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Georges Canguilhem, acteur et témoin dans l’histoire

Georges Canguilhem, Participant in and Witness to History
Claude Debru
p. 61-76

Résumés

Figure majeure de la Résistance dans le milieu philosophique français, Georges Canguilhem commença à enseigner à l’université de Strasbourg à Clermont-Ferrand en avril 1941, venant de Toulouse, où il avait participé à des activités de résistance antifasciste. Dans cet article, nous présentons les enseignements de Canguilhem qui ont rapport à la guerre, à la liberté, aux valeurs, puis ses activités de résistance, qui ont, à Clermont-Ferrand, débuté dès son arrivée avant qu’il ne rejoigne le maquis en juin 1944 et ne participe aux combats du Mont Mouchet, sur lesquels il a apporté un témoignage. En conclusion est décrit le lourd tribut humain qui a été payé par l’université de Strasbourg au long de la guerre, et en particulier au cours de la Libération pour la fixation de troupes allemandes au Mont Mouchet et en d’autres lieux au Centre de la France.

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Texte intégral

  • 1  Centre d’archives en philosophie, histoire et édition des sciences, UMS 3610, École normale supéri (...)
  • 2  Voir G. Canguilhem, « La décadence de l’idée de progrès », p. 1079.

1Je remercie, en la personne d’Édouard Mehl, la Faculté de philosophie de l’Université de Strasbourg à la tradition glorieuse, pour l’invitation adressée au Centre d’archives en philosophie, histoire et édition des sciences. Le CAPHES1 a été fondé autour de la bibliothèque et des archives et manuscrits de Georges Canguilhem, qui fut professeur à Strasbourg de 1941 à 1948. À l’occasion du colloque sur l’Université résistante, en novembre 2022, j’ai été chargé de remettre à l’Université de Strasbourg un fac-similé du mémoire d’études supérieures d’un élève de Canguilhem, Lucien Braun. Ce mémoire, d’une qualité remarquable, consacré à la philosophie biologique de Kant, a été soutenu en juin 1948. L’original de ce mémoire est conservé au Caphes. Lucien Braun a été président de l’Université des sciences humaines de Strasbourg. Canguilhem lui rend hommage dans son texte sur la décadence de l’idée de progrès2.

2J’ai été particulièrement heureux de représenter le Caphes dans cette occasion solennelle, et cela avec d’autant plus de reconnaissance à l’égard de Strasbourg que j’ai séjourné pendant huit ans à la Faculté de médecine sous l’autorité d’une personnalité remarquable, le neurophysiologiste Pierre Karli, qui fut président de l’Université Louis-Pasteur (ULP). Je souhaite rendre un hommage particulier à sa mémoire ainsi qu’à celle d’autres Présidents de l’ULP, Guy Ourisson, Gilbert Laustriat, et leurs successeurs, qui ont vigoureusement soutenu le domaine de l’histoire et de la philosophie des sciences. Nombre d’enseignants-chercheurs médicaux de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre à Strasbourg étaient titulaires de doubles baccalauréats en sciences et en philosophie et entretenaient un grand respect pour cette dernière discipline. Un nombre très important des principaux acteurs de la biologie et de la médecine en France (et pour l’un d’entre eux, Jacques Loeb, aux États-Unis) a fait ses études à Strasbourg et/ou y a été affecté. Citons Charles Kayser, René Leriche, Étienne Wolff, Gaston Mayer, René Fontaine, Marc Klein, Max Aron, Robert Courrier, Gaston Viaud, Jacques Loeb, Bernard Metz. Je n’aurais garde non plus d’oublier le professeur Bernard Canguilhem, fils de Georges Canguilhem, spécialiste des rythmes biologiques à la Faculté de médecine, qui a été également, à plusieurs égards, un soutien considérable pour ces disciplines. Je dois également rappeler l’ouvrage d’Élisabeth Crawford et Josiane Olff-Nathan, La science sous influence. L’Université de Strasbourg enjeu des conflits franco-allemands 1872-1945. Dans la contribution qui suit, j’utiliserai les textes de Georges Canguilhem, textes publiés ou notes et documents conservés au Caphes.

3L’œuvre de Georges Canguilhem est désormais beaucoup mieux connue grâce au travail, absolument exceptionnel dans l’édition philosophique de langue française, d’édition des Œuvres complètes dont le principal architecte et contributeur est Camille Limoges, professeur à Montréal, étudiant de thèse de Canguilhem à la Sorbonne, venu du Québec, et devenu vice-ministre de la recherche du gouvernement du Québec. Cette édition permet de découvrir un visage humain de Canguilhem qui ne se réduit pas à la férocité parfois et à la lucidité de l’homme public. Que dire ici de plus que ce qui a été déjà fort bien dit par Camille Limoges et par d’autres disciples et commentateurs comme Yves Schwartz, Michel Fichant, Jean-François Braunstein, Xavier Roth, Dominique Lecourt, Michele Cammelli, et de nombreux autres, tant le rayonnement de cette œuvre, loin de faiblir, semble croître ? Je rapporterai seulement un conseil que m’adressa un jour Michel Serres, celui d’approcher Canguilhem. « Canguilhem, c’est un homme ». Tout est dit.

