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René Capitant, Carl Schmitt et la fin de la république de Weimar

Un usage à fronts renversés ?
René Capitant, Carl Schmitt and the End of the Weimar Republic. A Reversal Use of Philosophical Topics?
Jean-Claude Monod
p. 197-212

Résumés

Comment expliquer les références positives de René Capitant, juriste antifasciste observant de Strasbourg la déstabilisation de la république de Weimar, à Carl Schmitt, critique de la constitution de Weimar qui se ralliera au nazisme en 1933 ? S’agit-il d’un usage à fronts renversés ? Cet article documente le fait que tout en s’opposant à Schmitt sur la conception de la démocratie et des valeurs d’égalité et de respect de l’individu qui la fondent, Capitant est sensible à certains des arguments stratégiques de l’auteur de Légalité et Légitimité sur les limites du légalisme face à des ennemis qui ne paraissent jouer le jeu de la légalité que pour la mettre à bas.

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Texte intégral

  • 1  Voir sur ce point J.-C. Monod, Penser l’ennemi, affronter l’exception. Réflexions critiques sur l’ (...)

1Cet article se propose de revenir sur une figure et un épisode remarquables de l’histoire intellectuelle et politique française ou franco-allemande des années 1930, qui ont eu Strasbourg pour siège à différents titres : il s’agit de la figure de René Capitant, et de l’épisode historique majeur, du moment de sa contribution à l’analyse de la montée du fascisme et des menaces sur la démocratie en Europe, plus particulièrement avec en ligne de mire directe la situation allemande, la fin de la république de Weimar et la montée en puissance du nazisme. Le hasard est ainsi fait que, personnellement, j’en suis venu à m’intéresser à Capitant à travers une « contre-figure », autre juriste célèbre, l’un des plus célèbre du xxe siècle et qui fut un temps pour Capitant une source, un auteur qu’il a lu avec intérêt, avant de devenir un adversaire, puisque son engagement propre l’a conduit à se perdre dans le soutien au régime nazi : à savoir Carl Schmitt. On a souvent relevé la variété et la prolifération des usages de la pensée de Schmitt au xxe siècle, y compris par des auteurs situés à gauche ou à l’extrême-gauche (Walter Benjamin, Jacob Taubes, plus près de nous Giorgio Agamben, Étienne Balibar, Jacques Derrida…1) et parmi ceux-ci, son usage par René Capitant est bien, au premier abord, l’un des plus paradoxaux. René Capitant, un (bref) temps collaborateur de Léon Blum et du Front populaire, futur « gaulliste de gauche » et ministre du Général de Gaulle à deux reprises, est au début des années 1930 membre actif du Comité des intellectuels antifascistes à Strasbourg ; or il s’appuie et reprend à son compte, y compris dans certains de ses écrits anti-nazis, certaines idées et certains arguments de Carl Schmitt, qui a pu être désigné, de manière sans doute excessive, comme le Kronjurist, le « juriste de la couronne » du IIIe Reich. Au chapitre des excès, on a pu lire sous la plume de François Rastier, dans Libération, que Carl Schmitt était « l’auteur de la constitution du IIIe Reich » – or le iiie Reich n’a jamais eu de constitution ! Mais passons…

2Faut-il parler, dans la relation de Capitant à Schmitt, d’un « usage à fronts renversés » ? La formule renverrait au fait que l’anti-fasciste français ait puisé des arguments chez le fasciste allemand pour combattre l’avènement imminent du nazisme. Ainsi Capitant se réfère-t-il positivement à Schmitt, notamment, dans un texte de 1932 sur le président du Reich qui est une mise en garde très claire contre le danger nazi. Néanmoins, en relisant les textes de l’un et de l’autre de la même période, et en étant plus attentif à leur visée et à la chronologie, ainsi qu’à l’évolution politique de Schmitt, cette formule peut paraître inadéquate, et c’est ce qu’on voudrait tenter d’expliquer ici.

  • 2  R. Mehring, Carl Schmitt. Aufstieg und Fall, p. 22-27.
  • 3  Idem, p. 27-29.
  • 4  C. Schmitt, Die Diktatur ; trad. fr. La Dictature.

3Avant d’y venir, notons une chose intéressante pour la réflexion sur l’Université de Strasbourg : Carl Schmitt lui-même a étudié à Strasbourg – alors « allemande » –, après des études de droit amorcées à Berlin puis à Munich. Si l’Université de Strasbourg est alors réputée, le biographe de Schmitt, R. Mehring, note aussi que des considérations financières ont joué, Schmitt ayant de la famille dans la région, et notamment un oncle qui lui apporta son soutien, Schmitt logeant avec son neveu – à l’actuelle rue de Reims2. Schmitt soutient sa thèse intitulée Über Schuld und Schuldfrage. Eine terminologische Untersuchung, dissertation, éditée à Breslau, 1910 – en l’occurrence il s’agit de la Schuld au sens juridique, de la « faute » ou du « délit », un thème dont s’occupait son directeur de thèse, Fritz van Calker, pénaliste3 ; en 1914, il rédige également La valeur de l’État et la signification de l’individu, qui sera acceptée comme Habilitationsschrift à Strasbourg en 1916. En 1914 il s’est engagé comme volontaire dans un régiment d’infanterie bavarois, mais se blesse pendant la formation et est déclaré inapte au combat. En 1916, il est nommé sous-officier à l’administration de l’état de siège, ce qui a certainement contribué à son intérêt pour la question de l’état d’exception et des différentes formes de suspension de l’état juridique « normal » dont il dresse un historique dans son écrit de 1921, Die Diktatur, La Dictature4.

