Cultures et cheptels 1990-2019
Résumés
L’institut brésilien de géographie et statistiques (IBGE) a publié en octobre 2020 ses informations annuelles sur la production de l’élevage et de l’agriculture dans le pays, la Pesquisa da Pecuária Municipal, le 15 octobre, et la Produção Agrícola Municipal, le 20 octobre. Une série de cartes permet d’en visualiser la localisation et les évolutions de 1990 à 2019.
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1L’institut brésilien de géographie et statistiques (IBGE) a publié en octobre 2020 ses informations annuelles sur la production de l’élevage et de l’agriculture dans le pays, la Pesquisa da Pecuária Municipal, le 15 octobre, et la Produção Agrícola Municipal, le 20 octobre.
2La première, l’enquête municipale sur le bétail (PPM) donne des informations sur les cheptels et les produits de l'élevage. Les données, par commune, portent sur le cheptel existant à la date de référence de l'enquête, ainsi que les produits d’origine animale et leur valeur au cours de l’année de référence. Les cheptels analysés comprennent les bovins, les porcs, les poules et poulets, les cailles, les chevaux, les buffles, les chèvres et les moutons. Le produits d'origine animale sont le lait, les œufs de poule, les œufs de caille, le miel, la laine brute et les cocons de vers à soie. La PPM indique également les nombres de vaches traites et de moutons tondus et les productions de l'aquaculture, pisciculture, carcinoculture (crustacés) et malacoculture (mollusques).
3La production agricole municipale (PAM) mesure un ensemble de produits issus des cultures temporaires et permanentes, avec des informations sur la superficie ensemencée, la superficie à récolter, la superficie récoltée, les quantités produites, les rendements moyens et les prix moyens payés au producteur au cours de l'année de référence, pour 64 produits agricoles (31 issus de cultures temporaires et 33 de cultures permanentes).
4La périodicité des deux publications est annuelle, leur portée géographique est nationale, avec des résultats pour le Brésil entier, ses grandes régions, ses États, ses mésorégions, ses microrégions et ses communes. Les informations municipales pour la production agricole ne sont fournies qu'à partir d'un hectare de superficie occupé par la culture et d'une tonne de production. Toutes deux sont disponibles gratuitement sur le système de récupération automatique IBGE-SIDRA: Produção Agrícola Municipal https://sidra.ibge.gov.br/pesquisa/pam/tabelas, Pesquisa da Pecuária Municipal https://sidra.ibge.gov.br/pesquisa/ppm/quadros/brasil/2019
5C’est à partir de ces données qu’ont été produites les cartes ci-dessous. Les trois premières sont construites de la même façon, des cercles proportionnels à la production de chaque culture ou de chaque cheptel en 2019 et des couleurs qui indiquent leur évolution par rapport à 1990, la date la plus ancienne disponible dans le système Sidra : en vert quand a eu lieu une augmentation et en rouge pour une diminution. L’échelle des cercles proportionnels est propre à chacune des cartes, qui ne sont donc pas comparables entre elles.
- 1 Voir René Somain et Martine Droulers, « A seringueira agora é paulista », Confins n°27, 2016, http: (...)
6Pour les cultures permanentes, le fait le plus remarquable est le déplacement des principales zones de production : le café, qui a fait la richesse de São Paulo, y est de moins en moins cultivé, il est aujourd’hui principalement produit dans le Minas Gerais, et secondairement dans les États de Bahia et du Rondônia, où l’on note aussi quelques cas de diminution. Pour les oranges, l’État de Bahia est en recul et c’est São Paulo qui est aujourd’hui la principale zone de production. On note toutefois une forte diminution dans sa région centrale et un report de la production de vers le sud de l’État et le nord du Minas Gerais. Le cacao s’est lui aussi déplacé, à cause de la crise provoquée dans l’état de Bahia par la maladie dite du « balai de sorcière » et c’est désormais le Pará, en Amazonie, qui est le principal producteur. En sens inverse la production de latex n’est plus désormais centrée sur l’Amazonie, mais a migré vers les plantations de l’ouest de l’État de São Paulo1. Pommes et sisal restent des productions typiques respectivement du Sud du Nordeste, mais ici aussi la production s’est déplacée, à plus courte distance.
7Les cultures temporaires se sont elles aussi beaucoup déplacées au cours de ces 29 ans, à commencer par le soja et le maïs, qui ont migré vers le nord de plus de 2 000 km, faisant du Mato Grosso leur première zone de production (les deux cultures sont en général associées dans la même année). La canne à sucre a quant à elle confirmée la prédominance de São Paulo par rapport aux vieilles régions sucrières du Nordeste, où elle est en déclin.
