à l’Institut national sont mentionnés dès 1801 dans les Göttingischen gelehrten Anzeigen et traduits la même année par Karl Adolph Cäsar dans le troisième volume de sa revue : la Pragmatische Darstellung des Geistes der Neuesten Philosophie des In- und Auslandes (Revue pragmatique de l’esprit de la philosophie la plus récente, nationale et étrangère). Karl Adolph Cäsar est l’un de ces nombreux convertis au kantisme qui prolifèrent dès la fin de siècle et qui, bien qu’on les ait oubliés pour la plupart, sont des marqueurs importants de la pénétration et du succès très précoce de la philosophie critique. Il est né à Dresde en 1744 et meurt à Leipzig, où il a étudié et enseigné, en 1810. Après une assez longue carrière de précepteur, il obtient tardivement, en 1783, à l’âge de 39 ans, un poste de professeur Organi Aristotelici (il enseigne donc l’Organon d’Aristote, ce qui est la tâche traditionnellement dévolue à certains nouveaux recrutés), poste reconverti plus tard en chaire de philosophie pratique2. Il s’est manifestement spécialisé dans les anthologies et les traductions de représentants des Lumières européennes. Sa traduction de Cabanis, partielle en réalité (toute une partie des rétrospections historiques de Cabanis dans le premier et le deuxième mémoire est supprimée, de même que certains développements anatomiques ou physiologiques), est de temps en temps interrompue par de brefs commentaires qui opposent constamment la philosophie critique à ce qui est perçu ici comme la restitution d’une philosophie matérialiste de médecin.
5Considérons-en quelques attestations particulièrement typiques.
6Quand Cäsar traduit l’éloge de Démocrite présenté dans le premier mémoire :
- 3 P. J. G. Cabanis, Rapports, Mémoire I, § II, Peisse, p. 68, Lehec et Cazeneuve, p. 132.
C’est lui [écrit Cabanis à propos de Démocrite] qui le premier osa concevoir un système mécanique du monde, fondé sur les propriétés de la matière et sur les lois du mouvement ; système adopté dans la suite et développé par Épicure, et qui, par cela seul qu’il se trouvait débarrassé de l’absurdité des théogonies, avait conduit, comme par la main, ses sectateurs à ne chercher les principes de la morale que dans les facultés de l’homme [que Cäsar choisit de traduire par natürlichen Anlagen, soit dispositions naturelles] et dans les rapports des hommes entre eux3.
- 4 K. A. Cäsar, « Considérations générales sur l’étude de l’homme… », Pragmatische Darstellung des Gei (...)
7Cäsar s’empresse de commenter alors : « que le philosophe français aille ici trop loin, nul ne le percevra mieux que le vrai connaisseur de la philosophie critique [der wahre Kenner der kritischen Philosophie] »4.
8Un peu plus loin Cäsar poursuit :
- 5 Ibid., p. 20.
Aussi explicable soit-il que les médecins inclinent à rapporter tout aux lois de la nature physique, leurs efforts pour présenter les lois morales, les lois d’un être rationnel libre, comme soumises aux nécessités des lois de la nature, resteront vains, de même que sera vain l’effort de démontrer que toute pensée, tout sentir, tout désir n’est que le résultat de certains mouvements matériels. Et si Démocrite connaissait sans doute mieux que Platon, Zénon ou d’autres philosophes de l’Antiquité, l’homme du point de vue physique, du point de vue de son corps et plus généralement de sa nature sensible et passive, ces derniers connaissaient en conséquence bien mieux l’homme du point de vue rationnel et moral, et plus généralement du point de vue de son autonomie5.
9Plus tard dans la traduction du paragraphe VI, quand Cabanis revient sur la question des organes particuliers du sentiment et avance sa thèse selon laquelle « ce sont bien véritablement les nerfs qui sentent » et « c’est dans le cerveau, dans la moelle allongée, et vraisemblablement aussi dans la moelle épinière, que l’individu perçoit les sensations », Cäsar s’emporte :
- 6 Ibid., p. 34, nous soulignons.
Combien de fois nous faudra-t-il répéter que du simple mouvement des nerfs on ne saurait jamais concevoir un sentir et un représenter ? Que celui-ci peut certes être une condition de notre sentir et de notre représenter, mais ne saurait en aucun cas être le sentir et le représenter lui-même ? De tout ce que M. Cabanis introduit, il résulte certes une harmonie exacte entre les états corporels et les états de notre esprit, mais en aucun cas l’identité des effets corporels et des effets spirituels [die Identität der körperlichen und der Gemüthswirkungen]6.
