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Les premières rencontres internationales Théâtre et Université de Franche-Comté

Témoignage

Philippe Tancelin
p. 9-11

Texte intégral

1Nous avons participé et assisté à quatre jours de spectacles et débats lors des Rencontres internationales de Besançon qui se tinrent près d’une semaine ; c’est à dire combien il serait présomptueux de prétendre faire un bilan d’autant que ces journées furent plus diversifiées les unes que les autres.

2Nous nous bornerons donc à mentionner ici les éléments qui nous apparurent saisissants, étonnants et même quelquefois bouleversants, contribuant en tout cas à donner à ces Rencontres le visage chaleureux et ouvert d’une véritable recherche d’un « être ensemble » avec tout ce que cela comporte d’humilité et d’exigences.

3Loin du Festival et ses diluantes surenchères spectaculaires, loin du colloque et son asphyxiante distribution de connaissances pointues, loin aussi de la convivialité rasante des propositions conse nsuelles, les journées auxquelles nous avons pu assister ont manifesté un authentique esprit critique où la confrontation ne fut économe d’aucune remise en question pour autant qu’elle fût argumentée et ne renvoyant pas à des querelles esthétiques de chapelle.

4Il y avait là un public exigeant mais accueillant c’est-à-dire non déformé par des référents autoritaires et surtout non soumis à saturation grâce au rythme même proposé par l’organisation des Rencontres.

5Bien sûr il n’est pas question de généraliser mais la grande majorité des groupes, présents étaient dans un « faire du théâtre » et non dans la satisfaction fût-elle honorable d’une commande de produit culturel théâtral, d’où cette humble, fragile mais forte présence de chacun à son « faire » comme l’implique toute démarche de recherche qui respecte l’incertain et l’inachevé qui la travaillent pour la rendre si vivante, communicative des questions qui l’animent.

6Sans rentrer dans le détail qui nécessiterait un plus long développement, notons que les spectacles qui ont été proposés ainsi que les débats qui les suivirent ou les précédèrent ont permis fort heureusement de susciter une réflexion sur le Théâtre dans l’Europe des médias et de la modernité marchande, une Europe demain ouverte mais ouverte à quoi ? Un théâtre « du monde commun des hommes » ou un théâtre de la représentation imposée de son sens ?

7De plus, beaucoup de travaux ont marqué nous semble-t-il une rupture radicale avec l’esprit d’un Théâtre universitaire empêtré dans les mécanismes de la concurrence, de la compétition et le théâtre dit Professionnel.

8Il est apparu clairement que le Théâtre universitaire dont on pouvait craindre jusqu’à ces dernières années qu’il s’enferma dans la marge qui lui avait été assignée depuis les grandes stratégies médiatiques culturelles et de créations onéreuses, est en train de retrouver le dynamisme original de sa position intervallaire entre une pratique d’ouverture tendue vers le projet spectaculaire et une recherche expérimentale si souvent auto-suffisante se coupant grandement du public et ne s’adressant au sien qu’en miroir.

9À Besançon c’est le théâtre de l’intervalle, d’un commun devenir qui a surgi ; il n’y avait pas cette peur de ne pas répondre à une prétendue demande d’un, des, du public, il n’y avait pas non plus l’arrogance d’une créativité de la rupture, il y avait pour le meilleur du théâtre et tous ses publics potentiels, l’insolence d’un rêve d’autres nouements de monde et d’histoire en devenir là, et pour lesquels le théâtre est le temps des questions publiques et d’appels, questions parlées dans la voix et au timbre de la vie dangereuse, maintenant.

10Ce rêve insolent aux yeux de toutes les réponses privatisées est comme toujours menacé mais il a parlé à Besançon, il a coloré le teint des yeux, des corps de tous ces jeunes en scène et hors la scène comme une lente invasion de couleurs ensemble, travaillées du désir de bouleverser leur contenu sans pour autant se confondre de lumière aveuglante. Ici, on n’a pas discuté sur le racisme, les nationalismes, les atomisations, avec du Théâtre, on a fait dans le temps-théâtre. l’apprentissage de ce que ces réalités rapportent du fond des temps, du fond des écritures comme catégories esthétiques dont on se croyait vacciné et dont une pratique authentique de recherche révèle les entrelacs de sens de la vie et du théâtre en leurs courantes représentations. À ce titre comme à d’autres que nous n’avons pas l’espace d’évoquer, Les Rencontres internationales de Besançon ont su questionner la Cité en son théâtre.

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Pour citer cet article

Référence papier

Philippe Tancelin, « Témoignage »Coulisses, 3 | 1991, 9-11.

Référence électronique

Philippe Tancelin, « Témoignage »Coulisses [En ligne], 3 | Hiver 1991, mis en ligne le 04 juillet 2017, consulté le 12 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/coulisses/1622 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/coulisses.1622

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Droits d’auteur

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