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Approche dialogique d’une interview politique télévisée

Virginie Delmas
p. 102-121

Résumés

Cet article se propose de montrer en quoi et comment la notion de dialogisme de Bakhtine et certaines de ses facettes (interdiscours, discours rapporté, etc.) peuvent permettre d’envisager les stratégies mises en place par les interlocuteurs lors d’une interview politique télévisée.

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Texte intégral

Aucun discours de la prose littéraire — qu’il soit quotidien, rhétorique, scientifique —, ne peut manquer de s’orienter dans le « déjà-dit », le « connu », l’« opinion publique », etc. L’orientation dialogique du discours est, naturellement, un phénomène propre à tout discours. C’est la fixation naturelle de toute parole vivante. Sur toutes ses voies vers l’objet, dans toutes les directions, le discours en rencontre un autre, « étranger », et ne peut éviter une action vive et intense avec lui (Bakhtine, 1978 : 102).

1Cette pensée de Bakhtine, qui va nous servir de toile de fond dans cette analyse, affirme que tout énoncé n’est qu’un maillon dans la chaîne des discours, toute production langagière s’inscrit nécessairement dans le flot des paroles qui précèdent et de celles qui vont suivre. Le sujet ne construit pas du sens tout seul, mais en fonction de ce qui a été dit, de ce qu’il connaît des discours déjà prononcés, et aussi en fonction de l’anticipation de la façon dont son discours va être perçu.

Ainsi quand il s’agit de mettre en mots une expérience, le locuteur ne l’approche pas dans une relation directe. Il l’approche à travers ce que d’autres en ont dit. Que ce soit pour le reprendre ou le modifier, la parole est marquée par cette relation au discours d’autrui, ce qui lui confère une certaine épaisseur énonciative. Tout discours est ainsi « mélange quasi dialogique de discours différents » (Salazar-Orvig, 1999 : 92).

2Il nous importe donc ici de montrer en quoi certains phénomènes découlant de cette idée de dialogisme sont porteurs de stratégies lors d’une interview politique télévisée, c’est-à-dire comment le journaliste et l’homme politique, dans leurs rôles respectifs, vont se servir de cette notion de dialogisme, des paroles de chacun, l’un pour poser ses questions et l’autre pour y répondre, en somme pour construire un échange.

  • 1  Cette lettre a été envoyée par fax aux rédactions des quotidiens.

3Le corpus que nous avons analysé est assez particulier, car il s’agit d’une interview de Lionel Jospin, le 21 février 2002, au journal télévisé de France 2 à 20 h. Il est à l’époque le premier ministre du gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac et il a annoncé la veille, sous la forme d’une lettre adressée aux Français parue dans la presse quotidienne1, sa candidature à l’élection présidentielle. On se doute qu’il est donc là pour appuyer cette annonce et la développer afin de justifier sa candidature. Il s’agit donc de son premier discours de campagne électorale. Son interlocuteur est David Pujadas, journaliste-vedette du JT de 20 h de France 2.

4Cette interview est très longue, c’est pourquoi nous nous contenterons de ne donner ici que les exemples les plus significatifs de l’analyse2. De plus, nous devons signaler que nous avons choisi de travailler sur un corpus limité pour tenter une première approche des microphénomènes découlant du dialogisme dans ce type de corpus et envisagés ci-dessous.

5Cette analyse consiste donc à chercher des traces de dialogisme et de ses différentes facettes, c’est-à-dire tous les phénomènes du discours se référant à des paroles antérieures. Nous allons nous intéresser particulièrement aux manifestations suivantes dans ce corpus :

  • L’interdiscours ;

  • Le discours rapporté ;

  • Le dialogue effectif et tous les phénomènes qui en résultent.

L’interdiscours

6Un discours s’inscrit toujours dans un environnement où il est confronté à d’autres discours, et ce, d’autant plus en politique, où le discours est constitutif des hommes et des partis. L’interdiscours évoque simplement du discours ambiant sans forcément en donner les sources précises ni les propos tenus. Nous allons donc nous arrêter ici sur tous les phénomènes de discours à distance et notamment sur le fait qu’ils permettent aux deux locuteurs de faire appel dans notre corpus à d’autres discours que l’on peut regrouper en quatre grands types.

7Tout d’abord, un discours que l’on pourrait qualifier de général, car il renvoie à des propos vagues ou dont la source n’est pas identifiée.

  • 3  DP fait référence à David Pujadas et LJ à Lionel Jospin, suivis de leur numéro de tour de parole. (...)

DP 5.3

Hum / un mot personnel encore / parce qu’on avait beaucoup entendu parler y a 7 ans / d’une expression à votre propos / fendre l’armure / et c’est vrai que depuis votre image est toujours restée quand même celle / d’un homme un peu austère un peu rigide alors est-ce vous vous en préoccupez / est-ce c’est quelque chose (euh) à laquelle vous pensez /

8Le journaliste se réfère ici, sans les prendre directement en charge, à des propos tenus sur Lionel Jospin qui servent à poser une question sur son image, son caractère.