10Dernière mention d’importance : Cäsar interrompt la traduction du deuxième mémoire cette fois-ci, avant la – oh combien ! – fameuse comparaison produite par Cabanis entre le cerveau et les organes de la digestion, et il explique sa censure de la façon suivante :
- 7 Ibid., p. 229-230, nous soulignons.
Si les observations précédentes du philosophe français m’ont semblé très instructives, je crois devoir m’interrompre ici pour faire oublier, par mon silence, la fin de cette leçon, car elle ne contient que des conclusions grossièrement matérialistes [grobe materialistische Schlüsse]. « Nous concluons », nous dit l’auteur, « avec la même certitude, que le cerveau digère en quelque sorte les impressions, qu’il fait organiquement la sécrétion de la pensée ». Ce qui est sécrété de la matière et par elle doit, quel que soit son changement de forme, rester quelque chose de matériel : autrement dit, cela doit occuper un certain espace et avoir des points de contact. Qu’est-ce qui autorise alors à attribuer à la pensée de tels prédicats ? Mais si la philosophie matérialiste ne peut en aucun cas gagner notre assentiment, celui des philosophes critiques tout au moins, les recherches et les observations de M. Cabanis sont d’autant plus précieuses qu’elles peuvent servir à mieux nous révéler l’harmonie du corps avec notre moi pensant, et à mieux nous faire connaître les conditions sous lesquelles notre sentir, notre pensée, notre vouloir peuvent apparaître7.
11Le diagnostic de Cäsar est posé : Cabanis, matérialiste vulgaire, matérialiste crasse, mais médecin informé.
- 8 Pour une notice bio-bibliographique plus complète, voir encore The Bloomsbury Dictionary…, p. 389-3 (...)
12Trois ans plus tard, en 1804, l’ouvrage de Cabanis, comportant cette fois-ci les douze mémoires de l’édition française de 1802, est intégralement traduit par un autre kantien, le philosophe Ludwig Heinrich Jakob8. Jakob (1759-1827) est mieux connu que Cäsar. Nommé professeur extraordinaire à Halle en 1787, élevé au rang de professeur ordinaire en 1791, sa carrière est plus longue, son œuvre plus importante. C’est celle d’un polymathe, qui a touché à de nombreux domaines : grammaire, philosophie, économie, science politique, psychologie, droit… C’est surtout un précoce et actif propagandiste de la philosophie critique, dès le milieu des années 1780. En 1790, il propose ainsi une traduction allemande ou plutôt une adaptation du Traité de la nature humaine de Hume, qui contient quelques compilations de textes de l’Enquête, auquel il adjoint son propre Essai critique d’évaluation de cette œuvre. En 1796, il lance à Halle les Annalen der Philosophie und des philosophischen Geistes (Les annales de la philosophie et de l’esprit philosophique), qui deviendront l’un des principaux organes de propagande de la philosophie critique contre l’idéalisme de Fichte, Schelling, puis Hegel.
- 9 P. J. G. Cabanis, Ueber die Verbindung des Physischen und Moralischen in dem Menschen, aus dem Fran (...)
13Sa traduction des mémoires de Cabanis est non seulement complète, mais plus fidèle que celle de Cäsar. Elle n’est pas moins critique. Comme pour sa traduction de Hume, il la fait précéder d’un cours traité critique intitulé : Über die Grenzen der Physiologie in der philosophischen Anthropologie. Zur bessern Beurtheilung des Geistes des Cabanischen Werks, von dem Uebersetzer (Sur les limites de la physiologie dans l’anthropologie philosophique, pour permettre de mieux apprécier l’esprit de l’œuvre de Cabanis, par son traducteur)9.
- 10 P. J. G. Cabanis, Rapports, Mémoire I, « Introduction », Peisse, p. 62, Lehec et Cazeneuve p. 126.