L’avant-guerre

  • 3  G. Canguilhem, « Résolution de la Section de Béziers du Comité de Vigilance des Intellectuels Anti (...)
  • 4  M. Cammelli, « Présentation » de G. Canguilhem, Le Fascisme et les paysans, p. 519.

4Georges Canguilhem, acteur et témoin dans l’histoire, dans l’histoire des convulsions françaises et européennes. Témoin de l’avant-guerre, époque indécise, trouble, lourde de tous les dangers, où guerre et paix étaient en balance, il en fut aussi un acteur par ses activités d’écriture et par son engagement dans des actions spécifiques, conférences, organisations. Cette période d’avant-guerre fut marquée par l’éloignement progressif, point si aisé cependant, du pacifisme de son maître Alain. On trouve un exemple de cette difficulté d’abandonner complètement le pacifisme dans le texte d’une résolution adoptée par la section de Béziers du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes en 19363, section dont il fut secrétaire, et comité auquel il avait adhéré peu après sa création en 19344. Pour résumer la substance de ce texte dense, d’une page, dont Canguilhem est l’auteur selon toute vraisemblance, il s’agit de choisir la paix en déterminant certaines conditions, et d’engager des actions plus énergiques si ces conditions ne sont pas satisfaites. La paix d’abord et avant tout, sinon la guerre. Un véritable idéalisme affleure dans ce texte.

  • 5  G. Canguilhem, « Résolution de la Section de Béziers du Comité de Vigilance des Intellectuels Anti (...)

5Nous pensons que « le fascisme porte en lui la guerre » pour toutes sortes de raisons (économiques, sociales et psychologiques). Mais nous estimons aussi que « la guerre ce serait une chance d’extension et de généralisation du fascisme » dans les quelques pays, et d’abord en France, qui lui sont restés jusqu’à présent hostiles. Nous pensons que la paix sera mortelle au fascisme hitlérien en dissipant l’équivoque sur laquelle il vit et en l’obligeant à faire ses preuves pour le peuple allemand sur le terrain économique, quand les victoires du prestige national lui seront devenues impossibles. C’est la désillusion sociale qui marquera, pour l’hitlérisme, le commencement de la fin5.

6Tabler sur la révolte sociale pour déstabiliser Hitler peut apparaître rétrospectivement comme une grande illusion. Mais il s’agissait d’éviter la guerre à tout prix. Longtemps, le pacifisme est resté une option pour Canguilhem, ainsi que pour une nation, la France, qui, dans son ensemble, voulait à tout prix éviter le retour des indicibles souffrances de la Première guerre mondiale. En 1936, Canguilhem rêvait toujours d’une conférence européenne d’établissement de la paix. Quand a-t-il changé d’avis ?

  • 6  M. Cammelli, « Présentation » de G. Canguilhem, Le Fascisme et les paysans, p. 519-520.
  • 7  G. Canguilhem, « Témoignage sur Silvio Trentin », p. 1033-1037.
  • 8  J.-F. Braunstein, « À la découverte d’un Canguilhem perdu », p. 112.
  • 9  M. Cammelli, « Présentation » de G. Canguilhem, Le Fascisme et les paysans, p. 520.
  • 10  Ibid.

7Nommé à Toulouse à la rentrée 1936, Canguilhem y fréquenta assidument la librairie du professeur de droit et militant antifasciste italien, démissionnaire à l’arrivée de Mussolini au pouvoir et réfugié en France, Silvio Trentin6, aux activités duquel il collabora7. Silvio Trentin organisa des actions de soutien aux républicains espagnols, puis fut un instigateur de la résistance à partir de 1940 – à tel point que Canguilhem a pu écrire : « S’il y a un lieu en France où l’opposition clandestine est née presque avant sa cible, c’est bien à Toulouse »8. Revenant, bien des années après, sur les événements qui ont eu lieu entre la manifestation sanglante de février 1934 à Paris et la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne le 3 septembre 1939, trois jours après l’offensive allemande en Pologne, Canguilhem juge les diverses attitudes ou démarches idéologiques adoptées en France, particulièrement à gauche, en écrivant : « On a vu des socialistes prendre leurs distances par rapport à l’antifascisme. On a vu des pacifistes compréhensifs avec l’hitlérisme. On a vu des intellectuels marxistes approuver le pacte germano-soviétique »9. Dans cette période d’incertitude et de confusion, Silvio Trentin fut pour Canguilhem un guide pour l’action. Canguilhem lui fut reconnaissant d’avoir, grâce à lui, « évité les pièges où tombent ordinairement les bonnes volontés sans expérience politique critique »10.

8En 1939, Canguilhem et son ami Camille Planet publient à compte d’auteur, à la librairie Trentin, leur Traité de logique et de morale, dont la dernière section porte le titre « Guerre et Paix », thème déjà abordé dans des cours antérieurs. Canguilhem écrit :

  • 11  G. Canguilhem, C. Planet, Traité de Logique et de Morale, p. 917.

Le problème est de savoir si la sauvegarde et le progrès de chaque peuple sont mieux assurés par la paix ou par la guerre, ou encore, étant donné que dans le passé la paix n’a été que la préparation à la guerre, s’il doit en être toujours ainsi et si chaque peuple n’atteint son plus haut point de développement que par l’effort pour vaincre et dominer les autres peuples11.