DP 8.

Hum / mais beaucoup ont relevé les coïncidences étonnantes entre la date de / réapparition de ces affaires et la campagne électorale /

9Il s’agit d’un renvoi à des propos non ciblés. En fait, David Pujadas se sert de l’interdiscours pour lancer une accusation, mais il n’en prend pas la responsabilité.

10Ensuite, le discours de la gauche, celui de Lionel Jospin ou d’autres représentants du Parti socialiste (PS).

DP 31.

Et est-ce qu’on n’est pas toujours encore Lionel Jospin dans un / socialisme euh / qui fait de la dépense publique l’alpha et l’oméga de la règle économique / euh / et qui fait de l’intervention de l’état le centre de sa pensée / ces concepts mêmes / que / Dominique Strauss-Kahn ou d’autres / autour de vous dénoncent d’ailleurs /

11Cet exemple fait allusion à des propos de Dominique Strauss-Kahn ou d’autres militants du PS pour poser la situation du parti.

LJ 35.

J’ai déjà eu l’occasion de dire que lorsque nous avons trouvé ce dossier des retraites / en / 1997 / et je n’avais pas pris d’ailleurs / d’engagements / à cet égard / vous vous rappelez / j’avais pris des engagements sur l’emploi / sur les 35 heures / sur les emplois jeunes / euh / sur la couverture maladie universelle / je n’avais pas dit / je vais régler le problème des retraites dans les 5 ans / car je savais le dossier / euh / littéralement / euh / bloqué / par euh / le / le conflit social qui s’était produit / autour des propositions très brutales / euh de Monsieur Alain Jupé / mon prédécesseur /

12On a ici plusieurs types de références : Lionel Jospin débute en voulant rapporter son discours, mais ne le fait pas. Il fait ensuite référence aux engagements qu’il a pris lorsqu’il a été nommé premier ministre et à ceux qu’il n’a pas pris. On a une mise en scène de discours rapporté, mais à travers la négation, on sait que ce n’en est pas. C’est donc de l’interdiscours.

13Parallèlement, les interlocuteurs mobilisent le discours de la droite et de Jacques Chirac.

DP 7.

[…] / beaucoup d’affaires / qui sont sorties ou ressorties / beaucoup visent le RPR certaines même Jacques Chirac / et on vous a accusé à droite / de tirer un peu les ficelles / est-ce que vous pouvez nous dire que vous-même / vos proches / ne sont en aucune manière à l’origine de la / réapparition ou l’apparition de ces affaires /

14David Pujadas renvoie ici aux propos tenus par « la droite » sur la réapparition des affaires.

LJ 15.

[…] la / campagne / présidentielle / fait partie de l’élection elle-même / l’exercice de la présidence / commence / au moment / de la campagne présidentielle / si l’on établit une / coupure / une césure / entre ce qu’on dit pendant la campagne et ce que l’on fait / lorsqu’on est aux responsabilités et au pouvoir / alors je pense qu’on participe / euh / de / du scepticisme à l’égard des politiques qui / tend à exister (euh) / dans le pays / […]

LJ 16.

Tenir ses promesses / euh / cela suppose / ben oui bien sûr / parce que si / euh / on ne / intervient / sur toute une série de sujets / en faisant des propositions / et qu’ensuite / on tourne le dos / à sa politique / comme ça à pu être le cas / après 1995 / ça crée / un sentiment de de / démoralisation / dans l’opinion publique / et elle n’en a pas besoin /

15Dans ces exemples, nous sommes devant des références plus précises : les promesses de Jacques Chirac pendant la campagne de 1995 qui n’ont pas été tenues et qui sont donc un argument majeur de la gauche pour le discréditer.

16Enfin, il y a utilisation de références à la lettre adressée la veille aux Français par l’intermédiaire des quotidiens.

DP 1.

Lionel Jospin d’abord est-ce que vous avez / hésité (euh) / ces (:) / derniers jours ces derniers mois / à prendre cette décision ? /

LJ 2.

Ben je n’en suis plus tout à fait là déjà / pour ce que / (euh) depuis hier je suis candidat […]

17Les deux locuteurs font implicitement référence à la lettre et plus précisément au fait qu’elle a été le support de l’annonce officielle de la candidature de Lionel Jospin. Il pose ici son nouveau statut de candidat à l’élection présidentielle.

DP 15.

Alors quand vous parlez précisément de la fonction présidentielle / vous (euh) / affichez des ambitions / il faudra présider autrement / c’est dans le texte que vous avez (euh) / rendu public / hier / et vous parlez / notamment d’un président de la République qui doit présenter un projet au pays / prendre des engagements et les respecter / alors là effectivement on est dans la règle / dans le principe / mais / Jacques Chirac n’est pas cité mais tout le monde pense à lui / et vous vous n’avez pas pensé à lui en écrivant ces lignes ? /

LJ 15.

