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Dossiê Natureza na cidade

Luttes pour l’environnement et droit à la ville dans la capitale du Minas Gerais (Brésil)

As lutas ambientais e o direito à cidade na capital de Minas Gerais (Brasil)
Struggles for the Environment and the Right to the City in the capital of Minas Gerais (Brazil)
Pauline Bosredon, Frédéric Dumont, Valentina Bonafine  et Alexandre Magno Alves Diniz

Résumés

À Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais, comme dans de nombreuses villes brésiliennes, avec la croissance démographique l’environnement “naturel” a été profondément modifié. Parallèlement à cela, au sud de la ville l'activité minière s’est développée dans la Serra do Curral qui renferme l'un des plus grands gisements de fer du Brésil. Classée pour son paysage, la Serra constitue une référence géographique pour toute la zone métropolitaine, un symbole historique, naturel et paysager de Belo Horizonte. Dans cet environnement de carte postale, se sont développés de riches quartiers mais aussi, contrastant avec ce voisinage, une petite favela appelée le « bout du monde » (Acaba Mundo), comptant parmi les quartiers les plus pauvres de Belo Horizonte et tirant une partie de ses ressources de sa proximité avec la nature. Mais ce secteur attire la spéculation immobilière. En réaction à ces attaques des mouvements se structurent et des stratégies s’élaborent autour de l’espace convoité. Dans ce conflit pour l’appropriation de la nature en ville, des alliances de circonstance se sont nouées face aux promoteurs entre les habitants de la favela et les résidents aisés des quartiers alentours, aux intérêts momentanément convergents, les richesses environnementales du secteur incitant les uns et les autres à revendiquer un droit à la ville. Dans cette lutte pour la justice spatiale dans un contexte de catastrophes écologiques récentes qui ont meurtri la région et fortement marqué l’opinion, les projets immobiliers irrespectueux des obligations écologiques et sociales se heurtent à un front citoyen, associatif et informé du droit environnemental.

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Index de mots-clés :

favela, droit à la ville, nature, conflit foncier, mine

Index géographique :

Belo Horizonte
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Texte intégral

1À Belo Horizonte, l’urbanisation dans le secteur de la Serra do Curral se développe à un rythme rapide. Dans la capitale du Minas Gerais comme dans de nombreuses villes brésiliennes, avec la croissance démographique la construction de hautes tours a été la solution retenue pour héberger un nombre croissant d’habitants dans les centres urbains. L’environnement « naturel » a été profondément modifié, beaucoup d’arbres ont été abattus pour faire place aux immeubles et à leurs infrastructures alors que, parfois à proximité immédiate, dans une logique de production, des ressources souterraines ont été exploitées, défigurant le paysage. C’est le cas à Belo Horizonte où l'activité minière s’est développée dans la Serra do Curral, une chaîne montagneuse qui renferme l'un des plus grands gisements de fer du Brésil [De Pieri, 2017].

2Au Sud de la ville, avec des altitudes moyennes de 1300 mètres, la Serra fait la transition entre la Mata Atlantica (la forêt atlantique) et le Cerrado. C’est sur son versant nord que naissent une grande partie des cours d’eau qui irriguent Belo Horizonte. Classée par l'Institut du patrimoine historique et artistique national (IPHAN) en 1960 pour l'ensemble de son paysage, la Serra do Curral enserre la ville, limite son expansion et constitue une référence géographique pour toute la zone métropolitaine, un symbole historique, naturel et paysager de Belo Horizonte. Dans cet environnement de carte postale se sont développés les riches quartiers de Belvedere, de Sion et de Mangabeiras. Contrastant avec ce voisinage, s’accroche aussi la petite favela d’Acaba Mundo, rangée parmi les quartiers les plus pauvres de Belo Horizonte, mais tirant certaines richesses de sa proximité avec l’environnement naturel qui procure à ses habitants une partie de leurs moyens de subsistance.

3Mais dans ce secteur d’Acaba Mundo, « le bout du monde » – c’est la signification du toponyme –, l’attrait d’une vie quotidienne plus au contact de la nature et l’apparente faiblesse des habitants actuels de la favela attisent la convoitise. Dans ce secteur de friches minières et de protections environnementales se livrent ainsi d'âpres batailles foncières. La spéculation immobilière y affronte à la fois, en une alliance de circonstance, de riches habitants qui luttent pour la préservation de leurs privilèges paysagers et une population défavorisée qui défend son droit à la ville à travers la défense de son accès à la nature.

  • 1 Ce travail est issu de recherches menées par une équipe franco-brésilienne de chercheurs de l’Unive (...)

4La première partie de cet article1 sera consacrée aux relations à la nature observables à Belo Horizonte, très différentes selon le groupe d’acteurs, ses intérêts propres et son mode de vie : si la nature représente en effet une ressource écologique essentielle à la vie quotidienne pour les habitants de la favela, la Serra est davantage perçue comme un patrimoine paysager et pratiquée comme un espace récréatif à l’échelle de la métropole. Elle est aussi l’écrin paisible et verdoyant qui forme le cadre de vie des habitants des quartiers riches de Sion, Mangabeiras et Belvedere. Elle est encore une importante ressource économique à exploiter pour les compagnies minières.

5Cette nature est instrumentalisée en fonction de desseins sous-jacents qui voient se conjuguer luttes environnementales et défense du droit à la ville : c’est ce que nous nous attacherons à montrer dans la seconde partie qui présentera les enjeux propres aux habitants de la favela et ceux propres aux habitants du quartier voisin de Belvedere. Pour la favela, nous verrons que la défense de la nature est indissociable de la question foncière. L’articulation du soutien des associations de défense de l’environnement et du soutien de celles qui œuvrent pour la régularisation foncière renforce indubitablement la position des habitants de la favela, pourtant très précaire. La lutte menée par la favela peut ainsi se lire à la lumière du concept de droit à la ville, entre recherche de la sécurité foncière, revendication de l’accès de plein droit aux richesses naturelles offertes aux portes de BH et exigence d’être pleinement associés aux projets (le parc, son plan, sa gestion). Ici la relation unique, privilégiée et quotidienne à la nature des habitants de la favela justifie en partie cette lutte pour leur droit à la ville.

6Pour les riches voisins, la défense de la nature a d’abord les couleurs plus égoïstes de la défense pour eux-mêmes d’un cadre de vie d’exception. Mais face aux compagnies minières et aux promoteurs immobiliers (ce sont en partie les mêmes), pour qui la défense de la nature n’est que la contrepartie de profits mirifiques à venir, une convergence d’intérêts et des alliances de circonstances se créent entre Acaba Mundo et les riches quartiers voisins.

