Susan Broomhall (dir.), Authority, Gender and Emotions in Late Medieval and Early Modern England / Susan Broomhall (dir.), Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder
Susan Broomhall (dir.), Authority, Gender and Emotions in Late Medieval and Early Modern England, Palgrave Macmillan, 2015, 229 p.
Susan Broomhall (dir.), Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder, London, Ashgate, 2015, 267 p.
Texte intégral
- 1 Expression utilisée par S. Broomhall dans l’introduction de chacun des deux ouvrages.
1Ces deux ouvrages collectifs dirigés par Susan Broomhall s’inscrivent dans le cadre des travaux menés par l’Australian Research Council Centre of Excellence for the History of Emotions, 1100-1800. Publiés en 2015, ils ont pour ambition de croiser sur la longue durée, du Moyen Âge à l’époque moderne, trois axes de questionnement : les « idéologies du genre » (gender ideologies)1, les expériences émotionnelles et les discours et les pratiques du pouvoir. Authority, Gender and Emotions in Late Medieval and Early Modern England se concentre sur les îles britanniques avec, pour la période médiévale, des contributions qui mettent en évidence les liens étroits entre l’Angleterre et la France. Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder s’ouvre à l’espace européen, proposant des études de cas portant, par exemple, sur les relations diplomatiques entre la France et l’Espagne au xvie siècle ou les expériences affectives de communautés religieuses implantées en Flandres, aux Pays-Bas ou en Allemagne. Les deux ouvrages sont placés sous l’ombre tutélaire de Philippa Maddern, médiéviste, spécialiste de l’histoire des femmes et de la famille, décédée en 2014. L’éditrice lui rend hommage dans ses propos liminaires et de nombreuses contributions s’inscrivent explicitement dans la lignée de ses recherches.
2Les dix études rassemblées dans Authority, Gender and Emotions… se présentent au lecteur dans un ordre chronologique, mais aussi thématique. Comme le souligne S. Broomhall dans son introduction, il s’agit de faire émerger les continuités et les ruptures qui caractérisent, dans la longue durée, l’imbrication entre discours d’autorité, idéologies du genre et pratiques émotionnelles. Le premier volet comporte cinq contributions couvrant le Moyen Âge tardif, de la fin du xiiie à la fin du xve siècle. Les trois premières études s’intéressent à des pratiques textuelles variées – écriture épistolaire, religieuse et morale ou poétique – pour montrer comment l’articulation entre genre et émotion peut produire ou remettre en question un discours d’autorité. Sous le regard aiguisé de Kathleen Neal, une brève missive écrite par Aline Despenser, l’épouse du comte de Norfolk, au chancelier du royaume d’Angleterre se révèle être un exercice de rhétorique subtil. Dans le contexte troublé de la seconde moitié du xiiie siècle, l’épistolière affirme sa loyauté vis-à-vis du pouvoir royal par la manipulation habile et la transgression prudente des conventions génériques régissant les « lettres de gouvernement » (letters of governance), un genre d’ordinaire réservé aux hommes. Anne M. Scott montre ensuite comment dans The Handlyng of Sinne (1303-1317), un ouvrage dévotionnel à vocation didactique, Robert Mannyng s’appuie sur la force affective de l’exemplum pour éduquer ses lecteurs, tout en prenant soin d’atténuer la charge négative de la conception genrée des péchés, qui vise en premier lieu les femmes. Dans la contribution de Stephanie Downes, enfin, le multilinguisme de la culture de cour constitue un prisme original pour examiner l’expression émotionnelle dans la poésie lyrique de John Gower (c. 1330-1408) et Charles d’Orléans (1394-1465). Le passage à une seconde langue, le français pour Gower et l’anglais pour Charles d’Orléans, permet des déplacements sémantiques et linguistiques qui ont une incidence sur la représentation non seulement de l’autorité, mais aussi de la subjectivité, tantôt masculine, tantôt féminine, de la voix poétique.
