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Éditorial

Le genre, un enjeu central de la guerre froide

Ioana Cîrstocea et Françoise Thébaud
p. 7-22

Texte intégral

  • 1 Dullin & Jeannesson 2017.

1Confrontation entre les États-Unis et l’URSS, la guerre froide a donné lieu à un système d’alliances internationales appuyé sur les ambitions hégémoniques des deux puissances. Opposant capitalisme et socialisme – deux modèles politiques, économiques et sociaux à prétention universelle et fondés sur les valeurs, connotées différemment, de la modernité et du progrès technologique et social –, elle a duré plus de quarante ans et s’est entremêlée aux processus de décolonisation, de construction européenne et de mondialisation. « Global et multiforme », le conflit s’est traduit par une culture spécifique marquée par des représentations stigmatisant l’adversaire et imprégnées par l’angoisse du désastre nucléaire1.

  • 2 Pour des exemples : Ghodsee dans ce dossier ; Sethna & Hewitt 2018.
  • 3 Kott 2021.
  • 4 Faure & Del Pero 2020 pour un riche bilan de la littérature ; Kott 2021.

2Dominées dans un premier temps par des approches en termes de relations internationales, les recherches sur la guerre froide se sont largement renouvelées depuis les années 1990 et ont profité de l’ouverture et de la déclassification de nombreux fonds d’archives, notamment ceux produits par les institutions des États socialistes, d’une part, et ceux des services secrets de gouvernements occidentaux, d’autre part2. Une littérature foisonnante traite des dimensions culturelles et des lieux de « théâtralisation »3 du conflit, de son enchevêtrement avec les mouvements décoloniaux et révolutionnaires, des circulations par-delà les « blocs »4.

3Transversal à ces thématiques, le genre est une entrée particulièrement heuristique du fait de sa place au cœur de l’affrontement idéologique entre les deux systèmes politiques. Derrière l’URSS, les démocraties populaires et certains pays décolonisés qui optèrent pour une voie inspirée du modèle soviétique ont promu l’émancipation des femmes par l’État. À l’opposé, l’approche libérale a privilégié la division sociale sexuée traditionnelle et vanté la liberté d’expression et de mobilisation. Ces projections divergentes imprègnent la construction symbolique de la confrontation Est-Ouest dans une multitude de domaines, depuis le sport jusqu’à la technologie et la production artistique, en passant par l’éducation et la science.

  • 5 Kott & Thébaud 2015.

4Lorsque le comité de Clio FGH a décidé en 2020 de préparer un numéro sur « le genre de la guerre froide », il souhaitait élargir la question, abordée en 2015, du genre du « socialisme réel »5 et s’inscrire dans une historiographie en plein essor. Il a été rattrapé par l’actualité tragique de la guerre menée depuis février 2022 contre l’Ukraine par la Russie, qui prétend reconquérir « ses » terres et résister aux avancées de l’OTAN. Au fil de mois d’extrême tension, les discours du président Poutine ont renoué avec des accents du passé : dénonciation de l’impérialisme, agitation de la menace nucléaire, antagonisme entre modèles de société. Par leur obsession homophobe et transphobe, ils disent aussi, jusqu’à la caricature, l’importance des questions de genre et du virilisme dans la construction des oppositions géopolitiques et idéologiques.

Une historiographie en plein essor

Ce numéro de Clio FGH s’inscrit dans le sillage de nombreux travaux dont les apports ne peuvent être que partiellement exposés ici.

  • 6 Chaperon et al. 2020.
  • 7 Connelly 2008.
  • 8 Johnson 2004 ; Muehlenbeck 2017.
  • 9 Dumančić 2014.

