1Cette note de recherche vise à réfléchir aux enjeux de la construction de cet objet de recherche multiforme et mouvant que sont les blogs « politiques » : blogs créés et développés par des acteurs institutionnalisés ou blogs émanant de « simples » citoyens. Ces blogs sont tour à tour présentés comme un moyen pour les élus de renouer avec les citoyens et comme le signe d’une (ré)appropriation de la politique par des usagers inventant de nouvelles formes de participation. Quelques faits accréditent la thèse de l’influence des blogs sur la vie politique réelle. Ainsi en est-il aux États-Unis de la démission contrainte de Trent Lott de son poste de chef du groupe républicain au Sénat (Bloom et Kabel, 2001) ; et du résultat du référendum sur le Traité constitutionnel européen en France, associé à l’évocation de la construction d’espaces citoyens en ligne et à une net-mobilisation intense des partisans du non (Ghitalla et Fouetillou, 2005).
2Pourtant, considérer les blogs politiques comme un objet de recherche potentiel pose des difficultés épistémologiques et méthodologiques. La pertinence de cette catégorie apparaît discutable dans ses fondements, et mouvante dans sa réalité empirique. Circonscrire la catégorie suppose de se doter d’une méthodologie de repérage, et de tenter d’identifier les principales spécificités des blogs politiques. Enfin, il convient d’examiner les propos sur la politique concernant les blogs. La démarche proposée s’appuiera principalement sur des exemples français.
3Il importe de s’interroger sur la construction et la pertinence de la catégorie « blog politique ». Ce journal de bord en ligne se caractérise par sa facilité de création et de mise à jour ; par sa présentation, sous forme de courts billets classés chronologiquement ; par son insertion dans un réseau, grâce à des liens hyper-textes ; et par son interactivité, puisque les lecteurs peuvent s’abonner pour suivre l’évolution du blog, et publier des commentaires et des billets en ligne. Les blogs peuvent aussi faire partager du son, grâce à la technique du podcast. Apparus au milieu des années 1990 aux États-Unis, les blogs se sont répandus dans les années 2000 (Fievet et Emily Turrettini, 2004 ; Adamic et Glance, 2005).
4Mais faire de cet outil un objet de réflexion sur la communication, la mobilisation et la participation politiques ne va pas de soi. Les technologies « électroniques » apparaissent complémentaires, voire accessoires, par rapport à d’autres formes de communication politique, au moins pour ce qui concerne les acteurs institutionnels. Plusieurs enquêtes internationales convergent pour montrer que les acteurs dominants du jeu politique privilégient la communication télévisée, les relations avec la presse écrite et les réunions publiques plutôt que la communication sur Internet (Gibson, Nixon et Ward, 2003 ; Kamarck et Nye, 2002 ; Serfaty, 2002).
5Dans le domaine spécifique des technologies de l’information et de la communication (TIC), étudier les « blogs » comme objet particulier conduit à écarter d’autres outils interactifs très populaires, tels que les SMS (Short Message Service) ou les sites Web politiques proposant des éléments d’interactivité (clavardage, forums, adhésions en ligne…). Le téléphone portable est utilisé par plus de 80 % de la population française et plus de la moitié des utilisateurs de mobiles envoient ou reçoivent des SMS (statistiques par l’Autorité de régulation des communications électroniques et postales). De même, l’accès à Internet se généralise : au mois d’août 2006, 50,5 % de la population française âgée de 11 ans et plus déclaraient s’être connectés à Internet au moins une fois, 41,6 % disposaient d’une connexion à l’Internet (statistiques Médiamétrie). L’audience des sites semble nettement supérieure à celle des blogs, même si la création et la lecture des blogs se sont fortement accrues. Ainsi, début 2005, environ 27 % des internautes étatsuniens déclaraient lire des blogs, soit une progression de 52 % par rapport à l’année précédente. En France, une étude réalisée par Opinion Way en septembre 2006 montre que 32 % des internautes ont déjà fréquenté le blog d’un homme politique, contre 83 % qui effectuent des démarches administratives en ligne.