  • 5  Cité par A. Doremus, « La théologie politique de Carl Schmitt », p. 65-104.

4Mais cette question était déjà présente en 1912 dans un autre écrit rédigé à Strasbourg, Gesetz und Urteil, « Loi et jugement » : dans la réédition de 1968, Schmitt précise dans l’Avertissement que cet écrit « concerne la juste décision, une question qui continue d’être traitée dans la séquence des œuvres Die Diktatur (1921), Politische Theologie (1922), Der Hüter der Verfassung (1931), Über die drei Arten des rechtswissenschaftlichen Denkens (1934). D’où il résulte que l’ensemble du domaine du droit ne se structure pas seulement dans ses normes, mais aussi dans des décisions (ici : Dezisionen) et dans des institutions (ordres concrets) »5.

5On a là un des aspects les plus connus de la réflexion de Schmitt : l’idée, opposée au positivisme d’Hans Kelsen, que le droit n’est pas essentiellement un système de normes, ou du moins qu’il suppose une décision quant à la norme et à l’exception, qu’il repose non pas sur une Grundnorm, une « norme fondamentale », mais sur une « décision » politique, celle de maintenir la norme ou de la suspendre, prérogative qui définit le souverain. Comme on le verra, cette vision s’exprime en effet dans l’écrit de 1931 mentionné par Schmitt, Le gardien de la constitution, qui est une pièce dans un vif débat direct avec Hans Kelsen autour de la question : « qui est le gardien de la constitution ? » – en l’occurrence : de la constitution de Weimar. René Capitant s’est passionné pour ce débat comme pour l’ensemble des discussions extrêmement vives et lourdes d’enjeux fondamentaux autour de la constitution de Weimar.

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6Plus jeune que Schmitt d’une dizaine d’années, c’est en 1930 que René Capitant devient professeur de droit à l’Université de Strasbourg ­–après avoir obtenu l’agrégation de droit public et soutenu en 1928 sa thèse intitulée L’impératif juridique : l’illicite. Les deux juristes ont donc leur « moment » strasbourgeois, mais décalé. Au début des années 1930 Schmitt est en effet célèbre comme théoricien politique (il a publié Der Begriff des Politischen en 1927), comme critique de droite de la république de Weimar et du parlementarisme, et comme juriste engagé dans les débats sur la constitution de Weimar.

  • 6  Pour ce qui suit, nous nous appuyons principalement sur J.-P. Morelou, « Le gaullisme de guerre de (...)

7Capitant, de son côté, républicain de gauche, perçoit très vite – et analyse très précisément – le danger extrême représenté par la montée des fascismes en Europe, et spécialement en Allemagne6. Non content de suivre l’actualité politique depuis son « observatoire » strasbourgeois, il obtient une bourse de la fondation Rockfeller pour passer un an en Allemagne, en 1934, pour observer le régime nazi de l’intérieur. Au tout début des années 1930, avant l’avènement du nazisme, il perçoit Carl Schmitt comme l’un des plus brillants juristes constitutionnalistes, qui fait partie du courant « présidentialiste » de l’interprétation de la république de Weimar. Le ralliement de Schmitt au nouveau régime, en 1933, le surprend sans doute, mais n’interrompt pas leurs échanges : Capitant lui rend même visite à Cologne, s’appuie sur ses textes et positions pour analyser et comprendre le régime du point de vue d’un juriste qui « tente » d’accompagner théoriquement ce qu’on appelle un temps « la révolution nationale-socialiste ». Qu’il continue d’entretenir ce lien avec Schmitt, d’échanger des livres et des lettres, etc., jusqu’en 1938, ne signifie évidemment pas qu’il approuve l’évolution de son collègue allemand ni qu’il le suive dans ses conclusions – c’est tout le contraire. Il s’est engagé à Strasbourg en 1934 dans le Comité des intellectuels antifascistes, d’abord présidé par le doyen de la Faculté des sciences de Strasbourg, le géophysicien Edmond Rothé – qui soutiendra également le Front populaire, comme Capitant ; Capitant dirigera le Comité des intellectuels antifascistes pour la région, quand un jeune agrégé de philosophie du nom de Jean Cavaillès rejoindra celui-ci ; les deux hommes deviendront amis et passeront pareillement de l’antifascisme à l’opposition directe au nazisme, et à la résistance.

