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Résumés

Dans son dialogue avec Blanchot (La Communauté désavouée vs La Communauté inavouable), Jean-Luc Nancy entendait dénoncer, mais sans lui opposer une autre figure, l’idée selon laquelle la communauté des amants, telle que l’avait exemplifiée Marguerite Duras dans La Maladie de la mort, serait l’accomplissement de la communauté comme œuvre de mort. À partir d’une lecture du poème de Richard Dehmel, Verklärte Nacht (La Nuit transfigurée), on voudrait ici esquisser le schème d’un couple où l’inavouable se transfigure en puissance d’avènement d’une communauté partagée.

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Texte intégral

  • 1  Cf. J.-L. Nancy, Cruor, p. 73, 85.
  • 2  Cf. S. Freud, Malaise dans la civilisation, p. 61-62.
  • 3  Cf. J. Lacan, Le Séminaire, Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, p. 229.
  • 4  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 47.
  • 5  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 140.
  • 6  Ibid.
  • 7  Idem, p. 58.

1Dans son dernier livre, Cruor, Jean-Luc Nancy semble, à deux reprises1, vouloir reprendre à son compte les commentaires critiques que le fameux commandement chrétien d’« amour du prochain » avait inspirés à Freud2 et à Lacan3 qui en soulignaient la dimension, secrète mais essentielle, de cruauté ; en tout cas, Nancy n’en conteste pas la pertinence. Pourtant, quelques années auparavant, il revendiquait une « loi du cœur », formule inspirée de Blanchot qui, dans La Communauté inavouable, parlait du cœur ou de la loi de la fraternité4. S’autorisant de ce qu’il percevait comme une « disposition profondément paulinienne »5 de Blanchot (disposition qui postule que « la vraie loi est celle du cœur »6), Nancy (dans La Communauté désavouée, c’est-à-dire le livre qui fait réponse à celui de Blanchot) allait jusqu’à poser que « le cœur […] peut faire loi au-delà de toute loi »7.

  • 8  Idem, p. 53.

2Il y aurait donc là un paradoxe : d’un côté, une manière sinon de se déprendre, du moins de se tenir à distance du commandement chrétien, donc de la loi d’amour du prochain ; de l’autre, une sorte de revendication de la loi du cœur comme « celle de l’amitié ou fraternité »8.

  • 9  Ibid.

3D’une certaine façon, mon intention serait de montrer que ce paradoxe peut être dépassé. Mais, à le dire ainsi, cela peut paraître un simple jeu rhétorique. Or il y va de quelque chose de plus essentiel, parce que sont aussi engagées dans ce paradoxe les notions de communauté et donc de partage (Nancy précisant, en effet, que dans l’amitié ou fraternité se révèle « mon exposition solitaire, laquelle forme aussi bien ma communauté partagée »9).

  • 10  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 54.
  • 11  Idem, p. 42.
  • 12  Idem, p. 33.
  • 13  Idem, p. 35.
  • 14  Idem, p. 33.

4Il faut donc reprendre les choses à partir du point de départ de cette discussion entre Nancy et Blanchot. Ce point de départ est La Communauté désœuvrée, initialement paru en 1983 dans le numéro 4 de la revue Aléa. On en connaît la thèse essentielle : contre toute forme de réalisation, voire de réification10, il faut affirmer que la communauté n’est pas un projet fusionnel. Nancy précise : « [Elle] n’est pas un projet fusionnel, ni de manière générale un projet producteur ou opératoire – ni un projet tout court »11. C’est ce que dit le syntagme de « communauté désœuvrée ». Mais cela implique de reconnaître, à rebours de tous les mythes communautaires – ces mythes nostalgiques d’une communauté originaire mais entre-temps perdue et qui serait donc à retrouver – que « la communauté n’a pas eu lieu »12. C’est pourquoi Nancy parle de « fantasme de la communauté perdue »13, tout en précisant que ce fantasme doit être compris selon la logique kantienne de « l’illusion transcendantale »14.

  • 15  Idem, p. 98.

5On pourrait évidemment se demander si ce procès du mythe communautaire n’emporte pas avec lui l’idée même de partage, puisque le partage est toujours affaire de communauté ; il en est même le principe qui justifie de parler de « communauté partagée » ou de « communauté en partage », de sorte que celle-ci procéderait aussi du mythe ou de l’illusion transcendantale. Mais ce soupçon n’est pas pertinent. Affirmer que la communauté n’a pas eu lieu ne signifie pas que le partage n’a pas eu ou n’a pas lieu ; au contraire : c’est justement le non-avoir-lieu de la communauté qui fait le partage, le non-avoir-lieu de la communauté œuvrante qui prétendrait s’accomplir comme projet. Nancy le dit explicitement : « Ce qui se partage, c’est le désœuvrement des œuvres »15.