5Nous souhaitons rappeler dans un premier temps quelques figures symboliques qui incarnent les normes et les imaginaires genrés de la guerre froide : à l’Est, des femmes ouvrières, ingénieures et chercheures participent à la construction du socialisme aux côtés de « nouveaux pères » qui contribuent aux tâches domestiques ; à l’Ouest, des ménagères consommatrices et des héros virils défendent la stabilité sociale et l’ordre capitaliste, en se dévouant à la famille ou en traquant les espions. Pour ce qui est des pratiques intimes, la sexualité de guerre froide est policée et hétéronormée des deux côtés du Rideau de fer6. La natalité est encouragée à l’Est pour assurer la reproduction du corps citoyen affaibli par la Seconde Guerre mondiale et soutenir l’effort économique, tandis que les États capitalistes financent des programmes pour infléchir les courbes démographiques dans les pays sous-développés. Croisant des stéréotypes de classe et de race, l’objectif de limiter la population mondiale en maîtrisant les corps des femmes pauvres racisées traduit la crainte des soulèvements révolutionnaires suscités par l’instabilité économique7. Dans les deux « camps », les gays et lesbiennes font l’objet de paniques sécuritaires et sont perçus à la fois comme une menace à l’ordre moral et comme des groupes vulnérables face à l’infiltration par l’adversaire8. Dans les années 1970, avec l’amplification de la dimension culturelle du conflit, ces mêmes groupes sont sur-visibilisés par la diplomatie d’influence des États-Unis comme des avatars de la liberté d’expression politique et artistique9.

  • 10 Szikra & Varsa 2020.
  • 11 Laville 2013 ; Oldenziel & Zachmann 2009.

6Aux nombreuses recherches plus anciennes consacrées à l’embrigadement des femmes des États socialistes dans l’effort industriel et dans les organisations de masse, s’ajoutent des travaux plus récents qui détaillent les modalités d’une véritable emprise savante sur la reproduction. Ainsi, la maternité est médicalisée dans les pays de l’Est au titre de politiques pro-natalistes se réclamant du bien commun pour faire augmenter les taux de fertilité et produire de futurs citoyens biologiquement sains10. Le contrôle des femmes peut se faire plus subtil à l’Ouest, lorsqu’il passe par la technologie domestique et par l’architecture des espaces de vie. La confrontation des idéologies genrées est mise en scène à l’occasion des manifestations internationales, à l’instar du célèbre « débat sur la cuisine » qui oppose en 1959 les présidents soviétique et étatsunien à l’occasion de l’Exposition américaine de Moscou. Vantant les mérites respectifs des deux systèmes qu’ils mesurent à l’aune de leur capacité à satisfaire ce qu’ils pensent être les aspirations des femmes, ces hommes politiques évoquent – dans un échange impromptu surpris par les caméras des télévisions étatsuniennes – des conceptions divergentes de l’épanouissement des citoyennes, tout en exprimant des positions hétéronormatives et virilistes similaires11.

  • 12 Sethna & Hewitt 2018.
  • 13 Grisard 2013.
  • 14 Anna Sidorevitch l’étudie dans une thèse en cours à l’IEP de Paris (cf. Dullin & Virgili 2022) ; au (...)

7Un autre volet de la littérature sur le genre et la guerre froide concerne les mobilisations politiques pour les droits des femmes et des minorités sexuelles. L’impact du conflit géopolitique sur les luttes menées dans des cadres nationaux doit être souligné en premier lieu. À l’Ouest, la peur omniprésente de la subversion conduit les services de renseignement, qui déploient des efforts internationalement concertés, à surveiller les féministes et les groupes LGBT, soupçonnés de collaborer avec l’ennemi idéologique12. Même dans un pays neutre comme la Suisse, la figure de la « femme terroriste » cristallise les angoisses face à la transformation de l’équilibre traditionnel de genre dans les années 197013. L’ordre « naturel » est érigé en rempart contre la « perversion » des rôles sexués et contre les troubles sociaux imputés à la promotion de l’émancipation féminine par les communistes. Moins systématiquement étudié pour l’heure, le volet soviétique en la matière n’est pas absent, comme le montre l’exemple des dissidentes féministes expulsées d’URSS à la fin de la décennie 197014.

