Un nouveau corpus documentaire d’époque rasūlide
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Haut de pageNotes de l’auteur
L’ensemble de ces actes a fait l’objet de mon mémoire de master 2, soutenu à l’université de Paris 1, le 8 septembre 2010, avant publication ultérieure.
Texte intégral
1Trois recueils conservés au Bureau des Waqfs et de l’Orientation religieuse de Ta‘izz, dont le directeur, ‘Abduh Muḥammad Ḥassān, a autorisé le reproduction photographique (cf. CMY 7, janvier 2009, Actualités, ainsi que les actualités de ce numéro), m’ont permis de constituer, d’éditer et d’étudier un nouveau corpus de documents d’époque rasūlide : 23 actes de waqf portant principalement sur des édifices de la ville de Ta‘izz, qui connut un essor important sous le règne de ces sultans (626‑858/1229‑1454).
Présentation des trois registres
La waqfiyya ghassāniyya
2Registre de papier (du type connu au Yémen sous le nom d’Abū Shubbāk), contenant au total 177 pages numérotées à la main (23 x 35,5 cm), d’une écriture cursive lisible. Le copiste, Muḥammad b. ‘Alī b. Ismā‘īl b. ‘Abd Allāh b. ‘Abd al‑Raḥmān al‑Maḥāqirī, a daté l’achèvement de son travail du vendredi 21 dhū al‑qa‘da 1359/21 décembre 1940. Ce registre contient vingt actes de waqf d’époque rasūlide et huit datant de la première période de présence ottomane au Yémen.
Le registre des waqf‑s des mosquées de la ville de Ta‘izz
3Registre de papier (de type Abū Shubbāk, mais plus ancien que le précédent car remontant au xixe siècle). Il contient au total 299 pages numérotées à la main (16 x 25 cm), rédigées dans une écriture cursive lisible. Sa copie a été achevée le lundi 7 dhū al‑qa‘da 1305/17 juillet 1888 par ‘Abd Allāh b. ‘Alī b. ‘Alī b. Muḥammad al‑Jayūrī. Ce registre, qui date de toute évidence de la seconde période de présence ottomane au Yémen, contient 15 extraits d’actes de waqf‑s d’époque rasūlide et 13 datant de la première période ottomane. Il a pour principal objet de recenser les biens dépendant des Waqfs (terres agricoles, boutiques, etc.) afin d’en affecter l’ensemble des revenus en espèce ou en nature pour les besoins des fondations religieuses. Par rapport à la waqfiyya ghassāniyya, seul tout ce qui concernait les biens a été enregistré, les autres indications (prologues, ornements rhétoriques, description des buts de la fondation ou identité du fondateur, etc.) ayant été abandonnées.
Rouleau ottoman (maṭwiyya ‘uthmāniyya)
4Il contient l’acte de waqf de la madrasa Ashrafiyya établi par le sultan rasūlide al‑Malik al‑Ashraf Ismā‘īl b. ‘al‑‘Abbās (m. 803/1400). Ce rouleau se compose de feuilles de papier collées les unes aux autres sur une longueur de près de 4 mètres (pour 30 cm de largeur, dont 24 cm inscrits). La copie, faite dans une belle écriture cursive à l’encre noire, a été achevée le 8 dhū al‑qa‘da 1003/16 juillet 1595. Il est indiqué que la copie fut ordonnée par l’administrateur en chef (nāẓir al‑nuẓẓār) des Waqfs du Yémen, Bahā’ al‑Dīn b. Qāsim à l’époque du gouverneur ottoman, le vizir Ḥasan Pacha.
Liste des documents d’époque rasūlide
5Les vingt‑trois documents édités varient considérablement en longueur, certains faisant plusieurs dizaines de pages quand d’autres ne dépassent pas une page. Ils varient aussi quant à leur objet ou leur forme : certains donnent la date de leur rédaction, qui est absente dans d’autres. On peut toutefois les regrouper de la manière suivante :
Actes d’achat de terre
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deux actes d’achat de terre dans le territoire de Khadīr, au sud de Ta‘izz, par le sultan rasūlide al‑Malik al‑Muẓaffar Yūsuf b. ‘Umar b. ‘Alī en shawwāl 679/janvier 1281 pour un montant de 5516 2/3 dirhams muẓaffarī.
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un acte d’achat d’une terre devant revenir au waqf de la mosquée d’al‑Daraja, dans la ville de Ta‘izz, par Maryam bint al‑‘Afīf, épouse du sultan al‑Malik al‑Muẓaffar Yūsuf, au mois de ramaḍān 689/septembre‑octobre 1290, pour un montant de 130 dinars muẓaffarī.
