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Les Trois Âges et la Mort du peintre Hans Baldung (XVIe siècle)

The three ages of death: old women and sexuality in sixteenth-century representations, based on the example of the painter Hans Baldung
Lynn Botelho
Traduction de Alice Bourgeois
p. 191-201

Résumés

L’article étudie les relations étroites, aux débuts de l’époque moderne, entre la représentation des femmes âgées et des sorcières, à partir du tableau de Hans Baldung, Les Trois Âges et la Mort. Il s’intéresse au cycle de vie féminin qui définit les femmes par rapport aux hommes comme vierges, mères, puis veuves. Il se penche en dernier lieu sur la peur qui entoure la sexualité des femmes âgées au début de l’époque moderne.

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Texte intégral

Je souhaite remercier l’équipe de la revue ainsi que Catherine McClenahan et Samantha Muir, pour leur lecture attentive de l’article et leurs questions pertinentes. Toute erreur relève de mon entière responsabilité.

  • 2 Pour un aperçu des spécificités du cycle de vie dans le contexte du catholicisme romain, cf. Bamj (...)

1Au début de l’époque moderne, les femmes sont d’abord définies par leur fécondité. Leur appartenance de genre est donc étroitement dépendante de leur âge. Rien ne l’illustre mieux que la triade de la fécondité employée pour les décrire : la femme était vierge, mère, puis veuve. Son identité sociale et légale dépendait de ses rapports aux hommes. Jeune fille, elle était définie par son immaturité sexuelle et l’absence d’époux. Une fois mère, elle se trouvait au sommet du cycle de sa vie de femme. Elle avait des rapports sexuels et, dans l’idéal, donnait naissance à des enfants sous la tutelle de son mari. Enfin, lorsqu’elle était veuve, son statut marital continuait de la définir. Mais il était cette fois marqué par l’absence du mari défunt : inféconde, sa sexualité était considérée comme vide de sens. L’Allemagne, tout comme les autres pays protestants du nord de l’Europe, ont mis particulièrement l’accent sur la procréation : privant les femmes de la possibilité de mener une vie dans les ordres, ils accordaient une importance théologique centrale à l’institution du mariage2.

The ages of Life and Death

The ages of Life and Death

The ages of Life and Death (1541-1544), 151 x 61 cm, Museo del Prado, Madrid, Hans Grien Baldung (c. 1484-1545)

Photo credit: Alfredo Dagla Orti / The Art Archive at Art Resource, NY

Les vieilles femmes et les âges de la vie dans l’art de Baldung

  • 3 Hans Baldung, Les Trois Âges et la Mort (1541-1544), musée du Prado, Madrid, reproduit grâce à l’ (...)
  • 4 De ce point de vue, la présence d’un nouveau-né reste difficile à interpréter. Est-il vivant, sym (...)

2Les Trois Âges et la Mort (1541-1544)3 du peintre allemand Hans Baldung (1484-1545), constitue une représentation célèbre du parcours de vie féminin. Le nouveau-né, dormant aux pieds des adultes, rappelle le thème de la naissance. La maternité est symbolisée par une femme séduisante, ayant atteint une forme de maturité sexuelle, avec des seins pleins et un ventre rond, signe de bonne santé et de début de grossesse. Sa région pelvienne est légèrement voilée par un drap discrètement, mais fermement, tiré par la dernière figure féminine, une vieille femme veuve. Le geste décidé de celle-ci paraît contrarier la femme féconde, comme l’indique son visage. Ce geste attire le regard du spectateur vers la droite du cadre, mais il rappelle aussi la marche constante du temps qui, fatalement, mène à la mort. Dans la représentation de Baldung, la Mort est un homme squelettique en train de se décomposer ; il tient entre ses mains le Sablier du Temps et la Lance inversée de la Mort dont la pointe est caressée par le bébé à ses pieds : ainsi se ferme le cercle du parcours de vie féminin4

  • 5 « À quel âge est-on vieux ? » – question à laquelle il est difficile de répondre, tant les repère (...)
  • 6 Oxford Dictionary 2013 : 64.
  • 7 La plupart de ces remarques doivent beaucoup aux interprétations de Talbot 1981, surtout chap. 36 (...)

