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René Capitant et ses écrits sur le nazisme (1934-1939)

René Capitant and his Writings on Nazism (1934-1939)
Olivier Beaud
p. 169-196

Résumés

Cet article vise à montrer comment René Capitant a été en quelque sorte un résistant au nazisme avant l’heure puisqu’il relate comment ce jeune professeur de droit en poste à Strasbourg (de 1930 à 1940) a tenté d’alerter le public français par des articles pénétrants sur le nazisme sur le grave danger que représentait l’État hitlérien déjà à cette époque (1934-1939).

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Texte intégral

1Dans le cadre de ce dossier sur la résistance de l’université française à Strasbourg, qu’Édouard Mehl a eu l’heureuse idée de mettre en place, notre contribution sera peut-être un peu en décalage avec les autres. En effet, si nous évoquerons bien un universitaire strasbourgeois, le grand juriste René Capitant, qui fut en poste à l’Université de Strasbourg de de 1930 à 1940, nous parlerons moins de son activité résistante elle-même que de ses écrits sur le nazisme qu’on peut qualifier de « résistance avant l’heure », qu’il a écrits et publiés à Strasbourg de 1934 à 1939. En effet, ces textes de combat, tant l’hostilité qu’il a manifestée à l’égard du nazisme dans ses articles était vive et déterminée, préfigurent l’activité de résistant qu’il exercera à Alger, où, après l’intermède de Clermont-Ferrand, il s’était fait muter pour continuer le combat sur le territoire de l’Empire. Certes, la rencontre du Général de Gaulle, que Capitant fit plus tard en 1939, rendit sa résistance inéluctable. Mais le terrain était préparé par son étude approfondie du nazisme.

  • 1  R. Capitant, Écrits d’entre-deux-guerres (1928-1940), textes réunis et présentés par O. Beaud, Par (...)
  • 2  R. Capitant, Face au nazisme. Écrits 1933-1938, textes réunis et présentés par O. Beaud, Postface (...)

2Avant de présenter les écrits de René Capitant sur le nazisme, il est probablement utile de dresser le portrait de l’homme et de l’universitaire dont la célébrité en tant qu’universitaire ne peut pas prétendre égaler celle d’un Marc Bloch, d’un Georges Canguilhem ou d’un Jean Cavaillès, sans parler évidemment de Raymond Aron – ne serait-ce parce que le virus de la politique l’ayant happé, il a beaucoup moins publié à partir de 1939. Si la postérité a retenu quelque chose de Capitant, c’est un qualificatif : « un gaulliste de gauche ». Donc, s’il convient d’évoquer, comme une sorte de figure obligée, cette image convenue de René Capitant, homme politique, il faut tout de suite préciser que cette image a eu malheureusement le grand inconvénient de masquer l’œuvre de jeunesse de ce grand juriste. C’est pour faire redécouvrir ce pan oublié de cette œuvre que nous avons entrepris de publier deux recueils de ses textes, le premier principalement centré sur son travail de droit public (surtout de droit constitutionnel) et de théoricien du droit1 et le second réunissant des articles publiés ou quasi-inédits portant sur le nazisme2. Le but ici visé était de démontrer que, avant de se lancer en politique, René Capitant fut un grand juriste et un grand universitaire.

3Après avoir présenté l’homme et son séjour à Strasbourg entre 1930 et 1939, comme professeur, il me faudra présenter d’abord le livre, qui est un recueil d’articles, sa genèse et sa réception, avant d’en examiner brièvement le contenu et sa portée. On évoquera enfin le Capitant d’après Strasbourg, notamment le résistant à Alger.

Portrait de Capitant en leader, à la faculté de droit de Strasbourg, d’un trio de juristes rebelles

Image convenue de l’homme politique

  • 3  J.-N. Jeanneney, Le Rocher de Süsten. Mémoires (1942-1982), p. 67.

4René Capitant est souvent présenté par ses biographes comme un « gaulliste de gauche ». En effet, il avait rejoint en 1960, à son retour en France, l’Union démocratique du travail (U.D.T.) ce petit mouvement fondé par Louis Vallon, Gilbert Grandval et Léo Hamon, allié de la puissante U.N.R. (Union nationale pour la République). Gaulliste et « de gauche » ? C’est ainsi d’ailleurs que le présente Jean-Noël Jeanneney dans le premier tome de ses Mémoires où il raconte sa visite en janvier 1960, chez son père Jean-Marcel Jeanneney, ministre gaulliste et universitaire aussi. Le jeune Jean-Noël est fortement marqué par cette visite et il le qualifie de « grand honnête homme »3, faisant allusion à son combat contre la torture pendant la guerre d’Algérie, qui est la seconde trace laissée dans l’histoire politique de la France, lui qui en 1957 décida de suspendre ses cours à la faculté de droit, lorsqu’il apprit qu’on torturait à Alger et que l’un de ses étudiants, Ali Boudmedjel, était mort, suicidé – mais en réalité tué par les sbires du général Aussarresses.

5Gaulliste, Capitant le fut très tôt, c’est-à-dire dès sa rencontre avec de Gaulle en 1939 au Ve Corps d’Armée où il était mobilisé. Il le resta sa vie durant avec une fidélité inébranlable : pendant la Résistance qu’il anima à Alger où, en tant que professeur de droit public, il s’était fait muter en 1941 à la demande du mouvement « Combat » ; au moment de la Libération où il fut ministre de l’Éducation du Gouvernement provisoire de la République française (1944-1945), puis sous la IVe République, où il fut élu député en 1946. Pendant la traversée du désert du Général, il tenta d’animer le Rassemblement Populaire Français. Enfin, sous la Ve République, il fut député parisien de 1962 à 1969, battant lors de sa première élection le député sortant, un dénommé Jean-Marie Le Pen. Brillant président de la commission des Lois à l’Assemblée nationale de 1962 à 1967, il fut un éphémère garde des Sceaux du 30 mai 1968 à avril 1969, sous les gouvernements Pompidou et Couve de Murville.

  • 4  La nièce de René Capitant, la professeure de littérature Béatrice Didier dément entièrement cette (...)

6Cet homme entier n’était pas prêt à tout pour conserver ses mandats. Lors des évènements de Mai 1968, il démissionne de son mandat de député pour ne pas à avoir à voter la censure, estimant que le gouvernement n’avait pas su protéger le Général. En avril 1969, il démissionne de nouveau de sa fonction ministérielle, n’imaginant pas rester garde des Sceaux et devoir cohabiter avec le président par intérim (Alain Poher) qui avait appelé à voter « Non » au référendum ayant provoqué le départ du Général de Gaulle. Trop souvent, on garde de lui l’image très négative qu’a forgée son grand adversaire, Georges Pompidou. Ce dernier a toujours prétendu que René Capitant s’était très mal comporté lors de l’affaire Markovic, cette sombre affaire de photos truquées mettant en scène son épouse, parce que selon lui, Capitant, alors Garde de Sceaux, non seulement ne l’aurait pas prévenu de cette rumeur infâmante, mais l’aurait complaisamment propagée pour lui nuire tant il le détestait. Cette accusation a entaché la réputation de Capitant, alors qu’elle ne repose sur aucun fait établi, sinon la conviction profonde de Pompidou4.

7Bien que gaulliste, René Capitant était aussi un homme de gauche. En témoignent non seulement son engagement précoce contre le fascisme et le nazisme, mais aussi le fait qu’en 1936, au moment du Front Populaire, il fit un bref passage au cabinet de Léon Blum au cours duquel il tenta en vain d’alerter sur le danger hitlérien, mais il eut maille à partir avec le directeur de cabinet Jules Moch, et son expérience tourna court. Cet homme de sensibilité de gauche fut celui qui installa, en novembre 1944, lorsqu’il était ministre de l’Éducation du GFPR, la commission Langevin-Wallon (tous deux communistes) qui élabora dans le Plan du même nom les cadres d’un système éducatif démocratique. Sa sensibilité de gauche le poussa vers un farouche anticolonialisme, comme on l’a déjà évoqué à propos de l’affaire algérienne.

Quelques mots sur René Capitant le juriste universitaire, fils de professeur d’université

  • 5  Voir O. Beaud, « Découvrir un grand juriste : le premier René Capitant (1928-1940) », p. 163-193. (...)

8Il est très réducteur de présenter René Capitant comme un homme politique. Avant de l’être, il fut un grand professeur d’université et un grand juriste. Nous l’avons même qualifié, certes avec quelque emphase, du « plus grand espoir de la doctrine publiciste » de sa génération qui était pourtant riche en talents. Telle fut la conviction que nous avons acquise en lisant l’intégralité de son œuvre entre 1927 et 1940 et que nous avons voulu faire partager au public5.

