Notes
Durant l’été 1989, la gendarmerie nationale connaît un mouvement de contestation sans précédent, qui se manifeste surtout par l’envoi à la hiérarchie et à la presse de multiples lettres ou pétitions, en général anonymes.
Interview accordée au journal Libération, le 11 août 1989, p. 19.
Cette notion de rivale revient à plusieurs reprises dans une enquête, interne et informelle, réalisée en 1975 auprès de 76 femmes de gendarmes, Boyé 1975.
Dieu 2002 : 208.
Selon les termes du Conseil d’état, au sujet du décret du 16 juin 1808, Lambert 1984 : 59.
Article 105 du décret du 17 juillet 1933.
Modification au tableau des modèles annexé au règlement du 3 février 1914 sur le service intérieur de la gendarmerie départementale (bordereau énumératif des pièces jointes à la demande en mariage), le 8 octobre 1918. SHGN, Mémorial de la gendarmerie, 18ad.37, p. 545 (recueil des textes officiels ou réglementaires relatifs à la gendarmerie, collection reliée par année disponible au Service Historique de la Gendarmerie Nationale, SHGN, Fort de Charenton, Maisons-Alfort). À noter, qu’à l’exception des officiers, tous les gendarmes appartiennent au corps des sous-officiers de gendarmerie, en vertu du décret du 21 février 1918, « donnant aux gendarmes le rang de sous-officiers », SHGN, Mémorial de la gendarmerie, 18ad.37, p. 212.
Instruction n° 27296.1/gend du 6 octobre 1942 relative au mariage des militaires de la gendarmerie. Article III : dispositions spéciales, SHGN, Mémorial de la gendarmerie, 18ad.61, p. 329-335. Le dernier point renoue avec une tradition en vogue au XIXe siècle, selon laquelle : « L’officier ne peut compter sur les revenus professionnels de son épouse. La femme de l’officier ne doit pas travailler pour gagner sa vie : c’est là un postulat tenace et virulent. Elle doit rester une maîtresse de maison disponible qui se borne à recevoir avec grâce, à donner des ordres à l’ordonnance ou aux domestiques et à surveiller l’éducation des jeunes enfants. Les seules professions acceptables, à la rigueur, sont celles d’institutrice ou de professeur de piano. » (Lambert 1984 : 61).
Consignés dans les registres de correspondance confidentielle ou courante (R4/R2) aux différents échelons de la hiérarchie (brigade, section, compagnie…).
« Mademoiselle C. recherchée en mariage par le gendarme H. est de nationalité française à titre originaire, elle n’est pas de race juive. […] Elle n’a jamais quitté ses parents, sa réputation est sans tâche », SHGN, 52 E 79, BT Bourbonne-les-Bains, 46/4, 22 novembre 1943.
Mentions courantes dans les rapports d’enquête de l’entre-deux-guerres au seuil des années 50.
SHGN, 14.999 (Maine-et-Loire), BT Maulévrier, 4/4, 4 septembre 1944.
À titre d’exemples : « Son union avec le garde républicain P. ne peut nuire à la considération de l’Arme », SHGN, 52 E 79 , BT Chaumont, 96/4, rapport du 19 novembre 1938 ; « Mademoiselle E, réputée économe et travailleuse, est digne de l’union projetée », SHGN, 52 E 79, BT Bourbonne-les-Bains, 13/4, rapport du 29 juillet 1942.
Boyé 1975 : 6,10.
Instruction n° 011040 DN/Cab/EMP du 30 mars 1957 fixant les conditions dans lesquelles les militaires de la gendarmerie nationale peuvent être autorisés à contracter mariage. SHGN, Mémorial de la gendarmerie, 18ad.79, p.55-65.
Circulaire n° 31150 Def/Gend/Emp/Serv du 19 juin 1978 relative au mariage des officiers et sous-officiers de gendarmerie. SHGN, Mémorial de la gendarmerie, version CDRom et intranet pour les années les plus récentes.
