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Résumés

La production maraîchère intensive de versant constitue l’une des principales formes d’occupation agricoles des hautes montagnes andines. Cette activité s’est développée pour répondre à l’évolution de la demande alimentaire des marchés urbains. On y rencontre également, avec les mêmes débouchés, la production de la pomme de terre et de l’élevage laitier. D’autres régions de haute montagne s’opposent aux premières, avec la présence d’une économie paysanne relativement précaire principalement destinée à l’autoconsommation. Toutefois les excédents de ce secteur, parfois très importants, sont également écoulés sur le même marché. Il existe enfin le cas de certains secteurs de l’altiplano où s’est développée, à côté d’une très grande quantité d’activités industrielles et commerciales périurbaines, une gamme très ample de systèmes agropastoraux, caractérisés par un fort investissement en capital, parmi lesquels se distingue l’élevage laitier intensif, le maraîchage et la floriculture. L’observation de tous ces cas démontre que l’agriculture familiale représente une part substantielle de ce que nous appelons le « capitalisme rural », qui s’identifie par la concurrence de ces divers types d’entreprises intégrées aux marchés urbains.

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Texte intégral

1Diverses formes d’agriculture caractérisent les activités productives de l’espace rural dans les « terres froides » des Andes colombiennes et des stratégies agricoles ont été développées par divers types de producteurs pour s’adapter et répondre aux tendances qui se font jour sur les marchés agroalimentaires. Ces terres sont situées au-dessus de 1 800 m, là où le caféier, le bananier plantain, la canne à sucre et autres cultures de climat tropical ne peuvent plus être cultivés, alors que les conditions climatiques deviennent favorables à des cultures comme la pomme de terre, le blé, l’avoine et l’orge, ainsi qu’à une grande variété de fruits et de légumes. Le maïs, même avec un cycle végétatif de quelques mois de plus que sur les terres plus basses, demeure dans les hautes terres andines un produit essentiel, comme culture semée manuellement et destinée principalement à l’autoconsommation des familles paysannes autant que comme culture mécanisée destinée aux marchés. Parmi les autres activités agricoles d’une grande importance sur les terres froides sont la floriculture et l’élevage laitier qui s’est beaucoup développé au cours des dernières décennies pour satisfaire un marché de produits laitiers en expansion.

2En Colombie, les montagnes tropicales de la Cordillère des Andes, depuis les terres basses, situées à 500 m d’altitude, jusqu’à 2 800 ou 3 500 m, offrent à l’agriculteur, au fur et à mesure qu’on s’élève d’un étage thermique à l’autre, de nouvelles possibilités productives en matière de cultures et d’élevage. Au-delà de 3 500 m, la zone des paramos, leurs caractéristiques écosystémiques et climatiques réduisent fortement les possibilités agricoles.

Figure 1.Localisation des hautes terres andines et des vallées des rios Magdalena et Cauca en Colombie.

Figure 1. – Localisation des hautes terres andines et des vallées des rios Magdalena et Cauca en Colombie.

 Peuplement et production agricole

3Les groupes précolombiens installés dans les montagnes avaient développé, sur les hautes terres, des cultures comme la pomme de terre, le maïs et le quinoa, mais aussi le manioc, le maïs, le coton et le haricot, sur les basses terres. On sait que l’une des caractéristiques fondamentales de cette agriculture était fondée sur la complémentarité climatique, étant donné que la très faible distance entre les terres des divers étages thermiques permettait qu’une même communauté puisse gérer simultanément des cultures à diverses altitudes. Cette liaison verticale disparaît avec la contraction des terres des communautés indigènes à des espaces limités par le conquistador (resguardos et réductions ou villages d’Indiens) et avec la sujétion des indigènes et des paysans métis aux haciendas coloniales (xviie et xviiie siècles) et républicaines (xixe siècle).

  • 1 .Vers le milieu du xxe siècle : « Il est intéressant de voir que les villes principales étaient al (...)
  • 2 .Nous avons une version de ce processus dans : Corrales, Forero, Salgado et Salazar, 2000.

4Dans l’actuelle Colombie, depuis la Conquête, soit du xve siècle jusqu’au milieu du xixe siècle, la population du pays s’est concentrée, d’une part, sur la chaîne orientale et sur le Nudo de los Pastos (ou Massif colombien) de la Cordillère des Andes et, d’autre part, sur les terres chaudes des régions portuaires, sur le fleuve Magdalena et la côte Atlantique (fig. 1). Il semble toutefois que la plus grande partie de l’agriculture se trouvait sur les terres froides où l’on produisait principalement la pomme de terre, le maïs et le blé (apporté par les Espagnols)1. Sur les versants de climat « tempéré » où l’activité agricole n’était jusqu’alors que très occasionnelle, on assiste au cours de la seconde moitié du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle, à un processus intense de colonisation familiale, stimulé par la demande internationale de café, culture qui prend la tête du développement agricole, économique et social d’une bonne partie des montagnes colombiennes2. Enfin, au milieu du xxe siècle, apparaît le capitalisme agraire des vallées chaudes interandines des fleuves Magdalena et Cauca, qui s’étend aussi à certaines zones de la région Atlantique et au piémont de l’Orénoque.