  • 16  Ibid.
  • 17  Idem, p. 89.
  • 18  Cf. Idem, p. 55.

6Et il poursuit sans transition : « Les amants exposent par excellence le désœuvrement de la communauté »16. Ce motif des amants – de la « communauté des amants » – répond à la question du nombre, telle que l’avait initialement proposée Jean-Christophe Bailly aux contributeurs de ce numéro de la revue Alea : « la communauté, le nombre ». La question est de savoir si l’on peut tenir la communauté des amants pour la vérité accomplie de la communauté. Dans La Communauté désœuvrée, Nancy rappelle, pour s’en démarquer, que c’était là la thèse de Bataille, pour lequel « la communauté fut avant tout et pour finir celle des amants »17 ; et il explique que la souveraineté des amants que célébrait Bataille n’est qu’une extase privée, isolée, sans prise sur la communauté dans laquelle pourtant elle devait être inscrite18.

  • 19  Cit. M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 58.
  • 20  Idem, p. 17.
  • 21  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 24.

7Mais Nancy a aussi été amené à répéter ce désaccord dans son dialogue avec Blanchot qui, dans La Communauté inavouable, reprenait à son compte la formule de Bataille sur « “le monde vrai des amants” »19. Citant Blanchot qui affirmait qu’« il n’y a de communauté que d’un petit nombre »20, Nancy précise que cela vise implicitement « le plus petit nombre […], le deux, lui-même se résolvant en un éphémère 1+1 »21.

  • 22  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 83.
  • 23  Idem, p. 82.
  • 24  Idem, p. 58.
  • 25  Idem, p. 83.

8Cette dernière remarque fait évidemment référence au texte de Marguerite Duras, La Maladie de la mort, qui est l’objet de toute la seconde partie du livre de Blanchot. Ce texte se présente comme une sorte de livret théâtral où est donné à entendre, par le biais de la voix anonyme d’un récitant, le dialogue entre « deux êtres » – un homme et la femme qui s’offre lascivement à lui durant une succession indéfinie de nuits interminables qui, prises comme un tout, forment « un temps qui va du crépuscule à l’aurore »22 – qui, comme le résume Blanchot, « ne tentent de s’unir que pour vivre […] l’échec qui est la vérité de ce que serait leur union parfaite, le mensonge de cette union qui toujours s’accomplit en ne s’accomplissant pas »23 ; deux êtres, donc, qui ne se rejoignent que dans « l’oubli du monde »24 et qui ne partagent que « leur commune solitude »25.

  • 26  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 61.

9C’est dire que, dans cet étrange échange (qui, à dire vrai, n’est pas même un échange), tout se joue dans le rapport sans rapport (à tous les sens du mot), le rapport sans rapport de ceux qu’on doit bien appeler des amants, alors même que chacun d’eux ne s’expose qu’en effaçant de lui toute singularisation de sa subjectivité (ce que Nancy appelle « l’absentement du sujet »26), de sorte qu’ils demeurent, l’un et l’autre, l’un à l’égard de l’autre, dans une totale indifférence, indifférence de et à leur différence.

  • 27  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.
  • 28  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 36.
  • 29  Cf. M. Duras, La Maladie de la mort, p. 57 ; repris par Blanchot. M. Blanchot, La Communauté inavo (...)

10Comment cette étrange relation finit-elle ? Il est bien question de la disparition de la femme ; mais on ne saurait assurer ce que représente pour Duras cette disparition. Blanchot s’en tient prudemment à l’incertitude du texte de Duras : « Partie dans la nuit, elle est partie avec la nuit. “Elle ne reviendra jamais.” »27 Ce qui est, bien entendu, une manière de renouer avec la thématique du rapport des amants à la mort, voire au mythe de la mort commune des amants, dont Nancy disait qu’elle « est une des figures mythico-littéraires de [la] logique de la communion dans l’immanence »28, c’est-à-dire de l’accomplissement de la communauté comme œuvre de mort. Et il est bien possible que ce que Duras appelle « la maladie de la mort » soit justement le nom de cette implacable nécessité de vivre l’amour en le perdant, avant qu’il ne soit advenu29.

  • 30  Idem, p. 88.
  • 31  Idem, p. 92.
  • 32  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 123.
  • 33  Cf. Idem, p. 42 : « Il importe à Blanchot d’affirmer une ultra-politique, et cela peut-être impliq (...)

