Navigation – Plan du site

AccueilNuméros53ÉditorialLe genre de la geste indépendantiste

Éditorial

Le genre de la geste indépendantiste

Capucine Boidin et Naomi Davidson
p. 7-22

Texte intégral

  • 1 Kréfa & Barrières 2019.
  • 2 Dumitru 2014.
  • 3 Thiesse 2020 : 5.

1Les révolutions et les mouvements de libération vis-à-vis des puissances coloniales et impériales posent d’emblée la question du « nous » qui porte ces revendications, écartelé entre régionalismes, nationalismes et panaméricanisme, panafricanisme ou panarabisme voire internationalisme, fragmenté entre plusieurs identités religieuses et ethnolinguistiques. Dans les moments de crise ou de « conjoncture fluide » où s’entrechoquent plusieurs horizons d’attente, les frontières de genre, de classe, d’âge, d’ethnie et de race sont brouillées, multipliant les figures et les formes possibles des engagements1. Or une fois le « nous » défini, la geste indépendantiste est le plus souvent mise en mémoire comme évidemment masculine et uniforme sur le plan physique, linguistique, culturel, ethnique et/ou religieux. Et le travail universitaire n’échappe pas facilement aux biais cognitifs androcentrés et eurocentrés du « nationalisme méthodologique »2 voire même du « continentalisme méthodologique »3.

  • 4 Les américanistes utilisent plus volontiers un I majuscule, probablement parce que l’Indépendance (...)
  • 5 Burbank & Cooper 2011.

2Pour dépasser ces écueils, nous devons multiplier les échelles de l’analyse, infra et supra nationales, privilégier les approches transnationales et développer les comparaisons entre les Amériques, l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Autant l’histoire impériale ou encore coloniale, est déjà traversée par les études de genre, autant l’étude du genre des Indépendances reste embryonnaire4. Par ailleurs si l’histoire impériale se forge en tant que telle en multipliant les comparaisons entre empires à travers l’espace et le temps5, les phases de dislocation des empires et d’émergence d’entités autonomes restent cloisonnées par période et continent. Notre pari est donc double : encourager la comparaison et le faire par le genre.

  • 6 Nous remercions le Centre de l’Université de Chicago à Paris qui a soutenu le colloque internatio (...)

3Dans les Amériques du xixe siècle, les historiens analysent des « Indépendances », en revanche pour l’Asie et l’Afrique du xxe siècle, l’historiographie récente décrit plutôt des « décolonisations ». Enfin, pour l’Europe, on parle de « l’émergence d’État-nations » même si elle se fait sur les décombres des Empires germaniques, austro-hongrois et ottomans. Mais dans les trois cas, s’entremêlent de manière complexe des révolutions politiques, des ruptures de liens de dépendance politique et la constitution d’États-nations indépendants. Nous souhaitons comparer ces situations historiques en réfléchissant à ce que le genre a fait aux Indépendances et inversement ce que les États indépendants font au genre6.

  • 7 Goerg, Martineau & Nativel 2013 : 11.

4Il ne s’agit pas pour autant dans ce numéro de réifier ou de simplifier ce qu’on entend par indépendance, d’autant plus que les femmes et les hommes qui vivent ces moments de changement ne les qualifient pas toutes et tous de la même manière. Odile Goerg, Jean-Luc Martineau et Didier Nativel démontrent que l’année 1960, date à laquelle la plupart des pays africains sont devenus indépendants, n’a pas la même signification pour tout.es : si la prise d’autonomie politique a été célébrée par certain.es, d’autres « attendaient sans illusion, voire avec appréhension, « l’Indépendance » et privilégiaient d’autres dates comme plus symboliques des luttes gagnées7.

5Néanmoins, et avec cette réserve, ce numéro traite des Indépendances formelles, autrement dit, de la création de nouveaux États, autrefois parties d’empires. Nous pensons que c’est lors des luttes autour de la création de ces nouvelles entités étatiques que se pose la question des phénomènes identitaires, et surtout de l’imbrication du genre avec les questions raciales, ethniques et religieuses : le « nous » qui participe, les « eux » et « elles » qui ne participent pas, à la création du nouveau pays.

  • 8 Joseph-Gabriel 2020 recensé par P. Barthélémy dans ce numéro (« Clio a lu »).
  • 9 Chambers 2013 pour l’Amérique latine.
  • 10 Catherine Davies a impulsé la création d’une base de données numériques très riche pour l’Amériqu (...)
  • 11 Chambers 2015 ; Lucero 2018 sur Cuba et Vince 2015 pour l’Algérie, recensés dans ce numéro (« Cli (...)

6Les ouvrages sur les Indépendances qui vont à rebours de ces récits trop homogènes sont au pied du guet, entre l’histoire des femmes8 et l’histoire du genre. Ils incluent des chapitres sur les femmes mais le sexe des acteurs est alors une variable parmi d’autres et le genre en tant que langage signifiant des rapports de pouvoir n’est pas central9 ; plus nombreux que les livres, les articles et les chapitres sont publiés en ordre dispersé ou dans des ouvrages collectifs et des revues essentiellement en anglais10 et nous n’avons identifié que trop peu de monographies entièrement consacrées au genre des Indépendances publiées récemment11. Pourquoi ?

