Bibliographie
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Notes
Jacques Derrida, L’Animal que donc je suis, p. 212.
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, « Manger de la viande, manger des gens », p. 109-132.
Sur ce changement de perspective, voir par exemple le commentaire de Jacques Derrida dans L’Animal que donc je suis : « C’est en pensant à la source et aux fins de cette compassion que quelqu’un comme Bentham, c’est bien connu, a proposé il y a deux siècles de changer la forme même de la question de l’animal, telle qu’elle domine aussi le discours de la tradition, aussi bien dans son argumentaire philosophique le plus raffiné que dans le langage courant du sens commun. […] La question préalable et décisive serait de savoir si les animaux peuvent souffrir. Can they suffer ? » (p. 48). Il est à noter que Cora Diamond pense que le doute devant cette question est « hors sujet » : cf. Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 111.
Sur ce point je renvoie à : Peter Singer, « Libération animale ou droit des animaux ? » ; et Tom Regan, « Pour les droits des animaux », in : Hicham-Stéphane Afeissa, Jean-Baptiste Jeangene Vilmer (dir.), Philosophie animale : différence, responsabilité et communauté.
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 110 : « En fait Singer et Regan soutiennent tous les deux que si nous retenons, aux fins de justification pour un traitement différentiel, des choses comme l’incapacité des animaux à user de la parole, nous devrions traiter comme des animaux les membres de notre propre espèce qui (disons) souffrent d’une déficience cérébrale propre à empêcher le développement de la parole – devrions permettre leur utilisation comme animaux de laboratoire ou comme nourriture ou comme ce qu’on voudra ».
Ibid, p. 112.
Ibid, p. 117.
Il y a dans les débats métaéthiques des auteurs qui mettent au contraire l’accent sur ces différences, des différences qui deviennent décisives lorsqu’il s’agit de définir quels sont nos devoirs dans des situations morales particulières. Je pense en particulier à certains textes de William David Ross dirigés contre le caractère toujours trop abstrait de l’utilitarisme : cf. William David Ross, The Right and The Good, p. 22.
Lettre à Henry Morus, 5 février 1649, René Descartes, Correspondance, 2, OC VIII, Gallimart, TEL, 2013, p. 648.
On pourrait bien sûr continuer cette liste : “nuisible”, “bétail”, “viande”.
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 128.
Ibid, p. 125. L’idée qu’un concept puisse avoir une texture ouverte ou une extension variable est liée à la conception du langage que se fait Cora Diamond et qui est d’inspiration wittgensteinienne (plus exactement héritée de Stanley Cavell). Il est clair que le concept de projection mis en avant dans la seconde partie de cet article (en rapport avec l’idée d’imagination sympathique ou d’imagination morale) est lié aussi à cette conception du langage, à ce que signifie projeter un mot ou un concept dans de nouveaux contextes.
On n’est pas forcé non plus d’étendre ce concept du « nous » dans toutes les directions. Le concept limité « d’être humain » aura sa pertinence dans la plupart des contextes. Pour ne donner que deux exemples empruntés à Diamond : il sera pertinent pour décider avec quel genre d’adulte nous pouvons passer un contrat ou avec quel genre d’adulte nous pouvons avoir une sexualité accomplie.
Sur cette question des frontières, je renvoie à ce que Jacques Derrida dit de la limitrophie dans L’Animal que donc je suis : « La limitrophie, voilà donc le sujet. Non seulement parce qu’il s’agira de ce qui pousse et croît à la limite, mais de ce qui nourrit la limite, la génère, l’élève et la complique. Tout ce que je dirai ne consistera surtout pas à effacer la limite, mais à multiplier ses figures, à compliquer, épaissir, délinéariser, plier, diviser la ligne justement en la faisant croître et multiplier » (p. 51). Pour une éthique de la différence avec l’animal, je renvoie également au chapitre sept de l’essai d’E. Bimbenet, Le Complexe des trois singes. Essai sur sur l’animalité humaine (p. 285-333).
