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Catalina de los Santos et son navire, femme libre de couleur dans la Caraïbe hispanophone (Santo Domingo, 1593)

Catalina de los Santos, free woman of color and shipowner (Santo Domingo, 1593)
David Wheat
p. 139-153

Abstracts

The essay explores a notarial record authorized by a woman named Catalina de los Santos in Garachico (Tenerife) in 1593. She identifies herself as a mulata, a widow, a vecina (long-term resident, head of household, property-owner) of Santo Domingo on the island of Española, and the owner [señora] of the ship on which she was traveling. She had been in Seville, where she dealt with various merchants and purchased a blank travel license. During her return voyage, she stopped off in Garachico and stayed in the house of a merchant who also provided accommodation for her “servants and slaves.” She signs her name at the end. Although they distinguish her from the vast majority of Africans and people of African descent in the region during the late sixteenth century, Catalina de los Santos’s social status and commercial activities oblige us to envision a broad range of possibilities for women of African descent in Spanish Caribbean seaports.

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Editor’s notes

Document d’archives traduit par Clara Palmiste et révisé par Jean-Pierre Dedieu

Full text

Je remercie Carlos Rodríguez Morales des Archives historiques provinciales de Santa Cruz de Tenerife pour ses précieux conseils, Rocío Delibes Mateos qui m’a permis de présenter une ébauche au département d’histoire des Amériques de l’université de Séville, et Javier Luis Álvarez Santos, Manuel Fernández Chaves, Lorenzo Santana Rodríguez, ainsi que les experts anonymes de Clio pour leurs suggestions utiles.

  • 2 Archivo Histórico Provincial de Santa Cruz de Tenerife (La Laguna, Espagne) [AHPSCT-PN 2077], Pro (...)

[Feuille 104v] Sachent tous ceux qui verraient cette lettre, comment moi, Catalina de los Santos, de couleur mulâtresse, veuve du défunt Pedro de la Roca, vecina de l’île espagnole de Saint Domingue dans les Indes de Sa Majesté et propriétaire que je suis de la nao nommée Notre Dame de la Conception présentement à l’ancre dans le port de Garachico, en voyage vers lesdites Indes, octroie et je reconnais par la présente lettre donner pouvoir dans toute l’étendue que le droit exige à Miguel Fadrique, marchand portugais résident de la ville de Séville à la rue de la Sierpe, pour qu’en mes lieu et place et en mon nom il puisse percevoir et recouvrer tous les maravédis et biens que quiconque me devrait en n’importe quelle manière. Je déclare aussi que Manuel del Rio vecino de cette ville de Séville m’a vendu une cédule de Sa Majesté portant dispense en faveur de l’impétrant, dont le nom est laissé en blanc, pour envoyer un navire aux Indes sans pilote ni maître approuvé, et sans artillerie, cédule que ce dernier m’a vendue au prix de 120 ducats, somme à lui verser par Pedro de la Helguera, marchand vecino de la ville de Séville, en acompte du montant de la avería qu’il me devait pour les marchandises qu’il a chargées dans ma nao. Je donne pouvoir en même manière audit Miguel Fadrique pour qu’il puisse recevoir ladite cédule et une fois reçue et recouvrée, qu’il puisse transférer et vendre les droits qu’elle procure à la personne [feuille 105r] ou aux personnes de son choix et au prix qu’il souhaite […] [Feuille 105v] […] Des maravédis que Miguel Fadrique recevra en mon nom et recouvrera de ladite cédule et du prix qu’il la vendra […] il est ma volonté que les reçoive et touche Simon Lopes marchand vecino de Garachico, et qu’il les reçoive et touche pour lui-même et comme son bien propre, et qu’une fois perçus il puisse en donner reçu et quitus, de même validité que si je les avais moi-même donnés et octroyés […] parce qu’il m’a hébergée chez lui, en compagnie de mes domestiques et esclaves et qu’il a dépensé pour nous plus que vaut ladite somme […] [folio 106r] […] En garantie de quoi j’oblige ma personne et mes biens présents et futurs. Acte dressé à Garachico sur l’île de Tenerife, en la maison ou réside ledit Simon Lopes, le 29 mai 1593. Signé de son nom sur le registre de l’acte par la partie constituante, que moi notaire je confirme connaître. Témoins présents à ce qui précède : Bartolome Alvares, tonnelier et Francisco Perez cordonnier et Francisco Rodrigues fils d’Antonio Lopez tondeur, vecinos de cette ville. Catalina de los Santos2

