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Dossier

Des femmes à Qumrân ? Entre textes et objets

Women at Qumran? Between texts and objects
Katharina Galor
p. 19-43

Résumés

La question du sexe des résidents du site de Qumrân a longtemps été ignorée, comme s’il allait de soi qu’une telle communauté ne pouvait compter que des hommes. Longtemps aussi les spécialistes ont raisonné en utilisant uniquement les textes des manuscrits trouvés dans les grottes de la mer Morte comme si les données matérielles fournies par les fouilles du site archéologique de Qumrân ne pouvaient leur être associées. Cet article entend analyser les raisons pour lesquelles les chercheurs ont pu affirmer que les femmes étaient a priori exclues de Qumran. Il entend également montrer comment les objets produits par les fouilles prouvent, au contraire, une présence de femmes sur le site.

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Texte intégral

Je voudrais remercier Jean-Michel de Tarragon, Jean-Baptiste Humbert et Kathie Tchobroutsky pour leurs commentaires et corrections de mon manuscrit.

1Le rapprochement des manuscrits de la mer Morte et du reste du matériel provenant du site de Qumrân et de la région immédiate a donné naissance à des théories, hypothèses et reconstructions diverses et contradictoires. La question du genre y occupe une place centrale pouvant éclairer le mystère de la communauté qui aurait copié ou importé les manuscrits des grottes et qui, d’après l’interprétation traditionnelle, aurait vécu dans les bâtiments construits sur le plateau de Qumrân. Le rôle des femmes dans la communauté décrit dans les manuscrits, leur statut dans la société évoqué dans la littérature du ier siècle de notre ère et, finalement, la présence ou non d’éléments matériels attestant leur existence à Qumrân et dans les alentours ont donné lieu à de nombreuses analyses et commentaires érudits. Mon but ici est d’essayer de mettre un peu d’ordre dans l’accumulation d’hypothèses et de théories contradictoires et problématiques et de faire la distinction entre texte et matériel, entre faits et hypothèses et surtout d’établir un dialogue productif entre sources écrites et vestiges archéologiques.

La fouille, l’enquête et l’interprétation : un terrain exclusivement masculin ?

  • 1 Les manuscrits de la mer Morte sont en général répartis en trois groupes : les textes bibliques, le (...)

2C’est le père Roland de Vaux, de l’École biblique et archéologique française (EBAF) de Jérusalem, directeur de la fouille de Qumrân entre 1951 et 1956, qui a souvent été tenu responsable de l’interprétation traditionnelle du site, basée sur sa lecture des documents dits communautaires (et parfois « sectaires »1). D’après lui, les bâtiments, ainsi que d’autres constructions et objets associés, auraient servi de centre de vie pour un groupe de religieux célibataires. Il n’est sans doute pas le seul responsable de cette interprétation qui – bien qu’il ait été consciencieux et professionnel – dérive en grande partie de sa subjectivité.

Fig. 1. Une jarre à manuscrits

Fig. 1. Une jarre à manuscrits

Photo Palestine Archaeological Museum © École biblique et archéologique française.

  • 2 L’histoire de la découverte des rouleaux a connu de nombreuses versions dont par exemple celle de V (...)

3Il est généralement admis que les premiers rouleaux de cuir, enveloppés dans de la toile et déposés dans de grandes jarres (fig. 1), furent découverts en 1947 dans une grotte située à un peu plus d’un kilomètre de distance du site. D’après John C. Trever, un jeune chercheur de l’American School of Oriental Research à Jérusalem, la découverte accidentelle aurait été faite par un pâtre bédouin, Muhammed edh-Dhib Hassan alors qu’il était parti à la recherche d’un de ses animaux. Les rouleaux seraient ensuite passés par les mains de nombreux marchands, d’abord un nommé Ibrahim ‘Ijha de Bethléem qui les aurait apportés à un ou plusieurs antiquaires : Faidi Salahi ou Faidi al-’Alami (peut-être un seul individu, connu sous deux noms différents) ainsi qu’apparemment Khalil Iskander Shahin, mieux connu sous le nom de Kando2.

4Dès 1948, le premier chercheur à établir un lien entre la communauté évoquée dans les manuscrits et les esséniens, une communauté dissidente juive décrite par des historiens du ier siècle ap. J.-C., comme Philon d’Alexandrie, Pline l’Ancien et surtout Flavius Josèphe, fut Eléazar Sukenik, archéologue de l’Université hébraïque. L’importance considérable d’une découverte très rapidement rendue publique a poussé Bédouins et archéologues – sans aucun doute tous de sexe masculin – à explorer systématiquement les grottes naturelles et artificielles de la région de la mer Morte, les uns mobilisés par le gain financier, les autres par l’instinct d’aventure ou la curiosité scientifique. Entre 1947 et 1956, ce travail assidu a abouti à la découverte de onze grottes contenant des milliers de manuscrits dans un état souvent fragmentaire, une découverte qui a complètement révolutionné l’étude de la Bible hébraïque et nos connaissances sur les origines communes des deux religions abrahamiques.

  • 3 Magness 2002 : 15-16.

