Introduction : une contribution fondamentale à l’histoire de la vie juive en Belgique
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1Lorsqu’il y a plus de douze ans nous avons décidé de tenter l’aventure d’une revue, rien ne prédisait que dix numéros plus tard, elle serait toujours en vie. Nombre de revues scientifiques sont créées tous les ans en Belgique et dans le monde, peu d’entre elles résistent au temps comme à la rigueur que suppose l’exercice, à l’investissement humain pour en assurer la mission éditoriale, à la concurrence des autres revues et des nouveaux médias électroniques, ou aux difficultés du secteur de l’édition.
2Pourtant, dix numéros plus tard, Les Cahiers de la Mémoire contemporaine sont toujours présents, dans des habits éditoriaux plusieurs fois renouvelés, témoignant à la fois de la professionnalisation d’une Institution qui en était encore à ses balbutiements en 1999, et illustrant le développement considérable des études relatives au judaïsme et aux Juifs en Belgique, que l’on voit en effet à l’œuvre depuis une quinzaine d’années.
3Les dizaines de contributions scientifiques publiées par notre revue, en dix numéros, rendent compte de cette spectaculaire éclosion, qui a permis aux études portant sur l’histoire des Juifs en Belgique d’affiner considérablement les connaissances accumulées jusque là, et surtout de voir des pans entiers de ce chapitre de l’histoire de Belgique et de l’aventure du judaïsme occidental être ouverts à des recherches nouvelles. Les Cahiers de la Mémoire contemporaine, en plus de dix ans, ont été le réceptacle et la chambre d’écho de cette production scientifique en devenir, qu’elle émane des Universités, des institutions patrimoniales – et en tout premier lieu le Musée juif de Belgique et le Musée juif de la Déportation et de la Résistance –, de chercheurs indépendants et, enfin, de la Fondation de la Mémoire contemporaine elle-même, dont le destin est depuis l’année 2007 lié à l’Université libre de Bruxelles.
4Les Cahiers de la Mémoire contemporaine ont ainsi publié, depuis leur première livraison de 1999, en français et en néerlandais, des études historiques fouillées – sur des sujets variés, mais toujours en lien avec la vie juive en Belgique au XXe siècle –, des inventaires d’archives, des réflexions méthodologiques, des recensions, des notices biographiques – et même, dès leur deuxième numéro, des encarts photographiques qui ont permis d’ajouter une ouverture iconographique aux textes et d’enrichir sur le plan heuristique les sujets traités.
5Le présent anniversaire est donc l’occasion, en introduction à ce dixième numéro, d’en faire le bilan historiographique, en pointant les temps forts de ces dix années de recherche et de publication, qu’il s’agisse des questions de mémoire, de muséographie, de patrimoine, d’archivistique, mais aussi des accents majeurs de la recherche sur l’histoire des Juifs en Belgique, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale, axe principal autour duquel s’articule l’essentiel de notre entreprise. C’est aussi le moment que nous avons choisi, afin que l’adéquation entre le titre de la revue et son objet d’étude soit la plus évidente possible, pour ajouter un sous-titre aux Cahiers de la Mémoire contemporaine : « Revue d’histoire des Juifs en Belgique ».
Le témoignage, la mémoire et l’histoire
- 1 M. Goldberg, « Mémoire et témoignage », dans Les Cahiers de la Mémoire contemporaine (désormais cit (...)
- 2 W. Adriaens, « Het Joods Museum van Deportatie en Verzet (JMDV) en getuigenissen », dans Cahiers 2, (...)
6Fondée en 1994 et établissant son activité, durant ses cinq premières années d’existence, sur la contribution de nombreux bénévoles, la Fondation de la Mémoire contemporaine s’est dans un premier temps surtout attachée à recueillir des témoignages, les rendre disponibles à la recherche et les exploiter, d’abord à des fins méthodologiques. Cette préoccupation, née du sentiment bien évident d’urgence, transparaît dans les deux premiers numéros de la revue de la Fondation, créée en 1999 – au moment où l’Institution se professionnalise par l’engagement de plusieurs chercheurs –, numéros surtout consacrés à des questions de mémoire et de témoignage. Il en est ainsi des usages des témoignages et des débats relatifs à ces usages, entre mémoire individuelle et collective, entre acceptations et crispations : ce qui met en évidence le rôle de la parole des gens certes, avec ses vertus cathartiques individuelles et son rôle de reconstruction identitaire et collective, mais aussi les usages sociaux de la mémoire et son apport à la recherche – comme évoqué notamment par Martine Goldberg, à l’époque chercheuse à la Fondation de la Mémoire contemporaine1 – ou les usages publics de l’histoire, comme les narrations muséales2.
- 3 J. Déom, « La question de l’homme qui a vu », dans Cahiers 1, pp. 35-39 ; B. Dickschen, « Doelstell (...)
- 4 « Fragments de vie. Témoignages », dans Cahiers 1, pp. 65-110.
- 5 B. Suchecky, « Le témoignage en miettes », dans Cahiers 2, pp. 95-99.
- 6 J. Déom, « Aspects de la mémoire contemporaine », dans Cahiers 2, pp. 109-116.
- 7 J.-Ph. Schreiber, « Le témoignage au service de l’histoire et de la mémoire : le cas du judaïsme be (...)
7La pratique de l’interview, sa méthode pointue et exigeante, la relation particulière qu’elle instaure, féconde mais source de malentendus quant aux objectifs respectifs des protagonistes de l’interview, entre témoin et chercheur, a été décrite par plusieurs collaborateurs de la Fondation de la Mémoire contemporaine : Barbara Dickschen, Martine Goldberg, Maya Klein et Jacques Déom3. Ce qui suppose des débats, notamment quant aux choix méthodologiques opérés, exemples à l’appui, dont les Cahiers se sont faits l’écho – publiant dans leur première livraison des extraits d’interviews transcrites –, comme ils ont proposé des analyses consacrées à l’ère du témoin, la nôtre, ère de magnification d’une parole parfois quelque peu sacralisée4. Les Cahiers ont ainsi dédié des articles à la narration produite par les témoignages… – ce qui a été évoqué par Bernard Suchecky5 – ou aux rapports entre mémoire et culture – rapports analysés finement par Jacques Déom6. Jean-Philippe Schreiber a quant à lui montré le riche héritage en matière de sources orales récoltées en Belgique, relativement au sort des Juifs durant la guerre, et ce depuis les années cinquante7.
- 8 L. Schram, « Les survivants juifs d’Auschwitz : une mémoire en devenir », dans Cahiers 5, pp. 35-61 (...)
- 9 J. Déom, « Les années volées d’Herman Nowak », dans Cahiers 5, pp. 243-250.
- 10 J. Déom, « Willy Berler au milieu des ténèbres », dans Cahiers 5, pp. 251-261.
- 11 M. Klein, « Enfances volées », dans Cahiers 2, pp. 125-133.
8L’évolution fluctuante des notions de témoin et de survivant a été mise en évidence par Laurence Schram : l’archiviste du Musée juif de la Déportation et de la Résistance s’est ainsi interrogée sur la manière de témoigner, la nature des témoignages et la réception de ceux-ci, cause de décennies de silence, dans un contexte de déni de reconnaissance, puis d’occultation de la spécificité de la destinée tragique des témoins, avant une progressive résurgence entamée à la fin des années soixante-dix8. Le témoignage de l’un de ces témoins, Herman Nowak, a fait l’objet d’une courte étude de Jacques Déom, où il s’interroge sur ce retour tardif de la narration9. L’ouvrage de Willy Berler, Itinéraire dans les ténèbres. Monowitz, Auschwitz, Gross-Rosen, Buchenwald, en est un autre bel exemple10, tandis que le traumatisme de l’enfant caché, aspect particulier d’une catégorie de victimes de la Shoah qui a mis longtemps à prendre la parole, a été abordé par Maya Klein11.
- 12 J. Déom et J.-Ph. Schreiber, « Pour une géographie de la vie juive en Belgique : le projet « Lieux (...)
9La mémoire, c’est aussi l’inscription des événements historiques dans des lieux, dans le tissu urbain, tout autant – surtout, diront certains – que les silences, les vides que l’espace public voile, et qui se doivent d’être dévoilés pour que la mémoire des événements s’inscrive dans le temps. La Fondation de la Mémoire contemporaine s’est ainsi attelée à un vaste projet, intitulé « Lieux de mémoire », qui se propose de dessiner cette géographie ou cette cartographie de la vie juive en Belgique, et dont les accents majeurs ont été décrits dans les Cahiers12.
- 13 U. Buchholz, « Was bleibt von der Geschichte ? Die junge deutsche Generation und ihr Bezug zum Nati (...)
- 14 K. Vloeberghs, « Pedagogie van de herinnering : de Holocaust in de jeugdliteratuur vandaag », dans (...)
- 15 J. Déom, « Des rescapés pour un État d’Idith Zertal », dans Cahiers 3, pp. 213-224.