1Le document retranscrit ci-dessus donne un aperçu de la vie d’une femme d’ascendance africaine, libre, dont la participation à la Société des Indes occidentales espagnoles dépassait largement celle des secteurs non réservés à l’élite. Dans cette procuration enregistrée par un notaire public le 29 mai 1593 à Garachico, l’un des ports les plus importants des îles Canaries, Catalina de los Santos se décrit comme une vecina de Santo Domingo, ce qui indique qu’elle était domiciliée à Santo Domingo, sur l’île d’Hispaniola où elle était propriétaire et résidente permanente ou chef de famille. Catalina de los Santos a en outre indiqué qu’elle était « mulâtresse » et veuve d’un dénommé Pedro de la Roça. Ayant voyagé à Séville, pour des raisons et une durée qui ne sont pas précisées ici, elle a eu affaire à au moins trois commerçants qui y résidaient, dont un Portugais. Au moment de la rédaction de ce document, à Garachico, Catalina de los Santos rentrait aux « Indes » avec ses « domestiques et esclaves » sur le navire Notre Dame de la Conception dont elle était propriétaire.

  • 3 Wheat 2016.

2Au cours de la seconde moitié du xvie siècle, alors que les industries extractives telles que l’exploitation minière et la culture du sucre déclinaient, les Africains et les personnes d’ascendance africaine ont remplacé les populations amérindiennes qui constituaient autrefois une grande part des travailleurs forcés de la région et dont les effectifs avaient considérablement diminué. En outre, ils ont progressivement rempli des rôles sociaux, économiques et démographiques dans les Caraïbes auparavant largement assumés en Espagne et au Portugal, par des citadins et des travailleurs agricoles ibériques libres3.

  • 4 Maya Restrepo 2005 ; Garofalo 2012 ; Lowe 2013 ; McKinley 2016 ; Ireton 2017 ; Santana Pérez 2018

3Bien qu’ils la distinguent de la grande majorité des populations africaines ou d’ascendance africaine qui résidaient dans les Indes occidentales espagnoles, le statut social et la condition économique de Catalina de los Santos, ses voyages transatlantiques et ses activités commerciales, à Séville et à Garachico, concordent avec les études récentes menées sur la mobilité et la capacité d’agir des personnes de couleur, libres ou esclaves, dans le sud de l’Europe et dans d’autres régions de la péninsule Ibérique aux xvie et xviie siècles4. Ces populations noires d’origine africaine interagissent dans des sphères qui sortent du cadre de l’esclavage dans les plantations, pour des domaines traditionnellement considérés comme « blancs » ou « européens ».

  • 5 Parma Cook 2012 : 42.
  • 6 Fink de Backer 2010 : 114 ; Poska 2005 : 163-192.

4La demande de procuration de Catalina de los Santos et son autorité comme propriétaire d’un navire et d’esclaves et comme employeur de domestiques sont corroborées par de nombreux travaux sur l’histoire des femmes en Espagne et au Portugal au début de l’époque moderne. Habituellement, les épouses ou les filles qui souhaitaient effectuer une transaction juridiquement contraignante devaient fournir aux notaires la preuve qu’elles avaient reçu l’autorisation expresse de leur mari, de leur père ou de leur fils (généralement un poder ou une procuration donnée par le chef de famille de sexe masculin, et éventuellement une déclaration de ce dernier s’il était présent). Ce type de situation apparaît très fréquemment dans les actes notariés établis dans les communautés ibériques, comme dans le quartier de Triana à Séville, où les marins laissaient souvent « leur femme et parfois leur mère ou leur sœur agir en leur absence »5. Les veuves étaient la principale exception à cette règle. Bien que beaucoup puissent finir par se remarier (et même celles qui ne le faisaient pas pouvaient faire appel à des figures d’autorité patriarcale lorsque cela était nécessaire ou pour des raisons pratiques), les femmes devenues veuves au début de l’époque moderne dans la péninsule Ibérique avaient « acquis un pouvoir officiel sur elles-mêmes, sur leurs biens et sur les personnes à leur charge »6. Il est clair que cette observation s’applique à Catalina de los Santos, qui a donné procuration et signé le document susmentionné en son propre nom.