  • 12 Pour une introduction en français consulter Falquet 2019 ainsi que Falquet & Espínola 2019, numér (...)

7La question peut paraître vaine depuis l’Amérique latine, tant les féministes décoloniales n’ont de cesse de montrer la longue durée de « la colonialité du genre » dans leurs pays12. Elles postulent que les indépendances politiques du xixe siècle n’ont pas du tout bouleversé l’ordre colonial du genre. Au contraire tout un travail de décolonialisation de la société et en particulier du genre reste à mener. Ce à quoi s’attellent les mouvements féministes noirs et indigènes des Amériques. Si cette perspective renouvelle à la fois les études décoloniales et les études de genre, ne nous empêche-t-elle pas de penser les moments même des révolutions et des indépendances ? Ne peut-on pas retrouver l’accent propre à ces espaces temps incertains dans lequel des femmes et des hommes font vaciller l’ordre du genre ?

8Les égéries des mouvements indépendantistes sont souvent féminines, que ce soit sous la figure de guerrière, de martyre, ou de victime mais ce n’est pas tant pour mettre en lumière leur rôle que pour légitimer la lutte armée : l’élan de liberté est naturel et profondément enraciné dans « le » peuple puisqu’il habite « même » les femmes. Les lendemains des indépendances, centrés sur la restructuration des appareils d’État, se révèlent au contraire, clairement masculins. Alors comment parler des indépendances qui trop souvent ferment les portes ouvertes par des années de lutte qui les ont précédées ? Sans forcément reprendre ici les nombreuses déceptions, genrées ou autres, des libérations nationales, nous cherchons à analyser les gestes indépendantistes, des femmes et des hommes, qui ont troublé, ne serait-ce que l’espace d’un instant, l’ordre genré de leurs sociétés.

Un renouvellement historiographique des Indépendances sans le genre ?

  • 13 Par exemple, les travaux de Shepard 2006 ; Scioldo-Zürcher 2010 ; Sherman 2011 ; Trépied 2011 ; B (...)
  • 14 Entre autres, Terretta 2013 ; Bouilly & Rillon 2016 ; Barthélémy 2019 ; Panata 2020.
  • 15 Parmi d’autres, Seferdjeli 2004 ; Branche 2008 ; Charrad 2011 ; Vince 2015 ; Shepard 2017.
  • 16 Par exemple, Menon & Basin 1998 ; Das 2007 ; Daiya 2008 ; Guillemot 2014 ; McClain 2014.
  • 17 Levine 2010. Ces recherches sur le genre de la décolonisation se font en même temps que celles su (...)
  • 18 Guardia 2010.
  • 19 Giomi, Zerman & Rogers 2018.
  • 20 Healy 2004 ; Feinberg 2006.

9Depuis le début du xxie siècle, la recherche sur les décolonisations des années 1940-1970 en Asie et en Afrique a largement réussi à dépasser l’idée de la « perte » des Empires européens et la simple création politique de nouveaux États. Par ailleurs de nouvelles grilles de lecture s’imposent, de l’histoire environnementale à l’histoire économique et culturelle en passant par l’histoire des institutions internationales et des relations Sud-Sud13. Sans avoir la même force encore, les études du genre de la décolonisation en Afrique subsaharienne14, au Maghreb15 et en Asie16 du xxe siècle commencent à explorer les rôles joués par les femmes dans les luttes anticoloniales ainsi que dans le maintien de l’empire ; la violence genrée qui caractérisait les luttes dont femmes et hommes étaient victimes ; des révolutions sexuelles qui accompagnaient la révolution nationale ; la révision (ou pas) des constitutions et des systèmes du droit familial de la période coloniale17. Pour l’Amérique latine, l’analyse du genre des Indépendances reste encore à développer : certes l’historiographie latino-américaniste bénéficie de deux cents ans de recul et tout un cycle de commémorations des bicentenaires des Indépendances, entre 2010 et 2020, a donné lieu à des bilans, mais ces derniers réécrivent davantage l’histoire du point de vue des femmes que dans le langage du genre18. En ce qui concerne l’Europe centrale, les historien.nes commencent à évoquer les aspects genrés autour de la fin de l’Empire ottoman19, ainsi que dans l’espace post-habsbourgeois20. Tout l’enjeu est de décloisonner des études qui restent continentales et cantonnées dans des périodes spécifiques.

  • 21 Schayegh & Di-Capua 2020.