9Ce ne fut pas facile pour René Capitant de se faire un nom, parce qu’il était le fils d’Henri Capitant, considéré alors comme le plus grand juriste français de sa génération, le maître du droit civil français, tellement connu qu’il a légué son nom à la plus importante association de juristes française, l’Association Henri Capitant. On a longtemps appelé René « le petit Capitant ». Quoi qu’il en soit, il a eu la sagesse de choisir le droit public et de faire une thèse sur l’impératif juridique, sur l’illicite, qui est une thèse très théorique qui lui a coûté probablement l’agrégation à sa première tentative. Il s’inscrit au barreau et réussit sans coup férir le fameux concours à la conférence de stage qui désigne l’élite des futurs avocats français. Mais il retente de nouveau l’agrégation de droit public et la réussit cette fois. C’est ici que commence l’aventure strasbourgeoise. Cette année-là – on est en 1930 – il y a six postes à l’agrégation et il convainc ses deux amis, reçus au concours, Charles Eisenmann et Marcel Prélot de choisir comme lui – pour des raisons patriotiques — leur affectation à la faculté de droit de Strasbourg. Ce trio va y rester de 1930 à 1940 et ces amis ont tous pour particularité d’être tournés vers l’Allemagne et d’être germanophones. Les trois membres de ce trio sont tous des sujets brillants qui vont illustrer par leurs œuvres les facultés de droit, même si leur nom ne dit pas grand-chose aux autres universitaires.

  • 6  Un de ses fils a écrit sa biographie, qui mérite d’être lue, B. Prélot, Marcel Prélot 1898-1972 : (...)

10Marcel Prélot (1898-1970) a fait sa thèse sur le Reichsrat, et Charles Eisenmann sur la Cour constitutionnelle autrichienne, devenant alors le disciple de Hans Kelsen en France. Prélot, juriste démocrate-chrétien, fut d’ailleurs un des premiers juristes à s’intéresser à Mussolini, écrivant un livre sur l’Empire fasciste. Il sera résistant pendant la seconde guerre mondiale, plus tard il deviendra un sénateur du Doubs, représentant la démocratie chrétienne, mais tout en étant gaulliste, et il finira sa carrière – tout comme Capitant et Eisenmann – comme professeur de droit à la faculté de droit de l’Université de Paris6.

  • 7  Pour une courte et dense biographie, voir « l’Avant-Propos » de N. Chifflot à Ch. Eisenmann, Écrit (...)
  • 8  C. Eisenmann, « Chronique de politique intérieure, 20 juin 1934. L’organisation constitutionnelle (...)
  • 9  À la différence de Capitant et de Prélot, Eisenmann eut de brillants élèves devenus professeurs. I (...)
  • 10  N. Chifflot, Le Droit administratif de Charles Eisenmann.
  • 11  H. Truchot, Le Droit constitutionnel de René Capitant ; contribution au développement d’une légiti (...)
  • 12  Son petit-fils, Pierre-Henri Prélot, lui-même devenu professeur agrégé de droit public, et hélas, (...)

11Les historiens connaissent peut-être Louis Eisenmann, historien à la Sorbonne, spécialiste reconnu de l’Autriche-Hongrie qui était le père de Charles Eisenmann (1903-1980)7. De son côté, ce dernier a eu une œuvre protéiforme, qu’il ne s’agit pas ici de détailler, mais il convient de signaler qu’il a écrit deux articles fort intéressants sur la dictature hitlérienne, peu connus, qui furent réédités dans la revue Jus Politicum8. Il fut, hélas pour lui, prisonnier de guerre en Allemagne, et sera muté à la fin dans un oflag autoritaire où l’on met les officiers rebelles. Il finit lui aussi sa carrière à la faculté de droit de Paris qu’il illustrera par ses enseignements et ses écrits marquants9. Les juristes connaissent bien son œuvre, désormais, grâce à la thèse de Nicolas Chifflot, dirigée à Strasbourg justement par Patrick Wachsmann et Olivier Jouanjan10. René Capitant a récemment fait l’objet d’une thèse centrée sur sa conception du droit constitutionnel11 mais qui n’aborde pas les aspects historiques que nous allons ici traiter. Quant à Marcel Prélot, il attend encore sa thèse12. Les trois resteront amis jusqu’à la fin de leur vie, et Charles Eisenmann prononcera un très beau discours sur son ami Capitant, peu après sa mort.

  • 13  C’est ce que précise J. Debu Bridel, La Résistance intellectuelle. Textes et témoignages réunis pa (...)

12Si nous avons voulu présenter ce trio de jeunes agrégés de droit public en poste à la faculté de droit de Strasbourg de 1930 à 1940, c’est pour dire qu’il y avait déjà là un trio de juristes rebelles. La preuve en est qu’ils furent, tous les trois, membres du Comité de Vigilance des Intellectuels Anti-fascistes (CVIA), dont René Capitant présida le groupe en Alsace. C’est là qu’il fit la connaissance de Jean Cavaillès d’ailleurs13. Tel est le contexte qu’il faut un peu connaître pour mieux comprendre les écrits de René Capitant sur le nazisme parus entre 1934 et 1939 qui anticipent son activité de Résistant pendant la guerre.

Présentation des écrits sur le nazisme de René Capitant

Les circonstances de l’écriture de ces articles

  • 14  La Fondation Rockefeller alloue également une bourse d’étude à l’économiste Henry Laufenburger, me (...)

13Il est temps de venir maintenant à l’écriture de ses articles sur le nazisme et le régime hitlérien. Ils naissent un peu d’un curieux hasard qui est le voyage d’études que Capitant effectue en Allemagne de 1933 à 1934 après avoir obtenu une bourse de la Fondation Rockefeller pour effectuer un séjour de recherches d’un an en Allemagne14.

  • 15  Son séjour n’a pas laissé de traces dans les archives de l’Université Humboldt, ni d’ailleurs dans (...)
  • 16  Source : Archives de la Fondation Rockefeller, RF, RG 1.2. Series 500S, Box 19, Folder 177. Nous r (...)

14René Capitant part avec sa famille en Allemagne, où il passera l’année 1933-1934. Plus exactement, il séjourne à Berlin du 17 octobre 1933 au 15 juillet 1934, où il fréquente la faculté de droit de l’Université Humboldt15 ; il fait de courts voyages à Kiel et à Königsberg. Après les vacances, il prend la direction de Munich, où il séjourne du 6 septembre 1934 au 1er novembre 1934. On n’en sait pas davantage sur son séjour16.

  • 17  Ch. Funck-Brentano, op. cit., p. 5.
  • 18  Archives de la Fondation Rockefeller.

15Pour quelle raison précise a-t-il souhaité passer une année d’études en Allemagne ? Son ami Funck-Brentano donne l’explication suivante dans la brochure qui a dû servir à la campagne électorale de la Constituante de 1945 : « René Capitant avait particulièrement étudié la constitution de la République de Weimar et il en suivait sur place [à Strasbourg] le fonctionnement. L’Allemagne démocratique allait-elle devenir pour la France une voisine pacifique ? Et d’abord, l’Allemagne allait-elle se faire réellement démocratique ? Des réponses à ces questions dépendaient de l’avenir de notre patrie et le sort de nos provinces frontières. Capitant franchit souvent le Rhin et parcourt l’Allemagne. Un jour, il entend Hitler, dont on riait encore en France. Alsacien d’adoption, comment ne serait-il pas en éveil ? »17. On pourrait donc croire, l’arrivée au pouvoir de Hitler (le 30 janvier 1933) coïncidant avec sa demande de bourse (premier semestre 1933), qu’il souhaitait étudier le nouveau régime national-socialiste. Toutefois, il ressort d’autres pièces de son dossier que son projet avait, à l’origine, un caractère rétrospectif. Sa demande de bourse à la Fondation Rockefeller indique, comme projet de recherche, l’étude de « l’évolution politique du Reich [Reich’s Government] depuis 1919 et la façon dont la Constitution de Weimar a fonctionné pendant 14 années. Il veut tenter d’analyser les raisons pour lesquelles la démocratie parlementaire a échoué en Allemagne »18. À cette fin, il se propose de « rencontrer les dirigeants politiques les plus en vue [outstanding], les sociologues, les politologues [politists] ainsi que les juristes » et entend visiter aussi bien Berlin que Bonn et Leipzig. Dans une lettre adressée après l’obtention de sa bourse, à un membre de la Fondation Rockefeller, il rappelle que son projet de recherches consiste « au lendemain de la Révolution nationale » à « retracer dans son ensemble l’histoire de la Constitution de Weimar ». Mais pour mener à bien cette entreprise, il veut ici se placer « moins en face des textes votés en 1919 que des faits et des pratiques pendant les quatorze années de leur application ». Quoique juriste, sa méthode s’inspire surtout de la science politique, ou des juristes de droit public le plus tournés vers l’étude du fait politique. Elle révèle son penchant à examiner la Constitution à partir de sa pratique, démarche qui trouve son origine dans une réflexion originale de théorie constitutionnelle.

  • 19  Marcel Waline a d’ailleurs judicieusement noté que l’inquiétude de Capitant « naît du contraste qu (...)
  • 20  R. Decout-Paolini, René Capitant, homme de gauche et gaulliste. Un juriste engagé sous la Ve Répub (...)
  • 21  Voir O. Beaud, « René Capitant, juriste républicain. Étude de sa relation paradoxale avec Carl Sch (...)