  • 7 Abreu-Ferreira 2000.
  • 8 Parma Cook 2012 : 53-55.
  • 9 Wheat 2016 : 151, 259-260.

5On peut également comparer l’expérience de Catalina de los Santos à celle d’autres propriétaires de navires de sexe féminin dans les ports de la péninsule Ibérique et des Indes occidentales espagnoles à la même époque. Plusieurs femmes, dont des veuves, étaient propriétaires ou copropriétaires d’environ un quart des navires immatriculés à Aveiro, au Portugal, en 15527. De même, les contrats notariés enregistrés à Triana (Séville) entre la fin du xvie et le début du xviie siècle font parfois référence à des femmes propriétaires ou copropriétaires de navires, dont des navires négriers8. Dans les années 1580, à La Havane (Cuba), une mulâtresse libre nommée Elena de Arteaga possédait, avec son mari, un petit bateau de pêche, deux esclaves africaines ainsi que d’autres biens. Dans les années 1630, à Carthagène des Indes, une riche veuve du nom de doña Mariana de Armas Clavijo possédait un grand navire qui était habituellement manœuvré par un pilote espagnol et 11 esclaves africains, marins ou lamaneurs qui lui appartenaient également9. Bien que je n’aie pas encore connaissance d’autres documents datant du xvie siècle dans lesquels une femme d’ascendance africaine ait traversé l’océan Atlantique à bord de son propre navire, le voyage de Catalina de los Santos de Séville vers l’Amérique en passant par Garachico est tout à fait cohérent avec les autres exemples ibériques de femmes possédant un navire et de veuves gérant leurs affaires sous leurs noms et leurs responsabilités propres.

  • 10 Archivo General de Indias [AGI], Patronato 80, n.6, r.4 ; Fernández Chaves & Pérez García 2011 : (...)
  • 11 Wheat 2016 : 142-180 ; Altman 2013 ; Stark 2008.

6L’acte notarié retranscrit ci-dessus étant la seule preuve connue à ce jour de l’existence de Catalina de los Santos, un certain nombre de questions persistent. Nous ne savons pas si elle avait été autrefois esclave, si elle avait vécu ailleurs qu’en Espagne, ni depuis combien de temps elle était considérée comme une résidente de Santo Domingo. Par ailleurs, nous n’avons actuellement aucune information sur sa situation familiale ou sociale avant son passage à Garachico, mais le nom de son mari, Pedro de la Roça, est un indice significatif. Le nom de famille « de la Rosa » existe depuis longtemps dans les Caraïbes ; depuis l’arrivée de l’influent marchand Diego Caballero de la Rosa en 1516, voire même plus tôt10. La procuration que Catalina de los Santos a fait établir à Garachico ne donne aucune description de son mari ; celui-ci était peut-être un homme libre de couleur, mais il pouvait tout aussi bien être d’origine européenne. Au début de l’époque des Indes occidentales espagnoles, il n’était pas rare que des femmes libres d’ascendance africaine se marient et fondent une famille avec des Ibères ou des Hispano-Américains, phénomène qui peut être considéré comme un prolongement des coutumes qui s’étaient développées dans les régions d’Afrique occidentale côtière et luso-africaines comme le Cap-Vert et São Tomé-et-Príncipe11. Peut-être vivaient-ils ensemble à Santo Domingo avant la mort de Pedro de la Roça et Catalina de los Santos a-t-elle hérité du navire et de ses autres biens, ainsi que des esclaves et domestiques. Ou, peut-être est-il mort à Séville et elle s’y serait rendue pour réclamer la propriété du navire ou pour recouvrer des dettes et ensuite acheter le navire, à Séville ou Tenerife. Nous ne pouvons pas non plus exclure la possibilité qu’elle fût déjà propriétaire ou copropriétaire du navire et d’autres biens avant la mort de Pedro de la Roça.

  • 12 Rodríguez Demorizi 1945 : 376-443.
  • 13 Ibid. : 399.