10Faire mémoire, travailler la question de la mémoire comme objet social, c’est interroger de la même manière le rapport au passé de nos sociétés dans leur ensemble. En Allemagne, ce fut la confrontation d’une génération nouvelle avec la mémoire parfois vacillante d’une Nation, son histoire douloureuse, les responsabilités de ses parents et grands-parents et la pluralité de ses propres identités face au poids de l’histoire – comme Ulrike Buchholz l’a illustré13. Katrien Vloeberghs a quant à elle mis en lumière les pédagogies du souvenir, ou de la mémoire, à l’œuvre dans la littérature de jeunesse de nos jours, ainsi que les représentations de la Shoah dans ce répertoire14. Travailler la mémoire, refuser la mythologisation du passé, c’est également ce à quoi sont à l’œuvre certains historiens israéliens, comme l’a montré Jacques Déom à propos d’un ouvrage d’Idith Zertal consacré à l’immigration clandestine vers la Palestine au lendemain de la guerre15.
- 16 J. Bloch, « La communauté juive de Belgique et la Deuxième Guerre mondiale. À propos du Musée Juif (...)
- 17 Z. Seewald, « Une première ébauche de musée juif à Bruxelles : la collection juive de la Maison d’É (...)
- 18 J.-Ph. Schreiber, « Les archives du judaïsme belge conservées à Moscou », dans Cahiers 2, pp. 145-1 (...)
- 19 D. Dratwa, « Note sur les fonds yiddish dans les bibliothèques belges à thèmes juifs », dans Cahier (...)
11Les musées et mémoriaux ont un rôle éminent à jouer comme vecteurs du souvenir16. Les deux musées juifs créés en Belgique, l’un à Bruxelles, l’autre à Malines, en témoignent. Toutefois, leur création a été précédée d’autres initiatives visant à pérenniser le patrimoine juif de Belgique et faire connaître l’histoire séculaire de la présence juive dans nos régions. Zahava Seewald en a donné nombre de précieuses indications à propos de la mise sur pied d’une section spécifique, qui ne vit jamais le jour, au Musée d’Érasme à Anderlecht17. Par ailleurs, nombre de bibliothèques juives belges ont aujourd’hui disparu, emportées par le temps, ou laminées par les conséquences de la Shoah – il en est ainsi des bibliothèques spoliées par l’occupant, comme d’autres biens culturels. Les archives du judaïsme belge, longtemps conservées à Moscou suite aux conséquences de cette spoliation, ont été inventoriées sur place par Jean-Philippe Schreiber, avant leur retour en Belgique18. Daniel Dratwa a quant à lui fait l’inventaire des bibliothèques juives recensées au 10 mai 1940, comme des fonds en langue yiddish qui subsistent actuellement dans les bibliothèques juives et non juives de Belgique, manifestant ainsi un précieux patrimoine susceptible de vivifier une langue qui ne se parle plus guère que dans les communautés juives ultra-orthodoxes19.
Le patrimoine et l’histoire du judaïsme et des Juifs en Belgique avant 1940
- 20 J.-Ph. Schreiber, « Les Juifs en Belgique : une présence continue depuis le XIIIe siècle », dans Ca (...)
- 21 Ph. Pierret, « Entre proscription et intégration : sur quelques sources relatives à la présence jui (...)
- 22 B. Wallet, « Een taal die niet mocht bestaan. West-Jiddisch in de zuidelijke Nederlanden (1791-1839 (...)
- 23 J.-Ph. Schreiber, « Het Joods onderwijs in België (1820-1914) », dans Cahiers 6, pp. 277-292.
12Même si l’essentiel de l’histoire des Juifs en Belgique s’est joué aux XIXe et XXe siècles, la présence juive sur les territoires qui formeront la future Belgique fut quasi continue depuis le moyen-âge, comme s’est attaché à le synthétiser Jean-Philippe Schreiber20. La marginalisation de cette population juive à l’époque autrichienne, dans les politiques locales comme dans les mentalités – suivie d’une lente mais sûre évolution –, a été abordée par Philippe Pierret, sur base de sources nouvelles21. Bart Wallet, quant à lui, a abordé les usages du yiddish occidental dans les communautés juives des Pays-Bas méridionaux au début du XIXe siècle, et les moyens institutionnels mis en œuvre pour les combattre22. S’intéresser à cette dimension culturelle, c’est immanquablement aborder aussi la question de l’enseignement, et les choix qui furent opérés en la matière, entre particularisme et intégration – une préoccupation qui tarauda des dirigeants communautaires imbus de leur orientation libérale, et ce tout au long du XIXe siècle23.
- 24 Ph. Pierret, « Le ‘carré juif’ d’Arlon du XIXe siècle », dans Cahiers 3, pp. 113-124. Le même auteu (...)
- 25 Ph. Pierret, « Les mappoth de la communauté juive d’Arlon : un patrimoine textile méconnu », dans C (...)
- 26 Ph. Pierret, « L’exposition ‘Présence juive entre Meuse, Moselle et Rhin (fin XIXe – début XXe sièc (...)
- 27 J. Déom, « Angélique Burnotte : Juifs en pays d’Arlon. Une communauté au XIXe siècle », dans Cahier (...)
13La question des cimetières, qui agita la Belgique politico-religieuse du XIXe siècle, illustra cette indécision entre particularisme et intégration ; plusieurs cimetières juifs de Belgique en témoignent, parmi lesquels le « carré juif » d’Arlon, dont les tombes les plus anciennes datent du milieu du XIXe siècle. Elles ont été relevées par le spécialiste d’histoire et d’architecture funéraires juives qu’est Philippe Pierret, qui en a transcrit et étudié l’épitaphier et fait la typologie des monuments24. Le même auteur s’est intéressé à un aspect méconnu du patrimoine juif du sud-ouest de la Belgique : les mappoth, ou langes de circoncision, richement brodés et actant un véritable « état-civil » communautaire tout autant qu’une expression d’un art qui fut religieux et populaire à la fois25. Philippe Pierret a également montré le renouveau d’études relatives à cette région spécifique en matière d’implantation des familles juives – présentes ici dans le tissu urbain mais aussi et surtout rural, ce qui en fait l’originalité – comme en matière d’activités – le commerce de chevaux et de bétail principalement. Une présence qui ne peut se comprendre qu’en élargissant la perspective géographique et en comprenant les pratiques migratoires, sociales et religieuses des communautés juives locales dans un panorama transfrontalier, entre Meuse, Moselle et Rhin26. L’ouvrage d’Angélique Burnotte consacré à l’histoire de la communauté juive d’Arlon, et recensé dans les colonnes des Cahiers, a notamment permis de l’illustrer27.
- 28 A. Bensimon, « Les Pauwels : Histoire d’une famille juive du cirque », dans Cahiers 6, pp. 239-247.
14Certains auteurs ont dans les Cahiers mis en lumière des aspects complètement méconnus du patrimoine et des traditions des communautés juives de Belgique, telle Agnès Bensimon qui a retracé l’histoire des Pauwels – héritière bruxelloise des familles juives du cirque qui sillonnaient l’Europe depuis le XVIIIe siècle –, et de la première troupe de cirque en Belgique, créée en 186028. Ce faisant, elle a réhabilité un domaine à part entière de la vie culturelle, juive et non juive, la place occupée par de véritables “dynasties” juives dans un secteur du spectacle trop rapidement qualifié de purement saltimbanque, et montré la diversité des secteurs d’activité où se manifestait le particularisme social et économique des Juifs à une certaine époque.
- 29 O. Hottois, « Le peintre et son critique : Kurt Peiser vu par Robert de Bendère », dans Cahiers 4, (...)
15Plusieurs peintres juifs de grand talent ont vécu en Belgique durant l’entre-deux-guerres. Olivier Hottois a examiné dans les Cahiers les rapports entretenus entre un peintre et son critique, ici à travers le cas exemplaire du « peintre des misères et des bas-fonds », le mariniste Kurt Peiser, et le critique d’art Robert de Bendère29 ; tandis que Barbara Dickschen et Zahava Seewald ont publié un ouvrage issu de recherches menées à la Fondation de la Mémoire contemporaine sur un autre de ces artistes : Arno Stern (1888-1949), De Łódź à Bruxelles, Itinéraire d’un peintre juif (Bruxelles, 2009).
- 30 F. Vanhemelryck, « Betrekkingen tussen de Nederlanden en het Heilig Land in de Middeleeuwen en de N (...)
- 31 P. Sauvage, « Un observatoire pour la montée de l’antisémitisme racial : les récits de pèlerinages (...)
16En miroir du patrimoine juif de Belgique, les relations entre les régions de la future Belgique et la Terre sainte, depuis l’époque médiévale, ont constitué un aspect peu étudié des représentations des Juifs et de leur histoire, ainsi que de l’imaginaire qui s’en est nourri. Fernand Vanhemelryck a comblé ce vide, en compulsant des récits de pèlerinages chrétiens vers Jérusalem30, avant que Pierre Sauvage ne lise les mêmes sources, pour une période plus récente (1850-1940), comme le lieu d’où peut s’observer pour le chercheur la montée de l’antisémitisme racial – miroir et vecteur d’une des idéologies de la modernité, qui devint le substitut par excellence à l’antijudaïsme religieux et culturel traditionnel31.
- 32 S. Kubicki, « Le pavillon palestinien à l’exposition internationale de Bruxelles 1935 : une express (...)