  • 15 Horowitz 1998.
  • 16 Castledine 2012 ; Weigand 2001.
  • 17 Castledine 2012 ; McDuffie 2011.

8Aux États-Unis, les activités de répression de la « menace rouge » donnent lieu à la déradicalisation des militantes, à des ruptures biographiques et à l’invisibilisation de certaines luttes. Tel est l’exemple de Betty Friedan, icône du féminisme libéral, dont le biographe a mis au jour la trajectoire de syndicaliste et journaliste de gauche occultée dans son histoire personnelle et professionnelle officielle15. S’y ajoutent de nombreux cas de femmes africaines-américaines engagées comme communistes pendant les années d’après-guerre, dont le militantisme radical fut refoulé pendant les décennies suivantes sous l’emprise d’un anticommunisme d’État générateur de tensions profondes au sein des familles et des communautés16. De fait, l’étude de mouvements transnationaux pacifistes, antiracistes et anti-impérialistes a pu éclairer les liens entre les campagnes animées par le camp communiste et les luttes locales pour la justice économique et les droits civiques17.

  • 18 Olcott 2017 ; Bonfiglioli 2016 ; Bonfiglioli 2020 ; Boris et al. 2018 ; Ghodsee 2019.
  • 19 Boris et al. 2018 ; Falcón 2016 ; Marino 2019 ; Cîrstocea dans ce dossier.
  • 20 De Haan 2023 ; aussi Ducange et al. 2021.
  • 21 Barthélémy 2022 ; Barthélémy & Panata dans ce dossier ; Bonfiglioli 2020 ; Cîrstocea 2021 et Cîrsto (...)

9Parmi les thématiques saillantes des travaux qui se concentrent sur les solidarités des femmes par-delà les frontières – malgré la guerre froide mais aussi à son titre –, évoquons la structuration conflictuelle du répertoire normatif international des droits des femmes, ainsi que la construction transnationale de l’expertise sur les questions de genre au sein des organisations internationales18. Répercutant la division idéologique, ces espaces institutionnels étaient en effet traversés par la tension entre, d’une part, la dénonciation des inégalités économiques et des rapports néocoloniaux, mise en avant par les États socialistes et leurs alliés dans le Sud postcolonial, et, d’autre part, la promotion des droits individuels et de l’aide au développement, privilégiée par les gouvernements libéraux19. Des expériences biographiques et des engagements de femmes actives dans le mouvement communiste mondial ont été reconstitués20. S’y ajoutent des portraits d’employées d’organismes bureaucratiques internationaux qui, depuis leurs positions professionnelles et avec les ressources dont elles disposent à ce titre, militent pour faire avancer les droits des femmes et cherchent – en y parvenant rarement – à promouvoir des projets de solidarité transnationale qui dépassent le conflit idéologique global et les représentations clivées de la guerre froide21.

  • 22 Laville 2013.
  • 23 De Haan 2010.
  • 24 McGregor 2012 ; McGregor 2016 ; Ghodsee 2019 ; Gradskova 2021 ; Armstrong 2016 ; Donert 2015 ; Done (...)
  • 25 Garner 2010 ; aussi Goedde 2019.
  • 26 Laville 2002.