10Comme le soulignent Cyrus Schayegh et Yoav Di-Capua, les historien.nes ont tendance à évoquer une « séquence de vagues spécifiques à certains espaces », de l’Amérique latine du début du xxe siècle jusqu’aux anciennes Républiques de l’URSS des années 1990. Or cette historiographie ne tient pas compte des régions comme le Moyen Orient-Afrique du Nord, dont les pays sont devenus indépendants tout au long du xxe siècle21. Ce dossier démontre, nous l’espérons, que la conception de « vagues » particulières à une géographie et une temporalité masquent certains points communs. Tout en soulignant les différences entre les Empires européens d’outre-mer et ceux du continent, ce numéro interroge la notion d’indépendance étatique ou la prise d’autonomie politique en contexte impérial à travers deux axes thématiques : l’analyse du genre de la geste indépendantiste ; et la place (ou l’absence) des luttes des femmes dans les récits nationaux. Il s’agit donc d’une investigation à double-entrée : quand, comment et pourquoi la geste indépendantiste est-elle genrée et que devient la trace des femmes qui ont pensé, écrit, ou pris les armes pour la lutte indépendantiste, une fois les frontières nationales définies et l’autonomie politique acquise ?

La division sexuée de la lutte par les armes et les idées

  • 22 Chambers 2013.
  • 23 Plumauzille & Rossigneux-Méheust 2019.
  • 24 Chambers 2013 : 300.

11Sarah Chambers avait déjà identifié pour le Chili la division sexuée du travail révolutionnaire comme contre-révolutionnaire22 et nous la retrouvons dans ce numéro au Venezuela à l’aube du xixe siècle avec Frédéric Spillemaeker ou dans le Vietnam du xxe siècle que nous dépeint François Guillemot : les femmes prennent soin de leurs parents soldats, exilés et prisonniers, entretiennent les réseaux de sociabilité partisans dans leurs salons et leurs correspondances ou transportent des missives et espionnent les lignes ennemies. Elles financent parfois le coût de la lutte en mettant leurs biens à la disposition des causes auxquelles elles adhèrent, mais surtout organisent ou coopèrent à la logistique des armées (approvisionner, nourrir, laver, nettoyer, soigner). Si certaines ont pris les armes, jeté des grenades, mené des guérillas urbaines et commandé des armées, elles restent statistiquement rares. Et les hommes n’ayant pas pour autant pris en charge des activités de soin, ces femmes en armes cumulent les activités ou ne développent pas de vie maritale ou familiale. Ainsi, structurellement, les femmes prennent surtout en charge le « travail du soin d’autrui »23, du soin des liens, le care de la guerre. De là à ce que les femmes des indépendances soient réduites dans les mémoires à des rôles stéréotypés, de victimes ou auxiliaires secondaires d’époux, amants, frères, fils ou pères, il n’y a qu’un pas, vite franchi, surtout après les combats24.

12Frédéric Spillemaeker analyse les mémoires du premier président du Venezuela, José Antonio Paez, à la lumière des témoignages de voyageurs anglais engagés aux côtés des patriotes et des sources de l’époque pour comprendre les contours de la masculinité et de la Nation qu’il construit dans une même geste indépendantiste. Du statut de caudillo – chef régional de guerre irrégulière – à celui d’homme d’État d’une nation indépendante, il ne cesse de mettre en scène les contours d’une masculinité guerrière et patriarcale où les femmes sont reléguées au rang de spectatrices passives, pour lesquelles les hommes agissent et parlent en protecteurs et représentants.

  • 25 Chambers 2013 : 305.

13De là vient la seconde constatation : si les femmes sont limitées dans leurs actions par les assignations de genre, s’approprient-elles pour elles-mêmes les idées de leur époque ? Ou pour le dire autrement, les formes de leur participation sont-elles modelées par les normes de genre ? Leurs motivations et leurs idées sont-elles sexuées ?25 Les raisonnements juridiques et les idées politiques des femmes que Federica Morelli ou Laura Buitrago et Gloria Vargas-Tisnés nous rapportent dans ce numéro montrent que, dans le contexte latino-américain, elles s’approprient le langage moderne du droit et de la liberté pour penser autant leur égale participation à l’effort de guerre que leurs relations maritales.

14Federica Morelli, dans son actualité de la recherche sous-titré « Race et genre dans les révolutions hispano-américaines », montre que les hommes et les femmes de la fin du xviiie siècle faisaient le parallèle entre les situations de dépendance, « d’absence d’autonomie de la volonté » des esclaves et des femmes. Or, les historiens observent que les femmes recourent de manière accrue aux tribunaux à la fin du xviiie siècle et qu’elles font valoir leur droit à se défendre contre des maris qui exercent des « sévices » contre elles, les considérant « comme des esclaves ». Le travail dans les archives judiciaires réalisé ces dernières années jette une lumière nouvelle sur la présence des femmes pendant les luttes révolutionnaires et indépendantistes. Elles cherchent à transformer le regard qu’elles-mêmes, les juges et leurs maris portent sur leurs conditions. Ces luttes ne sont pas toujours couronnées de succès comme nous le rappellent Laura Buitrago et Gloria Vargas-Tisnés : en Colombie, un long procès qui oppose Micaela Mutis à son conjoint se termine mal. Ce n’est pas lui, royaliste, mais elle, la patriote, qui doit s’exiler dans une autre région de Colombie, sans ses enfants et dans le dénuement.

