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Clio a lu

Olivier BLANC, Marie-Olympe de Gouges. Une humaniste à la fin du xviiie siècle, Cahors, Éditions René Viénet, 2003, 272 p.

Isabelle Brouard-Arends
p. 303-304

Texte intégral

1L’ouvrage comprend une annexe qui présente un document inédit relatif à la fête du 23 mai 1792, en l’honneur du maire d’Étampes, rédigé par Olympe de Gouges et communiqué aux acteurs et actrices de la Comédie française afin d’ordonner le cortège des femmes. Il propose un panorama très complet des éditions des œuvres de madame de Gouges, à laquelle succède une bibliographie critique sur cette auteure ainsi que la liste de ses œuvres présentées par ordre chronologique, avec des commentaires, un index des noms cités, et pour finir, une présentation iconographique. L’ensemble constitue un travail de qualité qui complète le premier ouvrage d’Olivier Blanc sur Olympe de Gouges publié en 1981 chez Syros et réédité en 1989. C’est une synthèse des écrits sur Olympe de Gouges qui a le mérite d’intégrer les plus récentes documentations et analyses sur cette femme et son œuvre.

2Une femme dont l’œuvre aujourd’hui encore mal ou méconnue, en partie ignorée par la critique littéraire à cause d’une écriture jugée incorrecte et souvent mésestimée par l’historiographie actuelle encore soumise à une interprétation dépréciative sur les qualités et les actes de cette femme au destin remarquable. Une histoire de la réception de ses œuvres serait à faire en parallèle avec une étude de l’historiographie la concernant. Elles révèleraient l’une et l’autre la part des préjugés et des affirmations erronées sur Olympe de Gouges, née Manon Philipon et morte guillotinée le 3 novembre 1793, à Paris, quelque jours avant Madame Roland. Force est de constater l’écart dans les jugements portés sur ces deux femmes engagées dans le combat révolutionnaire. C’est en effet à Madame Roland que reviennent les palmes de l’honneur, de la vertu, du courage. Or Olivier Blanc entend, à travers ce livre, mener une entreprise de réhabilitation Olympe de Gouges. Dès l’introduction du livre, il dit clairement son souhait de l’extraire de la marginalisation dont elle a été fait l’objet, tout en critiquant la manière, à ses yeux trop restrictive, de la définir comme une féministe avant l’heure. L’auteur insiste sur la grande amplitude des préoccupations de cette femme que l’on peut définir avant tout comme une humaniste, condamnant les violences (d’où son refus de la condamnation à mort de Louis XVI), révoltée face à toutes les formes d’abus de droit et prompte à défendre les minorités raciales et sexuelles, pour reprendre une terminologie contemporaine.

3L’ouvrage d’Olivier Blanc se distribue en dix chapitres, l’enfance occitane, les années galantes, les comédiens du roi, l’esclavage des noirs, l’auteur patriote, la vestale de la République, la tête du roi, les trois urnes, le couperet et le dernier chapitre consacré à son fils Pierre Aubry qui analyse l’ambiguïté de la relation qu’il eut avec sa mère, surtout après sa mort. Ces dix chapitres égrènent une vie de femme marquée très vite par un comportement hors normes qui échappe aux horizons les plus communs : refus de la vie domestique après le décès précoce de son époux, départ vers Paris où Olympe mène une vie mondaine, engagement dans des combats civiques et politiques étroitement mêlés à une écriture militante. Elle cultive les paradoxes, revendiquant sa bâtardise alors que pour beaucoup de ses contemporains, c’est une tare qu’il faut cacher. Elle fait confiance à ses talents naturels ignorant que son manque de culture lettrée ne lui permet pas d’être considérée comme un auteur de talents. Portée jusqu’à ses derniers jours, par son idéal révolutionnaire, elle pense pouvoir échapper à la condamnation, étant persuadée que son honnêteté sera reconnue. L’analyse fort convaincante d’ Olivier Blanc s’appuie sur de nombreux documents, archives, articles de presse, fait référence à de nombreuses études historiques et littéraires avec le souci permanent d’expliquer le comportement, les choix de celle qui a été l’objet de son intérêt depuis de longues années.

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Pour citer cet article

Référence papier

Isabelle Brouard-Arends, « Olivier BLANC, Marie-Olympe de Gouges. Une humaniste à la fin du xviiie siècle, Cahors, Éditions René Viénet, 2003, 272 p. »Clio, 22 | 2005, 303-304.

Référence électronique

Isabelle Brouard-Arends, « Olivier BLANC, Marie-Olympe de Gouges. Une humaniste à la fin du xviiie siècle, Cahors, Éditions René Viénet, 2003, 272 p. »Clio [En ligne], 22 | 2005, mis en ligne le 09 novembre 2006, consulté le 05 octobre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/1830 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.1830

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Auteur

Isabelle Brouard-Arends

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