11Quoi qu’il en soit, au terme de sa lecture du livre de Duras, dans la dernière section intitulée « l’inavouable communauté »30, Blanchot laisse entendre que cette nécessité est « l’inavouable » même31. Néanmoins, si affirmatif qu’il puisse paraître, ce propos ne lève pas l’incertitude sur ce motif de l’inavouable. Nancy a raison de rappeler cette évidence sémantique : il n’y a pas d’inavouable qui n’implique la possibilité de l’aveu de l’inavouable32. Et de quoi peut-il y avoir aveu, si ce n’est d’une faute ? Nancy va jusqu’à supposer que cette faute serait les compromissions politiques de Blanchot avec la droite, voire l’ultra-droite33, avant la guerre, faute dont il se serait en quelque sorte absout par son attitude publique ultérieure, notamment sa participation aux manifestations de Mai 68 en compagnie – justement – de Marguerite Duras.

12Même si cela ne paraît finalement pas essentiel, c’est bien sur cette explication (qui n’est pas loin d’être une accusation, voire un verdict) que s’achève cette sorte de lecture-procès de Blanchot par Nancy. Mais ce n’est pas ce qui ici m’importe. Car, à considérer cette discussion qui se focalise sur le livret de Duras, la question qu’on peut poser (et, à mon sens, qu’on doit poser) est de savoir non simplement pourquoi Blanchot s’est attaché à ce texte-là – on peut facilement en deviner les raisons –, mais aussi pourquoi Nancy s’est lui-même restreint à cet exemple tout de même très singulier de communauté des amants, sans chercher à lui opposer sinon un autre modèle, du moins un autre type d’exemplification, même fictive.

  • 34  Cf. M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.
  • 35  Cf. Ibid.
  • 36  Cf. Idem, p. 70.
  • 37  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 128.

13C’est ce que, pour ma part, je voudrais maintenant essayer de faire – je dis bien essayer, car ce ne sera en effet qu’un essai, une tentative d’opposer aux amants durassiens de Blanchot un autre couple d’amants qui, eux, ne ruinent pas leur communauté partagée. Encore faut-il en produire la figure, une figure qui soit dégagée de tout sentimentalisme, contrairement aux couples évoqués et en quelque manière récusés, à juste titre, par Blanchot, tels les amours gœthéens de Werther et Lotte ou de Hermann et Dorothea34, ou bien l’amour idéalisé auquel aspirait Dante en sa Béatrice35, ou même le couple emblématique que forment Tristan et Iseult36 ; mais aussi une figure qui ne soit pas redevable au commandement chrétien d’amour. Plutôt que figure, je préfèrerais parler ici de schème : le schème d’un couple où – contrairement à « l’aveu inavouable » de Blanchot qui, comme le dit Nancy, « revient à désavouer la communauté »37 – le schème d’un couple où l’inavouable se transfigure en puissance d’avènement d’une communauté partagée.

  • 38  Extrait du recueil La Femme et le Monde (Weib und Welt) ; republié sous le titre Zwei Menschen. Ro (...)
  • 39  Traduction par B. Baas et Ph. Rohrbach.

14C’est là ce qu’il me semble possible de lire dans le poème de Richard Dehmel, Verklärte Nacht (La Nuit transfigurée)38. Il s’agit du poème qui a inspiré à Arnold Schönberg son célèbre Sextuor à cordes (mais, si important que cela soit, ce n’est pas ce qui m’intéresse ici). En voici la traduction39 :
                                                        Richard Dehmel
                                                    La Nuit transfigurée.

15Deux personnes, en allemand zwei Menschen ; littéralement « deux êtres humains » ; on pourrait dire « deux êtres », pour faire écho aux « êtres » dont parle Blanchot à propos des amants de Duras) :

Deux êtres marchent dans la forêt, nue et froide.
La lune court avec eux, ils plongent leur regard en elle.
La lune court au-dessus des hauts chênes ;
Pas le moindre petit nuage ne trouble la clarté du ciel
Vers laquelle tendent les cimes noires.
La voix d’une femme parle :
 
« Je porte un enfant et pas de toi,
Je vais, imprégnée de péché, à côté de toi.
Je me suis gravement violentée moi-même,
Je ne croyais plus au bonheur
Et pourtant j’aspirais ardemment
Au sens de la vie, au bonheur
et au devoir maternels ;
Alors j’ai osé.
Alors, toute frémissante,
J’ai laissé un étranger étreindre mon sexe,
Et je me suis même bénie pour cela.
Mais la vie s’est vengée,
Et je t’ai rencontré, toi, ô toi. »
 