6Par ailleurs, peu de personnalités politiques ayant exercé des responsabilités ministérielles possèdent un blog en France, même si leur nombre se multipliera en 2006-2007, du fait des échéances présidentielle et législatives prévues. S’ajoutent à ce repérage initial les blogs de membres de la direction des partis, ou ceux de parlementaires ou élus locaux.
Tableau 1. Liste des personnalités ayant exercé des responsabilités ministérielles et possédant un blog, octobre 2006
7La première liste établie ci-dessus ne permet de distinguer ni une « fonction » des blogs, ni le public visé, ni les spécificités des acteurs producteurs, ni bien sûr la capacité de mobilisation. Certains blogs constituent des outils de communication de campagne (blog de Renaud Dutreil), d’autres des commentaires de l’actualité (Alain Juppé), d’autres enfin le complément à un site Web personnel (Jack Lang), mais ces fonctions ne sont pas exclusives, elles peuvent s’entremêler ou se succéder. Les fréquences de mise à jour varient, de l’inscription quotidienne à l’intervention ponctuelle. Du point de vue des « producteurs » de sites, certains blogs résultent d’un travail en équipe (blog de Dominique Strauss-Kahn), alors que d’autres semblent plus personnels (blog d’Alain Juppé).
8L’appropriation limitée de la technologie des blogs par les personnes ayant exercé les plus hautes responsabilités n’empêche pas une certaine prolifération par ailleurs. On trouve des blogs de citoyens commentant la vie politique, des blogs présentant les activités et les projets de groupes partisans, des blogs s’intéressant à la vie politique dans une commune… Tout comme la communication sur le Web à ses débuts (Vedel, 2000), on se trouve devant un paradoxe : sans faire (encore ?) partie intégrante de la « présentation de soi » de toute personnalité politique, les blogs s’étendent bien au-delà de la sphère politique professionnelle et interrogent les modalités de la mobilisation et de la participation politiques.
9Ce flou présente l’intérêt d’inciter à répertorier ce que l’on peut qualifier de « blog politique » : d’une part, à titre exploratoire, par l’interrogation de moteurs de recherche identifiant des blogs intégrant le mot clé « politique » : d’autre part, par la recherche d’une définition qui intègre dans un ensemble tous les blogs politiques.
Tableau 2. Nombre de blogs associés au mot « politique » par Technorati et Googleblogs, avec sélection des articles en langue française, au 30 septembre 2006
Moteurs de recherche
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Nombre de blogs recensés
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Nombre de « billets » recensés
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Technorati
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461 (classés dans l’annuaire sous le mot « politique »)
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203 707 (en français)
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Google recherche de blogs
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7 878 (mot « politique » dans l’adresse url)
21 110 (mot « politique » dans le titre du blog)
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215 079 (en français)
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10Là encore, la diversité est de mise. Parmi les presque 500 blogs recensés par Technorati, certains sont consacrés à des personnalités publiques (blog satirique sur Nicolas Sarkozy), à l’actualité locale d’une ville (Greblog, blog local indépendant), un commentaire personnel de l’actualité, essentiellement politique (Sartre, le blog de Bernard Lallement), à des observatoires de l’Internet politique (le blog de Netpolitique http://blog.netpolitique.net, Place de la démocratie http://xmo.blogs.com/pdld/ ), ou à des journaux de bord intégrant une dimension politique (Le monde de Maliova, http://mondemaeliova.free.fr). Quelques blogs se focalisent sur un thème précis, comme celui du mariage gay (Marions les homos !). La plupart des blogs concernent la France, mais certains émanent du Québec, d’autres parties du Canada ou d’autres pays. La diversité est de mise.
11Ainsi est perçu ce que pointe Kevin Wallsten (2005) à propos de l’exemple étatsunien : au-delà des blogs les plus populaires et les plus consultés, il existe tout un ensemble de blogs « moins lus », à l’audience parfois confidentielle, portés par des « citoyens ordinaires », sur des sujets les plus divers, tous regroupés sous un même label de « blog politique » recouvrant en fait des discours différenciés.