14Le traité commence classiquement par un éloge, qui intègre Cabanis dans la lignée déjà bien identifiée en Allemagne de l’anthropologie des philosophes médecins, héritage que Cabanis lui-même, bon connaisseur de la langue, de la culture et bien sûr de la médecine allemande, avait du reste parfaitement revendiqué. Rappelons que dans l’introduction du premier mémoire, au moment où est présenté son projet d’une science de l’homme articulant entre elles les trois branches que sont la physiologie, l’analyse des idées et la morale, Cabanis ajoute en note de l’édition de 1805 : « C’est ce que les Allemands appellent l’Anthropologie ; et sous ce titre, ils comprennent en effet les trois objets principaux dont nous parlons »10. Voici donc l’éloge de Jakob :
- 11 P. J. G. Cabanis, Ueber die Verbindung des Physischen und Moralischen…, p. xxxi-xxxii.
L’ouvrage de Cabanis appartient indiscutablement à ces œuvres dont l’esprit ravit le lecteur, qu’il donne ou non son plein assentiment à leur contenu. Ce que l’auteur expose est intéressant, quand bien même on le tiendrait pour erroné, car c’est neuf et cela conduit l’esprit dans des réflexions et des investigations les plus profondes. Ce type d’ouvrage étranger justifie bien plus une traduction que ces volumes pleins de vérités triviales, ressassées depuis longtemps, dont la lecture répétée ne provoque que l’ennui.
Mais selon moi, l’auteur ne propose pas que des paradoxes : il a, par son œuvre, rendu de réels services à l’anthropologie. Je ne connais aucune œuvre d’anthropologie ou de psychologie qui combine autant de connaissances physiologiques que psychologiques, avec d’autres vues relatives à l’anthropologie, et les expose d’une façon aussi agréable que divertissante. Il y a là une foule de vues nouvelles, qui emporteront sans doute bientôt l’assentiment général et trouveront justement leur place dans nos écrits anthropologiques. La doctrine si obscure du sens interne, ou des sentiments et sensations suscitées par les modifications des organes internes, n’a nulle part été traitée aussi clairement, et les pensées de l’auteur fourniront une excellente occasion aux Allemands, plus scrupuleusement analytiques, de parfaire cette dernière11.
- 12 Laurent Clauzade souligne que Soemmering est bien cité par Cabanis dans la « Note sur l’opinion de (...)
15Cabanis est donc bien intégré à la tradition de l’anthropologie physiologique de son temps, celle d’un Platner ou d’un Soemmering en Allemagne, que le médecin français connaissait certainement et qu’il avait lus12. Elle est marquée du sceau d’une culture nationale déliée, à l’affût de la nouveauté, encyclopédique, toujours intéressante, à défaut d’être suffisamment analytique, d’avoir la profondeur philosophique de l’esprit allemand. Passés les éloges, vient le temps de la critique, une critique dont, on va le voir, la grammaire, l’esprit sont tout à fait kantiens pour l’époque et retrouvent l’accusation de matérialisme déjà présente chez Cäsar :
- 13 P. J. G. Cabanis, Ueber die Verbindung des Physischen und Moralischen…, p. xxxvi, nous soulignons.
Je veux néanmoins tenter d’expliquer plus clairement en quoi consiste selon moi l’erreur de l’auteur. Celle-ci ne consiste pas simplement dans le fait qu’il s’efforce d’expliquer tous les états d’esprit à partir de causes corporelles, mais plus précisément dans le fait qu’il tient ces états d’esprit eux-mêmes pour des états corporels. Il a beau croire faire œuvre ici d’empirisme, en réalité il sombre totalement dans la métaphysique, et devient, en dépit de son horreur de la métaphysique, un métaphysicien grossier (ein grober Metaphysiker). Car quand surviennent des modifications des parties matérielles et sensibles du cerveau, l’expérience ne peut jamais rien découvrir sinon des mutations, des mélanges, des mouvements de ces parties, et toute modification qui peut affecter les sens doit alors être représentée dans un sens externe, lui-même distinct du sens interne (la représentation). Ce dernier sens interne ne se laisse en aucun cas « sentir » par un sens externe. Si maintenant M. Cabanis fait de cette modification cérébrale une représentation, il abandonne en fait la voie si prisée à juste titre de l’expérience et affirme quelque chose que l’expérience n’enseigne pas et ne peut enseigner. La modification du cerveau qui est une représentation s’avérerait non représentable du point de vue sensible, donc supra-sensible, et M. Cabanis se verrait insensiblement et contre sa volonté glisser dans le champ de la métaphysique qu’il avait pourtant l’intention ferme d’éviter.