10L’internationalisme au féminin s’avère par ailleurs un lieu privilégié d’affrontement, vu la concurrence que se livrent les organisations visant à s’élargir aux pays décolonisés22. Tirant de l’oubli des solidarités entre femmes des États socialistes et des États postcoloniaux, des publications, qui se multiplient ces dernières années, complètent une première historiographie du féminisme international. Tributaire de « paradigmes de guerre froide » débusqués par Francisca de Haan au début de la décennie 201023, celle-ci se concentrait sur les seules activités transnationales animées par des associations établies en contexte occidental et ignorait les initiatives de la Fédération démocratique internationale des femmes (FDIF). Cette organisation d’orientation communiste soutenue par Moscou a promu les droits des femmes au titre d’un agenda pacifiste, antiraciste et anti-impérialiste et a entretenu de nombreux réseaux « Est-Sud »24. Pour ce qui concerne l’internationalisme libéral, il s’appuie sur le zèle de militantes d’organisations anciennes – comme la Young Women’s Christian Association, la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, le Conseil international des femmes (CIF) et l’Alliance internationale des femmes (AIF)25 – ou plus jeunes – comme le Committee of Correspondence et l’International Women’s Tribune Center créé en 1976 dans le sillage de l’Année internationale de la femme. De concert avec des organismes publics et privés qui subventionnent plus ou moins ouvertement leurs projets, les Américaines y dispensent aide et conseils et cherchent à exporter leurs pratiques et préoccupations, tout en participant pleinement à l’objectif gouvernemental d’endiguement du communisme26.

  • 27 Koikari 2008.
  • 28 Laville 2010 ; aussi Garner 2013.
  • 29 Cîrstocea 2019.
  • 30 Pratt 2020.

11Cette promotion internationale du féminisme peut servir des objectifs hégémoniques, comme le montrent les analyses de la « pédagogie démocratique » déployée par les États-Unis sur de nombreux terrains pendant la guerre froide, par exemple dans le Japon occupé27. Pourtant, le phénomène ne se limite pas à la période du conflit géopolitique qui nous intéresse ici. En effet, la programmation de l’intervention militaire étatsunienne en Afghanistan à la fin des années 1990 s’est accompagnée de discours véhiculant l’argument de la défense des « femmes victimes »28, tandis que des interventions promouvant des répertoires normatifs à vocation universelle ont fait avancer, au nom du féminisme « global », des projets néolibéraux et néocoloniaux sur le terrain est-européen postsocialiste29, ou encore au Moyen Orient30.

  • 31 Un colloque intitulé « International Mobilizations on Women’s Rights Issues during the Cold War » t (...)

12Parmi les thématiques qui se dégagent de cette littérature foisonnante, deux nourrissent également ce numéro de Clio FGH, à savoir la guerre froide des mobilisations internationales des femmes31 et l’affrontement des modèles de genre.

La guerre froide des mobilisations internationales des femmes

13Le fait de se concentrer sur des projets de solidarité par-delà les frontières et sur le militantisme international des femmes permet de sortir d’une stricte bipolarité et d’éclairer les dynamiques de la guerre froide au gré de multiples luttes idéologiques nouées autour de la politisation du genre. Si les organisations internationales de femmes prétendent s’adresser aux femmes du monde entier, elles n’échappent pas à la polarisation. Alors que le CIF et l’AIF, qui ont des décennies d’existence en 1947, sont dans le camp occidental, la nouvelle venue qu’est la FDIF se place rapidement du côté du bloc de l’Est et de l’anticolonialisme. À la différence de ses rivales, elle instaure un véritable culte de sa première présidente, la Française Eugénie Cotton (1881-1967). Loukia Efthymiou, sa biographe, en explore ici les origines, la chronologie, la rhétorique et les rituels. Inscrit dans le contexte de la guerre d’Indochine, au sujet de laquelle Eugénie Cotton est inculpée, ce culte culmine en 1951, lors d’un 70e anniversaire où, célébrée à l’échelle internationale, elle est érigée en mère de la Fédération et faiseuse de paix pour l’humanité.