5L’apparition du capitalisme agricole sur les basses terres et la consolidation de la caféiculture – une activité à prédominance familiale située sur les versants entre 1 200 et 1 800 m d’altitude – coïncident avec la crise des haciendas des montagnes andines, qui perdent leur viabilité économique et sont mises en cause par les mouvements agraires au cours des premières décennies du xxe siècle puis dans les années 1960 et 1970. Sur les terres de ces anciennes haciendas haut-andines, où prédominaient jusqu’alors des relations de métayage, apparaissent de nouvelles formes d’appropriations sociale et économique de l’espace rural : la production familiale indépendante. Celle-ci libère les populations paysannes du paiement de la rente imposé par les anciens propriétaires fonciers et s’approprie de petits espaces agricoles. Le latifundio d’élevage, caractérisé par une production bovine extensive (avec moins d’une tête par hectare) et une plus grande intégration de capital, se lance au milieu du xxe siècle dans la culture du blé et d’autres céréales de climat froid. Cette production décline à son tour avec l’arrivée massive des grains en provenance d’Amérique du Nord. Cependant, à mesure qu’avance le siècle, la production agricole des hautes terres andines se renforce avec la production laitière intensive, les cultures de pomme de terre et de maraîchage, l’ensemble destiné à un marché intérieur dynamique, mais également avec le développement d’un secteur exportateur de fleurs cultivées sous serres utilisant des technologies de production sophistiquées.

6Le tableau 1 montre les grands traits de la distribution de la population et de la production agricole par étage thermique. Les graphiques révèlent que le tiers de la population urbaine et le cinquième de la population rurale du pays sont installés dans les zones froides haut-andines, au-dessus de 1 800 m d’altitude. Il est remarquable de constater qu’au cours des dernières années la population de la zone située entre 1 800 et 2 850 m a connu une croissance démographique supérieure à la moyenne nationale. Cela s’explique, d’une part, par la dynamique de la population de Bogota et de sa zone métropolitaine, qui compte actuellement près de 8 millions d’habitants (7 566 549 en 2005) et, d’autre part, par la croissance de petites villes ou de petits centres urbains de moins de 10 000 habitants. Avec la population dispersée de cette même zone, ces petits centres constituent ce qui est défini comme la population rurale. Il faut souligner que celle-ci n’a pas diminué en valeur absolue, en dépit de la migration campagne-ville et des déplacements forcés provoqués par le conflit armé. Pendant la période incluse entre les recensements de 1995 et 2005, plus de trois millions de personnes, en majorité d’origine rurale, ont pourtant été déplacées. Tout en rappelant que nous ne possédons aucune analyse démographique rigoureuse sur la relation entre croissance de la population, migration et déplacement forcé, ces chiffres nous incitent fortement à penser que, sans la question du déplacement forcé, la campagne aurait connu une forte croissance au cours des vingt dernières années, en particulier avec la création de nouveaux établissements ruraux et du développement de la production agricole de plusieurs zones rurales.

7Le tableau 2 montre la répartition des produits agricoles selon les trois principaux étages thermiques. Il permet de constater l’existence de cultures exclusives dans les zones de climat froid et que l’ensemble des activités agricoles sur ces terres occupe 18 % de la surface cultivée du pays. Il montre en outre qu’une grande variété de légumes et quelques fruitiers sont produits exclusivement, ou essentiellement, au-dessus de 1 800 m. En effet, sur les 33 espèces de plantes potagères répertoriées par les statistiques officielles, 23 sont cultivées au-dessus de 1 800 m. Pour les arbres fruitiers, cette proportion est de 17 espèces sur 50. Ce tableau montre également que 86 % des surfaces nationales semées en plantes potagères et 15 % des vergers sont situés dans la zone haut-andine.

Tableau 1. – Répartition de la population colombienne (%) et taux de croissance annuel selon l’altitude entre 1993 et 2005.

Sources : Recensements de la population, 1993 et 2005. Calculs Forero et Villarreal.

Note : Population agglomérée : population concentrée des 1 023 municipios parmi lesquels Bogotá est le plus important avec 6 778 691 habitants (recensement 2005). On compte cinq « populations agglomérées » avec moins de 100 habitants. Les grandes villes correspondent aux quatre agglomérations urbaines de plus d’un million d’habitants (Bogotá, Medellín, Barranquilla, Cali y Bucaramanga) avec les municipios intégrées aux périmètres métropolitains des grandes villes. En 2005, l’aire métropolitaine de Bogotá comptait 7 566 549 habitants. Les villes intermédiaires ont entre 100 000 et un million d’habitants et les « autres centres urbains », les municipios, entre 10 000 et 100 000 habitants. La population rurale correspond à la somme de la population dispersée (le « reste » municipal) et à la population des municipios de moins de 10 000 habitants.

Tableau 2. – Les produits cultivés en Colombie selon l’étage écologique.

Source : Minagricultura, Anuario estadístico. Calculs effectués par Forero et Villarreal.

  • 3 .L’arracacha est un tubercule assez proche de la pomme de terre, mais à durée de conservation limi (...)