17Parmi les expressions politiques et identitaires qui se manifestèrent avec force au sein des collectivités juives de Belgique, au XXe siècle cette fois, en particulier dans le riche foisonnement de l’entre-deux-guerres, le mouvement sioniste tint une place essentielle. Stéphane Kubicki l’a montré à travers l’exemple de l’érection d’un pavillon palestinien à l’exposition internationale de Bruxelles, en 1935 – qui fut un outil de propagande pour le sionisme belge certes, mais aussi un instrument de promotion du potentiel commercial du yichouv palestinien32.
- 33 R. Van Doorslaer, « Joodse arbeiders in de Antwerpse diamant in de dertiger jaren. Tussen revolutie (...)
- 34 B. Dickschen, « 1935 : een opleiding voor diamantbewerkers in Brussel », dans Cahiers 4, pp. 27-42.
- 35 S. Renneboog, « De Antwerpse diamantsector en “de Groote Oorlog” », dans Cahiers 9, pp. 13-35.
18La place occupée à la même époque par les ouvriers juifs dans le secteur du diamant à Anvers, mais surtout les enjeux sociaux, syndicaux et politiques de cette présence – face à un monde syndical qui n’était pas dénué de xénophobie antisémite –, ont été analysés par Rudi Van Doorslaer33 et Barbara Dickschen34. Le retour de ces diamantaires, afin de rétablir une industrie essentielle pour le commerce anversois, fut un enjeu déterminant pour Anvers et pour la Belgique au lendemain des deux conflits mondiaux. Cette question a été abordée par Sylvie Renneboog concernant la grande guerre, en même temps qu’elle a montré les particularités d’un secteur économique à la fois singulièrement sensible aux périodes de crise – telle que 1914-18 l’offrit –, et animé par des fabricants et négociants issus de pays opposés à la Belgique durant le conflit, ce qui amena des situations complexes une fois la paix revenue, comme la mise sous séquestre de nombreux outils industriels et de biens leur appartenant35.
- 36 Fr. Caestecker, « Het beleid tegenover de joodse vluchtelingen uit nazi-Duitsland (1933-1940). Een (...)
- 37 J.-Ph. Schreiber, « L’accueil des réfugiés juifs du Reich en Belgique. Mars 1933 - septembre 1939 : (...)
19Les années trente signifièrent pour la population juive de Belgique une crise économique intense, qui paupérisa de larges franges de cette population, la fragilisant et la précarisant économiquement, mais aussi culturellement. Les mêmes années furent marquées par la question des réfugiés et exilés du IIIe Reich en Belgique, les aléas de la politique d’accueil menée en la matière par les autorités publiques et la xénophobie rampante qui en empreignit l’arrière-plan. Ont ainsi été étudiées dans les Cahiers, par Frank Caestecker, les politiques officielles d’asile et d’accueil des réfugiés juifs du Reich en Belgique, à partir de 193336, mais aussi, par Jean-Philippe Schreiber, les structures mises en place par les institutions juives du pays afin de recevoir ces réfugiés, et les préparer à leur ré-émigration, suivant les vœux très insistants d’un gouvernement confronté à une crise économique et sociale sans précédent37.
- 38 M. Klein, « Souvenirs de résistants autrichiens en Belgique », dans Cahiers 3, pp. 73-86.
- 39 Z. Seewald, « Le chanteur et la statue, 1935, de Felix Nussbaum », dans Cahiers 5, pp. 225-229.
- 40 S. Collignon, « Les homes Bernheim et Speyer (1938-1940). Témoignages d’enfants réfugiés d’Allemagn (...)
20Nombre de ces réfugiés, parmi ceux qui ne parvinrent pas à gagner un pays outre-Atlantique ou qui ne furent pas transférés dans les camps du sud-ouest de la France au lendemain du 10 mai 1940, formèrent des groupes spécifiques de résistance à l’occupant nazi en Belgique – comme l’a évoqué Maya Klein sur base de sources orales38. Parmi ces réfugiés, des artistes, des intellectuels, des universitaires ; l’un d’eux, le peintre Felix Nussbaum, disparut à Auschwitz en 1944, laissant une œuvre poignante39. Parmi eux aussi, des contingents d’enfants autorisés à gagner une Belgique dont les portes se fermaient à l’immigration en provenance du Reich. Ils y furent accueillis, à l’initiative du Comité d’Aide aux Enfants réfugiés juifs, créé par Max Gottschalk, dans des homes juifs, tels les homes Général Bernheim et Herbert Speyer – objets de l’étude fouillée de Simon Collignon40.
- 41 J. Déom, « La liste de Saint-Cyprien », dans Cahiers 8, pp. 245-250.
21Parmi les milliers d’individus qui furent arrêtés par les autorités belges, le 10 mai 1940, au moment de l’invasion allemande, figuraient nombre de ces réfugiés du Reich – parce que considérés comme ressortissants d’un pays ennemi. Ils furent internés dans des camps de prisonniers du sud-ouest de la France, avant, pour beaucoup, d’être livrés aux nazis puis déportés vers Auschwitz. L’histoire familiale de Marcel Bervoets-Tragholz a été élargie à l’ensemble de cette question, pour en faire un livre mémorial qui a été analysé par Jacques Déom dans les colonnes des Cahiers41.
- 42 I. Meinen – A. Meyer, « Migration contrainte et Shoah. Réfugiés juifs en Europe occidentale 1938-19 (...)
22Les articles publiés sur ce sujet dans les Cahiers ont ainsi contribué à nourrir le regain d’intérêt pour la question des réfugiés du Reich, longtemps méconnue en ce qui concerne la Belgique, jusqu’aux travaux pionniers de Frank Caestecker, et qui mérite à coup sûr d’être approfondie encore, tant il reste de problèmes non élucidés. Un projet de recherche allemand s’y emploie, présenté pour son volet belge dans les Cahiers par Insa Meinen et Ahlrich Meyer : la question des réfugiés du Reich y est étudiée à la fois de manière transnationale et en débordant le cadre chronologique de la période d’avant-guerre, pour en montrer les conséquences sous l’Occupation, notamment en matière de déplacement de ce groupe particulier de la population42.
La IIe Guerre mondiale
- 43 J.-Ph. Schreiber, « La Belgique et les Juifs sous l’Occupation nazie. L’histoire au-delà des mythes (...)
23Pour ce qui concerne le sort des Juifs durant la IIe Guerre mondiale, épicentre des préoccupations de la Fondation de la Mémoire contemporaine à sa création, pointons en tout premier lieu le fait que nos Cahiers ont mis en évidence les enjeux historiographiques d’une période qui certes a été privilégiée par les historiens depuis les travaux pionniers de Maxime Steinberg, mais que les contributions scientifiques publiées par nos soins ont considérablement enrichie, diversifiée dans les sujets traités ou nuancée quant aux interprétations que l’on pouvait en faire. Il en va ainsi de la déconstruction des mythes qu’une littérature parfois trop complaisante à l’égard des engagements mémoriels avait favorisés – Jean-Philippe Schreiber l’a montré43.
- 44 Th. Delplancq, « 1940-1942, une cité occupée et ses Juifs. Quelques aspects heuristiques », dans Ca (...)
- 45 G. Denhaene, « Les Juifs dans certains documents communaux de Schaerbeek pendant la Deuxième Guerre (...)
- 46 Th. Delplancq, « Une administration face à la législation antisémite. Le cas d’Ostende (1940-1942) (...)
- 47 L. Schram, « De “joodse” archieven van het Provinciebestuur Antwerpen », dans Cahiers 3, pp. 135-15 (...)
- 48 L. Saerens, « Augustus 1942. De jodenvervolging in Borgerhout en de medewerking van de lokale polit (...)
24Les Cahiers de la Mémoire contemporaine ont également publié des études visant l’application locale des mesures allemandes antijuives, au plus près des réalités vécues par les victimes et souvent sur base d’archives inédites, comme mis en perspective par Thierry Delplancq44 : ce fut le cas de la commune de Schaerbeek, abordé par Godelieve Denhaene45, ou de la ville d’Ostende, étudiée par le même Thierry Delpancq46. Les travaux de ces différents chercheurs ont signalé l’intérêt des archives publiques, et en particulier des archives communales mais aussi provinciales, en matière de sort des Juifs en Belgique durant l’Occupation nazie – comme mis en lumière par l’article de Laurence Schram concernant le cas de la province d’Anvers, qui en décrit minutieusement les pièces essentielles47. Quant à la collaboration active de certaines autorités belges avec l’occupant, en matière de politique anti-juive, le niveau local a ici aussi été mis à l’épreuve, notamment par Lieven Saerens. Ce dernier a interrogé de manière détaillée, rue après rue, le rôle de la police de la localité suburbaine anversoise de Borgerhout dans les arrestations de Juifs, en 194248.
- 49 I. Meinen, « Face à la traque. Comment les Juifs furent arrêtés en Belgique (1942-1944) », dans Cah (...)
- 50 I. Meinen – A. Meyer, « Le XXIe convoi : études biographiques (Première partie), dans Cahiers 7, pp (...)