Canguilhem conclut par des remarques dont l’écho actuel est extrêmement frappant :

  • 12  Idem, p. 921.

la faiblesse du pacifisme est de croire qu’on travaille pour le maintien et la défense de la paix en évitant que les conflits internationaux se posent sous la forme de guerres déclarées. De fait, en raison de la vulgarisation actuelle des idées pacifistes, les guerres ne se déclarent plus, mais on n’ira pas jusqu’à dire que l’absence de guerres ouvertes soit, depuis bientôt vingt ans, la Paix12.

Les guerres non déclarées : nous y sommes ! Poursuivons l’analyse canguilhemienne.

  • 13  Idem, p. 922.

9Malgré l’énorme complexité et l’enchevêtrement des problèmes historiques, ce sont des types d’organisation politique et sociale, conformes à un sens général et à une valeur donnée à la vie humaine qui s’affrontent. Selon que l’on adopte une morale idéaliste ou réaliste, on opte pour les groupements dont on estime qu’ils défendent de près ou de loin telle ou telle conception de la vie. Il n’y a plus de politique intérieure, plus de politique extérieure, la guerre se fait pour l’organisation de la société humaine. Une morale idéaliste enjoint d’opter pour les groupes qui représentent un idéal progressif. Ici, comme l’Hamlet de Shakespeare, il faut choisir13.

  • 14  Idem, p. 918.

10Nul doute que le choix de résistance de Canguilhem ne soit nourri de ces réflexions, où finalement idéalisme et réalisme vont se mêler dans la conduite de l’action. Selon une définition canguilhemienne, le réalisme « revient ici à ratifier comme un bien la nécessité historique, physique ou métaphysique de la guerre »14.  La guerre, il a bien fallu la faire d’une façon ou d’une autre.

Les enseignements de Georges Canguilhem à la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand

11Les circonstances de l’arrivée de Canguilhem à l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand sont bien connues. Il avait été sollicité par son ami Jean Cavaillès, qui y enseignait mais fut nommé à la Sorbonne. Canguilhem à Strasbourg/Clermont-Ferrand porta haut la figure du philosophe comme à la fois témoin réflexif et acteur, engagé dans l’action pour des raisons, au bout du compte, profondément philosophiques. Nul n’oubliera en outre qu’enseigner est aussi une action. Canguilhem a donc combiné d’une manière exceptionnelle l’enseignement, la recherche (avec sa thèse de médecine de 1943, son orientation de philosophie biologique) et la Résistance, l’ensemble étant caractérisé par une forte cohérence philosophique. À travers les cours publiés, ou les notes de cours et les documents divers conservés au Caphes, le lecteur peut constater à quel point ces dimensions de son activité communiquaient, parfois assez ouvertement, entre elles.

  • 15  Fonds Canguilhem (Caphes), cote GC 10.4.9., feuillet 1.

12Canguilhem commença à enseigner à la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg en avril 1941, et cela sans interruption jusqu’à son entrée effective dans le maquis en juin 1944. Le cours de théorie de la connaissance donné en 1941 contient un chapitre intitulé « En quel sens peut-on parler d’une expérience de la liberté ? » Canguilhem avait déjà traité de ce sujet dans un cours donné en khâgne à Toulouse en novembre 1940 sous le titre « En quel sens et sous quelle forme y a-t-il pour le Moi expérience de la liberté ? ». Il y décrivait d’abord « l’extension et l’enrichissement du concept d’expérience jusqu’à retrouver toute la densité de la péripétie affective, du drame concret ». Distinguant ensuite expérience psychologique, morale, religieuse, il cite William James : « quand une pensée froide et incolore s’anime, vibre et rayonne en nous, tout le contenu de notre esprit doit s’y adapter, se réorganiser autour d’elle », et il ajoute : « en ce sens, on peut être tenté de parler d’une expérience de la liberté »15. Au bout du compte, il déclare :

  • 16  GC 10.4.9., feuillet 3.

Il y a pour le Moi des expériences de la liberté. Ceci est garanti par les résultats de la réflexion critique. La liberté n’est pas réelle, elle n’est pas nécessaire. Elle est possible. S’il y a possibilité il y a multiformité. La liberté est libérale. C’est la présence de la valeur qui fait de ces expériences un Progrès. C’est son absence qui les fait toutes sataniques. Au regard du Moi philosophique c’est la fragilité des progrès et la menace des perversions qui font l’expérience16.

  • 17  GC 11.1.3., feuillet 1 recto.

13Les cours de Strasbourg en 1941 vont plus loin tant dans la description que dans l’engagement. En juin 1941, Canguilhem professe un cours sur « La valeur », qui fait une part majoritaire à la philosophie allemande : « La valeur, c’est, selon Kant, le rapport à la liberté ». « La valeur c’est, selon Nietzsche, la fécondité de la vie »17.

  • 18  Idem, feuillet 1 verso.

14La valeur apparaît comme une forme (norme) d’interprétation philosophique de l’expérience universelle. En tant qu’expérience c’est non plus docilité passive à l’existence mais recherche, invention sans garantie d’une réponse à une exigence. L’exigence, c’est le critère de la subjectivité comme l’évidence c’est le critère de l’objectivité18.