M. Cabanis voudrait pouvoir éviter l’hypothèse d’une substance particulière pour les représentations, les sensations, les idées et les désirs, donc d’une âme distincte du corps, et il fait en conséquence du corps cette substance, en lui attribuant toutes les modifications qui viennent à notre connaissance. Mais comme nous ne connaissons par expérience notre corps que comme objet du sens externe, il est impossible de nous représenter en lui d’autres propriétés que celles qui sont perceptibles par ces sens. Maintenant, comme ce n’est jamais le cas pour ce qui concerne les représentations, l’expérience ne peut jamais justifier qu’on tienne les représentations, les sentiments, etc. pour des modifications corporelles, et les termes « modification cérébrale », « mouvement », etc., perdent tout sens positif dans le raisonnement du philosophe français13.
16Cabanis aurait donc, selon Jakob, perdu son empirisme de principe dès lors qu’il aurait rattaché ce dont on fait l’expérience aux seules configurations matérielles accessibles aux sens externes, dont, dans sa philosophie, le sens interne n’aurait lui-même été qu’un décalque maladroit. L’identité souvent proclamée entre représentation et mouvement du système nerveux central constituerait la faute métaphysique par excellence : la réactivation d’une métaphysique matérialiste grossière, une fois encore. Elle s’explique, comme chez Cäsar, par un conflit des facultés dont Kant a fait la généalogie, l’une des formes prises par l’opposition traditionnelle entre faculté de médecine et faculté de philosophie : le médecin oppose au métaphysicien idéaliste son propre matérialisme qui n’est que le double inversé d’une même inconséquence, l’impossibilité pour l’un comme pour l’autre de rendre raison des phénomènes respectifs dont leurs sciences ont la charge. Car, explique Jakob, il y a une limite a priori à l’investigation physiologique elle-même qui fait tomber toute anthropologie qui s’en tiendrait à elle dans la métaphysique :
- 14 Ibid., p. li-liii, nous soulignons.
La physiologie est la science du système des modifications organiques, et comme celles-ci contiennent en partie les conditions des modifications de l’esprit, la physiologie est en conséquence une science auxiliaire indispensable de l’anthropologie. Mais celle-ci a également besoin de la psychologie empirique, c’est-à-dire de la connaissance des modifications absolument interne ou du système des représentations. L’anthropologie doit montrer quelle relation entretient le système des représentations avec le système du mouvement des corps organiques. Elle ne gagnerait rien pour ses propres fins si elle pensait s’alléger la tâche en transformant les représentations elles-mêmes en mouvement, et en se convertissant en physiologie.
L’anthropologie, aidée de la physiologie, doit identifier les mouvements organiques dont dépendent certains états d’esprit. Ces états d’esprit sont eux-mêmes toutefois un genre différent de causes, qui ne relèvent plus du domaine de la physiologie, et qui produisent pour partie de nouveaux états d’esprit, pour partie de nouvelles modifications organiques, dont la combinaison engendre à son tour de nouvelles modifications internes et externes dont la science est encore loin d’avoir garanti l’identification et la détermination.
M. Cabanis a incontestablement rendu un très grand service à l’anthropologie en déterminant plus précisément les modifications organiques qui sont liées à certains états d’esprit ; plus l’on progressera dans cette détermination, plus l’on fera de progrès en anthropologie. Mais l’usage de la physiologie rencontre ici ses limites. Si elle voulait tenir les états d’esprit eux-mêmes pour de simples modifications organiques, non seulement elle manquerait son but, mais elle sombrerait dans l’obscurité et la confusion14.
17C’est donc une tentation classique, une hybris de médecin à laquelle aurait affaire ici le philosophe critique. Pour bien mesurer la valeur de la critique, il faut la confronter au jugement kantien devenu très tôt classique sur ce qu’on appelle après lui l’anthropologie physiologique ou l’anthropologie des philosophes médecins, dans le cadre, je l’ai dit, d’un conflit des facultés.