7L’observation de ce combat juridique pour l’espace et pour une certaine vision de la nature en ville nous permet enfin d’analyser, au-delà des liens entre les conflits fonciers et ceux pour l’appropriation de la nature, les stratégies mises en œuvre par les différents groupes d’acteurs (habitants des quartiers riches, habitants de la favela, universitaires solidaires, associations) dans le cadre de leurs mobilisations sociales et environnementales. Dans ce jeu de pouvoir déséquilibré, où certains acteurs en instrumentalisent d’autres, est bien sûr menacée la Serra dont on peut craindre que le grignotage ne se poursuivre. Mais ceux qui risquent de perdre le plus, ce sont les habitants d’Acaba Mundo sur qui, faute de régularisation, plane toujours la menace de l’expulsion.

Relations à la nature à Belo Horizonte : un cadre de vie exceptionnel, une ressource minière et foncière, une richesse écologique et quotidienne

8Acaba Mundo, au cœur de notre étude, est une favela de Belo Horizonte nichée au pied de la Serra do Curral, chaîne montagneuse qui constitue la bordure nord-ouest du quadrilatère ferreux du Minas Gerais et sépare ce vaste secteur minier de la ville de Belo Horizonte. Depuis la fondation de la nouvelle capitale de l’État du Minas Gerais en 1897, la Serra est considérée comme un point de repère essentiel du paysage urbain. C’est pour célébrer cette relation unique avec la Serra que la ville fut baptisée Belo Horizonte, « Bel horizon » [Ferreira, 2003 ; Paranhos, 2012].

Figure 1 : Vue depuis le centre de Belo Horizonte vers la Serra do Curral au sud-est

Figure 1 : Vue depuis le centre de Belo Horizonte vers la Serra do Curral au sud-est

Source : Google Earth 3D (2020)

9Depuis son inauguration, la ville de Belo Horizonte entretient donc une relation forte mais paradoxale avec la Serra do Curral qui s’est révélée receler un important gisement de minerai de fer [Ruchkys et Machado, 2013]. Cette ressource minière, demeurée pratiquement intacte jusqu’au début du 20e siècle2, est rapidement devenue l’objet de convoitises. Il existait aussi une petite extraction de calcaire dans le secteur d’Acaba Mundo, riche en dolomite et en magnésite, qui prit une ampleur beaucoup plus large à partir de 1951. Au début de la décennie 1960, l’exploration de la Serra do Curral fut autorisée pour l’exploitation du fer à l’ouest d’Acaba Mundo. L’extraction de fer y dura jusqu’en 1979, date à laquelle la mine fut fermée. Cette exploitation a fortement transformé la physionomie de la montagne et son point de vue depuis la ville.

  • 3 Conformément à l'article 6 de la loi municipale n° 7.166./96
  • 4 Le COMAM est un organe collégial chargé de formuler les lignes directrices de la politique environn (...)

10Le paysage et la richesse écologique de la Serra sont aujourd’hui théoriquement protégés par les outils urbanistiques de la ville. Un vaste secteur, incluant la zone où se trouve la vila Acaba Mundo, est ainsi classé dans le plan directeur de Belo Horizonte comme Zone de protection ZP1 et partiellement comme Zone de préservation environnementale (ZPAM3). L’occupation du sol n’y est donc autorisée qu’à des conditions strictes et soumise à l’approbation du conseil municipal de l’environnement (COMAM4).

11La vila Acaba Mundo (encadré 1) est située au pied de la Serra, entre les quartiers de Sion, Belvedere, Comiteco et Mangabeiras qui constituent l’un des secteurs les plus riches de la ville (figure 2). La vila couvre une superficie de 35 000 mètres carrés et abrite environ 1 300 habitants. C’est peu par rapport à d'autres favelas de l’agglomération [IBGE, 2010].

  • 5 La zone minière de Lagoa Seca a été nommée ainsi en raison des eaux qui s'y accumulent pendant la s (...)

12Le processus d'occupation de la vila Acaba Mundo a commencé dans les années 1930, avec les activités de la compagnie minière Lagoa Seca5. Le toponyme « Acaba Mundo », littéralement fin du monde ou bout du monde, fait référence à son éloignement et aux difficultés d'accès qui ont incité la compagnie minière à développer un projet de logements sur place pour abriter ses travailleurs majoritairement originaires de l'intérieur de l'État du Minas Gerais. Le développement de la favela (figure 3) s’est intensifié dans les années 1970 avec l'arrivée de résidents sans lien cette fois avec la société minière [Cyrillo, 2011], ce qui a eu pour effet d’élargir considérablement l'occupation irrégulière du secteur [De Souza, 2009].

13A Belo Horizonte, les favelas se sont développées dès le début de la construction de la ville, inaugurée en 1897 pour remplacer l’ancienne capitale, Ouro Preto, dont l’expansion était limitée par le relief [Borsagli, 2017 ; Arreguy et Ribeiro, 2008 ; Bonafine, 2017]. Pendant le chantier de construction, les espaces habités par les ouvriers, considérés comme temporaires, n'ont pas été intégrés au projet urbain originel [Guimarães, 1992]. Dans ce contexte, la municipalité permit en 1919 le lotissement de terrains situés en dehors de la zone urbaine où se sont constituées des « vilas operárias », ou cités ouvrières [Oliveira, 2013]. Compte-tenu de la précarité de ces vilas et de leur statut partiellement légal, elles ont commencé à être symboliquement associées aux favelas de Rio de Janeiro, stigmatisées et dépréciées par les journaux locaux. Cet amalgame entre vilas et favelas perdure encore aujourd'hui, ce qui explique l’usage fréquent du terme « favela » pour désigner la vila Acaba Mundo.

Figure 2 : Carte de localisation de la vila Acaba Mundo.

Figure 2 : Carte de localisation de la vila Acaba Mundo.

Réalisation : Valentina Bonafine, 2018

14Le secteur de Lagoa Seca où s’étend la favela possède des atouts écologiques importants en termes de richesse et d’image pour la ville de Belo Horizonte. La Serra do Curral est d’ailleurs protégée depuis 1960 au titre du patrimoine paysager par l’Institut du patrimoine historique et artistique national. Outre ses qualités paysagères, le secteur de Lagoa Seca recèle plusieurs cours d'eau et des sources qui en font un réservoir important d’eaux souterraines et c’est l’ensemble des habitants de la ville de Belo Horizonte qui bénéficie des ressources écosystémiques fournies par la chaîne de montagnes, ses ruisseaux et sa végétation.

  • 6 FEMAM : Fórum de Entidades do Entorno das Minerações do Acaba Mundo.
  • 7 La quebra-pedra (Phyllanthus niruri) appartient à la famille des euphorbes. Ses propriétés en font (...)