8Finissons ces rappels historiques en notant qu’après-guerre, Capitant sera ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement provisoire dirigé par De Gaulle entre 1944 et 1946, puis ministre de la justice en 1969 – il meurt en 1970.

  • 7  R. Capitant, « L’idéologie nationale-socialiste », d’abord publié dans L’Année politique française (...)
  • 8  R. Capitant, « Cours de droit de 1952-53 », Titre second : « Les principes fondamentaux de la démo (...)
  • 9  Voir à ce sujet S. Audier, Le Colloque Lippmann. Aux origines du néolibéralisme, notamment p. 337 (...)
  • 10  W. Röpke, La Crise de notre temps. Voir J.-C. Monod, L’Art de ne pas être trop gouverné, p. 102-11 (...)
  • 11  F. v. Hayek, La Route de la servitude.

9Dans une réflexion politique, surtout « en situation », il y a une dimension axiologique et une dimension stratégique. Au plan axiologique, comme on le voit dans ses écrits sur le nazisme et en particulier son article « L’idéologie nationale-socialiste » de 19357, Capitant perçoit immédiatement et avec une grande acuité la monstruosité morale du nazisme, sa rupture avec l’universalisme du respect de la personne en tant que telle, et sa rupture avec un principe fondamental de la politique libérale, justement la « valeur » reconnue à « l’individu » et à sa protection juridique. Il dépeint le nazisme comme une doctrine qui sacrifie complètement l’individu à la communauté, censée être la seule chose réelle, en opposition, dit-il, avec toute la révolution philosophique qui a permis de fonder la démocratie, précisément comme régime où il s’agit de composer la volonté générale à partir des volontés individuelles – même si, chez Rousseau, la volonté générale « transcende » en quelque sorte les volontés individuelles, elle est inséparable d’elles. L’idée du contrat social traduit cette révolution démocratique, et dans ses cours de droit sur l’élaboration de la démocratie, repris dans ses Écrits constitutionnels, Capitant fait à cet égard de Rousseau « le fondateur de la démocratie moderne »8. Si la critique du nazisme par Capitant a incontestablement une dimension libérale, un point de départ dans la valorisation de l’individu, c’est aussi une critique résolument démocratique, qui s’écarte sur ce point de certaines critiques libérales et néolibérales – lesquelles, de W. Röpke à Louis Rougier9, voyaient souvent dans le nazisme une sorte de prolongement monstrueux de la démocratie jacobine et de la « volonté générale » rousseauiste, une expression des « masses ignorantes » qui leur faisait conclure qu’en un sens il fallait défendre le libéralisme contre la démocratie, ou du moins contre la « démocratie illimitée »10 des masses. Capitant refuse cette logique, se réclame de la démocratie à laquelle il refuse d’imputer la paternité du totalitarisme, de même qu’il se refuse à amalgamer toute forme de socialisme au « national-socialisme » ou à un socialisme totalitaire, comme le fera Hayek11. Pour Capitant, futur « gaulliste de gauche » comme on l’a rappelé, la démocratie réalise une sorte de synthèse du libéralisme et du socialisme : l’erreur du libéralisme « pur » est de ne considérer que la liberté, l’erreur du socialisme « pur » est de ne considérer que l’égalité, la démocratie ou la République cherche leur meilleure articulation.

  • 12  R. Capitant, « L’État national-socialiste : fondements institutionnels et légitimité » (B.M.J. déc (...)
  • 13  P. Lacoue-Labarthe, J.-L. Nancy, Le Mythe nazi.

10Rupture avec l’individualisme démocratique-libéral, le national-socialisme représente aussi une rupture avec une forme d’universalisme éthique dont Capitant fait classiquement remonter les origines au christianisme. Antidémocratique, antilibéral, le national-socialisme est aussi profondément anti-chrétien pour Capitant dans la mesure même où le racisme constitutif du nazisme démembre l’unité de l’humanité et dénie la valeur de la personne, indépendamment de son « sang ». Capitant analyse longuement ce racisme dont il moque d’ailleurs l’inconsistance (si les nazis suivaient vraiment les critères « aryens » qu’ils prétendent mettre en avant, ils devraient exclure nombre de leurs « chefs », à commencer par Hitler lui-même ! Mais celui-ci, par l’effet d’une étonnante « mystique », ironise-t-il, est censé figurer parmi « les représentants les plus purs de la race nordique »12) et il souligne le rôle joué dans l’idéologie par ce qu’il appelle le « mythe aryen » – cela rappelle à ceux qui sont passés bien plus tard sur les bancs du département de philosophie de l’Université de Strasbourg un court mais saisissant ouvrage de nos regrettés collègues Jean-Luc Nancy et Philippe Lacoue-Labarthe, Le Mythe nazi13, sur la réactivation délibérée du « mythe » dans l’idéologie nazie. Cette dernière s’appuyait en cela sur une tendance de fond de la pensée allemande très présente déjà chez Wagner – le mythe comme expression de l’âme d’un peuple, plus profond que toute rationalité, celle-ci étant présentée comme l’instrument des puissances « déterritorialisées », « abstraites » et, dans ce système d’associations racistes, « juives ».