18Dès la Critique de la raison pure, on le sait, Kant propose d’abandonner la problématique de la distinction substantielle âme/corps et constate en revanche que les phénomènes du sens interne et les phénomènes des sens externes sont radicalement hétérogènes et ne peuvent se décrire ni se penser à partir d’un même dispositif catégoriel, ni être soumis aux mêmes formes a priori de la sensibilité : le sens interne investit la forme du temps, les sens externes l’espace, les phénomènes du sens interne ne sont pas mathématisables, ceux des sens externes le sont, etc. Cette hétérogénéité, nous dit Kant, est insurmontable. C’est dans sa fameuse discussion du traité de Soemmering sur l’organe de l’âme, Über das Organ der Seele, en annexe de l’ouvrage lui-même paru en 1796, que la question de l’incohérence conceptuelle des philosophes médecins est sans doute le plus clairement affirmée. Il ne s’agit pas simplement de l’idée classique, déjà présente dans les cours sur la psychologie rationnelle de Wolff, selon laquelle Materia non est substratum representationum, la matière n’est pas le substrat des représentations. Mais de la subreption dans laquelle conduit insensiblement le raisonnement des médecins passionnés par la problématique localiste, la localisation du siège de la sensibilité et de la pensée. Citons Kant dans cette fameuse annexe :
- 15 I. Kant, « Sur l’ouvrage de Soemmering : De l’organe de l’âme (1795) », in Écrits sur le corps et l (...)
Mais comme c’est proprement le concept d’un siège de l’âme qui suscite la discorde entre les facultés à propos de l’instrument commun des sens, on fait donc mieux de le laisser totalement hors du jeu ; et ce à plus forte raison que ce concept exige une présence locale qui assigne une condition spatiale à la chose qui n’est qu’un pur objet du sens interne et qui n’est dans cette mesure déterminable que par des conditions de temps. Mais ce concept se contredit ainsi précisément lui-même, tandis qu’au contraire une présence virtuelle, qui relève simplement de l’entendement, mais qui, précisément pour cette raison, n’est pas locale elle non plus, fournit un concept permettant de traiter simplement la question posée (celle du sensorium commune) comme un problème physiologique. – Car la plupart des hommes ont beau croire qu’ils sentent la pensée dans leur tête, il ne s’agit toutefois que d’une simple faute de subreption consistant à prendre le jugement concernant la cause de la sensation en un certain endroit (du cerveau) pour la sensation de la cause à cet endroit, et à poser ensuite que les idées accompagnent suivant les lois de l’association les traces cérébrales des impressions qui se produisent sur le cerveau, connues sous le nom d’idées matérielles (Descartes) : bien qu’il s’agisse là d’hypothèses très arbitraires, au moins ne nécessitent-elles pas un siège de l’âme, et ne mêlent-elles pas le problème physiologique à la métaphysique15.
19Pour Kant, l’âme ne peut être qu’un objet du sens interne et n’occupe par conséquent aucun espace. Elle est virtualiter présente dans le corps, et dans le système nerveux central, mais pas formellement, c’est-à-dire physiquement, car elle n’est rien de physique. Il y a donc dans le Conflit et les textes qui l’accompagnent une invitation à laisser les deux facultés, de médecine et de métaphysique, travailler leurs objets séparément, car ils sont distincts : la médecine ne devrait pas se mêler de métaphysique, ni la métaphysique de médecine. La dissociation proposée par Kant revient à rien de moins qu’à abandonner tout projet de construire une anthropologie physiologique comme science. Or, c’est bien l’un des effets de son jugement, que l’anthropologie physiologique sous cette forme n’a pas vraiment survécu à la critique kantienne. Il a fallu la requalifier en psychophysiologie, sur laquelle on reviendra pour conclure. Plus précisément, la critique kantienne établit que les facultés, traitant de deux domaines incompatibles, parlent deux langues bien distinctes et traitent de phénomènes distincts. La langue des représentations n’a pas à être pénétrée des catégories qui régissent les sciences naturelles comme les concepts de corps, d’espace, etc. et réciproquement.
20On comprend mieux l’accusation de matérialisme adressée à Cabanis, quand bien même celle-ci est fausse du strict point de vue doctrinal. S’agissant de l’accusation de matérialisme, voire de matérialisme grossier adressée à Cabanis, il faudra attendre tardivement la publication de la seconde édition de l’Histoire du matérialisme de Lange (1873-1874), pour que justice lui soit rendue. Lange repère bien dans la théorie des causes premières de Cabanis un monisme vitaliste, il fait droit par ailleurs à son empirisme en matière d’anthropologie, mais il évoque également un matérialisme inconscient généré par les sciences spéciales elles-mêmes, contrastant avec toutes les professions de foi, et dont Cabanis n’aurait pas tout à fait été exempt :
- 16 F. A. Lange, Histoire du matérialisme et critique de son importance à notre époque, 2e éd., B. Pomm (...)