7Autre grande question en suspens ; celle de savoir si Catalina de los Santos a réussi à concrétiser son projet de naviguer de Tenerife vers l’Amérique. Un recensement effectué en 1606 dénombre plus de 1 100 chefs de famille à Santo Domingo et dans d’autres villes de l’île d’Hispaniola. Cependant, bien que plusieurs habitants de Santo Domingo aient porté les noms de « de los Santos » ou « de la Roca », le nom de Catalina n’y figure pas12. Au cours des treize années qui ont suivi, si Catalina de los Santos a réussi à retourner à Hispaniola, soit elle a déménagé ailleurs, soit elle est morte, soit elle s’est remariée (auquel cas, c’est le nom de son nouveau mari qui figurerait dans la liste de recensement et non le sien). Il est intéressant de noter que parmi les quarante-neuf chefs de famille recensés en 1606 explicitement répertoriés comme des gens de couleur libres, il y a une certaine « Ana de la Roca », décrite comme une « mulâtresse libre » qui « avait une famille »13. Était-elle la fille de Pedro de la Roça et de Catalina de los Santos ? L’absence d’informations sur son âge et sa généalogie ne permet pas d’établir un lien concluant.

8Bien que la procuration que Catalina de los Santos a fait établir en 1593 ne révèle pas grand-chose sur sa famille ou ses associés à Santo Domingo, à part le nom de son défunt mari, elle indique ses interactions avec les marchands de Séville et de Garachico. Avant de quitter Séville, elle avait acquis une cédule royale autorisant son titulaire, dont le nom a été laissé en blanc, à « envoyer un navire aux Indes » sans artillerie et sans obligation d’engager un pilote ou un capitaine agréé par la Casa de Contratación de Séville. Catalina de los Santos avait acheté cette cédule à Manuel del Rio « vecino de Séville » pour 120 ducats : une somme importante, mais néanmoins une bonne affaire étant donné tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer de ce permis illimité. C’est manifestement un autre marchand et résident de Séville, Pedro de la Helguera, qui a payé Manuel del Rio en son nom. Comme l’explique Catalina de los Santos dans sa lettre, ce paiement a été effectué en dédommagement des taxes pour le chargement et le transport des marchandises de Pedro de la Helguera (dont nous n’avons pas les détails) sur son navire. Dans sa procuration, elle donne à un troisième résident de Séville, Miguel Fadrique, un marchand portugais domicilié rue Sierpes, l’autorisation de revendre le permis de voyage vierge (il n’est pas précisé où se trouve le document). Ce dernier devait ensuite recouvrer les autres sommes qui lui étaient dues et les verser à Simón Lopes, un quatrième marchand domicilié à Garachico qui avait hébergé Catalina de los Santos ainsi que ses domestiques et esclaves, à Tenerife.

  • 14 Veitia Linage 1672.
  • 15 Voir Lobo Cabrera 1989 ; Rodríguez Lorenzo 1999 ; Navarrete Peláez 2007 ; Eagle 2014.
  • 16 Vidal Ortega 2006 ; Cañón García 2018.

9Le permis de voyage de Catalina de los Santos était conforme aux politiques royales de réglementation des voyages maritimes et du commerce international, mais supposait que son titulaire pouvait les contourner14. Il est tentant de remettre en question l’authenticité de ce permis de voyage vierge. Les décrets royaux donnent un aperçu très limité des réalités du commerce et des déplacements transatlantiques à la fin du xvie siècle, mais notre connaissance des différentes fraudes qui se pratiquaient à l’époque (falsification de permis, usurpation d’identité, commerce côtier sans permis, naufrages volontaires, fausses alertes en mer, corruption de fonctionnaires royaux, escales clandestines, etc.) ne peut qu’appuyer une telle interprétation15. Malgré la menace de sanctions sévères à l’encontre de ceux qui enfreignaient les directives royales, ces pratiques frauduleuses étaient si répandues qu’elles pouvaient être considérées, à juste titre, comme des caractéristiques structurelles, et non des anomalies d’un système strictement contrôlé par ailleurs16.

  • 17 De Dios 1993 : 342-347, 352-360.