  • 14  C. Schmitt, « La théorie politique du mythe », in : Y.-C. Zarka, Carl Schmitt ou le mythe du polit (...)

11De son côté, Schmitt a oscillé sur cette question du recours au mythe en politique ; l’auteur de la Théologie politique est a priori assez éloigné du « paganisme » du mythe en raison de son catholicisme ; mais dans les années 1920, attiré par le fascisme italien et frappé par la lecture de Georges Sorel, il évoque l’efficacité politique du mythe, que Sorel a célébré dans une perspective de galvanisation des masses, un élément repris avec « succès », si l’on peut dire, par Mussolini – Schmitt estime que les luttes de son temps relèvent d’une sorte de gigantomachie entre le « mythe de la lutte des classes », porté par les forces révolutionnaires de gauche, et le « mythe nationaliste » porté par les forces de droite14.

  • 15  Cité par O. Beaud, « René Capitant, juriste républicain. Étude de sa relation paradoxale avec Carl (...)

12Sur ce plan axiologique Capitant ne fait donc pas du tout intervenir Carl Schmitt – a fortiori après 1933, où Schmitt a franchi la ligne rouge. Quand il lui envoie son écrit sur la réforme du parlementarisme, Capitant l’assortit de cette dédicace : « À Monsieur Carl Schmitt, ces quelques pages, en sincère hommage et avec l’espoir que, malgré leur libéralisme, il puisse encore les comprendre »15.

13C’est au plan « stratégique » et constitutionnel que Capitant trouve intérêt aux analyses de Schmitt appliquées aux dernières années ou aux derniers mois de la république de Weimar.

14Un débat en particulier a retenu l’attention de Capitant : celui qui oppose Carl Schmitt à Hans Kelsen autour du contrôle de constitutionnalité. Kelsen publie un article fameux, intitulé « Wer soll der Hüter der Verfassung sein? », dans la revue Die Justiz, vol. 6, 1930-1931, puis sous forme de livre chez Julius von Springer à Berlin, en 1931.

  • 16  C. Schmitt, Der Hüter der Verfassung.

15Kelsen prône le recours à un contrôle permanent de constitutionnalité par une Cour constitutionnelle, qui n’existait pas alors mais dont Kelsen défend justement la création. Schmitt, dans Der Hüter der Verfassung, réplique à cet article en proposant de voir le président du Reich comme le véritable « gardien de la constitution »16. Il estime que le président peut à la fois être « neutre » (un thème qu’il emprunte à Benjamin Constant et à sa « théorie du pouvoir neutre ») – neutre vis-à-vis des partis et des forces sociales en présence –, et en même temps doté d’une légitimité démocratique. Kelsen répond à Schmitt en contestant qu’un président élu soit plus « neutre » et plus indépendant des partis qu’une Cour constitutionnelle et que des magistrats – dont l’éthos professionnel implique une telle neutralité.

  • 17  R. Capitant, « Le rôle politique du président du Reich », repris dans Écrits d’entre-deux-guerres, (...)
  • 18  Idem, p. 443-444.

16René Capitant rend compte de ce débat dans son article « Le rôle politique du président du Reich », paru en mars 1932 dans la revue Politique. Il relève avec intérêt la référence – française – de Schmitt au « pouvoir neutre » de Constant mais corrige cette référence en estimant que Schmitt aurait dû plutôt évoquer Guizot17. Il estime par ailleurs que les arguments de Kelsen peuvent paraître justes et le sont sans doute dans une situation normale. Mais le débat porte précisément sur une situation exceptionnelle, celle d’une République extrêmement menacée, menacée dans son existence même, par des forces qui veulent expressément l’abattre – au premier rang desquelles le parti nazi, qui ne « joue le jeu » de la légalité que pour mieux user de toutes les cartes à sa disposition – c’était le thème de la « révolution légale » défendue par Hitler : arriver au pouvoir par les urnes pour mieux « fermer la porte derrière soi », comme le dit et l’analyse fortement Carl Schmitt dans un article sur lequel je reviendrai. « Garder » la constitution, note Capitant qui reprend l’expression de Schmitt, la « préserver », signifie alors autre chose qu’un simple contrôle de constitutionnalité. Dans les circonstances de quasi guerre civile que vit l’Allemagne, estime Capitant, « sauvegarder la République, cela ne signifie pas exercer de contrôle de constitutionnalité sur chacune des lois votées, et la réponse qu’adressait récemment M. Hans Kelsen à M. Carl Schmitt pour défendre […] l’institution d’une Cour constitutionnelle, est évidemment sans portée. Il ne s’agit pas de confier au président l’exercice d’une fonction juridictionnelle, mais bien plutôt de lui demander de parer au coup d’État et de sauver en Allemagne les institutions démocratiques et parlementaires. Pour cela, « la constitution lui donne des armes », ajoute Capitant18, en se référant à l’article 48 de la constitution de Weimar, tant commenté par Schmitt – précisément celui sur la « situation exceptionnelle » et sur la suspension possible d’un certain nombre de dispositions constitutionnelles lorsque le salut de la République est en jeu.