  • 19  Idem, feuillet 4.

15La valeur apparaît avec le caractère qui transcende la subjectivité, l’objectivité. […] La valeur morale nous interdit d’opter abstraitement pour tel caractère au détriment de l’autre19.

  • 20  Idem, feuillet 21.

16Le cours de 1941 intitulé « Théorie de la connaissance » comporte un chapitre particulièrement saisissant, « En quel sens peut-on parler d’une expérience de la liberté ? » Reprenant et enrichissant des distinctions déjà utilisées antérieurement, Canguilhem dialectise en les rapprochant les deux termes d’expérience et de liberté. Il finit par une affirmation d’une force inouïe étant donné les circonstances, affirmation cachée dans une discussion serrée de thèses philosophiques de Kant et de Bergson. « L’expérience de la liberté doit comporter essentiellement l’expérience des obstacles à la liberté et c’est pourquoi elle ne peut être qu’une expérience de la libération20. » Mais ce n’est pas tout, et il insiste :

  • 21  Idem, feuillet 21.

Il y a des temps forts et des temps faibles de la liberté, c’est-à-dire une expérience de la libération. La liberté n’est qu’un aspect privilégié de la libération, privilégié par la paresse et la finitude du Moi fini. […] Au-delà de toutes les expériences fragmentaires et abstraites de la liberté, l’expérience de la libération est proprement expérience de la Responsabilité. La Responsabilité est le rapport du Moi fini au Je infini par lequel je me change et les choses du même coup, dans le sens du plus au moins d’automatisme. Or qui dit Responsabilité dit Risque et par là même Imprévisibilité essentielle. C’est l’Histoire qui devient ainsi l’expérience propre de la libération. […] Et dans l’Histoire les Chutes ne sont pas moins effectives que les Progrès21.

  • 22  GC 11.2.2., feuillet 35.

17Du point de vue tant de l’enseignement que de la recherche et de la création, l’année universitaire 1942-1943 est particulièrement riche. C’est l’année de rédaction de ce chef-d’œuvre de la littérature philosophique qu’est L’Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique. C’est aussi l’année d’un nombre important de cours, rassemblés sous le titre « Les normes et le normal ». Le chapitre « Du caractère normatif de la pensée philosophique » est un texte à la fois très ample, très général et très réflexif sur la nature de la philosophie. Il y est écrit : « Si la philosophie est discipline normative il faut ajouter qu’elle l’est primordialement et concrètement »22.

  • 23  Idem, feuillet 38.

La philosophie ne peut pas ne pas être une attitude critique, relativement à toutes les fonctions humaines qu’elle entend juger puisqu’elle en cherche le sens en les réintégrant dans la plénitude de la conscience. On voit donc que c’est bien plus à ouvrir des problèmes qu’à les résoudre que s’attache la philosophie. […] La philosophie est mise en question de la vie et par là déjà menace pour la suffisance de la vie. Dès que l’on cherche ce dont la vie devrait être le moyen on trouve aussi des raisons de perdre la vie. Rien n’est plus contraire au vivant que de voir dans l’interruption de la vie une valeur et pas seulement un accident23.

18Le chapitre « Esquisse d’une théorie des valeurs comme fondement d’une théorie des normes » repose en 1943 l’interrogation persistante depuis Nietzsche sur la valeur de la valeur :

  • 24  Idem, feuillet 113.

En quel sens la valeur est-elle subjective ? La valeur est subjective en tant qu’elle est projective. La conscience se définit par une capacité de propulsion interne : dans le conflit objet sujet le sujet est ce qui s’affirme contre l’objet dans un projet. Le sujet ne peut tenir ni dans les limites de l’individu ni dans celles de la collectivité. En quel sens la valeur est-elle relative ? […] Sur le plan de la réflexion philosophique, la valeur vaut seulement. Elle ne peut être ramenée à une province ou un aspect de l’Être. C’est en ce sens qu’elle peut être dite absolue24.

19Dans le chapitre « La valeur et la polarité du jugement », repris en 1943-1944, Canguilhem s’interroge sur une certaine hiérarchie des valeurs :

  • 25  Idem, feuillet 126.

En fait il n’y a pas de valeurs plus ou moins simples ou complexes. Il y a des valeurs antérieures et des valeurs postérieures. Le devenir de la conscience nous apparaît comme une conquête de valeurs, mais dont les dernières conservent le bénéfice ou le service des premières en se les subordonnant. C’est par cette subordination qu’il peut être question de valeurs inférieures et de valeurs supérieures. L’ordre de valeur est inverse de l’ordre d’apparition. En fait toutes les valeurs, même les plus anciennes, sont présentes et indispensables à la valeur la plus récente. Pour parler comme Dupréel, les valeurs les plus consistantes soutiennent les valeurs les plus précaires25.

Il n’est pas difficile de voir derrière cette précarité, comme derrière tout l’enseignement strasbourgeois/clermontois, de 1941 à 1944, l’écho réflexif et même l’anticipation des situations marquées par le risque vital dont Canguilhem fit l’expérience dans son engagement de résistant.