5L’équipe internationale de rédacteurs, réunie par le père de Vaux pour la publication des manuscrits provenant du sondage des grottes, comptait outre de Vaux lui-même, les pères Pierre Benoit et Dominique Barthélemy ainsi que les abbés Jozef Milik et Jean Starcky qui représentaient la France, Frank Moore M. Cross et Mgr Patrick W. Skehan les États-Unis, John M. Allegro et John Strugnell la Grande-Bretagne et Claus-Hunno Hunzinger l’Allemagne. Une grande partie des sept premiers rouleaux découverts par le pâtre bédouin fut publiée par deux archéologues israéliens, père et fils : Eléazar Sukenik et Yigal Yadin. Depuis 1991, Emanuel Tov est chargé de la direction de l’équipe de rédaction. Beaucoup d’encre a coulé sur les origines nationales et religieuses des chercheurs. Par exemple, l’identification de Qumrân comme centre réservé aux pratiques religieuses, rituelles et intellectuelles de la communauté qui aurait rédigé ces écrits a été critiquée car Roland de Vaux aurait été influencé par son existence monastique et célibataire à l’École biblique et archéologique française. Nombreux sont les chercheurs qui ont souligné la nature discutable de sa terminologie, ainsi son usage des termes de scriptorium (fig. 2) et refectorium (fig. 3) pour décrire certains espaces architecturaux3. Par contre, jusqu’à présent, aucune remarque n’a été faite sur les conséquences possibles du caractère exclusivement masculin des chercheurs mobilisés pendant les deux premières décennies de recherches sur Qumrân.

Fig. 2. Le « scriptorium » (locus 30)

Fig. 2. Le « scriptorium » (locus 30)

Photo PAM © École biblique et archéologique française.

Fig. 3. Le « refectorium » (locus 77)

Fig. 3. Le « refectorium » (locus 77)

Photo de Vaux © École biblique et archéologique française.

  • 4 Les plus souvent citées sont Eileen Schuller, Pauline Donceel-Voûte, Linda Bennett Elder, Lena Cans (...)

6Cette domination masculine dans l’interprétation de Qumrân et des manuscrits de la mer Morte est représentative de l’archéologie dite biblique telle qu’elle a été pratiquée jusqu’aux années 1960, en particulier dans le domaine des fouilles. Il a fallu attendre les années 1970-1980 pour que des femmes archéologues commencent à obtenir des postes importants au sein du Service israélien des antiquités et musées (depuis 1990 l’Israel Antiquities Authority) ainsi que dans le cadre des universités. La participation des chercheuses à l’interprétation des rouleaux et du site est plus tardive encore, elle débute au cours des années 1980. Parmi ces chercheuses, on trouve des historiennes, des biblistes, des épigraphistes, des archéologues, des anthropologues et des conservatrices4. Si la large implication des femmes israéliennes dans l’archéologie a été précoce par rapport aux autres pays, leur discrimination par rapport aux hommes est bien attestée. En tout cas, jusqu’aux années 1990, le sexe des chercheurs importait peu ; on était tellement convaincu de l’absence des femmes dans la communauté de Qumrân que les nombreuses références présentes dans certains des manuscrits et les ambiguïtés relatives aux usages des objets trouvés dans les fouilles étaient ignorées.

  • 5 Deux volumes des rapports de fouilles ont été publiés jusqu’à présent : Humbert & Chambon 1994 ; Hu (...)
  • 6 Depuis quelques années la question du genre est abordée dans la plupart des conférences sur les rou (...)
  • 7 Meyers 2003: 185.
  • 8 Whitehouse 2006; Anstett & Gélard 2012.
  • 9 Meyers 2003: 187.

7C’est en 1989, à l’occasion de la célébration du centenaire de l’École biblique et avec la reprise des travaux sur le matériel archéologique sous la direction de Jean-Baptiste Humbert, que de nouvelles interrogations sur la présence des femmes se sont développées5. Depuis, la question du rôle des femmes dans les communautés et, plus généralement, dans la société judéenne pendant la période du Second Temple, occupe une place de plus en plus importante dans les recherches sur Qumrân et les rouleaux de la mer Morte6. Malgré cette attention portée à la question de la présence de femmes à Qumrân, le potentiel livré par la culture matérielle du site n’a pas été épuisé. Cette négligence signale le manque d’attention au genre de la part des archéologues. Il faut noter que parmi toutes les disciplines des sciences humaines, l’archéologie est celle qui a abordé le plus tardivement la problématique du genre7. En France, la première publication sur la culture matérielle et la production sociale des identités sexuées vient juste de paraître, une trentaine d’années après les premières études publiées aux États-Unis8. En comparaison avec les recherches menées dans nombre de pays du Bassin méditerranéen et du Moyen Orient, ce retard est encore plus prononcé pour la Palestine. Ceci peut s’expliquer, du moins en partie, par le fait qu’en Terre Sainte l’archéologie souffre de la place prééminente qu’occupe la Bible dans la reconstruction du passé9. Il en va de même pour l’archéologie de Qumrân par rapport aux manuscrits de la mer Morte. S’il est impossible d’évaluer ce site sans tenir compte des textes associés à la région et produits à la même époque, il est bien souvent fait peu de cas de la dimension subjective, imaginaire ou idéologique, que ces textes projettent sur le site..