16Quant au fond, il est clair que s’il veut étudier le passé de l’Allemagne – la République de Weimar –, c’est parce qu’il se fait du souci pour l’avenir de la IIIe République. Il n’a pas tort d’ailleurs, car la grave crise du 6 février 1934 viendra confirmer ses craintes. Depuis lors, son œuvre juxtapose et entrecroise, d’un côté, la dénonciation du régime nazi et, de l’autre, la défense du parlementarisme et donc du régime de la Troisième République19. En tout cas, il est très probable qu’une fois arrivé à Berlin à l’automne 1933, il a modifié son projet. Pourquoi étudier le passé, cette Constitution défunte de Weimar, alors que le présent s’imposait avec force aux yeux d’un observateur étranger, témoin de l’instauration d’un nouveau régime, le régime national-socialiste ? On sait de source indirecte que là-bas, « il suit des cours et prépare un travail sur l’organisation de l’université allemande. Surtout, il fréquente les autres professeurs, discute avec eux de la situation, et analyse de l’intérieur le fonctionnement du régime – notamment par le biais de sa législation. Bien au fait d’un des aspects majeurs du nazisme, à savoir la glorification de la race aryenne, qu’accompagne un violent antisémitisme, il en voit, indigné, mais impuissant, les funestes conséquences au sein de l’université berlinoise, dont les professeurs israélites sont chassés les uns après les autres »20. Lorsqu’il arrive en octobre 1933, la faculté de droit de l’Université de Berlin (Humboldt-Universität) a déjà connu les premières étapes de sa « mise au pas » (Gleichschaltung). Celle-ci se manifeste d’abord par des modifications législatives et réglementaires émanant soit du Reich, soit de l’État prussien. Parmi les mesures les plus importantes figurent notamment la décision de procéder à de nouvelles élections pour renouveler les instances dirigeantes de l’Université de Berlin (Recteur, doyen), la décision, issue d’un décret de l’État prussien visant à introduire dans les établissements d’enseignement supérieur le Führerprinzip, et enfin une décision unilatérale de réduction des traitements alloués aux universitaires. Pendant son année berlinoise, René Capitant observe donc la nazification de l’Université, qui se traduit par la politique d’épuration des universitaires d’origine juive. Ceux-ci sont progressivement tous privés de leur emploi à la faculté de droit. Parallèlement à l’expulsion des universitaires juifs et des opposants politiques, l’Université de Berlin s’oriente vers une politisation de son recrutement. La faculté de droit recrute des juristes ralliés au régime selon des procédures contraires au principe libéral de cooptation. De ce point de vue, la nomination à Berlin de Carl Schmitt, qui coïncide avec la venue de Capitant (automne 1933), marque « la fin de la vieille Université » (Lösch). Non seulement c’est le premier recrutement d’un juriste ouvertement fidèle du régime nazi, mais au lieu d’être véritablement élu par ses collègues, il est quasiment désigné, imposé, par le ministère qui invoque des raisons politiques. Ce qui n’empêchera pas, on le sait, Capitant d’entrer en contact avec le Kronjurist de l’époque21 et de nouer de bonnes relations avec celui qu’il considérait comme « le plus grand publiciste de son temps ».

  • 22  « La réputation de ses cours – a-t-on dit – y a amené le colonel de Lattre de Tassigny, qui était (...)
  • 23  Gérard Conac n’y fait pas allusion dans son étude : « L’apport de René Capitant au droit constitut (...)
  • 24  Cette revue, qui paraît sous forme de feuilles modestement agrafées, se trouve dans deux bibliothè (...)
  • 25  Nous le signalons à toutes fins utiles, car cela peut intéresser des chercheurs de divers horizons (...)

17De retour à Strasbourg, il continue à s’intéresser vivement au régime nazi. Le professeur y consacre des cours dans le cadre du Centre d’études germaniques qui avait été créé au sein de l’Université22, cours qui ont probablement été la matière première des écrits rassemblés. Pendant près de cinq ans, il va régulièrement publier des articles entre 1934 et 1939 sur l’Allemagne nazie, dont certains sont publiés dans des revues connues au plan national, comme l’Année politique et sociale, ou encore la Revue politique et parlementaire. Mais la plupart de ces textes ici réédités sont restés méconnus, sinon inconnus. Les bibliographies de l’œuvre de René Capitant les ignorent le plus souvent, de sorte qu’ils n’ont pas été analysés par ceux qui ont étudié sa pensée constitutionnelle23. Mais, dira-t-on, si ces textes sont intéressants, pourquoi sont-ils si peu connus ? Cela tient à ce qu’ils ont été, pour l’essentiel, publiés dans une revue très confidentielle, le Bulletin mensuel jaune de l’Office d’informations allemandes du Centre d’études germaniques de l’Université de Strasbourg, qui redeviendra, fin 1935, la revue L’Allemagne contemporaine24. Cela signifie donc que, même à l’époque de leur rédaction, ils étaient presque inaccessibles au public, sauf évidemment pour ceux qui furent publiés, ou republiés dans des revues nationales à plus large audience. Une anecdote fera peut-être sourire : j’ai pu consulter L’Allemagne contemporaine à la Bibliothèque Nationale, mais des numéros étaient incomplets. Je n’ai pu récupérer les autres qu’en consultant ceux conservés à Clermont-Ferrand. Pourquoi pas à Strasbourg ? Tout simplement parce qu’après la guerre, on n’a pas, semble-t-il, rapporté tous les documents qui avaient suivi l’Université de Strasbourg en Auvergne. Il y a donc à la BU de Clermont-Ferrand des documents qui appartenaient à la BU de Strasbourg25.

  • 26  Note 1 de la Rédaction à l’article de Capitant : « La politique allemande et le discours du Chance (...)
  • 27  J. Foyer, « Présentation de René Capitant », p. 5.
  • 28  L. Dupeux, « René Capitant et l’analyse idéologique du nazisme (1934-1939) », p. 636.

18Notons enfin que la qualité de ses articles est reconnue par les contemporains. Par exemple L’Année politique française et étrangère, justifie, en 1937, la publication d’un de ses articles par le fait que son auteur « a des problèmes allemands une connaissance exceptionnelle »26. Après la mort de René Capitant, en 1970, nombreux sont ceux qui ont loué son analyse du nazisme. Ainsi, Jean Foyer, l’ancien garde des Sceaux et éminent professeur de droit privé, a pu écrire dans le livre d’hommage de l’Association Henri Capitant : « Peu d’analyses de la monstrueuse idéologie hitlérienne, des malheurs dont elle était grosse pour le Monde et l’Humanité, auront été aussi pénétrantes que celles de M. Capitant »27, et un historien de l’Allemagne aussi informé que Louis Dupeux qui avait pu, lui, consulter les articles de l’Allemagne contemporaine, a cru bon de consacrer un article à ces écrits à propos desquels il note : « Le grand mérite de René Capitant, c’est d’avoir aperçu très tôt toute l’importance concrète de la contre-révolution culturelle nazie »28. C’est d’ailleurs la formule qu’a retenue cette semaine le journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace pour signaler l’importance de la réédition de Face au nazisme.

La transformation d’articles en un livre : Face au nazisme

  • 29  C’est ici l’occasion de rendre publiquement hommage à Catherine Colliot-Thélène, figure très connu (...)

19Dans l’avant-propos à la première édition du livre, Face au nazisme, datant de 2004, nous avions rendu hommage à mes amis strasbourgeois, Patrick Wachsmann et Olivier Jouanjan, qui avaient rendu possible cette publication aux Presses Universitaires de Strasbourg. Celle-ci le fut bien évidemment grâce aussi à l’accueil favorable fait par Lucien Braun, qui les dirigeait. En mentionnant la première édition, de 2004, de Face au nazisme, nous ne pouvons pas oublier l’appui décisif accordé par le Centre Marc Bloch et de sa directrice de l’époque, Catherine Colliot-Thélène29 qui avait soutenu ce travail d’édition. Elle avait notamment rendu possible le travail effectué par une doctorante du Centre de l’époque Ségolène Plyer, qui avait fait un travail remarquable d’édition du texte et qui a recommencé pour la récente réédition du livre en 2022.

  • 30  « Le 50e anniversaire de la mort de René Capitant. Hommage à une grande figure de la République et (...)

20Dans l’Avant-propos de la première édition du livre, nous avons relevé qu’aucune des grandes maisons d’édition parisiennes contactées n’avait voulu donner suite à notre proposition de publication des écrits de Capitant sur le nazisme. On pourrait y voir le préjugé courant, fort répandu en France et ailleurs, selon lequel les juristes ne seraient pas des « intellectuels » dignes de ce nom comme le seraient la plupart des universitaires. Or, concernant René Capitant, un tel jugement est fort injuste. Il faisait bien partie de ces intellectuels engagés qui font parfois l’honneur de notre pays. C’est ce que nous avons voulu d’ailleurs exprimer dans le texte ouvrant l’hommage rendu à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort sur le blog de Jus Politicum en mettant l’accent sur le citoyen30.

  • 31  Lettre à l’auteur du 26 décembre 2004.