10Mais le système présentait en même temps une grande souplesse. Les monarques espagnols se réservaient généralement le droit d’accorder à certains des privilèges (mercedes, gracias, dispensas, etc.). Ceux qui recevaient ces faveurs royales pouvaient les utiliser ou, comme c’était souvent le cas, les revendre17. Il existait, parmi ces innombrables autorisations et privilèges, des licences permettant à leurs bénéficiaires de se soustraire à une loi ou à un ensemble de lois spécifiques ; c’est précisément le type de licence que Catalina de los Santos décrit dans sa lettre. En d’autres termes, bien que nous ne sachions pas à qui il était initialement destiné, son permis de voyage était vraisemblablement authentique.

  • 18 AHPSCT-PN 2074, fols. 318r-318v ; AHPSCT-PN 2076, fols. 452r, 454r-454v ; AHPSCT-PN 2077, fols. 4 (...)

11Il était certainement considéré comme tel à Garachico. Le siège de la Casa de Contratación se trouvait à Séville, mais il y avait aussi des bureaux à Cadix et dans les Canaries. À la fin des années 1580 et au début des années 1590, le licenciado Pedro de Liaño était le magistrat de Tenerife chargé d’inspecter les navires à destination de l’Amérique, de vérifier leurs papiers d’immatriculation ainsi que les membres de l’équipage et les passagers, et de leur donner l’autorisation de voyager. C’était un éminent regidor de Santa Cruz de La Palma, où vivait sa famille et où il possédait des propriétés. En tant que juge responsable de la surveillance du commerce transatlantique et de l’application des réglementations commerciales (juez del juzgado y contratación de las Indias), il a été amené à se rendre plusieurs fois à Garachico et à La Laguna entre 1589 et 1593. Pedro de Liaño louait une maison à Garachico en avril 159318, quelques semaines avant que Catalina de los Santos ne donne procuration à Miguel Fadrique. Ainsi, les fonctionnaires de la Casa de Contratación étaient visiblement en service à Garachico à la période où Catalina de los Santos s’y trouvait. Rien n’indique que le notaire Pedro de Urbina ait relevé une quelconque irrégularité concernant sa présence à Garachico, le fait qu’elle était propriétaire du navire Notre Dame de la Conception, qu’elle possédait une licence vierge autorisant son titulaire à naviguer en Amérique sans être obligée de respecter les exigences imposées par la Casa de Contratación, et les instructions de revente de cette licence qu’elle avait données à un marchand portugais se trouvant à Séville.

  • 19 AGI-Contratación 733, n.12.
  • 20 Fernández Castro 2015 : 436.
  • 21 AGI-Indiferente 541, L.1, P_Rico, fols. 72v-74r.
  • 22 AGI-Contratación 736B, n.31 ; AGI-Indiferente 1952, L.3, fols. 238v-239r, 258v.

12Autre fait laissant penser que la licence de voyage de Catalina de los Santos est authentique : ses associés de Séville avaient tout intérêt d’éviter d’aller à l’encontre de la Casa de Contratación. Manuel del Rio, qui a vendu la licence de voyage à Catalina de los Santos, s’était présenté devant les autorités de la Casa en 1592 en tant que plaideur dans le but de récupérer la valeur des marchandises qu’il avait remises à un résident de Santo Domingo19. En février 1593, le marchand portugais Miguel Fadrique a obtenu la permission de la Casa de Contratación d’exercer en son nom des activités commerciales dans les « Indes ». Sa licence a été ratifiée par le Consejo de Indias cette même année20. Pedro de la Helguera, qui a payé le permis de voyage de Catalina de los Santos et organisé le chargement des marchandises sur son navire, avait passé un contrat avec des fonctionnaires de la Couronne en 1589 dans lequel il s’engageait à mettre un navire à leur disposition pour le transport de leurs soldats à Carthagène des Indes21. La même année, il a investi dans une expédition négrière, de Sanlucar de Barrameda à Angola et à Carthagène. En 1592, confronté à une perte de crédit, il ne put honorer ses dettes et demanda un titre de noblesse afin d’éviter la prison22. À l’époque où Catalina de los Santos les a mentionnés dans sa lettre, ces trois hommes avaient été impliqués dans des échanges commerciaux transatlantiques ou des litiges, à Séville. Cela les a amenés à solliciter l’approbation ou la médiation de la Casa de Contratación, en passant parfois un contrat avec la Couronne ou en se conformant aux ordonnances royales. Certes, toute personne impliquée dans des activités commerciales légales n’est pas pour autant irréprochable, mais ces marchands ont manifestement fait des efforts considérables pour promouvoir leurs intérêts commerciaux en respectant les cadres administratifs et juridiques mandatés ou appuyés par la politique royale.

