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Lectures

William J. BUXTON, Michael R. CHENEY et Paul HEYER (2015), Harold Innis’s History of Communications. Paper and Printing — Antiquity to Early Modernity

préface de John Durham PETERS, Lanhman, Rowman & Littlefield
Michael Palmer
Référence(s) :

William J. BUXTON, Michael R. CHENEY et Paul HEYER (2015), Harold Innis’s History of Communications. Paper and Printing — Antiquity to Early Modernity, préface de John Durham PETERS, Lanhman, Rowman & Littlefield

Texte intégral

1Trois chercheurs distingués du champ de la communication rendent accessible ici une partie du texte quasi légendaire d’Harold Innis, pionnier de la recherche en histoire de la communication, en Amérique du Nord. Ils affirment d’emblée que ce texte représente la première tentative de proposer une histoire de la communication (des communications) ou de l’histoire des médias comme champ de recherche véritable. C’était l’entreprise à laquelle s’attelait Innis au cours des 12 dernières années de sa vie.

2Les trois chapitres présentés ici consignent certaines de ses approches et fulgurances. Ce texte est considéré comme « légendaire », car bien des chercheurs en connaissaient l’existence sans y avoir accès. Dorénavant, grâce à un travail d’édition scrupuleux, un plus large public peut découvrir les Innis papers, déposés à l’Université de Toronto. Les trois exégètes cernent les similitudes et les différences entre ce texte et Empire and communications (1950), l’ouvrage qui en est le plus proche.

3Innis (1894-1952) était l’un des rares de sa génération à s’intéresser à la matérialité des supports. Beaucoup l’ont remarqué : professeur d’économie politique, disons de formation classique, Innis est venu à l’étude des denrées de base (staples) par ses travaux sur les industries de la fourrure et du bois — d’où à terme la matérialité des supports de communication. Il n’emploie d’ailleurs pas, dans ces textes, le terme de média, mais il allie considérations matérielles et techniques aux préoccupations plus culturelles. Les trois chapitres de cet ouvrage se penchent sur les conséquences de l’imprimerie.

4Dans son œuvre, Innis cite scrupuleusement les références aux sources secondaires qui informent son travail (c’est un peu comme Jürgen Habermas et son « espace public » dans Strukturwandel der Öffentlichkeit, paru en 1962). On replonge donc dans la bibliographie à laquelle il avait accès. On salue, en conséquence, son aptitude à faire des généralisations, à aller à l’essentiel, à partir d’un corpus large, où figurent parfois des travaux d’érudition :

[…] increase in trade, in the supply of paper and printing provided the background for the emergence of the newspaper. Correspondence and accounting were essential to the expansion of trade. News manuscripts were used in countries exposed to division and constant political disturbance as in Germany and Italy. The upper classes demanded individual news and editors built up a connection of informants and clients (p. 102).

5Et il cite alors Georges Weill, dont Le Journal (1934) marqua longtemps l’histoire de la presse en France. Aujourd’hui, bien des chercheurs ont quelque mal avec des raccourcis tels « [t|he age of cathedrals had passed. The age of printing had begun » (p. 47). Du moins comprend-on plus aisément l’influence d’Innis sur Marshall McLuhan, dont la renommée éclipsa longtemps l’apport de son mentor. Certaines de ses affirmations prêteraient toutefois aujourd’hui à critique. Les historiens des langues accepteraient-ils sans rechigner qu’après l’invasion normande de l’Angleterre en 1066, « a large number of “French words, of Latin origin” were violently introduced » (p. 47). Nous soulignons.

6Par ailleurs, les recherches encyclopédiques d’Innis laissent pantois. L’Asie lui est tout aussi chère que l’Europe. Les exégètes notent une certaine tension chez Innis, pour construire son propos tout au moins, entre une approche par les civilisations anciennes qui se succèdent et une approche par les supports — telle « la venue du papier en Chine ». Il déclare expressément ne pas vouloir se centrer sur l’Empire britannique, mais sa préoccupation à l’égard des États, telles l’Allemagne et l’Italie qui se constituent au XIXe siècle, aurait pu l’amener à accorder de l’importance à des forces nationalistes et « statistes » à des époques bien antérieures.

7Dorénavant, le chercheur peut accéder aussi bien au texte d’origine — si l’on peut dire — qu’aux Bias of communication, Empire and communication, Political economy and the Modern State et autres textes d’Innis publiés. Les directeurs de cet ouvrage ont organisé le manuscrit d’origine pour en faciliter la lecture.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Michael Palmer, « William J. BUXTON, Michael R. CHENEY et Paul HEYER (2015), Harold Innis’s History of Communications. Paper and Printing — Antiquity to Early Modernity »Communication [En ligne], vol. 36/1 | 2019, mis en ligne le 16 avril 2019, consulté le 06 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/communication/9159 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/communication.9159

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Auteur

Michael Palmer

Michael Palmer est professeur en sciences de l’information et de la communication, à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et directeur de l’équipe Communication, Information, Médias. Courriel : michael.palmer@univ-paris3.fr

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