3Avec les deux contributions suivantes, l’ouvrage change de focale en s’intéressant à des pratiques émotionnelles spécifiques observables dans certaines communautés urbaines et marchandes. L’étude magistrale de P.J.P. Goldberg révèle les enjeux complexes des événements qui secouèrent la ville d’York à la fin du xive siècle. Elle montre comment un groupe de marchands, au nombre desquels la veuve Agnes Grantham, vénéraient la mémoire de l’archevêque rebelle Richard Scrope, exécuté pour trahison par le roi Henri IV. Dans cette communauté émotionnelle, la figure de Scrope, parce qu’elle symbolisait une spiritualité féminisée mettant en valeur la chasteté et la dévotion eucharistique, en vint à constituer un point de ralliement pour les opposants au pouvoir royal, lui-même construit comme masculin. Meridee L. Bailey s’intéresse pour sa part au pouvoir de l’élite marchande et de la petite noblesse (gentry) dans l’Angleterre de la deuxième moitié du xve siècle, dans le contexte instable de la Guerre des Deux-Roses. Les œuvres littéraires diffusées pendant ces quelques décennies sous forme manuscrite ou imprimée reflètent selon elle les anxiétés de ces deux groupes sociaux et signalent l’importance qu’ils accordent à la régulation des émotions, notamment à des fins éducatives.
4La seconde partie du volume aborde la période moderne avec, en premier lieu, deux contributions centrées sur l’articulation entre pratiques émotionnelles et disciplinaires au sein de communautés familiales ou paroissiales. Stephanie Tarbin confronte textes normatifs et sources judiciaires dans une étude subtile du rôle de la peur dans l’éducation des enfants et le gouvernement des domestiques. Elle montre que l’usage de la peur variait en fonction du sexe et du statut social des personnes impliquées dans le rapport d’autorité. Elle met en évidence la difficulté, pointée par les autorités judiciaires et morales de l’époque, à établir une ligne de partage claire entre la peur – conçue comme le fondement de l’obéissance et indispensable, par conséquent, à l’existence de toute société ordonnée – et la terreur destructrice, susceptible de mener enfants et serviteurs jusqu’au suicide. Susan Broomhall déplace le questionnement sur les rapports d’autorité à un autre niveau, prenant pour objet l’Église protestante française de Threadneedle Street à Londres. Le consistoire exerçait un contrôle rigoureux sur cette communauté de réfugiés, exigeant l’adhésion des fidèles à des normes de comportement strictes inspirées du calvinisme. Le travail minutieux de S. Broomhall met au jour des tensions et des conflits directement liés à la spécificité de la situation de ces exilés. Elle souligne par exemple les inquiétudes du consistoire quant à la validité de certaines unions matrimoniales. Les réseaux de sociabilité distendus par l’exil demeuraient cependant suffisamment stables pour permettre au consistoire d’exercer un contrôle social efficace.
5Les trois dernières contributions du volume examinent des expériences émotionnelles en lien avec des pratiques matérielles spécifiques : la broderie, l’écriture épistolaire et l’action judiciaire de la Cour de la Chancellerie (Chancery). Dans les différents cas de figure examinés, la charge émotionnelle véhiculée par ces pratiques contribue à produire ou à défaire des formes d’autorité. Sarah Randles montre d’abord comment dans la seconde moitié du xvie siècle, trois femmes de pouvoir, Élisabeth Ire, Marie Stuart et Bess de Hardwick ont utilisé la broderie pour véhiculer des émotions, affirmer leur « agentivité » (agency), exercer leur pouvoir ou témoigner, dans le cas de Marie Stuart, d’une situation de faiblesse. Diana G. Barnes revisite ensuite Les Joyeuses commères de Windsor de William Shakespeare par le prisme des nombreuses lettres circulant dans la pièce. L’écriture épistolaire apparaît ici comme un discours socio-culturel préétabli qui permet à ceux qui en connaissent les règles – et qui savent s’en affranchir – d’accéder à une position d’autorité. Les femmes de Windsor, représentantes de la culture bourgeoise et mercantile des villes, s’emparent de ce discours, signalant ainsi leur supériorité sur le monde de la noblesse de cour dominé par les hommes. Enfin, Amanda L. Capern clôt le volume par une analyse détaillée des litiges examinés par la Cour de la Chancellerie dans les années 1550-1650. Elle montre que les émotions, qu’il s’agisse de celles des juges ou des plaignants, jouent un rôle prépondérant dans les reconfigurations des relations de pouvoir.
6Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder prolonge le questionnement sur l’articulation entre idéologies du genre, émotions et pouvoir en s’intéressant plus particulièrement à la problématique de l’ordre et du désordre. L’enquête part d’un constat de Philippa Maddern : « pour les théoriciens médiévaux de la famille |…] l’ordre patriarcal était à la fois naturel et désirable ; ils considéraient que la famille bien gouvernée (il s’agit ici de la famille au sens large, comprenant la domesticité) était une métonymie de l’ordre, qu’elle contribuait à perpétuer dans la vie individuelle, la société et l’univers (cit. p. 3). L’ouvrage a pour ambition d’explorer le rôle des émotions dans la structuration de la société patriarcale sans oublier, toutefois, les situations où le désordre pouvait apparaître comme un état nécessaire, voire désirable. Comme le montrent certaines contributions rassemblées dans le volume, les guerres ou les révoltes étaient des moments où l’excitation de passions violentes pouvait être mise au service d’objectifs religieux, éthiques ou politiques.
7Délaissant l’ordre chronologique, ce qui se justifie par l’étendue de l’aire géographique couverte par les différentes contributions, l’ouvrage est divisé en trois parties thématiques. Le premier groupe comporte quatre études dédiées au rôle structurant des émotions dans le cadre de conflits violents (guerres ou croisades) ou de négociations diplomatiques interétatiques. Andrew Lynch réexamine avec une précision remarquable les références au courage, à la lâcheté et à la peur dans les récits de combat composés dans l’Angleterre anglo-saxonne et anglo-normande. Il démontre qu’il est réducteur de voir dans ces textes une célébration univoque de l’héroïsme masculin. Parce qu’il est une qualité morale, le courage est nécessairement associé à d’autres vertus, comme la constance, la justice, l’autorité ou la générosité. Le courage n’est donc pas un attribut spécifiquement masculin et n’a de valeur morale avérée que s’il s’inscrit dans un comportement éthique plus général. Megan Cassidy-Welch souligne pareillement l’ambivalence de l’univers du combat masculin dans les écrits de Jacques de Vitry sur la cinquième croisade. Si Jacques s’efforce de donner un sens à la croisade en l’inscrivant dans un ordre militaire et religieux plus large, il n’en laisse pas moins paraître sa propre vulnérabilité : en tant que membre du clergé, il ne participait pas au combat et se situait donc à la marge de l’univers masculin du champ de bataille qu’il observait et décrivait.
8Avec les deux contributions suivantes, l’ouvrage se tourne vers la rhétorique des émotions en temps de paix, s’intéressant plus particulièrement à la « diplomatie affective » (affective diplomacy) exercée par des femmes de pouvoir au xvie siècle. Tracy Adams montre comment les stratégies affectives recommandées dans les Enseignements d’Anne de France à sa fille Suzanne de Bourbon reflètent les conseils énoncés dans les traités à l’intention des diplomates. Trois études de cas illustrent ensuite le déploiement de ces stratégies par Marguerite d’Autriche, Louise de Savoie et Anne de Bretagne. La contribution richement documentée de Susan Broomhall met en évidence les efforts déployés par Catherine de Médicis pour préserver l’alignement dynastique entre les Habsbourg et les Valois, surtout après la mort de sa fille Élisabeth de Valois, épouse de Philippe II d’Espagne : ses lettres et ses cadeaux à l’intention de ses deux petites-filles, ses échanges avec l’ambassadeur français auprès du roi d’Espagne, son désir de contrôler l’entourage des infantes et leur position à la cour signalent sa volonté d’utiliser à des fins politiques l’influence affective et relationnelle que lui confère son statut de grand-mère et, malgré la mort de sa fille, celui de belle-mère du roi.
