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Théâtre universitaire

Le théâtre universitaire de Liège

Cinquantenaire à deux orientations : l’une francophone et l’autre en langue étrangère
Robert Germay et Rédaction
p. 19-21

Texte intégral

1Le TU de Liège a déjà, je crois, une très longue histoire puisque c’est un des plus anciens TU d’Europe…

2– Il est parti d’un cercle « facultaire », avant la seconde guerre mondiale, dans les années trente, quand des étudiants de lettres classiques ont commencé à faire du théâtre de façon régulière. En 1941, ils se sont constitués en cercle "interfacultaire", qui ne réunissait pas seulement les classiques, mais toutes les disciplines enseignées à l’Université. Nous fêterons l’année prochaine notre cinquantième anniversaire et nous sommes en cela, le théâtre universitaire le plus ancien de Belgique. Au niveau européen, il y a au Portugal, à Coïmbra, un théâtre universitaire qui a cinquante deux ans.

3Cinquante ans, c’est beau… Mais il y a eu certainement des moments d’instabilité ?

4– Il n’y a jamais eu de véritable interruption ni de problèmes majeurs puisqu’il n’y a eu que quatre directeurs depuis 1941. Je suis le quatrième. Les quatre directeurs étaient des enseignants de faculté, ce qui explique une continuité qui n’existe pas dans beaucoup d’autres TU animés par des étudiants. Dès qu’ils ont fini leurs études, ils se dispersent, on perd les contacts. Un théâtre universitaire est très fragile, surtout s’il est dirigé par les étudiants.

5Cela doit être dur, parfois, de travailler avec des étudiants, pas toujours disponibles et préoccupés d’abord par les études ?

6– Je crois qu’on fait du théâtre dans toutes les universités, dans le monde entier, parce que c’est un art éminemment social, collectif, qui permet une expression au sein d’un groupe. Par conséquent, c’est un art qui est très proche de l’homme, de l’homme social que nous sommes tous. Je crois qu’il est important qu’il y ait un TU dans chaque université, même si, effectivement, cela paraît difficile. Le problème est le même dans toutes les universités : il faut recommencer tout le temps à zéro. Et recommencer à zéro, cela veut dire refaire les mêmes erreurs (ou parfois avoir un coup de bol ou un coup de génie). C’est tout à fait aléatoire. Mais il y a, heureusement, des « théâtres-champignons », un peu plus stables, comme on en connaît en Pologne, en Allemagne, chez nous à Liège, ou à Coïmbra, enfin des TU un peu établis qui profitent d’un acquis réel : la "durée de vie" des membres qui, souvent, restent plus longtemps parce qu’il y a une structure fixe, et aussi la qualité des directeurs, des metteurs en scène. Si ces derniers sont là depuis longtemps, il est évident qu’on ne recommence jamais à zéro ; même si les troupes sont toujours « fraîches » (chez nous, tous les trois, quatre ans, il y a quatre vingts pour cent de la troupe qui se renouvelle), on va plus vite en besogne car on connait mieux les techniques d’apprentissage, etc.

7Y a-t-il, à Liège, plusieurs orientations ?

8– Oui, c’est encore une particularité du TU de Liège. Il réunit actuellement deux orientations très distinctes : une en langue étrangère (allemand, anglais) et une orientation francophone. Ces deux orientations ont les mêmes structures, la même direction, les mêmes régisseurs, etc., ce qui nous permet un éclatement, tout en gardant une unité assez forte, non seulement dans la méthode de travail, mais aussi dans la distribution des spectacles.

9Le nombre important d’adhérents au TU de Liège vous permet sans doute une grande mobilité et, surtout, de travailler sur plusieurs spectacles à la fois ?

10- Cette saison-ci, nous avons six spectacles différents qui tournent de manière régulière et nous sélectionnons plus ou moins les points de chute en fonction des besoins. Parfois on nous demande tel spectacle et pas un autre, et parfois c’est moi qui propose tel spectacle plutôt qu’un autre. Cela dépend de la mobilité des étudiants, si c’est en période d’examens, etc.

11Vous allez souvent présenter votre travail à l’extérieur ?