[…] il est extrêmement important pour un président de la République / qu’il / propose un projet / qu’il / prenne des engagements / et ensuite qu’il les respecte / c’est ce que j’appelle effectivement (euh) / présider autrement /

18Bien qu’il n’y en ait aucun rappel explicite, ces éléments font partie intégrante de la lettre. Il est ici intéressant de noter que les deux interlocuteurs se servent des éléments présents dans la lettre, l’un pour poser des questions, l’autre pour recentrer les propos sur l’annonce de sa candidature.

Le discours représenté ou rapporté

19Nous regroupons et relevons ici tous les cas où des propos d’une autre personne sont cités ou présentés. Par rapport à l’interdiscours, nous considérons qu’il y a ici une manifestation plus claire des propos tenus et rapportés ou présentés. Ce phénomène a également plusieurs types d’implications différents suivant la personne qui l’utilise.

20Lionel Jospin reprend toujours son propre discours ou la lettre.

LJ 1.

Non / (euh) / cette décision / je l’ai mûrie / (euh) / personnellement / elle est / bien sûr aussi l’expression d’un d’un mouvement plus collectif / (euh) simplement comme je l’avais dit (euh) / il fallait que je / conduise ma ma tâche de chef de gouvernement / au moins jusqu’à la fin / de / la session parlementaire/

21Son propre discours représenté lui permet dans cet exemple de justifier le temps mis pour la décision.

LJ 14.

Non je […] / si vous voulez / je vous ai dit que je m’exprimais sur le terrain des / des règles et des principes / des propositions futures / je ne fais pas d’autre commentaire sur ce point /

22Il y a un problème concernant la référence de cette phrase, car elle ne se trouve pas dans ce discours et pourtant, elle laisse supposer un véritable discours rapporté. On peut se demander si cela ne fait pas partie de la préparation de l’interview.

23David Pujadas utilise le discours rapporté de différentes manières.

24a) Une fois son propre discours, car Lionel Jospin l’a coupé.

DP 39.

Alors je disais / deux questions peut-être sur la campagne pour terminer / Jean-Pierre Chevènement c’était plus qu’un (:) ministre / c’était un / un proche / (euh) / est-ce qu’il l’est toujours parce qu’il a des mots / assez durs pour vous ? /

25Nous avons une reprise de DP 37 (« Deux questions / disons / de / de politique < ou concernant > la campagne / pour terminer ») qui a été coupé par Lionel Jospin.

26b) Il l’utilise également pour citer Jacques Chirac :

DP 10.

Et est-ce que vous pensez comme l’a dit Jacques Chirac que finalement ces affaires ne sont que le reflet / du flou artistique dans lequel évoluait le financement des partis politiques / y a des affaires à droite / y a l’affaire (destra) qui vous concerne / […]

27David Pujadas utilise les propos de Jacques Chirac pour poser une question.

28c) Il parle directement pour Lionel Jospin :

DP 19.

Alors euh / candidat pourquoi pour quoi faire vous-même vous posez la question / euh / comment peut-on lorsqu’on gouverne la France pendant / 5 ans / dire / et c’est un peu / une critique / que vous font la droite / dire oui je n’ai pas fait certaines choses / mais / aujourd’hui / je vais vous présenter un dessein comment justifier que ce qu’on souhaite faire aujourd’hui / on ne l’ait pas fait / hier /

29Le journaliste reprend ici les termes mêmes de la lettre de Lionel Jospin et son interrogation mise en scène. Il interprète ensuite les propos de Lionel Jospin en parlant pour lui à travers l’utilisation du je/on.

30d) Et enfin, les cas les plus fréquents, il cite ou reprend le discours ou la lettre de Lionel Jospin.

DP 2.

Alors vous aviez dit en décembre / c’était sur France 2 / c’est beaucoup une question de désir / alors ce désir finalement est-ce que vous l’avez est-ce qu’il est fort / et comment s’exprime-t-il ? /

31Il utilise ici les paroles de Lionel Jospin et reprend même le terme « désir » pour poser sa question. On voit bien ici quelques stratégies se mettre en place : Lionel Jospin reste sur son objectif, sa lettre et sa déclaration de candidature, alors que David Pujadas utilise beaucoup d’autres discours pour faire avancer le dialogue et construire un échange.

Le dialogue effectif

32Une interview est par définition du dialogue effectif, mais du dialogue qui est ici différent du dialogue ordinaire puisqu’il s’agit d’une interview politique et télévisée. Nous ne pouvions pas négliger cette facette, indispensable pour comprendre comment le discours de l’un se construit dans l’échange verbal à partir du discours de l’autre.