  • 10 Crawford 2003 :141-142.

8Compte tenu de ce que nous apprennent les données textuelles et matérielles, le dialogue entre les disciplines est sans doute aujourd’hui plus crucial que le sexe du chercheur, de même que la communication ou non, entre les disciplines. Si les experts des rouleaux font généralement référence aux découvertes archéologiques et si les archéologues et archéo-anthropologues se tiennent au courant des différentes théories prévalant parmi les philologues, rares sont ceux qui maîtrisent véritablement les méthodologies des différentes disciplines et qui soient capables d’évaluer de façon indépendante l’exactitude de toutes les données. Nous sommes loin du temps de de Vaux, de Sukenik ou de Yadin, dont l’expertise concernait autant l’analyse philologique que l’étude du matériel archéologique. La spécialisation grandissante des uns et des autres a créé un énorme fossé qui rend la communication des idées et des données de plus en plus difficile. Cette tendance est manifeste dans l’étude récente de Crawford concluant que la présence des femmes au sein de la communauté, dorénavant, selon elle, un fait accompli, est en contradiction avec la culture matérielle du site de Qumrân10. Son compte rendu sommaire des vestiges archéologiques et anthropologiques, fidèle aux impressions de de Vaux, n’est malheureusement pas à la hauteur de son analyse textuelle. Si l’on pouvait ajouter la maîtrise des sources matérielles et textuelles, telle qu’elle était possédée par les chercheurs du milieu du xxe siècle, avec l’intérêt pour les femmes et le genre tel qu’il se manifeste chez un certain nombre de chercheur.e.s de la fin du xxe et du début du xxie siècle, on aboutirait à une interprétation bien plus forte que celles qui prévalent actuellement.

L’interprétation traditionnelle

  • 11 De Vaux 1961 [1973 pour la trad. anglaise].

9Depuis la découverte des rouleaux de la mer Morte, l’archéologie a joué un rôle important dans l’identification du site de Qumrân, dans la reconstruction des bâtiments, dans l’analyse des objets ainsi que dans l’interprétation des habitants du lieu. Jusqu’à présent, l’interprétation dominante reste celle proposée par Roland de Vaux qui associe de façon harmonieuse les données des manuscrits, de la littérature du ier siècle de notre ère et des découvertes archéologiques11. La synthèse des données, parfois dite théorie consensuelle, identifie les auteurs des manuscrits comme des esséniens, le groupe religieux qui utilisa Qumrân comme centre communautaire servant de lieu de réunion et de culte entre 130 av. J.-C. et 68 ap. J.-C. De Vaux a reconstruit leur philosophie et leur mode de vie à partir d’une lecture sélective des manuscrits, en particulier le Manuel de Discipline et le Document de Damas, mis en parallèle avec des extraits d’auteurs du ier siècle comme Philon, Pline l’Ancien et Flavius Josèphe. De Vaux a réduit les divergences, souvent même les contradictions, suggérant que les esséniens menaient une vie de célibat religieux à Qumrân et que celle-ci avait laissé des traces tangibles sur le site.

  • 12 Magness 2002.

10Selon de Vaux, les esséniens représenteraient un groupe marginal avec des croyances et pratiques différentes des Juifs, dont le culte et la gouvernance religieuse et politique étaient centrés à Jérusalem autour du Temple et de la hiérarchie des prêtres. Cette communauté d’ascètes aurait vécu de façon complètement indépendante du reste de la société sur le plan économique et social. Les bâtiments fouillés sur le plateau de Qumrân (fig. 4) auraient servi pour les activités communes, telles que l’industrie de subsistance, les repas, les réunions, les prières, les bains rituels et l’activité de scribe et d’étude. Le manque d’espace à usage domestique régulier suggérait à de Vaux que les esséniens avaient pu dormir dans des grottes et des tentes à proximité de l’ensemble architectural. La nécropole d’environ 1 200 tombes (fig. 5), séparée des bâtiments par un long mur, aurait également conservé les traces d’une communauté d’hommes célibataires. Les preuves archéologiques soi-disant incontestables de cette thèse sont l’isolement du site, son caractère architectural unique et, finalement, la céramique singulière trouvée uniquement sur le site même ainsi que dans les grottes contenant les rouleaux. Cette interprétation, malgré l’avancée de l’étude des manuscrits et du matériel archéologique, a été adoptée récemment, avec quelques modifications mineures, par Jodi Magness, une archéologue américaine qui a réussi à solidifier et presque sanctifier cette thèse auprès des spécialistes des manuscrits12. Pourtant, le nombre d’archéologues qui adhèrent aujourd’hui à cette interprétation traditionnelle est de plus en plus réduit.

Les voix alternatives qui démontrent la présence des femmes

11Pendant une quarantaine d’années, le seul manuscrit publié décrivant la communauté dite qumrânienne fut le Manuel de Discipline, un texte qui n’évoque jamais de femmes et s’accorde donc bien avec l’interprétation traditionnelle. Cependant la mise en question du célibat essénien avait surgi plusieurs années avant la fin de la publication des manuscrits en 1997.

Fig. 4. L’ensemble architectural de Qumrân, vue aérienne

Fig. 4. L’ensemble architectural de Qumrân, vue aérienne

Photo PAM © École biblique et archéologique française.