14Au-delà d’un mode de fonctionnement différent, les organisations internationales de femmes entrent en concurrence pour promouvoir leurs valeurs et obtenir l’affiliation de nouvelles branches, notamment en Asie, Afrique et Amérique latine. L’originalité des articles ici rassemblés est de ne pas seulement interroger les rapports Est/ Ouest mais aussi les rapports Nord/Sud, ainsi que d’inscrire la question du développement dans la dynamique de guerre froide. Pascale Barthélémy et Sara Panata, qui ont mobilisé de nombreuses sources pour comprendre ce qui se passe sur le continent africain de 1947 au lendemain des indépendances, scrutent la compétition que s’y livrent les organisations internationales de femmes. Privilégiant le point de vue des Africaines qui s’organisent en associations, elles mettent en évidence à la fois des choix différents d’un territoire à l’autre et le pragmatisme stratégique des militantes. Celles-ci s’adressent à plusieurs mouvements internationaux et négocient leur place entre anticolonialisme, logiques nationales et enjeux liés à la bipolarisation du monde. Elles mettent aussi en œuvre un projet politique qui débouche sur la création en 1962 de la Panafricaine, un regroupement qui entend dépasser la logique des blocs.

15Dépasser la guerre froide est également l’objectif que Marguerite Thibert, ancienne fonctionnaire internationale de l’Organisation internationale du travail, militante socialiste, pacifiste et féministe, assigne à une institution mal connue et éphémère : « le Bureau de liaison issu de la rencontre internationale des femmes 1960 », rencontre dont l’initiative revient à la FDIF. Comme l’analyse Françoise Thébaud à partir du carton d’invitation à l’événement, la neutralité et l’équilibre politiques souhaités pour parler au nom de toutes les femmes se heurtent aux tensions internationales qui alimentent, d’un côté, l’anticommunisme et, de l’autre, des stratégies d’instrumentalisation des solidarités internationales.

16La décolonisation et la naissance de nouveaux États offrent des terrains de concurrence et d’affrontements relevant à la fois de la géopolitique et de l’économie. Le sens de la notion de développement et la place des femmes dans le processus sont des enjeux de guerre froide culturelle et le bloc de l’Est lutte à armes inégales, comme le montre Yulia Grasdkova qui examine l’action de la FDIF dans les années 1960 et 1970. La Fédération déplore son déficit de contacts dans ces pays au moment des indépendances et déploie peu à peu une réflexion et des programmes se réclamant de la coopération au développement. Son action en faveur des femmes non européennes devient plus intense à partir de la fin des années 1960, appuyée sur la prise en compte des réalités locales et une plus grande participation de militantes d’Afrique et d’Amérique latine dans les instances dirigeantes.

17Le développement est aussi au cœur de l’article de Jocelyn Olcott qui se concentre sur un court laps de temps où change le paysage géopolitique (1975‑1987). Après avoir rappelé deux conceptions divergentes du développement – processus de modernisation sous assistance internationale, d’une part, et luttes contre les stratégies néocoloniales, de l’autre – faisant toutes deux peu de place aux femmes, elle présente les efforts de deux organisations de femmes des Suds pour faire changer la donne. Il s’agit de l’Association des femmes africaines pour la recherche et le développement (AFARD/ AAWORD) et de Development Alternatives with Women for a New Era (DAWN), dont le projet se heurte tant au manque de volonté politique qu’aux programmes d’ajustement structurel de l’ère Reagan, qui privilégient l’intégration des marchés mondiaux.

18De son côté, la Fédération des femmes cubaines (FMC) œuvre au rapprochement avec le bloc de l’Est. Comme le montre Laure Pérez qui analyse les représentations des femmes dans les actualités cinématographiques – un médium très populaire entre 1960 et 1990 –, Cuba met en avant la « mode socialiste » et des figures de l’émancipation des femmes inspirées de l’Est, à l’instar des sportives, de la cosmonaute Valentina Terechkova (invitée à deux reprises par la FMC et reçue par Fidel Castro), ou encore des femmes engagées dans la révolution et la lutte contre l’impérialisme.