33Nous allons nous intéresser à différents phénomènes tels que les reprises, les implicites, les reformulations, les attributions, l’utilisation de Jacques Chirac, qui constituent l’hétérogénéité de la construction du sens dans le dialogue et qui donc relèvent du dialogisme. Évidemment, ces phénomènes prennent toute leur importance et leur force stratégiques dans l’enchaînement du dialogue, c’est pourquoi notre analyse a été effectuée de manière linéaire. En revanche, dans un souci de brièveté, les résultats les plus significatifs vont être présentés thématiquement.

Les phénomènes de reprises

34Il s’agit de prendre en compte ici les cas où un terme ou même une phrase entière sont repris directement par chacun des locuteurs dans leur propre discours (autocontinuité) ou dans le discours de l’autre (hétérocontinuité). Cela nous permet de voir les termes retenus par chacun et donc d’envisager la progression thématique et la prise en charge des thèmes et des objets du discours.

35David Pujadas utilise des reprises très souvent pour poser une question.

36Par exemple en DP 4, le journaliste reprend le terme « plaisir », lancé par Lionel Jospin et repris par les deux interlocuteurs à tour de rôle, et le terme « désir », lancé par lui-même, mais provenant de paroles rapportées de Lionel Jospin.

DP 2.

Alors vous aviez dit en décembre / c’était sur France 2 / c’est beaucoup une question de désir / alors ce désir finalement est-ce que vous l’avez est-ce qu’il est fort / et comment s’exprime-t-il ? /

LJ 2.

Ben je n’en suis plus tout à fait là déjà / pour ce que / (euh) depuis hier je suis candidat / et donc mes sentiments sont certainement / mêlés (euh) / y a du plaisir / y a de la sérénité / et puis y a aussi un sentiment très fort de responsabilité / voilà un peu / ce mélange que je ressens au moment où je commence cette campagne /

DP 3.

C’est le plaisir de la confrontation / ou c’est le plaisir du débat / ou des propositions ? /

LJ 3.

Ba vous connaissez (euh) / peut-être (euh) / ce ce joli film / (euh) / le bonheur est dans le pré / […] là c’est / maintenant à moi / après 5 ans de gouvernement (euh) / à avoir travaillé (euh) / je dirais (???) / attelé à la carriole / et bien à m’ébrouer dans le champ de la démocratie et donc c’est une forme de de libération / (euh) qui doit rester maîtrisée mais / c’est ça qui provoque ce plaisir / ce plaisir du débat de la confrontation de dire aussi la vérité en quoi on croit /

DP 4.

Jacques Chirac, quand il a déclaré sa candidature a parlé de passion […] / vous vous diriez plutôt les mots plaisir ou / désir ?/

37Lionel Jospin utilise des reprises pour répondre aux questions en continuité ou en rupture.

38En rupture par rapport aux propos du journaliste. (Il reprend ici les termes de David Pujadas pour les rejeter.)

DP 34.

Vous approuvez par exemple les / les orientations prônées par Dominique Strauss-Kahn par exemple sur / EDF / faut-il ouvrir le capital d’EDF au privé faut-il privatiser EDF ?/

LJ 34.

Privatiser EDF certainement pas / en même temps / EDF est une entreprise publique / […]

39En hétérocontinuité sur les propos de Pujadas ;

DP 3.

C’est le plaisir de la confrontation / ou c’est le plaisir du débat / ou des propositions ? /

LJ 3.

Ba vous connaissez (euh) / peut-être (euh) / ce ce joli film / (euh) / le bonheur est dans le pré / […] là c’est / maintenant à moi / après 5 ans de gouvernement (euh) / à avoir travaillé (euh) / je dirais (???) / attelé à la carriole / et bien à m’ébrouer dans le champ de la démocratie et donc c’est une forme de de libération / (euh) qui doit rester maîtrisée mais / c’est ça qui provoque ce plaisir / ce plaisir du débat de la confrontation de dire aussi la vérité en quoi on croit /

40En autocontinuité.

LJ 2.

Ben je n’en suis plus tout à fait là déjà / pour ce que / (euh) depuis hier je suis candidat / et donc mes sentiments sont certainement / mêlés (euh) / y a du plaisir / y a de la sérénité / et puis y a aussi un sentiment très fort de responsabilité / voilà un peu / ce mélange que je ressens au moment où je commence cette campagne /

LJ 5.

Non je vous parlais de ce sentiment de de sérénité qui m’habite parce que j’ai (euh) / travaillé pendant / 5 ans / et que / venir / devant le peuple / pour (euh) / exposer / un / projet (euh) / prendre des engagements (euh) / c’est quelque chose qui (euh) / que je fais (euh) / de façon (euh) / je dirais maintenant (euh) / naturelle / sans qu’il y ait pour moi (euh) / de conséquences quelconques donc je peux aller à cette confrontation l’âme tranquille /mais en même temps j’ai un sentiment très fort de responsabilité parce que / …

41Ces phénomènes nous intéressent, car ils sont constitutifs de la construction du sens dans l’échange discursif, aussi bien sur le plan des unités lexicales que dans la gestion de l’échange.