12Pour tenter de rationaliser cette profusion, il semble important de proposer deux outils complémentaires : une définition, qui englobe tous les blogs politiques, et une classification, qui spécifie leurs singularités. Le blog politique est défini de manière large comme un carnet de bord en ligne proposant un point de vue sur la vie de la Cité. Ce point de vue peut être individuel ou collectif, mais il est donné en réaction à des événements, dans une interaction avec la communauté des internautes. La classification distingue trois éléments : les acteurs à l’origine du blog, l’objet du blog et les réseaux ou « communautés virtuelles » dont il peut favoriser l’émergence ou la consolidation. Ces critères répondent à l’analyse des usages des TICs depuis quelques années. L’identification des acteurs apporte des indications sur les modalités d’appropriation de l’outil, et sur les ressources mobilisées autour de lui. Précédemment, il a été constaté que les sites Web des candidats et des partis les plus puissants étaient plus performants en termes de fraîcheur d’information, de sophistication technique ou de diversité du contenu que ceux des « petits » candidats et organisations, même si ceux-ci accordent davantage d’importance au Web, qui rend moins dépendant des grands médias (Gibson et Ward, 2000 ; Bimber et Davis, 2003). Au même titre, il est possible de formuler l’hypothèse que les capacités de mise à jour, de modération, d’interaction avec les visiteurs sont dépendantes de l’énergie, des moyens et des compétences techniques et politiques des producteurs de blogs ; et que le contenu et la finalité des blogs ne sont pas indépendants de ces ressources. C’est pourquoi nous distinguons différents types d’acteurs. Chacun possède — ou peut s’entourer de personnes possédant — au minimum les (quelques) compétences techniques nécessaires, et surtout les compétences autorisant à exprimer un point de vue sur la politique. Cependant, il convient de distinguer entre les personnes les plus intégrées aux institutions politiques (par l’exercice de fonctions électives, partisanes ou gouvernementales au niveau national), les élus locaux, les personnes qui font profession de conseiller les acteurs de la vie politique ou de commenter celle-ci, et qui apparaissent relativement nombreux dans la blogosphère ; enfin, les « citoyens ordinaires », quoique ce qualificatif puisse être discuté.
13L’objet du blog constitue une indication de ce qui est recherché : s’exprimer, informer, débattre ou mobiliser autour d’une cause. Il permet de cerner la teneur des débats de la blogosphère : s’agit-il de faire écho à ce qui se joue sur la scène politique ou sur celle des « grands » médias ? S’agit-il au contraire de faire émerger des questions occultées dans le débat public, et de rechercher une mise sur l’agenda politique ?
14Enfin, la question des réseaux susceptibles d’être créés et entretenus à travers le blog doit être prise en compte, notamment pour les blogs « citoyens ». En effet, le potentiel de mobilisation induit par l’usage de l’Internet a été démontré pour des organisations faiblement institutionnalisées, géographiquement éclatées et aux ressources matérielles limitées, mais dont les membres possèdent un haut niveau de compétences culturelle et politique. Le répertoire d’action de ces organisations s’appuie largement sur les potentialités d’Internet (Granjon, 2001). Sur les blogs, les réseaux peuvent être repérés à travers trois indicateurs : les liens pointant vers ce blog (mesurés par le moteur de recherche Technorati et mentionnés dans le tableau 3 sous la lettre T), les liens vers d’autres blogs et les caractéristiques du public intervenant sur le blog telles qu’elles apparaissent après une phase de « lecture flottante ».
15Quel que soit le critère, la nuance est parfois ténue d’une catégorie à l’autre, et les frontières entre les catégories ne sont pas étanches. Les acteurs impliqués dans un blog varient également. Des professionnels de la communication et des médias peuvent prêter main-forte à des bloggeurs politiques, les collectifs de citoyens peuvent être proches d’un parti politique ou d’une fraction de ce parti, ou s’allier avec des élus pour défendre une position commune. Enfin, les réseaux dans lesquels s’insèrent les blogs se transforment et s’étendent sensiblement, certains devenant progressivement populaires et rassembleurs.