Elle va d’un pas mal assuré.
Elle lève les yeux, la lune la suit.
Son regard sombre se noie dans la lumière.
La voix d’un homme parle :
 
« Que cet enfant que tu as conçu
Ne soit pas un fardeau pour ton âme.
Ô vois comme l’univers scintille clairement !
Cela brille de toute part.
Tu vogues avec moi sur la mer glaciale,
Mais une chaleur, notre propre chaleur, flamboie
De toi en moi, de moi en toi.
Elle va transfigurer l’enfant étranger.
Tu vas l’enfanter pour moi, de moi,
Tu as apporté un éclat de lumière en moi,
C’est moi-même que tu as fait enfant. »
 
Il étreint ses fortes hanches,
Leur souffle s’embrasse dans les airs.
Deux êtres vont par la nuit haute et claire.

Voilà donc le poème. J’ai bien conscience qu’à première lecture, il puisse paraître chargé d’un sentimentalisme un peu kitsch, associé à l’antienne chrétienne de l’amour et du pardon, soit précisément tout ce que je disais devoir être absent de la figure ou du schème opposable au couple durassien sur lequel se focalisent Blanchot et, à sa suite, Nancy. Mais je crois que ce serait là se contenter d’une écoute superficielle et, comme telle, fautive. Il faut donc reprendre la lecture pour observer ce qui, de ce poème de Dehmel, fait pendant au récit de Marguerite Duras, mais un pendant paradoxal qui permet de l’en démarquer.

  • 40  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 83.
  • 41  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 61.
  • 42  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 196.

16Observons d’abord que, dans les deux cas, il s’agit de la rencontre de deux amants, dans « leur commune solitude »40 – comme dit Blanchot – au cœur de la nuit. Mais si les amants sont désignés comme tels dans le texte de Duras et dans le commentaire de Blanchot, ce n’est pas le cas dans le poème de Dehmel, où il est seulement question de deux « êtres humains » (zwei Menschen) — plus précisément : de deux « êtres humains » réduits à leur seule voix (« la voix d’une femme… la voix d’un homme »), comme si – dans un premier temps tout du moins – ils étaient absents de et à leur propre subjectivité singulière. « [A] bsentement du sujet »41 disait Nancy ; « la voix d’aucun sujet »42, disait-il dans un autre contexte.

  • 43  Idem, p. 73.
  • 44  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 26. Cf. J. Derrida, D’un ton apocalyptique adopté naguèr (...)
  • 45  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 26.

17Sans trop forcer l’analogie, il semble possible de concevoir cette « voix d’une femme » et cette « voix d’un homme » comme procédant, avant même leur inscription dans le langage parlé, d’une sorte de voix antérieure, non seulement « pré-langagière », mais déjà « communautaire »43, ainsi que l’expliquait Nancy dans une note de La Communauté désœuvrée relative au Partage des voix, une voix qui serait au principe de la communauté et du partage. Une voix, donc, qui n’est pas sans rappeler la « voix apocalyptique »44 dont parlait Derrida et dont Blanchot, dans une note de La Communauté inavouable, fait l’hypothèse qu’elle serait « une condition transcendantale de tout discours », voix qui – précise-t-il – « s’entendrait [dans la communauté] avant toute entente et comme sa condition »45.

  • 46  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 166.

18On peut donc s’autoriser à penser que, si les voix qui parlent dans le poème de Dehmel sont anonymes, en quelque sorte asubjectives – « la voix d’une femme…, la voix d’un homme » –, c’est parce que, malgré ce qu’elles disent, malgré leur inscription langagière qui les renvoie déjà à la banalité dérisoire du discours, elles laissent entendre un écho de la voix antérieure, pré-linguistique et communautaire. Cela me rappelle une autre remarque de Nancy, que j’extrais de son contexte et qui n’a évidemment rien à voir avec le poème de Dehmel : il y est question d’« une voix qui n’est plus la voix dérisoire des amants, mais qui [venant] de leur amour, se fait entendre à la communauté »46 — je me permets d’extrapoler : elle se fait entendre à la communauté, y compris à la communauté des lecteurs du poème. Elle est la voix du partage ; ou plutôt : elle est le partage comme voix.

  • 47  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 80.
  • 48  Cf. Idem, p. 88.
  • 49  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 105.
  • 50  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 70.
  • 51  Ibid.