  • 19  C. Schmitt, Legalität und Legitimität ; trad. fr. Légalité et légitimité.

17Un texte particulièrement important et dont l’interprétation est encore discutée est à cet égard le petit livre que publie Carl Schmitt en 1932, Legalität und Legitimität, traduit en français et excellemment présenté par Augustin Simard19. Pour le dire très vite, Schmitt y discute la question des limites de la « neutralité » d’une constitution face à la possibilité des révisions constitutionnelles ou plus généralement face aux visées et aux intentions ultimes des partis qui concourent au pouvoir.

  • 20  Idem, p. 61.

18Dans des articles de la même période, Schmitt analyse la façon dont ce qu’il appelle des « partis totaux », des partis à visée « totale » ou totalitaire, à savoir le parti nazi et le parti communiste allemand, jouent un « double jeu » avec la légalité républicaine-démocratique : ils feignent de respecter celle-ci et même protestent avec la plus grande véhémence lorsqu’ils estiment ne pas être traités « démocratiquement » ; mais ils ne cachent même pas vraiment que leur but, une fois arrivés au pouvoir, sera d’abolir cette légalité. D’où la question de Schmitt : une constitution peut-elle prévoir le suicide légal de sa légalité20 ? Peut-elle laisser « concourir » comme des partis pluralistes des forces qui visent en fait l’abolition de sa légalité ? Le paradoxe est alors que pour maintenir le principe du pluralisme il faut interdire certains partis et peut-être assumer une « dictature » républicaine provisoire, en un sens « prévue » par l’article 48 de la constitution de Weimar – du moins tel que l’interprète Schmitt.

  • 21  Cf. J.-C. Monod, Penser l’ennemi…, p. 37 sq.

19Il faut situer alors les choses. Schmitt, en 1932, est très proche du dernier chancelier du Reich, von Schleicher. Il participe aux discussions autour de von Schleicher en faveur d’un « plan d’urgence » visant à instaurer un « État fort » qui romprait avec le pluralisme « suicidaire » de la république de Weimar en interdisant les partis anticonstitutionnels, i.e. littéralement les partis qui visent une Révolution qui mettrait fin à la République. Legalität und Legitimität reste au plan constitutionnel et ne prône pas explicitement l’interdiction des partis nazis et communistes, mais c’est une conclusion qui peut se déduire de l’argumentation de certains articles de Schmitt21.

  • 22  Voir O. Beaud, Les Derniers jours de Weimar. Carl Schmitt face à l’avènement du nazisme, p. 186 et (...)

20Carl Schmitt est alors connu pour être un juriste de droite, qu’on pouvait penser proche du parti de droite catholique, le Zentrum – en fait son père était membre du Zentrum, mais ce parti était sûrement trop « centriste » pour Carl Schmitt, plus inscrit dans une droite radicale, autoritaire, dans la tradition contre-révolutionnaire catholique. Quoi qu’il en soit, les dirigeants du Zentrum accueillent très froidement les préconisations et les avertissements de Schmitt. Dans une lettre au chancelier et au président du Reich qu’il rend publique le 29 janvier 1933, le prélat Kaas, président du groupe parlementaire du Zentrum, dénoncera toutes les suggestions de « Carl Schmitt et de ses disciples » pour déroger à la légalité afin d’éviter la nomination de Hitler comme chancelier en proclamant un état d’exception22.

  • 23  R. Capitant, « Le rôle politique… », p. 443.
  • 24  Ibid.

21Dans son article de 1932, Capitant fait donc écho à ce débat ; il construit son argumentation, en suivant Carl Schmitt, sur le fait que des « partis anticonstitutionnels » faussent le jeu démocratique. Ainsi, écrit-il, « on peut se demander si, en certaines circonstances, le véritable loyalisme n’obligerait pas le président à violer la lettre de la constitution pour en sauver le principe »23. Il précise aussitôt, beaucoup plus explicitement que Schmitt, ce qu’il a en vue : « Que le Reichstag offre à Hitler la majorité qu’il lui refuse encore, que le pays se prononce dans le même sens, la légalité constitutionnelle impose alors au président d’appeler le chef national-socialiste au poste de Chancelier, mais la vraie fidélité à la constitution l’admet-elle ? »24.

22Question très aiguë bien sûr. Le président Hindenburg « devait »-il appeler Hitler au poste de chancelier après les élections de 1932 ? D’un point de vue « légal », sans doute. Mais c’était mettre à mort la République, donc la constitution de Weimar. Suivre la légalité ici c’était – et ce fut ! – ruiner la légitimité, et ouvrir la voie à un État totalitaire et raciste, bientôt génocidaire. Nous le savons rétrospectivement, et quelqu’un comme René Capitant était en mesure de le pressentir.