15Néanmoins, les pensées des femmes indépendantistes peuvent prendre d’autres tournures. Comme le démontre Sara Panata, les déléguées de huit pays africains réunies à Ibadan, au Nigéria, en 1960, prenaient leur égalité avec les hommes comme acquise. Elles considéraient que le pouvoir économique qu’elles détenaient par rapport aux hommes africains les dispensait d’avoir recours au féminisme « agressif » européen ; il fallait plutôt lutter pour accéder à l’appareil étatique. Si elles revendiquaient de nouveaux droits à l’aube des indépendances africaines, elles le faisaient au nom de leur maternité. Cette pensée différentialiste reposait sur l’idée qu’elles étaient naturellement aptes à créer et protéger leurs nouvelles nations et à assurer de bonnes relations internationales en leurs qualités de bonnes épouses et bonnes mères. Ici, ces femmes ne souhaitaient nullement s’enfermer au sein de leur foyer pour le bien de la patrie, mais acquérir des droits politiques en tant que pourvoyeuses de care.

Mémoires et territoires genrés

16Ce dossier questionne aussi la manière dont les mises en récit au moment des conflits diffèrent des récits mémoriels postérieurs. Figurer tout un peuple sous les traits d’une femme naturalise et donc légitime une cause en cours – en particulier vis-à-vis de regards extérieurs. La mise en scène orientaliste de Grecques martyres et héroïques dans la lutte contre l’Empire ottoman au début du xixe siècle constitue le ressort des mouvements internationaux de soutien à la cause grecque, les philhellènes, comme le rappelle Denys Barau dans ce numéro. Les Européens engagés dans la lutte armée aux côtés des Grecques se figurent eux-mêmes comme les sauveurs et les soutiens de femmes grecques chrétiennes résistantes mises en danger face aux menaces musulmanes. Une fois présents sur place, ils réalisent que les femmes grecques sont surtout soumises et dérobées à leurs regards.

17Parfois, comme en Inde et au Pakistan, la souffrance des femmes est tout simplement occultée, pour faire place au nationalisme masculin triomphant et à la nationalisation de deux territoires bien distincts. Cependant, comme le démontre Anne Castaing dans ce numéro, l’histoire de douleur et de honte des musulmanes, hindoues, et sikhes victimes de viols, mutilations sexuelles, ou mariages forcés est tenue à l’écart de la mémoire officielle de l’indépendance indienne et pakistanaise qui privilégie la victoire des mouvements anticoloniaux. Cette histoire parallèle, celle des larmes, ne serait lisible qu’à travers la mémoire des femmes ou la fiction jusqu’à ce que l’historiographie des études subalternes les incorpore.

18Surtout, une fois l’indépendance acquise, on observe dans différents contextes une nationalisation du territoire et cette geste-là aussi est genrée. Des caudillos au Venezuela, ancrant leur puissance virile dans des pratiques intimement liées à leurs terroirs, jusqu’aux femmes des marges de Vienne travaillant et consommant uniquement des produits locaux, l’indépendance fixe hommes et femmes de manière différente aux terroirs nationaux. Mais nous voyons aussi le genre de cet appel du terroir, ou du local, qui rattrape des indépendances qui se voulaient cosmopolites : le rêve du panaméricanisme et du panafricanisme, voire l’imaginaire d’une vague révolutionnaire où les peuples frères dépasseraient ensemble les fractures impériales, finissent souvent dans une réalité anti-cosmopolite où une identité homogène unique est valorisée. Dans ces schémas, les citoyen.es ne sont pas seulement repliés sur leur territoire mais aussi enfermés dans des rôles genrés. Contrairement aux mères « pierres angulaires » politiques des Indépendances de leurs pays africains, les mères allemandes et autrichiennes des années 1930 devaient apprendre à oublier les rêves internationalistes féministes d’avant-guerre pour mieux s’ancrer dans le sol de leur pays. Comme le démontre dans ce numéro Tara Zahra, la femme qui passait sa journée à produire la nourriture de sa famille, du jardin à la conservation des aliments ; qui ne portait que ce qu’elle pouvait fabriquer elle-même, et qui dépensait le moins d’argent possible, incarnait l’image rassurante des anti-mondialistes : face aux pertes de la guerre, de la dépression, et de l’empire, la cellule familiale restait la garante de l’ordre social et national. Enraciner la femme dans son terroir national était une manière d’assurer la survie d’un monde qui vacillait dangereusement.

Entrecroisements dissonants

  • 26 Sur les enjeux archivistiques de l’historiographie des décolonisations, voir Mir 2015. Voir aussi (...)
  • 27 Bensa & Richard 2010.