9La deuxième partie de l’ouvrage réunit quatre contributions qui se focalisent sur des expériences affectives dans des situations de désordre, de désastre ou de désolation. Présentant une unité thématique assez floue, ce groupe comporte, en premier lieu, une étude de Matthew S. Champion dédiée à la chronique de la chartreuse de Louvain pendant les quatre décennies suivant la fondation de la communauté dans les années 1480. L’écriture de l’histoire permet ici de structurer les expériences affectives des moines, par exemple en donnant un sens à la souffrance et aux épreuves. Alicia Marchant analyse les écrits de trois « antiquaires » anglais, William Worcester, John Leland et William Camden (xve-xviie siècle). Leurs pratiques textuelles témoignent de leur relation affective complexe avec le passé, qu’ils tentent de réordonner à partir de ses vestiges, ruines ou monuments, disséminés sur le sol anglais. Avec la contribution d’Erika J. Kuijpers, la focale se déplace vers les désordres provoqués par la révolte des Pays-Bas entre 1566 et 1635. Confrontées à la violence et à la guerre, des religieuses catholiques adoptent un style émotionnel inspiré des histoires des saints et des martyrs. Ces normes de comportement diffèrent de celles qu’elles cultivent en temps de paix, mais sont néanmoins puisées dans un répertoire émotionnel préexistant. Une dernière forme de désordre est étudiée par Charles Zika, qui examine l’influence de la pythonisse d’Endor sur la représentation de la sorcellerie dans les livres produits par des imprimeurs allemands à partir de la fin du xviie siècle. La fusion entre la figure féminine de la sorcière et le personnage traditionnellement masculin du magicien a pour effet de renforcer le caractère inquiétant de la sorcellerie.
10La dernière partie du volume regroupe des contributions dédiées au rôle structurant de certaines pratiques émotionnelles dans des communautés scolaires, familiales ou religieuses. Annemarieke Willemsen étudie les dispositions prises dans des écoles en Flandres et aux Pays-Bas pour pourvoir à l’éducation sociale et émotionnelle des garçons et des filles du xive au xvie siècle. Claire Walker examine le régime émotionnel des religieuses anglaises exilées sur le continent au xviie siècle. À l’instar des communautés néerlandaises étudiées par Erika J. Kuijpers, les sœurs anglaises cultivent un répertoire émotionnel dominé par la mortification des passions, tout en recourant, dans certaines situations, à des « styles émotionnels alternatifs » (alternative emotional styles). Les désaccords sur le mode de direction spirituelle ou la difficulté à renoncer aux liens affectifs tissés avec des proches pouvaient générer des tensions avec des supérieurs hiérarchiques et menacer l’organisation ordonnée du couvent ; à l’inverse, les échanges épistolaires avec la famille ou la pratique d’une spiritualité mystique constituaient autant de « refuges » permettant l’expression d’un style émotionnel différent des normes régissant la vie quotidienne du couvent. Les tensions entre normes et pratiques sont également au cœur de la contribution de Claudia Jarzebowski, qui s’intéresse aux renégociations et restructurations émotionnelles à l’œuvre dans des familles séparées par les grands voyages d’exploration des xviie et xviiie siècles. Les désordres émotionnels générés par l’éloignement mettent à l’épreuve les modèles de parentalité et favorisent l’émergence de normes alternatives. Enfin, Jacqueline Van Gent met en évidence le rôle joué par les filles dans le mouvement de réveil de la communauté des frères moraves de Herrnhut en 1727. La contestation de l’autorité masculine permet à ces filles de se créer un espace au sein du groupe et d’affirmer leur agentivité, mais elles contribuent, ce faisant, à renforcer l’autorité du comte de Zinzendorf, le chef spirituel de la communauté.
11Bon nombre des études de cas présentées dans ces deux ouvrages apportent un éclairage précieux sur l’articulation entre le rôle et la fonction des émotions et les problématiques du genre dans les discours et les pratiques du pouvoir en Europe, du Moyen Âge à l’époque moderne. Chacun des deux volumes bénéficie d’une introduction solide, où Susan Broomhall revient sur les évolutions récentes de l’historiographie dans les trois champs que les contributions ont pour ambition de croiser : l’histoire des émotions, l’histoire du genre et l’histoire du pouvoir au sens large, envisagée sous l’angle, respectivement, des rapports d’autorité entre individus, groupes ou communautés et de la problématique de l’ordre et du désordre. Des notes détaillées renvoient vers les travaux les plus significatifs dans ces différents domaines. L’éditrice donne des définitions précises des concepts les plus utiles pour mener à bien l’enquête proposée et démontre l’intérêt que présente le croisement des axes de questionnement retenus.
