Ouvrages de Jo TESTYLER, Charlotte SCHAPIRA, Renée POZNANSKI, Asher COHEN
Jo TESTYLER, Les enfants de Slawkow. Une jeunesse dans les camps nazis, Albin Michel, Coll. Présence du judaïsme, 1992
Charlotte SCHAPIRA, Il faudra que je me souvienne. La déportation des enfants de l’Union Générale des Israélites de France, L’Harmattan, Coll. Mémoires du XXe siècle, 1994, 144 p.
Renée POZNANSKI, Être juif en France pendant la Seconde Guerre mondiale, Hachette, La vie quotidienne, l’Histoire en marche, 1993, 864 p.
Asher COHEN, Persécutions et sauvetages. Juifs et Français sous l’Occupation et sous Vichy, Cerf, Préface de René Rémond, 1993, 532 p.
Texte intégral
1La célébration du cinquantième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de l’ouverture des camps donne depuis quelques années l’occasion de revisiter une histoire juive douloureuse et loin d’être dépassionnée. De nombreux déportés, l’âge venu, écrivent leurs témoignages, toujours poignants, et qui éclairent les faits avec la brutalité que donne l’expérience personnelle. Quelques-uns de ces témoignages retiennent particulièrement l’attention par ce qu’ils nous font comprendre de l’univers concentrationnaire, de l’opinion publique allemande à ce sujet et de la détresse de leurs auteurs. Une détresse dont l’âpreté ne s’est pas évanouie avec le temps. Jo Testyler, un enfant de Slawkow, petit village polonais, coule une enfance heureuse qu’interrompt brutalement la déportation en camp de travail puis d’extermination. S’il survit, dit-il, c’est parce qu’il avait tué en lui toute compassion et tout amour des autres. Charlotte Schapira fait de son côté un récit plus décousu et qui atteste d’une amère incompréhension de tout ce qui est advenu à l’intérieur des camps. Déportée à Auschwitz en juillet 1944, elle décrit la violence inconcevable et la mort des autres, la famine organisée et la vie qui ne tient plus qu’à un fil, la fuite à marches forcées devant les Alliés. Elle a vu des Allemands ramener au camp les déportées qui s’échappaient et les enfants jeter des pierres aux colonnes de femmes marchant vers l’ouest.
2Parallèlement à ce travail de mémoire, indispensable à réunir mais qui est pour beaucoup au-delà des mots, se fait le travail des historiens. Renée Poznanski propose une étude globale sur la vie quotidienne des juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Travail qui fait le lien avec les témoignages des acteurs et qui a le mérite de regrouper des éléments épars et parfois méconnus. De son côté, Asher Cohen donne avec Persécutions et sauvetages une vision renouvelée de l’attitude des Français pendant le conflit. Il reprend et nuance les anciennes analyses d’historiens à la lumière des recherches récentes, montre à quel point les déportations étaient liées pour leur réussite à la collaboration des habitants. Et cette collaboration manqua souvent, en particulier quand il s’agissait de juifs français. Si les institutions ont suivi les ordres de l’État français, de nombreux individus se sont mobilisés à l’intérieur même de la justice, de la police, des Églises… pour permettre à des juifs menacés d’échapper à leur sort. Et 25 % “seulement” de Juifs français furent déportés. Ce qui souligne les limites de l’entreprise, notamment à l’égard des juifs étrangers, déportés en masse.
Pour citer cet article
Référence électronique
Geneviève Dermenjian, « Ouvrages de Jo TESTYLER, Charlotte SCHAPIRA, Renée POZNANSKI, Asher COHEN », Clio [En ligne], 1 | 1995, mis en ligne le 20 janvier 2005, consulté le 07 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/536 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.536
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