25Parmi d’autres qualités, les travaux de l’historienne allemande Insa Meinen sur la Shoah en Belgique ont montré qu’il fallait nuancer maints aspects des travaux pionniers de Maxime Steinberg, en particulier les parts respectives des grandes rafles des « cent jours de la déportation » et des arrestations individuelles de Juifs menées deux années durant par les divers services allemands – services de sécurité et services administratifs –, leurs complices et informateurs. Sa première analyse en la matière a été publiée dans les Cahiers en 200549. Elle l’a poursuivie, en collaboration avec un autre historien allemand, Ahlrich Meyer, en décrivant sur le mode prosopographique la composition du XXIe convoi de la déportation des Juifs de Belgique. Un moyen de comprendre au cas par cas comment ces familles et ces individus avaient tenté de se prémunir contre la déportation avant d’être arrêtés, et quel avait été leur parcours depuis leur arrivée en Belgique, mais aussi de décrire le processus des arrestations individuelles et la corrélation entre les stratégies individuelles de survie dans la clandestinité et l’ampleur comme le modus operandi des arrestations. Ce qui corrobore le constat posé auparavant par Insa Meinen dans ces colonnes, à savoir que l’occupant nazi manifesta en matière d’arrestations individuelles – notamment ciblées – une “efficacité” telle qu’il parvint en peu de temps à constituer un convoi de plus de quinze cents déportés – et ce avec une diversité de services, militaires et civils, décrits ici avec minutie par Insa Meinen et Ahlrich Meyer, qui pointent, outre la Gestapo et ses complices locaux, le Devisenschutzkommando, la Feldgendarmerie, la Geheime Feldpolizei, ou les gardes-frontières50.
- 51 Sur l’ouvrage qui a fait la synthèse des recherches d’Insa Meinen (Die Shoah in Belgien, 2009), voi (...)
26Les travaux d’Insa Meinen, en particulier, ont permis de revenir sur un certain nombre de constats qui prévalaient auparavant – et ce en raison d’interprétations nouvelles comme du recours à certaines sources allemandes peu, pas ou mal exploitées jusque-là51. La Fondation de la Mémoire contemporaine avait déjà contribué à renouveler les perspectives sur l’Association des Juifs en Belgique – et, ce faisant, sur maints aspects de la persécution et la déportation des Juifs en Belgique –, grâce surtout à l’accès enfin assuré aux archives de cette institution. Cela se matérialisa par la publication, fruit du travail collectif d’un groupe de chercheurs, durant deux années, de l’ouvrage Les curateurs du ghetto. L’Association des Juifs en Belgique sous l’occupation nazie, paru aux éditions Labor en 2004, sous la direction de Jean-Philippe Schreiber et Rudi Van Doorslaer, puis traduit en néerlandais chez Lannoo, la même année.
- 52 J.-Ph. Schreiber, « La Belgique docile : les paradoxes d’un monument de l’historiographie locale de (...)
27Le mandat donné par le Sénat de Belgique au Centre d’Études Guerre et Sociétés contemporaines (CEGES) a, on le sait, permis de rassembler en une synthèse remarquable, dense et novatrice, les enjeux relatifs à la responsabilité présumée d’autorités belges dans la persécution et la déportation des Juifs durant l’Occupation nazie. Ce rapport historique essentiel a été analysé dans les colonnes des présents Cahiers, en en montrant les qualités, très nombreuses, mais aussi quelques impasses, en matière d’interprétation des faits, et surtout les risques – celui en particulier de nourrir une forme d’histoire “juge”, qui interrogerait systématiquement les responsabilités des acteurs historiques52.
- 53 J.-Ph. Schreiber, « La spoliation des Juifs en Belgique sous l’Occupation : un état de la question (...)
- 54 L. Schram, « Au camp de rassemblement pour Juifs de Malines. Les maîtres de la Aufnahme », dans Cah (...)
28Outre l’imposante somme composée par le CEGES, les travaux scientifiques de ces quinze dernières années ont permis de renouveler les perspectives ou d’initier des recherches novatrices sur des questions autrefois à peine esquissées. Sur la spoliation des biens dits “juifs” en Belgique sous l’Occupation, c’est encore à une mission mandatée par les autorités publiques que l’on doit des progrès remarquables en la matière, dont la synthèse a été faite dans les Cahiers53. Par ailleurs, la caserne Dossin, à Malines, a joué un rôle crucial dans le rassemblement puis la déportation vers Auschwitz/Birkenau des Juifs de Belgique et du Nord de la France, ainsi que de plusieurs centaines de Tziganes, entre le 4 août 1942 et le 31 juillet 1944. Laurence Schram s’est consacrée à l’étude des personnalités des fonctionnaires nazis et de leurs complices SS flamands, qui ont œuvré à humilier les détenus juifs de Malines avant d’organiser leur transport vers l’Est. Elle s’est également intéressée à l’organisation du camp, principalement le bureau de la « Aufnahme », où étaient enregistrés les détenus et où ils étaient dépouillés de leurs biens, puis où étaient constituées les sinistres listes de transport vers les centres d’extermination54.
- 55 B. Dickschen, « Mémorial des déportés de Malines », dans Cahiers 9, pp. 193-197.
29Le Mémorial de la déportation des Juifs de Belgique, dont Maxime Steinberg avait proposé une première mouture, conjointement avec Serge Klarsfeld, il y a près de trente ans, a fait l’objet d’une nouvelle version, complètement remaniée, à l’initiative du Musée juif de la Déportation et de la Résistance de Malines. En quatre volumes denses, le nouveau Mémorial propose certes les listes de déportés et les portraits photographiques de plus de deux tiers d’entre eux, mais aussi une contextualisation historique qui tient compte des progrès historiographiques de ces trente dernières années ; les Cahiers en ont relevé tout l’intérêt55.
- 56 B. Dickschen, « L’illusion d'un printemps. Un historique de L’École moyenne juive de Bruxelles, fév (...)
- 57 B. Dickschen, « La ferme-école juive de La Ramée durant l’Occupation (avril 1941 – août 1942) », da (...)
30L’exclusion des enfants juifs des écoles, suite à l’ordonnance allemande du 1er décembre 1941, et la mise sur pied d’une école moyenne juive à Bruxelles au printemps 1942, a constitué une partie de la thématique des recherches de Barbara Dickschen56, qui y a consacré un ouvrage remarqué – L’école en sursis. La scolarisation des enfants juifs pendant la guerre (Bruxelles, Didier Devillez, 2006) –, publié à l’initiative de la Fondation de la Mémoire contemporaine. Le même auteur a aussi analysé le cas de jeunes gens placés en 1941-42 par la Communauté israélite de Bruxelles dans une ferme-école du Brabant wallon, et ce afin de les sortir de la marginalisation sociale dont ils étaient victimes du fait de leur identité de Juifs étrangers. La ferme-école de Bomal – dont le futur vulcanologue et ministre Haroun Tazieff fut le directeur – s’inspira des établissements analogues d’obédience sioniste où étaient formés les pionniers destinés à une émigration vers la Palestine57.
- 58 Th. Delplancq et C. Massange, « L’Hospice de Scheut (1942-1944) », dans Cahiers 5, pp. 13-34.
- 59 C. Massange, « L’hôpital israélite de Bruxelles (1943-1944), dans Cahiers 7, pp. 13-35.
31La clandestinité fut le choix forcé de la majorité des Juifs de Belgique à partir de la fin de l’été 1942. D’aucuns, néanmoins, demeurèrent dans la légalité, durant toute la fin de la guerre ou une partie de cette période. Des personnes âgées et des enfants provisoirement non soumis à la déportation furent ainsi hébergés, à la merci constante de l’occupant nazi, dans des homes, tel l’Hospice de Scheut58. Dans le même temps, l’Hôpital israélite d’Ixelles constitua lui aussi, avec des enjeux parallèles, l’un des lieux où se joua le sort des Juifs demeurés durant toute la guerre dans une “légalité” dont la marge était étroite, mais quelquefois salutaire – illustrant, comme Catherine Massange l’indique en conclusion à son étude, la complexité de la situation des Juifs durant l’Occupation et la difficulté de réagir à des mesures allemandes qui furent tout à la fois des solutions provisoires et des pièges59.
- 60 J. Déom, « Sylvain Brachfeld (éd.) : Merci de nous avoir sauvés », dans Cahiers 7, pp. 191-194.
- 61 É. Wulliger, « L’Institut “Mes Enfants” à Ixelles », dans Cahiers 1, pp. 151-155.
32Un ouvrage du publiciste Sylvain Brachfeld, évoqué dans les colonnes des Cahiers, et qui a pour propos de rendre hommage à ces enfants hébergés durant la guerre hors du contexte familial, ainsi qu’à leurs sauveurs, ne fait toutefois pas de distinction entre ceux qui avaient trouvé refuge dans la clandestinité et ceux qui avaient été hébergés dans des institutions officielles, à la merci constante de l’occupant60. C’est là aussi l’un des enjeux essentiels dans la compréhension du sort des Juifs sous l’Occupation, et un nœud gordien des crispations de la mémoire, que l’historiographie des trente dernières années n’est pas toujours parvenue à juguler. En guise d’illustration du cas des enfants dûment cachés, les Cahiers ont publié l’étude d’Élisabeth Wulliger consacrée à l’Institut Mes Enfants à Ixelles61.
- 62 N. Weinstock, « Jacob Lemel en Felix Timmermans : de noodkreet die op dovemans oren viel », dans Ca (...)