Notes : « Terres chaudes » : au-dessous de 1 000 m ; « tempérées » : entre 1 000 et 1 800 m ; « froides » : au-dessus de 1 800 m.3

Diverses cultures se distribuent sur plusieurs étages thermiques. Le gras met en évidence la surface des produits qui se cultivent en zone froide et le pourcentage de cette surface situé effectivement au-dessus de 1 800 m. Pour les arbres fruitiers et les plantes potagères, il a été procédé à une évaluation, par climat, de tous les produits classés dans ces deux rubriques pour aboutir au pourcentage proposé dans le tableau. Pour le maïs, l’arracacha(Arracacia xanthorrhiza)et le haricot, les pourcentages correspondent à une approximation effectuée par l’auteur, selon des critères qui lui sont propres, afin d’avoir une idée de la participation des Hautes terres andines à l’agriculture nationale.

  • 4 .Il est bon de rappeler que l’élevage à double fonction est un modèle qui a bénéficié ces dernière (...)

8Nous ne disposons pas d’informations du même ordre concernant le développement de l’élevage bovin et de la production laitière. D’après certaines études, qui ont abordé l’évolution de la production laitière par zones, on sait que le modèle de production spécialisée (relativement intensive) s’est développé presque exclusivement dans les Hautes terres andines (ou terres froides). La production laitière réalisée dans ces espaces contribuerait pour 52 % de l’offre nationale avec seulement 10 % du cheptel laitier. Ces données reflètent le contraste entre les paramètres de la production spécialisée (et intensive) et ceux de l’élevage à double fonction typiques des terres chaudes mais également présents sur les terres de climat modéré et sur les terres froides4. On se doit toutefois de rappeler qu’une bonne part des versants des Hautes terres reste occupée par des pâturages consacrés à l’élevage extensif.

Modalités d’occupation productive des terres haut-andines

Les franges légumières et fruitières

9Dans de nombreuses hautes terres andines s’est développée une agriculture horticole et fruitière intensive, avec utilisation d’engrais chimiques et de semences améliorées. Les unités productives sont de très petite dimension et intégrées aux marchés urbains. Elles se fondent sur l’adaptation, effectuée par les paysans eux-mêmes, de technologies promues par des programmes gouvernementaux et par les maisons commerciales qui vendent les intrants. L’horticulture utilise des systèmes d’irrigation autoconstruits ou informels, ce qui aboutit dans certaines zones à un inextricable « réseau de tuyaux » qui amène l’eau par gravité jusqu’aux cultures, où elle est diffusée par des asperseurs. Mais ces systèmes sont finalement fonctionnels. Dans des cas exceptionnels, il existe une infrastructure d’arrosage mise en place grâce à des fonds de l’État et gérée par les agriculteurs.

10Dans de nombreux cas, le moteur économique de cette horti-fruiticulture est constitué par l’association entre divers types d’entrepreneurs. Dans ce contexte, l’entreprise familiale indépendante (le paysan moyen) est seulement l’un des agents qui interviennent dans le négoce de l’horticulture. Par contre il est très fréquent que les petits propriétaires s’associent à leurs voisins pour accéder à un terrain de culture et pour se procurer sur le marché les facteurs de production nécessaires (principalement produits chimiques, location de machines agricoles et paiement de journaliers), moyennant le versement d’une partie de la récolte.

11À Fómeque, depuis la fin des années 1980 (photo 1), selon nos observations de terrain, certains producteurs familiaux ont installé des cultures sous serres (en particulier de tomates) avec les ressources provenant des excédents accumulés par l’activité agricole elle-même. Le crédit institutionnel est très peu utilisé. Il s’agit de structures en plastique d’environ 1 000 m2 qui occupent un espace en général dominant de l’exploitation, à côté d’une grande variété de légumes cultivés en plein champ pour le marché et d’autres produits destinés à la consommation familiale.

Photo 1. – Paysage de Fómeque, avec une forte orientation vers la production maraîchère, en particulier sous serres avec toits en plastique. Les haies vives et tous les espaces verts ont été maintenus dans le but de protéger et réguler la ressource hydrique.

Photo 1. – Paysage de Fómeque, avec une forte orientation vers la production maraîchère, en particulier sous serres avec toits en plastique. Les haies vives et tous les espaces verts ont été maintenus dans le but de protéger et réguler la ressource hydrique.

12Il est remarquable, qu’au milieu d’une production horticole et fruitière intensive, avec utilisation de semences améliorées, engrais et pesticides de synthèse, les agriculteurs de ces exploitations puissent conserver des cultures comme le maïs, le sagoutier, le manioc ainsi que leur jardin potager, le tout destiné à l’alimentation familiale et étant cultivé selon des techniques traditionnelles n’exigeant pas, ou très peu, d’investissements financiers. Quelques petits terrains sont également réservés au pâturage ou à la production de fourrage, toujours en vue de subvenir à une partie des besoins familiaux (principalement fourrage de coupe) pour une ou deux vaches et quelques autres animaux de basse-cour.

13Dans la même région est apparu progressivement un entreprenariat qui assume le financement de serres de plus grandes dimensions. Ils sont issus pour partie de la même catégorie d’agriculteurs familiaux, parmi ceux qui ont obtenu les meilleurs résultats dans la vente et même, parfois, dans la commercialisation des produits maraîchers. D’autres sont des personnes de la même région, parties durant un temps, et qui reviennent avec un certain capital accumulé. Ces agriculteurs-financiers s’associent en général avec des producteurs qui apportent la main-d’œuvre et avec qui ils partagent le risque d’un commerce le plus souvent lucratif mais affecté d’une grande instabilité de prix.