  • 23 Chaunu & Chaunu 1955-1959, III : 468-475, 488-499, 504-517.

13Si Catalina de los Santos envisageait de revendre la licence de voyage vierge sans l’avoir utilisée, c’est que son voyage pour l’Amérique était probablement enregistré à la Casa de la Contratación. Les documents analysés par Huguette et Pierre Chaunu fournissent des détails sur environ 300 voyages autorisés à partir de de Séville, Cadix ou des îles Canaries en direction de l’Amérique entre 1591 et 159323.

  • 24 AGI-Contaduría 1385, n.2, fol. 49v ; AGI-Contaduría 1384, n.3, r.5, fols. 54r-55v ; AGI-Escribaní (...)

14Plus d’une vingtaine portaient le nom de La Conception ou de Notre Dame de la Conception – parmi eux, au moins quatre voyages au départ des Canaries – mais aucun ne peut être identifié avec certitude comme étant le navire de Catalina de los Santos. Les agents de la Casa de la Contratación de Séville ne précisaient pas systématiquement le nom des navires ou de leurs propriétaires, en particulier ceux au départ des Canaries. D’autres sources confirment que les quatre vaisseaux nommés La Conception étaient sortis des Canaries en 1591-1593 étaient des navires négriers à destination de Carthagène des Indes. Cependant, rien n’indique que Catalina de los Santos ait pris part à ce commerce24.

  • 25 AHPSCT-PN 2076, fols. 141r-142r, 267v-268v, 591r-593v (propriétaire Juan Bautista de Maya) ; 225v (...)
  • 26 AHPSCT-PN 2076, fols. 339v-340r, 451r-452r.

15D’autres navires portant le nom de Notre Dame de la Conception ont fait surface dans des documents notariés enregistrés à Garachico au début des années 1590, mais aucun ne mentionne Catalina de los Santos comme propriétaire ou copropriétaire25. Malheureusement, dans sa procuration, elle ne mentionne pas les noms des membres de l’équipage ou des passagers à bord de son navire, ni sa date d’arrivée à Garachico et sa date de départ. Je n’ai pas non plus trouvé de preuve qu’elle ait payé des marins, embauché des employés, vendu ou acheté des esclaves, acheté des ravitaillements, ou autorisé toute autre transaction pendant son séjour à Garachico. Mais les actes notariés de Garachico fournissent des informations supplémentaires sur Simón Lopes, le marchand qui a accueilli Catalina de los Santos chez lui, à Tenerife, et à qui Miguel Fadrique devait remettre les sommes issues de la vente de la licence de voyage. En plus de Catalina de los Santos, Simón Lopes avait d’autres contacts à Séville, ville dans laquelle il se rendait et acceptait de recouvrer les sommes dues à d’autres résidents de Garachico. Il a également servi d’intermédiaire à d’autres résidents de Tenerife en réceptionnant et transférant les sommes issues de l’expédition de marchandises à Porto Rico, ou en les aidant à récupérer la valeur des biens appartenant à des parents morts à Santiago du Cap-Vert26.

  • 27 Wheat 2016 : 156, 175-177.