Tableau 3. Proposition de classification des blogs politiques
Enjeu principal du blog et Acteurs à l’origine du blog
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Commentaires de la vie politique (ou sur différents sujets, y compris politiques)
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Acteurs politiques nationaux
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Blog d’Alain Juppé
http://www.al1jup.com/
T=462
Pas de lien
Groupe de commentateurs diversifié
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Acteurs politiques locaux
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L’autre quotidien (blog personnel d'un élu)
http://www.darmian.net/
T=207
Pas de lien
Peu de commentaires
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Commentateurs professionnels de la vie politique (médias, journalistes, conseillers en communication)
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Jean-Michel Apathie
http://blog.rtl.fr/rtl-aphatie
T=401
Pas de lien
Nombreux commentaires (parfois plusieurs centaines)
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« Simples » citoyens ou groupes de citoyens
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http://Monputeaux.com (approche critique de la vie de la commune de Puteaux)
T=761
Liens vers très nombreux sites locaux
Commentaires surtout des habitants de Puteaux ou alentour, dont des élus locaux
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Mise en valeur d’une personnalité publique
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Mise en valeur ou information sur une organisation ou fraction organisationnelle (parti, syndicat, courant…)
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Blog de D.Strauss-Kahn
http://dsk.typepad.com
T=112
Liens partisans
Commentaires nombreux (parfois plusieurs centaines), forte proportion de sympathisants
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Le blog de cybermilitant (UMP)
http://blog.cybermilitant.com/
T=10
Liens partisans
Peu de commentaires
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Blog de
Michel Montaldo, vice-président UMP du conseil général du val d’Oise
http://montaldomichel.canalblog.com/
T=18
Liens vers d’autres blogs d’élus UMP
Peu de commentaires, écrits surtout par des habitants du département
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Blog des élus communistes de Fontenay sous Bois
http://eluscommunistesfontenay.hautetfort.com/
T=0
Liens partisans
Très peu de commentaires
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Les amis de Nicolas Sarkozy (association de soutien)
http://www.amisdenicolassarkozy.com/
T=4
Liens partisans
Pas de commentaire
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Blog NPS du 92
http://nouveaups92.canalblog.com
T=7
Liens partisans
Pas ou très peu de commentaires
Fraise des bois (expérience d’un membre récent du PS)
http://mamilitance.blog.lemonde.fr/
T=166
Pas de liens
Commentaires en provenance d’un petit nombre de personnes (connaissant l’auteur?), mais aussi de membres du PS ou sympathisants
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Information et mobilisation sur les enjeux d’une campagne électorale
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Information et mobilisation sur un enjeu de société
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http://Referendum.blog.lemonde.fr/referendum
(Jean-Louis Bourlanges et Dominique Rousseau)
T=25
Lien vers le Traité
Commentaires assez nombreux, diversité et compétence du public
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Chantal Brault (UDF), blog de campagne pour législative partielle de septembre 2005
http://chantalbrault05.free.fr/
T=0
Un lien partisan (UDF)
Aucun commentaire
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(lNTIC et société)
Xavier Moisant, président de « place de la démocratie »
http://xmo.blogs.com
T=327
Liens vers des sites sur e-démocratie, des blogs politiques, des blogs sur le blogging (Loïc Le Meur), etc.
Peu de commentaires, mais appartenance affirmée à la communauté des bloggeurs
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Collectif d’information et de réflexion sur le traité constitutionnel européen
http://publiusleuropeen.typepad.com/publius
T=52
Liens vers de l’information sur l’Europe, les fondations/think tanks français sur les questions européennes, et les blogs des rédacteurs de publius
Commentaires nombreux, diversité des intervenants mais quelques-uns produisent beaucoup des commentaires
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Blog pour le mariage gay et lesbien
http://marionsleshomos.hautetfort.com/
T=101
Nombreux liens vers des blogs citoyens et associations gays et lesbiennes
Peu de commentaires, essentiellement de sympathisants
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16Ainsi le « blog » doit-il être considéré en contexte : compte tenu des facilités de mises à jour, son objet et ses finalités peuvent évoluer sensiblement dans le temps. Le tableau précédent propose une classification de quelques blogs, en fonction des éléments dégagés à l’instant t de l’analyse, et doit être considéré dans une perspective dynamique d’évolution. La recherche ultérieure consistera à suivre l’état de la blogosphère et son audience, ainsi que l’évolution éditoriale de certains blogs.