19Reste tout de même à considérer ce que font entendre, dans le poème de Dehmel, les voix respectives de la femme et de l’homme. Ce que porte la voix de la femme, c’est l’aveu de la faute inavouable, l’aveu crûment formulé de l’abandon de son sexe au premier venu. En quoi cette femme n’est guère différente de celle qui, chez Duras, « s’abandonne »47 – comme dit Blanchot – au jeu sexuel avec son partenaire sans identité. Comme elle, elle s’est laissée voir tout entière48, ce qui veut dire – précise Nancy49 répétant Blanchot citant Duras – jusqu’à « la nuit noire que découvre le vide vertigineux “des jambes écartées” »50. D’elle aussi on pourrait dire avec Blanchot : « [C]omment ne pas songer à Madame Edwarda ? »51

  • 52  Idem, p. 83.
  • 53  M. Foucault, Histoire de la sexualité, p. 93.

20Mais dans le poème de Dehmel, la nuit noire n’est pas le sexe de la femme, pas non plus la nuit du ciel qui laisse, au contraire, resplendir la lune ; c’est la nuit de la faute commise et inavouable, la nuit que doit transfigurer l’aveu. Contrairement à la nuit du récit de Duras – cette nuit qui « va du crépuscule à l’aurore », comme le rappelle Blanchot52 –, la nuit du poème de Dehmel ne disparaît pas pour emporter avec elle la femme fautive. L’aveu ne transfigure pas la nuit céleste, laquelle demeure, jusqu’à la fin du poème, la « nuit claire » (helle Nacht) ; il transfigure la nuit noire de la faute inavouable et encore inavouée. Si quelque chose, dans le poème, peut être entendu comme équivalent de l’aurore, c’est la transfiguration, la Verklärung de la nuit intérieure, l’éclairement (si j’ose dire) de cette nuit, de ce « fragment de nuit – pour reprendre ici une formule de Foucault – que chacun porte en lui »53.

  • 54  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 84.

21À l’aveu de l’inavouable porté par la voix de la femme, répond la voix de l’homme. Dans cette réponse, il n’est question ni de la faute, ni de son aveu ; aucun reproche – cela va de soi : toute injonction morale serait ici hors de propos. Pour autant, aucune compassion larmoyante ; pas d’apitoiement. Mais pas non plus de pardon. Donc rien qui déférerait au commandement chrétien d’amour du prochain. Dans cette réponse, il n’est question que d’accueillir, sans condition, l’enfant, cet enfant qui incarnait la faute et qui devient maintenant l’innocence partagée. En quoi il est, comme dit le poème, « transfiguré ». Car l’enfant n’est pas l’œuvre commune des deux amants, surtout pas le produit d’une dialectique hégélienne dont le « troisième moment », comme le rappelait ironiquement Nancy54, consacrerait l’unité des deux. Accueilli sans condition, c’est-à-dire sans contrat d’une œuvre à accomplir, l’enfant actualise le désœuvrement de la rencontre des deux amants.

  • 55  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 166.

22Il est lui-même le partage. Non pas au sens où la femme et l’homme partageraient l’enfant comme on partage quelque bien ; mais il est le partage en tant qu’avec lui advient le partage des voix des amants, c’est-à-dire à la fois leur rapprochement et leur séparation. Pour reprendre une formulation propre à Nancy55, je dirais que, par cet enfant, les amants s’atteignent sans communier, sans former une unité fusionnelle. Le texte de Dehmel parle justement de la « chaleur qui flamboie » d’un amant vers l’autre, qui donc les fait se toucher l’un l’autre, sans pour autant se fondre l’un dans l’autre.

  • 56  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 92.

23Cette chaleur, dit la voix de l’homme dans le poème, va transfigurer l’enfant. Mais par elle, c’est aussi cet homme-même qui est transfiguré ; il reçoit lui-même l’éclairement : l’annonce de l’enfant, dit le poème, apporte en lui « l’éclat de lumière » (Du hast den Glanz in mich gebracht), éclat de lumière qui le « fait lui-même enfant » (Du hast mich selbst zum Kind gemacht). Le poème de Dehmel est ainsi la stricte inversion du scénario de Duras : dans celui-ci, l’homme fait don de la mort à la femme – Blanchot dit : « c’est l’inavouable […] il lui a donné cette mort qu’elle attendait »56 – ; dans le poème, c’est la vie que, par son aveu, par l’inavouable maintenant avoué, la femme donne non seulement à l’enfant, mais aussi à l’homme.

  • 57  Ibid.