33Des travaux récents ont posé de manière différente la question des rapports entre exclusion, persécution, légalité et clandestinité sous l’Occupation, montrant notamment que les frontières entre ces deux dernières catégories étaient parfois plus poreuses qu’il n’y paraît. Nathan Weinstock a ainsi montré le peu de cas fait par l’homme de lettres nationaliste flamand Felix Timmermans à l’égard de l’écrivain de langue yiddish Yankev (Jacob) Tsvi Lemel, venu demander de l’aide auprès de lui alors qu’il fuyait les persécutions antijuives, en 194262.
- 63 Fr. Caestecker, « Otages de la terreur nazie », dans Cahiers 8, pp. 241-243.
34En contraste avec le choix de la légalité, il y eut la Résistance. La Résistance juive en Belgique, abondamment étudiée dans les années quatre-vingts surtout, avant de céder la place à des questions davantage méconnues alors, a néanmoins bénéficié d’échos dans les Cahiers : la Résistance, ce fut certes le sauvetage des enfants juifs et d’autres actes de révolte et de désobéissance civile aux mesures iniques prises contre les Juifs, mais ce fut bien sûr aussi la résistance armée à la terreur de l’occupant. Maxime Steinberg et José Gotovitch ont consacré un ouvrage au groupe de partisans juifs animé par Théodore Angelhoff, ouvrage qu’a analysé Frank Caestecker dans les colonnes des Cahiers63.
- 64 S. Belli, « Assistantes sociales en Résistance. Note sur Yvonne Jospa et Ida Sterno », dans Cahiers (...)
35Les femmes de la Résistance sont trop rarement évoquées. Sarah Belli s’y est pourtant attachée en décrivant le cas de deux assistantes sociales qui jouèrent un rôle essentiel dans la Résistance juive en Belgique, Yvonne Jospa et Ida Sterno64. Toutes deux apporteront au Comité de Défense des Juifs, dans le domaine du placement des enfants cachés, l’expérience de leur pratique professionnelle et des réseaux qu’elles s’étaient déjà constitués avant la guerre, dans leur travail social.
Après la guerre
- 65 C. Massange, « De l’Aide aux Israélites Victimes de la Guerre au Service Social Juif. De 1944 à nos (...)
36Les lendemains de la Libération furent des temps difficiles, scandés par les conséquences des traumatismes de l’Occupation, le deuil des disparus, le déchirement du tissu social, la précarité économique des victimes juives, le manque de reconnaissance extérieure. L’Aide aux Israélites Victimes de la Guerre (AIVG), devenue par la suite le Service Social Juif (SSJ), a été au cœur de l’effort de reconstruction entrepris pour tenter de juguler ces blessures et ces dommages. Elle a fait l’objet de plusieurs articles de Catherine Massange65 en même temps que cette dernière consacrait un livre remarquable à cette Institution, qui occupe depuis 1944 un rôle central dans la communauté juive de Bruxelles et qui a mené depuis l’immédiat après-guerre une entreprise remarquable de réhabilitation sociale, sanitaire, économique, juridique et psychologique des survivants de la Shoah, entre autres activités : Bâtir le lendemain. L’Aide aux Israélites Victimes de la Guerre et le Service Social Juif de 1944 à nos jours (Bruxelles, Didier Devillez, 2001).
- 66 C. Massange, « Hirondelles et Aiglons. Les adolescents de l’AIVG », dans Cahiers 3, pp. 175-212.
- 67 C. Massange, « Le home juif de Linkebeek », dans Cahiers 6, pp. 135-159.
- 68 C. Massange, « Les homes d’enfants juifs à la Libération », dans Cahiers 9, pp. 59-87.
37En particulier, les homes d’enfants gérés par l’AIVG et qui ont accueilli après la Libération nombre d’enfants juifs orphelins ont suscité l’attention des travaux de Catherine Massange, comme celui de Miravalle à Boitsfort, des Hirondelles à Anderlecht, des Aiglons à Ixelles ou encore ceux de Profondsart et Rhode-Saint-Genèse, où souvent une pédagogie adaptée et innovante facilita la confrontation de ces enfants avec leur histoire personnelle douloureuse66. Le même auteur a consacré une autre étude au home de Linkebeek, qui servit d’abord à héberger les enfants placés sous la tutelle de l’Association des Juifs en Belgique (AJB) durant la guerre, avant d’être repris par l’AIVG au lendemain de la Libération, au bénéfice d’abord d’adolescents transitaires puis de personnes âgées67. Cette question, délicate à souhait, de la transmission entre une institution de guerre et une autre née des combats de la Résistance, a été analysée avec beaucoup de finesse par Catherine Massange dans un dernier article, qui fait le point des tensions et des enjeux de cette transmission au moment de la Libération – tout autant que des négociations ardues menées pour la mettre en œuvre68.
- 69 C. Massange, « La création de la Centrale d’Œuvres sociales juives ou comment animer une conscience (...)
38La reconstruction de la communauté juive après la guerre, ce fut aussi le financement du tissu communautaire, en particulier son réseau associatif. Le cas bruxellois a été développé par Catherine Massange à l’occasion du cinquantième anniversaire de la création de la Centrale d’Œuvres sociales juives – qui s’inscrit dans le droit fil du véritable “Plan Marshall” mis en route pour assurer, au lendemain de la Libération, et grâce aux moyens considérables mobilisés par le Jewish Joint Distribution Committee américain, le redressement d’une population juive laminée par la guerre69.
- 70 V. Vanden Daelen, « De houding van het Amerikaanse Joint ten opzichte van de orthodoxie : de Antwer (...)
- 71 V. Vanden Daelen, « De opvang van joodse weeskinderen in Antwerpen na de Tweede Wereldoorlog », dan (...)
- 72 B. Dickschen, « Une communauté juive à reconstruire : Anvers (1944-1960) », dans Cahiers 8, pp. 251 (...)
39Étudié chez Catherine Massange dans le cas de Bruxelles, le rôle du Joint Distribution Committee dans la reconstruction de la communauté juive d’Anvers a quant à lui été analysé par Veerle Vanden Daelen70. L’historienne anversoise a également passé au crible la question du sort et de l’accueil des orphelins de guerre dans la communauté juive de la Métropole – question sociale, certes, avant tout, mais aussi éminemment politique et, dans ce cas particulier, teintée par un contexte religieux spécifique71. Son ouvrage, magistral, sur la reconstruction de la communauté juive d’Anvers durant les quinze années qui ont suivi la guerre a fait l’objet d’une recension circonstanciée dans les Cahiers72.
- 73 Rapport de la Fondation de la Mémoire contemporaine, rédigé par Hélène Wallenborn sous la direction (...)
40Notons au passage que la Fondation de la Mémoire contemporaine a rédigé un rapport, demeuré inédit, qui concerne le lent travail de récupération des biens spoliés ou volés aux Juifs durant la guerre, qui ne prit son véritable élan qu’au lendemain de la chute du communisme : Justice et Vérité. Le combat mené en Belgique pour la restitution des biens spoliés aux victimes juives du nazisme73.
- 74 A. Bozzini, « De l’engouement à la rupture. Les Juifs communistes à Bruxelles et le PCB (1944-1956) (...)
- 75 A. Bozzini, « Yiddish et “rue juive” communiste à Bruxelles au lendemain de la guerre », dans Cahie (...)
41La mouvance communiste n’a jamais été aussi active et présente dans la “rue juive” qu’au lendemain de la guerre, auréolée par le prestige de la Résistance communiste et le rôle de l’Union soviétique durant la guerre. Arnaud Bozzini a décrit dans ces colonnes la place occupée par cette mouvance, sa dynamique et ses tensions propres, entre idéal communiste et identité juive – et ce depuis l’affirmation d’une spécificité juive, puis la progressive dégradation des rapports avec le Parti communiste belge, jusqu’à la rupture avec celui-ci74. Cette mouvance communiste articulait son identité autour d’une langue, le yiddish, langue de la sociabilité juive mais aussi réaffirmation d’une culture spécifique – une culture, en l’occurrence, éminemment politique75.
- 76 M.-A. Weisers, « L’inclassable persécution des Juifs. Quand les autorités belges à Londres préparai (...)
42L’après-guerre, c’est le temps d’une difficile reconstruction, c’est aussi le temps de la mise en œuvre d’un processus judiciaire qui certes ne parvint pas à rendre compte de la dimension particulière du crime qui avait frappé le judaïsme européen, mais condamna néanmoins maints acteurs – et leurs complices locaux – de la persécution et de la déportation des Juifs. Marie-Anne Weisers a étudié la manière dont les autorités belges exilées à Londres ont préparé, durant la guerre, la future répression de la collaboration et le jugement des crimes de guerre allemands, pointant la lenteur belge à se doter d’un dispositif légal applicable en matière de crimes de guerre et l’incapacité à incriminer en droit les infractions spécifiques commises à l’encontre de ceux qui avaient été discriminés comme Juifs par l’occupant nazi76.
- 77 Th. Hebbelinck, « L’Église de Belgique et la repentance à l’égard des Juifs », dans Cahiers 9, pp. (...)
43Enfin, la Shoah eut également pour conséquence d’entamer un lent processus d’aggiornamento à l’égard des Juifs et du judaïsme dans le chef de l’Église catholique, pour connaître un tournant crucial au moment du concile Vatican II. Thérèse Hebbelinck en a analysé les enjeux en ce qui concerne l’Église de Belgique, en matière de magistère comme en matière de relations avec les milieux juifs – avec comme fil conducteur la question de la repentance77.