Canguilhem dans la Résistance

20Nous pouvons donc en venir à la Résistance proprement dite. Entre 1941 et 1944, comme le signale Camille Limoges, dont l’« Introduction » au volume IV des Œuvres Complètes est particulièrement éclairante et documentée :

  • 26  C. Limoges, « Introduction. Philosophie biologique, histoire des sciences et interventions philoso (...)

À l’exception de son enseignement, toute son activité fut concentrée sur des activités de liaison, de transport de documents à l’occasion de ses nombreux déplacements, et d’organisation. Ces activités n’étaient pas sans dangers. C’est ainsi qu’à la suite d’imprudences commises par des membres inexpérimentés, le noyau toulousain fut très vite démantelé par la police de Vichy, dès décembre 1941, et plusieurs de ses membres emprisonnés26.

  • 27  GC 1.2.2., feuillets 2-3.

Selon une déclaration déposée par Canguilhem auprès de la Fédération nationale des anciens de la Résistance, section régionale de Clermont-Ferrand, en vue d’attester de ses services dans la Résistance, Canguilhem écrit qu’il est entré dans la Résistance organisée d’avril 1941 au 27 août 194427. En avril 1941, il est pressenti par Jean Cavaillés à Clermont et accepte de participer à la fondation du mouvement Libération, avec Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Jean Rochon, Lucie Aubrac, sous le pseudonyme de Lafont. En mai 1941, il fonde à Toulouse la première section locale de Libération. Il transporte à Toulouse un certain nombre des premiers exemplaires du journal Libération.

21Adjoint à Jean Rochon, chef régional Libération d’Auvergne, il succède à Rochon comme membre du Directoire régional des MURs, les mouvements unis de Résistance, mouvements non communistes, à dater de février 1944. Il participe à l’organisation de la résistance armée dans le Cantal au printemps 1944, puis rejoint le maquis en juin 1944 et demande à être affecté comme médecin à l’infirmerie centrale du Mont Mouchet. Selon une attestation délivrée par Henry Ingrand, Commissaire de la République pour la région de Clermont-Ferrand, le 13 avril 1945, Canguilhem

  • 28  GC 1.2.2., feuillets 5-6.

a eu, au cours des combats qui se sont déroulés au Mont Mouchet et dans le réduit de la Truyère une attitude particulièrement courageuse, allant relever les blessés sur le champ de bataille, dans des conditions difficiles, soignant avec un dévouement inlassable les nombreux blessés qui étaient dirigés sur l’infirmerie, participant à la très difficile et tragique évacuation des blessés de Maurines. Au cours de cette évacuation, il échappa par miracle à la mort. Séparé du reste des Forces du maquis, il continua, après les avoir regroupées et dirigées vers un asile sûr, à soigner les blessés dont il avait assumé la charge. Après une tentative infructueuse et dangereuse pour rejoindre l’État-major régional des F.F.I., il parvint à reprendre le contact et fut chargé de mission, devant aller représenter le Commissaire de la République à Vichy avant la Libération et prendre les dispositions utiles pour assurer le contrôle de la ville et entrer en contact avec le Corps Diplomatique qui y était réuni. Canguilhem a été décoré de la Croix de Guerre par M. le Ministre de la Guerre le 28 septembre lors de son passage à Clermont-Ferrand. Sa modestie dût-elle en souffrir, il est juste de dire que Lafont a fait preuve pendant toute cette dure période d’un remarquable esprit d’abnégation et de sacrifice d’autant plus méritoire que son intelligence pénétrante lui permettait de réaliser pleinement tous les points faibles et tous les risques que devait forcément comporter une telle entreprise28.

Selon un autre document officiel tout aussi explicite, Canguilhem

  • 29  GC 1.2.2., feuillet 3.

a montré dans les combats de la Margeride et de Chaudesaigues un courage et une abnégation totale en allant soigner les blessés et les récupérer dans les lignes allemandes. S’est présenté spontanément pour accomplir une mission dangereuse quoique sachant qu’il allait à peu près à coup sûr dans un secteur d’où il ne reviendrait pas. A ajouté : « il faut que quelqu’un y aille, donc j’y vais » (extrait de l’ordre général n° 7 en date du 28 septembre 1944)29.

Ses services valurent à Canguilhem la Croix de Guerre avec médaille d’argent qui lui fut décernée le 3 avril 1945, puis remise à Clermont-Ferrand par le Ministre de la Guerre André Diethelm le 28 septembre à l’occasion de son passage à Clermont.

22Les raisons du regroupement de troupes de la Résistance au Mont Mouchet méritent quelques commentaires. Sous le titre « Gévaudan 1944 », Canguilhem a rédigé un texte de trois pages, non daté, relatant et permettant de mieux comprendre les événements du Mont Mouchet en justifiant le regroupement des forces de la Résistance en ce lieu :

  • 30  GC 1.2.3., feuillets 1-3.