19En travaillant les archives familiales, les journaux intimes et les photos ou en interviewant les actrices et acteurs historiques de ces indépendances, la question des non-dits est omniprésente. Certains articles du dossier mettent cette réflexion au cœur de leurs discussions, évoquant toutes les barrières à l’écriture de l’histoire de ces mouvements : pour les périodes anciennes, comme nous le montrent les deux articles de la rubrique « Documents », les historiographies nationales se renouvellent à la faveur de certains types de sources, de longs procès et des récits autobiographiques ; pour les périodes récentes, l’histoire orale doit faire face aux individus qui, pour diverses raisons, préfèrent taire leurs activités indépendantistes alors que souvent les règlements des archives nationales des « anciennes colonies » rendent difficile, voire impossible, un travail documenté sur les luttes anticoloniales26. Pourtant, ce travail dans les archives intimes est essentiel pour écrire l’histoire des indépendances à hauteur de femme, pour détourner l’expression d’Alban Bensa27, car nous découvrons que l’incertitude propre aux moments de lutte fait la part belle à des entrecroisements dissonants de genre, de classe, de religion et de phénotype.

20Pierre-Jean Le Foll-Luciani nous raconte ainsi les nombreuses vies de Simone Ben Amara pendant la guerre d’Algérie : Juive d’Algérie et citoyenne française, elle fit le choix de se considérer comme une Algérienne et lutta pour l’indépendance nationale. Élevée dans une féminité normative, elle devint une avocate féministe, spécialisée dans le droit musulman dans l’Algérie indépendante. Un multipositionnement fructueux pendant la lutte qui devient douloureux lorsque l’autonomie acquise donne la priorité à l’homogénéisation de la société et à ses liens avec « le » territoire.

  • 28 Voir les comptes rendus du numéro dans la rubrique « Clio a lu ».

21Le premier président de la Colombie est aussi un homme charnière et entre deux mondes, né d’un fonctionnaire colonial mais immergé dans le code de la sociabilité cavalière des llanos (grandes plaines). Suffisamment blanc pour ne pas susciter le rejet des élites, il construit sa légitimité sur la maîtrise de codes ruraux de l’honneur masculin. En revanche, les officiers de couleur, qui connaissent l’ascension militaire pendant les combats, sont écartés une fois ces combats terminés. Les logiques de cette exclusion sont explorées pour Cuba dans l’ouvrage de Bonnie A. Lucero, dont Blandine Destremau nous offre un compte rendu ciselé28.

  • 29 Kréfa & Barrières 2019 : 217.
  • 30 Deluermoz & Singaravélou 2016.

22La « défatalisation de l’ordre social et politique »29 pendant les crises ne vaudrait-elle donc pas la peine d’être étudiée ? Ce numéro plaide non pour une « histoire des possibles », une histoire contrefactuelle30, mais pour une reconnaissance des ruptures d’évidence. Dans les libérations nationales, les frontières du « nous » se sont progressivement fermées après les indépendances ; et la perte des empires a créé le désir de rétrécir le « nous » jusqu’au foyer. Mais il ne s’agit pas de fatalités, ni de téléologies ; au contraire les moments de crise permettent de mieux saisir les ressorts profonds des institutions qui les précèdent et leur succèdent. Les identités dissonantes qui ont pu surgir pendant ces moments de rupture – mère de famille et fervente républicaine colombienne ; Juive et Algérienne et juriste spécialisé en droit musulman ; guérilléra poseuse de bombes et jeune adolescente maquillée – troublent les récits a posteriori qui effacent celles et ceux qui ont dérogé aux normes genrées pendant la période des indépendances. Mais ces périodes et ces personnes à la charnière de plusieurs mondes, nous offrent aussi d’autres modèles et trajectoires potentielles. Tout en énumérant les contraintes réelles, matérielles, politiques et économiques, qui ont structuré le développement des États pré et post-indépendants, nous insistons aussi sur les choix faits, ou reniés, par des femmes et des hommes. Ces choix étaient foncièrement conditionnés par le genre et ont défini le genre des Indépendances.

Haut de page

Bibliographie

Bailkin Jordanna, 2012, The Afterlife of Empire, Berkeley, University of California Press.

Barthélémy Pascale, 2019, « Françaises et Africaines. Une rencontre improbable (1944-1962) », Habilitation à diriger des recherches, sous la dir. d’Odile Goerg, Université de Paris, Paris-Diderot.

Barthélémy Pascale, Capdevila Luc & Michelle Zancarini-Fournel, 2011, « Femmes, genre et colonisations » (Éditorial), Clio. Femmes, Genre, Histoire, 33, p. 7-22.

Bensa Alban & Bertrand Richard, 2010, Après Lévi-Strauss. Pour une anthropologie à taille humaine, Paris, Textuel, coll. « Conversations pour demain ».

Blum Françoise, 2014, Révolutions africaines : Congo, Sénégal, Madagascar, années 1960-1970, Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Bouilly Emmanuelle & Ophélie Rillon, 2016, « Relire les décolonisations d’Afrique francophone au prisme du genre » (Éditorial), Le Mouvement social, 255, p. 3-16.

Branche Raphaëlle, 2008, « Sexual violence in the Algerian War », in Dagmar Herzog (ed.), Brutality and Desire : war and sexuality in Europe’s twentieth century, Basingstoke, Palgrave MacMillan, p. 247-260.