15La vila Acaba Mundo et la ville formelle sont toutefois fortement contrastées quant à leur rapport à la nature et à la place accordée par les habitants aux richesses écologiques environnantes. A Belo Horizonte, les politiques publiques ont choisi la canalisation et l'enfouissement des cours d'eaux, généralement pollués et dégradés, et ont confiné la nature dans un petit nombre de parcs urbains à visée récréative et dans une ceinture verte située à la périphérie de la ville. C’est en cela que la vila Acaba Mundo tranche fortement : le paysage est marqué par l’auto-construction et les difficultés d’évacuation des déchets solides et liquides, mais l’eau et la flore ont conservé une place importante dans la vie quotidienne des habitants. Les hauteurs de la favela, bordée par la Serra, sont un espace encore relativement naturel, ce qui permet aux habitants de profiter de nombreuses plantes, arbres fruitiers et racines, ainsi que d'accéder à plusieurs sources d'eau (figure 4). Les habitants sont d’ailleurs fortement impliqués dans des activités de dépollution et de protection de ces sources, contribuant à limiter l’expansion de la vila vers la Serra ainsi qu’à l’entretien et à l'assainissement des ruisseaux qui dévalent le quartier. La plupart de ces actions sont menées dans le cadre du FEMAM6, une association environnementale locale qui défend également les intérêts de la vila face aux puissantes entreprises minières. Les richesses naturelles de la région permettent aux habitants de la vila Acaba Mundo de récolter fruits et légumes pour leur alimentation et des herbes utiles à la préparation de remèdes médicinaux comme l’arnica ou la quebra-pedra7.

Figure 4 : la vila Acaba Mundo, une favela en symbiose avec la nature

Figure 4 : la vila Acaba Mundo, une favela en symbiose avec la nature

Crédit : Frédéric Dumont, 2018

16La vila possède ainsi des formes de richesses sociales, culturelles et environnementales valorisées par une myriade de petites activités informelles, familiales et solidaires. L'artisanat traditionnel et les remèdes naturels sont par exemple exposés et commercialisés dans des marchés et des fêtes ouvertes aux habitants des quartiers voisins. Cette ouverture, produit de la proximité de la Serra et de ses ressources, ressentie comme gratifiante par les habitants, constitue une richesse sociale et contribue à renforcer l’attachement au quartier. Par ce biais, les associations jouent un rôle significatif dans le contrôle des attitudes qu’elles considèrent comme néfastes pour la communauté, en particulier celles qui pourraient porter atteinte aux ressources de la Serra, perçues comme des biens communs.

17La socialisation et la participation aux activités associatives font ainsi partie du mode de vie de la vila. Acaba Mundo compte cinq associations actives : l'Association des résidents de la vila ; la crèche communautaire Terra Nova ; l'Association Bem Me Quer, qui s’adresse aux femmes de la vila ; le projet Querubins, destiné aux enfants et aux adolescents ; et le FEMAM. Pour les ONG et les chercheurs extérieurs à la vila, cet ensemble associatif est considéré comme un laboratoire social intéressant, qu’il faut préserver et pour lequel il faut se mobiliser, et avec l’exposition médiatique de la vila, les partenariats avec les universités et les organismes privés se sont multipliés.

Revendication de la nature et droit à la ville : entre lutte pour la survie et défense de ses privilèges

  • 8 Cf. Polos de cidadania, “Carta da Vila Acaba Mundo” [en ligne], 01/12/2015 [consulté le 18 juin 202 (...)
  • 9 Indicateur de Développement Humain Municipal.

18Avec le temps, le secteur de Lagoa Seca est devenu un exemple emblématique des inégalités socio-spatiales de l’agglomération. Là coexistent des réalités très contrastées. A proximité de la vila Acaba Mundo et de ses habitants qui vivent dans des conditions précaires, résident des populations aisées de quartiers caractérisés par des équipements urbains et des immeubles de grand luxe. Cette impressionnante discontinuité vaut aux habitants de la vila de subir de la part des spéculateurs immobiliers de fortes pressions qui portent atteinte à leur droit à la ville8. Comparés à ceux du Minas Gerais et de la métropole belo-horizontine, la vila Acaba Mundo présente des niveaux socio-économiques très faibles que révèle l'IDH-M9. Cette précarité des conditions de vie a certainement encouragé des mécanismes de défense collective chez les habitants d’Acaba Mundo parmi lesquels une pratique associative importante. Actuellement, la vila développe une dynamique sociale de proximité, les résidents coopèrent pour répondre aux besoins quotidiens ou pour résoudre les conflits et problèmes internes au quartier.

  • 10 Issue du rapprochement d’Indústria de Madeira Imunizada (IMA) et de Mineração Lagoa Seca (MLS).
  • 11 Les ZEIS (Zones spéciales d’intérêt social) sont destinées en priorité à la régularisation foncière (...)

19La richesse environnementale du secteur de Lagoa Seca et Acaba Mundo joue un rôle central dans le conflit qui oppose aujourd’hui les compagnies minières, les associations de quartier et les pouvoirs publics. Elle est perçue différemment selon les acteurs concernés, mais pour ses défenseurs la communauté de la vila Acaba Mundo occupe une position cruciale : en s'appropriant cet espace, elle empêche de fait les invasions ou les projets immobiliers. Or dans ce secteur urbain convoité, le foncier est une ressource spéculative pour les sociétés minières propriétaires des terrains. Ceux sur lesquels s’est développé Acaba Mundo appartiennent à la société IMA/MLS10. Pour les habitants de la vila, le problème foncier est donc un enjeu crucial de la défense de leurs richesses et de leur droit à la ville : la régularisation, c’est la sécurité. Malgré la rentabilité potentielle du foncier et la localisation de la vila au cœur d'un des secteurs les plus chers de Belo Horizonte, l’URBEL – la compagnie publique d’urbanisation de Belo Horizonte – a proposé l'expropriation et l'indemnisation des sociétés minières propriétaires des terrains pour régulariser le foncier de la vila [Fernandes et Pereira, 2010]. Suite à cela, la vila Acaba Mundo a été reconnue en 2009 comme zone d'utilité publique et d'intérêt social (ZEIS11) pour une période allant jusqu’en 2014, ce qui permettait l’expropriation des terrains et la régularisation des occupations.

  • 12 Cf. Portail de l’UFMG, “Programa da UFMG oferece suporte jurídico a ação coletiva de usucapião na V (...)
  • 13 Le Bureau du Défenseur public est une institution autonome, responsable de la promotion des droits (...)