17Ce tableau montre que l’audience des blogs, le nombre de commentaires et les liens tissés vers celui-ci varient sensiblement selon les blogs et les sujets traités. Si la popularité du blog semble en partie reposer sur la conversion de ressources acquises dans le champ politique ou médiatique, par exemple la notoriété de D. Strauss-Kahn ou J. M. Apathie, cette règle n’est pas absolue : des anonymes parviennent à rassembler autour de la vie locale (http://monputeaux.com) ou d’un enjeu électoral dans un contexte de campagne électorale (publius). Signalons que ces « anonymes » ne sont pas dépourvus de ressources politiques et sociales : par exemple, le curriculum vitæ de Christophe Grébert, animateur de Monputeux.com, indique qu’il est à la fois journaliste, militant syndical et engagé au Parti socialiste. Rassembler du public autour d’un blog suppose de fournir une information fiable et mise à jour. Les « anonymes » qui y parviennent disposent de l’expertise et du temps nécessaires. Ils savent s’entourer d’un réseau de connaissances qui pourra pourvoir aux besoins du blog. Ce constat conduit à faire deux hypothèses : d’une part, après la phase initiale « d’explosion » des blogs, une hiérarchie conforme à celle du Web se constituera ; quelques blogs populaires et très consultés, mis à jour, interactifs, repris par les autres médias voisineront avec une nébuleuse de blogs plus confidentiels. D’autre part, on suppose que les blogs très populaires se professionnaliseront, c’est-à-dire reposeront sur une équipe et obtiendront des ressources matérielles permettant de maintenir leur avantage comparatif.
18À ces limites s’oppose un discours positif et d’ouverture, concernant le rôle des blogs : ceux-ci sont présentés comme une occasion de dialogue avec les citoyens. Cela se retrouve sur les blogs d’élus, conformément à la rhétorique de la proximité (Le Bart Lefevre, 2005). Mais l’Internet citoyen n’est pas en reste : ainsi, Loïc Le Meur, promoteur du blogging politique, les présente comme un lieu où la « compétition des idées » est réelle et égalitaire, parce que débarrassée du filtre des médias de masse. La confiance dans l’information diffusée serait totale, parce qu’elle peut être vérifiée et corrigée par la communauté des bloggeurs. Pourtant, cette vision apparaît inexacte. D’une part, la blogosphère n’est pas dénuée de mensonges et autres canulars. D’autre part, sur les blogs comme sur les forums de l’Internet politique, il apparaît un effet de communauté qui montre que les blogs ne sont pas (en tout cas pour l’instant) ouverts à tous. Ceux qui s’expriment prennent le temps de le faire, se sentent autorisés à le faire, et possèdent le « répertoire argumentatif » nécessaire (Cappela, Price et Nir, 2002). Si les blogs politiques représentent un espace de confrontation entre les professionnels de la politique et les citoyens, ils constituent également un miroir de la « politique réelle », où transparaissent les inégalités d’accès au politique.
19Derrière ces conceptions, déjà perçues au début du développement d’Internet, se dessine l’utopie d’un citoyen informé, hyper-actif, qui pourrait se passer des médiations de la démocratie représentative (Vedel, 2003 : 208-212). Pour revenir à une perspective mieux fondée empiriquement, il convient d’observer finement les usages possibles des blogs politiques, et de revenir à la question, centrale pour D. Wolton (2000 : 17-19), de la correspondance entre technique, culture et société. Il convient alors d’étudier en quoi les blogs, comme d’autres technologies de l’information et de la communication, entrent en résonance avec les discours tenus à un moment donné sur la politique et l’action publique, et les exigences croissantes des citoyens face aux responsables politiques.