19Enfin, Ioana Cîrstocea interroge la structuration du répertoire du « féminisme global » lors des quatre conférences mondiales des femmes organisées par l’ONU entre 1975 et 1995. Donnant lieu à l’affirmation de références à dimension universelle comme les « droits humains des femmes » et le gender mainstreaming, ces manifestations sont traversées par les enjeux de la guerre froide tardive. Piloté par des militantes et des organismes basés à l’Ouest, soutenu par les ressources de la diplomatie culturelle étatsunienne, le « féminisme global » se construit via des rencontres et des échanges entre femmes expertes sélectionnées par l’octroi de financements. Des voix et des positions spécifiques sont encouragées à s’exprimer et visibilisées, tandis que sont effacées les controverses internationales sur la définition des droits des femmes et les solutions institutionnelles pour corriger les inégalités.

Des régimes de genre en concurrence

20« Vous savez très bien que dans notre pays, il y a l’égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes occupent les mêmes postes que les hommes », déclare Valentina Terechkova le 11 mai 1966 devant le Conseil exécutif de l’UNESCO, dans un discours commenté ici par Chloé Maurel. Première femme à avoir effectué un vol dans l’espace (1963), elle vante le modèle soviétique qui offre éducation et promotion sociale à l’ensemble des citoyennes et citoyens. Terechkova dénonce la faible présence des femmes au sein de ce conseil et apostrophe ses auditeurs, leur rappelant que celles-ci « contribuent beaucoup au développement de la culture, de la science, de la technique et de l’éducation ».

  • 32 Gradskova 2021 et Gradskova dans ce dossier.

21La mise en avant des rôles de genre socialistes est en effet un véritable instrument de diplomatie culturelle dans les instances internationales. Elle est aussi un argument utilisé par la FDIF qui propose aux femmes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine l’exemple de l’émancipation par l’URSS des femmes rurales d’Asie centrale, considérées comme des figures de l’« altérité » intérieure et assimilées aux femmes de couleur32. Ce modèle ne reçoit qu’un accueil limité de la part des leaders des nouveaux États indépendants, comme dans la Tanzanie socialiste et non-alignée de Julius Nyerere, qui défend la voie africaine de l’ujamaa (terme swahili faisant référence au travailler et vivre ensemble sur le modèle de la famille élargie). La presse du pays, étudiée par Florence Wenzek, idéalise la paysanne dévouée à sa famille et à sa communauté et fait de la citadine une métaphore du capitalisme. Si, à la faveur de l’année onusienne de la femme (1975), le discours du parti unique lie désormais plus fermement émancipation des femmes et socialisme, il reste distinct des approches marxistes. Là comme ailleurs, la division idéologique de guerre froide s’inscrit dans une réalité locale et s’y adapte selon des modalités spécifiques à celle-ci.

22Confrontation, appropriation sélective et effets en retour sur les politiques nationales : ce numéro de Clio FGH examine divers aspects de la rencontre entre les modèles et régimes de genre en concurrence, forgés et portés par les systèmes politiques qui s’opposent au titre de la guerre froide. Il offre aussi plusieurs éclairages sur une thématique encore peu développée dans l’historiographie francophone, l’étude des masculinités.

23Étudié par Sylvain Dufraisse, le sport international est un domaine par excellence où s’affrontent les modèles de genre. Pour l’URSS et les pays de l’Est, la supériorité de leurs athlètes dans les compétitions internationales est un enjeu de guerre froide, car elle donne à voir la suprématie de leurs régimes et leur réussite en matière d’égalité. Mais les critiques occidentales envers des championnes socialistes jugées trop « masculines » et l’adoption à la fin des années 1960 d’un test de « féminité » conduisent les acteurs soviétiques à promouvoir d’autres formes de réussite sportive, qui valorisent désormais la grâce et la jeunesse et traduisent ainsi l’alignement progressif sur une représentation genrée internationalisée associant performance physique et beauté du corps.