20Mais à la fin de l’année 2013, certains propriétaires avaient déposé des recours et des familles couraient le risque d’être expulsées. Après avoir examiné les stratégies possibles pour parvenir à une régularisation, fut décidée en 2017, avec l’aide de l’Université Fédérale du Minas Gerais, une action collective d’usucapion destinée à faire reconnaître par décision judiciaire la propriété de la communauté sur les lots litigieux occupés de fait depuis des décennies12. Cette action n’a toujours pas abouti à ce jour, mais le Bureau du défenseur public de l’État du Minas Gerais13 s’en est saisi et le long travail de vérification de la situation de chaque lot a débuté, à la satisfaction des représentants de la vila. Cela étant, ce conflit a suscité durant la dernière décennie de nombreuses rumeurs de déplacements forcés dont la conséquence fut la vente informelle de logements, à bas prix, par certains habitants de la vila confrontés à des pressions diverses.

  • 14 Loi 4034/85.

21Voisin de la vila Acaba Mundo, le quartier de Belvedere dont les premiers lotissements datent du début des années 1970 bénéfice lui aussi pleinement des atouts, notamment paysagers, de la Serra do Cural [Andrade Santos et alii, 2011]. Historiquement, les terres situées dans la région sud de Belo Horizonte correspondaient à cinq colonies agricoles alimentant la ville en produits horticoles en plus de former une ceinture verte préservée de l’urbanisation. La plupart des terrains furent ensuite vendus aux enchères publiques, ce qui contribua à leur occupation par une population aux revenus élevés [Hilgert, Klug et Paixão, 2004]. C’est ainsi que s’est développé le quartier de Belvedere d’abord constitué de logements individuels (Belvedere I et Belvedere II) de deux étages maximum, la proximité de la Serra do Curral protégée par l’IPHAN ne permettant pas la construction d’immeubles élevés susceptibles de boucher la vue sur la Serra depuis la ville14.

22Mais comme ailleurs au Brésil, l'urbanisation de Belo Horizonte a surtout été guidée par le développement économique, faisant peu de cas de la préservation de l’environnement [Faria et Soares, 2006]. Fondamentalement déterminée par des intérêts privés [Fernandes, 1998], la croissance des villes brésiliennes s’est ainsi traduite par la concentration des lots dans les mains de quelques-uns, permettant la spéculation foncière. A Belo Horizonte, un nouveau zonage a permis d’édifier en hauteur, d’augmenter la densité du bâti et de développer des espaces commerciaux [Rodrigues, 2000 ; Soares Gonçalves, 2016].

  • 15 Cf. Campos Rafael, « Conheça a história do bairro Belvedere, em Belo Horizonte », Revista encontro (...)
  • 16 Cf. Notícias do Ministério Público do Estado de Minas Gerais [en ligne], “Justiça condena empreende (...)

23La verticalisation était en route et c’est ainsi qu’a débuté la construction de Belvedere III15, autorisée sans tenir compte de l’impact prévisible sur la Serra do Curral [Amorim, 2007]. Le développement de Belvedere III provoqua une bataille judiciaire entre l’association des résidents, la mairie et les promoteurs immobiliers. Aucune de ces actions en justice n’est parvenue à stopper les chantiers, le quartier étant aujourd’hui entièrement occupé [Vasconcelos et alii, 2011], mais la justice a condamné en 2017 les entreprises immobilières à payer une indemnisation de 27,8 millions de reais en compensation des dommages causés à la Serra do Curral16.

24On l’a vu, avant que ne se déclenche le conflit autour de l’usage futur des anciennes mines aujourd’hui fermées, les positions respectives de la favela et du quartier de Belvedere ne sont pas comparables sur le plan du foncier : ce qui est en jeu pour la Vila Acaba Mundo, c’est avant tout la sécurisation foncière via la régularisation des lots sur lesquels sont installés les habitants de la favela ; le quartier ancien de Belvedere a quant à lui une position plus confortable mais aussi une habitude de lutte contre des projets immobiliers qui menacent sa tranquillité. Et pourtant, face à l’appétit des compagnies minières et des promoteurs immobiliers dont l’objectif est de rentabiliser leurs investissements, favela et riches quartiers voisins nouent des alliances de circonstance autour d’un enjeu commun : la défense de la nature, incarnée ici par la Serra du Curral et ses multiples ressources.

25L’affaire commence en 2003 : après des années de nuisances environnementales subies par les habitants des environs de la mine de Lagoa Seca, des représentants de l'association des résidents de Belvedere, constatant que le permis d’exploitation de la société minière IMA/MLS avait expiré, se manifestent auprès du COMAM. Leurs revendications visent la reconversion d’une zone qui couvre plus de deux cents hectares au cœur du patrimoine paysager protégé de la Serra do Curral. Après négociation, un accord est conclu en avril 2005 par lequel le COMAM accorde à IMA/MLS un renouvellement non prorogeable de son permis d'exploitation jusqu'en 2012. En contrepartie, 36 clauses contraignantes sont imposées à l'entreprise, dont la dévolution in fine de la zone à la collectivité sous la forme d'un parc – l'usage de l’espace concerné devant être « public collectif » [Dias et Campos, 2016].

  • 17 L’échéance du permis d’exploitation de Magnesita Refratários est alors prévue pour 2014.
  • 18 Cf. Morais Luciana, “Futuro parque ameaçado”, Revista ecológico, 30/11/2011. URL : http://souecolog (...)

26Dès 2006, une autre société minière, Magnesita Refratários, obtient un permis pour l'extraction souterraine de dolomite dans le même secteur que celui exploité à ciel ouvert par IMA/MLS17. Un plan de fermeture des mines (PAFEM), obligation légale des compagnies minières pour les sites en fin d’exploitation, aurait dû être présenté au conseil municipal au début de l’année 2007. Mais au contraire, arguant qu’elles ne sont pas propriétaires foncières de l’intégralité du secteur concerné, les deux compagnies se déclarent incapables de se conformer aux conditions prévues dans l’accord de 2005 et soumettent une demande formelle auprès du COMAM pour faire modifier les conditions du « futur usage public collectif » de la zone en « futur usage privé » et permettre ainsi la dévolution d’une grande partie du secteur au développement d’un complexe immobilier de haut standing18.

27C’est en réaction à ces manœuvres que se développe à partir de 2009 le mouvement Pró-Lagoa Seca issu du rapprochement de l’association des habitants de Belvedere et de l’association de défense des oiseaux Ecoavis, à la fois motivés par la préservation de l’environnement régional, opposés à son exploitation privée à des fins résidentielles ou commerciales et plus au fait de la législation environnementale. Plusieurs manifestations exigent que les accords signés en 2005 soient respectés et que la zone, une fois les activités minières terminées, soit effectivement rendue à la collectivité. L’objectif premier du mouvement Pró-Lagoa Seca est alors de mobiliser la population, les pouvoirs publics et les organismes environnementaux pour transformer la zone exploitée par IMA/MLS en parc municipal, selon les accords acceptés au moment du renouvellement de sa licence d'exploitation en 2005.