Les événements dont je voudrais faire un bref récit ont eu pour cadre ce pays situé aux confins des trois départements de la Haute-Loire, du Cantal et de la Lozère, – quadrilatère dont les sommets sont à Langeac, Saint-Flour, Chaudesaigues et Saint Chély d’Apcher – et dont l’unité relève autant de l’histoire que de la géographie. […] Depuis mai les responsables régionaux et départementaux des M.U.R. [mouvements unis de résistance], en accord clandestin avec les responsables d’autres organisations politiques et syndicales, avaient fait passer au stade de la réalisation un projet depuis longtemps à l’étude, approuvé par les dirigeants nationaux de la résistance civile et militaire, de même que par l’État-Major Interallié parachuté pour la région de Clermont-Ferrand et comprenant un commandant anglais, un lieutenant américain, un capitaine français, comme aussi le D.M.R. [délégué militaire régional] venu d’Alger. Depuis des semaines chaque jour les trains du matin au départ de Clermont-Ferrand, en direction du Cantal par Arvant, emmenaient vers Ruines ou Loubaresse des centaines d’hommes jeunes ou vieux qui convergeaient, sur la foi de quelque mot d’ordre ou de passe, vers le Mont Mouchet, un des plus hauts points de cette chaîne de la Margeride qui s’étend en gros de Saint-Flour à Châteauneuf de Randon et sépare les deux vallées de l’Allier et de la Truyère. J’ignore quelles raisons de stratégie ou peut-être simplement de commodité avaient fait choisir ce point dont la vulnérabilité sauta à mes yeux, pourtant peu militaires, quand je rejoignis à mon tour le réduit. En fait, on était là près de Saint-Flour, important nœud de routes où l’on débouche du Midi vers les plaines du Centre, petite ville sans occupants où la Résistance vivait presque aussi libre que chez elle jusqu’environ ce mois de mai, donc lieu d’élection pour une expérience de libération d’un territoire français qui ne dût son salut qu’à lui-même. Ce dernier point est d’essentielle valeur. […] Or c’est un fait que presque tous les gens de la Résistance – et j’oserais dire tous – étaient très stricts en ce qui concerne l’autonomie de leur volonté de libération. Nous voulions agir de telle sorte qu’il apparût que les Anglo-Saxons débarquant en France nous aidaient à nous libérer de nos oppresseurs, autant que nous les aidions à vaincre leurs ennemis. Après tout, les seules fins qui fussent perceptibles sans ambiguïté aux Français, c’étaient les leurs, et leur volonté de Résistance et leurs efforts de libération dataient d’un temps où ils ignoraient si l’Angleterre pourrait toute seule tenir le coup – sur ce point leur ignorance devait heureusement peu durer – et si l’Amérique entrerait en guerre contre l’Axe. Si nous devions aux Anglo-Saxons les moyens d’une action efficace, nous ne leur devions rien quant à la décision de redevenir maîtres chez nous comme tout charbonnier qui se respecte. Et donc cette intention de rendre tous seuls à la France et à la République une partie de territoire, fût-elle de l’étendue d’un arrondissement, même si elle fut l’une des raisons de quelques fautes incontestables dans la manœuvre, ne saurait être tenue simplement pour une puérilité ou pour une forfanterie. L’événement ne doit pas discréditer l’intention30.

Cette conclusion est profondément philosophique.

23Cette justification de ce qui fut à certains égards un désastre français avec la prise du Mont Mouchet par les troupes allemandes et une débandade française, trouve une explication supplémentaire dans un texte publié dans le journal Liberté. Quotidien du Massif Central. Organe du Mouvement de Libération Nationale, dont Canguilhem fut l’un des fondateurs :

  • 31  GC 1.2.3., feuillets 4-5.

Les ordres du général Koenig avaient été respectés : retenir le plus longtemps possible l’ennemi au Centre de la France. Car si les nazis avaient réussi, et à quel prix, à déloger les F.F.I., ils allaient maintenant être obligés de s’attaquer au réduit de la Truyère, tout aussi important. Et ce serait de nouveaux blindés à envoyer, de nouveaux renforts à détourner de leur ronde vers la Normandie, de nouvelles pertes irréparables. Et pendant ce temps, les Alliés affermiraient leur tête de pont en France31.

24Une question : les résistants avaient-ils connaissance de cet aspect stratégique des choses ? Je n’ai personnellement pas de réponse à cette question. L’héroïsme individuel et l’esprit de sacrifice de la Résistance en ressortent avec d’autant plus de force. Pour autant, des études historiques ont montré que la concentration du Mont Mouchet a conduit en réalité, et pour plusieurs raisons, à un désastre.

L’Université de Strasbourg résistante

25Le tribut payé par l’Université de Strasbourg pour cette fixation de troupes allemandes au centre de la France fut très lourd. Canguilhem a porté témoignage de l’activité de résistance de nombre de ses camarades, universitaires ou non (comme dans le cas de Jean Rochon), dans quelques très beaux textes. L’un de ces témoignages, particulièrement émouvant, porte sur Paul Reiss, professeur agrégé de physique médicale à la Faculté de médecine de Strasbourg. Reiss tomba au combat le 22 juin, dans une opération d’évacuation de blessés aux côtés de Canguilhem, qui échappa de son côté par miracle à la mort.

  • 32  G. Canguilhem, « Le Professeur Paul Reiss », p. 197-199.