L’autoreprise, par exemple, peut constituer une ressource dans la gestion de l’élaboration discursive alors que l’hétéroreprise est une des formes privilégiées de l’accusé de réception dans le dialogue et donc un véhicule de l’intercompréhension. En outre, la reprise constitue aussi bien sur le plan local que sur le plan global un des outils privilégiés de la cohésion textuelle (Bernicot, Hudelot et Salazar-Orvig, 2006 : 3).

42Les deux interlocuteurs utilisent des reprises à cause d’une coupure.

LJ 24.

mais on a mis /

LJ 25.

mais on a mis en place / les premiers outils / les centres de /

LJ 26.

les centres de placements immédiats / les centres d’éducation renforcée / ce sont des outils qui n’existaient pas / avant nous / et qui existent maintenant […]

DP 37.

Deux questions / disons / de / de politique < ou concernant > la campagne / pour terminer /

DP 39.

Alors je disais / deux questions peut-être sur la campagne pour terminer / Jean-Pierre Chevènement c’était plus qu’un (:) ministre / c’était un / un proche / euh / est-ce qu’il l’est toujours parce qu’il a des mots / assez durs pour vous /

43Dans chacun de ces exemples, les locuteurs reprennent les propos qu’ils tenaient avant l’interruption pour tenter de revenir sur les éléments qu’ils voulaient transmettre.

44Le deuxième phénomène à prendre en compte est l’utilisation d’implicites, notamment celle de Lionel Jospin à deux fins principales

45Il se sert beaucoup d’implicites pour parler directement aux Français.

46On sait bien que dans une émission télévisée, les interlocuteurs ne sont pas les seuls récepteurs des paroles et que les téléspectateurs sont en fait ceux pour qui le discours est prononcé.

LJ 9.

Ah mais naturellement / ça je le pense / mais ça n’est pas / à ceux qui / échangent des arguments dans cette campagne de se jeter ces choses au visage / je pense que les Français / sont mûres / lucides / (euh) / ils voient / les uns et les autres / agir / et donc ils intègrent / aussi / cette dimension / même si ce qu’ils attendent des candidats c’est essentiellement / des propositions / un projet /

47À travers les propos explicitement destinés à Pujadas, il dit aux Français qu’ils sont suffisamment intelligents et réfléchis pour ne pas se laisser avoir. Il nie l’infantilisation qu’on leur attribue dans certains discours politiques.

48Il se sert également d’implicites pour attaquer la droite et principalement Jacques Chirac — d’ailleurs toutes ses attaques contre lui sont sous cette forme.

49Par exemple :

LJ 6.

(Euh) / vous savez je suis élu de de la Haute-Garonne (tocamanete) / (euh) hein / c’est toucher la main c’est une / coutume / c’est une / culture / et en même temps on se regarde dans les yeux puisqu’il est important pas seulement de serrer les mains mais / mais de regarder celui à qui on / on la serre / ou celle à qui on la serre / donc (euh) / non / je je suis le même homme mais / mais pourquoi voulez-vous que tout soit dit (euh) / le premier jour (euh) / de la campagne/ donc ça va être une découverte progressive /

50Lionel Jospin répond à une question de David Pujadas sur une comparaison possible avec Jacques Chirac sur le fait de serrer des mains. On voit que Lionel Jospin répond bien dans la continuité de la question, mais en niant le thème de Jacques Chirac.

51En revanche, au niveau implicite, on peut se dire que l’idée de regarder dans les yeux celui ou celle à qui on serre la main porte une idée de franchise et est une sorte d’attaque implicite contre Jacques Chirac.

Il nous faut ensuite nous arrêter sur les reformulations

52Elles sont principalement le fait de David Pujadas. Elles lui servent la plupart du temps à reprendre ce qui vient d’être dit par Lionel Jospin pour lui poser une nouvelle question.

DP 9.

Et vous vous dites / donc ça n’a pas à voir avec le débat électoral / vous ne dites pas finalement les affaires ne sont que le reflet du comportement de tel ou tel / et ceux ces considérations-là font aussi partie (euh) / du jugement que vont porter les Français ?/

53David Pujadas reformule les propos de Lionel Jospin. Cette reformulation s’accompagne ici d’une tentative d’attribution de cette reformulation, point que nous allons aborder par la suite. On peut voir également qu’il y a deux reformulations et que la deuxième est un peu particulière, car elle apparaît à travers une négation : il essaie sans doute ici de tenter d’attribuer à Lionel Jospin une parole dont il sait par avance qu’elle va être rejetée.

54Par rapport à ces reformulations, Lionel Jospin peut avoir deux types de réactions : les accepter ;

LJ 9.