Waqf‑s des madrasa‑s rasūlides
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Waqfiyya de la madrasa al‑Ḥumayrā’, fondée par Maryam bint al‑‘Afīf à Maghrabat Ta‘izz, sans date ;
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Waqfiyya établie par une femme inconnue de la famille royale rasūlide, ayant vécu au temps du sultan al‑Malik al‑Muẓaffar Yūsuf b. ‘Umar, pour la madrasa Alhā, située peut‑être à Maghrabat Ta‘izz, sans date ;
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Waqfiyya de la Grande mosquée de Tha‘bāt, dans la ville de Tha‘bāt près de Ta‘izz, fondée par le sultan al‑Malik al‑Mujāhid ‘Alī b. Dāwūd le 3 shawwāl 735/27 mai 1335 ;
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Waqfiyya de la madrasa Mu’ayyadiyya (Maghrabat Ta‘izz), établi par Salāma fille du sultan al‑Mujāhid ‘Alī b. Dāwūd au mois de jumādā II 767/février‑mars 1366 ;
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Waqfiyya de la madrasa Afḍaliyya, daté du début du mois de sha‘bān 767/avril 1366. Cette madrasa, fondée par le sultan al‑Afḍal al‑‘Abbās b. ‘Alī, se trouvait à Najd Rāḥat al‑Sharīf, à l’est de la ville de Ta‘izz ;
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Waqfiyya de la madrasa Ashrafiyya, sans date. Cette madrasa fondée par le sultan al‑Ashraf Ismā‘īl b. al‑‘Abbās est toujours visible aujourd’hui, au nord de la citadelle de Ta‘izz, à l’intérieur de la vieille ville (anciennement Dhū ‘Udayna) ;
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Waqfiyya de la madrasa Jawhariyya, fondée à Maghrabat Ta‘izz par l’émir Ṣafī al‑Dīn Jawhar b. ‘Abd Allāh al‑Duwaydār, émir actif sous le règne du sultan al‑Nāṣir Aḥmad b. Ismā‘īl. L’acte est daté de rajab 811/décembre 1408 ;
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Waqfiyya de la madrasa al‑Ẓāhiriyya, fondée par le sultan rasūlide al‑Ẓāhir Yaḥyā b. Ismā‘īl, en ṣafar 832/novembre‑décembre 1428 dans le quartier d’al‑Ẓāhiriyya, à l’est de la vieille ville de Ta‘izz ;
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Deux actes de waqf non datés de la madrasa Yāqūtiyya à Dhī al‑Sufāl (actuellement province de Ibb, mais qui dépendait administrativement jusqu’à il y a une soixantaine d’année de Ta‘izz), fondée par l’épouse du sultan al‑Ẓāhir Yaḥyā, placée sous la protection de Jamāl al‑Dīn Yāqūt al‑Ẓāhirī.
Waqf‑s établis au profit de personnes
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Waqfiyya établie en rajab 704/janvier 1305 par Maryam bint al‑‘Afīf, épouse du sultan al‑Malik al‑Muẓaffar Yūsuf b. ‘Umar, pour les besoins de ses 24 esclaves, hommes et femmes, qu’elle avait affranchis. Les revenus affectés à ce waqf devaient revenir après la mort des esclaves aux besoins de sa madrasa al‑Ḥumayrā’, selon les conditions fixées dans l’acte de waqf propre à cette madrasa ;
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Waqfiyya portant sur l’héritage de Zaynab bint Asad al‑Dīn Muḥammad b. al‑Ḥasan b. ‘Alī al‑Rasūlī, placé en waqf pour ses héritiers, le sultan al‑Mu’ayyad b. al‑Muẓaffar, ses sœurs et sa mère. L’acte est tronqué et ne mentionne les biens que de façon très générale dans le prologue ;
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Waqfiyya au bénéfice des deux Khātūn, filles de Muḥammad b. Abī Bakr b. al‑Ḥasan b. ‘Alī b. Rasūl, pour leur période de célibat et leurs noces ; au bénéfice d’Aḥmad b. Abī Bakr b. Muḥammad b. al‑Ḥasan b. ‘Alī b. Rasūl ; et au bénéfice des pauvres de la famille d’al‑Ḥasan b. ‘Alī b. Rasūl. Cette waqfiyya, établie par une femme dont le nom est manquant dans la waqfiyya, peut‑être Zaynab bint Asad al‑Dīn, épouse du sultan al‑Mu’ayyad, est datée du mois de rajab 709/décembre‑janvier 1309‑1310. À la suite du document se trouvent plusieurs notices exécutoires du waqf qui prouvent l’authenticité de ce qui s’y trouve.
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Waqfiyya établie au bénéfice du prince Hāshim fils du sultan al‑Mujāhid ‘Alī b. Dāwūd par sa mère. Sa date n’est pas mentionnée
Waqf‑s établis au profit d’autres lieux que les madrasa‑s de Ta‘izz
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Waqfiyya datée de rajab 817/septembre‑octobre 1414 pour le canal (sāqiyya) al‑‘Uṣayfirī, dans lequel sont mentionnées les terres achetées par l’émir Jawhar b. ‘Abd Allāh al‑Duwaydār, attribuées en waqf à ce canal qui acheminait l’eau vers les terres elles‑mêmes établies en waqf au bénéfice de la madrasa que l’émir avait fait construire à Maghrabat Ta‘izz.
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Waqfiyya au bénéfice du cimetière al‑Ẓāhiriyya, se trouvant à l’intérieur de la madrasa al‑Ẓāhiriyya. Le dédicant est inconnu, de même que la date. L’acte énumère des terres se trouvant à l’est du territoire d’al‑Janad.
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Waqfiyya rasūlide non datée énumérant des terres d’al‑Mujaliyya, de Maghrabat Ta‘izz, de Shi‘āb al‑Ḥiṣānī dans le Jabal Ṣabir, établies en waqf pour des madrasa‑s de ces régions.
Waqf sans objet précisé
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Waqfiyya datant de l’époque du sultan al‑Ẓāhir Yaḥyā (m. 842/1439), énumérant des terres se trouvant à Mashra‘a (Jabal Ṣabir). Il mentionne notamment la présence d’abres à qāt dans cette région, ce qui constitue la plus ancienne mention de cet arbre dans une source yéménite. L’établissement bénéficiaire de cette fondation n’est pas mentionné dans l’acte.
Pour citer cet article
Référence électronique
Muhammad Jāzim, « Un nouveau corpus documentaire d’époque rasūlide », Chroniques du manuscrit au Yémen [En ligne], 10 | 2010, mis en ligne le 17 décembre 2012, consulté le 06 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cmy/1900 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cmy.1900
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