Fig. 5. Le cimetière, vue aérienne

Fig. 5. Le cimetière, vue aérienne

Photo PAM © École biblique et archéologique française.

12Dans sa description des esséniens, Flavius Josèphe (au ier siècle de notre ère) établissait une distinction nette entre les hommes qui menaient une vie de célibataire et ceux qui se mariaient et avaient des enfants. L’identification des auteurs des manuscrits de la mer Morte, décrivant une communauté qu’ils nomment yahad, avec les esséniens décrits par les historiens du ier siècle a conduit plusieurs chercheurs à douter de l’exclusivité masculine parmi les membres du yahad. Malgré ces contradictions textuelles quant à l’identité des auteurs des manuscrits et le pourcentage des individus qui pratiquaient le célibat, personne aujourd’hui ne doute que des femmes aient pu être présentes dans certaines communautés religieuses de l’époque. Les textes qui discutent leur statut légal, leurs droits et devoirs, les questions de mariage, de sexualité ainsi que des pratiques rituelles sont nombreux et désormais intégrés au corpus documentaire des spécialistes. Il est par ailleurs aujourd’hui admis que la littérature de l’époque du Second Temple était particulièrement androcentrique, c’est-à-dire écrite (composée, rédigée et copiée) par des hommes pour un public exclusivement masculin. Par conséquent, le manque de référence aux femmes n’est plus considéré comme preuve de leur absence.

  • 13 Le premier colloque focalisé entièrement sur l’archéologie de Qumrân fut organisé en 2002. Galor, H (...)
  • 14 Humbert 1994.
  • 15 Donceel-Voûte 1994.
  • 16 Donceel 1999/2000.
  • 17 Golb 1995 ; Cargill 2009 ; Crown & Cansdale 1994.
  • 18 Hirschfeld 2004.
  • 19 Magen & Peleg 2007.

13Des discussions semblables, peut-être même plus nettes encore, divisent les archéologues13. Les interprétations alternatives, plus ou moins influencées par les nouvelles lectures des manuscrits, sont essentiellement déterminées par le dynamisme de l’archéologie dans cette région : reprise du matériel archéologique fouillé autrefois par de Vaux, nouvelles fouilles et sondages sur le plateau de Qumrân, découverte de nombreux sites contemporains dans les environs de la mer Morte. Quoiqu’attaché à l’idée que le site de Qumrân ait été fréquenté par les esséniens, Jean-Baptiste Humbert fut le premier à établir une ressemblance entre son noyau architectural et d’autres « grandes maisons » hellénistiques dans la région14. Il remarqua le caractère élaboré du décor architectonique en contradiction avec la simplicité soulignée dans le rapport de fouilles de Roland de Vaux. Cette ressemblance architecturale a conduit Pauline Donceel-Voûte à proposer que les bâtiments représenteraient les vestiges d’une villa romaine et qu’ils n’auraient jamais servi de lieu de culte15. L’étude de la vaisselle en céramique, en pierre et en verre, qu’elle a menée avec son mari Robert Donceel, a renforcé sa conviction qu’il ne s’agissait point d’habitants pauvres et modestes mais plutôt de propriétaires qui jouissaient du luxe et du confort caractéristiques de tant d’autres villas contemporaines16. Selon Norman Golb et Robert Cargill, le site aurait été une forteresse tandis qu’Alan Crown et Lena Cansdale y voient plutôt un entrepôt et un centre d’échanges économiques17. Une comparaison systématique avec d’autres sites hellénistiques et romains de la région a poussé Yizhar Hirschfeld à considérer Qumrân comme un manoir, soulignant une fois de plus les caractéristiques de l’ensemble architectural, communes et répandues à l’époque18. Enfin, d’après Yitzhak Magen et Yuval Peleg, directeurs des fouilles entre 1993 et 2003, le site aurait servi à la production industrielle de céramique19. On voit que les archéologues sont loin d’être d’accord sur la fonction du site de Qumrân. Mais, ce qui est important, c’est que l’interprétation ne souffre plus de l’isolement dans lequel la fouille des années 1950 a été conduite. L’évaluation du matériel archéologique bénéficie désormais d’une perspective comparative et régionale qui permet de distinguer traits spécifiques et traits communs à Qumrân et à d’autres sites de la même époque. Reste la question du rapport entre le site et les rouleaux.

  • 20 Rengstorf 1960.
  • 21 Golb 1995.

14Le premier à douter que les habitants du site aient été ceux qui avaient élaboré, du moins en partie, les manuscrits trouvés sur place que, face au danger de l’invasion romaine, ils auraient cachés dans les grottes, fut Kainearl Heinrich Rengstorf20. D’après lui, les rouleaux venaient de la bibliothèque du Temple de Jérusalem. Plus récemment, Golb a défendu l’idée que les manuscrits ne furent pas rédigés à Qumrân mais proviendraient plutôt de plusieurs bibliothèques de Jérusalem représentant différents courants du judaïsme21. Les archéologues Hirschfeld, Magen et Peleg rejettent également l’association directe entre les habitants du site et les rouleaux des grottes. Quoi qu’il en soit, et en attendant que d’autres découvertes ne viennent confirmer ou infirmer ces différentes thèses, après la découverte et la publication de nombreux autres sites fouillés dans la région, l’ensemble architectural ainsi que les objets associés ont perdu leur singularité. Une interprétation du site comme un lieu où des femmes auraient vécu devient pensable et plausible.