Ah mais naturellement / ça je le pense / mais ça n’est pas / à ceux qui / échangent des arguments dans cette campagne de se jeter ces choses au visage / je pense que les Français / sont mûrs / lucides / (euh) / ils voient / les uns et les autres / agir / et donc ils intègrent / aussi / cette dimension / même si ce qu’ils attendent des candidats c’est essentiellement / des propositions / un projet /

55ou les refuser.

  • 4  Propos inaudibles.

DP 23.

vous dites <xxx4> échoué /

LJ 23.

Je dis qu’à partir du moment où l’insécurité / est / forte / euh / nous n(e) pouvons pas nous satisfaire de ce qui existe mais / je pense / que / il n’y a eu en aucun cas / un défaut de volonté / de la part du gouvernement / il a mis plus de moyens / il a mis le doigt sur des problèmes nouveaux / qui n’avaient pas été traités je pense par exemple la question de la délinquance juvénile / on a sûrement été / euh / disons un peu débordé ou surpris / par cette montée / de / la petite délinquance chez les jeunes et parfois chez les très jeunes / <xxx> /

56On voit bien ici que Lionel Jospin refuse la reformulation (et l’attribution), car il reprend la formule du discours rapporté pour rectifier son propos.

57Nous devons également relever dans ce corpus des attributions, qui se manifestent de différentes manières

58Des attributions de connaissance

59Les deux interlocuteurs utilisent ce type d’attribution soit l’un vers l’autre, soit vers « les Français » ou « tout le monde » pour tenter d’établir une connivence.

LJ 6.

(Euh) / vous savez je suis élu de de la Haute-Garonne (tocamanete) / (euh) hein / c’est toucher la main c’est une / coutume / c’est une / culture / et en même temps on se regarde dans les yeux puisqu’il est important pas seulement de serrer les mains mais / mais de regarder celui à qui on / on la serre / ou celle à qui on la serre / donc (euh) / non / je je suis le même homme mais / mais pourquoi voulez-vous que tout soit dit (euh) / le premier jour (euh) / de la campagne/ donc ça va être une découverte progressive /

60Ou pour faire apparaître le fait énoncé comme une évidence.

LJ 7.

Mais je crois que j’ai à peine besoin de le dire parce que tout le monde le sait / je crois que les / affaires / ne doivent en aucun cas être utilisées dans cette campagne / et moi je ne le ferais pas / (euh) la réponse / aux affaires / c’est la justice / si il y a des problèmes / que la justice puisse faire / son travail / que la presse dise ce qu’elle a à dire / mais que la justice (pe) / puisse faire son travail / c’est mon attitude / et à partir de là il n’y a plus de problèmes / il y a problème simplement / quand la justice / ne peut pas / (euh) / faire son travail /

61Des attributions de pensée

62On peut voir que les locuteurs utilisent des attributions de pensée pour prendre les Français à témoin. On est ici très proche du phénomène lié à la situation de communication évoquée précédemment.

63Par exemple :

DP 9.

Et vous vous dites / donc ça n’a pas à voir avec le débat électoral / vous ne dites pas finalement les affaires ne sont que le reflet du comportement de tel ou tel / et ceux ces considérations-là font aussi partie (euh) / du jugement que vont porter les Français ?/

64David Pujadas utilise également des attributions de pensée pour tenter d’expliciter les attaques implicites de Lionel Jospin contre Jacques Chirac.

LP 13.

Hum / hum / vous dites j’ai témoigné / vous pensez que Jacques Chirac aurait dû témoigner lorsqu’il a été convoqué par le juge ? /

65Le journaliste reprend ici les propos de LJ 10 (« Je peux simplement vous dire que lorsqu’on m’a demandé d’aller témoigner, j’ai témoigné devant le juge, tranquillement et naturellement, c’est mon comportement et c’est ce que je souhaite pour tous ») et leur implicite sur Jacques Chirac. On a donc là une interrogation sur le mode d’une attribution de pensée qui explicite cet implicite.

66On a pu remarquer lors de cette analyse que David Pujadas tente à plusieurs reprises de lui faire avouer ses implicites grâce à ces éléments.

67On peut voir également un phénomène intéressant dans :

DP 11.

Hum / et vous / vous reconnaissez vous pensez qu’il y a eu financement illicite du PS pendant cette période ? /

68Nous avons bien ici une tentative d’attribution, mais par l’intermédiaire de deux verbes bien différents et qui ne portent pas les mêmes connotations. « Reconnaissez » est trop porteur de « culpabilité », c’est sans doute pour cela que Pujadas se reprend. Mais Lionel Jospin hésite à répondre, sans doute à cause de ce problème d’attribution.

69Des attributions de parole

70Ces attributions sont le plus souvent liées aux reformulations vues précédemment. On y retrouve donc les mêmes phénomènes.