21Pour préparer notre conférence, nous nous sommes replongé dans nos archives personnelles, ce qui nous a permis de redécouvrir des lettres dont nous avions complètement oublié l’existence. Il ne s’agira pas ici de toutes les citer, mais il nous a semblé utile de le faire pour celle de Freddy Raphaël, qui est un sociologue strasbourgeois bien connu. Il était venu en 2004 faire une conférence au centre Marc Bloch de Berlin. À cette occasion, nous lui avions donné un exemplaire du livre Face au nazisme. Il m’écrivait à ce propos : « Quelle acuité de l’observation, et quelle intelligence de l’analyse de la part d’un témoin présent à l’histoire en train de se faire. Il a perçu la cohérence implacable de cette idéologie unissant la régression intellectuelle la plus archaïque aux avancées technologiques de la modernité »31.

  • 32  Avant-Propos, pour la réédition de Face au nazisme de René Capitant, p. 5-8.

22Il n’était pas complètement absurde de penser à une réédition d’un tel ouvrage devenu introuvable car épuisé. Nous l’avions proposée justement pour célébrer le 50e anniversaire en de la mort de René Capitant (2020), mais l’épidémie de Covid a eu raison initialement de ce projet. Heureusement, le projet a pu voir le jour grâce à l’aide précieuse et l’énergie déployée par Édouard Mehl. Pour cette réédition, nous avons rédigé une nouvelle préface, dans laquelle nous avons cité quelques recensions élogieux de la première édition parues dans diverses revues32. Toutefois, nous avons surtout voulu attirer l’attention des lecteurs sur l’éloge extrêmement appuyé de ce livre qu’avait fait notre collègue Jean Combacau, éminent spécialiste du droit international public, mais aussi féru de théorie du droit. On se permet de relater l’opinion fort laudative sur cet ouvrage de Capitant :

  • 33  Courriel de Jean Combacau adressé à l’auteur, et reproduit avec son aimable autorisation.

Je suis ébloui de la curiosité, qui nous paraît si rare, qui a pu conduire un vrai juriste comme lui à s’attaquer au traitement juridique du nazisme, de son idéologie et des institutions qu’elle commande (même si « juridique », pour lui, cela signifiait aussi « du point de vue de la science politique » mais, […] c’était plutôt « une autre manière de faire du droit constitutionnel » que celle qui domine aujourd’hui), et qui l’a fait se colleter assidûment avec Mein Kampf, le Völkischer Beobachter, les discours des grands chefs nazis et la littérature de la NSDAP et, ce qui est très remarquable et très judicieux, à prendre tous ces textes au sérieux, et à en induire patiemment une « doctrine » pour insister sur sa cohérence : elle est horrible, il ne le cache pas, quoiqu’il nous épargne le pathos, mais elle est cohérente, les moyens y sont adaptés aux fins, et elle est en application dès maintenant. Ébloui aussi de la lucidité dont il fait preuve, dans ces articles écrits moins de cinq ans après l’établissement du régime et, pour certains dès 1934-3533.

23On dira évidemment qu’on n’est pas obligé de croire sur parole ce qu’ont ici écrit à la fois un sociologue (Raphaël) et un juriste (Combacau). Il faut donc tenter de prouver aux lecteurs que de tels dires reflètent parfaitement la qualité des écrits de Capitant sur le nazisme dont il faut quand même dire quelques mots, en évoquant aussi leur genèse.

Signification et portée des écrits de René Capitant sur le nazisme

  • 34  Il y est chargé d’une réflexion sur les grands travaux (dont est issu l’article « Le financement d (...)

24Laissons à Charles Eisenmann le soin d’expliquer la décision prise par son collègue et ami d’étudier à fond, après 1936, le nazisme en action. Après son intermède raté du passage dans le cabinet du Léon Blum34, il

  • 35  Discours précité de Charles Eisenmann.

revint à son seul professorat à Strasbourg. Mais les circonstances le déterminent à se préoccuper de plus en plus de la politique et, en tout premier lieu, de la situation internationale : le danger hitlérien s’aggrave, c’est-à-dire fatalement le danger de la guerre. René Capitant a étudié à fond l’idéologie, l’État, le programme National-Socialiste. Il a été l’un des premiers à comprendre que Mein Kampf n’était pas – ou n’était plus – une aimable divagation, que son auteur lui-même ne prendrait plus au sérieux une fois devenu Chancelier, mais annonçait qu’il ferait son programme, notamment sur le plan de la politique internationale, un programme grandiose de domination au minimum de l’Europe. Et il fera ce qu’il pourra pour éclairer l’Alsace […]. Et il nouera des relations avec le Général de Lattre de Tassigny, qui pensait, lui aussi, à une guerre plus ou moins proche35.

  • 36  On peut supposer d’ailleurs que des analyses contemporaines ont prédit la guerre de la Russie cont (...)

25Pour un juriste, le plus original dans la démarche de Capitant, c’est qu’il refuse de dissocier l’analyse du droit positif, surtout de la législation d’ailleurs, de l’idéologie qui la sous-tend. Plus exactement, selon l’interprétation que nous proposons de ces textes de Capitant sur le nazisme, c’est parce qu’il a parfaitement compris le sens de cette idéologie nazie qu’il a pu mieux déchiffrer le sens de son droit et de sa politique. Je laisserai ici de côté un pan entier de ce livre qui est consacré à la politique extérieure de l’Allemagne. Elle est pourtant assez fascinante d’intelligence car Capitant prévoit avec une précision presque scientifique (au sens de la démarche axiomatique) la marche vers la guerre36.

  • 37  R. Capitant, Revue du droit public, 1936, p. 205-231, et p. 415-418.
  • 38  R. Capitant, Revue du droit public, 1937, p. 168-253.
  • 39  « Constitution et administration du IIIe Reich. À propos de deux ouvrages récents », Revue du droi (...)

26Pour démontrer l’originalité de cette position de Capitant, dans la doctrine publiciste française, nous l’avons comparée avec celle de son collègue, son aîné Roger Bonnard, doyen de la faculté de droit de Bordeaux. À l’époque, ce dernier est l’un des maîtres du droit public français. Principal disciple de Léon Duguit, il co-dirige, avec Gaston Jèze, la Revue du droit public, qui est la revue dans laquelle écrivent les spécialistes de droit constitutionnel et de droit administratif. Dans cette Revue, il multiplie des contributions relatives au fascisme et au national-socialisme. En 1936, il y publie une longue étude sur « Le droit et l’État dans la doctrine nationale-socialiste »37, et en 1937, une très longue étude sur « Syndicalisme, Corporatisme et État corporatif »38, et aussi un compte rendu de deux ouvrages de droit constitutionnel et administratif représentatifs de la nouvelle doctrine nationale-socialiste39. Par ailleurs, il publie, en 1936, un ouvrage entier consacré au droit et à l’État dans la doctrine national-socialiste, qui connaît un certain succès puisqu’il fait l’objet d’une seconde édition, augmentée, en 1939, et qui fera l’objet d’un compte rendu critique par un juriste allemand dans cette même revue.

  • 40  B. Noyer, Essai sur la contribution du Doyen Bonnard au droit public français. L’auteur soutient ( (...)
  • 41  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, p. 167.

27Pourtant, malgré la renommée de son aîné bordelais, la comparaison entre les écrits des deux professeurs tourne, sans conteste, à l’avantage du jeune professeur de Strasbourg. On pourrait imputer cette supériorité aux opinions politiques des auteurs qui, dans un cas (Capitant, le républicain) pousseraient à la critique, et dans l’autre (Bonnard, futur vichyste) à l’adhésion. Certes, l’adhésion ultérieure du Doyen de Bordeaux à la Révolution nationale, pourrait laisser deviner les affinités de son auteur avec le régime national-socialiste. Cette assertion a été contestée dans une thèse érudite qui, retraçant la complexité de sa pensée, refuse de le considérer comme un zélateur du nazisme en France40. Pourtant, ses textes sur le droit public hitlérien (1936-1939) laissent filtrer un certain attrait pour cette expérience. Dans la conclusion de son ouvrage de 1936, il estime que « le National-Socialisme ne s’oppose pas aussi intégralement qu’on le croit à l’état présent des choses et des idées. Il ne heurte pas tellement la conception actuelle de la démocratie et ses conséquences »41. À l’encontre de l’opinion commune, son analyse le porte à gommer la différence qui existerait entre les démocraties parlementaires et le régime national-socialiste.

  • 42  Idem, 1re éd., p. 167-168 (nous soulignons). Dans la seconde édition de 1939, Bonnard a considérab (...)

La méprise de l’opinion commune sur la véritable portée novatrice du National-socialisme provient d’une analyse insuffisante tant des régimes démocratiques dans leur état actuel que de la doctrine National-Socialiste elle-même. […] De sorte que, si l’on tient compte de ces faits, déformations des démocraties représentatives et caractère propre du National-Socialisme, ces deux systèmes politiques sont en réalité moins éloignés qu’ils ne le paraissent à prime abord42.

  • 43  Idem, 2e éd., 1939, p. 11 sq. Gény est même enrôlé dans les auteurs qui auraient inspiré les juris (...)
  • 44  R. Bonnard, « Constitution et administration du IIIe Reich. À propos de deux ouvrages récents », p (...)
  • 45  Voir Ph. Burrin, op. cit., p. 259.