Voir par exemple la manière dont Baptiste Morizot annexe certaines pratiques de l’éthologie contemporaine à son approche diplomatique dans Les Diplomates. La mise en évidence du commun de la vie chez les mammifères donne lieu à des pages très inspirantes : « Nous partageons en biomorphie, à différentes échelles, avec le monde mammifère (et animal dans une certaine mesure) les grandes étapes initiatiques de l’existence. Naître, être caregiver, jouer et apprendre, la joie de chercher ce qui est bon pour nous, la peur de ce qui est mauvais, l’affection pour les proches, l’aversion pour d’autres, l’indifférence tranquille, la vibrance du désir, quelque chose comme la rencontre amoureuse, se tailler une vie, une niche, un milieu, être parent, s’insérer dans un collectif ou partir, former nos relations politiques avec les autres, faire le deuil des proches, puis décliner, avoir plus de passé que d’avenir, voir les jeunes monter, trouver comment interagir avec eux, mourir » (Baptiste Morizot, Les Diplomates, p. 59).
Sur ce point voir aussi l’article de Gary Francione, « Prendre la sensibilité au sérieux », in : Philosophie animale, p. 196 : « Nombreux sont ceux qui parmi nous considèrent comme des membres de la famille les êtres non-humains avec lesquels ils vivent. Et pourtant, nous retournons notre steak dans la poêle pour finir la cuisson, puis plantons gaillardement notre fourchette dans la chair d’autres êtres non-humains, alors même qu’ils ne se distinguent de façon significative sous aucun rapport des animaux que nous aimons ». Je renvoie également au travail de Susan Isaacs, Intellectual Growth in Young Children (p. 160-162), que commente Cora Diamond dans L’Importance d’être humain et dans l’essai « L’expérimentation sur les animaux » (in : L’Esprit réaliste, p. 471).
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 127.
Jean-Christophe Bailly s’est intéressé tout particulièrement aux verbes animaux dans un texte intitulé « Les animaux sont des maîtres silencieux », repris depuis dans Le Parti pris des animaux : « Étrangement, à cet univers pour nous fermé et sans noms, les verbes, sous leur forme infinitive semblent pouvoir introduire un peu mieux : génériques, c’est comme s’ils se situaient dans une sorte de plein-emploi du sens, antérieur à la dénomination proprement dite : là où les substantifs ou les adjectifs se démarquent comme des points, les infinitifs adviennent comme des lignes, ou font advenir des lignes, et ces lignes, non seulement on peut dire que les animaux les écrivent, mais aussi qu’on peut les suivre » (Jean-Christophe Bailly, Le Parti pris des animaux, p. 86).
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 124 : « L’attitude à l’égard des animaux comme compagnons mortels dans la vie sur cette terre […] dépend d’une conception de la vie humaine. C’est l’extension d’une notion non biologique de la vie humaine ». Bien sûr, si un homme ne se rend pas capable de cette extension (parce qu’il a une « imagination morale limitée ») et si le concept de « créature semblable » ne lui dit rien, le discours de Cora Diamond sera de peu de portée. Ce qu’elle reconnaît elle-même très bien. Pas plus que l’appel à l’imagination morale, les arguments philosophiques ne parviennent d’ailleurs à convaincre tout le monde. À ce sujet, voir son texte « Rien que des arguments ? », in : L’Esprit réaliste, p. 391-415, ainsi que l’introduction au texte de Stephen Mulhall, The Wounded Animal, J.M. Coetzee and the Difficulty of Reality in Litterature & Philosophy.
Sur Kant et la cruauté de sa morale, voir le commentaire que Jacques Derrida fait du texte d’Adorno, Beethoven. Philosophie de la musique, dans L’Animal que donc je suis, p. 139.
Je pense à la richesse de l’imbrication entre l’homme et l’animal dans les tableaux animaliers du peintre hollandais, que convoque Cora Diamond dans son texte « Perdre ses concepts » (L’Importance d’être humain, p. 169).
Le roman de Coetzee est une suite donnée aux Tanner Lectures à l’Université de Princeton en 1997 et paru en 1999 sous le titre The Lives of Animals. Pour une mise en perspective de ce texte, ainsi que de ceux qu’il a suscités, voir l’essai de Stephen Mulhall, The Wounded Animal, en particulier chap. 5 : « Food for Thought », p. 69-94.