Culture matérielle et production sociale du genre : la nécropole et quelques artefacts

  • 22 Il faut faire la distinction entre sexe et genre, des qualifications qui déterminent les résultats (...)

15Pour mieux apprécier comment et dans quelle mesure le matériel archéologique de Qumrân pourrait élucider les questions concernant le sexe des individus qui habitaient cet espace, je propose d’étudier la nécropole ainsi que quelques artefacts particuliers. C’est une tâche compliquée : la plupart des découvertes archéologiques sont complètement neutres du point de vue du genre et ne nous permettent que des conclusions limitées sur l’identité des personnes qui les produisaient ou les utilisaient22. Cette ambiguïté même est révélatrice de l’impossibilité de caractériser le site de Qumrân comme un espace exclusivement masculin. Mais les apports de la culture matérielle ne sont pas uniquement négatifs : les tombes, un filet à cheveux, des fragments de tissu et des récipients à parfums sont des indices précieux ouvrant la voie à d’autres interprétations.

  • 23 De Vaux 1961 : 37-39, 46-47 et 1973 : 45-48, 57-58.
  • 24 Steckoll 1968, 1969.
  • 25 Röhrer-Ertl 2006; Rohrhirsch & Röhrer-Ertl 2001.
  • 26 Sheridan, Ullinger & Ramp 2003.

16La nécropole de Qumrân se situe à l’est de l’ensemble architectural à une distance d’à peu près 35 mètres. D’après de Vaux et bien qu’il n’en ait fouillé qu’une quarantaine (figs 6 et 7), les sépultures confirmeraient que le site avait servi à une communauté d’hommes célibataires. Pourtant, ni lui23, ni son collègue Solomon H. Steckoll24 – chargé spécifiquement de la tâche d’analyser les squelettes – n’en ont fourni d’étude précise. Après plus de trente ans d’interruption, cette zone du site a attiré de nouveau l’attention des chercheurs qui ont mené des analyses beaucoup plus scientifiques et détaillées. Un peu plus de la moitié du matériel osseux a été envoyée et étudiée en Allemagne25. Le reste a été distribué à deux institutions françaises, le Musée de l’Homme à Paris et l’École biblique de Jérusalem26.

Fig. 6. Tombe 7 avant l’ouverture

Fig. 6. Tombe 7 avant l’ouverture

Photo de Vaux © École biblique et archéologique française.

Fig. 7. Tombe 7 après l’ouverture

Fig. 7. Tombe 7 après l’ouverture

Photo de Vaux © École biblique et archéologique française.

Fig. 8. Bijoux de la Tombe 33

Fig. 8. Bijoux de la Tombe 33

Photo de Vaux © École biblique et archéologique française.

  • 27 Hirschfeld 2004: 159; Rosenberg & Meyers dans Sheridan, Ullinger & Ramp 2003: 135; Eshel et al. 200 (...)

17La nécropole a également été explorée de façon plus approfondie dans le but de préciser la situation, la distribution et l’orientation exactes des sépultures27.

  • 28 Zias 2000 : 225-234.
  • 29 Clamer 1997 : 171-183.
  • 30 Galor 2010 : 395.

18L’état du matériel archéologique et du site lui-même ne permet pas des conclusions définitives, mais leur étude ouvre néanmoins d’autres perspectives que celles fournies par l’interprétation traditionnelle. Les seuls objets indicatifs du sexe des individus sont quelques bijoux associés à des ossements de femmes (fig. 8). Se fondant sur l’apparence de ces bijoux et les caractéristiques des squelettes, l’archéo-anthropologue Joe Zias, en accord avec la théorie du célibat masculin, celle de Roland de Vaux, pense que les seules tombes contenant des sépultures de femmes à Qumrân sont de date récente et appartiendraient à une communauté de Bédouins28. Leur position en bordure du cimetière principal confirmerait le décalage chronologique, une constatation qui avait déjà été faite par de Vaux. Dans son étude détaillée du matériel funéraire, Christa Clamer a récemment proposé de dater la bague, les boucles d’oreilles et les perles retrouvées dans lesdites tombes plutôt de l’époque romaine et byzantine, une datation que j’ai pu confirmer sauf pour les perles en os et en verre29. La typologie de ces dernières n’a en effet pas suffisamment évolué pour permettre de distinguer celles qui datent de l’âge du Bronze de celles qui datent de l’époque islamique tardive30. Malheureusement, le manque de céramiques ou d’autre matériel, ne nous permet pas de dater plus précisément ces tombes.

  • 31 Politis 2006.
  • 32 Zangenberg 2000 : 51, 66-72 ; Avni 2009.
  • 33 Norton 2003 : 123.