14Dans le haut bassin du Rio de Oro, une région où la production principale est la mûre – vendue comme produit frais pour les consommateurs urbains ou comme composante pour les fabricants de jus de fruits ou produits lactés, nous trouvons, outre les producteurs indépendants et les métayers, quelques producteurs cultivant selon certaines relations familiales et entrepreneuriales qui, autant que nous ayons pu le constater, ne sont pas du tout exceptionnelles. Il se trouve que la maison, ou la ferme « mère », assigne aux enfants ou gendres, des parcelles de culture pour l’accès desquelles ils payent une partie de la récolte au chef de la famille maternelle. Ceux qui sont mariés se voient assigner une parcelle en usufruit, où ils construisent leur logement, où ils ont des cultures pour leur propre consommation et où ils élèvent des « animaux de basse-cour ou en enclos ». Dans les prairies de la ferme « mère », les enfants (ou les gendres) peuvent avoir leurs propres bêtes en échange de contreparties, qui correspondent parfois à ce qui se pratique normalement en matière d’élevage entre particuliers. Par exemple, ils se répartissent par moitié, entre le propriétaire du pré et le propriétaire du bétail, l’augmentation de la valeur du bétail, évaluée du moment où commence le contrat jusqu’au moment de la vente.

15Dans cette zone, l’agriculture intensive se concentre entre 1 800 et 2 100 m d’altitude et occupe à peine 10 % de la surface. Elle partage la surface disponible avec des pâturages destinés à un élevage extensif à très faible rendement (photo 2). Quelques-uns de ces pâturages font partie des petites exploitations familiales, mais la plus grande part correspond à des exploitations de plus grande taille appartenant à des propriétaires absentéistes. À mesure qu’on monte en altitude, le paysage est de plus en plus dominé par de grandes propriétés, avec des pâturages de terres froides et des surfaces boisées. Cette distribution de l’espace, typique de diverses régions du pays, se rencontre également dans d’autres milieux, mais avec comme culture principale le panais, cultivé par des producteurs familiaux. La production agricole, comme dans le cas précédent, est également entourée d’un élevage extensif à côté d’une production laitière semi-intensive.

Photo 2. – Culture de la mûre sur des pentes très fortes dans le Bassin du Río de Oro. Les cultures forment de petites taches dans un paysage où domine l’élevage extensif.

Photo 2. – Culture de la mûre sur des pentes très fortes dans le Bassin du Río de Oro. Les cultures forment de petites taches dans un paysage où domine l’élevage extensif.

La mosaïque pomme de terre – production laitière

16La culture de la pomme de terre, l’un des principaux aliments consommés par les Colombiens, se renforce et s’intensifie sur les terres froides avec l’adoption des « paquets technologiques » de la Révolution verte et avec l’utilisation de tracteurs pour la préparation de la terre. Dans plusieurs régions cette culture est « symbiotiquement » intégrée à l’élevage. Dans de nombreux cas, lorsque la pomme de terre est l’activité économiquement la plus importante, elle est complétée par un élevage laitier à très faible rendement. Toutefois, celui-ci procure des revenus complémentaires, nullement négligeables, à côté de ceux de la pomme de terre. Cette activité permet également à la terre d’être pratiquement en jachère. En d’autres cas, la pomme de terre est une activité subsidiaire de l’élevage, utilisée pour installer de nouveaux pâturages ou pour récupérer le sol après l’activité d’élevage. Enfin, les deux activités ont parfois une importance économique identique. Quand il s’agit de producteurs familiaux, les systèmes de production incluent, outre la pomme de terre et les prairies, un potager consacré essentiellement à l’autoconsommation et, quelquefois, quelques eucalyptus ou pins utilisés pour l’infrastructure de l’élevage (clôtures et étables), pour certains usages domestiques (construction de logement) et pour en tirer quelques revenus par la vente.

  • 5 .Nous avons remarqué, que dans un zone, les parties boisées protégées par les pentes les plus fort (...)

17Une bonne partie des activités agricoles des espaces de paramo, entre 3 000 et 3 500 m, est souvent située sur des versants très pentus. Le système « pomme de terre-élevage » a tendance à uniformiser ces paysages haut andins où ils occupent pratiquement de manière homogène tout l’espace cultivable. La forêt ne subsiste que dans les zones les plus abruptes où il est impossible de travailler avec les tracteurs5.

18Les cultivateurs de ces milieux sont de petits et moyens producteurs familiaux, associés parfois à des entrepreneurs-financiers qui apportent les machines agricoles et une partie des coûts monétaires. Par ailleurs, quelques moyens producteurs louent des terres à des cultivateurs-financiers, qui sont en général des entrepreneurs se consacrant exclusivement à la culture de la pomme de terre sur des terres qu’ils louent pour une ou deux récoltes. Ils possèdent des tracteurs et des petits camions pour transporter les produits et disposent d’un capital financier en espèces, ce qui leur permet de faire des investissements pouvant facilement dépasser 45 000 US $ et même dans certains cas, 90 000 US $ par semestre.