28Plus surprenant, Bonnard veut montrer qu’il existe des sources françaises à la doctrine national-socialiste du droit et de l’État43, et croit percevoir une « concordance à peu près complète entre la conception du droit soutenue par Duguit et celle du national-socialisme »44. Cette concordance entre le sociologisme juridique de Duguit et la doctrine nazie du droit peut surprendre, mais s’explique par la commune tendance des deux doctrines à rejeter l’individualisme et à adopter une conception « holiste » de la société. C’est pour cette raison que Bonnard découvre dans la doctrine nazie du droit certains éléments qui, dégagés de tout contexte politique, figuraient dans la pensée de son maître, Duguit. Mais il a le tort, évidemment, d’éluder la différence radicale de pensée entre les deux courants, c’est-à-dire à la fois d’ignorer le combat permanent du Maître de Bordeaux en faveur de l’idée d’État de droit et des droits individuels et d’oublier le racisme nazi et la dimension de la violence qui est constitutive du nazisme et du fascisme45.

  • 46  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 149.
  • 47  Idem, p. 159.
  • 48  Idem, 2e éd., p. 1. Cet ouvrage – ajoute-t-il – « continue à ne pas tenir compte de certaines inte (...)
  • 49  D. Gros, « Peut-on parler d’un “droit antisémite” ? », in : D. Gros (dir.), Le Droit antisémite de (...)
  • 50  Il ajoutait : « ce livre montrera qu’un positiviste peut être un clerc qui ne trahit pas » in : L’ (...)

29Mais en même temps, dans ses écrits sur le nazisme, Bonnard souligne l’antilibéralisme et l’autoritarisme d’une telle doctrine. Il souligne à propos des rapports entre l’État et les individus que le « National-socialisme ne pouvait pas conserver les solutions du libéralisme et devait forcément y apporter de grosses modifications »46. Pour expliquer l’absence de problème des droits subjectifs des administrés, il indique que « l’État National-socialiste n’est ni individualiste, ni libéral. […] [Il] n’est pas libéral. Il ne reconnaît pas à l’individu une sphère de liberté qui doit être respectée et à laquelle il ne faut pas porter atteinte. L’État National-socialiste est totalitaire en ce sens qu’il peut s’emparer de l’individu dans son entier »47. Il n’est donc pas dupe de la nature réelle du régime politique allemand, mais il ne va pas jusqu’à le condamner. Cette attitude qui aboutit au refus d’évaluer axiologiquement la doctrine nazie pourrait être attribuée à son positivisme juridique. N’écrivait-il pas dans son Avertissement à la seconde édition de son ouvrage, qu’il a voulu faire « un exposé aussi objectif que possible de la doctrine nationale-socialiste »48 ? On reproche souvent à la doctrine positiviste du droit d’avoir adopté « une attitude d’acceptation confinant à la lâcheté » en présentant la doctrine nazie ou le droit nazi sans le critiquer. En particulier, on critique la doctrine française d’avoir, sous Vichy, « décrit le “droit antisémite” sine ira et studio, sans colère et avec application, selon le conseil de Max Weber, l’élaboration et l’application des normes, les procédures et les décisions juridictionnelles, les rouages administratifs, les constructions doctrinales »49. Mais cette accusation est contestée. Elle l’a été dès l’époque si l’on relit Marcel Waline, selon qui « il n’y a pas une conception courageuse ou une conception lâche de droit : ce sont les juristes qui peuvent être lâches ou courageux »50.

  • 51  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 3.
  • 52  Qu’il suffise ici de lire l’article de R. Capitant sur « les lois de Nuremberg », in : Face au naz (...)
  • 53  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 4-5.
  • 54  Idem, p. 7.
  • 55  Idem, 2e éd., p. 2.
  • 56  Il sera élu, grâce à son activité politique, membre de la faculté de droit de la prestigieuse Univ (...)
  • 57  O. Jouanjan, « Reinhard Höhn, juriste, SS, Manager », in : M. O. Baruch (dir.), Faire des choix ? (...)
  • 58  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 6.
  • 59  La formule est de J. Rückert, « Die Historisierung der Rechtsgeschichte und ihre NS-Charakteristik (...)

30Mais si Roger Bonnard a failli dans son analyse de la doctrine nazie, c’est moins en raison de ses préjugés politiques, ou de sa conception philosophique du droit, que de ses présupposés. L’un d’entre eux tient à sa surévaluation de la doctrine juridique allemande nationale-socialiste, qu’il interprète comme une théorie complètement nouvelle de l’État et du droit « qui vient s’ajouter à la théorie allemande de l’époque de Laband et de Jellinek » et à la « théorie française »51. Dès lors, il entreprend d’étudier exclusivement les disputes juridiques sur la personnalité de l’État, sa souveraineté ou sur l’État de droit. Il oublie alors l’essentiel : l’étude du contenu du droit positif, c’est-à-dire de la législation ou de la jurisprudence qui lui aurait dessillé les yeux sur ce système juridique et les horreurs qu’il contenait52. En le lisant, on a l’impression d’un extraordinaire irréalisme qui résulte de ce qu’on appelait la « fétichisation » du droit pour exprimer cet aveuglement de la doctrine sur les réalités politiques et sociales. Une telle erreur de perspective tient à son ignorance ou, si l’on veut, à sa mauvaise information sur la réalité du régime qui l’a conduit à faire preuve d’une certaine forme de naïveté. Comment, sinon, pourrait-on expliquer, des formulations aussi irréalistes que celle-ci : « la nouvelle doctrine allemande du droit et de l’État – écrit-il – […] se fait peu à peu, au jour le jour, par la collaboration ardente et passionnée de tous les juristes allemands, dans un effort intellectuel de construction vraiment admirable. Et alors chacun publie ses découvertes à mesure qu’elles se produisent »53 ? À l’en croire, la doctrine allemande de droit public connaîtrait une sorte d’âge d’or. C’est la même ignorance qui le conduit à accorder un grand crédit à l’opinion du juriste allemand, Reinhard Höhn, dont les travaux auraient – croit-il – conféré une plus grande cohérence à cette doctrine54. Il tient compte, pour la seconde édition de son livre, de certaines critiques formulées par ce dernier à l’encontre de la première édition de son livre55. Or, à l’époque, Höhn est surtout connu, en Allemagne, pour avoir bénéficié d’une carrière brillante sous le nazisme du fait de son appartenance au corps de la S.S.56 On renvoie ici au travail décisif d’Olivier Jouanjan qui a écrit récemment les choses les plus pénétrantes sur ce nazi, jamais repenti, qui a fait ensuite une belle carrière dans le management57. On pouvait difficilement trouver pire référence dans la doctrine juridique allemande. Enfin, et surtout, le signe le plus évident de cette naïveté réside dans la complète occultation du rapport étroit qui unit le droit nazi, la doctrine juridique et l’idéologie politique. Bonnard n’hésite pas à affirmer que « dans la limite des croyances Nationales-Socialistes [sic], les points de vue s’expriment assez librement »58. Qui ne voit que la première partie de la phrase prive de sens la seconde partie de la phrase ! En effet, cette autonomie de la doctrine n’existait pas dans le régime hitlérien. Bien au contraire, le trait caractéristique de la doctrine nazie du droit était précisément son extrême idéologisation, c’est-à-dire « le mélange entre science et valeurs, ou en termes juridiques, entre droit et politique »59.

31On aura compris que le lecteur français ne pouvait être correctement informé sur le droit nazi en lisant les écrits de Roger Bonnard. Contrairement à lui, René Capitant a évité le piège consistant à s’enfermer dans une dogmatique juridique « réifiée », coupée de la réalité politique. Il prend le droit positif comme l’un des moyens – pas le seul évidemment – de saisir les événements politiques, et surtout il évite de se noyer dans le commentaire spéculatif de querelles doctrinales. Il est en effet convaincu que le juriste de droit public doit s’appuyer sur l’étude des réalités politiques afin de mieux interpréter le droit positif. Dans l’hommage qu’il rend à Carré de Malberg, à la même époque, il plaide en faveur d’une alliance entre le droit et la science politique qui lui paraît fructueuse. Même si sa description de la mutation des facultés de droit en « facultés de sciences sociales » correspond davantage à ses vœux personnels qu’à la réalité, elle révèle cependant sa conception du droit constitutionnel, ouverte aux sciences auxiliaires :

  • 60  R. Capitant, « L’œuvre juridique de Raymond Carré de Malberg », p. 84.

Les sciences économiques, politiques et sociales doivent trouver auprès d’elles un accès plus large encore, non certes pour y évincer les disciplines juridiques, mais pour s’unir, au contraire, étroitement à elles, afin tout à la fois d’élargir et d’humaniser l’enseignement du droit, et de puiser en lui la connaissance des lois et institutions qui sont le moule et l’armature des sociétés. À ceux qui craindraient une telle alliance, que le nom de Carré de Malberg apporte l’exemple d’un juriste formé et toute sa vie fidèle à l’esprit juridique le plus pur et qui pourtant n’hésita pas, lorsqu’il fut placé au seuil d’un domaine jusque-là réservé à la science politique, à y pénétrer, et à le soumettre aux mesures et aux analyses de l’interprétation juridique60.

  • 61  G. Conac, « L’apport de René Capitant », p. 55.