Cabanis, il est vrai, considéré comme philosophe, n’était rien moins que matérialiste. Il penchait vers un panthéisme se rattachant à la doctrine des stoïciens, et il regardait d’ailleurs comme impossible la connaissance des causes premières (on pourrait dire, selon les expressions de Kant, la connaissance de la « chose en soi »). Il attaque souvent la théorie d’Épicure. Mais dans l’étude scientifique de l’homme, il fraie les voies à la méthode somatique. Dans le phénomène ou, pour nous servir de son langage, quand on s’en tient aux « causes secondes », qui seules sont accessibles à l’homme, nous trouvons que partout les fonctions intellectuelles dépendent de l’organisme, et la sensation est la base de la pensée comme de l’action. Or son ouvrage a pour but de démontrer l’existence de cette corrélation, et ses lecteurs, ses élèves s’attachent naturellement à ce qu’ils rencontrent en premier lieu, au but et à l’ensemble de son œuvre, sans trop se préoccuper de propositions préliminaires ou émises en passant et relatives à la philosophie. Depuis Cabanis, on a donc en général ramené les fonctions intellectuelles à l’activité du système nerveux en physiologie, quelles que puissent d’ailleurs avoir été les opinions de tels ou tels physiologistes sur les causes dernières de toutes choses. Une loi, qui règle les sciences spéciales, veut que la matière de la connaissance et la méthode passent de main en main, tandis que le fonds des idées philosophiques se modifie sans cesse, quand toutefois il existe. Le public s’en tient au facteur relativement constant et adopte comme seules légitimes les idées utiles et pratiques qu’il rencontre les premières. De cette manière doit nécessairement, tant que la philosophie n’est pas à même de faire prévaloir son contrepoids dans toutes les classes éclairées, naître un matérialisme toujours nouveau de l’étude des sciences spéciales, matérialisme peut-être d’autant plus tenace que ses adeptes en ont moins conscience comme système philosophique de l’univers. Mais, pour la même raison, ce matérialisme ne dépasse guère les limites des études spéciales. Il faut qu’il existe des causes plus profondes, déterminant tout à coup l’homme versé dans la connaissance de la nature à mettre en évidence les principes de sa conception du monde ; et ce processus est inséparable de la méditation et de la coordination des pensées sous un point de vue unitaire, dont la nature philosophique est incontestable16.
21Il y aurait donc bien selon Lange un « esprit philosophique » des recherches savantes en matière de physiologie et d’anthropologie physiologique, esprit philosophique qui se limiterait à la science elle-même et n’en dépasserait guère les limites. À ce titre, on devrait pouvoir distinguer entre la profession de foi philosophique de Cabanis et l’esprit de sa recherche, et cette discordance nous reconduirait au jugement critique des kantiens.
- 17 L. Noack, « Cabanis, der Vater der physiologischen Psychologie », Psyche. Populär-wissenschaftliche (...)
22Dix ans avant cette seconde édition de l’Histoire du matérialisme de Lange, et trois ans avant la première, un philosophe éclectique, passé de l’hégélianisme à un kantisme hétérodoxe, car assimilant la perspective kantienne à l’empirisme, Ludwig Noack, auteur d’un livre fameux paru en 1860 et intitulé Immanuel Kant’s Auferstehung aus der Grabe (Immanuel Kant sorti du tombeau), saluait pour sa part en Cabanis le père de la psychophysiologie. Dans un article du cinquième volume d’une revue dirigée par lui, Psyche, en 1863, Noack prétend voir dans les intuitions de Cabanis la préfiguration des réflexions développées par Johannes Müller d’un côté, dès son Manuel de physiologie (1834-1840), puis plus récemment par Gustav Fechner et ses Elemente der Psychophysik (Éléments de psychophysique) parus en 186017.
