Édito
Texte intégral
1Cette nouvelle livraison de Coulisses fait cette fois usage de son titre au sens propre pour son dossier critique en allant explorer le hors-scène, les praticables et les vastes hors champs propres aux textes de théâtre et à leurs mises en scène. Espace technique et dramatique, lieu ouvert ou lieu clos, le hors-scène pose la question des frontières de la scène à travers le décentrement et le dépaysement du regard, focalisé non plus sur la lumière et les planches, mais sur son dehors, son extérieur, son autre ou son envers. Chaque mot compte alors pour dire le hors-scène et pour le mettre en jeu. De façon radicale, l’imaginaire du hors-scène, qui n’est pas celui de la scène, se développe à partir d’une matrice plus obscure et moins connue du spectateur, faite de dégagements – les entrées et les sorties des acteurs –, et prenant ses racines dans les enfers – les dessous de la scène.
2De là se déploie la pluralité même du dispositif : au delà du singulier, le hors-scène, et de sa délimitation problématique, c’est à leur diversité même, à l’aventure des hors-scènes, à leurs imaginaires que les auteurs du dossier s’attacheront. En cheminant vers un essai de définition ouverte et d’analyse sur corpus, ce dossier original a été coordonné par Benoît Barut et Audrey Lemesle et fait suite à la journée d’études sur « L’Envers du théâtre : Enjeux et mises en jeu du hors-scène », organisée à Paris 3 – La Sorbonne Nouvelle, le 13 mai 2010.
3Ouvrant le dossier, Benoît Barut esquisse une première synthèse et en présente les différents champs de force et les multiples acceptions. La lecture se poursuit par des explorations de facture plus monographique, à travers les œuvres de Racine (Lise Forment), Sardou (Aline Marchadier), Maeterlinck (Adelaïde Jacquemart-Truc), Giraudoux (Souad Zaied-Akrout) et Ionesco (Audrey Lemesle).
4Les théâtres d’ailleurs couvriront deux volets, l’exploration de manuscrits inédits et l’analyse critique. Pleins feux sur Haïti du côté du carnet de la création avec la pièce contemporaine d’Évelyne Trouillot, Le Bleu de l’Île. Par une écriture sensible sur la mémoire et l’amour que les hommes portent à leur terre, elle nous entraîne dans un voyage émouvant où des migrants, cachés à bord du pick-up d’un passeur, se translatant de la République d’Haïti vers la République Dominicaine au péril de leurs vies et pour un renouveau, projettent leurs espoirs, leurs peurs et nomment finalement leurs hantises et leurs fantômes, dans un dialogue enchevêtré et douloureux. La Côte d’Ivoire sera à l’honneur du carnet critique, par un article de Bassidiki Kamagaté consacré à l’œuvre de Maurice Bandaman, Au nom de la terre, sur la crise identitaire et le théâtre citoyen, ainsi que leur rapport à l’idéologie.
5Du côté de la scène bisontine, trois contributions éclaireront quelques-uns de ses temps d’actualité : un portrait et un entretien de Patrick Melior, directeur du Théâtre Alcyon à Besançon, réalisé par David Ball, ainsi que les chroniques des spectacles L’Échange de Paul Claudel, dans une mise en scène de Bernard Lévy au Centre Dramatique National, et Tartuffe de Molière, mise en scène d’Éric Lacascade, au Théâtre Musical de Besançon, chroniques respectivement proposées par Pascal Lécroart et par David Ball.
6Last but not least, Coulisses sort de la scène quelques temps, afin de se redéployer à l’horizon du printemps 2013, en une nouvelle formule et sous un nouveau titre Skén&graphie, rassemblant une équipe plus vaste, de chercheurs, de critiques, de professionnels, d’auteurs, d’artistes et de traducteurs, autour du théâtre et de la scène dans la diversité de ses formes, pour donner lieu à des incursions dans de multiples champs artistiques, de la danse à la musique, de l’opéra au cinéma expérimental.
7Nous vous tiendrons informés en temps et en heure de l’avènement de cette nouvelle formule, afin de mener à bien une revue de théâtre placée au croisement d’une triple rencontre : celle de la représentation à travers l’étude, la critique, l’exploration herméneutique du théâtre et de la dramaturgie, celle de la création textuelle, des manuscrits inédits à des pièces translatées du domaine étranger, celle enfin du monde professionnel et artistique de la scène, étendue à tous ses acteurs : auteur, metteur en scène, acteur, directeur, technicien, danseurs, musiciens, mais aussi lecteur et spectateur, tous amateurs de la scène, de ses textes et de ses corps en mouvement.
Pour citer cet article
Référence papier
Julia Peslier et David Ball, « Édito », Coulisses, 44 | 2012, 7-8.
Référence électronique
Julia Peslier et David Ball, « Édito », Coulisses [En ligne], 44 | Printemps 2012, mis en ligne le 30 novembre 2016, consulté le 22 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/coulisses/406 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/coulisses.406
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