1La publication reprend la « quasi totalité des contributions présentées au colloque Mondialisation et nouveaux médias dans l’Orient arabe qui s’est tenu » à Lyon en 2001. Il serait vain de vouloir, en quelques paragraphes, rendre compte de l’intégralité d’un ouvrage regroupant 22 communications, ou paraphraser l’excellente présentation qu’en fait Franck Mermier, coordonnateur de l’ouvrage. Aussi nous contenterons-nous de quelques généralités avant de pointer des éléments particulièrement remarquables.

2Le titre « nouveaux médias » est, ici, employé dans son acception la plus large. Les textes traitent, certes, des paraboles satellites et des cybercafés mais plus largement du journalisme télévisuel « essor d’une nouvelle profession » (p. 17) — tout à fait d’actualité à l’heure où Al Jazira amorce une diffusion en langue anglaise —, de la « publicité au Moyen-Orient » (p. 349), pour terminer par l’édition papier dans le monde arabe (p. 409) en rappelant que « l’industrie mondiale du papier pèse aujourd’hui [en 1997] aussi lourd que celle de l’aéronautique ».

3L’ouvrage ne se limite pas à décrire la réception télévisuelle ou l’accès à Internet, mais montre des aspects particuliers de la pratique face aux TIC. Il s’agit ici de marquer leurs enjeux réels dans un univers qui n’est pas, comme on pourrait le dire de l’Europe, une seule entité : diversité de régimes, plus ou moins totalitaires, et une religion plus ou moins présente.

4Ainsi apprend-on que la pratique du clavardage « connaît à Beyrouth un véritable engouement » (p. 214), qu’il est un réel outil d’« initiation » à des sujets tabous, qu’il permet aux jeunes de faire éclater la structure habituelle du rapport à l’autre. Mais aussi que la fiction télévisuelle est, également, un enjeu politique (p. 185) pour la télévision syrienne. Certes, on connaissait déjà la forte implantation des comédies de situation (sitcom) égyptiennes suivies passionnément dans la zone du Maghreb, élément important de diffusion de la langue arabe littéraire, mais ici « le feuilleton devient un prétexte pour des débats traitant de sujets qui dépassent le strict cadre artistique » (p. 192).

5Pour des pays comme la Tunisie, soumis à « l’effet de deux calendriers » (p. 168), une étude est menée sur la perception Ramadan/Nouvel an à la télévision dans des familles. L’approche économique est présente sous la forme d’un article sur les sites marchands au Liban (p. 309), l’auteur y présente une étude fort bien documentée et argumentée. Pour rester dans le domaine économique, il faut associer une communication sur la comparaison des réseaux publicitaires entre le Moyen-Orient et le reste du monde. On peut également souligner une étude remarquable sur les sites Internet gouvernementaux au Moyen-Orient dans laquelle l’auteur en propose leur classement (p. 243) : propagande, neutre et sans réelle utilité.

6Champ croisé des communications, mais aussi pluridisciplinarité des auteurs par des approches sociologiques, psychologiques, économiques, et confrontation productive d’universitaires européens et arabes. Cet ouvrage particulièrement documenté apporte une contribution réussie au sujet proposé et un réel éclairage sur la situation des médias dans le monde arabe.