23Dans son article, Noack commence par résumer et discuter l’essai critique de Jakob sur les limites de la physiologie, puis il choisit de fournir un résumé des rapports du physique et du moral chez l’homme qui éloignerait l’accusation de matérialisme et se recentrerait plutôt sur ce qu’il appelle son sensualisme et sur l’histoire naturelle de l’esprit auquel Cabanis a consacré une partie essentielle de son travail. Noack retient à la lecture de Cabanis trois arguments qui ont le mérite de démarquer la psychophysiologie d’une anthropologie physiologique piégée par la recherche d’une localisation de l’âme et du système des représentations. Le premier argument est le suivant : Cabanis aurait pour sa part été le premier à défendre l’idée d’un contrôle des hypothèses psychologiques du point de vue de la physiologie, contrôle permettant à la psychologie de se doter d’un dispositif expérimental bien conduit. La psychologie empirique selon lui ne pourrait être conduite du point de vue de l’expérience interne, car il n’y a qu’un registre d’expérience qui soit communicable, c’est celui de l’expérience externe. C’est la raison pour laquelle le domaine expérimental de la psychologie appartiendrait en dernière instance à la physiologie : nul psychologue ne saurait se dispenser d’être physiologiste (c’est effectivement une leçon qu’on trouve chez Cabanis, mais aussi bien sûr chez Johannes Müller).
24Cette inversion de la démarche critique, qui accorde à la physiologie le soin de contrôler les hypothèses en matière de psychologie, fait de Cabanis le père de cette nouvelle discipline qu’on appelle à l’époque la psychophysiologie, à laquelle un Wilhelm Wundt accordera ses lettres de noblesse. Si les explications des phénomènes nerveux sont encore balbutiantes, chez Cabanis, les hypothèses, en particulier celle de l’activité électrique des nerfs et du cerveau, sont les bonnes et sont vouées à un grand avenir. Elles vont permettre pour la première fois de doter la psychologie d’un système de mesure, mesure non pas spatiale, extensive, mais bien intensive, comme Fechner s’est efforcé de le faire avec sa loi logarithmique des sensations. Et c’est là le second argument retenu par Noack :
- 18 Ibid., p. 197, nous traduisons et nous soulignons.
Quelque incertaine et balbutiante qu’ait pu être la tentative de Cabanis de faire la lumière sur l’essence de la sensibilité, il se plaçait indubitablement sur le terrain et dans la direction que la psychophysique a en vue aujourd’hui lorsqu’elle s’efforce de rapporter l’ensemble des impressions sensibles à la perception de différents types de mouvements18.
25Le troisième argument est le suivant, tiré de l’histoire naturelle de l’esprit. Selon Noack, la psychophysiologie est spontanément sensualiste, au sens où elle part des premiers vécus que sont les sensations. Or, Cabanis, dans la lignée de Condillac, en perfectionnant ce sensualisme, en l’arrachant à l’arbitraire d’un sens ou d’une référence à la statue animée et en l’enracinant dans le développement embryonnaire puis post-natal, lui a fourni une contribution sans équivalent.
26Ces trois arguments, articulés l’un à l’autre : inversion de la démarche critique (contrôle des hypothèses psychologiques par la physiologie), fondation de la psychologie empirique sur un système de mesure intensive et histoire naturelle de l’esprit, garantissent à Cabanis sa place de père de la psychophysiologie. Mais on pourrait ajouter qu’ils organisent également les conditions de sa disparition : Johannes Müller, Gustav Theodor Fechner, Wilhelm Wundt forment indiscutablement une triade qui, si elle s’est inspirée de Cabanis, sans plus se référer aux critiques kantiennes de l’anthropologie physiologique, s’est peu souciée de lui rendre hommage. Son succès en matière psychophysiologique, supporté par d’autres, systématiquement organisé par un esprit plus analytique, plus « allemand », a donc été une autre cause de sa disparition. Peut-être appartenait-il aux historiens comme Noack de lui rendre justice, tout en nous permettant de constater qu’un certain quantum d’injustice et d’oubli est nécessaire à la vie des idées.
Notes
1 Pour une présentation plus précise de cette première réception, je me permets de renvoyer à l’ouvrage de H.-D. Dräxler, Die Idéologie in Deutschland. Versuch der Rekonstruktion der Rezeption einer französischen wissenschaftlichen Theorie im Deutschland des frühen 19. Jahrhundert, Münster, Nodus, 1996, p. 167-173.
2 Voir notice biographique dans The Bloomsbury Dictionary of Eighteenth-Century German Philosophers, H. Klemme et M. Kuehn (éd.), Londres, Bloomsbury, 2017, p. 119.