19Dans d’autres milieux de la haute montagne andine, on observe des versants qui ont tendance à se spécialiser dans la production laitière avec des indices de productivité très supérieurs à ceux des zones productrices de pomme de terre et de lait précédentes. Dans ce cas, les productions moyennes se situent entre 10 et 20 litres de lait par vache et par jour (selon le type de producteur), tandis que précédemment la production n’est que de 3 litres par animal et par jour.

  • 6 .Pour calculer ces moyennes, on divise la quantité totale produite par le nombre de vaches (celles (...)

20Dans les zones spécialisées en production laitière, il existe plusieurs types de producteurs, qu’on peut regrouper en trois catégories : les minifundistes, les propriétaires moyens familiaux et les entrepreneurs capitalistes. Selon une étude réalisée dans l’une de ces zones, les petits propriétaires (minifundistes) ont moins de 10 vaches laitières avec lesquelles ils ne parviennent pas à obtenir des revenus suffisants pour garantir la consommation de base d’une famille. Les producteurs familiaux dépassent ce niveau minimum de subsistance et peuvent accumuler un certain capital leur permettant dans certains cas d’augmenter leur production. Ces producteurs ont, en moyenne, 35 vaches produisant chacune 16 litres par jour6. Viennent enfin les entrepreneurs capitalistes, qui ont en moyenne 85 vaches, avec une production un peu plus technique et leurs propres cuves de refroidissement. Les petits propriétaires et les producteurs familiaux s’associent souvent pour monter leurs propres cuves de refroidissement. Une bonne partie de la production laitière des petits producteurs est enlevée par Colanta, une coopérative disposant d’un large réseau de centres de stockage, d’installations de pasteurisation et de production de dérivés lactés. Colanta, outre le fait de recevoir le lait des producteurs associés, leur assure crédit et assistance technique, encourage les organisations locales qui facilitent les négociations avec les petits producteurs, possède des magasins de fournitures et finance et promeut la construction de cuves collectives de refroidissement. Colanta est la plus importante mais non l’unique coopérative laitière intervenant sur le marché laitier. Colanta est l’une des quatre entreprises laitières parmi les plus importantes du pays : une autre également est nationale et deux autres multinationales.

L’agriculture familiale traditionnelle ou paysanne

21À côté des précédents milieux, qui se caractérisent par leur grande intensité de cultures destinées aux marchés, il en existe d’autres où prédomine une agriculture de type familial ou paysan. On est dans ce cas dans des économies proches de la subsistance, avec de faibles excédents agricoles, mais qui au total ne sont pas insignifiants.

22Si l’on prend une zone typique d’agriculture traditionnelle, comme celle du Nord du Boyaca, de Valle de Tenza ou de Chachagüi, dans le Nariño, où prédominent les agriculteurs à faibles niveaux de production pour le marché et d’intégration de facteurs de production monétaires, nous trouvons, malgré tout, quelques producteurs dont le système de production est davantage monétisé. Certains producteurs sont indépendants. Mais il est très fréquent de rencontrer des associations de paysans (appelées medianerías) et de paysans avec des formes d’exploitation agricole « résiduelles », avec des relations de métayage, bien que le métayage typique du régime agricole du xixe siècle ait tendance à se transformer, en certains cas, en une relation monétarisée selon laquelle le propriétaire de la terre est en même temps investisseur (associé à son ancien métayer). On rencontre aussi assez souvent des formes de contreprestation de travail entre les paysans (mano vuelta) et des migrations saisonnières d’hommes adultes qui travaillent comme journaliers dans des zones agricoles moins déprimées du pays ou du Venezuela et de l’Équateur et dans des cultures de coca.

23Mais, plus qu’une différenciation nette entre ces zones et celles qui sont davantage intégrées au marché alimentaire, il s’agit plutôt de régions où se rencontrent divers modèles de production. Lorsqu’on observe la répartition spatiale à une plus grande échelle, on remarque en général une constellation de petites parcelles paysannes, plus ou moins dispersées ou au contraire groupées, avec des technologies plus ou moins intensives et avec des niveaux variables d’excédents pour le marché au milieu d’un immense espace couvert de prairies et de forêts, en moindre proportion, ou de páramos. Dans leur majorité, ces pâturages appartiennent à de grandes haciendas ou à de moyennes exploitations d’élevage. Mais, comme on l’a déjà observé, les producteurs familiaux y pratiquent également l’élevage bovin. Les forêts sont des espaces protégés par des institutions gouvernementales (parcs naturels et réserves forestières), ou qui, du fait de leur éloignement des voies de communication ou de leur topographie, rendent difficile toute activité agricole, bien qu’exceptionnellement quelques propriétaires ou exploitants et quelques communautés rurales aient réussi à préserver les couverts boisés. Les parties les plus hautes des páramos ont été déclarées réserves naturelles, mesure qui a permis d’arrêter, partiellement, la pratique du brûlis pour produire du fourrage qui convienne au bétail bovin, à raison de 10 hectares par tête.

Les hauts plateaux semi-urbains avec des productions laitières intensives, une floriculture d’exportation et de petites parcelles horto-fruitières

24Dans la principale région de production, Valles de Ubaté et Chiquinquirá, les petits producteurs ont en général 22 vaches, les moyens, 27, et les gros 300 (Forero, Saboyá et Ezpeleta, 2007).