3Néanmoins, c’est surtout le personnage de la vieille femme, à la fois fascinant et repoussant, qui attire l’attention du spectateur5. Au centre du cadre, elle se tient droite, son bras gauche croise celui de la Mort, et son bras droit est caché derrière les épaules de la jeune femme. Ses seins sont flasques et tombants, ses tétons allongés, indiquant qu’ils ont été tétés dans le passé. Sa poitrine, son cou et son visage sont décharnés et osseux. Sa bouche ratatinée trahit la perte de ses dents. Ses cheveux sont gris, fins et se dégarnissent au sommet du crâne et pourtant, ils sont longs, abondants, et détachés, ce qui évoque communément la lascivité ; le bas de son corps est joliment dessiné, jeune dans ses formes et séduisant. La vieille femme invite à l’acte sexuel mais son corps semble prédire qu’un tel acte sera vain. Descendant légèrement, le regard du spectateur rencontre une chouette, animal associé notoirement à la nuit, à l’obscurité et au mal6. L’arrière-plan du tableau confirme le présage néfaste de la chouette. Il est désolé, ravagé et en ruine. Il montre des arbres morts couverts de mousse et des remparts détruits par la guerre. Le soleil est voilé par les nuages. La vieille femme règne sur cette scène d’apocalypse, de déclin et de destruction, comme si elle l’avait provoquée7.

  • 8 Hans Baldung, Les Sept Âges de la femme (1544), Staatsgalerie, Leipzig.

4Pourtant, au début de l’époque moderne, il existait également des représentations positives de femmes. En fait, l’image ci-dessus représente le premier panneau d’un diptyque ; l’autre s’intitule Les Trois Grâces. Ces Grâces, fécondes, ont à leurs pieds des nourrissons joviaux et en pleine santé. Elles ne représentent pas les étapes de la vie cependant Baldung fut l’un des rares artistes à oser donner une image optimiste du vieillissement de la femme. Dans Les Sept Âges de la femme (1544-1545), il axe son tableau sur la femme en âge de féconder. Mais les femmes âgées sont encore bien en chair et transmettent une image de santé, de bonté et de sagesse, selon une présentation de la vie peu éloignée de celle des hommes8. Et pourtant, ce sont les peintures plus sombres, mettant l’accent sur le vieillissement de la femme, la sexualité et la reproduction pendant la vieillesse, qui prédominent et continuent de hanter, à l’époque comme aujourd’hui, l’esprit et l’imagination du spectateur. 

Vieilles femmes et sorcières

  • 9 Botelho 2014 : 199-210.

5La représentation des vieilles femmes révèle les tensions qui traversent les relations entre sexualité, âge et genre9. Les Trois Âges et la Mort est plus qu’une simple vision du vieillissement et plus encore qu’un commentaire saisissant sur le modeste rôle donné aux femmes en Allemagne, aux débuts de l’époque moderne. La représentation de la vieille femme évoque directement le rapprochement établi à l’époque entre les femmes ménopausées et les sorcières, qui souligne l’infécondité des unes comme des autres. Surtout, le tableau révèle la profonde crainte que suscite la sexualité des vieilles femmes, une crainte qui s’appuyait sur les textes saints, la médecine et la vision contemporaine de l’ordre social.

  • 10 Hans Baldung, Étude d’une vieille femme (autour de 1535), National Gallery of Art. On peut aussi (...)
  • 11 Baldung, Le Palefrenier ensorcelé (1544), Cleveland Museum of Art. Sur l’attribution de modèle à (...)
  • 12 Hans Baldung, Sorcières (1510), Museum of Fine Arts, Boston ; Urs Graf, copie de Hans Baldung Gri (...)