Biographies, recensions et notes de lecture
- 78 J. Wiener-Henrion, dans Cahiers 2, pp. 41-48.
- 79 J. Wiener-Henrion, dans Cahiers 2, pp. 49-53.
- 80 N. Lavachery, dans Cahiers 2, pp. 55-58.
- 81 M. Klein et É. Wulliger, dans Cahiers 2, pp. 59-62.
- 82 A. Kempinska, dans Cahiers 2, pp. 63-73.
- 83 J. Déom, « Une vie : Max Mordechaï Ansbacher », dans Cahiers 3, pp. 87-97.
- 84 J.-Ph. Schreiber, « Bentzel Averbouch (1891-1939) », dans Cahiers 4, pp. 43-58.
- 85 J. Wiener-Henrion, « Geneviève Janssen-Pevtschin », dans Cahiers 4, pp. 147-161.
- 86 J. Déom, « Le grand rabbin Robert Dreyfus. Notes pour une biographie », dans Cahiers 4, pp. 225-243
- 87 É. Wulliger, « Joseph De Lange », dans Cahiers 5, pp. 159-174.
- 88 R. Baumann, « Carl Einstein à Bruxelles : de l’art nègre à la révolution », dans Cahiers 5, pp. 175 (...)
- 89 J. Wiener-Henrion, « Régine Karlin-Orfinger », dans Cahiers 5, pp. 187-200.
- 90 J. Déom, « Max Wajskop », dans Cahiers 6, pp. 14-19.
- 91 C. Poujol, « Salvador Lévi (1850-1930), président de l’Union libérale israélite (Paris), à la lumiè (...)
- 92 Z. Seewald, « Jacques Chalude, dit Ben Baruch (Yitshak Zaludkowski). Notes pour une biographie », d (...)
- 93 C. Massange, « Erich Gompertz. Historique d’un exil », dans Cahiers 8, pp. 139-155.
- 94 V. Köver, « György Békeffi. Fragments d’une vie, œuvre sans traces », dans Cahiers 8, pp. 163-173.
- 95 J. Déom, « Une voix du yiddish : Azario Dobruszkes », dans Cahiers 8, pp. 219-231.
- 96 P. Falek, « Hélène Temerson (1896-1977) : parcours d’une universitaire juive d’Europe de l’Est », d (...)
44La Fondation de la Mémoire contemporaine a largement contribué à la réalisation du Dictionnaire biographique des Juifs de Belgique. Figures du judaïsme belge (XIXe-XXe siècles) paru aux Éditions De Boeck-Université en 2002. Poursuivant cette préoccupation biographique, elle a publié depuis la même date, dans les colonnes des Cahiers, nombre de notices biographiques, dont certaines construites sur base de sources orales collectées par la Fondation. Il en fut ainsi de : la magistrate d’obédience communiste et résistante Édith Buch (1908-2000)78 ; l’avocat et journaliste, pilote de la RAF Georges Kleinberg (1913-1943)79 ; le dirigeant communautaire Alexis Goldschmidt, qui présida la section belge du Congrès juif mondial et fut aussi un homme de lettres (1910-1999)80 ; l’industriel et responsable communautaire Richard Kouperman (1907-1988)81 ; l’avocat, historien, publiciste et activiste démocrate polonais réfugié en Belgique Louis Ozéas Lubliner (1809-1863)82 ; le directeur général de l’AIVG Max Mordechaï Ansbacher (1906-1999)83 ; l’ingénieur, entrepreneur et activiste sioniste Bentzel Averbouch (1891-1939)84 ; la magistrate et résistante Geneviève Janssen-Pevtschin (1915-2001)85 ; le grand rabbin de Belgique Robert Dreyfus (1913-2002)86 ; l’architecte et responsable communautaire Joseph De Lange (1883-1948)87 ; le poète, romancier et historien d’art Carl Einstein (1885-1940)88 ; l’avocate et militante des droits de l’homme Régine Karlin-Orfinger (1911-2002)89 ; le phonéticien Max Wajskop (1932-1993)90 ; le dirigeant communautaire français Salvador Lévi (1850-1930)91 ; le chantre et artiste lyrique Ben Baruch Zaludkowski (1914-1997)92 ; l’industriel Erich Gompertz (1877- ?), animateur, au lendemain de la Libération, du COREF, un organisme en charge des Juifs allemands victimes de la guerre93 ; l’artiste et graphiste György Békeffi (1901-1944)94 ; le yiddishiste Azario Dobruszkes (1912-2002)95 ; la critique Hélène Temerson (1896-1977), enfin96.
- 97 A. Mingelgrün, « Les souffrances d’un rescapé », dans Cahiers 9, pp. 191-192.
- 98 A. Mingelgrün, « Variations testimoniales. Les réécritures d’Ana Novac », dans Cahiers 2, pp. 117-1 (...)
- 99 I. Heidelberger-Leonard, « Jean Améry ou comment l’Autrichien Hans Maier devint un esprit éclairé f (...)
- 100 B. Dickschen, « Les années troubles de Louis Carette », dans Cahiers 3, pp. 153-174.
45La littérature de la Shoah a constitué dans les Cahiers une préoccupation corollaire à leur intérêt pour le sort des Juifs sous l’Occupation nazie. Albert Mingelgrün s’y est intéressé au témoignage, poèmes et contes de Sylvain Gutmacher97 – qui mit fin à ses jours trois ans après son retour d’Auschwitz – et aux « réécritures » d’Ana Novac98, tandis que Irène Heidelberger-Leonard a rappelé la trajectoire tragique de l’écrivain Jean Améry (Hans Maier), réfugié autrichien arrêté à Bruxelles en 1943, qui survécut à la déportation et mit lui aussi fin à ses jours, en 197899. En miroir, Barbara Dickschen a questionné les années troubles d’un grand écrivain belge connu sous le nom de plume de Félicien Marceau, condamné par contumace à une lourde peine, au lendemain de la guerre – jetant ainsi un regard particulier sur les choix des uns et des autres sous l’Occupation100.
- 101 R. Baumann, « “La Peur” : le pogrom de Kielce et l’antisémitisme en Pologne après la Shoah », dans (...)
- 102 A. Mingelgrün, « Quelques échos des Voisins de Jedwabne dans le Times Literary Supplement », dans C (...)
- 103 A. Mingelgrün, « Kafka face au “Gelobte Land” », dans Cahiers 5, pp. 141-158.
46En 2006 était publié l’ouvrage de l’historien américain d’origine polonaise Jan Tomasz Gross consacré à l’antisémitisme en Pologne après la guerre. Gross mit en particulier en lumière les causes du pogrom de Kielce qui cristallisa le climat de terreur populaire ambiant à l’égard des Juifs, auquel les autorités n’étaient pas étrangères, et détermina une partie des rares survivants polonais de la Shoah à quitter ce pays – Roland Baumann y a fait écho dans les Cahiers101. Quelques années plus tôt, un autre ouvrage de Jan Tomasz Gross, Les voisins, 10 juillet 1941, un massacre de Juifs en Pologne (trad. française, Paris, 2002) avait fait grand bruit. Les remous suscités en Pologne et ailleurs par ce livre dérangeant ont été évoqués dans les Cahiers par Albert Mingelgrün : il y a fait la chronique des vifs débats qui animèrent plusieurs semaines durant le Times Literary Supplement102. Le même auteur a fait une brillante incursion dans l’œuvre de Kafka, son rapport littéraire au projet sioniste et à la Terre d’Israël, mais aussi aux figures bibliques et à son identité juive tout court103.
- 104 J. Déom, « Nathan Weinstock : Le yiddish tel qu’on l’oublie », dans Cahiers 6, pp. 293-300.
- 105 B. Dickschen, « La vie culturelle juive à Anvers et à Heide », dans Cahiers 9, pp. 175-178.
47Un numéro thématique consacré au yiddish a été l’occasion d’évoquer les travaux de Nathan Weinstock, qui ont permis de redécouvrir nombre de textes fondamentaux de cette culture en partie engloutie par la Shoah104. Enfin, des initiatives locales en matière de valorisation de l’histoire et du patrimoine juifs ont été à diverses reprises mises en évidence dans les Cahiers : ce fut notamment le cas pour montrer l’intensité de la vie culturelle juive à Anvers et à Heide, communauté localisée dans la Campine anversoise, et qui fonctionnait en lien direct avec la collectivité juive de la Métropole – tout autant qu’y furent mis en évidence leurs liens avec leur environnement105.
- 106 Auteurs : J. Déom, B. Dickschen, C. Massange et J.-Ph. Schreiber (Bruxelles, Fondation de la Mémoir (...)