28En 2011, c’est dans ce contexte de mobilisation liée à l'expiration prochaine du permis d'exploitation d’IMA/MLS prévue en 2012 et qui suscite attentes et inquiétudes dans la communauté locale, que les sociétés minières présentent le projet immobilier du « Parc Burle Marx ». Le projet couvre environ la moitié de la zone minière sans envisager d’y intégrer les anciennes mines à ciel ouvert et prévoit la construction de 26 tours résidentielles de très haut standing, d’un centre commercial et de bâtiments commerciaux, ainsi que l'ouverture de routes de circulation directe entre les quartiers de Sion et de Belvedere [Nassif, 2011]. Dans le premier plan présenté publiquement (figure 5), la vila Acaba Mundo constitue une sorte d’enclave au pied des nouvelles tours de luxe, ce qui menace évidemment la communauté et la survie de la petite favela dont le statut foncier est très précaire comme expliqué plus haut.

29Ce nouveau projet immobilier inquiète également fortement les habitants des quartiers voisins de Belvedere et de Sion. Prévoyant d’attirer environ 30 000 nouveaux habitants, le projet bouleverserait le paysage actuel en grande partie constitué de maisons individuelles. Les habitants des secteurs Belvedere I et II en particulier sont menacés dans leur mode de vie et leur environnement par ce projet qui risque de transformer leur quartier en zone de passage entre Belvedere III, le nouveau Parc Burle Marx et le quartier de Sion. Les promoteurs Patrimar et Caparaó, associés au projet, ont d’ailleurs déjà travaillé ensemble pour le lotissement de Belvedere III. L’histoire semble se répéter et le nouveau projet immobilier surnommé « Belvedere IV » fait craindre aux opposants une cascade de problèmes environnementaux : verticalisation et densification du secteur, intensification de la circulation automobile, surcharge du système de collecte des eaux usées, imperméabilisation du sol, dégradation du paysage etc.

Figure 5 : Extrait du projet “Parc Burle Marx” du cabinet d’architectes De Fournier & Associados (2012)

Figure 5 : Extrait du projet “Parc Burle Marx” du cabinet d’architectes De Fournier & Associados (2012)

Source: https://www.galeriadaarquitetura.com.br/​projeto/​de-fournier-arquitetos-rj_/​parque-burle-marx/​159

30La construction de ces tours est présentée par les sociétés minières de Lagoa Seca comme une mesure compensatoire en échange de la création d'une réserve écologique et de l'installation d'infrastructures qui profiteraient, entre autres, aux habitants de la vila Acaba Mundo. Mais en plus de ne pas respecter les conditions de l'entente de 2005, le projet ne prévoit pas la régularisation foncière de la vila. La zone commerciale prévue est par ailleurs située dans les environs immédiats de la zone classée de la Serra do Curral.

31Il est ainsi clair que les intérêts de la favela et des quartiers voisins convergent : ni les uns, ni les autres ne veulent du projet immobilier, les premiers par crainte d’être à terme expulsés et éloignés de la ressource que représente pour eux la Serra, les seconds par crainte d’une dégradation irréversible de leur cadre de vie. Habitants de la vila et habitants des quartiers voisins s’entendent et se mobilisent donc pour faire respecter l’obligation légale des compagnies minières de présenter un plan de fermeture et de rendre la zone à un usage public.

3. Du projet au contre-projet : les stratégies d’acteurs

32Parmi les projets alternatifs au projet Parc Burle Marx qui émergent, le mouvement Pro Lagoa Seca défend la création d'un parc écologique et de loisirs de 500 hectares, à destination de l’ensemble de la population, élaboré par la communauté elle-même (figure 6). Le parc serait destiné à de multiples usages, comprenant entre autres des espaces verts, deux lacs, un terrain de sport, une aire de jeux et des zones de pique-nique. Le parc permettrait de compléter un ensemble d’espaces protégés composant un corridor écologique au sein de la Serra do Curral et d’améliorer la qualité de vie de l’ensemble de la population de Belo Horizonte.

Figure 6 : Proposition de parc présentée par le mouvement “Pro Lagoa Seca”, sur la base du travail de l’architecte Mariana Lima (12/2014)

Figure 6 : Proposition de parc présentée par le mouvement “Pro Lagoa Seca”, sur la base du travail de l’architecte Mariana Lima (12/2014)

Source : http://portfolio.bimbon.com.br/​arquitetura/​parque_lagoa_seca

  • 19 PAFEM – MLS – NI 0116 e Parecer Técnico nº 1.524/18
  • 20 Voir le compte-rendu de l’audience publique rédigé par la Revista ecológico : http://revistaecologi (...)

33En 2012, les activités minières prennent fin sur la zone Lagoa Seca conformément à la licence accordée en 2005. Il faudra pourtant attendre juin 2018 pour que la société IMA/MLS soumette finalement son plan de fermeture au COMAM. Ce plan, baptisé « Legado da Serra »19 (littéralement : L’héritage de la Serra), est présenté et discuté le 18 septembre 2018 en audience publique devant la Commission « Environnement et politique urbaine » de Belo Horizonte (instance municipale de médiation), en présence de la plupart des acteurs impliqués, y compris les représentants du quartier Belvedere et de la vila Acaba Mundo20.

34A cette occasion sont réitérées les nombreuses questions des défenseurs de l’environnement qui sont en désaccord avec le projet des entrepreneurs dans la manière dont il est proposé. La principale inquiétude concerne la destination réelle de la zone touchée par l'exploitation minière, qui totalise environ 120 hectares au pied de la Serra do Curral. Le risque est grand de voir Belo Horizonte perdre cet espace – pourtant destiné normalement à un usage public collectif – au profit de la spéculation immobilière : le périmètre du projet Legado da Serra exclut en effet une zone de terril appelée « Pilha C » d’environ 30 hectares, au prétexte que l’entreprise IMA/MLS n’en est pas propriétaire. Or c’est sur cette zone que le projet immobilier de luxe très controversé Parc Burle Marx a été dessiné et présenté aux services municipaux de la politique urbaine et de l'environnement. Le plan Legado da Serra prévoit par ailleurs la création d’une « réserve écologique » privée, ouverte au public et à gestion participative, intégrant des espaces de loisirs, de sport et de culture.

  • 21 Le Ministère public est une institution responsable de la défense des droits des citoyens et des in (...)