6L’Étude de vieille femme de Baldung, dessinée d’après un modèle vivant de 1533, représente aussi une bouche ratatinée, un cou maigre et ridé, offrant aux regards une poitrine maigre et dénudée10. En signe de pudeur, ses cheveux sont couverts, comme il sied à sa respectabilité. Il s’agit clairement d’une femme qui a porté et nourri un enfant. De manière significative, elle est également le modèle des célèbres sorcières de Baldung, comme on peut le voir dans son Palefrenier ensorcelé11. Il n’est pas surprenant que le nom alternatif donné au dessin soit La Vieille Sorcière. De plus, comme le note Charles Callot : « la réunion des sorcières, comme dans Les Sorcières de Baldung (1510), Sabbath de Sorcières I (1514) et Les Trois sorcières (1514) implique nécessairement de représenter des âges variés. Les vieilles sorcières font la fête auprès de sorcières jeunes ou mûres. Quand des enfants sont figurés, les différents âges représentent une vie entière », comme dans Les Trois Âges et la Mort12.

  • 13 Les études sur les sorcières et les chasses aux sorcières au début de l’époque moderne sont nombr (...)

7Pour Baldung et ses contemporains d’Europe du Nord, les sorcières n’étaient pas une menace sans fondement13. Les estimations du nombre de femmes accusées de sorcellerie varient énormément mais les contemporains étaient persuadés que leur nombre et leur activité étaient en augmentation et que la sorcière typique et peut-être la plus dangereuse était vieille.

8À l’époque moderne, les sorcières étaient considérées comme des anti-femmes de maison et des anti-mères. Les femmes de maison créaient de l’ordre à partir du chaos ; elles prenaient des matières brutes et les transformaient en produits finis : de la laine en fil puis en tissu, du lait en fromage et en beurre. C’est comme si elles créaient magiquement un produit fini à partir d’une matière brute. De même, les mères apportaient une vie nouvelle au monde. Elles transformaient un surplus de sang menstruel en lait nourricier. Elles élevaient des bébés pour en faire des adultes honnêtes, au nom de Dieu et dans le but de consolider la société chrétienne.

  • 14 En magie, « charmer » quelque chose signifie affecter la vision de manière à déformer l’objet ou (...)
  • 15 Botelho 2002 : 225-246.

9Les sorcières faisaient tout le contraire. Elles perturbaient le processus de la création de toutes les façons imaginables. Elles faisaient cailler le lait, empêchaient le fromage de se former et gâtaient le beurre. Les sorcières détruisaient, elles ne créaient pas. Mais c’est surtout en matière de sexualité et de reproduction que leurs agissements causaient les plus grandes peurs. À cause d’elles, des femmes avortaient, des enfants mouraient subitement et des hommes perdaient leur virilité, par l’effet supposé de sorts magiques14. Ce qui effrayait encore plus est que les sorcières abjuraient leur baptême chrétien, vénéraient Satan et s’évertuaient à combattre les œuvres du Christ15.

  • 16 Il n’est pas anodin que la persécution des crimes sexuels imite, tant du point de vue de leur dér (...)

10Dans ces représentations, la différence entre sorcières et vieilles femmes semblait parfois mince. Comme les sorcières, les vieilles femmes ne pouvaient plus porter d’enfant. Elles ne pouvaient plus donner la vie, le flux menstruel s’était tari et avec lui la possibilité, selon la médecine de l’époque, qu’il se transforme en lait. Les vieilles femmes étaient des mères sans enfant, des femmes de maison sans maison et sans famille. Selon l’opinion populaire, elles étaient envieuses de leur statut passé, désireuses de se venger de celles qui le possédaient désormais, exigeant un respect qui ne leur était plus dû. Baldung a exprimé tout cela, et plus encore, à travers ce simple geste de la vieille femme tirant le drap qui couvre le ventre fécond de la jeune mère. Bref, à l’image des vieilles femmes, les sorcières infécondes, non indispensables au foyer et envieuses de la fertilité des plus jeunes étaient des femmes dangereuses16.