Reiss est mort face à l’ennemi. Depuis le matin, il savait que la journée serait décisive pour lui comme pour ses compagnons. Depuis quelques heures, il sentait, comme tous, que la route numéro 9 franchie, la sécurité commençait. Reiss est mort aux portes de la liberté, comme est mort aux portes de la résurrection le jeune blessé sauvé par l’amputation de la veille et que les Allemands achevèrent, ainsi que six autres, d’une balle dans la nuque à même les charrettes qui les transportaient. Telles furent, au maquis, la vie et la mort du Docteur Raymond, un des « terroristes » ! Israélite, Reiss avait été suspendu de ses fonctions en vertu des lois raciales du gouvernement de Vichy. Mais ses mérites de savant et de chercheur l’avaient, par la suite, fait relever de l’interdiction d’enseigner. On comprendra par là combien sa perte pour la science est lourde. Alsacien, Reiss, avec le professeur Collomp, assassiné par la Gestapo, avec les professeurs Cavaillès, Sadron, Yvon, Kirrmann, Terroine, Lassus, Vlès, Géry et tous leurs collèges déportés, arrêtes ou pourchassés, est l’un des témoins du tribut bien lourd que l’Université de Strasbourg a payé à la cause de la France, dans l’Auvergne où elle fut repliée. La mort au maquis du Docteur Raymond, mort consentie, qui couche cet Alsacien dans la terre du Cantal, et ce savant parmi les laboureurs, est pour ceux qui lui survivent une leçon de foi patriotique, d’unité sociale, et de courage humain32.

  • 33  Dans l’ouvrage De l’Université aux Camps de Concentration. Témoignages strasbourgeois, on trouve d (...)
  • 34  G. Canguilhem, « Maurice Halbwachs (1877-1945) », p. 275-289 (repris de Mémorial des années 1939-1 (...)
  • 35  Idem, p. 283.
  • 36  Idem, p. 286.
  • 37  G. Canguilhem, Über Maurice Halbwachs.

26À la liste dressée par Canguilhem dans ce texte, il serait possible d’ajouter un grand nombre d’autres noms d’universitaires alsaciens disparus, ou pour certains revenus, comme Marc Klein33. Pour ma part, j’ajouterai un nom, celui de Maurice Halbwachs, professeur de sociologie à la Faculté des lettres de Strasbourg de 1919 à 1935, déporté à Buchenwald, décédé en février 1945, auquel Canguilhem a consacré un long texte d’hommage34. « Nous voudrions tenter de montrer qu’un des mérites permanents de toute son œuvre sociologique, c’est la liberté dont elle témoigne dans l’exploration et l’essai des voies et moyens »35. Quant à sa disparition à Buchenwald, Canguilhem remarque : « s’il y avait pour notre génération quelque possibilité de Voltaire, il y a beaucoup de chance qu’elle ait fini, elle aussi, à Buchenwald ou en quelque autre camp de déportés »36. Ce texte vient d’être traduit en allemand et complété d’une étude sur Maurice Halbwachs et Georges Canguilhem par Henning Schmidgen, professeur à l’Université de Weimar37.

  • 38  Je remercie David Denéchaud et Nathalie Queyroux, du Caphes (UMS 3610 CNRS/ENS), ainsi qu’Henning (...)

27Il est à peine besoin de remarquer qu’au moment où la guerre s’est à nouveau déchaînée en Europe, l’évocation de certains événements terribles de la Résistance auxquels prirent part les membres de l’Université de Strasbourg prend un relief saisissant38.

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Bibliographie

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Cammelli Michele, « Présentation » de Canguilhem Georges, Le fascisme et les paysans, in : Canguilhem Georges, Écrits philosophiques et politiques 1926-1939, Œuvres Complètes, t. I, Paris, Vrin, 2011.

Canguilhem Georges, « Maurice Halbwachs (1877-1945) », in : Mémorial des années 1939-1945, publication de la Faculté des lettres de l’Université de Strasbourg (fascicule 103), Paris, Les Belles Lettres, 1947, p. 229-241.

Canguilhem Georges, « Résolution de la Section de Béziers du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes », in : Canguilhem Georges, Œuvres Complètes, t. I, Paris, Vrin, 2011.

Canguilhem Georges, « Témoignage sur Silvio Trentin », in : Canguilhem Georges, Œuvres Complètes, t. I, Paris, Vrin, 2011, p. 1033-1037.

Canguilhem Georges, professeur de philosophie au Lycée de Toulouse, Planet Camille professeur de philosophie au Lycée de Marseille, Traité de Logique et de Morale, Toulouse, Librairie Trentin, 1939, in : Canguilhem Georges, Écrits philosophiques et politiques 1926-1939, Œuvres Complètes, t. I, Paris, Vrin, 2011.

Canguilhem Georges, « Le Professeur Paul Reiss », in : Canguilhem Georges, Résistance, philosophie biologique et histoire des sciences 1940-1965, Œuvres Complètes, t. IV, Paris, Vrin, 2015.

Canguilhem Georges, « Maurice Halbwachs (1877-1945) », in : G. Canguilhem, Œuvres Complètes, t. IV, Paris, Vrin, 2015.

Canguilhem Georges, « La décadence de l’idée de progrès », in : Canguilhem Georges, Histoire des sciences, épistémologie, commémorations, 1966-1995, Œuvres Complètes, t. V, Paris, Vrin, 2011.