48Pour couronner cet intérêt constant porté aux recherches consacrées à l’histoire et au patrimoine des Juifs en Belgique, la Fondation de la Mémoire contemporaine a édité un catalogue d’ouvrages et d’articles qui y sont consacrés, publiés avant 2005 : Les Juifs en Belgique. Guide bibliographique106. On ne pourra enfin conclure ce survol historiographique, qui ne peut qu’engendrer le sentiment de fierté et de satisfaction d’avoir contribué à développer et épanouir les recherches relatives à la vie juive en Belgique, qu’en rendant un hommage mérité à ceux qui ont rendu cette entreprise possible, et l’on fait vivre tout au long de ces douze années : parmi eux, Marc Goldberg et Albert Mingelgrün, les présidents successifs de la Fondation ; le regretté Jean Stengers et José Gotovitch, qui lui a succédé à la tête du conseil scientifique, tout autant que les membres de ce conseil ; les chercheurs et l’équipe administrative de la Fondation, enfin, qui ont assuré avec professionnalisme, rigueur et dévouement la rédaction éditoriale et la production des dix numéros des présents Cahiers, en particulier Barbara Dickschen, Catherine Massange et Jacques Déom. Qu’ils en soient très vivement remerciés.
Notes
1 M. Goldberg, « Mémoire et témoignage », dans Les Cahiers de la Mémoire contemporaine (désormais cités simplement comme Cahiers), n° 1, pp. 29-34.
2 W. Adriaens, « Het Joods Museum van Deportatie en Verzet (JMDV) en getuigenissen », dans Cahiers 2, pp. 101-104 ; P. Moreau, « Het museumproject van het Nationaal Gedenkteken Fort van Breendonk », dans Cahiers 2, pp. 105-108.
3 J. Déom, « La question de l’homme qui a vu », dans Cahiers 1, pp. 35-39 ; B. Dickschen, « Doelstellingen en methodologie », dans Cahiers 1, pp. 41-43 ; Eadem, « Ontluisterende vertellingen », dans Cahiers 1, pp. 61-63 ; M. Goldberg, « Méthodologie et structures », dans Cahiers 1, pp. 45-54 ; M. Klein, « L’interview : sa pratique et le rôle de l’intervieweur », dans Cahiers 1, pp. 55-60.
4 « Fragments de vie. Témoignages », dans Cahiers 1, pp. 65-110.
5 B. Suchecky, « Le témoignage en miettes », dans Cahiers 2, pp. 95-99.
6 J. Déom, « Aspects de la mémoire contemporaine », dans Cahiers 2, pp. 109-116.
7 J.-Ph. Schreiber, « Le témoignage au service de l’histoire et de la mémoire : le cas du judaïsme belge de 1945 à nos jours », dans Cahiers 1, pp. 13-27.
8 L. Schram, « Les survivants juifs d’Auschwitz : une mémoire en devenir », dans Cahiers 5, pp. 35-61. Voir aussi, sur la question du retour des survivants : J. Déom, « Patrick Rotman : Le retour des survivant, film », dans Cahiers 6, pp. 304-306.
9 J. Déom, « Les années volées d’Herman Nowak », dans Cahiers 5, pp. 243-250.
10 J. Déom, « Willy Berler au milieu des ténèbres », dans Cahiers 5, pp. 251-261.
11 M. Klein, « Enfances volées », dans Cahiers 2, pp. 125-133.
12 J. Déom et J.-Ph. Schreiber, « Pour une géographie de la vie juive en Belgique : le projet « Lieux de mémoire » de la Fondation de la Mémoire contemporaine », dans Cahiers 5, pp. 231-241.
13 U. Buchholz, « Was bleibt von der Geschichte ? Die junge deutsche Generation und ihr Bezug zum Nationalsozialismus », dans Cahiers 2, pp. 135-143.
14 K. Vloeberghs, « Pedagogie van de herinnering : de Holocaust in de jeugdliteratuur vandaag », dans Cahiers 5, pp. 63-82.
15 J. Déom, « Des rescapés pour un État d’Idith Zertal », dans Cahiers 3, pp. 213-224.
16 J. Bloch, « La communauté juive de Belgique et la Deuxième Guerre mondiale. À propos du Musée Juif de la Déportation et de la Résistance », dans Cahiers 1, pp. 111-121.
17 Z. Seewald, « Une première ébauche de musée juif à Bruxelles : la collection juive de la Maison d’Érasme », dans Cahiers 4, pp. 245-254.
18 J.-Ph. Schreiber, « Les archives du judaïsme belge conservées à Moscou », dans Cahiers 2, pp. 145-161.
19 D. Dratwa, « Note sur les fonds yiddish dans les bibliothèques belges à thèmes juifs », dans Cahiers 8, pp. 233-240.
20 J.-Ph. Schreiber, « Les Juifs en Belgique : une présence continue depuis le XIIIe siècle », dans Cahiers 2, pp. 13-37.
21 Ph. Pierret, « Entre proscription et intégration : sur quelques sources relatives à la présence juive à Bruxelles aux XVIIIe et XIXe siècles », dans Cahiers 4, pp. 255-281.
22 B. Wallet, « Een taal die niet mocht bestaan. West-Jiddisch in de zuidelijke Nederlanden (1791-1839) », dans Cahiers 8, pp. 175-192.
23 J.-Ph. Schreiber, « Het Joods onderwijs in België (1820-1914) », dans Cahiers 6, pp. 277-292.
24 Ph. Pierret, « Le ‘carré juif’ d’Arlon du XIXe siècle », dans Cahiers 3, pp. 113-124. Le même auteur a consacré un ouvrage au riche et remarquable épitaphier du cimetière bruxellois du Dieweg cette fois, examinant en même temps l’architecture funéraire de ce cimetière et les indices que l’on peut en tirer en matière de mentalités religieuses : voir Jacques Déom, « Philippe Pierret : Mémoires, mentalités religieuses, art funéraire : la partie juive du cimetière du Dieweg à Bruxelles, XIXe-XXe siècles », dans Cahiers 7, pp. 205-210.
25 Ph. Pierret, « Les mappoth de la communauté juive d’Arlon : un patrimoine textile méconnu », dans Cahiers 5, pp. 201-224.
26 Ph. Pierret, « L’exposition ‘Présence juive entre Meuse, Moselle et Rhin (fin XIXe – début XXe siècle)’« , dans Cahiers 6, pp. 261-276.
27 J. Déom, « Angélique Burnotte : Juifs en pays d’Arlon. Une communauté au XIXe siècle », dans Cahiers 6, pp. 301-303.
28 A. Bensimon, « Les Pauwels : Histoire d’une famille juive du cirque », dans Cahiers 6, pp. 239-247.
29 O. Hottois, « Le peintre et son critique : Kurt Peiser vu par Robert de Bendère », dans Cahiers 4, pp. 249-260.
30 F. Vanhemelryck, « Betrekkingen tussen de Nederlanden en het Heilig Land in de Middeleeuwen en de Nieuwe Tijd », dans Cahiers 5, pp. 83-105.
31 P. Sauvage, « Un observatoire pour la montée de l’antisémitisme racial : les récits de pèlerinages en Terre sainte », dans Cahiers 5, pp. 107-123.
32 S. Kubicki, « Le pavillon palestinien à l’exposition internationale de Bruxelles 1935 : une expression de l’activisme sioniste dans l’entre-deux-guerres », dans Cahiers 5, pp. 125-140.
33 R. Van Doorslaer, « Joodse arbeiders in de Antwerpse diamant in de dertiger jaren. Tussen revolutie en antisemitisme », dans Cahiers 4, pp. 13-26.
34 B. Dickschen, « 1935 : een opleiding voor diamantbewerkers in Brussel », dans Cahiers 4, pp. 27-42.
35 S. Renneboog, « De Antwerpse diamantsector en “de Groote Oorlog” », dans Cahiers 9, pp. 13-35.
36 Fr. Caestecker, « Het beleid tegenover de joodse vluchtelingen uit nazi-Duitsland (1933-1940). Een gedoogbeleid tussen vluchtelingen- en immigratiebeleid », dans Cahiers 3, pp. 13-21.
37 J.-Ph. Schreiber, « L’accueil des réfugiés juifs du Reich en Belgique. Mars 1933 - septembre 1939 : le Comité d’Aide et d’Assistance aux Victimes de l’Antisémitisme en Allemagne », dans Cahiers 3, pp. 23-71.
38 M. Klein, « Souvenirs de résistants autrichiens en Belgique », dans Cahiers 3, pp. 73-86.
39 Z. Seewald, « Le chanteur et la statue, 1935, de Felix Nussbaum », dans Cahiers 5, pp. 225-229.
40 S. Collignon, « Les homes Bernheim et Speyer (1938-1940). Témoignages d’enfants réfugiés d’Allemagne et d’Autriche », dans Cahiers 6, pp. 21-67.
41 J. Déom, « La liste de Saint-Cyprien », dans Cahiers 8, pp. 245-250.
42 I. Meinen – A. Meyer, « Migration contrainte et Shoah. Réfugiés juifs en Europe occidentale 1938-1944 », dans Cahiers 9, pp. 169-174.
43 J.-Ph. Schreiber, « La Belgique et les Juifs sous l’Occupation nazie. L’histoire au-delà des mythes », dans Cahiers 4, pp. 59-97.
44 Th. Delplancq, « 1940-1942, une cité occupée et ses Juifs. Quelques aspects heuristiques », dans Cahiers 3, pp. 125-134.
45 G. Denhaene, « Les Juifs dans certains documents communaux de Schaerbeek pendant la Deuxième Guerre mondiale », dans Cahiers 1, pp. 133-150.
46 Th. Delplancq, « Une administration face à la législation antisémite. Le cas d’Ostende (1940-1942) », dans Cahiers 6, pp. 69-77.