Les vieilles femmes et la sexualité

  • 17 Corinthiens 7 : 8-9 : « Je dis par conséquent à celles qui ne sont pas mariées et aux veuves qu’il (...)
  • 18 Pour une étude éclairante du rôle de la sorcellerie et de la connaissance sexuelle, cf. Garrett 2 (...)
  • 19 Herrero 2007 et Scarborough 2007. Pour une idée d’ensemble des stéréotypes sur les vieilles femme (...)
  • 20 En France, les femmes proxénètes étaient souvent les premières suspectées de sorcellerie. Cf. Hoa (...)

11À l’époque, la chrétienté était partagée sur la place de la sexualité dans les relations humaines. L’Église traditionnelle avait longtemps vanté le célibat comme un statut bien supérieur aux relations charnelles. Cependant, à travers la phrase célèbre de saint Paul : « il vaut mieux se marier que brûler », l’Église consacre le sacrement du mariage comme un moyen acceptable, mais moralement inférieur, pour les hommes et les femmes d’agir sur leurs désirs sexuels, la loi canonique soulignant que de tels rapports sexuels devaient être envisagés dans le but de la procréation17. Quelle place restait-il donc aux vieilles femmes qui ne pouvaient plus procréer mais dont l’appétit sexuel était jugé plus fort que jamais ? Ces femmes âgées et sexualisées engendraient la crainte et le soupçon, car elles étaient supposées pousser les hommes à commettre des actes charnels violant directement les commandements divins. Les vieilles femmes, comme les sorcières, étaient considérées comme expertes de tout ce qui avait trait à la sexualité, de par leur connaissance du monde et leur désir sans limite. D’abord, elles continuaient de provoquer la tentation, malgré l’âge et la perte de la jeunesse18. Puis elles manigançaient, arrangeaient des rendez-vous galants, organisant des histoires d’amour pour des jeunes filles innocentes, contribuant ainsi à leur perte19. Elles savaient également mettre un terme à une grossesse si le besoin s’en faisait sentir. Quoiqu’infécondes, les vieilles femmes étaient intimement liées à la sexualité20.

Les vieilles femmes et la médecine

  • 21 Botelho 2013 : 309-310.
  • 22 Neave écrit : « [Les femmes de Baldung], nues, pulpeuses, prenant suggestivement la pose, mettent (...)

12La médecine du début de l’époque moderne avec ses humeurs, ses esprits vitaux et ses utérus errants, s’opposait fortement à ce que les vieilles femmes aient une activité sexuelle. La théorie médicale confirmait le lien entre la vieille femme et la sexualité, expliquant le besoin de rapports de bien des façons, dont la plus commune était que l’utérus de la vieille femme était habitué à une « nourriture » sexuelle régulière21. Lorsqu’arrivaient le veuvage et la vieillesse, cet impératif biologique l’invitait à adopter une conduite inconvenante au regard des normes de piété assignées aux vieilles femmes. Les sorcières, encore une fois, servaient à exacerber ces peurs par la mise en avant de la dépravation sexuelle de l’orgie sabbatique et de leur copulation avec des démons22.

  • 23 Pour une étude exhaustive de l’anatomie des vieilles femmes, cf. Schafer 2011. Pour le bénéfice m (...)

13Le monde médical ne se contenta pas d’expliquer les causes de la luxure et de la lubricité supposées des vieilles femmes ; il mit également en lumière les dangers physiques encourus par toutes les personnes impliquées. À la lumière de la théorie médiévale des quatre humeurs de Galien (la bile noire, la bile jaune, le sang, le flegme), le vieillissement était associé à un assèchement, à un réchauffement et à l’incapacité de concevoir. Pour les femmes, le vieillissement avait plusieurs effets biologiques, dont l’arrêt des règles, qui était la seule trace extérieure d’un changement interne. La semence féminine était de plus en plus petite et s’asséchait sans le flux nourrissant du sang menstruel, le ventre se flétrissait et se rabougrissait. Pour les hommes, le rapport sexuel avec une femme âgée faisait courir le risque d’être « pressé comme une éponge »23.

