Mira FALARDEAU, Histoire du cinéma d’animation au Québec
Mira FALARDEAU (2006), Histoire du cinéma d’animation au Québec, Montréal, Éditions TYPO, Coll. « Essais ».
Texte intégral
1Le cinéma d’animation est passionnant grâce à l’éventail des possibilités créatrices qu’il offre aux artistes venus d’univers différents. C’est pour cela qu’il est facile de partager l’enthousiasme que l’auteure, Mira Falardeau, spécialiste en humour visuel, évoque pour cet art dans son ouvrage. Un enthousiasme auquel s’ajoute chez elle la fierté d’être québécoise, en soulignant des aspects comme la langue et l’origine, même dans un art qui a bien moins de frontières géographiques et linguistiques que le cinéma d’acteurs.
2Le cinéma d’animation est passionnant grâce à l’éventail des possibilités créatrices qu’il offre aux artistes venus d’univers différents. C’est pour cela qu’il est facile de partager l’enthousiasme que l’auteure, Mira Falardeau, spécialiste en humour visuel, évoque pour cet art dans son ouvrage. Un enthousiasme auquel s’ajoute chez elle la fierté d’être québécoise, en soulignant des aspects comme la langue et l’origine, même dans un art qui a bien moins de frontières géographiques et linguistiques que le cinéma d’acteurs.
3Dans son livre, Falardeau parcourt l’histoire de l’animation depuis les lanternes magiques jusqu’à l’animation multimédia et Internet. Elle partage son émerveillement pour cette évolution en se concentrant sur les auteurs qui ont travaillé au Canada. C’est ainsi qu’elle retrace notamment l’histoire de l’Office national du film (ONF), véritable cœur battant d’un cinéma d’animation d’auteur. Tout à l’opposé de ses homologues étasuniens, l’ONF bénéficiait d’un soutien public, ce qui a permis à un cinéma d’expérimentation d’exister et, en considérant le palmarès de 620 prix prestigieux dont sept Oscars hollywoodiens sur une production totale de 711 films d’animation, de fleurir. Comme des parenthèses dans cette histoire, l’auteur s’attarde sur certains auteurs/producteurs, comme Raoul Barré, Québécois, qui fonde à New York le premier studio au monde consacré à cette forme d’art, et Norman McLaren, Écossais, qui arrive à l’ONF en 1940 apportant un souffle d’inventivité et d’innovation au métier, tant technique qu’artistique. Enfin, à cela s’ajoutent également quelques chapitres dédiés aux techniques du dessin animé, à l’animation par ordinateur et à l’animation liée aux multimédias.
4Bien que l’ouvrage soit considéré comme un « essai » (mot qui figure également dans le sous-titre), il s’agit avant tout d’un hommage à la créativité et à l’engagement des hommes et des femmes qui ont trouvé dans le cinéma d’animation leur mode d’expression. Falardeau effleure en cours de route maints sujets qui mériteraient une réflexion approfondie, tels l’innovation technique, l’intérêt politique, l’intérêt éducatif, l’évolution du marché ou encore la coïncidence historique des individus. Mais cette réflexion ne se développe malheureusement pas au sein de l’ouvrage, et ce n’est qu’en filigrane que nous arrivons à repérer leurs influences sur l’évolution du cinéma d’animation et son avenir.
5La particularité et l’originalité de ce travail pourraient encore résider dans sa perspective québécoise. De temps en temps, l’auteure donne même l’impression d’être prioritairement préoccupée du lien que l’auteur/animateur/producteur ou son œuvre a avec le Québec, aussi faible voire dérisoire qu’il puisse paraître au lecteur. Tout à l’opposé, l’ONF semble représenter par excellence ce que le cinéma d’animation a rendu possible : l’interaction et l’échange entre des artistes venus du monde entier, Norman McLaren en étant une preuve formidable.
6Néanmoins, ce qui s’est avéré passionnant et historiquement exclusif a été ce cadre de travail, cette terre d’accueil artistique que représentait l’ONF pendant plusieurs décennies, qui a créé les conditions pour rendre ces échanges fructueux. Falardeau montre de quelle façon tant la conjoncture politique et économique que les coïncidences des artistes curieux, inventifs et passionnés par l’image en mouvement ont donné au Canada entier (l’ONF, quoique basée à Montréal depuis 1956, s’occupait de la production tant anglophone que francophone et il serait trop réducteur de limiter son importance à sa localisation géographique) la possibilité de réaliser un grand nombre d’œuvres de création. Ce rassemblement a permis et encouragé un esprit d’innovation et un raffinement artistique que d’autres pays, contraints à produire des animations rapides et commerciales, ont perdus. Mais cela accentue davantage ce que soutient Falardeau par sa lecture de l’histoire : l’innovation et le raffinement artistiques resteront toujours liés aux passionnés que le cinéma d’animation attire, ces aventuriers de l’image prêts à innover et à affranchir les limites du possible pour accéder à de nouvelles façons de s’exprimer. L’histoire a également montré qu’ils trouveront toujours ces lieux de refuge exclusifs, aussi fragiles soient-ils, et le Canada par l’ONF a certainement le mérite d’avoir compris l’importance de soutenir l’art d’animation comme nul autre pays.
7Pour conclure, ce que nous offre l’auteure est essentiellement une introduction historique et technique — tantôt passionnée, tantôt encyclopédique — au cinéma d’animation. De ce fait, le livre offre une bonne occasion aux néophytes de se familiariser avec les techniques et le vocabulaire de l’animation ainsi qu’avec les auteurs les plus importants de cette industrie culturelle. Par contre, pour ceux qui s’y connaissent en animation, il n’apportera malheureusement pas de surprises.
Pour citer cet article
Référence papier
Anna Kurtycz et Ruud van der Helm, « Mira FALARDEAU, Histoire du cinéma d’animation au Québec », Communication, Vol. 25/2 | 2007, 262-263.
Référence électronique
Anna Kurtycz et Ruud van der Helm, « Mira FALARDEAU, Histoire du cinéma d’animation au Québec », Communication [En ligne], Vol. 25/2 | 2007, mis en ligne le 29 août 2012, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/communication/377 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/communication.377
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