32Or, c’est exactement cette méthode que Capitant mettra en œuvre dans l’analyse du nazisme puisqu’il refuse de séparer l’analyse littérale du droit positif des réalités politiques et de l’idéologie politique. Ici, le droit et la science politique se donnent la main pour décrire et expliquer le régime. Les articles de René Capitant sur le national-socialisme sont une illustration exemplaire de sa conception du droit constitutionnel qui – résume ici Gérard Conac – « n’est pas seulement une donnée à prendre en compte parmi d’autres (par exemple : le rapport de force politiques et sociales, le comportement des acteurs), c’est la réalité politique elle-même. Ce sont ses règles qui en s’associant, se renforçant, se neutralisant, établissent une hiérarchie des pouvoirs. Mais ce ne sont pas des règles mortes. La pratique est inséparable des textes »61. C’était d’ailleurs ce qu’il écrivait dans son projet pour la bourse Rockefeller ; il voulait aller étudier la constitution de Weimar, dans sa pratique constitutionnelle, c’est-à-dire dans la façon dont elle avait été interprétée par les acteurs.

  • 62  Ségolène Plyer a attiré notre attention sur ce point : Capitant lit à Berlin le Berliner Tageblatt(...)

33Intellectuellement adéquate à son objet, l’analyse de René Capitant ne souffre d’aucune ambiguïté politique : elle tend à démontrer la nature profondément anti-démocratique de l’hitlérisme. De ce point de vue, il ne respecte pas entièrement la « neutralité axiologique » propre aux professeurs. Ces articles sur le nazisme sont en partie des « interventions » d’un juriste engagé. Il décrit le régime national-socialiste, sans jamais dissimuler l’aversion qu’il lui procure. Il veut comprendre et expliquer, mais aussi juger. Comprendre et expliquer le régime national-socialiste, voilà ce qu’il ambitionne de faire pour ses lecteurs français. Il privilégie donc les sources qui émanent du régime lui-même : non seulement les sources juridiques, et en particulier la législation, mais aussi les documents qui émanent soit des dirigeants nazis – les textes de Hitler (Mein Kampf et ses discours de Chancelier), ou de ses lieutenants – soit des partis politiques, soit des journaux62. Il se fonde aussi probablement sur des témoignages qu’il a rassemblés lors de son séjour allemand. En fait, il entend surtout restituer le langage même des dirigeants nazis qui se suffit à lui-même, et ne se réfère qu’assez peu aux propos critiques des exilés politiques allemands.

  • 63  R. Capitant, L’Alsace française, 23.XII.1934, p. 915, ici in : Face au nazisme, 2022, p. 141-151
  • 64  Après avoir décrit l’État comme un moyen de politique extérieure, il note : « Quelque horreur que (...)
  • 65  R. Capitant, « L’État national-socialiste III », B.M.J., mars 1935, p. 69, ici in : Face au nazism (...)
  • 66  R. Capitant, « L’État national-socialiste II », B.M.J., février 1935, p. 40, ici in : Face au nazi (...)
  • 67  R. Capitant, « L’organisation économique et sociale, III », A.C., 20.V.1936, p. 86 (nous soulignon (...)
  • 68  G. Conac, « L’apport de René Capitant », p. 55-56.

34Toutefois, la compréhension et l’explication n’interdisent pas, aux yeux d’un Capitant, le jugement politique ou moral. Il ne peut s’empêcher d’émettre des réserves critiques sur ce qu’il étudie, même s’il est conscient qu’un tel jugement de valeur peut déformer le jugement de fait : « Le grand danger pour nous – écrit-il en 1934 – serait de la sous-estimer [la force du régime] et de nous laisser abuser par notre hostilité morale sur la force réelle que représente le régime. L’observation objective oblige, en effet, de reconnaître que l’État national-socialiste recèle des possibilités d’action et de réalisation matérielles infiniment plus grandes que celles de l’État libéral »63. Il s’efforce donc à l’objectivité, mais son tempérament naturel le pousse à exprimer sa subjectivité et le dégoût que lui inspire ce nouveau régime qu’il s’est cru obligé d’étudier par devoir professionnel et patriotique. En réalité, ses articles sont marqués par une sorte de colère ou d’indignation retenue, qu’il ne peut cacher à son lecteur64. Quelquefois, il exprime nettement la détestation du régime qu’il étudie. Il écrit par exemple que l’organisation de cet État conduit au plus « terrible absolutisme »65 et que le régime policier instauré par un tel État est odieux, car il ajoute à la police politique « un système de délation généralisée qui décuple son efficacité et qui marque un des aspects les plus sinistres aspects du régime. […] Partout, dans tous les milieux, dans toutes les familles, la police a ainsi des oreilles qui écoutent. Quelle puissance pour elle, mais quel avilissement pour le pays »66. Mais il a été même encore plus virulent dans un article où, après avoir décrit l’idée dominante du régime – « la mobilisation permanente et totale du peuple allemand » –, il commente : si une telle idée « explique la cohérence du régime, sa force, la puissance de ses réalisations, [elle] dénonce aussi son inhumanité foncière. Elle appelle, elle exige la résistance irréductible de tous ceux qui restent fidèles à l’humanisme »67. Ici encore, la prise en compte des valeurs et de l’idéologie fait partie du métier de juriste constitutionnaliste, et elle éclaire son interprétation du droit. Ici aussi, son analyse du nazisme illustre sa démarche générale : puisqu’il était « convaincu qu’à la base de toute organisation politique, il y a des valeurs, une certaine conception de l’homme, il n’excluait pas les idéologies de son champ d’investigation […]. Et c’est parce qu’il allait jusqu’à la racine philosophique des régimes politiques qu’il pouvait se garder des confusions verbales (par exemple entre totalitarisme et démocratie) et donner à des institutions comme le suffrage universel des significations différentes selon qu’elles intervenaient dans un contexte libéral ou autoritaire, dans un système de parti unique ou de pluralisme partisan. Ce gardien des concepts n’admettait pas les amalgames trompeurs »68.

  • 69  R. Capitant, L’Alsace française, 23.XII.1934, p. 914-917. C’est le seul article écrit par Capitant (...)

35C’est cette ouverture qui explique, en dernière analyse, la supériorité de l’analyse du nazisme par René Capitant sur celle de Roger Bonnard. Le droit, qui n’est plus coupé des faits sociaux ou de l’idéologie politique, est un bon révélateur de la nature d’un système politique. C’est cette très vieille leçon que Capitant applique avec bonheur à l’étude des premières années du régime national-socialiste. Mais cette analyse ne suffit plus quand il acquiert, assez rapidement, la conviction que ce régime est foncièrement anti-démocratique. De ce point de vue, l’article sur « Force et faiblesse de l’hitlérisme » (1934) constitue l’un des tournants majeurs dans son analyse69. Il commence à diriger son regard vers la politique extérieure de l’Allemagne car il voit un avenir sombre se profiler en examinant les implications, pour la France et l’Europe, de la consolidation du nouveau régime nazi.

  • 70  E. Kremianskaïa et al., Le Droit constitutionnel russe, Paris, Taillandier, 2021.
  • 71  Idem, p. 11.

36Plus haut, nous avons tenté d’illustrer la tendance nocive d’un certain positivisme qui s’avère aveugle à des réalités sociales et politiques en nous fondant sur l’œuvre de Roger Bonnard. Mais on peut tenter d’actualiser cette idée en examinant la façon dont des professeurs de droit russe font, de nos jours, du droit constitutionnel. En effet, bien que ce fait soit un peu passé inaperçu, un manuel de droit constitutionnel russe a été traduit en français et publié en 2022 sous le sobre titre Le droit constitutionnel russe70. On apprend en lisant la couverture de ce livre qu’il a été préparé avec le soutien du Forum franco-russe des sociétés civiles Dialogue du Trianon et de l’Université de Moscou (MGIMO) à laquelle appartiennent les quatre auteurs qui sont présentés, dans le Préambule, comme des professeurs éminents de droit constitutionnel – de l’Institut d’État des relations internationales de Moscou, du ministère des affaires étrangères. Il est indiqué, toujours dans ce Préambule, que ce « manuel de droit constitutionnel russe est l’une des premières éditions en français à proposer une analyse des dispositions actuelles du droit constitutionnel de la Fédération de Russie »71. C’est une analyse totalement irréaliste de la constitution de 1993, telle qu’elle a été révisée en 2020 dans laquelle les auteurs réussissent le prodige de ne pas nommer une seule fois le nom de Vladimir Poutine, ou presque. On a l’impression que le droit constitutionnel russe n’existe qu’à travers ses dispositions textuelles, sans aucune analyse de la pratique.

37On sait bien que des professeurs russes ne sont pas libres d’écrire ce qu’ils veulent sur le droit constitutionnel russe car il n’y a pas de liberté académique en Russie, ni de liberté d’expression. Il ne s’agit pas de leur reprocher quoi que ce soit. Certes, on peut se demander ce qui a conduit l’honorable maison Taillandier, qui à ma connaissance, n’est pas une édition juridique à publier un tel texte qui n’a strictement aucun intérêt scientifique. Mais en prenant cet exemple-limite, on voulait seulement indiquer qu’on peut faire ainsi du droit constitutionnel, en se bornant à lire presque comme des aveugles, les dispositions des constitutions écrites ou des lois. La façon dont Capitant faisait du droit constitutionnel était aux antipodes de ce qu’on peut appeler une sorte d’hyper-textualisme (la formule est du juriste américain Bruce Ackerman). C’est la condition de possibilité pour écrire des choses intéressantes sur le nazisme.