*

14Dans l’Europe moderne, les vieilles femmes étaient pensées comme étroitement liées à la sexualité. Tout d’abord dans l’image que l’on construisait d’elles, l’élément central était qu’elles n’étaient plus concernées par la reproduction. De plus, elles étaient considérées comme expertes de tout ce qui touchait à la sexualité, capables de faire avorter une grossesse mal venue ou de manigancer au service d’un bataillon d’amants malchanceux ou dupés. En outre, en les rapprochant des sorcières, on les situait dans une catégorie sociale problématique et dangereuse. Enfin, les femmes ménopausées faisaient surgir la peur de la chair dans cet univers centré sur Dieu. Les rapports sexuels posaient particulièrement problème dans cette Europe patriarcale : après la ménopause, la grossesse ne pouvait plus servir de punition ou d’humiliation pour les femmes volages, et aucun enfant légitime ne naissait plus pour accomplir les desseins de Dieu. Par conséquent, les vieilles femmes, à l’instar des sorcières, passaient pour des figures de l’anti-fécondité et d’une sexualité sacrilège.

15
Traduit de l’anglais par Alice Bourgeois

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Notes

2 Pour un aperçu des spécificités du cycle de vie dans le contexte du catholicisme romain, cf. Bamji 2013 : 183-202 ; pour l’Allemagne au début de l’époque moderne, Wunder 1998 : 163-184.

3 Hans Baldung, Les Trois Âges et la Mort (1541-1544), musée du Prado, Madrid, reproduit grâce à l’aimable autorisation d’« Art Resource ». Baldung, connu également sous le nom de Baldung Grien en raison de son goût pour la couleur verte, commença son apprentissage avec Albrecht Dürer mais l’usage qu’il fit par la suite de la distorsion et sa fascination pour la sorcellerie et l’érotisme le rapprochèrent du style de son contemporain allemand Matthias Grünewald (1470-1528), cf. The Oxford Dictionary of Art & Artists, 2015 [en ligne]. Pour une bonne introduction à la vie et à l’œuvre de Baldung, voir Shestack 1981 : 3-18.

4 De ce point de vue, la présence d’un nouveau-né reste difficile à interpréter. Est-il vivant, symbolise-t-il la fécondité de la mère ? Est-il mort et souligne-t-il le pouvoir destructif de la sorcière ? Le peintre joue-t-il sur la confusion, rendant ainsi la signification du nouveau-né ambiguë et plurielle ?

5 « À quel âge est-on vieux ? » – question à laquelle il est difficile de répondre, tant les repères chronologiques, biologiques et juridiques font défaut ; de plus, on considère le vieillissement sous trois angles, chronologique, physiologique et culturel. En Europe du Nord, on pensait généralement que les femmes pauvres étaient vieilles à partir de 50 ans, tandis que l’âge de 60 ans marquait la limite pour les hommes pauvres et les autres. Pour une introduction générale au sujet, cf. Beam 2006 et Botelho 2013.

6 Oxford Dictionary 2013 : 64.

7 La plupart de ces remarques doivent beaucoup aux interprétations de Talbot 1981, surtout chap. 36. Pour une étude de la Mort et des œuvres de Baldung, cf. Koerner 1985 : 52-101.

8 Hans Baldung, Les Sept Âges de la femme (1544), Staatsgalerie, Leipzig.

9 Botelho 2014 : 199-210.

10 Hans Baldung, Étude d’une vieille femme (autour de 1535), National Gallery of Art. On peut aussi lire Marrow & Shestack 1981 : 497. Il n’est pas anodin, étant donné le lien entre vieilles femmes et sexualité, comme on le verra ci-dessous, que cette femme âgée soit représentée comme les proxénètes allemandes et flamandes, cf. Hoak 1985 : 496-497 et 504. Sur les représentations culturelles des femmes comme sorcières, cf. Neave 1988 : 3-9, Roper 2004 : 12-78 et Talbot 1981 : 37.

11 Baldung, Le Palefrenier ensorcelé (1544), Cleveland Museum of Art. Sur l’attribution de modèle à une vieille femme, cf. Talbot 1981 : 3.