3 P. J. G. Cabanis, Rapports, Mémoire I, § II, Peisse, p. 68, Lehec et Cazeneuve, p. 132.
4 K. A. Cäsar, « Considérations générales sur l’étude de l’homme… », Pragmatische Darstellung des Geistes der Neuesten Philosophie des In- und Auslandes, vol. 3, 1803, p. 19, nous traduisons.
5 Ibid., p. 20.
6 Ibid., p. 34, nous soulignons.
7 Ibid., p. 229-230, nous soulignons.
8 Pour une notice bio-bibliographique plus complète, voir encore The Bloomsbury Dictionary…, p. 389-391.
9 P. J. G. Cabanis, Ueber die Verbindung des Physischen und Moralischen in dem Menschen, aus dem Französischen übersetzt und mit einer Abhandlung über die Grenzen der Physiologie und der Anthropologie versehen von L. H. Jakob, Halle – Leipzig, Ruff, 1804.
10 P. J. G. Cabanis, Rapports, Mémoire I, « Introduction », Peisse, p. 62, Lehec et Cazeneuve p. 126.
11 P. J. G. Cabanis, Ueber die Verbindung des Physischen und Moralischen…, p. xxxi-xxxii.
12 Laurent Clauzade souligne que Soemmering est bien cité par Cabanis dans la « Note sur l’opinion de MM. Œlsner et Soemmering, et du citoyen Sue, touchant le supplice de la guillotine » de 1795 (Lehec et Cazeneuve, t. II, p. 492). Il note aussi qu’il existe dans la collection Waller de la BU d’Uppsala (Waller ms. de-05465), une lettre autographe datée du 18 juin 1796 par laquelle Soemmering passe commande de cet article. En revanche, il m’objecte qu’il n’y a pas de mention de Platner dans l’œuvre de Cabanis. Mariana Saad ajoute pour sa part qu’il est possible de faire l’histoire de l’association Cabanis-Platner. Celle-ci remonte au moins à 1832 et à l’édition italienne du Degré de certitude de la médecine. Dans Gradi di certezza della medicina del sig. Cabanis (Napoli, dalla tipografia del Tasso, 1832), le traducteur et médecin Francesco Maria Carlizzi semble être le premier à faire référence à Platner en réécrivant une note de Cabanis, p. 17 de son édition. Cette référence est ensuite reprise par Lehec (t. I, p. 126), par Staum (Cabanis. Enlightenment and Medical Philosophy in the French Revolution [1980], Princeton, Princeton University Press, 2014, p. 162), et par Marie Gaille (Cabanis, Anthropologie médicale et pensée politique, Paris, CNRS Éditions, 2014, Introduction, n. 16), sans toutefois aucune preuve textuelle chez aucun d’eux. Je remercie l’un et l’autre collègues pour leur lecture attentive et leurs remarques.
13 P. J. G. Cabanis, Ueber die Verbindung des Physischen und Moralischen…, p. xxxvi, nous soulignons.
14 Ibid., p. li-liii, nous soulignons.
15 I. Kant, « Sur l’ouvrage de Soemmering : De l’organe de l’âme (1795) », in Écrits sur le corps et l’esprit, G. Chamayou (trad.), Paris, Flammarion, 2007, p. 91-98.
16 F. A. Lange, Histoire du matérialisme et critique de son importance à notre époque, 2e éd., B. Pommerol (trad.), Paris, Schleicher Frères, 1910, t. II, chap. 2, p. 144-145.
17 L. Noack, « Cabanis, der Vater der physiologischen Psychologie », Psyche. Populär-wissenschaftliche Studien, Kritiken und Forschungen zur Erkenntnis des menschlichen Geisteslebens, vol. 5, 1862, p. 175-197.
18 Ibid., p. 197, nous traduisons et nous soulignons.
Haut de pagePour citer cet article
Référence papier
Ronan de Calan, « Du matérialiste crasse au fondateur de la psychophysiologie : la réception de Cabanis outre-Rhin (1801-1870) », Cahiers de philosophie de l’université de Caen, 57 | 2020, 117-130.
Référence électronique
Ronan de Calan, « Du matérialiste crasse au fondateur de la psychophysiologie : la réception de Cabanis outre-Rhin (1801-1870) », Cahiers de philosophie de l’université de Caen [En ligne], 57 | 2020, mis en ligne le 31 décembre 2021, consulté le 08 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cpuc/1491 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cpuc.1491
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