  • 72  Voir le dossier rassemblé par J.-P. Morelou, « Le Gaullisme de guerre de René Capitant ».
  • 73  Dans ce livre précité sur la résistance intellectuelle, le témoignage de Capitant figure dans le c (...)

38En guise de conclusion, on se bornera à rappeler que Capitant fut pendant la seconde guerre mondiale un résistant de la première heure. Ses étudiants strasbourgeois réfugiés à Clermont-Ferrand étaient au courant de ses opinions hostiles à Vichy. Il continua le combat à Alger où il anima la Résistance72, comme il ressort aussi de son témoignage recueilli par Jacques Debu-Bridel73. Ses écrits sur le nazisme étaient bien ceux d’un Résistant avant l’heure.

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Rückert Joachim, « Die Historisierung der Rechtsgeschichte und ihre NS-Charakteristik als Wissenschaft mit Ideologie », Zeitschrift für Neuere Rechtsgeschichte, 15, n° 1/2, 1993.

Stolleis Michael, « Theodore Maunz – Ein Staatsrechtslehrerleben », in : Recht im Unrecht, Francfort, Suhrkamp, 1994.

Stolleis Michael, Geschichte des öffentlichen Rechts in Deutschland, Bd. III, 1914-1945, Munich, 1998.

Troper Michel, « Science du droit et dogmatique juridique », in : M. Troper, La Théorie du droit, le droit, l’État, PUF, 2001.

Truchot Hélène, Le Droit constitutionnel de René Capitant ; contribution au développement d’une légitimité démocratique, préface de P. Charlot, Paris, Dalloz, 2020.

Waline Marcel, L’Individualisme et le droit, Paris, Montchrestien, 1945.

Weil Patrick, Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, Paris, Grasset, 2002.

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Notes

1  R. Capitant, Écrits d’entre-deux-guerres (1928-1940), textes réunis et présentés par O. Beaud, Paris, Éditions Panthéon-Assas, 2004.

2  R. Capitant, Face au nazisme. Écrits 1933-1938, textes réunis et présentés par O. Beaud, Postface de Ph. Burrin, notes établies par S. Plyer, Presses de l’Université de Strasbourg, 2004. Une seconde édition a été faite aux nouvelles PUS en 2022, contenant un nouvel Avant-Propos de notre part. Nous profitons de cette occasion pour saluer la mémoire de Lucien Braun qui avait accueilli dans les Presses qu’il dirigeait la première édition de son livre, et aussi pour remercier vivement Édouard Mehl d’avoir organisé la seconde édition du livre qui était épuisé.

3  J.-N. Jeanneney, Le Rocher de Süsten. Mémoires (1942-1982), p. 67.

4  La nièce de René Capitant, la professeure de littérature Béatrice Didier dément entièrement cette accusation, comme elle l’a écrit dans une lettre au Monde du 25 août 1982. Des historiens ont peut-être des sources fiables permettant de distinguer ici le vrai du faux.

5  Voir O. Beaud, « Découvrir un grand juriste : le premier René Capitant (1928-1940) », p. 163-193. Cet article annonçait l’édition de l’intégralité de ses écrits que nous avons cités plus haut.

6  Un de ses fils a écrit sa biographie, qui mérite d’être lue, B. Prélot, Marcel Prélot 1898-1972 : La vie et l’œuvre d’un grand parlementaire comtois, 2005.

7  Pour une courte et dense biographie, voir « l’Avant-Propos » de N. Chifflot à Ch. Eisenmann, Écrits de droit administratif, p. V sq., particulièrement p. CVI-CVIII.

8  C. Eisenmann, « Chronique de politique intérieure, 20 juin 1934. L’organisation constitutionnelle du IIIe Reich : de Weimar à Potsdam », Jus Politicum, n° 19 [https://juspoliticum.com/article/Chronique-de-politique-interieure-20-juin-1934-L-organisation-constitutionnelle-du-IIIe-Reich-de-Weimar-a-Potsdam-1212.html].

9  À la différence de Capitant et de Prélot, Eisenmann eut de brillants élèves devenus professeurs. Il eut des Mélanges très connus chez les juristes de droit public : Recueil d’études en hommage à Charles Eisenmann.

10  N. Chifflot, Le Droit administratif de Charles Eisenmann.

11  H. Truchot, Le Droit constitutionnel de René Capitant ; contribution au développement d’une légitimité démocratique.

12  Son petit-fils, Pierre-Henri Prélot, lui-même devenu professeur agrégé de droit public, et hélas, prématurément disparu (en 2021), a écrit un article intéressant sur une partie de la correspondance de son grand-père : « Les orientations nouvelles du droit constitutionnel à la Faculté de droit de Strasbourg dans les années 1930. Courtes réflexions à partir de deux lettres inédites de Raymond Carré de Malberg et de René Capitant à Marcel Prélot », in : Spicilegium Juris Politici. Mélanges offerts à Philippe Lauvaux.

13  C’est ce que précise J. Debu Bridel, La Résistance intellectuelle. Textes et témoignages réunis par l’auteur.

14  La Fondation Rockefeller alloue également une bourse d’étude à l’économiste Henry Laufenburger, membre du Centre d’études germaniques de l’Université de Strasbourg. La procédure a nécessité l’accord de la faculté de droit, du ministère de l’instruction publique et de l’autorité de tutelle de l’Université de Strasbourg qui est la Direction des services d’Alsace-Lorraine, rattachée auprès de la Présidence du Conseil. Par une lettre du 27 mai 1933, le ministère de l’Instruction publique informe « à toutes fins utiles » la présidence du Conseil « que la Fondation Rockfeller se propose de faire bénéficier d’une bourse d’études à l’étranger pour l’année scolaire 1933-1944, M. René Capitant, professeur à la faculté de droit de l’Université de Strasbourg. […] Comme boursier de la Fondation, M. Capitant passerait un an en Allemagne pour y étudier l’évolution constitutionnelle depuis 1919. Je souhaite qu’il vous soit possible de prendre toutes les mesures permettant à M. Capitant de profiter de la libéralité de la Fondation Rockfeller » (Arch Nat., F17, non encore coté).

15  Son séjour n’a pas laissé de traces dans les archives de l’Université Humboldt, ni d’ailleurs dans les archives du service des Affaires étrangères, où l’on trouve pourtant quelques correspondances avec des professeurs étrangers invités par le DAAD.

16  Source : Archives de la Fondation Rockefeller, RF, RG 1.2. Series 500S, Box 19, Folder 177. Nous remercions vivement le Dr Erwin Levold des Archives de la Fondation Rockefeller de la communication de ces documents administratifs. La Fondation Rockefeller a détruit les autres archives concernant ce séjour de Capitant (sa demande de bourse, et probablement son compte-rendu de séjour). Il reçoit en tant que boursier de la Fondation Rockefeller une dotation de 250 dollars par mois, qui a été ensuite augmentée de 50 dollars en raison de ses charges familiales (trois enfants à l’époque).

17  Ch. Funck-Brentano, op. cit., p. 5.

18  Archives de la Fondation Rockefeller.

19  Marcel Waline a d’ailleurs judicieusement noté que l’inquiétude de Capitant « naît du contraste qu’il observe entre la faiblesse congénitale du régime des démocraties libérales, et particulièrement de la République française, avec le redoutable venin de l’hitlérisme. Dès lors, il s’attache à la fois à l’analyse du national-socialisme qu’il importe de faire connaître aux Français pour les mettre sur leurs gardes, et simultanément, il démonte les mécanismes du régime de la IIIe République et cherche déjà comment remédier à ses faiblesses » (M. Waline, Préface à R. Capitant, Écrits constitutionnels, p. 7).

20  R. Decout-Paolini, René Capitant, homme de gauche et gaulliste. Un juriste engagé sous la Ve République, p. 19.

21  Voir O. Beaud, « René Capitant, juriste républicain. Étude de sa relation paradoxale avec Carl Schmitt à l’époque du nazisme », in : La République. Mélanges en l’honneur de Pierre Avril, p. 41-66.

22  « La réputation de ses cours – a-t-on dit – y a amené le colonel de Lattre de Tassigny, qui était alors chef d’État-major du gouvernement militaire de Strasbourg » (Ch. Funck-Brentano, René Capitant, p. 6).

23  Gérard Conac n’y fait pas allusion dans son étude : « L’apport de René Capitant au droit constitutionnel et à la science politique », in : Apports de René Capitant à la science juridique, p. 55-86. De même, deux substantiels mémoires de droit public (J.-C. Gruffat, « Les écrits de doctrine de René Capitant », p. 9-112, et E. Decaux, La Pensée constitutionnelle de René Capitant), n’étudient pas davantage ses articles, même s’ils mentionnent l’engagement de Capitant contre l’hitlérisme.

24  Cette revue, qui paraît sous forme de feuilles modestement agrafées, se trouve dans deux bibliothèques : à la Bibliothèque Nationale, et à la BU de Clermont-Ferrand.