8Ayant conquis tout l’État, en déplaçant même la culture des oranges, sa culture a débordé vers le Mato Grosso do Sul et le Goiás et commencent à apparaître dans le sud du Mato Grosso. Le riz et le manioc, cultures de base pour l’alimentation des Brésiliens, ont connu des destins divergents, celle du riz s’est pour l’essentiel concentrée dans l’extrême sud du pays, dans le Rio Grande do Sul, tandis que celle du manioc reste est encore présente dans tout le pays mais décline dans certaines régions (principalement dans les Nordeste) tandis qu’elle augmente en Amazonie, dans l’ouest de São Paulo et dans le sud du Mato Grosso do Sul.
9La répartition des cheptels est très différente selon les espèces : alors que les bovins sont présents partout dans le pays, les porcs, les chèvres, les moutons et les volailles sont concentrées dans certaines régions. Ils ont toutefois tous en commun de connaître, comme les productions agricoles, de grands changements de leur distribution géographique. La plus spectaculaire est celle des bovins, dont le nombre diminue dans le Sud (en particulier les zones traditionnelles d’élevage de l’extrême sud), dans le Sudeste (où se développe la canne à sucre) et dans le Nordeste. En revanche leur nombre augmente beaucoup dans les régions pionnières du Centre-Ouest et d’Amazonie, où les cercles verts qui marquent son avancée récente sont désormais les plus gros du pays, avec près de quatre millions de têtes dans certaines régions.
10La production de porcs, que l’on trouvait partout dans le pays, tend à se concentrer dans quelques régions, notamment les zones de petite agriculture paysanne de l’Ouest du Paraná, du Santa Catarina et du Rio Grande do Sul. Mais aussi, de plus en plus, dans le Mato Grosso, où l’abondante production de maïs et de soja peut ainsi être transformé sur place au lieu d’être exportée brute.
11Les cheptels de chèvres et de moutons étaient concentrés dans le Nordeste, entièrement pour les premiers et partagés entre Nordeste et Sud pour les seconds : cela reste vrai pour les caprins, avec seulement une re-concentration locale, mais pour les ovins la diminution a été forte dans le sud. La répartition des volailles suit à peu près celle des porcs, avec une concentration plus accentuée dans les régions les plus peuplées du Sudeste et ici aussi une migration vers le Mato Grosso et ses abondantes ressources maïs et soja, qui ont permis l’implantation de grands élevages de poulets en batterie.
12Les deux dernières figures reviennent sur l’élevage bovin pour analyser de plus près sa formidable poussée vers le nord amazonien. Sur la figure 4 ont été tracé, pour chaque région, quatre cercles de couleur correspondant au cheptel pour les années 1990, 2000, 2010 et 2019. Celles où les cercles jaunes et oranges, correspondant à 1990 et 2000, sont plus grands que les cercles rouges et marron de 2010 et 2019 indiquent les régions où les cheptels ont diminué. En revanche, celles où les cercles plus foncés prédominent correspondent aux zones de progression de l’élevage bovin et l’on perçoit bien qu’elle se situe sur un arc allant du Rondônia au Maranhão, celui où se produisent les déboisements, les brûlis et l’implantation de pâturages pour l’élevage bovin, qui est toujours le fer de lance de l’avancée pionnière.
13La figure 5, où le fonds de carte a été anamorphosé en fonction de la taille du cheptel bovin en 2019, montre plus clairement encore l’évolution qui s’est produite entre 1990 et 2019, un sensible recul de l’élevage bovin dans le sud (notamment l’ouest de l’État de São Paulo), l’extrême sud et le Nordeste, une très forte avancée dans le sud de l’Amazonie, qui est aujourd’hui de loin la principale région d’élevage bovin du pays.
Notes
1 Voir René Somain et Martine Droulers, « A seringueira agora é paulista », Confins n°27, 2016, http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/10906
Haut de pageTable des illustrations
Titre | Figure 1 Cultures permanentes |
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URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/35016/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 500k |
Titre | Figure 2 Cultures temporaires |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/35016/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 552k |
Titre | Figure 3 Cheptels |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/35016/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 553k |
Titre | Figure 4 Évolution du cheptel bovin 1990-2019 |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/35016/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 526k |
Titre | Figure 5 Évolution du cheptel bovin 1990-2019, fond anamorphosé |
URL | http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/docannexe/image/35016/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 536k |
Pour citer cet article
Référence électronique
Confins, « Cultures et cheptels 1990-2019 », Confins [En ligne], 49 | 2021, mis en ligne le 08 mars 2021, consulté le 12 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/confins/35016 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/confins.35016
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