  • 7 .« La production de lait a progressé en Colombie à un taux annuel supérieur à 4 %, passant de 2 mi (...)

25Sur les hauts plateaux, et en particulier sur les hauts plateaux du Cundinamarca et du Boyaca (dans la Cordillère orientale où se situe Bogota), les laiteries ont des caractéristiques identiques à celles décrites auparavant. Mais les troupeaux sont relativement plus grands et la production laitière occupe une place relativement plus importante dans l’approvisionnement des centres urbains7. Au milieu du xxsiècle

« Ce sont les zones rurales proches des grandes villes et qui commencent à concentrer les exploitations d’élevage laitier intensif ».

26Dans les terres froides, les races européennes concurrencent et repoussent les races créoles colombiennes (Yepes, 2001, p. 155). Dans la principale région de production, Valles de Ubaté et Chiquinquirá, les petits producteurs ont en général 22 vaches, les moyens, 27, et les gros, 300 (Forero, Saboyá et Ezpeleta, 2007).

  • 8 .Pour pouvoir comparer les résultats, dans le calcul de rentabilité des petits propriétaires, a ét (...)

27Les petits producteurs, malgré un système beaucoup moins intensif, parviennent cependant à une rentabilité similaire à celle des gros producteurs en raison d’une économie de coûts auxquels ils parviennent pour certains travaux, comme pour les infrastructures, et avec un troupeau constitué d’animaux d’un moindre coût. La rentabilité relative de ces trois groupes de propriétaires est de 73 % pour les petits, 72 % pour les moyens et 67 % pour les gros8. Il est important de rappeler que la différence de rentabilité est encore beaucoup plus forte en faveur des petits propriétaires dans le cas, présenté dans le point précédent, des laiteries des zones de versant. Dans ce cas-là, les petits obtenaient 105 % tandis que les moyens ne parvenaient qu’à 45 % et les gros à 73 %. Il est évident que malgré des gains supérieurs pour les premiers, le bilan commercial est plus intéressant pour les derniers, du fait des revenus bien plus élevés que ceux des petits producteurs, qui demeurent parfois en dessous du seuil de subsistance. Néanmoins, la mise en relief de ces résultats montre qu’avec leurs pratiques agricoles et leurs stratégies de gestion des ressources, les producteurs familiaux parviennent à un haut niveau d’efficacité économique et entretiennent une solide concurrence.

28La production horticole de climat froid est pratiquée par une vaste gamme d’entrepreneurs, allant de producteurs familiaux typiquement paysans jusqu’à des entrepreneurs qui gèrent des capitaux beaucoup plus importants. Grâce à une étude de Pierre Raymond (1990) et à des informations plus récentes, nous savons que dans certaines régions comme celle du lac Aquitania, se sont constitués des regroupements de producteurs qui ont des caractéristiques très diverses. Raymond a établi que les huit plus grandes entreprises avaient des gains moyens annuels, provenant de la production de l’oignon, de l’ordre de 250 000 US $. Ce montant n’inclut pas les bénéfices obtenus de leur commercialisation, un négoce de grande envergure qu’ils contrôlent partiellement au niveau local et au niveau du marché de gros. À Aquitania, les «  gros  », et une bonne partie des producteurs moyens, délèguent la gestion de la culture à un contremaître ou à un administrateur, mais gardent un contrôle très strict sur les processus de production et, surtout, sur la gestion des récoltes. Les administrateurs ont pour leur part d’autres petits espaces cultivés, qu’ils travaillent avec des personnes de leur famille ou du personnel payé à la tâche. Les producteurs moyens ont des revenus d’environ 62 500 US $ alors que des petits propriétaires, avec des parcelles d’environ 1 000 m2 ont des revenus qui leur laissent à peine de quoi acheter les aliments de base pour une famille (ou 60 % du panier de la ménagère et des biens de consommation courante). Les petits propriétaires complètent leurs revenus en travaillant chez les moyens et gros propriétaires avec des contrats à la tâche qui permettent la participation simultanée de plusieurs membres de la famille en journées de moins de huit heures (les demi-journées sont les plus fréquentes). Ces journées partielles permettent aux travailleurs de s’occuper de leur foyer ou de leurs propres cultures. En contrepartie, les moyens et gros propriétaires financent partiellement les coûts financiers des producteurs familiaux et reçoivent en échange une participation à la récolte. Nous savons aussi que certains producteurs se sont organisés pour préparer le produit selon les exigences des acheteurs : sélection, lavage, effeuillage, emballage sous vide,…

29Parfois encore, d’anciens fermiers sont entrés dans le commerce de l’oignon en s’associant à de petits producteurs. Les premiers apportent le capital pour financer partiellement les coûts de production et les seconds contribuent par apport de leur propre main-d’œuvre, avec une partie de l’investissement en argent et leur expérience de la culture. Dans d’autres cas, et du moins dans celui présenté par José Mario Rojas, ce sont les petits producteurs qui se sont constitués commerçants.

  • 9 .Il s’agit de petits entrepreneurs qui s’occupent (comme patrons-travailleurs) de leurs cultures ( (...)