19Les résultats sont donc ambigus mais, quoi qu’il en soit, ne confirment pas la thèse d’un lieu qui aurait été uniquement habité par des hommes. Malgré l’avancée des recherches, nos connaissances sur les individus enterrés dans la nécropole restent assez limitées. L’importance du délai entre la découverte des ossements et leur étude scientifique réduit considérablement les possibilités d’aboutir à des résultats valables. L’état actuel des ossements est lamentable et ne nous permet d’extraire que quelques données approximatives et, comme 5 % seulement des tombes ont été fouillés, nos constatations statistiques sont très limitées. Une autre difficulté vient du fait que très peu d’artefacts trouvés dans les tombes ont été documentés, ce qui réduit nos connaissances chronologiques, socio-économiques et religio-culturelles. Sans revenir sur les détails anthropologiques et archéologiques des tombes, et sans répéter ici les points de divergence, je voudrais souligner quelques faits aujourd’hui admis par la plupart des chercheurs. Toutes les tombes fouillées et étudiées datent de l’époque hellénistique tardive et romaine et sont donc contemporaines de l’ensemble architectural du plateau à son époque d’extension maximale. La nécropole de Qumrân, qui paraissait originale à de Vaux, est d’un type bien connu maintenant dans la région de la mer Morte et plus généralement en Palestine31. Les ossements funéraires ne nous permettent pas de tirer de conclusions sur l’identité religieuse ou ethnique des individus enterrés et encore moins de les attribuer à une communauté particulière32. Statistiquement, 23 % des ossements appartiennent à des femmes (63 % à des hommes et 6 % à des enfants), une proportion observée sur d’autres sites de la région33. Contrairement aux premières constatations, les tombes des femmes n’apparaissent pas avoir une localisation bien délimitée ou marginalisée. Finalement, en ce qui concerne les objets qui indiquent un sexe particulier, nous sommes limités à quelques bijoux que l’on associe généralement aux femmes. En résumé, les arguments du célibat masculin et des particularités esséniennes sont difficiles à défendre.

20En dehors de la nécropole, quelques objets éclairant la question de la présence de femmes ont été retrouvés dans les bâtiments situés sur le plateau ainsi que dans quelques grottes. L’un des points problématiques pour l’évaluation de ce matériel est la relation entre le site de Qumrân et les grottes. D’après les tenants de la thèse traditionnelle, ces lieux auraient servi à la même communauté, un argument établi entre autres par une culture matérielle identique. Néanmoins, ce lien est mis en doute par un nombre de plus en plus grand de chercheurs dont la position critique impose d’opérer une différenciation entre objets trouvés dans les bâtiments et objets provenant des grottes. Il est important de noter qu’en comparaison avec les grottes, beaucoup moins d’artefacts en matière organique ont survécu dans l’ensemble architectural. Les conditions de conservation différentes entre les deux contextes sont particulièrement problématiques pour ceux qui n’acceptent pas que les habitants du site fussent liés directement aux grottes.

  • 34 Berman 1999.
  • 35 Sampaolo 1992 : 104.
  • 36 Évangile selon Thomas 41 : 24 ; Talmud de Babylone : Shabbath 57 & 64.

21Un artefact pratiquement négligé dans la littérature se référant à l’identité des habitants de Qumrân et des sites alentours est un filet à cheveux retrouvé dans une des grottes. Les représentations les plus anciennes de filets à cheveux apparaissent sur des figurines préhistoriques34. Une version luxueuse en fil d’or fin existe à l’époque hellénistique tardive et romaine. La fameuse fresque pompéienne dite « Portrait de Sappho » en est un excellent exemple35. Le filet de Qumrân est en lin, donc plus modeste que celui de Rome, et correspond à un type beaucoup plus répandu localement et dans la région méditerranéenne. Des passages de l’Évangile selon Thomas, ainsi que du Talmud de Babylone, complètent les données archéologiques et iconographiques en indiquant que les filets à cheveux étaient portés par des femmes36. On pourrait donc penser que des femmes ont vécu dans les alentours de Qumrân.

  • 37 Bélis 2003 : 251-259.
  • 38 D’après Orit Shamir et Naama Sukenik la Grotte de Noël est dissociée de la communauté de Qumrân. Sh (...)

22Autres objets d’importance dans le cadre de notre enquête : quelques fragments de tissu. Les seuls fragments presque miraculeusement préservés – quoiqu’à moitié carbonisés – parmi les vestiges de l’ensemble architectural de Qumrân furent trouvés dans le locus 9637. Des analyses ont pu établir qu’il s’agissait de tissus en lin. D’autres fragments, également en lin, proviennent des Grottes 1, 8 et 11. Les seuls fragments en laine, provenant de la Grotte de Noël, sont décorés soit de bandes descendant verticalement des épaules, soit avec un motif de gamma38.

  • 39 Roussin 2001 : 184.
  • 40 Yadin 1971 : 72, 76.
  • 41 Yadin 1971 : 69-79.
  • 42 Roussin 2001 : 185-187.

23Or, de nombreuses représentations de tuniques apparaissent au iiie siècle ap. J.-C sur les peintures murales de la synagogue de Doura Europos en Syrie qui permettent d’interpréter des usages sexués de ces vêtements. La différence entre les tuniques portées par des hommes, toujours décorées avec des bandes ébréchées (fig. 9), et les tuniques portées par des femmes, décorées au motif de gamma (fig. 10), est bien visible39. En dehors des fragments découverts dans la Grotte de Noël, d’autres fragments avec ces deux formes de décor et datant du iie siècle ap. J.-C. ont été retrouvés dans la Grotte aux Lettres, située à 20 km au sud de Qumrân40. L’attribution des deux types de décors aux différents sexes fut d’abord proposée par Yigal Yadin41. Cette interprétation a été récemment confirmée par Lucille Roussin qui a mené une analyse approfondie sur la question des vêtements portés par les Juifs42.