16En résumé, cette procuration enregistrée à Garachico en 1593 donne un excellent aperçu de la vie d’une femme se décrivant comme une mulâtresse, une veuve, une résidente de Santo Domingo et la propriétaire d’un navire sur la route de l’Amérique. Catalina de los Santos avait des esclaves et des domestiques. Elle côtoyait des marchands espagnols et portugais à Séville et à Garachico dont les intérêts financiers étaient totalement transatlantiques. À ce jour, nous ne savons pratiquement rien de ses origines, ni de sa vie avant et pendant son mariage avec Pedro de la Roça. Dans ce document, elle ne se définit à aucun moment comme libre ou affranchie (compte tenu de son statut et de ses relations, de tels qualificatifs étaient probablement inutiles), mais il est possible que ses parents aient été esclaves, et qu’elle l’ait également été à un moment donné27. Les informations biographiques partielles que fournit Catalina de los Santos semblent insolites en comparaison avec ce que vivaient la plupart des Africains déplacés et des personnes d’ascendance africaine vivant les premiers temps des Indes occidentales espagnoles. Pourtant, à d’autres égards, elle n’était pas particulièrement exceptionnelle. Les interactions sociales et financières entre les femmes libres d’ascendance africaine et les hommes ibériques n’étaient pas inhabituelles dans les Caraïbes (bien qu’il s’agisse généralement de soldats, de marins, etc., plutôt que de marchands ou d’autres élites). Par ailleurs, nous avons de nombreux autres exemples d’armatrices dans la péninsule Ibérique (bien que relativement peu d’entre elles aient été des femmes de couleur libres). Sa couleur de peau ne semble pas l’avoir empêchée de jouir des mêmes droits que ceux généralement accordés aux veuves ibériques libres.

  • 28 Rocha 2019 ; Van Deusen 2017.
  • 29 Chaunu & Chaunu 1955-1959. Le cadre de la base de la source et du schéma « aller / retour » d’Hug (...)
  • 30 Les récentes études d’Álvarez Santos 2012 ; Eagle 2014 ; Schultz 2017 ; Fernández Chaves 2018.
  • 31 Lobo Cabrera 1989 ; Pérez Mallaina 1993 ; Rodríguez Lorenzo 1999 ; Rodríguez Yanes 2005 ; Altman (...)

17Ce document met en évidence l’existence d’un monde atlantique au xvie siècle, plus complexe et plus varié qu’on ne l’imagine souvent. La présence de Catalina de los Santos à Séville et à Tenerife vient compléter les travaux récents portant sur d’autres traversées transatlantiques de la région des Caraïbes aux Açores et à Tenerife, et représente une dynamique ouest-est qui va à l’encontre des représentations classiques d’une “expansion” européenne unidirectionnelle28. L’itinéraire qu’elle avait prévu, un aller-retour entre l’Amérique et Séville en passant par Garachico, contraste également avec les représentations archaïques d’un empire espagnol central dont les ports et les voies maritimes sont classés principalement selon leur fonction ou selon la distance qui les sépare de Séville29. Ses liens étroits avec un marchand portugais de Séville et avec un résident de Garachico, dont les activités commerciales s’étendaient jusqu’à Porto Rico et aux îles du Cap-Vert, peuvent être considérés à la lumière des recherches de plus en plus nombreuses sur les relations transnationales dans le monde ibérique du début de l’époque moderne qui ne peuvent se réduire à une division entre partie « espagnole » et partie « portugaise »30. La prise en compte des petits navires, des routes alternatives, des débarquements d’urgence, du commerce régional et des activités quotidiennes au xvie siècle dans des lieux comme Santo Domingo et Garachico révèle l’existence et l’importance de divers acteurs historiques qui méritent une attention particulière, sans doute parmi eux Catalina de los Santos31. Son histoire nous invite à imaginer les débuts des empires ibériques avec plus de nuances, en considérant que les femmes caribéennes libres d’ascendance africaine pouvaient traverser l’Atlantique en étant maîtres de leurs propres navires. Cela nous oblige à envisager les ports maritimes des Caraïbes et des îles Canaries comme des espaces dynamiques, moteurs et polyvalents reliés à Séville, mais aussi entre eux, aux colonies luso-atlantiques et aux autres communautés commerciales qui n’ont jamais (ou seulement de façon partielle) été soumises à l’autorité de la Couronne espagnole.

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Bibliography

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Notes

2 Archivo Histórico Provincial de Santa Cruz de Tenerife (La Laguna, Espagne) [AHPSCT-PN 2077], Protocolo Notarial 2077, Escribano Pedro de Urbina, Garachico, 1593-1594, fols. 104v-106r.