35Lors d’une seconde audience publique organisée le 24 octobre 2018 dans les locaux de l’association Querubins, la représentante du Ministère public du Minas Gerais21, rappelle que le plan doit couvrir l’ensemble de la zone exploitée par IMA/MLS et pas seulement celle dont l’entreprise est propriétaire. Elle précise aussi que la zone Pilha C est la propriété des héritiers du fondateur de MLS, aujourd’hui actionnaires d’IMA/MLS et associés d’entreprises immobilières à l’origine du quartier Belvedere III, mettant en évidence leur pouvoir et le poids des intérêts privés dans cette affaire.

36A l’occasion de cette audience publique, sont réitérées les revendications portées par le mouvement Pró-Lagoa Seca dans son contre-projet. Ce projet a bien sûr d’abord été pensé en fonction des intérêts des habitants de Belvédère I et II dont il faut rappeler ici qu’ils sont les principaux acteurs du mouvement. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’un espace de nature protégé, mais bien davantage d’un parc d’activités de loisirs, sportives et culturelles, plutôt destiné aux riches riverains. Mais il prévoit aussi la régularisation foncière de la vila Acaba Mundo, l'intégration de ses habitants dans la réalisation et la gestion du parc, ainsi que l'utilisation future des infrastructures par la communauté. On peut faire l’hypothèse que ce volet social est nécessaire pour donner de la force au projet autoproclamé « de défense de l’environnement » et s’assurer l’appui des soutiens de la communauté d’Acaba Mundo.

37Au début de l’année 2019, le COMAM rend finalement une décision qui ferme la porte à une possible extension du quartier du Belvédère dans la zone sud de la ville [Paranaiba, 2019], estimant que l’intérêt public (notamment la protection de l’environnement) doit primer sur les intérêts économiques privés. D’une part, le projet de l’entreprise IMA/MLS ne prévoit pas d’intégrer le secteur Pilha C à des fins d’usage public. D’autre part, les débats se déroulent dans le contexte de la récente catastrophe environnementale de Brumadinho, survenue le 25 janvier 2019, et de celle encore en mémoire de Mariana (le 25 novembre 2015). La rupture du barrage de Brumadinho, à une soixantaine de kilomètres de Belo Horizonte, a provoqué plus de cent décès directs et 250 disparus moins de quatre ans après celle du barrage Bento Rodrigues, situé à une centaine de kilomètres, qui avait provoqué une gigantesque coulée de boue toxique. Ces deux catastrophes écologiques ont connu un écho mondial et sont devenues des cas d’école pour l’écologie, sur fond de responsabilité et d'hypocrisie des entreprises minières. Ces événements funestes sont bien sûr présents dans toutes les têtes durant les discussions au sein du COMAM et dans le rappel fait des obligations environnementales et sociales des compagnies minières telles qu’elles sont définies dans le PAFEM.

38La convergence des intérêts pour ce secteur a conduit à la coopération entre différents acteurs et à des alliances de circonstance entre des groupes habituellement éloignés, tant d'un point de vue spatial que social. Ainsi, face à ce qui était perçu comme une menace pour les modes de vie des deux communautés, les associations d’habitants de la vila Acaba Mundo et des quartiers voisins, en particulier Belvedere, manifestent une volonté commune de préserver la richesse sociale et écologique de la Serra. Chacun y défend son projet, ses droits, ses privilèges ou son existence avec ses armes et ses outils, car tous n’ont pas les mêmes moyens. Outre les volontés organisées des habitants, cet espace objet de la convoitise des compagnies minières et des promoteurs immobiliers est un véritable terrain de jeux de forces, d’alliances, d'influences, de représentations et de manipulations. Dans ce contexte, l'émergence d'un nouveau quartier de haut standing et la détérioration conséquente du cadre naturel pourraient conduire à la disparition des conditions qui permettent l’existence de la vila Acaba Mundo.

  • 22 Par exemple, nul besoin d’autorisation pour entrer dans la vila qui ne comporte par ailleurs aucun (...)

39Parmi les acteurs les plus impliqués dans ce conflit foncier, social et environnemental figurent les associations de quartier, les compagnies minières, les promoteurs immobiliers, les pouvoirs publics et les ONG. A Acaba Mundo malgré un faible niveau d'éducation, la pauvreté et les conditions sanitaires précaires, la favela est réputée calme, bien contrôlée, et ne semble pas présenter de violence liée aux trafics de drogue qui marquent l'imagerie fréquemment associée à ces quartiers22. Cette relative paix sociale résulte certainement d’un encadrement social lié à la présence associative importante. Ce contrôle social rassure aussi les habitants des quartiers alentour qui craignent toujours les « invasions ».

40Outre cette fonction tampon, la proximité de la favela fournit aux quartiers voisins un certain nombre de services. L'articulation entre la vila Acaba Mundo et le quartier aisé de Sion qui lui est adjacent se fait sur la place Juscelino Kubitschek (Praça JK), à la fois point de contact des deux populations et reflet de la ségrégation socio-spatiale de cette partie de la ville [De souza, 2009 ; Teixeira, Jayme et Almeida, 2009]. La place se divise en un terrain de football situé à proximité de la vila et fréquenté exclusivement par ses habitants, et une zone plus vaste au nord où ce sont surtout les résidents de Sion qui profitent des infrastructures sportives, du mobilier urbain et d’un parking offrant de petits services (lavage de voiture, vente d'eau de coco et de journaux…). Une partie de la population de la vila a ainsi pour source de revenu des activités pratiquées dans les quartiers voisins, essentiellement des services domestiques ou de la surveillance de véhicules, en plus de celles liées au bâtiment. Il y a donc une sorte de complémentarité économique entre les habitants de la vila qui proposent un travail et ceux des quartiers voisins qui profitent de leurs services, la proximité spatiale minimisant les coûts et le temps de déplacement entre le domicile et le lieu de ce travail (figure 7).

Figure 7 : Les laveurs de voiture dans la partie nord de la Praça JK

Figure 7 : Les laveurs de voiture dans la partie nord de la Praça JK

Crédit : Frédéric Dumont, 2018

  • 23 Il est prévu dans le plan Legado da Serra que l’association des habitants de Vila Acaba Mundo, le F (...)

41Ces relations économiques pourraient expliquer que le président de l’association des résidents de la vila ne s’est pas opposé au plan Legado da Serra qui prévoit le maintien du mode de vie des habitants d’Acaba Mundo et des emplois réservés. L’association attend néanmoins d’autres contrepartie à son soutien : la sécurité foncière de la vila (par sa régularisation, pourtant pas clairement intégrée au plan Legado da Serra), la participation de la communauté à la gestion du parc23 et la création de services communautaires.

  • 24 L’Associação dos Moradores do Bairro Belvedere a été fondée en 1979. L’Associação dos Amigos do Bai (...)