71Par exemple :

DP 14.

Et en l’état actuel des textes et de la jurisprudence / vous ne dites pas Jacques Chirac aurait dû ? /

72David Pujadas utilise à nouveau une attribution de parole pour tenter de faire avouer son implicite à Lionel Jospin, mais on voit qu’il utilise de nouveau une négation pour attribuer des paroles niées. Ceci a pour conséquence la réponse de Jospin.

LJ 14.

Non je […] / si vous voulez / je vous ai dit que je m’exprimais sur le terrain des / des règles et des principes / des propositions futures / je ne fais pas d’autre commentaire sur ce point /

73Il semble céder et accepter l’attribution, mais on peut considérer que « si vous voulez » renvoie l’attribution à David Pujadas et la négation provoque le fait que Lionel Jospin accepte en fait ne pas l’avoir dit.

Enfin, il nous faut mentionner un dernier point important : l’utilisation de Jacques Chirac

74Même s’il n’est pas présent physiquement, Jacques Chirac tient une place très importante dans cette interview et dans toute la campagne de Lionel Jospin.

75On a pu remarquer que David Pujadas tente assez régulièrement de faire parler Lionel Jospin sur Jacques Chirac, que ce soit en lui demandant de se comparer à lui ;

DP 4.

Jacques Chirac quand il a déclaré sa candidature a parlé de passion […] / vous vous diriez plutôt les mots plaisir ou / désir ?/

76ou en lui demandant d’évoquer les affaires judiciaires le touchant, ou encore leur collaboration au sein de cette cohabitation et bien sûr, comme on l’a vu, lorsqu’il tente de lui faire avouer ses implicites.

77Lionel Jospin, lui, est toujours dans le déni et le rejet de ce thème. On peut voir qu’il accepte une seule fois de dévoiler sa stratégie.

LJ 15.

A / si tout le monde pense à lui (euh) / comment n’y aurais-je pas pensé alors / (euh) / là c’est que vous exprimez un un / un sentiment commun / […] / je / pense que / il faut bien se dire que / la / campagne / présidentielle / fait partie de l’élection elle-même / l’exercice de la présidence / commence / au moment / de la campagne présidentielle / si l’on établit une / coupure / une censure / entre ce qu’on dit pendant la campagne et ce que l’on fait / lorsqu’on est aux responsabilités et au pouvoir / alors je pense qu’on participe / (euh) / de / du scepticisme à l’égard des politiques qui / tend à exister (euh) / dans le pays / et donc / il est extrêmement important pour un président de la République / qu’il / propose un projet / qu’il / prenne des engagements / et ensuite qu’il les respecte / c’est ce que j’appelle effectivement (euh) / présider autrement /

78Il est obligé d’accepter l’attribution de manière ironique, mais il est couvert par l’évidence de l’attribution de Pujadas (« Jacques Chirac n’est pas cité, mais tout le monde pense à lui et vous, vous n’avez pas pensé à lui en écrivant ces lignes ? »). On peut voir également que Lionel Jospin lance ensuite une nouvelle attaque, mais toujours implicite à travers « on » et non pas « Jacques Chirac ».

79La seule fois où il nomme véritablement Jacques Chirac, c’est dans l’énoncé suivant : 

LJ 26.

les centres de placements immédiats / les centres d’éducation renforcée / ce sont des outils qui n’existaient pas / avant nous / et qui existent maintenant / qu’il faut simplement / faire monter en puissance / c’est-à-dire qu’il faut / en créer / beaucoup plus / et j’ai entendu (euh) / le président euh / Jacques Chirac / le candidat Jacques Chirac s’exprimer (euh) / sur ce sujet (euh) / mardi / je crois / à Gonesse / et / j’ai été consta(té) / j’ai constaté à ma grande surprise que finalement / i(l) / il s’inspirait de nos propositions / je m’attendais à un discours / extrêmement / différent / sur l’insécurité / compte tenu du procès qui nous en est / fait / et ça n’a pas été le cas / dans ce domaine / de la délinquance / juvénile / comme dans d’autres / d’ailleurs /

80Cet énoncé arrive alors que David Pujadas lui a coupé la parole plusieurs fois et le déstabilise en ne le laissant pas finir. C’est la seule tentative d’attaque explicite contre Jacques Chirac, la seule où il le nomme réellement, mais il le nomme par sa fonction de président, alors que son intérêt est de ne plus le considérer comme son supérieur, mais comme un égal, un « candidat ». On a tout de même une accusation de plagiat, mais du coup, elle n’a pas la même portée.

81Outre les phénomènes langagiers et les stratégies utilisés dans ce corpus, ces phénomènes autour de Jacques Chirac sont révélateurs de toute sa stratégie de campagne. À l’aide d’autres études menées, nous avons pu remarquer que bien que toujours implicites, toutes ses attaques sont portées contre l’ancien président et uniquement contre lui, comme si dès le début de la campagne et avant même le premier tour, nous assistions déjà à une campagne de second tour d’élection présidentielle.