30Un autre secteur de production horticole des hautes terres est constitué à partir d’un entrepreneuriat appelé par certains « entreprise familiale capitaliste moderne »9. Il s’agit d’un modèle productif qui émerge à partir des opportunités offertes par les nouveaux créneaux du marché urbain des aliments : produits fortement sélectionnés devant satisfaire aux exigences des super- et hypermarchés, ou qui répondent, par ailleurs, à la demande de consommateurs de « produits biologiques ». Ces entrepreneurs sont des personnes ayant en général accumulé un capital en dehors de ces activités et qui investissent sur de petites parcelles dans des exploitations (qui leur appartiennent ou à leur famille), dont la principale production est le lait ou la pomme de terre. On connaît des cas où ces entrepreneurs ont pris la responsabilité d’associations avec des producteurs familiaux pour des activités spécifiques, comme commercialiser les légumes sur des marchés spécialisés à haut niveau d’exigences, ou pour obtenir des certifications pour des produits « bio ».

31Enfin, sur les hauts plateaux du type

  • 10 .Les exportations totales du pays sont actuellement de l’ordre de 24 milliards US $. Les exportati (...)

« Savane de Bogotá, nous trouvons la floriculture, un secteur agro-industriel (ou si l’on préfère une agro-industrie) qui s’est convertie en un secteur exportateur névralgique pour l’économie du pays10 ».

32La Colombie est le second exportateur mondial de fleurs (avec 14 % du marché mondial) et le plus grand exportateur d’œillets. Les serres de plastique sous lesquelles les fleurs sont cultivées, avec des technologies de pointe, couvrent environ 6 000 ha, situées pour la plupart sur la Sabanade Bogotá. Cette activité a créé 160 000 emplois directs. La floriculture dans le paysage des hauts plateaux andins constitue une sorte de patchwork de plastique à côté d’une autre grande variété d’établissements commerciaux et de zones de logements (des petits regroupements de quelques familles, modestes ou luxueux, jusqu’à la ville de Bogota). Sur les hauts plateaux, on trouve encore l’horticulture, déjà évoquée, des cultures de pomme de terre, de maïs, et des petites plantations de pin et d’eucalyptus. Toutefois les prairies, pour l’élevage laitier, ont tendance à couvrir la plus grande partie du paysage. Ces hauts plateaux sont actuellement en train de se convertir en un vaste espace semi-urbain (ou semi-rural ?) où s’installe une partie très significative de la population et de l’économie nationale.

33Les Hautes terres andines mettent à profit une partie de leurs potentialités productives en développant des activités agricoles parmi les plus importantes du pays : un élevage laitier intensif, du maraîchage, des cultures de pomme de terre et de fleurs. Dans ces activités, avec d’autres (céréalières et fruitières en particulier), intervient une très grande variété d’acteurs dont la présence ou la prédominance aboutissent à une typologie selon les formes principales d’occupation :

34– les espaces partagés entre producteurs familiaux et empresarios/capitalistes (agropastoraux et agro financiers) entre 1 800 et 2 100 m d’altitude et qui se sont spécialisés (pas toujours totalement) dans les productions horticole et fruitière pour un marché urbain en expansion mais relativement changeant.

35– les espaces où prédomine l’agriculture familiale (entourée d’haciendas d’élevage et de latifundios semi-improductifs.)

36– les espaces, situés au-dessus de 2 000 m, avec une production de pommes de terre (une des bases de l’alimentation colombienne), dans lesquels, comme dans les deux premiers, on rencontre une gamme très ample d’interrelations entre entreprises familiales et divers types d’entreprises capitalistes

37– les espaces des altiplanos avec une forte présence d’installations et d’activités urbaines (en particulier pour ce qui concerne l’agglomération de Bogotá) où l’espace rural est composé d’une mosaïque de systèmes de productions où l’on rencontre d’abord la production impresariale – capitaliste de fleurs cultivées sous serres et celle de production de lait, mais également une production horticole et fruitière en deuxième lieu.

38Cette diversité des formes d’occupation productive doit être soulignée pour réaffirmer l’idée qu’il existe et qu’il a toujours existé tout au long de l’histoire de la haute montagne andine un intense procès de surgissement, de changement, d’adaptation et de consolidation d’une gamme très ample d’acteurs. L’autre élément qui doit être souligné, implicite dans ce qui précède, est que la présence et les interrelations entre les divers types de producteurs expriment l’existence d’un « capitalisme rural » dont le développement (lié à la demande urbaine alimentaire) ne signifie pas le déplacement ou la disparition de la production familiale. Bien au contraire, celle-ci se trouve renforcée en tant qu’acteur intégré au système impresarial des productions horticoles et laitière et à la culture de la pomme de terre. Ce capitalisme rural, contrairement au capitalisme agraire, n’aboutit pas à la mise en place d’espaces homogènes ou homogénéisés par l’entreprise ou la plantation capitaliste qui prendrait la forme de grandes espaces productifs polarisés entre patrons et travailleurs salariés (comme dans le cas spécifique de la floriculture). Il prend au contraire l’apparence de territoires où se combinent les actions des différents acteurs, dont les interrelations sont organisées autour de diverses alternatives productives.