Canguilhem Georges, Über Maurice Halbwachs, übersetzt von R. Voullié und herausgegeben von H. Schmidgen, in : Schmidgen Henning, Das Problem Der Umwelt. Maurice Halbwachs und Georges Canguilhem, Berlin, August Verlag (Kleine Edition 41), 2022.

Cérémonies du Cinquantenaire, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1994.

Crawford Elisabeth et Olff-Nathan Josiane, La Science sous influence. L’Université de Strasbourg enjeu des conflits franco-allemands 1872-1945, Strasbourg, Université Louis Pasteur et La Nuée bleue, 2005.

De l’Université aux Camps de Concentration. Témoignages strasbourgeois, publication de la Faculté des lettres de l’Université de Strasbourg, Paris, Les Belles Lettres, 1947.

Limoges Camille, « Introduction. Philosophie biologique, histoire des sciences et interventions philosophiques. Georges Canguilhem 1940-1965 », in : G. Canguilhem, Résistance, philosophie biologique et histoire des sciences 1940-1965, Œuvres Complètes, t. IV, Paris, Vrin, 2015.

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Singer Claude, Vichy, l’Université et les juifs. Les silences et la mémoire, Paris, Les Belles Lettres, 1992.

Strasbourg – Clermont-Ferrand – Strasbourg… se souvenir, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1988.

Strasbourg – Clermont-Ferrand, 50 ans après, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 1993.

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Notes

1  Centre d’archives en philosophie, histoire et édition des sciences, UMS 3610, École normale supérieure, Université PSL.

2  Voir G. Canguilhem, « La décadence de l’idée de progrès », p. 1079.

3  G. Canguilhem, « Résolution de la Section de Béziers du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes », p. 489.

4  M. Cammelli, « Présentation » de G. Canguilhem, Le Fascisme et les paysans, p. 519.

5  G. Canguilhem, « Résolution de la Section de Béziers du Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes », p. 489.

6  M. Cammelli, « Présentation » de G. Canguilhem, Le Fascisme et les paysans, p. 519-520.

7  G. Canguilhem, « Témoignage sur Silvio Trentin », p. 1033-1037.

8  J.-F. Braunstein, « À la découverte d’un Canguilhem perdu », p. 112.

9  M. Cammelli, « Présentation » de G. Canguilhem, Le Fascisme et les paysans, p. 520.

10  Ibid.

11  G. Canguilhem, C. Planet, Traité de Logique et de Morale, p. 917.

12  Idem, p. 921.

13  Idem, p. 922.

14  Idem, p. 918.

15  Fonds Canguilhem (Caphes), cote GC 10.4.9., feuillet 1.

16  GC 10.4.9., feuillet 3.

17  GC 11.1.3., feuillet 1 recto.

18  Idem, feuillet 1 verso.

19  Idem, feuillet 4.

20  Idem, feuillet 21.

21  Idem, feuillet 21.

22  GC 11.2.2., feuillet 35.

23  Idem, feuillet 38.

24  Idem, feuillet 113.

25  Idem, feuillet 126.

26  C. Limoges, « Introduction. Philosophie biologique, histoire des sciences et interventions philosophiques. Georges Canguilhem 1940-1965 », p. 14-16.

27  GC 1.2.2., feuillets 2-3.

28  GC 1.2.2., feuillets 5-6.

29  GC 1.2.2., feuillet 3.

30  GC 1.2.3., feuillets 1-3.

31  GC 1.2.3., feuillets 4-5.

32  G. Canguilhem, « Le Professeur Paul Reiss », p. 197-199.

33  Dans l’ouvrage De l’Université aux Camps de Concentration. Témoignages strasbourgeois, on trouve de nombreux témoignages de survivants, dont les chimistes Paul Hagenmuller et Albert Kirrmann (futur directeur-adjoint de l’École normale supérieure), le physicien Charles Sadron, le médecin et biologiste Marc Klein, le linguiste et médiéviste Ernest Hoepffner, qui fut nommé Doyen de la Faculté des Lettres lors du retour de l’Université à Strasbourg en 1945. On doit également mentionner les ouvrages Strasbourg – Clermont-Ferrand – Strasbourg… se souvenir ; Strasbourg – Clermont-Ferrand, 50 ans après et Cérémonies du Cinquantenaire.

34  G. Canguilhem, « Maurice Halbwachs (1877-1945) », p. 275-289 (repris de Mémorial des années 1939-1945, p. 229-241).

35  Idem, p. 283.

36  Idem, p. 286.

37  G. Canguilhem, Über Maurice Halbwachs.

38  Je remercie David Denéchaud et Nathalie Queyroux, du Caphes (UMS 3610 CNRS/ENS), ainsi qu’Henning Schmidgen, pour leur aide.

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Pour citer cet article

Référence papier

Claude Debru, « Georges Canguilhem, acteur et témoin dans l’histoire »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 56 | -1, 61-76.

Référence électronique

Claude Debru, « Georges Canguilhem, acteur et témoin dans l’histoire »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg [En ligne], 56 | 2024, mis en ligne le 12 décembre 2024, consulté le 25 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cps/8270 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12tr0

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Auteur

Claude Debru

École normale supérieure, professeur émérite
CAPHES

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Droits d’auteur

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