24Pour l’homme, ainsi que le laisse entendre sa voix, recevoir ce don est ce qui fait toute sa joie. En effet, il n’est pas dit qu’il se réjouit de devenir père par adoption consentie ; ce dont il se réjouit, c’est d’être fait enfant. Autrement dit : de naître à nouveau, d’être appelé à une nouvelle naissance, c’est-à-dire – selon une formule que j’emprunte à Nancy – de « naître à la communauté »57. Ce qui signifie aussi bien naître au monde, pour autant qu’il n’y a de monde que par le partage de ceux qui le composent. L’homme du poème exhorte ainsi la femme à reconnaître que l’éclairement reçu d’elle les fait naître au monde : « Sieh wie klar das Weltall schimmert » (ce qu’on peut aussi traduire par : « Vois comme tout l’espace de l’univers resplendit clairement ») ; « Es ist ein Glanz um alles her » (« Il y a de toute part un éclat de lumière »). Ainsi l’homme peut-il entendre dans le don reçu de la femme un salut de bienvenue au monde. Tout le contraire de l’adieu quasi wagnérien – « Grüss mir die Welt » – qu’on imagine la femme du scénario durassien adresser, au moment de disparaître, à son amant défait. « Oubli du monde », disait Blanchot.

  • 58  Idem, p. 88-89.
  • 59  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 150.
  • 60  Idem, p. 163.
  • 61  Idem, p. 159.

25Le don ainsi reçu est la communauté. Nancy ne dit pas autre chose : « La communauté nous est donnée […] : c’est un don à renouveler […], ce n’est pas une œuvre à faire. Mais c’est une tâche »58. Le renouvellement du don de la communauté ne répond donc à aucun programme, ni à aucune décision. Mais il advient, simplement, en chaque occasion d’actualisation du partage. Car le partage (et donc le rapport) est toujours-déjà là, en quelque sorte en puissance, en attente de son actualisation. Nancy y insiste à plusieurs reprises : il y a une « antécédence » ontologique du rapport qui « précède tout isolement »59 ; et, plus loin, il précise : « l’antécédence (transcendantale, existentiale) du rapport sur toute isolation (individuation, subjectivation) »60. Sans cette antécédence ou antériorité, il n’y aurait pas d’individus ; pour cela – précise Nancy en référence à l’antique schème épicurien –, il faut « l’impulsion oblique du clinamen »61 qui fait se rencontrer ceux qui, sans cela, tomberaient tels des atomes isolés dans le vide infini.

26Dans le poème de Dehmel, où les « deux êtres » (die zwei Menschen) marchent côte à côte, le clinamen est le double mouvement de la femme vers l’homme auquel elle adresse son aveu et le mouvement de l’homme vers la femme dont il accueille sans condition l’enfant. En ce sens, le clinamen est un autre nom du partage. Faut-il le rappeler, contre un certain usage qui en est fait parfois aujourd’hui, le partage, tel que l’entend Nancy, n’est pas une variante de la solidarité, encore moins de la charité ; il n’est pas une vertu chrétienne, et pas même une vertu tout court. Il est seulement le nom de ce qui rend possible qu’advienne la communauté sans communion, c’est-à-dire ce que, de la communauté, il nous est donné d’approcher.

  • 62  Cf. Idem, p. 134 sqq.

27Certes, il ne serait pas inopportun de remarquer, dans le poème de Dehmel, quelque affinité avec les motifs évangéliques de l’Annonciation et de la Nativité, – sans parler de ce que le terme même de « transfiguration » porte avec lui de charge biblique – ; de même Nancy, de son côté, avait souligné, dans le récit de Duras et dans le commentaire de Blanchot, une étrange parenté avec le thème chrétien de l’eucharistie. Et c’est pourquoi il parlait de mythe à propos de ce récit et de ce commentaire62.

  • 63  Idem, p. 135.
  • 64  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.
  • 65  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 36.
  • 66  Cf. G. Bizet, Carmen, scène 5 du premier acte.
  • 67  Idem, p. 166.

28En revanche, si littéraire que soit son statut, je ne crois pas que le poème de Dehmel puisse être registré dans la catégorie du mythe. Contrairement au scénario durassien qui, malgré qu’il en ait, relève encore du mythe – fût-ce, comme le note Nancy, le « “mythe de l’absence de mythe” »63 –, en ce qu’il entend former une certaine figure de la communauté des amants, plus précisément la figure d’un amour s’accomplissant dans son impossibilité (je rappelle le commentaire par Blanchot de la fin du texte de Duras : irrémédiablement disparue, la femme ne laisse à l’homme que « le souvenir d’un amour perdu, avant que celui-ci ait pu advenir »64) — contrairement, donc, au scénario durassien, le poème de Dehmel n’est pas un mythe, il ne fait pas mythe. Impossible de le tenir pour (je reprends ici la formule déjà citée de Nancy) « une des figures mythico-littéraires de [la] logique de la communion dans l’immanence »65. Si l’on a parlé plus haut de schème plutôt que de figure, c’est justement parce que le poème ne façonne pas une figure mythique de la communauté des amants ; mais il trace seulement l’esquisse d’un amour qui n’est redevable d’aucune loi, pas même – j’allais dire : surtout pas – du commandement chrétien de l’amour du prochain. Pour autant, on ne saurait confondre cet amour avec l’amour passionnel (même si celui-ci, comme le rappelle la Habanera de Bizet, « n’a [effectivement] jamais connu de loi »66). Car cet amour n’est pas un emportement du sentiment, encore moins une exaltation, mais simplement une ouverture à l’être-en-commun – littéralement : une extase –, c’est-à-dire un mouvement de soi hors de soi, un mouvement qui, comme le dit Nancy, « en nous retirant de l’autre devant l’autre, nous expose à lui »67.