42Les habitants des riches quartiers voisins de Belvedere et de Sion constituent le deuxième groupe d’acteurs mobilisés. Ils sont représentés aux diverses réunions par leurs associations de quartier, en particulier l’association des habitants de Belvedere. Présente dans les secteurs les plus anciens de Belvedere I et II24, elle identifie Acaba Mundo comme une pièce maîtresse du jeu de pouvoir, l’existence de la vila permettant un contrôle physique et quotidien de la zone et constituant une caution sociale. Les habitants de Belvedere s’opposent en effet vigoureusement au projet immobilier Parc Burle Marx qui remet en cause la qualité de leur environnement. Si certains sont favorables au plan Legado da Serra (ceux-là habitent plutôt Belvedere III), l’association historique de Belvedere I et II s’y oppose au motif qu’un projet immobilier risque d’être finalement autorisé sur la zone Pilha C.

43Les sociétés de promotion immobilière et les compagnies minières sont parfois représentées par les mêmes individus, comme l’a démontré la représentante du Ministère public, ce qui prouve la collusion des intérêts dans cette affaire. Afin de comprendre les manœuvres orchestrées par les compagnies minières, il faut aussi mentionner la bonne connaissance qu’elles ont de l’organisation communautaire de la vila Acaba Mundo, cible de leurs offres et de leurs cadeaux dans le but d’influencer la position des habitants de la vila et de favoriser les intérêts de l'entreprise. Ainsi, le plan Legado da Serra prévoit des infrastructures qui seraient mises à la disposition des habitants de la vila, ces derniers pouvant, en principe, rester sur les terrains appartenant aux sociétés minières. De leur côté, au travers du mouvement Pro Lagoa Seca, les habitants de Belvedere usent à peu près des mêmes procédés en garantissant dans leur contre-projet un certain nombre d’avantages aux habitants d’Acaba Mundo, le principal étant la promesse de la régularisation foncière.

44Les pouvoirs publics sont eux représentés par la Mairie de Belo Horizonte au travers du COMAM, du Secrétariat à l'Environnement et du Secrétariat à l'Urbanisme, par l'IPHAN responsable du classement de la Serra do Curral et par le Ministère public. Chacun de ces organismes a un rôle spécifique et a influencé l'évolution du conflit. C'est l'IPHAN, par exemple, qui a désapprouvé le projet Parc Burle Marx jugé incompatible avec la vocation environnementale et paysagère de la zone, tandis que le COMAM, tout en émettant une réserve, a autorisé l'annulation temporaire des conditions qui définissaient l'utilisation publique et collective du secteur avant de finalement rejeter le plan Legado da Serra, faute de garanties suffisantes. Quant à la représentante du Ministère public, elle a régulièrement pris position contre le plan, plaidant pour un agrandissement de l'aire de conservation et questionnant la sincérité des compagnies minières dans leur volonté affichée d’agir pour l’intérêt public.

45Par le biais de l’activisme écologiste, à même aujourd’hui de fédérer des acteurs aux intérêts éloignés et de remporter l’adhésion de pouvoirs publics, on observe ainsi à BH une réinvention du droit à la ville. Ce sont bien les richesses environnementales du secteur, extrêmement valorisées, qui incitent à la fois la population de la vila Acaba Mundo et celle des riches quartiers voisins à revendiquer ce droit. Chez les habitants de la favela, l’appel à la défense de la nature et la revendication d’une participation active aux décisions prises quant à l’environnement naturel de la favela renouvellent la traditionnelle lutte pour la sécurisation foncière d’une façon assez originale. Les traditionnels soutiens associatifs et universitaires se trouvent en effet rejoints par des associations naturalistes assez peu familières de ce genre de mobilisation. Chez les habitants des quartiers riches, plus habitués à la défense de leur pré-carré (la tranquillité du cadre de vie, la valeur foncière du quartier), on observe un ralliement assez exceptionnel à la favela voisine : cette dernière est à la fois un alibi – la caution sociale de leurs revendications –, un allié objectif avec lequel faire cause commune et une garantie – les habitants de la favela occupant en quelque sorte le terrain.

46Ce qui est réclamé relève aussi de la justice environnementale : c’est la garantie d’un égal accès à la nature et la protection de ses ressources, c’est la primeur accordée à l’intérêt général (dont relève la protection des richesses naturelles) sur les intérêts particuliers (les bénéfices des sociétés minières et des promoteurs immobiliers), dans une lutte collective qui amène à coopérer des acteurs aux positions habituellement éloignées voire divergentes. Dans un contexte de catastrophes écologiques récentes qui ont meurtri la région et fortement marqué l’opinion, les projets immobiliers irrespectueux des obligations écologiques et sociales se heurtent à un front citoyen, associatif et informé du droit environnemental.

  • 25 Un article du Jornal do Belvedere (n°294, 25 octobre 2018) laisse entendre que l’on pourrait nommer (...)

47Mais si la richesse commune défendue par tous les résidents est la richesse environnementale, biologique ou paysagère, les acteurs du conflit n’encourent pas des risques équivalents, risque d’expulsion ou de déplacement pour certains avec la disparition complète ou partielle de la favela25, dégradation du paysage pour d’autres. Les habitants d’Acaba Mundo ne sont pas la pièce essentielle de ces aménagements urbains et si la favela devait disparaître, on peut gager que la réappropriation de ses richesses trouverait preneur et que des alternatives écologiques émergeraient. Au Brésil comme à Belo Horizonte, la conjoncture politique n’est pas des plus favorables aux mouvements sociaux et environnementaux ainsi qu’à leurs revendications citoyennes et solidaires, mais la fin d’Acaba Mundo n’est toutefois pas encore écrite. « L'urbain est ainsi, plus ou moins, l'œuvre des citadins au lieu de s'imposer à eux comme un système : comme un livre déjà terminé » [Lefebvre, 2009, p.64].

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Notes

1 Ce travail est issu de recherches menées par une équipe franco-brésilienne de chercheurs de l’Université de Lille et de la PUC-Minas (Belo Horizonte) dans le cadre du projet de recherche « Richesses en partage dans le Minas Gerais et le Nord-Pas de Calais » (2015-2018) financé par la Région Hauts-de-France et l’État du Minas Gerais (FAPEMIG).

2 Cf. Blog Curral del Rey - http://curraldelrei.blogspot.com

3 Conformément à l'article 6 de la loi municipale n° 7.166./96

4 Le COMAM est un organe collégial chargé de formuler les lignes directrices de la politique environnementale municipale de Belo Horizonte.

5 La zone minière de Lagoa Seca a été nommée ainsi en raison des eaux qui s'y accumulent pendant la saison des pluies. Pendant la saison sèche, l'eau accumulée est drainée naturellement, en raison de l'abaissement de la nappe phréatique et de la porosité du sol.