12Les analyses les plus abouties se distinguent par leur précision et leur finesse. Les études dédiées à la correspondance d’Aline Despenser ou de Catherine de Médicis, au culte voué à Richard Scrope ou encore aux échanges épistolaires dans Les Joyeuses Commères de Windsor s’appuient toutes sur une description détaillée qui permet de produire une interprétation riche et nuancée des phénomènes étudiés sans jamais céder à la simplification. D’autres textes, tels les travaux sur le bilinguisme des élites françaises et anglaises au Moyen Âge, le courage dans les récits de combats anglo-saxons et anglo-normands ou l’ambivalence de l’univers masculin de la croisade, tirent leur force de l’attention qu’ils portent aux différents systèmes de valeurs au sein desquels s’inscrit toute production littéraire. Confrontant normes et pratiques, les contributions sur les religieuses anglaises et néerlandaises, le mouvement de réveil de Herrnhut, les familles affectées par les voyages d’exploration ou le rôle de la peur dans les relations entre parents et enfants, maîtres et domestiques engagent une réflexion intéressante sur la prégnance des modèles affectifs. Faisant émerger des styles émotionnels alternatifs, des failles, des conflits, des déviances, des réajustements et des renégociations, ces travaux contribuent à brosser un tableau nuancé des phénomènes étudiés. Tous ces textes placent le questionnement sur les émotions, le genre et le pouvoir au cœur de leur démonstration et respectent ainsi remarquablement le cahier des charges énoncé par l’éditrice des deux ouvrages. Il s’agit non seulement d’études de cas fort érudites, mais de travaux qui proposent des outils épistémologiques et méthodologiques féconds pour l’histoire des émotions. Tous contribuent à nourrir la réflexion sur les articulations possibles entre ce champ de recherche bourgeonnant et les problématiques du genre et du pouvoir.
13On peut regretter que d’autres contributions peinent à croiser les trois axes de questionnement retenus, n’abordant qu’indirectement la question du genre et plus encore celle des émotions. En dépit de leurs qualités indéniables, les textes sur la pythonisse d’Endor et sur l’éducation des garçons et des filles dans les écoles flamandes et néerlandaises ne mènent pas de réflexion explicite sur les pratiques émotionnelles. Signaler la dimension affective qui sous-tend les dispositions prises pour pourvoir au bien-être des enfants, identifier l’inquiétude suscitée par la sorcellerie n’est pas suffisant pour intégrer l’émotivité dans la compréhension des phénomènes étudiés. La difficulté à aborder le rôle des émotions est plus flagrante encore dans d’autres contributions, dont certaines manquent, de surcroît, de clarté ou de force de conviction. Ces faiblesses se constatent surtout dans Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder. Dans l’ensemble, ce volume est moins cohérent qu’Authority, Gender and Emotions in Late Medieval and Early Modern England, en raison, notamment, du travail trop superficiel de certains contributeurs sur les problématiques qui auraient dû servir de fil conducteur. Malgré ces réserves, ces deux ouvrages constituent une contribution féconde à l’histoire du genre, des émotions et du pouvoir. Les réflexions et les interrogations suscitées par les différentes études ne manqueront pas d’intéresser les chercheurs travaillant sur ces différents domaines.
Notes
1 Expression utilisée par S. Broomhall dans l’introduction de chacun des deux ouvrages.
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Référence papier
Paula Barros, « Susan Broomhall (dir.), Authority, Gender and Emotions in Late Medieval and Early Modern England / Susan Broomhall (dir.), Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder », Clio, 47 | 2018, 264-271.
Référence électronique
Paula Barros, « Susan Broomhall (dir.), Authority, Gender and Emotions in Late Medieval and Early Modern England / Susan Broomhall (dir.), Gender and Emotions in Medieval and Early Modern Europe: Destroying Order, Structuring Disorder », Clio [En ligne], 47 | 2018, mis en ligne le 01 septembre 2018, consulté le 08 novembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/14647 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.14647
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