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Bibliographie

FORERO ALVAREZ Jaime, EZPELETA Sorne, SABOYA Sandra Erica, 2007 – La competitividad de los productores agropecuarios colombianos integrados a la cadena de alimentos balanceados para animales – ABA – y a la cadena láctea. Minagricultura – FAO : Bogotá.

CORRALES ROA Elcy, FORERO ALVAREZ Jaime, SALGADO Carlos et SALAZAR Henry, 2000 – Relaciones de procesos socioeconómicos e institucionales con la biodiversidad en los Andes colombianos y en los Andes del Norte.Universidad Javeriana – W.W.F. : Bogotá. Informe no publicada.

MÁRQUEZ Germán, 2001 – De la abundancia a la escasez: la transformación de ecosistemas en Colombia.In : PALACIO G., dir. – Naturaleza en disputa. Universidad Nacional de Colombia : Bogotá.

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Notes

1 .Vers le milieu du xxe siècle : « Il est intéressant de voir que les villes principales étaient alors, dans l’ordre, Bogota, Socorro, Piedecuesta (dans la Cordillère orientale), Medellin (dans la Cordillère centrale) et Mompox (au bord du fleuve Magdalena) et que, des trente plus importantes, plus de la moitié se trouvent dans la Cordillère orientale... » (Márquez, 2001, p. 373).

2 .Nous avons une version de ce processus dans : Corrales, Forero, Salgado et Salazar, 2000.

3 .L’arracacha est un tubercule assez proche de la pomme de terre, mais à durée de conservation limitée, très employé dans l’alimentation des populations andines.

4 .Il est bon de rappeler que l’élevage à double fonction est un modèle qui a bénéficié ces dernières années d’importants progrès technologiques et qui est très attirant pour sa rentabilité.

5 .Nous avons remarqué, que dans un zone, les parties boisées protégées par les pentes les plus fortes, ou par des dispositions gouvernementales qui restreignent leur utilisation, occupent 30 % de l’espace alors que 68 % correspondent à des prairies, cultures, friches et jachères. Ce sont principalement les prairies et les jachères qui dominent, étant donné que le système de rotation implique des périodes plus courtes pour l’activité agricole.

6 .Pour calculer ces moyennes, on divise la quantité totale produite par le nombre de vaches (celles qui sont en production et celles temporairement sans lait). Il s’agit donc de la moyenne du troupeau et non de la production moyenne de chaque vache au moment de la traite.

7 .« La production de lait a progressé en Colombie à un taux annuel supérieur à 4 %, passant de 2 milliards de litres en 1979, à 6,645 milliards en 2004, et fournit 98 % du marché domestique. Une bonne partie de cette croissance est due à des transformations technologiques, comme l’introduction de nouvelles races laitières, l’amélioration des prairies et des systèmes de rotation, la traite mécanisée, le refroidissement à la ferme et des pratiques sanitaires toujours plus exigeantes » (Forero, Saboyá et Ezpeleta, 2006, p. 47).

8 .Pour pouvoir comparer les résultats, dans le calcul de rentabilité des petits propriétaires, a été comptabilisé, comme coût, la valeur de la main-d’œuvre familiale sur la base de prix journalier agricole du marché local (son coût d’opportunité).

9 .Il s’agit de petits entrepreneurs qui s’occupent (comme patrons-travailleurs) de leurs cultures (ou bétail) mais qui, contrairement aux paysans, ont une rationalité entrepreneuriale visant à la rentabilisation de leurs investissements.

10 .Les exportations totales du pays sont actuellement de l’ordre de 24 milliards US $. Les exportations agricoles représentent 20 % de ce total auquel le café contribue pour 30 % (occupant la première place) et les fleurs pour 12 % (Données officielles du ministère de l’Agriculture, Annuaire statistique, 2006).

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Table des illustrations

Titre Figure 1.Localisation des hautes terres andines et des vallées des rios Magdalena et Cauca en Colombie.
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Titre Photo 1. – Paysage de Fómeque, avec une forte orientation vers la production maraîchère, en particulier sous serres avec toits en plastique. Les haies vives et tous les espaces verts ont été maintenus dans le but de protéger et réguler la ressource hydrique.
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Titre Photo 2. – Culture de la mûre sur des pentes très fortes dans le Bassin du Río de Oro. Les cultures forment de petites taches dans un paysage où domine l’élevage extensif.
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Pour citer cet article

Référence papier

Jaime Forero Álvarez, « Typologie des formes d’agriculture dans les hautes terres andines en Colombie »Les Cahiers d’Outre-Mer, 247 | 2009, 419-437.

Référence électronique

Jaime Forero Álvarez, « Typologie des formes d’agriculture dans les hautes terres andines en Colombie »Les Cahiers d’Outre-Mer [En ligne], 247 | Juillet-Septembre 2009, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 08 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/com/5722 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/com.5722

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Auteur

Jaime Forero Álvarez

Professeur titulaire du Département de Développement Rural et Régional, Faculté des Études Environnementales et Rurales, Université Javeriana – Bogotá ; mél : jforero@javeriana.edu.co ; site web : www.javeriana.edu.co ; tel :  57.1.3208320 ex. 4835 Bogotá.

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Droits d’auteur

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