12– Oui. Nous faisons assez souvent maintenant des mini-festivals liégeois, à l’extérieur de Liège où nous essayons d’amener le plus de spectacles possible, selon les nécessités et les possibilités, bien sûr, de ceux qui nous accueillent. Nous avons six spectacles qui sont complètement différents, c’est toujours un peu frustrant pour nous d’en amener un seul parce qu’on ne montre qu’une facette de notre travail J’aime bien en amener trois ou quatre. Par exemple, la semaine dernière nous étions en Yougoslavie, il y avait trois spectacles différents ; il y a quinze jours, à Bruxelles, avec quatre spectacles… Mais ce n’est pas toujours possible, on ne peut pas non plus monopoliser.

13Six spectacles… Comment se passe la distribution en début d’année ?

14– Il y a toujours, à la base, un travail de groupe. Chaque début d’année, on fait un atelier de vingt personnes à peu près. Et comme il y a des appétits plus grands chez les uns ou chez les autres, des disponibilités plus grandes, on constitue en fonction de cela des sous-groupes qui jouent plus ou moins, qui partent plus loin, qui sont plus mobiles et qui font un autre type de théâtre, forcément. Le Karl Valentin, par exemple, ne ressemble pas du tout à un spectacle qu’on est en train de monter, où il y a vingt personnes, avec beaucoup de moyens et, par le fait moins mobile.

15Le TU de Franche-Comté a déjà été invité deux fois au Festival de Liège. Parlez-moi un peu de ce festival…

16– Le nombre de participants augmente tous les ans. J’ai beaucoup trop de demandes par rapport à l’argent dont je dispose et aux nombres de jours que je peux assurer. La programmation de l’année prochaine est déjà quasiment pleine, je vais devoir refuser des gens. Nous invitons des troupes capables de tourner, qui ont la disponibilité et le « cran », c’est à dire qui n’amènent pas de la « merde », pas de choses trop débutantes, il faut quand même que ce soit solide et, d’autre part, nous essayons de renouveler : il n’y a jamais eu ni de troupe anglaise ni de troupe bulgare, par exemple, il y en aura l’année prochaine. C’est comme cela que l’on pourra faire un panorama le plus large possible de ce que le TU peut montrer aux gens. C’est donner la possibilité au public de voir, chez lui, le TU d’Alger, par exemple, et l’occasion aux troupes de voir le travail des autres TU. Le public doit redécouvrir un autre théâtre, différent de celui qui existe depuis 1969. Le TU européen est pratiquement mort dans ses aspects de recherche à la fin des années soixante. Les grosses locomotives de l’époque, (Mnouchkine, par exemple), sont devenues professionnelles à cette époque. Tout s’est un petit peu endormi jusque dans ces dernières années où il y a quelque chose qui se joue vers un réseau européen de théâtres universitaires.

Vers un réseau européen de théâtres universitaires

17Quel avenir pour le TU ?

18– En ce qui nous concerne, dans l’avenir proche, Lyon, Roubaix, Paris, Chaumont, la Pologne au mois d’août, la Lituanie en septembre, Casablanca fin septembre, le plus souvent dans le cadre de festivals. Ils sont plus nombreux qu’on ne le croit dans le domaine universitaire. Le TU a beaucoup évolué depuis les années soixante, il reprend. Cette abondance prouve qu’il y a quelque chose qui démarre. À Besançon, par exemple, le TU n’existait pas il y a quatre ans, et aujourd’hui, les rencontres internationales… Comme je connais bien, avec les années, le TU européen, pour ne pas dire mondial, il y a eu toute une « belle époque » en France : Nancy (les parents, voire les grands-parents du TU) dont la plupart des membres sont devenus professionnels et ne sont plus en TU, puis Caen à un moment donné, puis Paris qui avait repris la Direction du FNTU et enfin Reims qui s’est planté pour je ne sais quelle raison. Maintenant, il semblerait que Besançon puisse devenir quelque chose d’intéressant sur le plan du TU européen avec Liège, Cologne, Coïmbra et l’Italie. Il y a là un beau réseau à développer et nous sommes prêts à y contribuer.

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Pour citer cet article

Référence papier

Robert Germay et Rédaction, « Le théâtre universitaire de Liège »Coulisses, 3 | 1991, 19-21.

Référence électronique

Robert Germay et Rédaction, « Le théâtre universitaire de Liège »Coulisses [En ligne], 3 | Hiver 1991, mis en ligne le 04 juillet 2017, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/coulisses/1631 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/coulisses.1631

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Auteurs

Robert Germay

Directeur du Théâtre universitaire de Liège

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