47 L. Schram, « De “joodse” archieven van het Provinciebestuur Antwerpen », dans Cahiers 3, pp. 135-152.
48 L. Saerens, « Augustus 1942. De jodenvervolging in Borgerhout en de medewerking van de lokale politie », dans Cahiers 4, pp. 99-146.
49 I. Meinen, « Face à la traque. Comment les Juifs furent arrêtés en Belgique (1942-1944) », dans Cahiers 6, pp. 161-203.
50 I. Meinen – A. Meyer, « Le XXIe convoi : études biographiques (Première partie), dans Cahiers 7, pp. 57-109 ; I. Meinen – A. Meyer, « Le XXIe convoi : études biographiques (Deuxième partie) », dans Cahiers 8, pp. 35-98.
51 Sur l’ouvrage qui a fait la synthèse des recherches d’Insa Meinen (Die Shoah in Belgien, 2009), voir la recension de Jacques Déom : « La Shoah en Belgique », dans Cahiers 9, pp. 179-189.
52 J.-Ph. Schreiber, « La Belgique docile : les paradoxes d’un monument de l’historiographie locale de la Shoah », dans Cahiers 7, pp. 111-129.
53 J.-Ph. Schreiber, « La spoliation des Juifs en Belgique sous l’Occupation : un état de la question », dans Cahiers 9, pp. 37-57.
54 L. Schram, « Au camp de rassemblement pour Juifs de Malines. Les maîtres de la Aufnahme », dans Cahiers 8, pp. 13-34.
55 B. Dickschen, « Mémorial des déportés de Malines », dans Cahiers 9, pp. 193-197.
56 B. Dickschen, « L’illusion d'un printemps. Un historique de L’École moyenne juive de Bruxelles, février - juin1942 », dans Cahiers 2, pp. 75-86.
57 B. Dickschen, « La ferme-école juive de La Ramée durant l’Occupation (avril 1941 – août 1942) », dans Cahiers 6, pp. 79-133.
58 Th. Delplancq et C. Massange, « L’Hospice de Scheut (1942-1944) », dans Cahiers 5, pp. 13-34.
59 C. Massange, « L’hôpital israélite de Bruxelles (1943-1944), dans Cahiers 7, pp. 13-35.
60 J. Déom, « Sylvain Brachfeld (éd.) : Merci de nous avoir sauvés », dans Cahiers 7, pp. 191-194.
61 É. Wulliger, « L’Institut “Mes Enfants” à Ixelles », dans Cahiers 1, pp. 151-155.
62 N. Weinstock, « Jacob Lemel en Felix Timmermans : de noodkreet die op dovemans oren viel », dans Cahiers 8, pp. 157-161.
63 Fr. Caestecker, « Otages de la terreur nazie », dans Cahiers 8, pp. 241-243.
64 S. Belli, « Assistantes sociales en Résistance. Note sur Yvonne Jospa et Ida Sterno », dans Cahiers 7, pp. 37-54.
65 C. Massange, « De l’Aide aux Israélites Victimes de la Guerre au Service Social Juif. De 1944 à nos jours : 55 ans d’histoire des Juifs en Belgique », dans Cahiers I, pp. 157-167 ; Eadem, « “La journée d’une assistance sociale” : l’AIVG en 1960 », Cahiers 2, pp. 87-94.
66 C. Massange, « Hirondelles et Aiglons. Les adolescents de l’AIVG », dans Cahiers 3, pp. 175-212.
67 C. Massange, « Le home juif de Linkebeek », dans Cahiers 6, pp. 135-159.
68 C. Massange, « Les homes d’enfants juifs à la Libération », dans Cahiers 9, pp. 59-87.
69 C. Massange, « La création de la Centrale d’Œuvres sociales juives ou comment animer une conscience sociale », dans Cahiers 4, pp. 163-224.
70 V. Vanden Daelen, « De houding van het Amerikaanse Joint ten opzichte van de orthodoxie : de Antwerpse casus », dans Cahiers 6, pp. 205-238.
71 V. Vanden Daelen, « De opvang van joodse weeskinderen in Antwerpen na de Tweede Wereldoorlog », dans Cahiers 7, pp. 159-175.
72 B. Dickschen, « Une communauté juive à reconstruire : Anvers (1944-1960) », dans Cahiers 8, pp. 251-257.
73 Rapport de la Fondation de la Mémoire contemporaine, rédigé par Hélène Wallenborn sous la direction scientifique de Jean-Philippe Schreiber, avec la collaboration de Jacques Déom, Barbara Dickschen et Catherine Massange.
74 A. Bozzini, « De l’engouement à la rupture. Les Juifs communistes à Bruxelles et le PCB (1944-1956) », dans Cahiers 7, pp. 131-158.
75 A. Bozzini, « Yiddish et “rue juive” communiste à Bruxelles au lendemain de la guerre », dans Cahiers 8, pp. 193-217.
76 M.-A. Weisers, « L’inclassable persécution des Juifs. Quand les autorités belges à Londres préparaient le jugement des crimes de guerre allemands », dans Cahiers 8, pp. 99-138.
77 Th. Hebbelinck, « L’Église de Belgique et la repentance à l’égard des Juifs », dans Cahiers 9, pp. 89-134.
78 J. Wiener-Henrion, dans Cahiers 2, pp. 41-48.
79 J. Wiener-Henrion, dans Cahiers 2, pp. 49-53.
80 N. Lavachery, dans Cahiers 2, pp. 55-58.
81 M. Klein et É. Wulliger, dans Cahiers 2, pp. 59-62.
82 A. Kempinska, dans Cahiers 2, pp. 63-73.
83 J. Déom, « Une vie : Max Mordechaï Ansbacher », dans Cahiers 3, pp. 87-97.
84 J.-Ph. Schreiber, « Bentzel Averbouch (1891-1939) », dans Cahiers 4, pp. 43-58.
85 J. Wiener-Henrion, « Geneviève Janssen-Pevtschin », dans Cahiers 4, pp. 147-161.
86 J. Déom, « Le grand rabbin Robert Dreyfus. Notes pour une biographie », dans Cahiers 4, pp. 225-243.
87 É. Wulliger, « Joseph De Lange », dans Cahiers 5, pp. 159-174.
88 R. Baumann, « Carl Einstein à Bruxelles : de l’art nègre à la révolution », dans Cahiers 5, pp. 175-186.
89 J. Wiener-Henrion, « Régine Karlin-Orfinger », dans Cahiers 5, pp. 187-200.
90 J. Déom, « Max Wajskop », dans Cahiers 6, pp. 14-19.
91 C. Poujol, « Salvador Lévi (1850-1930), président de l’Union libérale israélite (Paris), à la lumière des archives de Roger Lévi (Bruxelles) », dans Cahiers 7, pp. 177-182.
92 Z. Seewald, « Jacques Chalude, dit Ben Baruch (Yitshak Zaludkowski). Notes pour une biographie », dans Cahiers 7, pp. 183-189.
93 C. Massange, « Erich Gompertz. Historique d’un exil », dans Cahiers 8, pp. 139-155.
94 V. Köver, « György Békeffi. Fragments d’une vie, œuvre sans traces », dans Cahiers 8, pp. 163-173.
95 J. Déom, « Une voix du yiddish : Azario Dobruszkes », dans Cahiers 8, pp. 219-231.
96 P. Falek, « Hélène Temerson (1896-1977) : parcours d’une universitaire juive d’Europe de l’Est », dans Cahiers 9, pp. 135-167.
97 A. Mingelgrün, « Les souffrances d’un rescapé », dans Cahiers 9, pp. 191-192.
98 A. Mingelgrün, « Variations testimoniales. Les réécritures d’Ana Novac », dans Cahiers 2, pp. 117-124.
99 I. Heidelberger-Leonard, « Jean Améry ou comment l’Autrichien Hans Maier devint un esprit éclairé français », dans Cahiers 3, pp. 99-112.
100 B. Dickschen, « Les années troubles de Louis Carette », dans Cahiers 3, pp. 153-174.
101 R. Baumann, « “La Peur” : le pogrom de Kielce et l’antisémitisme en Pologne après la Shoah », dans Cahiers 7, pp. 195-203.
102 A. Mingelgrün, « Quelques échos des Voisins de Jedwabne dans le Times Literary Supplement », dans Cahiers 4, pp. 283-287.
103 A. Mingelgrün, « Kafka face au “Gelobte Land” », dans Cahiers 5, pp. 141-158.
104 J. Déom, « Nathan Weinstock : Le yiddish tel qu’on l’oublie », dans Cahiers 6, pp. 293-300.
105 B. Dickschen, « La vie culturelle juive à Anvers et à Heide », dans Cahiers 9, pp. 175-178.
106 Auteurs : J. Déom, B. Dickschen, C. Massange et J.-Ph. Schreiber (Bruxelles, Fondation de la Mémoire contemporaine, 2008).
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Référence papier
Jean-Philippe Schreiber, « Introduction : une contribution fondamentale à l’histoire de la vie juive en Belgique », Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 10 | 2011, 13-34.
Référence électronique
Jean-Philippe Schreiber, « Introduction : une contribution fondamentale à l’histoire de la vie juive en Belgique », Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine [En ligne], 10 | 2011, mis en ligne le 01 décembre 2019, consulté le 19 septembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/cmc/438 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/cmc.438
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