25  Nous le signalons à toutes fins utiles, car cela peut intéresser des chercheurs de divers horizons, pas seulement des juristes.

26  Note 1 de la Rédaction à l’article de Capitant : « La politique allemande et le discours du Chancelier Hitler le 30 janvier 1937 », p. 193. Jean-Pierre Morelou note : « ses articles sur l’Allemagne d’avant-guerre (sont) plus remarquables, peut-être, que ses études françaises de l’époque sur le parlementarisme » (« Le gaullisme de guerre de René Capitant », p. 22).

27  J. Foyer, « Présentation de René Capitant », p. 5.

28  L. Dupeux, « René Capitant et l’analyse idéologique du nazisme (1934-1939) », p. 636.

29  C’est ici l’occasion de rendre publiquement hommage à Catherine Colliot-Thélène, figure très connue des philosophes et des sociologues qui nous a hélas quittés le 6 mai 2022. Ses élèves sont en train d’organiser en son honneur un volume d’hommage.

30  « Le 50e anniversaire de la mort de René Capitant. Hommage à une grande figure de la République et de l’Université », Blog de Jus Politicum (23 mai 2020), https://blog.juspoliticum.com/2020/05/23/le-50eme-anniversaire-de-la-mort-de-rene-capitant-hommage-a-une-grande-figure-de-la-republique-et-de-luniversite-par-olivier-beaud/

31  Lettre à l’auteur du 26 décembre 2004.

32  Avant-Propos, pour la réédition de Face au nazisme de René Capitant, p. 5-8.

33  Courriel de Jean Combacau adressé à l’auteur, et reproduit avec son aimable autorisation.

34  Il y est chargé d’une réflexion sur les grands travaux (dont est issu l’article « Le financement des grands travaux » publié en Annexe). Il se heurte avec Jules Moch, directeur du cabinet, et il s’oppose à Léon Blum, dont il critique notamment la politique de non-intervention en Espagne adoptée en août 1936.

35  Discours précité de Charles Eisenmann.

36  On peut supposer d’ailleurs que des analyses contemporaines ont prédit la guerre de la Russie contre l’Ukraine en examinant les textes de Poutine et des poutiniens depuis 2000.

37  R. Capitant, Revue du droit public, 1936, p. 205-231, et p. 415-418.

38  R. Capitant, Revue du droit public, 1937, p. 168-253.

39  « Constitution et administration du IIIe Reich. À propos de deux ouvrages récents », Revue du droit public, 1937, p. 602-617. Les ouvrages sont ceux de E. R. Huber (Verfassung, 1937) et de Th. Maunz (Verwaltung, 1937). Maunz a défrayé la chronique en 1993 lorsqu’on a appris, après sa mort, que ce respectable professeur de droit (auteur du fameux commentaire Maunz/Dürig) avait continué à écrire des articles anonymes dans un journal d’extrême-droite (voir notamment M. Stolleis, « Theodore Maunz – Ein Staatsrechtslehrerleben », in : Recht im Unrecht, p. 306 sq.).

40  B. Noyer, Essai sur la contribution du Doyen Bonnard au droit public français. L’auteur soutient (p. 147-220) que Bonnard a un point de vue plutôt critique par rapport au régime nazi.

41  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, p. 167.

42  Idem, 1re éd., p. 167-168 (nous soulignons). Dans la seconde édition de 1939, Bonnard a considérablement atténué la formulation de son idée, p. 285-286

43  Idem, 2e éd., 1939, p. 11 sq. Gény est même enrôlé dans les auteurs qui auraient inspiré les juristes nazis.

44  R. Bonnard, « Constitution et administration du IIIe Reich. À propos de deux ouvrages récents », p. 608, note 1.

45  Voir Ph. Burrin, op. cit., p. 259.

46  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 149.

47  Idem, p. 159.

48  Idem, 2e éd., p. 1. Cet ouvrage – ajoute-t-il – « continue à ne pas tenir compte de certaines interprétations présentées par les adversaires du doctrine nationale-socialiste [sic] comme étant la pensée soi-disant secrète du national-socialisme. L’ouvrage suppose que les doctrinaires du doctrine nationale-socialiste disent tout ce qu’ils pensent et qu’ils pensent tout ce qu’ils disent : ce qui paraît d’ailleurs comme exact pour qui sait les lire et les comprendre ».

49  D. Gros, « Peut-on parler d’un “droit antisémite” ? », in : D. Gros (dir.), Le Droit antisémite de Vichy, p. 14.

50  Il ajoutait : « ce livre montrera qu’un positiviste peut être un clerc qui ne trahit pas » in : L’Individualisme et le droit, 2e éd. Paris, Montchrestien, Avant-propos. Sur ce point, voir la controverse entre Danièle Lochak et Michel Troper qui lui a répondu sur l’accusation d’une sorte de collusion de la doctrine positiviste avec la doctrine nazie : D. Lochak, « La doctrine sous Vichy ou les mésaventures du positivisme », p. 255 sq., et une réponse de Troper, « Science du droit et dogmatique juridique », in : M. Troper, La Théorie du droit, le droit, l’État, p. 4 sq.

51  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 3.

52  Qu’il suffise ici de lire l’article de R. Capitant sur « les lois de Nuremberg », in : Face au nazisme, 2022, p. 197-210..

53  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 4-5.

54  Idem, p. 7.

55  Idem, 2e éd., p. 2.

56  Il sera élu, grâce à son activité politique, membre de la faculté de droit de la prestigieuse Université de Berlin. Sur ce point, voir M. Stolleis, Geschichte des öffentlichen Rechts, in : Deutschland, Bd. III, p. 259. Voir aussi pour d’autres précisions sur Höhn, les remarques faites par P. Weildans Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution, notes 64 sq., p. 302-303.

57  O. Jouanjan, « Reinhard Höhn, juriste, SS, Manager », in : M. O. Baruch (dir.), Faire des choix ? Les fonctionnaires dans l’Europe des dictatures (1933-1948), p. 92 sq.

58  R. Bonnard, Le Droit et l’État dans la doctrine National-Socialiste, 1re éd., p. 6.

59  La formule est de J. Rückert, « Die Historisierung der Rechtsgeschichte und ihre NS-Charakteristik als Wissenschaft mit Ideologie », p. 88.

60  R. Capitant, « L’œuvre juridique de Raymond Carré de Malberg », p. 84.

61  G. Conac, « L’apport de René Capitant », p. 55.

62  Ségolène Plyer a attiré notre attention sur ce point : Capitant lit à Berlin le Berliner Tageblatt et la Frankfurter Zeitung, un journal qui n’est pas considéré comme asservi aux nazis, et qu’il utilise pour citer les discours de Hitler.

63  R. Capitant, L’Alsace française, 23.XII.1934, p. 915, ici in : Face au nazisme, 2022, p. 141-151

64  Après avoir décrit l’État comme un moyen de politique extérieure, il note : « Quelque horreur que nous puissions avoir pour un tel État, et quels que soient les dangers internes qui le menacent […], sachons que notre plus grand péril serait de sous-estimer sa force qui est grande, et tout entière orientée vers la guerre » (R. Capitant, « L’idéologie… », Écrits constitutionnels, p. 461 – nous soulignons –, ici in : Face au nazisme, 2022, p. 153-185).

65  R. Capitant, « L’État national-socialiste III », B.M.J., mars 1935, p. 69, ici in : Face au nazisme, 2022, p. 115-137.

66  R. Capitant, « L’État national-socialiste II », B.M.J., février 1935, p. 40, ici in : Face au nazisme, 2022, p. 93-115.

67  R. Capitant, « L’organisation économique et sociale, III », A.C., 20.V.1936, p. 86 (nous soulignons), ici in : Face au nazisme, 2022, p. 245-262.

68  G. Conac, « L’apport de René Capitant », p. 55-56.

69  R. Capitant, L’Alsace française, 23.XII.1934, p. 914-917. C’est le seul article écrit par Capitant, entre 1932 et 1939, dans cette revue hebdomadaire.

70  E. Kremianskaïa et al., Le Droit constitutionnel russe, Paris, Taillandier, 2021.

71  Idem, p. 11.

72  Voir le dossier rassemblé par J.-P. Morelou, « Le Gaullisme de guerre de René Capitant ».

73  Dans ce livre précité sur la résistance intellectuelle, le témoignage de Capitant figure dans le chapitre sur « La résistance judiciaire » alors qu’il y a, ailleurs, un autre chapitre sur la « résistance scientifique ». Pourtant Capitant n’était pas un juge et ce classement est un peu curieux.

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Pour citer cet article

Référence papier

Olivier Beaud, « René Capitant et ses écrits sur le nazisme (1934-1939) »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 56 | -1, 169-196.

Référence électronique

Olivier Beaud, « René Capitant et ses écrits sur le nazisme (1934-1939) »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg [En ligne], 56 | 2024, mis en ligne le 12 décembre 2024, consulté le 14 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cps/8415 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12tr3

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Auteur

Olivier Beaud

Professeur de droit constitutionnel,
directeur de l’Institut Michel Villey
Université Paris-II Panthéon-Assas

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-SA-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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