Conclusion

Un énoncé vivant, significativement surgi à un moment historique et dans un milieu social déterminés, ne peut manquer de toucher à des milliers de fils dialogiques vivants, tissés par la conscience socio-idéologique autour de l’objet de tel énoncé et de participer activement au dialogue social. Du reste, c’est de lui que l’énoncé est issu : il est comme sa continuation, sa réplique, il n’aborde pas l’objet en arrivant d’on ne sait où […] (Bakhtine, 1978 : 100).

82Nous avons donc tenté d’approcher ces fils dialogiques vivants à l’intérieur d’une situation de communication très particulière, celle de l’interview politique télévisée de campagne présidentielle.

83Ce corpus étant extrêmement riche, nous sommes bien consciente que nous n’avons pas pu analyser de manière exhaustive l’ensemble des phénomènes relevant du dialogisme. Nous avons pu néanmoins nous rendre compte que les deux locuteurs n’utilisent pas les mêmes stratégies communicatives. Ce fait peut paraître évident, car nous sommes dans une situation de communication particulière, une interview, et les deux locuteurs n’ont donc pas la même position dans l’échange ; mais nous avons essayé de montrer ici leur utilisation différente de quelques facettes du dialogisme.

84Le journaliste David Pujadas utilise beaucoup de reformulations et d’attributions de parole pour poser des questions à Lionel Jospin ou du moins le confronter à ses paroles ou aux paroles des autres. On a souligné également le fait qu’il essaye régulièrement de faire intervenir Jacques Chirac dans la discussion (à neuf reprises). Le fait d’évoquer ou de rapporter du discours lui permet également d’avancer des idées sans les prendre en charge et surtout de rappeler aux téléspectateurs certains faits ou dits sur lesquels il interroge son invité. On peut voir dans toutes ces stratégies utilisées son désir de questionner l’homme politique, mais également, à un autre niveau, par la profusion des discours évoqués, de se mettre à la place du téléspectateur et de devenir le porte-parole de l’opinion publique qui pose ses questions à travers lui.

85Lionel Jospin, lui, semble avoir une stratégie bien établie comme on l’a vu : il refuse d’aborder explicitement le thème de Jacques Chirac, alors qu’implicitement, toutes ses attaques sont portées contre lui. Ce phénomène, rappelons-le, provoque le fait que David Pujadas tente de lui faire avouer ces implicites généralement à l’aide des reformulations et des attributions.

86Lionel Jospin utilise également quelques stratégies asur le plan du discours effectif, mais surtout pour déjouer les questions de Pujadas et toujours pour revenir par l’interdiscours et le discours rapporté sur son nouveau statut de candidat à l’élection et les engagements pris dans
la lettre.

87Une généralisation est bien sûr impossible à ce stade et à partir d’une seule analyse, mais nous avons relevé tout de même quelques stratégies intéressantes en ce qui concerne l’utilisation du dialogisme dans cette situation de communisation et surtout quelques pistes à creuser à l’aide d’autres analyses d’interviews, qu’elles soient politiques ou non d’ailleurs.

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Bibliographie

BAKHTINE, Mikhaïl, (1978/1934), Esthétique et théorie du roman, Paris, Éditions Gallimard.

BERNICOT, Josie, Christian HUDELOT et Anne SALAZAR-ORVIG (2006), « La reprise et ses fonctions », La linguistique, 42(1).

SALAZAR-ORVIG, Anne (1999), Les mouvements du discours. Style, référence et dialogue dans des entretiens cliniques, Paris, Éditions L’Harmattan (notamment le chapitre III « Dialogisme et mise en mots »).

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Notes

1  Cette lettre a été envoyée par fax aux rédactions des quotidiens.

2  Vous pouvez retrouver l’ensemble du corpus (l’interview et la lettre) sur http://dynalang.shs.univ-paris5.fr/spip.php?article1865

3  DP fait référence à David Pujadas et LJ à Lionel Jospin, suivis de leur numéro de tour de parole. Nous avons également mis en italiques les éléments concernés par les phénomènes étudiés.

4  Propos inaudibles.

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Pour citer cet article

Référence papier

Virginie Delmas, « Approche dialogique d’une interview politique télévisée »Communication, Vol. 27/2 | 2010, 102-121.

Référence électronique

Virginie Delmas, « Approche dialogique d’une interview politique télévisée »Communication [En ligne], Vol. 27/2 | 2010, mis en ligne le 14 août 2012, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/communication/3086 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/communication.3086

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Auteur

Virginie Delmas

Virginie Delmas est doctorante en linguistique générale et appliquée au Département des sciences du langage de l’Université Paris Descartes. Courriel : delmasvi@gmail.com

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Droits d’auteur

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