  • 68  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 58.

29Cet amour n’obéit à aucune loi, car il est lui-même la loi ; c’est bien ce que disait Nancy dans l’extrait que je citais en commençant : « [S]i la loi jamais ne peut faire cœur, le cœur en revanche peut faire loi au-delà de toute loi »68. Loi du cœur qui donc ne saurait être confondue avec le commandement chrétien ; par là tombe le paradoxe que je remarquais initialement.

  • 69  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 55.

30Reste une dernière question. C’est – pour reprendre la formule initiale de Jean-Christophe Bailly – la question du « nombre », mais appliquée maintenant à la figure dehmelienne des amants, telle que je viens d’en montrer le rapport paradoxal aux amants durassiens. C’est la question de savoir si la communauté des amants peut être tenue pour la vérité de la communauté plus large dans laquelle, d’une manière ou d’une autre, elle s’inscrit, ou s’il faut – comme le dit Nancy contre Bataille, mais aussi contre Blanchot – la considérer comme une « extase privée, isolée »69.

  • 70  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 78.
  • 71  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 93.

31Certes, s’agissant du poème de Dehmel on peut aussi parler d’« absentement […] de la politique »70 comme le dit Nancy à propos du texte de Duras et de son commentaire par Blanchot. Pour autant, Nancy ne manque pas de remarquer qu’à la toute fin de ce commentaire, Blanchot en vient à parler d’« un sens politique astreignant »71. Je ne peux ici m’arrêter sur le sort critique que Nancy réserve à cette formule. Pour ce qui m’intéresse, cela n’a pas grande importance, si ce n’est, peut-être, de répondre à la question de savoir pourquoi Nancy s’est lui-même focalisé sur le cas singulier des amants durassiens. C’est que, au-delà du cas « Blanchot » (si j’ose dire), il y a Bataille qui avait, le premier, parlé du « monde vrai des amants ». Or, pour défaire cette thèse de Bataille, il était nécessaire d’affronter Blanchot et donc de s’en prendre à la figure hyperbolique – c’est-à-dire précisément la figure des amants durassiens – par laquelle et dans laquelle celui-ci avait hypostasié ce monde des amants.

32Pour ma part, je crois possible de lire sans suspicion la conclusion du livre de Blanchot : il y pose la question de savoir si, face à l’inavouable – c’est-à-dire l’impossibilité dont est toujours-déjà grevée la communauté –, plutôt que de se taire, « mieux vaudrait la vivre dans ce qui la rend contemporaine d’un passé qui n’a jamais pu être vécu ». Et il ajoute :

  • 72  Idem, p. 93.

Ainsi trouvera-t-on que [cette question] a aussi un sens politique astreignant et qu’elle ne nous permet pas de nous désintéresser du temps présent, lequel, en ouvrant des espaces de liberté inconnus, nous rend responsables de rapports nouveaux […] entre ce que nous appelons œuvre et ce que nous appelons désœuvrement.72

  • 73  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 96.

Peut-être était-ce justement le vertige de cette responsabilité que Blanchot et Duras ont éprouvé dans leur marche commune au milieu des manifestants de Mai 68. S’en sont-ils pour autant sentis désolidarisés ? On peut difficilement l’affirmer ; de même qu’on ne saurait soutenir qu’ils n’étaient alors que deux (qu’eux deux), ce « “deux” » dont Nancy accuse Blanchot d’en faire « la vérité du “nombre” »73.

  • 74  L. Giard, « Préface » à La Prise de la parole et autres écrits politiques de Michel de Certeau, p. (...)

33On ne saurait pas davantage le dire à propos des amants de Dehmel dont la transfiguration présage, par-delà la nuit de l’inavouable, une nouvelle naissance au monde, cette transfiguration qui – pour reprendre la belle formule sur laquelle s’ouvre le livre de Michel de Certeau consacré, justement, à Mai 68 – est cela « par quoi demain déjà se donne à naître »74.