6 FEMAM : Fórum de Entidades do Entorno das Minerações do Acaba Mundo.

7 La quebra-pedra (Phyllanthus niruri) appartient à la famille des euphorbes. Ses propriétés en font un remède diurétique, utilisé notamment pour combattre les calculs rénaux.

8 Cf. Polos de cidadania, “Carta da Vila Acaba Mundo” [en ligne], 01/12/2015 [consulté le 18 juin 2020]. Disponible sur : https://polosdecidadania.com.br/carta-da-vila-acaba-mundo/

9 Indicateur de Développement Humain Municipal.

10 Issue du rapprochement d’Indústria de Madeira Imunizada (IMA) et de Mineração Lagoa Seca (MLS).

11 Les ZEIS (Zones spéciales d’intérêt social) sont destinées en priorité à la régularisation foncière, l’urbanisation (réhabilitation d’édifices et d’espaces publics dégradés, fourniture d’équipements sociaux etc.) et la production de logements sociaux (Rolnik et Santoro, 2013).

12 Cf. Portail de l’UFMG, “Programa da UFMG oferece suporte jurídico a ação coletiva de usucapião na Vila Acaba Mundo” (22/11/2017) : https://ufmg.br/comunicacao/noticias/programa-da-ufmg-oferece-suporte-juridico-a-acao-coletiva-de-usucapiao-na-vila-acaba-mundo

13 Le Bureau du Défenseur public est une institution autonome, responsable de la promotion des droits de l’homme et de la défense judiciaire et extrajudiciaire des droits individuels et collectifs.

14 Loi 4034/85.

15 Cf. Campos Rafael, « Conheça a história do bairro Belvedere, em Belo Horizonte », Revista encontro BH, 31/07/2017. URL : https://www.revistaencontro.com.br/canal/revista/2017/07/conheca-a-historia-do-bairro-belvedere-em-belo-horizonte.html

16 Cf. Notícias do Ministério Público do Estado de Minas Gerais [en ligne], “Justiça condena empreendedores do Belvedere III a pagar indenização de RS 27,8 milhões pelos danos causados à Serra do Curral, em BH”, 30/08/2017 [consulté le 18 juin 2020]. Disponible sur : https://www.mpmg.mp.br/comunicacao/noticias/justica-condena-empreendedores-do-belvedere-iii-a-pagar-indenizacao-de-r-27-8-milhoes-pelos-danos-causados-a-serra-do-curral-em-bh.htm

17 L’échéance du permis d’exploitation de Magnesita Refratários est alors prévue pour 2014.

18 Cf. Morais Luciana, “Futuro parque ameaçado”, Revista ecológico, 30/11/2011. URL : http://souecologico.com/revista/edicoes-anteriores/edicao-30/futuro-parque-ameacado/

19 PAFEM – MLS – NI 0116 e Parecer Técnico nº 1.524/18

20 Voir le compte-rendu de l’audience publique rédigé par la Revista ecológico : http://revistaecologico.com.br/revista/edicoes-anteriores/edicao-113/quem-vai-pagar-o-pato-da-lagoa-seca/

21 Le Ministère public est une institution responsable de la défense des droits des citoyens et des intérêts de la société

22 Par exemple, nul besoin d’autorisation pour entrer dans la vila qui ne comporte par ailleurs aucun « boca de fumo » (point de vente de drogue), au contraire de la plupart des autres favelas.

23 Il est prévu dans le plan Legado da Serra que l’association des habitants de Vila Acaba Mundo, le FEMAM, l’Associaion Querubins et l’Association des cultures socioenvironnementales fassent partie du comité de gestion.

24 L’Associação dos Moradores do Bairro Belvedere a été fondée en 1979. L’Associação dos Amigos do Bairro Belvedere est bien plus récente (2000) et représente les habitants des tours de Belvedere III dont les positions sont bien représentées dans le Jornal do Belvedere : https://www.jornalbelvedere.com.br

25 Un article du Jornal do Belvedere (n°294, 25 octobre 2018) laisse entendre que l’on pourrait nommer le secteur “Lagoa Seca” plutôt qu’Acaba Mundo, ce qui constituerait une première étape dans sa disparition.

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Table des illustrations

Titre Figure 1 : Vue depuis le centre de Belo Horizonte vers la Serra do Curral au sud-est
Crédits Source : Google Earth 3D (2020)
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-1.png
Fichier image/png, 584k
Titre Figure 2 : Carte de localisation de la vila Acaba Mundo.
Crédits Réalisation : Valentina Bonafine, 2018
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 61k
Titre Figure 3 : Vila Acaba Mundo et la mine de Lagoa Seca
Crédits Source : Uni Viva http://univiva.org.br/​destino-do-antigo-terreno-da-mineracao-lagoa-seca-comeca-a-ser-tracado/​
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 49k
Titre Figure 4 : la vila Acaba Mundo, une favela en symbiose avec la nature
Crédits Crédit : Frédéric Dumont, 2018
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 1,2M
Titre Figure 5 : Extrait du projet “Parc Burle Marx” du cabinet d’architectes De Fournier & Associados (2012)
Crédits Source: https://www.galeriadaarquitetura.com.br/​projeto/​de-fournier-arquitetos-rj_/​parque-burle-marx/​159
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 302k
Titre Figure 6 : Proposition de parc présentée par le mouvement “Pro Lagoa Seca”, sur la base du travail de l’architecte Mariana Lima (12/2014)
Crédits Source : http://portfolio.bimbon.com.br/​arquitetura/​parque_lagoa_seca
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 68k
Titre Figure 7 : Les laveurs de voiture dans la partie nord de la Praça JK
Crédits Crédit : Frédéric Dumont, 2018
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/42120/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 51k
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Référence électronique

Pauline Bosredon, Frédéric Dumont, Valentina Bonafine  et Alexandre Magno Alves Diniz, « Luttes pour l’environnement et droit à la ville dans la capitale du Minas Gerais (Brésil) »Confins [En ligne], 52 | 2021, mis en ligne le 27 novembre 2021, consulté le 16 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/42120 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/confins.42120

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Auteurs

Pauline Bosredon

Maîtresse de conférences à l’Université de Lille, pauline.bosredon@univ-lille.fr

Articles du même auteur

Frédéric Dumont

Maître de conférences à l’Université de Lille, frederic.dumont@univ-lille.fr

Valentina Bonafine 

Chercheuse associée au Laboratório de Estudos Urbanos de la PUC-Minas, vale.bonafine@gmail.com

Alexandre Magno Alves Diniz

Professeur à la PUC-Minas, alexandremadiniz@gmail.com

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Droits d’auteur

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