Buettner Elizabeth, 2016, Europe after Empire : decolonization, society and culture, Cambridge, Cambridge University Press.

Burbank Jane & Fred Cooper, 2011, Empires. De la Chine ancienne à nos jours, Paris, Fayot.

Byrne Jeffrey James, 2016, Mecca of Revolution : Algeria, decolonization & the Third World order, Oxford, Oxford University Press.

Chambers Sarah, 2013, « Actoras políticas o ayudantes abnegadas ? Repensando las actitudes hacia las mujeres durante las guerras de independencia hispanoamericanas », in Clément Thibaud, Gabriel Entin, Alejandro Gómez & Federica Morelli (dir.), L’Atlantique révolutionnaire. Une perspective ibéro-américaine, Bécherel, les Perséides éditions, p. 313-344.

Chambers Sarah, 2015, Families in War and Peace : Chile from colony to nation, Duke, Duke University Press.

Charrad Mounira, 2011, States and Women’s Rights : the making of postcolonial Tunisia, Algeria and Morocco, Berkeley, University of California Press.

Daiya Kavita, 2008, Violent Belongings : partition, gender, and national culture in postcolonial India, Philadelphia, Temple University Press.

Das Veena, 2007, Life and Words : violence and the descent into the ordinary, Berkeley, University of California Press.

Davies Catherine, Owen Hilary & Claire Brewster, 2006, South American Independence : gender, politics, texts, Liverpool, Liverpool university press.

Davis Muriam Haleh, 2015, « Producing Eurafrica : development, agriculture and race in Algeria, 1958-1965 », thèse de doctorat en histoire, sous la dir. de Fred Cooper, New York University.

Deluermoz Quentin & Pierre Singaravélou, 2016, Pour une histoire des possibles. Analyses contrefactuelles et futurs non advenus, Paris, Le Seuil.

Destremau Blandine & Christine Verschuur (dir.), 2012, « Féminismes décoloniaux, genre et développement », Revue Tiers monde, 209.

Dumitru Speranta, 2014, « Qu’est-ce que le nationalisme méthodologique ? essai de typologie », Raisons politiques, 54/2, p. 9-22.

Falquet Jules, 2019, Imbrication. Femmes, race et classe dans les mouvements sociaux, Paris, Éditions du Croquant.

Falquet Jules & Artemisa Flores Espínola, 2019, « Introduction » du dossier « Épistémologie féministes et décoloniales. Controverses et dialogues transatlantiques », Les cahiers du CEDREF, 23, p. 6-45.

Fanon Frantz, 1961, Les Damnés de la terre, Paris, Maspero.

Feinberg Melissa, 2006, Elusive Equality : gender, citizenship, and the limits of democracy in Czechoslovakia, 1918-1950, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press.

Fontaine Darcie, 2016, Decolonizing Christianity : religion and the end of Empire in France and Algeria, Cambridge, Cambridge University Press.

Getachew Adom, 2019, Worldmaking After Empire : the rise and fall of self-determination, Princeton, Princeton University Press.

Goerg Odile, Martineau Jean-Luc & Didier Nativel (dir.), 2013, Les Indépendances en Afrique. L’événement et ses mémoires, 1957/1960-2010, Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Giomi Fabio, Zerman Ece & Rebecca Rogers (dir.), 2018, « Genre et espace (post-)ottoman », Clio. Femmes, Genre, Histoire, 48.

Guardia Sara Beatriz (ed.), 2010, Las Mujeres en la independencia de America latina, Lima, Centro de estudios en la historia de América latina (CEMHAL).

Guillemot François, 2014, Des Vietnamiennes dans la guerre civile. L’autre moitié de la guerre, 1945-1975, Paris, Les Indes savants.

Harrison Olivia C., 2016, Transcolonial Maghreb : imagining Palestine in the era of decolonization, Stanford, Stanford University Press.

Healy Maureen, 2004, Vienna and the Fall of the Habsburg Empire : total war and everyday life in World War I, Cambridge, Cambridge University Press.

Heckman Alma Rachel, 2020, The Sultan’s Communists : Moroccan Jews and the politics of belonging, Stanford, Stanford University Press.

Joseph-Gabriel Annette, 2020, Reimagining liberation : how Black women transformed citizenship in the French Empire, Champaign, University of Illinois Press.

Kréfa Abir & Sarah Barrières, 2019, « Genre et crises politiques : apports analytiques et possibles empiriques », Ethnologie française, 49, p. 213-227.

Le Foll-Luciani Pierre-Jean, 2015, Les Juifs algériens dans la lutte anticoloniale. Trajectoires dissidentes (1934-1965), Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Levine Philippa, 2010, « Gendering decolonisation », Histoire@Politique. Politique, culture, société, 2/11 [en ligne] https://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=11&rub=autres-articles&item=53.

Lucero Bonnie A., 2018, Revolutionary masculinity and racial inequality: gendering war and politics in Cuba, Albuquerque, University of New Mexico Press.

