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Entretien

Les jeux vidéo pour dépasser les normes de genre ? Le cas Assassin’s Creed

Entretien avec Fanny Lignon par Marie-Lys Arnette
Fanny Lignon et Marie-Lys Arnette
p. 199-208

Résumés

Français English

Un joueur de jeux vidéo sur deux est une joueuse. À l’écran cependant, la présence des femmes et leur représentation ne vont pas de soi. L’entretien analyse le dernier opus d’Assassin’s Creed, une saga dont chaque titre se déroule dans un contexte historique précis. Le premier jeu de la série (2007) imposait d’incarner un avatar masculin ; le huitième permettait d’incarner un personnage féminin, mais doté de caractéristiques autres que son homologue masculin ; le quatorzième proposait d’incarner un ou une hoplite, tous deux égaux dans le combat. Mais sur le plan du genre, le dernier titre en date, Valhalla (2020), va plus loin. Le joueur, en ouverture, incarne Eivor, un enfant dont le sexe est indéterminé. À l’âge adulte, il doit choisir : jouer Eivor au féminin, au masculin, ou laisser le système décider. Le genre ainsi n’est pas subi mais choisi, et est modifiable en cours de partie. S’agit-il vraiment d’une révolution ? Les frontières du genre ne sont-elles pas simplement repoussées ? Et comment, si c’est le cas, pourrait-on les dépasser enfin ?

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En 2015, Fanny Lignon publie un ouvrage collectif intitulé Genre et jeux vidéo, le premier, en France, à s’intéresser à la manière dont les smartphones, tablettes, et consoles de jeux élaborent, diffusent et détournent la binarité fille/garçon, si centrale dans la construction du dispositif de genre contemporain. Pionnière dans ce champ, elle porte un regard critique sur les stéréotypes de genre véhiculés par les jeux vidéo – notamment ici Assassin’s Creed – en montrant le potentiel transformateur de ces nouveaux produits.

Marie-Lys Arnette (Q) : Pourriez-vous nous dire ce que les enquêtes sur les jeux vidéo nous apprennent sur l’âge et les pratiques des joueurs et des joueuses ?

Fanny Lignon (FL) : La dernière enquête en date, pour la France, concernant les jeux vidéo a été réalisée en 2020 par Médiamétrie pour le syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL). Elle établit que 47 % des joueurs sont des joueuses et que l’âge moyen des pratiquants, tous sexes confondus, est de 3...

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Pour citer cet article

Référence papier

Fanny Lignon et Marie-Lys Arnette, « Les jeux vidéo pour dépasser les normes de genre ? Le cas Assassin’s Creed », Clio, 56 | 2022, 199-208.

Référence électronique

Fanny Lignon et Marie-Lys Arnette, « Les jeux vidéo pour dépasser les normes de genre ? Le cas Assassin’s Creed », Clio [En ligne], 56 | 2022, mis en ligne le 01 janvier 2026, consulté le 10 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/22909 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.22909

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Auteurs

Fanny Lignon

Fanny Lignon est maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Claude Bernard Lyon 1 – Inspé. Membre de l’UMR THALIM (CNRS/Paris 3/ENS), elle est spécialiste d’Erich von Stroheim. Ses recherches actuelles portent sur l’éducation à et par l’image, et sur les représentations du masculin et du féminin dans les jeux vidéo (Genre et jeux vidéo, PUM, 2015). La liste de ses publications est disponible en suivant le lien : https://www.thalim.cnrs.fr/auteur/fanny-lignon fanny.lignon@univ-lyon1.fr

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Marie-Lys Arnette

Marie-Lys Arnette est égyptologue, ancien membre scientifique de l’Institut français d’archéologie orientale (Le Caire), et chercheuse postdoctorante dans le cadre du projet financé par le Conseil Européen de la Recherche (ERC) Locus Ludi. The Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity entre 2019 et 2021. Depuis l’été 2022, elle est professeure d’histoire de l’art et d’archéologie égyptienne à la Johns Hopkins University (Baltimore). Ses recherches, qui favorisent une approche relevant de l’anthropologie historique, s’appuient à la fois sur les textes, l’iconographie et la culture matérielle, et portent sur les croyances et les rituels entourant la naissance et la mort, les normes corporelles, l’alimentation, le genre, et les pratiques ludiques. Elle est l’autrice de la monographie Regressus ad uterum (BdE 175, Le Caire, 2020), la co-autrice de l’ouvrage Instantanés d’Egypte (BiGén 50, Le Caire, 2016) et l’éditrice scientifique de l’ouvrage interdisciplinaire Religion et alimentation dans l’Egypte et l’Orient anciens (RAPH 43, Le Caire, 2019). marielys_arnette@hotmail.com

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