24Un phénomène similaire d’interaction entre les « camps » qui s’épient réciproquement et ajustent leurs stratégies en fonction des mouvements de l’adversaire est relevé par Kristen Ghodsee. Exploitant divers types de sources, elle montre que la peur de la supériorité technologique de l’URSS hante les autorités étatsuniennes dans les années 1950 – notamment après le lancement du Spoutnik (1957) – et déclenche l’adoption de mesures favorables aux femmes. Alors que l’imaginaire national, tel qu’exprimé dans les journaux, magnifie la place des Américaines au foyer, dénigre le manque de « féminité » des Soviétiques et tend à assimiler revendication de droits pour les femmes et communisme, le National Manpower Council, fondé en 1951 pour répondre à une éventuelle pénurie de main-d’œuvre, ne préconise pas dans son rapport de 1956 le recrutement et la formation de femmes. Par contre, le National Security Council et la CIA invitent, au nom du patriotisme, à faire appel à toutes les compétences et à former plus de femmes scientifiques pour rattraper le retard américain.

25Si la confrontation entre modèles de genre concerne surtout la question de la place sociale des femmes et la définition de la féminité, elle touche aussi la construction des identités et rôles masculins. Peter Hallama examine comment, au fil des décennies, l’Allemagne de l’Est tente de construire une paternité « socialiste » : diffusion dans les médias, dès l’immédiate après-guerre, d’images de pères impliqués auprès des enfants et dans les tâches domestiques ; nombreux débats sur le sujet qui, à partir des années 1960, critiquent les insuffisances du régime en matière d’éducation des hommes ; élargissement tardif aux pères du congé enfant-malade (1986). Il n’en reste pas moins, souligne l’historien, que les pères est-allemands sont encore aujourd’hui plus impliqués dans les soins et l’éducation des enfants que les pères ouest-allemands.

  • 33 Dean 2001.
  • 34 Fraser 2019 recensé par Peter Hallama dans ce dossier.

26De son côté, Elizabeth Tanner donne à lire et à comprendre des conversations enregistrées entre Nixon et Kissinger durant la guerre indo-pakistanaise de 1971. Pour le président des États-Unis et son conseiller à la sécurité, qui s’expriment dans un langage viriliste et grossier, la crédibilité sur la scène géopolitique de la guerre froide signifie se montrer « durs » et se comporter « comme des mecs ». Si l’ethos de la « fraternité » conquérante33 partagé par les élites au pouvoir façonne les décisions de politique extérieure étatsunienne, les contours de la masculinité militaire soviétique se dessinent, toujours dans un langage et un imaginaire genrés, par opposition aux leaders occidentaux caricaturés sous des traits de la perversion sexuelle34.

27Un dernier article de ce numéro en croise les deux thématiques principales. En s’appuyant sur de nombreux travaux en Beauvoir studies, Sylvie Chaperon et Marine Rouch proposent un fascinant tour d’horizon des traductions et réceptions du Deuxième sexe en Europe de 1949 à 1989. Entre interdiction et coupes dans le manuscrit, celles-ci dépendent des contextes nationaux (idéologie officielle, condition et mobilisations des femmes, politique culturelle, relations internationales), du moment géopolitique et de la façon dont Sartre et Beauvoir sont perçu·es. Invitant à poursuivre les recherches sur les réseaux intellectuels transnationaux et sur les lecteurs et lectrices ordinaires, les historiennes suggèrent des pistes pour de futurs travaux.

28L’ensemble de ce numéro invite d’ailleurs à poursuivre les investigations sur la thématique féconde du genre de la guerre froide. Comme le montre la diversité des contributions rassemblées, elle offre des éclairages inédits sur les logiques, les mécanismes et l’étendue du conflit géopolitique, au gré d’acteurs et d’actrices, de lieux et de pratiques qui peuvent échapper aux dynamiques classiques des relations internationales mais prennent une place centrale dans l’affrontement bipolaire entendu dans une perspective culturelle.