Sur le rôle et la place de l’argumentation en philosophie morale, je renvoie au texte que Cora Diamond a consacré à ce sujet : « Rien que des arguments ? », in : L’Esprit réaliste, p. 391-415.
Cora Diamond appelle « esquive » ce que Derrida appelait pour sa part « méconnaissance » et « dénégation » : Jacques Derrida, L’Animal que donc je suis, p. 46. Cf. aussi Florence Burgat, « La disparition », in : La Question animale, p. 135-145.
Il est significatif en effet que les discussions philosophiques suscitées par le texte de Coetzee miment celles qui sont intégrées et répudiées par le roman. Sur ce point, voir les textes de philosophes recueillis dans The Lives of Animals, dont les réflexions (reflections) sont autant de déviations (deflections).
Voir le commentaire qu’en fait Ian Hacking dans le recueil de texte Philosophy and Animal life : « Diamond croit que philosopher sur les animaux détourne (deflects) la réalité d’une manière qu’elle juge pernicieuse » (p. 162, je traduis).
Baptiste Morizot, Les Diplomates. Sur les rapports entre l’éthique et le non-sens de l’autre, je renvoie à l’éclairante présentation du texte de Cora Diamond par E. Halais et S. Laugier dans L’Importance d’être humain, ainsi qu’à l’article « Wittgenstein » du Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale (sous la direction de Monique Canto-Sperber) rédigé par Cora Diamond.
Il est intéressant que dans la littérature et la théorie contemporaines, l’identification au singe Peter le Rouge indique souvent, de la part de celui ou celle qui reprend ce rôle, qu’il y a une difficulté de la réalité rendue manifeste, par-delà la dénégation de l’autre. Je pense en particulier au texte de Paul B. Preciado, Je suis un monstre qui vous parle, et à l’usage qu’il fait de la figure du singe parlant devant une société savante qui l’esquive, lui, ainsi que la difficulté de la réalité dont il est venu témoigner. Il va sans dire qu’il y a d’autres réalités que notre rapport à l’animal qui sont susceptibles de nous faire perdre nos concepts.
La question est alors la suivante : comment est-il possible pour nous d’accéder à son point de vue ? Qu’est-ce que cela engage de notre part ?
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 170.
J’emprunte cette expression de « concepts perdus » à l’article de Cora Diamond « Perdre ses concepts » reproduit dans L’Importance d’être humain. Un exemple de concept perdu est ce « monde conceptuel différent » dont témoignent les peintures de Paulus Potter dans lesquelles ne fait pas « difficulté » la proximité de l’homme avec l’animal ou du moins dans lesquelles cette « difficulté » n’est pas « esquivée » mais « exprimée » par l’idée de « maîtrise » et d’autres concepts centraux du christianisme, voir p. 169. Mais si le monde conceptuel dans lequel de telles représentations prennent sens s’est éloigné, il peut néanmoins servir de « modèle » pour penser à nouveau frais notre relation à l’animal.
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 124.
Au demeurant, on ne songe pas assez au fait que l’anthropomorphisme, tel qu’il est parfois assumé par certains philosophes (au moins comme voie d’accès à l’animal, comme échelle qu’il faudrait ensuite rejeter) reste bien souvent centré sur l’homme ; en particulier lorsqu’il est pensé comme l’une de ses prérogatives. Je pense à ce que dit Heidegger au § 50 des Concepts fondamentaux de la métaphysique : « Être transposé en d’autres fait partie de l’essence du Dasein humain » (p. 309). Comme si la question ne pouvait être posée de la projection inverse, du regard que l’animal porte sur nous et des biais que ce regard peut aussi contenir – quand cette capacité ne leur est pas, d’emblée, déniée. Le passage de l’animal visible à l’animal voyant (voyant non seulement son milieu, mais l’homme même sur lequel bien des projections sont également possibles) est au cœur de la déconstruction de la question philosophique de l’animal dans le texte de Derrida.