  • 25  « Bei der Lektüre des Bonner Grundgesetzes befällt mich die Heiterkeit eines allwissenden Greises. (...)

23Néanmoins, là aussi rétrospectivement, on peut discuter de la question de savoir si cet événement – Hindenburg appelant Hitler – confirme le bien-fondé de l’analyse de Schmitt reprise par Capitant. Elle confirme assurément son analyse du double jeu du « parti total » nazi ; c’est d’ailleurs sur la base de cette expérience que la constitution de la République fédérale Allemande, en 1949, prévoira la possibilité d’interdire les « partis anti-constitutionnels » – ce qui sera appliqué en 1953 pour un parti néonazi et en 1956 pour le parti communiste – interdiction levée, dans ce second cas, en 1968. Face à cette disposition de la constitution de 1949, qui prévoit à son article 21, alinéa 2, l’interdiction des partis « inconstitutionnels » dont le projet prévoit la destruction de la forme de l’État démocratique, ce qui semblait reprendre ses préconisations des derniers temps de Weimar, Carl Schmitt écrit dans son Journal : « Lorsque je lis la Loi fondamentale, j’éprouve l’amusement d’un vieillard omniscient »25.

  • 26  C. Schmitt, Tagebücher 1930 bis 1934, p. 256.

24En revanche, le fait que, précisément, Hindenburg ait appelé Hitler peut faire conclure à la fragilité du président du Reich comme rempart ou « gardien » de la constitution. La décision reposa alors dans les mains d’un personnage que Schmitt, dans son journal, désigne comme « le Vieux ». Le jour de la nomination de Hitler, Schmitt écrit ainsi : « Situation épouvantable. Schleicher se retire. Hitler ou Papen arrive. Le vieux monsieur est devenu fou »26.

25Le président du Reich ne s’est donc pas montré à la hauteur de sa tâche, celle de « sauver » la légitimité en sacrifiant provisoirement la « légalité ». Mais cela ne montre-t-il pas le risque qu’il y a à confier cette énorme responsabilité à un seul homme ? Devenu « gaulliste de gauche » pendant la guerre, René Capitant transférera, en un sens, cette théorie du « gardien de la constitution » vers de Gaulle – dont il sera le ministre de la justice – dans ses commentaires de la constitution de la Ve République. C’est autour de l’article 16, dont il parle lui-même comme faisant potentiellement du président un « dictateur » au sens romain-républicain du terme, que tourne ici l’interrogation.

  • 27  C. Schmitt, lettre à Armin Mohler du 18 mai 1961, in : Carl Schmitt – Briefwechsel mit einem seine (...)

26Là aussi, Carl Schmitt, qui a sans doute tendance à s’attribuer plus d’importance qu’il n’en a réellement eue, écrira (à Armin Mohler, en 1961) : « l’essai de Capitant sur le gardien de la constitution […] est l’élément de jonction [Verbindungsglied] entre mon Hüter der Verfassung et la constitution de De Gaulle »27.

27Il serait trop long de discuter ici la question de savoir si la seule façon de sauver la république de Weimar était, comme y appela Schmitt en 1932, d’instaurer un « État fort », en fait une sorte de « dictature républicaine » (ce qu’il nommait, dans son écrit sur la dictature, une « dictature de commissaire », vouée non pas à instaurer un nouveau régime mais à préserver un régime existant) – par un coup d’État. Certains historiens très renommés, comme Winckler, donnent raison à Schmitt dans cette affaire : c’était effectivement là selon eux la seule manière d’arrêter Hitler, que l’invocation formelle de la légalité par des partis comme le Zentrum a favorisé. Dans Les derniers jours de Weimar. Carl Schmitt et l’avènement du nazisme, Olivier Beaud avance un certain nombre d’objections à cette justification après-coup d’un coup d’État virtuel – qui, dit-on, aurait peut-être préservé l’Allemagne de l’accès au pouvoir de Hitler par les urnes ; mais il est difficile d’en être sûr, les coups d’État censés empêcher une guerre civile ont eu souvent un résultat inverse (voir le coup d’État de l’armée en Algérie au début des années 1990).

  • 28  Pour les mentions ultérieures, entre 1933 et 1938, de Carl Schmitt par Capitant et inversement, je (...)

28Nous sommes ici dans « l’histoire-fiction », ou l’histoire contrefactuelle, et justifier un coup d’État est une façon paradoxale – et, disons-le, acrobatique – d’éviter le « suicide » d’une République démocratique ! Il faut d’ailleurs noter que, de son côté, s’il pensait aussi que seul un « État fort » républicain pouvait résister aux assauts fascistes – et non ce qu’il appelle « l’État faible des libéraux » –, Capitant n’appelait pas pour autant dans son article de 1932 à un coup d’État mais plutôt à une décision du président qui, malgré le fait qu’elle viole apparemment la légalité, témoignerait en fait d’une « fidélité à la constitution » : ne pas appeler Hitler au poste de chancelier n’aurait peut-être pas été fidèle à la « légalité » ou aux règles du jeu politique du moment, mais aurait été légitime en raison de l’ampleur de la menace que représentait Hitler pour la démocratie et pour toutes les valeurs humanistes, et, en effet, parce que Hitler ne reconnaissait pas la légitimité de la constitution, la légitimité démocratique-républicaine, annonçant à demi-mots son intention de détruire cette légitimité démocratique28.