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Notes

1 Dullin & Jeannesson 2017.

2 Pour des exemples : Ghodsee dans ce dossier ; Sethna & Hewitt 2018.

3 Kott 2021.

4 Faure & Del Pero 2020 pour un riche bilan de la littérature ; Kott 2021.

5 Kott & Thébaud 2015.

6 Chaperon et al. 2020.

7 Connelly 2008.

8 Johnson 2004 ; Muehlenbeck 2017.

9 Dumančić 2014.

10 Szikra & Varsa 2020.

11 Laville 2013 ; Oldenziel & Zachmann 2009.

12 Sethna & Hewitt 2018.

13 Grisard 2013.

14 Anna Sidorevitch l’étudie dans une thèse en cours à l’IEP de Paris (cf. Dullin & Virgili 2022) ; aussi Talaver 2017.

15 Horowitz 1998.

16 Castledine 2012 ; Weigand 2001.

17 Castledine 2012 ; McDuffie 2011.

18 Olcott 2017 ; Bonfiglioli 2016 ; Bonfiglioli 2020 ; Boris et al. 2018 ; Ghodsee 2019.

19 Boris et al. 2018 ; Falcón 2016 ; Marino 2019 ; Cîrstocea dans ce dossier.

20 De Haan 2023 ; aussi Ducange et al. 2021.

21 Barthélémy 2022 ; Barthélémy & Panata dans ce dossier ; Bonfiglioli 2020 ; Cîrstocea 2021 et Cîrstocea dans ce dossier ; Olcott 2017 et Olcott dans ce dossier ; Thébaud 2017 et Thébaud dans ce dossier.

22 Laville 2013.

23 De Haan 2010.

24 McGregor 2012 ; McGregor 2016 ; Ghodsee 2019 ; Gradskova 2021 ; Armstrong 2016 ; Donert 2015 ; Donert 2022.

25 Garner 2010 ; aussi Goedde 2019.

26 Laville 2002.

27 Koikari 2008.

28 Laville 2010 ; aussi Garner 2013.

29 Cîrstocea 2019.

30 Pratt 2020.

31 Un colloque intitulé « International Mobilizations on Women’s Rights Issues during the Cold War » tenu à l’EHESS en 2019 avec le soutien du Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP, Paris) et du LabEx TEPSIS (EHESS) avait précédemment rassemblé une partie des contributions publiées ici.

32 Gradskova 2021 et Gradskova dans ce dossier.

33 Dean 2001.

34 Fraser 2019 recensé par Peter Hallama dans ce dossier.

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Pour citer cet article

Référence papier

Ioana Cîrstocea et Françoise Thébaud, « Le genre, un enjeu central de la guerre froide »Clio, 57 | 2023, 7-22.

Référence électronique

Ioana Cîrstocea et Françoise Thébaud, « Le genre, un enjeu central de la guerre froide »Clio [En ligne], 57 | 2023, mis en ligne le 01 juin 2023, consulté le 04 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/23301 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.23301

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Auteurs

Ioana Cîrstocea

Ioana Cîrstocea est sociologue, chargée de recherche au CNRS et membre du Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP, UMR 8209, Paris). Ses travaux portent sur la production et la circulation internationale des savoirs sur le genre en contexte postsocialiste et sur la cristallisation transnationale et conflictuelle des agendas globaux des droits des femmes à la fin de la guerre froide. Dernier ouvrage publié : Learning Gender after the Cold War: contentious feminisms, PalgraveMacmillan, 2022. ioana.cirstocea@ehess.fr.

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Françoise Thébaud

Françoise Thébaud est professeure émérite d’histoire contemporaine de l’Université d’Avignon, membre du comité de rédaction et ancienne codirectrice de la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire. Les thèmes de ses recherches sont : guerres et sociétés, féminismes, citoyenneté sociale et politique, organisations internationales. Parmi ses publications récentes : Marguerite Thibert, femme engagée et fonctionnaire internationale (2017) ; L’Europe, une chance pour les femmes ? Le genre de la construction européenne (2019, codirection) ; « Femmes et genre en migration », Clio FGH, 51/2020 (codirection) ; Femmes et République (2021, coauteure) ; La Condition des femmes de 1789 à nos jours (coauteure). thebaud.francoise@gmail.com

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