Fig. 9. Détail de la Découverte de Moïse enfant par la princesse égyptienne, Synagogue de Doura Europos, iiie siècle après J.-C.

Fig. 9. Détail de la Découverte de Moïse enfant par la princesse égyptienne, Synagogue de Doura Europos, iiie siècle après J.-C.

© Yale University Art Gallery Dura-Europos Collection.

Fig. 10. Détail de l’Onction de David par Samuel 9, Synagogue de Doura Europos, iiie siècle après J.-C.

Fig. 10. Détail de l’Onction de David par Samuel 9, Synagogue de Doura Europos, iiie siècle après J.-C.

© Yale University Art Gallery Dura-Europos Collection.

24D’après Flavius Josèphe, l’habit des esséniens aurait été blanc (Guerre, ii, vii, Sn 5), un autre des nombreux faits que les traditionalistes voulurent confirmer avec les découvertes archéologiques. Malgré les difficultés à établir la couleur des fragments carbonisés retrouvés dans le locus 96, les chercheurs ont tendance à souligner la correspondance entre texte et culture matérielle et concluent automatiquement que tous les fragments de tissus retrouvés à Qumrân et dans les alentours sont obligatoirement blancs. Malgré les efforts continus pour établir un lien entre les fragments de tissus et le célibat, les arguments restent faibles.

  • 43 Donceel 1999/2000 : 17.

25Une dernière catégorie d’objets, qui pourrait éventuellement contribuer à identifier une présence féminine, est celle des récipients à parfum. Deux types de récipients associés à des huiles et des parfums ont été retrouvés en grand nombre sur le site de Qumrân : l’un d’eux est l’unguentarium (fiole fusiforme) en verre et l’autre le flacon en céramique généralement de forme globulaire (fig. 11)43.

Fig. 11. Cruche en céramique de forme globulaire

Fig. 11. Cruche en céramique de forme globulaire

Photo PAM © École biblique et archéologique française.

26Des références bibliques indiquent que les parfums contenaient plusieurs sortes d’essences et d’herbes (de myrrhe, d’aloès, de cassia et de cannelle) que l’on utilisait pour embaumer les corps (Isaïe, 3 : 24 ; Cantique, 4 : 10), les vêtements (Psaumes, 45 : 9) ou les draps (Proverbes, 7 : 17). À l’opposé des parfums modernes, solutions à base d’alcool et d’essence distillée, les parfums de l’Antiquité étaient constitués de mélanges d’essences et d’huiles.

  • 44 Ma traduction. Stewart 2007 : 64.

27L’affirmation selon laquelle seules les femmes auraient utilisé les parfums, relève sans aucun doute d’une idée préconçue. Les textes sont assez ambigus quant aux usages sexués des utilisateurs. Comme l’a remarqué Susan Stewart « les parfums [pendant l’époque romaine] étaient portés par ceux qui voulaient transmettre un message sexuel et, éventuellement, souligner les différences sexuelles »44. Achille Tatius, écrivain grec ayant probablement vécu au iie siècle av. J.-C., fait énoncer au personnage de Ménélas, qui compare la beauté des femmes à celles des garçons, un véritable topos de la rhétorique homoérotique :

  • 45 Achille Tatius, Le Roman de Leucippé et Clitophon, 2.38.2-3, Les Belles Lettres, 2010 (1re éd. 1991 (...)

sa beauté [de la femme] n’est faite que de parfums, de teinture pour les cheveux et même pour les baisers. Mais si tu lui retires les nombreuses supercheries, elle ressemble au geai de la fable, dénudé de ses plumes. Au contraire, la beauté des garçons n’est pas imprégnée des fragrances des parfums, ni de senteurs perfides et empruntées, et la sueur des enfants est meilleure que tous les onguents des femmes45.

  • 46 Patrich & Arubas 1989; Donceel-Voûte 1994: 32-33; Hirschfeld 2004: 138.
  • 47 Martial, Epigrams, 14.59 et 3.63.4.
  • 48 Baskin 2002 : 66-67 ; Stewart 2007 : 96.

28L’emploi de produits cosmétiques et de parfums était courant, malgré des oppositions exprimées dans quelques textes à visée moraliste. Plusieurs auteurs anciens attestent qu’il y avait une récolte et une production de baume, arbuste sauvage qui ne poussait que dans la région de la mer Morte, fortement appréciée non seulement localement mais aussi bien dans des pays lointains. Donceel-Voûte, Patrich et Arubas, ainsi que Hirschfeld ont associé le baume avec les récipients en céramique de forme globulaire retrouvés dans la région de Qumrân46. Dans le Nouveau Testament et dans le Talmud, le parfum est généralement associé aux femmes. Pour Martial, en revanche, le baume était un parfum dont certains hommes se servaient47. Si la présence à Qumrân et dans les alentours, de récipients généralement considérés comme ayant contenu des essences et des huiles, ne peut être exclusivement liée à des usages de femmes, du moins pouvons-nous constater que leur grand nombre semble en contradiction avec la modestie attestée des esséniens48.