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29Comme on sait, une controverse entoure la référence à la pensée de Carl Schmitt, certains philosophes estimant qu’on ne saurait s’y référer que pour documenter les errements et l’ignominie d’un théoricien égaré dans le soutien au IIIe Reich, les dangers d’un mélange d’antilibéralisme, d’autoritarisme, de mépris des droits de l’homme et de l’héritage de 1789, d’apologie de la décision et de valorisation de l’hostilité qui n’a pas convergé par hasard avec le national-socialisme. Je pense aussi que la pensée de Schmitt est intrinsèquement dangereuse, mais il me semble justement qu’en l’étudiant, on peut s’instruire des dangers de ce qu’il défend, et des dangers profonds qu’il y a à opposer radicalement la décision à la délibération, le pouvoir du chef au parlementarisme, à faire l’éloge de la montée aux extrêmes contre la tendance du libéralisme au compromis, etc. On doit lire Schmitt le plus souvent, à mon avis, à contre-pente de ses propres valorisations. Je suis également d’accord avec le fait que certains usages de Schmitt, y compris à gauche ou à l’extrême-gauche, prennent beaucoup trop pour argent comptant certaines de ses propositions (par exemple sur la faiblesse congénitale du libéralisme qui serait incapable d’affronter ses ennemis, ou sur l’hypocrisie intrinsèque de la référence aux droits de l’homme dans les relations internationales). En revanche, l’usage des réflexions de Schmitt par René Capitant a quelque chose d’admirable, justement parce qu’il est dénué de toute naïveté et de toute complaisance envers l’antilibéralisme radical de Schmitt et envers son « antihumanisme », tout en identifiant avec précision quelques « points de force » de ses textes juridiques, d’ailleurs antérieurs à son ralliement au IIIe Reich et eux-mêmes partiellement critiques envers les nationaux-socialistes et envers toutes les tendances « totalitaires » qui se déployaient de toute part dans les années 1920-1930. On voit aussi que la préconisation d’Yves-Charles Zarka, de ne jamais mentionner le nom de Carl Schmitt sans le faire précéder de la précision « le nazi C. S. » est absurde : les réflexions de Schmitt en 1932 contre les « partis totaux » et en faveur d’une interdiction des partis anticonstitutionnels seraient incompréhensibles si, à l’époque, il était déjà « nazi ». L’usage par Capitant de ces réflexions le serait aussi. C’est pourquoi je disais que la formule d’un « usage à fronts renversés » est inadéquate si on pense au nazisme. Dans son journal, avant 1933, Schmitt ne cache pas son mépris pour Hitler – « stupide et ridicule » écrit-il à la veille de son arrivée au pouvoir. En revanche la formule d’un usage à fronts renversés serait plus appropriée si l’on pense au statut d’intellectuel anti-fasciste de Capitant, dans la mesure où le fascisme italien a bien séduit Carl Schmitt dès le milieu des années 1920 ; mais avant 1933, cela ne le conduit pas à soutenir les nazis en Allemagne. Et son opposition politique au régime parlementaire de Weimar ne l’empêche pas de réfléchir aux conditions de « sauvegarde » de la constitution de Weimar dans la « situation extrême » du début des années trente en conseillant les derniers chanceliers – Brüning, Schleicher, von Papen. L’infléchissement que ceux-ci ont fait subir à la république au profit d’une forme d’autoritarisme, avec le « coup de Prusse », le gouvernement par décret, la répression accrue des protestations sociales, a-t-il fait transition vers le nazisme, ou était-il une stratégie défendable dans une situation extrême ? Les historiens en débattent encore.

30Pour finir : on voit bien ce que Capitant et Schmitt ont en commun, et ce qui les sépare profondément.