Lugones María, 2019 [2008] « La colonialité du genre », Les cahiers du CEDREF, 23, p. 46-89 [traduction de Maria Lugones, « The coloniality of gender », Worlds & Knowledges Otherwise, 2, 2008, p. 1-17 et de Maria Lugones, « Colonialidad y género », Tabula Rasa, 9, 2008, p. 73-101].

Mann Gregory, 2015, From Empires to NGOs in the West African Sahel: the road to nongovernmentality, Cambridge, Cambridge University Press.

Matera Marc, 2015, Black London: the imperial metropolis and decolonization in the twentieth century, Berkeley, University of California Press.

McClain Robert, 2014, Gender and Violence in British India: the road to Amritsar, 1914-1919, New York, Palgrave Macmillan.

Menon Ritu & Kamla Basin, 1998, Borders and Boundaries. women in India’s partition, New Brunswick, Rutgers University Press.

Mir Farina, 2015, « Introduction » à la table ronde « The archives of decolonization », The American historical review, 120/3, p. 844-851.

Nicolas Hélène, 2017, « Patriarcat kanak, patriarcat colonial », Mouvements, 91/3 (« Kanaky-Nouvelle Calédonie : Situations décoloniales »), p. 114-121.

Panata Sarah, 2020, « Le Nigeria en mouvement(s) : la place des mouvements féminins et féministes dans les luttes socio-politiques nationales (1944-1994) », thèse de doctorat en histoire, sous la dir. de Anne Hugon, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne.

Plumauzille Clyde & Mathilde Rossigneux-Méheust, 2019, « Le care, une “voix différente” pour l’histoire du genre » (Éditorial), Clio. Femmes, Genre, Histoire, 49, p. 7-22.

Rahal Malika, 2019, « Le carnet de recherche. Un nouvel outil dans l’écriture de l’histoire du temps présent », Le Mouvement social, 269-270/4, p. 133-148.

Schayegh Cyrus & Yoav Di-Capua, 2020, « Why decolonization? » International Journal of Middle East Studies, 52, p. 137-145.

Scioldo-Zürcher Yann, 2010, Devenir métropolitain. Politique d’intégration et parcours de rapatriés d’Algérie en métropole (1954-2005), Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales.

Seferdjeli Ryme, 2004, « French “reforms” and Muslim women’s emancipation during the Algerian War », The Journal of North African Studies, 9/4, p. 19-61.

Shepard Todd, 2006, The Invention of Decolonization: the Algerian war and the remaking of France, Ithaca, Cornell University Press.

Shepard Todd, 2017, Mâle décolonisation. L’« homme arabe » et la France de l’indépendance algérienne à la révolution iranienne, Paris, Payot.

Sherman Daniel, 2011, French Primitivism and the Ends of Empire, Chicago, University of Chicago Press.

Stein Sarah Abrevaya, 2014, Saharan Jews and the Fate of French Algeria, Chicago, University of Chicago Press.

Terretta Meredith, 2013, Petitioning for Our Rights, Fighting for Our Nation: the history of the Democratic Union of Cameroonian Women (1949-1960), Bamenda, Langaa Research and Publishing Common Initiative Group (RPCIG).

Thiesse Anne Marie, 2020 (6 février), « “Faut-il encore écrire l’histoire de l’Europe ?” À propos de : Étienne François et Thomas Serrier (dir.), Europa. Notre Histoire, l’héritage européen depuis Homère, Paris, Les Arènes, 2017 » [Recension], La Vie des idées, 5 pages [https://laviedesidees.fr/Francois-Serrier-Europa-Histoire-heritage-europeen-Homere.html] (consulté le 2 décembre 2020).

Trépied Benoît, 2011, « Des conduites d’eau pour les tribus. Action municipale, colonisation et citoyenneté en Nouvelle-Calédonie », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 58/4, p. 93-120.

Vince Natalya, 2015, Our Fighting Sisters: nation, memory and gender in Algeria, 1954-2012, Manchester, Manchester University Press.

Wilder Gary, 2015, Freedom Time: Negritude, decolonization, and the future of the world, Durham, Duke University Press.

Haut de page

Notes

1 Kréfa & Barrières 2019.

2 Dumitru 2014.

3 Thiesse 2020 : 5.

4 Les américanistes utilisent plus volontiers un I majuscule, probablement parce que l’Indépendance était un mot d’ordre pour les hommes et les femmes des xviiie et xixe siècles américains. Les historien.nes de l’Asie, du Maghreb, du Moyen Orient et de l’Afrique, privilégient la minuscule, car les acteurs historiques pensent plutôt en termes de décolonisation. Nous avons choisi de respecter les usages typographiques de chaque auteur parce qu’ils sont porteurs de sens.

5 Burbank & Cooper 2011.

6 Nous remercions le Centre de l’Université de Chicago à Paris qui a soutenu le colloque international éponyme, organisé en 2019 avec Leora Auslander, Tara Zahra et Michelle Zancarini-Fournel.