12 Hans Baldung, Sorcières (1510), Museum of Fine Arts, Boston ; Urs Graf, copie de Hans Baldung Grien, Sabbath de sorcières I (1514), dessin à la plume, Albertina, Vienne ; Hans Baldung, Trois sorcières, (1514), Louvre, Paris. De plus, sa gravure sur bois Les Trois Folies (1513) représente trois femmes qu’il est impossible de distinguer de celles rencontrées au Sabbat des Sorcières, cf. Talbot 1981 : 36. On peut lire aussi Hoak 1985 : passim. Pour une interprétation tout à fait différente avançant que son art n’était pas une réponse aux chasses aux sorcières contemporaines mais à « l’intérêt humaniste pour la poésie et une satire du monde classique », on peut lire Sullivan 2000 : 333.

13 Les études sur les sorcières et les chasses aux sorcières au début de l’époque moderne sont nombreuses et nous n’avons pas l’ambition d’en dresser ici un compte-rendu exhaustif.

14 En magie, « charmer » quelque chose signifie affecter la vision de manière à déformer l’objet ou le faire disparaître. Pour le pouvoir des sorcières sur la vie, la mort et le sexe, cf. Zika 2013 [2007] : 128-129 et, plus généralement, 122-155.

15 Botelho 2002 : 225-246.

16 Il n’est pas anodin que la persécution des crimes sexuels imite, tant du point de vue de leur déroulement que de leur fréquence, les chasses aux sorcières de la période, renforçant ainsi le lien entre sexe, vieilles femmes et sorcières. Cf. Hoak 1985 : 508 et Monter 1976 : 197-298.

17 Corinthiens 7 : 8-9 : « Je dis par conséquent à celles qui ne sont pas mariées et aux veuves qu’il est bon pour elles de se conformer à la loi, comme moi. Mais si elles ne peuvent se retenir, qu’elles se marient ». La codification de la loi canonique et de la sexualité a eu lieu autour de 1140, avec le décret de Gratian. Cf. Crawford 2007 : 68.

18 Pour une étude éclairante du rôle de la sorcellerie et de la connaissance sexuelle, cf. Garrett 2013 : 32-72.

19 Herrero 2007 et Scarborough 2007. Pour une idée d’ensemble des stéréotypes sur les vieilles femmes, cf. Taunton 2007.

20 En France, les femmes proxénètes étaient souvent les premières suspectées de sorcellerie. Cf. Hoak 1985 : 304.

21 Botelho 2013 : 309-310.

22 Neave écrit : « [Les femmes de Baldung], nues, pulpeuses, prenant suggestivement la pose, mettent surtout en relief son obsession pour les mythes sexuels autour de la sorcière ». Neave 1988 : 5 ; cf. aussi Marrow & Shestack 1981 : 114-119.

23 Pour une étude exhaustive de l’anatomie des vieilles femmes, cf. Schafer 2011. Pour le bénéfice médical de partager son lit avec de jeunes gens, cf. Schafer 2011 : 71, 170.

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Table des illustrations

Titre The ages of Life and Death
Légende The ages of Life and Death (1541-1544), 151 x 61 cm, Museo del Prado, Madrid, Hans Grien Baldung (c. 1484-1545)
Crédits Photo credit: Alfredo Dagla Orti / The Art Archive at Art Resource, NY
URL http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/docannexe/image/12812/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 3,0M
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Pour citer cet article

Référence papier

Lynn Botelho, « Les Trois Âges et la Mort du peintre Hans Baldung (XVIe siècle) »Clio, 42 | 2015, 191-201.

Référence électronique

Lynn Botelho, « Les Trois Âges et la Mort du peintre Hans Baldung (XVIe siècle) »Clio [En ligne], 42 | 2015, mis en ligne le 01 décembre 2018, consulté le 13 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/12812 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.12812

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Auteur

Lynn Botelho

Lynn Botelho est professeure d’histoire et directrice des études sur les femmes et le genre à l’Université d’Indiana, en Pennsylvanie. Ses travaux portent sur la vieillesse en Europe, au début de l’époque moderne. Elle a notamment publié Old Age and the English Poor Law, 1500-1700, Power and Poverty: Old Age in Pre-Industrial Society et Women and Ageing in Britain since 1500. Botelho@iup.edu

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