31Ce qu’ils ont en commun, c’est un certain souci de la décision politique, l’idée que l’on ne peut pas et que l’on ne doit pas chercher à faire l’économie du moment de la décision personnelle dans l’ordre politique. De même, Capitant adhère à la critique schmittienne de la vision du droit comme pur système de normes, défendue par Kelsen. Cette vision occulte selon eux le fait que le droit repose ultimement sur la décision politique, sur la décision quant à la norme et l’exception, quant à l’ordre juridique « normal » et à l’état d’exception. Mais contrairement à Schmitt, qui s’en remettra à la décision arbitraire du Führer, pour Capitant la décision du souverain, du président, doit toujours être encadrée et faire place à un système de contre-pouvoirs, elle ne peut jamais se présenter comme la source unique du droit. L’identification du rex et de la lex est antirépublicaine. On l’a vu : Capitant, comme Schmitt, ne souscrit pas à ce qu’il appelle « l’État faible des libéraux ». Mais s’il reprend à son compte le motif de « l’État fort », ce n’est nullement dans la direction d’un État totalitaire : Capitant défend ce qu’il appelle « l’État fort de la démocratie ». Je crois que nous pouvons tout à fait comprendre sa critique de l’affaiblissement de l’État sous l’effet d’un certain libéralisme – en tant que la puissance publique, le service public, l’État social peuvent être des garants et des vecteurs de la démocratie sociale, leur affaiblissement peut signifier un affaiblissement de la démocratie politique, comme on l’a constaté durant quelques décennies de néolibéralisme qui ont aussi correspondu, selon les termes de Wendy Brown, à une « dé-démocratisation ». Là encore, Capitant a orienté vers la gauche et vers la démocratie un souci de l’État qui restait orienté, dans la critique schmittienne du libéralisme, vers la droite et vers une forme d’autoritarisme, bientôt fascisant.

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Notes

1  Voir sur ce point J.-C. Monod, Penser l’ennemi, affronter l’exception. Réflexions critiques sur l’actualité de Carl Schmitt.

2  R. Mehring, Carl Schmitt. Aufstieg und Fall, p. 22-27.

3  Idem, p. 27-29.

4  C. Schmitt, Die Diktatur ; trad. fr. La Dictature.

5  Cité par A. Doremus, « La théologie politique de Carl Schmitt », p. 65-104.

6  Pour ce qui suit, nous nous appuyons principalement sur J.-P. Morelou, « Le gaullisme de guerre de René Capitant », p. 9-33.

7  R. Capitant, « L’idéologie nationale-socialiste », d’abord publié dans L’Année politique française et étrangère, oct. 1935, repris dans Écrits constitutionnels, p. 446-467.

8  R. Capitant, « Cours de droit de 1952-53 », Titre second : « Les principes fondamentaux de la démocratie », repris dans Écrits constitutionnels, p. 152.

9  Voir à ce sujet S. Audier, Le Colloque Lippmann. Aux origines du néolibéralisme, notamment p. 337 (intervention de L. Rougier).

10  W. Röpke, La Crise de notre temps. Voir J.-C. Monod, L’Art de ne pas être trop gouverné, p. 102-115 (« Constructions de l’État néolibéral, de Röpke à Hayek »).

11  F. v. Hayek, La Route de la servitude.

12  R. Capitant, « L’État national-socialiste : fondements institutionnels et légitimité » (B.M.J. déc. 1934), repris dans R. Capitant, Face au nazisme. Écrits 1933-1938, p. 53-65, ici p. 61.

13  P. Lacoue-Labarthe, J.-L. Nancy, Le Mythe nazi.

14  C. Schmitt, « La théorie politique du mythe », in : Y.-C. Zarka, Carl Schmitt ou le mythe du politique, p. 194-5.

15  Cité par O. Beaud, « René Capitant, juriste républicain. Étude de sa relation paradoxale avec Carl Schmitt à l’époque du nazisme ».

16  C. Schmitt, Der Hüter der Verfassung.

17  R. Capitant, « Le rôle politique du président du Reich », repris dans Écrits d’entre-deux-guerres, p. 435-445, ici p. 442.

18  Idem, p. 443-444.

19  C. Schmitt, Legalität und Legitimität ; trad. fr. Légalité et légitimité.

20  Idem, p. 61.

21  Cf. J.-C. Monod, Penser l’ennemi…, p. 37 sq.

22  Voir O. Beaud, Les Derniers jours de Weimar. Carl Schmitt face à l’avènement du nazisme, p. 186 et suiv.

23  R. Capitant, « Le rôle politique… », p. 443.

24  Ibid.

25  « Bei der Lektüre des Bonner Grundgesetzes befällt mich die Heiterkeit eines allwissenden Greises. » C. SchmittGlossarium. Aufzeichnungen der Jahre 1947-1951, 20.7.1949, p. 259.

26  C. Schmitt, Tagebücher 1930 bis 1934, p. 256.

27  C. Schmitt, lettre à Armin Mohler du 18 mai 1961, in : Carl Schmitt – Briefwechsel mit einem seiner Schüler, p. 306.

28  Pour les mentions ultérieures, entre 1933 et 1938, de Carl Schmitt par Capitant et inversement, je renvoie à l’article très informé d’O. Beaud, « René Capitant, juriste républicain. Étude de sa relation paradoxale avec Carl Schmitt à l’époque du nazisme », p. 41-66.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Claude Monod, « René Capitant, Carl Schmitt et la fin de la république de Weimar »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 56 | -1, 197-212.

Référence électronique

Jean-Claude Monod, « René Capitant, Carl Schmitt et la fin de la république de Weimar »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg [En ligne], 56 | 2024, mis en ligne le 12 décembre 2024, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cps/8513 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12tr4

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Auteur

Jean-Claude Monod

Directeur de recherches
Archives Husserl, UMR 8547 CNRS-ENS-PSL

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