7 Goerg, Martineau & Nativel 2013 : 11.

8 Joseph-Gabriel 2020 recensé par P. Barthélémy dans ce numéro (« Clio a lu »).

9 Chambers 2013 pour l’Amérique latine.

10 Catherine Davies a impulsé la création d’une base de données numériques très riche pour l’Amérique latine à partir des années 2000, appelée Genderlatam https://www.nottingham.ac.uk/genderlatam/ et a fédéré des projets collectifs de publication depuis les études littéraires : Davies, Howen & Brewster 2006.

11 Chambers 2015 ; Lucero 2018 sur Cuba et Vince 2015 pour l’Algérie, recensés dans ce numéro (« Clio a lu »).

12 Pour une introduction en français consulter Falquet 2019 ainsi que Falquet & Espínola 2019, numéro 23 des Cahiers du CEDREF qui contient l’article séminal de Lugones 2019 [2008] ; Destremau & Verschuur 2012 ; Nicolas 2017.

13 Par exemple, les travaux de Shepard 2006 ; Scioldo-Zürcher 2010 ; Sherman 2011 ; Trépied 2011 ; Bailkin 2012 ; Blum 2014 ; Stein 2014 ; Davis 2015 ; Le Foll-Luciani 2015 ; Mann 2015 ; Matera 2015 ; Wilder 2015 ; Buettner 2016 ; Byrne 2016 ; Fontaine 2016 ; Harrison 2016 ; Getachew 2019 ; Heckman 2020.

14 Entre autres, Terretta 2013 ; Bouilly & Rillon 2016 ; Barthélémy 2019 ; Panata 2020.

15 Parmi d’autres, Seferdjeli 2004 ; Branche 2008 ; Charrad 2011 ; Vince 2015 ; Shepard 2017.

16 Par exemple, Menon & Basin 1998 ; Das 2007 ; Daiya 2008 ; Guillemot 2014 ; McClain 2014.

17 Levine 2010. Ces recherches sur le genre de la décolonisation se font en même temps que celles sur le genre de la colonisation. Voir aussi le numéro « Colonisations » de Clio. Femmes, Genre, Histoire, 33 (2011).

18 Guardia 2010.

19 Giomi, Zerman & Rogers 2018.

20 Healy 2004 ; Feinberg 2006.

21 Schayegh & Di-Capua 2020.

22 Chambers 2013.

23 Plumauzille & Rossigneux-Méheust 2019.

24 Chambers 2013 : 300.

25 Chambers 2013 : 305.

26 Sur les enjeux archivistiques de l’historiographie des décolonisations, voir Mir 2015. Voir aussi Malika Rahal sur la création de son carnet de recherche, Textures du temps, sur l’Algérie après l’Indépendance : Rahal 2019. https://texturesdutemps.hypotheses.org/author/texturesdutemps (consulté le 15 décembre 2020)

27 Bensa & Richard 2010.

28 Voir les comptes rendus du numéro dans la rubrique « Clio a lu ».

29 Kréfa & Barrières 2019 : 217.

30 Deluermoz & Singaravélou 2016.

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Capucine Boidin et Naomi Davidson, « Le genre de la geste indépendantiste »Clio, 53 | 2021, 7-22.

Référence électronique

Capucine Boidin et Naomi Davidson, « Le genre de la geste indépendantiste »Clio [En ligne], 53 | 2021, mis en ligne le 01 juillet 2021, consulté le 06 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/19465 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.19465

Haut de page

Auteurs

Capucine Boidin

Capucine Boidin est professeure d’anthropologie à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL) à la Sorbonne Nouvelle et enseigne le guarani à l’INALCO (Langues’O). Depuis mai 2019 elle est directrice de l’IHEAL. Ses travaux portent sur le métissage, la guerre et le genre au Paraguay et en Amérique latine, les théories critiques latino-américaines postcoloniales et décoloniales, ainsi que sur l’histoire sémantique des concepts politiques en guarani et dans d’autres langues amérindiennes sur la longue durée et en particulier au moment des indépendances. Elle a coordonné entre autre les dossiers « Amériques métisses », Clio, Histoire, Femmes et Sociétés, 27, 2008 [https://clio.revues.org/7273] ; « Le tournant décolonial et la philosophie de la libération » dans la revue Cahiers des Amériques latines, 62, 2010 et prépare un livre intitulé Des mots dans l’histoire, essai d’anthropologie politique guarani (xixe-xvie siècle et xvie-xixe siècle) accepté aux Presses de l’INALCO. capucine.boidin[at]sorbonne-nouvelle.fr

Articles du même auteur

Naomi Davidson

Naomi Davidson est Senior Visiting Lecturer en histoire à l’Université de Chicago-Centre à Paris après avoir été Associate Professor à l’Université d’Ottawa. Ses travaux portent sur la migration, les distinctions genrées et religieuses entre la France et le Maghreb aux xixe et xxe siècles, et le temps de la décolonisation. Elle a publié, entre autres, Only Muslim: Embodying Islam in Twentieth-Century France (Cornell University Press, 2012). Elle travaille sur les communautés juives et musulmanes d’Algérie après l’indépendance. Naomi[at]uchicago.edu

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Haut de page
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search