J’utilise ici le terme de « stupéfaction » qui apparaît dans le texte de Cora Diamond, en rapport avec cette difficulté de la réalité. Cette stupeur, bien sûr, n’a rien à voir avec celle dans laquelle Heidegger croit pouvoir déterminer une essence de l’animal – cette stupeur qui est l’hébétude de l’abeille prise par la pulsion de butiner et qui signifie aussi la soustraction de toute forme de perception. La stupeur dont parle Cora Diamond est plutôt liée au vertige qui nous prend devant une réalité qui échappe aux concepts. Elle ne dit pas l’absence, l’inutilité ou l’impossibilité de la pensée – elle est en rapport avec une difficulté, ce qui est bien sûr tout autre chose.
Cette naturalité ne signifie pas que la projection anthropomorphique puisse se faire sans une observation patiente. Le modèle de cette observation patiente, qui va à l’encontre d’un anthropomorphisme spontané et trompeur, nous est offert par l’enquête éthologique réalisée par Thelma Rowell sur les moutons et sur leurs imperceptibles mouvements de museaux. Je renvoie ici aux analyses de Baptiste Morizot dans Les Diplomates, p. 164, qui en fait le modèle d’un anthropomorphisme méthodologique ; et à l’article de Vinciane Despret, « Sheep Do Have Opinions », in : Bruno Latour, Peter Weibel (ed.), Making Things Public. Atmospheres of Democracy, p. 360-370.
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 170.
Mary Midgley, « La communauté mixte », in : Philosophie animale, p. 284.
Je distingue ici « l’élevage » des « productions animales » et de la zootechnie (dans ce qu’elle a justement de désanimalisant). Je renvoie aux travaux de Jocelyne Porcher, par exemple Être bête (coécrit avec Vinciane Despret). Porcher montre que les éleveurs s’appuient sur des dispositions affectives sympathiques avec leurs animaux et des représentations de l’animal très proches de celle de l’être humain, en tant que vivants et habitants d’un corps.
En revanche, il n’est pas sûr que la manière dont on élève aujourd’hui les animaux conserve encore quelque chose de cette capacité de transposition, cet effort et cette réussite dans l’acte de se mettre « à la place de ». Il va de soi aussi que ce qui se passe dans les fermes industrielles et les abattoirs ne correspond pas au concept de communauté mixte.
Je renvoie ici à l’article célèbre de Thomas Nagel, « Quel effet cela fait d’être une chauve-souris ? », comme une illustration de cette attitude, intéressante dans la mesure où elle ne dénie pas à l’animal une subjectivité (tout au contraire). Il est symptomatique cependant que Nagel crée lui-même les conditions (philosophiques) à partir desquelles il n’est plus possible de répondre à la question qu’il pose. Ces conditions sont celles du mind-body problem. Mais alors, si l’animal n’est qu’un détour argumentatif, il s’agit bien encore d’une façon d’esquiver le problème.
Dans son essai consacré à la diplomatie lupine, Baptiste Morizot propose par exemple de distinguer entre deux versions de l’anthropomorphisme : l’une fautive, causée par le besoin de combler le vide et de remplir le silence (car l’animal restera, en un sens, toujours silencieux) ; l’autre heuristique et inventive, dont fait montre par exemple le travail de Rick McIntyre pour le Yellowstone Wolf Project et dont on aurait bien tort de se passer : cf. Baptiste Morizot, Les Diplomates, p. 162-163. Par ailleurs, il n’est pas interdit de procéder à l’inverse en apportant un éclaircissement sur nos relations affectives et sociales à partir de concepts empruntés à l’éthologie. Le concept de « dispersant » pourrait s’avérer très utile pour comprendre certains phénomènes économiques ou sociaux. Ainsi aussi de certains verbes comme « essaimer ».
Certains contradicteurs, fictifs ou réels, d’Elizabeth Costello ont contesté son droit à parler de la Shoah – au motif que ce qui se passe dans les abattoirs ne pouvait pas réellement être comparé à ce qui s’est passé dans les camps de la mort – sans faire offense à la mémoire des juifs et déportés et sans faire un mésusage du concept de « ressemblance ». Dans le roman de Coetzee, c’est la lettre envoyée par le poète Abraham Stern qui joue ce rôle. La suggestion de Cora Diamond est là encore éclairante. En vue de rendre visible une difficulté de la réalité, de l’exposer, affirme-t-elle, il arrive que l’on soit conduit à « faire le point » et diminuer la netteté de l’arrière-plan et ce faisant à passer à côté d’une autre difficulté – le genre précisément de difficultés que ne peuvent pas voir (pour d’autres raisons) les philosophes raisonnant abstraitement sur les intérêts et les droits des animaux. Cette nécessité de faire le point pour rejeter certaines difficultés à l’arrière-plan est un mécanisme qui épouse en fait une logique photographique. En revanche, cela ne prouve pas que s’intéresser à l’animal implique un désintéressement pour d’autres questions morales. Naviguer de la souffrance animale à la souffrance humaine ne revient pas à diminuer l’une ou l’autre souffrance.
