Annette BÉGUIN-VERBRUGGE (2006), Images en texte, images du texte. Dispositifs graphiques et communication écrite
Annette BÉGUIN-VERBRUGGE (2006), Images en texte, images du texte. Dispositifs graphiques et communication écrite, Lille, Presses universitaires du Septentrion.
Texte intégral
1En découvrant le titre du récent ouvrage d’Annette Béguin-Verbrugge, le lecteur inattentif pourrait croire à un « simple » ouvrage d’analyse de l’image. Cette simplicité serait déjà d’un grand intérêt scientifique et pédagogique, dès lors que l’essor des images fixes et animées rend indispensable l’élaboration d’un appareil conceptuel et méthodologique qui tienne compte des évolutions en la matière (installation vidéo, publicités interactives…). Pour s’en convaincre, il faut écouter les étudiants en sciences de l’information et de la communication : si les outils d’analyse de textes communicationnels leur paraissent aussi variés qu’accessibles, l’approche des dispositifs graphiques semble leur échapper, faute de guide (connu) en la matière.
2Sans pourtant y prétendre de prime abord, Images en texte, images du texte joue ce rôle de guide. Nombreuses reproductions à l’appui, il aborde en effet la plupart des formes graphiques, depuis l’écriture cunéiforme jusqu’au dessin de presse, en passant par l’image publicitaire, les enluminures médiévales, la maquette journalistique, les tableaux de Van Eyck ou les cartes géographiques des manuels d’histoire, pour ne citer que quelques exemples. Le lecteur intéressé par l’une ou l’autre de ces formes peut donc se pencher, au gré de son intérêt, sur tel ou tel chapitre. Il peut également comparer ce type d’œuvre avec d’autres, d’une époque ou d’un registre différent, mais qui utilisent les mêmes procédés sémantiques. Ainsi, le chapitre sur les figures de la transgression permet de comparer différents usages de la mise en abyme chère à André Gide et définie par Lucien Dällenbach : peintures (notamment Magritte), affiches de théâtre, campagnes publicitaires et bandes dessinées aiment, chacune à leur façon, jouer avec cette pratique réflexive.
3Mais le véritable intérêt de l’ouvrage est de dépasser cette « simple » analyse de l’image. Ou plutôt, de la subordonner à ce que l’auteure appelle une « sémiotique des bords » du texte. Son objectif est en effet d’analyser comment la frontière entre le texte et le hors-texte (images, maquettes, cadres…) participe à la construction du sens. Pour cela, elle envisage cette frontière comme un signe et observe les effets de lecture que génère ce cadre en fonction des habitudes sociales des consommateurs.
4Du bord du texte au bord de la discipline, il n’y qu’un pas qu’Annette Béguin franchit en connaissance de cause : « En m’intéressant aux cadres <physiques>, ce sont les limites disciplinaires qu’à bien modeste échelle, je souhaiterais contribuer à questionner par une approche volontairement transversale » (p. 14).
5Ainsi donc, croisant analyse du message (textuel et iconique), prise en compte de la réception et discussion épistémologique, l’auteure nous propose un ouvrage à plusieurs entrées et à plusieurs niveaux de lecture qu’une écriture claire et un lexique des principaux concepts servent à propos. Le chercheur, le graphiste, le pédagogue et l’étudiant en seront ravis.
Pour citer cet article
Référence électronique
Laurence Mundschau, « Annette BÉGUIN-VERBRUGGE (2006), Images en texte, images du texte. Dispositifs graphiques et communication écrite », Communication [En ligne], Vol. 27/2 | 2010, mis en ligne le 06 septembre 2013, consulté le 22 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/communication/3219 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/communication.3219
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