Débats parlementaires du Sénat, séance du 2 juin 1972, discussion de l’article 13 du projet de loi sur le statut des militaires : rejet d’un amendement communiste visant à étendre aux gendarmes la dispense d’autorisation préalable de mariage.
Boyé 1975 : 6.
Lambert 1984 : 53.
Des femmes de gendarmes apparaissent à l’origine de certaines lettres ou pétitions : Dieu 1999. De même, elles sont nombreuses à s’exprimer dans la presse à l’occasion de cette crise.
Constitué au printemps 2000 en groupe de pression quasi para-syndical, le mouvement des femmes de gendarmes a été un relais important de la contestation qui a éclaté fin 2001. Dieu 2002 : 84.
Image retenue par Daniel Schneidermann dans les colonnes du quotidien Le Monde, 18 août 1989, p. 7.
Signalons au passage le principe des visites dites « inopinées » (en fait l’intéressé est informé 48 h à l’avance) des appartements privés par la hiérarchie, afin de vérifier l’état du casernement. De même, une déclaration est-elle nécessaire pour tout hébergement temporaire d’une personne extérieure à la famille.
Témoignage d’une épouse de gendarme, Libération, 18 août 1989, p. 4.
Témoignage dans France Dimanche, 9 septembre 1989, cité dans Dieu 1999 : 417. Sans doute l’exemple peut-il apparaître anecdotique, mais il n’en demeure pas moins significatif. F. Dieu cite également un dossier du magazine Maxi, « Témoignage bouleversant d’une femme de gendarme », 3 octobre 1989.
Boyé 1975 : 10.
« La femme de gendarme a le sentiment d’être un point de mire », « On vous observe, on vous juge, on ne vous pardonne rien », extraits d’entretiens, Boyé 1975 : 6.
La formation des gendarmes insiste beaucoup sur la vie de famille, comme vecteur d’équilibre et de soutien, indispensable à la réussite et à l’efficacité professionnelles.
Reynaud 1988 : 129.
Récente (1972) et longtemps ralentie par des quotas de recrutement (levés en 1998), la féminisation de la gendarmerie reste limitée et inégalitaire. Avec 3 577 femmes sur un effectif total de 96 820 en 2001 (soit 3,7%), la gendarmerie dispose du taux de féminisation le plus faible des trois armes (Terre, 7,45% ; Air, 10,66% ; Mer 7,34%). Elles restent, par ailleurs, encore souvent cantonnées dans des fonctions subalternes : 0,5% de femmes officiers seulement. Dieu 2002 : 140.
Dieu 2002 : 142. Lors du mouvement de 1989, certaines pétitions s’étaient déjà émues de cette situation, ainsi celle des gendarmes de l’Oise : « Pensez-vous que les 30% de démissions du personnel féminin dans les trois premiers mois d’activité soient logiques ? », Le Monde, 6-7 juillet 1989, p. 14.
Reynaud 1988 : 129.
Dieu 2002 : 209.
Manuel de « savoir-vivre » à destination du personnel, il définit des codes, normes et règles à suivre au quotidien.
Le titre complet du volume cité est : Le guide du gendarme dans certaines circonstances de sa vie privée et de sa vie professionnelle, SHGN, sans date, p. 94.
Dieu 2002 : 245-246.
Dieu 2002 : 208.
C’est l’une des motivations du mouvement de 1989. Sous le titre « Le blues d’une caserne ordinaire », le quotidien Libération présente une brigade territoriale du Languedoc au sein de laquelle « en quelques mois, sur huit familles, trois femmes de gendarmes ont demandé le divorce et ont déserté les lieux », 18 août 1989, p. 2. La lettre ouverte de gendarmes de l’Oise à Jean-Pierre Chevènement interpelle le ministre de la Défense sur ce thème : « Pensez-vous qu’il soit normal que le nombre de divorces parmi la population gendarmique soit élevé ? », Le Monde, 6-7 juillet 1989, p. 14. François Dieu signale l’augmentation des situations de célibat géographique et s’interroge sur son impact en terme de divorce, tout en reconnaissant que le phénomène est difficilement quantifiable. Dieu 2002 : 257.
Top of page