Je pense là encore au fameux article de Thomas Nagel, qui, sans traiter exactement du problème de l’anthropomorphisme ou de la question animale, a contribué à en fixer les termes dans le débat philosophique contemporain. D’où le fait que son nom soit mentionné par le personnage d’Elizabeth Costello comme symptôme d’une variété du scepticisme philosophique.
Pour une mise en perspective intéressante de ces questions dans le champ de la philosophie morale contemporaine, je renvoie à : Solange Chavel, Se mettre à la place d’autrui.
Il faut remarquer que l’éthologie ne partage pas le scepticisme des philosophes. Toute l’œuvre d’Uexküll peut ainsi être interprétée comme une tentative d’exploration des milieux animaux, une tentative de se donner leur point de vue (dans ce qu’il peut avoir de spécifique précisément, selon qu’on s’intéresse au milieu de l’étoile de mer ou du choucas). Certes, apparaît ici et là dans les textes d’Uexküll une problématique de l’inconnaissable. Mais il convient de distinguer l’inconnaissable de l’inimaginable. Le rôle dévolu aux images dans le texte d’Uexküll démontre qu’il prend cela très au sérieux. De façon générale, il faut prendre garde à ce qu’une rhétorique du mystère et de l’impensable ne prenne le pas sur les façons très ordinaires que nous avons de nous représenter ce que vit le corps de l’autre (et pas seulement sa souffrance).
Ce n’est pas un hasard si cette expression utilisée par Cora Diamond est elle-même empruntée à l’écrivain américain John Updike.
Il s’agit du texte « Difficulté de la réalité, difficulté de la philosophie » intégré au recueil L’Importance d’être humain, mais qui était au départ la contribution de Cora Diamond à une série de conférences consacrée au texte de Coetzee.
C’est un point qui a été mis en avant par Cary Wolfe dans son introduction à Philosophy and Animal Life ainsi que dans l’article « Flesh and Finitude: Thinking Animals in (Post)Humanist Philosophy ».
Et ce qui se produit alors est également une désintégration de notre tradition philosophique ; désintégration manifestée dans ce zoo d’idées du discours prononcé par Elizabeth Costello. Sur ce point, cf. Lucie Campos, « Poétiques philosophiques de l’animal, W. G. Sebald et J. M. Coetzee », in : La Question animale, p. 259-273.
Que certaines difficultés de la réalité résistent à la pensée ne signifie pas que nous ne puissions pas les comprendre à partir de l’imagination. J’ai montré précédemment que notre capacité de nous projeter imaginativement dans les animaux était le plus souvent intacte.
Cette idée de responsabilité est empruntée à la philosophie de Cavell et à l’idée que face à des critères qui peuvent s’avérer décevants ou que l’on peut tout à coup suspendre, c’est à nous que revient la responsabilité de l’usage que l’on fait des mots et des concepts : par exemple des mots et des concepts « avoir un corps, avoir une vie, souffrir, etc. ». Sur ce point je renvoie à la première partie des Voix de la raison. Comme l’affirme Stanley Cavell « moi seul pourtant puis atteindre à cet intimité, en l’acceptant d’abord pour hôte de mes concepts de l’âme humaine », in : Stanley Cavell Les Voix de la raison, « Wittgenstein et le concept de connaissance humaine », p. 141.
Cora Diamond, L’Importance d’être humain, p. 301.
Voilà quelques aperçus de la façon dont Cora Diamond conçoit le rôle de la philosophie, en tout cas de l’activité de pensée. Voir en particulier L’Esprit réaliste, p. 409-410.
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