3 Wheat 2016.

4 Maya Restrepo 2005 ; Garofalo 2012 ; Lowe 2013 ; McKinley 2016 ; Ireton 2017 ; Santana Pérez 2018.

5 Parma Cook 2012 : 42.

6 Fink de Backer 2010 : 114 ; Poska 2005 : 163-192.

7 Abreu-Ferreira 2000.

8 Parma Cook 2012 : 53-55.

9 Wheat 2016 : 151, 259-260.

10 Archivo General de Indias [AGI], Patronato 80, n.6, r.4 ; Fernández Chaves & Pérez García 2011 : 224.

11 Wheat 2016 : 142-180 ; Altman 2013 ; Stark 2008.

12 Rodríguez Demorizi 1945 : 376-443.

13 Ibid. : 399.

14 Veitia Linage 1672.

15 Voir Lobo Cabrera 1989 ; Rodríguez Lorenzo 1999 ; Navarrete Peláez 2007 ; Eagle 2014.

16 Vidal Ortega 2006 ; Cañón García 2018.

17 De Dios 1993 : 342-347, 352-360.

18 AHPSCT-PN 2074, fols. 318r-318v ; AHPSCT-PN 2076, fols. 452r, 454r-454v ; AHPSCT-PN 2077, fols. 43v-44r, 114r-119r ; AGI-Escribanía 585A, pieza 3 ; AGI-Contratación 2875, n.6, r.3. Voir aussi Guimerá Ravina 1976 : 104-108, 153-157.

19 AGI-Contratación 733, n.12.

20 Fernández Castro 2015 : 436.

21 AGI-Indiferente 541, L.1, P_Rico, fols. 72v-74r.

22 AGI-Contratación 736B, n.31 ; AGI-Indiferente 1952, L.3, fols. 238v-239r, 258v.

23 Chaunu & Chaunu 1955-1959, III : 468-475, 488-499, 504-517.

24 AGI-Contaduría 1385, n.2, fol. 49v ; AGI-Contaduría 1384, n.3, r.5, fols. 54r-55v ; AGI-Escribanía 364A, pza. 28 ; AGI-Escribanía 585B, pza. 9 ; AGI-Escribanía 586B, pza. 17 ; AGI-Escribanía 586C, pza. 19b.

25 AHPSCT-PN 2076, fols. 141r-142r, 267v-268v, 591r-593v (propriétaire Juan Bautista de Maya) ; 225v-226v (propriétaire Gaspar de Espinosa) ; 454r-454v (propriétaire Diego Fernandes).

26 AHPSCT-PN 2076, fols. 339v-340r, 451r-452r.

27 Wheat 2016 : 156, 175-177.

28 Rocha 2019 ; Van Deusen 2017.

29 Chaunu & Chaunu 1955-1959. Le cadre de la base de la source et du schéma « aller / retour » d’Huguette et Pierre Chaunu a alimenté des conceptions simplistes de Séville et de l’Empire espagnol, mais une grande partie de leur analyse suggère autre chose. Voir, par exemple, vol. II : 320-321 ; vol. IV : 238-239, 267-268.

30 Les récentes études d’Álvarez Santos 2012 ; Eagle 2014 ; Schultz 2017 ; Fernández Chaves 2018.

31 Lobo Cabrera 1989 ; Pérez Mallaina 1993 ; Rodríguez Lorenzo 1999 ; Rodríguez Yanes 2005 ; Altman 2017 ; Eagle 2018 ; Cañon García 2018. Pour les petits navires, voir Braudel 1995, I : 296-312.

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References

Bibliographical reference

David Wheat, “Catalina de los Santos et son navire, femme libre de couleur dans la Caraïbe hispanophone (Santo Domingo, 1593)”Clio, 50 | 2019, 139-153.

Electronic reference

David Wheat, “Catalina de los Santos et son navire, femme libre de couleur dans la Caraïbe hispanophone (Santo Domingo, 1593)”Clio [Online], 50 | 2019, Online since 02 January 2023, connection on 09 September 2024. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/17176; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.17176

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About the author

David Wheat

David Wheat est professeur associé au département d’histoire de l’université d’État du Michigan. Il est l’auteur de Atlantic Africa and the Spanish Caribbean, 1570-1640 (2016) et co-éditeur de deux ouvrages collectifs : The Spanish Caribbean and the Atlantic World in the Long Sixteenth Century, coédité avec Ida Altman (2019), et From the Galleons to the Highlands: Slave Trade Routes in the Spanish Americas, coédité avec Alex Borucki et David Eltis (à paraître en 2020). dwheat@msu.edu

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