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Bibliographie

Bizet Georges, Carmen. Opéra comique, Paris, 1875.

Blanchot Maurice, La Communauté inavouable, Paris, Les Éditions de Minuit, 1983.

Dehmel Richard, « Verklärte Nacht », in : Zwei Menschen. Roman in Romanzen, Berlin, Schuster & Loeffler, 1902.

Derrida Jacques, D’un ton apocalyptique adopté naguère en philosophie, Galilée, Paris, 1983.

Duras Marguerite, La Maladie de la mort, Paris, Les Éditions de Minuit, 1982.

Foucault Michel, Histoire de la sexualité, IV, Paris, Gallimard, 2018.

Freud Sigmund, Malaise dans la civilisation, Paris, PUF, 1971.

Giard Luce, « Préface », in : De Certeau Michel, La Prise de la parole et autres écrits politiques, Paris, Le Seuil, 1994, p. 7-26.

Lacan Jacques, Le Séminaire, Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986.

Nancy Jean-Luc, La Communauté désœuvrée, Paris, Ch. Bourgois, 1986.

Nancy Jean-Luc, La Communauté désavouée, Paris, Galilée, 2014.

Nancy Jean-Luc, Cruor, Paris, Galilée, 2021.

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Notes

1  Cf. J.-L. Nancy, Cruor, p. 73, 85.

2  Cf. S. Freud, Malaise dans la civilisation, p. 61-62.

3  Cf. J. Lacan, Le Séminaire, Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, p. 229.

4  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 47.

5  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 140.

6  Ibid.

7  Idem, p. 58.

8  Idem, p. 53.

9  Ibid.

10  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 54.

11  Idem, p. 42.

12  Idem, p. 33.

13  Idem, p. 35.

14  Idem, p. 33.

15  Idem, p. 98.

16  Ibid.

17  Idem, p. 89.

18  Cf. Idem, p. 55.

19  Cit. M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 58.

20  Idem, p. 17.

21  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 24.

22  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 83.

23  Idem, p. 82.

24  Idem, p. 58.

25  Idem, p. 83.

26  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 61.

27  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.

28  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 36.

29  Cf. M. Duras, La Maladie de la mort, p. 57 ; repris par Blanchot. M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.

30  Idem, p. 88.

31  Idem, p. 92.

32  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 123.

33  Cf. Idem, p. 42 : « Il importe à Blanchot d’affirmer une ultra-politique, et cela peut-être implique une politique ultra ».

34  Cf. M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.

35  Cf. Ibid.

36  Cf. Idem, p. 70.

37  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 128.

38  Extrait du recueil La Femme et le Monde (Weib und Welt) ; republié sous le titre Zwei Menschen. Roman in Romanzen. Cf. R. Dehmel, Zwei Menschen. Roman in Romanzen, p. 10-11.

39  Traduction par B. Baas et Ph. Rohrbach.

40  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 83.

41  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 61.

42  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 196.

43  Idem, p. 73.

44  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 26. Cf. J. Derrida, D’un ton apocalyptique adopté naguère en philosophie.

45  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 26.

46  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 166.

47  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 80.

48  Cf. Idem, p. 88.

49  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 105.

50  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 70.

51  Ibid.

52  Idem, p. 83.

53  M. Foucault, Histoire de la sexualité, p. 93.

54  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 84.

55  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 166.

56  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 92.

57  Ibid.

58  Idem, p. 88-89.

59  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 150.

60  Idem, p. 163.

61  Idem, p. 159.

62  Cf. Idem, p. 134 sqq.

63  Idem, p. 135.

64  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 91.

65  J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 36.

66  Cf. G. Bizet, Carmen, scène 5 du premier acte.

67  Idem, p. 166.

68  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 58.

69  Cf. J.-L. Nancy, La Communauté désœuvrée, p. 55.

70  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 78.

71  M. Blanchot, La Communauté inavouable, p. 93.

72  Idem, p. 93.

73  J.-L. Nancy, La Communauté désavouée, p. 96.

74  L. Giard, « Préface » à La Prise de la parole et autres écrits politiques de Michel de Certeau, p. 9.

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Pour citer cet article

Référence papier

Bernard Baas, « La nuit transfigurée »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 55 | 2024, 71-84.

Référence électronique

Bernard Baas, « La nuit transfigurée »Les Cahiers philosophiques de Strasbourg [En ligne], 55 | 2024, mis en ligne le 30 mai 2024, consulté le 18 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cps/7640 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/11s7l

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Auteur

Bernard Baas

Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-SA 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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