*

29La question de la présence des femmes à Qumrân a été abordée dès le début des recherches sur les rouleaux de la mer Morte et des fouilles archéologiques menées dans les années 1950. Mais il a fallu attendre plusieurs décennies pour que la thèse traditionnelle du célibat d’hommes soit remise en question. Malheureusement les textes ont toujours gardé un rôle prédominant dans l’analyse, reléguant le matériel archéologique à une place secondaire. Quoique la plupart des chercheurs reconnaissent aujourd’hui que les communautés décrites dans les manuscrits comptaient des femmes parmi elles, il y a toujours beaucoup d’hésitations à faire accepter le caractère ordinaire du site du point de vue du sexe de ses habitants. Il est vrai que peu de traces matérielles indiquent la présence de femmes à Qumrân et dans les grottes à manuscrits. Mais ces traces existent et leur faible quantité n’est pas anormale par rapport à d’autres sites régionaux de la même époque. Bien que les analyses littéraires confirment ce que les traces physiques suggèrent, il est donc étonnant que les chercheurs des textes aient du mal à délaisser l’interprétation traditionnelle des vestiges. Il reste à souhaiter qu’une meilleure coopération entre philologues, archéologues et archéo-anthropologues nous permette d’éviter les erreurs désormais injustifiables relatives à cette question fondamentale de la présence de femmes à Qumrân.

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Bibliographie

Sources

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Notes

1 Les manuscrits de la mer Morte sont en général répartis en trois groupes : les textes bibliques, les textes « communautaires » et les textes « non communautaires ». Les textes « communautaires » utilisent une terminologie et des idées qui montrent qu’ils sont issus d’un milieu organisé, avec des pratiques et des idées religieuses qui expliquent que l’on emploie parfois le terme de « sectaire » très utilisé en anglais ; voir Paul 2008 : ix-xvi.

2 L’histoire de la découverte des rouleaux a connu de nombreuses versions dont par exemple celle de VanderKam & Flint 2002 : 3-19 qui est assez populaire.

3 Magness 2002 : 15-16.

4 Les plus souvent citées sont Eileen Schuller, Pauline Donceel-Voûte, Linda Bennett Elder, Lena Cansdale, Joan Taylor, Jodi Magness, Devorah Dimant, Orit Shamir, Susan Sheridan, Mireille Bélis, Sidnie White Crawford, Maxine Grossman et Tal Ilan.

5 Deux volumes des rapports de fouilles ont été publiés jusqu’à présent : Humbert & Chambon 1994 ; Humbert & Gunneweg 2003.

6 Depuis quelques années la question du genre est abordée dans la plupart des conférences sur les rouleaux de la mer Morte. Souvent, une session entière y est consacrée. Voir par exemple Roitman et al. 2011.

7 Meyers 2003: 185.

8 Whitehouse 2006; Anstett & Gélard 2012.

9 Meyers 2003: 187.

10 Crawford 2003 :141-142.

11 De Vaux 1961 [1973 pour la trad. anglaise].

12 Magness 2002.

13 Le premier colloque focalisé entièrement sur l’archéologie de Qumrân fut organisé en 2002. Galor, Humbert & Zangenberg 2006.

14 Humbert 1994.

15 Donceel-Voûte 1994.

16 Donceel 1999/2000.

17 Golb 1995 ; Cargill 2009 ; Crown & Cansdale 1994.

18 Hirschfeld 2004.

19 Magen & Peleg 2007.

20 Rengstorf 1960.

21 Golb 1995.

22 Il faut faire la distinction entre sexe et genre, des qualifications qui déterminent les résultats de l’étude anthropologique menée par Sheridan. Cette distinction est faite dans Sheridan, Ullinger & Ramp 2003 : 143-150.

23 De Vaux 1961 : 37-39, 46-47 et 1973 : 45-48, 57-58.

24 Steckoll 1968, 1969.

25 Röhrer-Ertl 2006; Rohrhirsch & Röhrer-Ertl 2001.

26 Sheridan, Ullinger & Ramp 2003.

27 Hirschfeld 2004: 159; Rosenberg & Meyers dans Sheridan, Ullinger & Ramp 2003: 135; Eshel et al. 2002: 138.

28 Zias 2000 : 225-234.

29 Clamer 1997 : 171-183.

30 Galor 2010 : 395.

31 Politis 2006.

32 Zangenberg 2000 : 51, 66-72 ; Avni 2009.

33 Norton 2003 : 123.

34 Berman 1999.

35 Sampaolo 1992 : 104.

36 Évangile selon Thomas 41 : 24 ; Talmud de Babylone : Shabbath 57 & 64.

37 Bélis 2003 : 251-259.

38 D’après Orit Shamir et Naama Sukenik la Grotte de Noël est dissociée de la communauté de Qumrân. Shamir & Sukenik 2011 : 206 et 212.

39 Roussin 2001 : 184.

40 Yadin 1971 : 72, 76.

41 Yadin 1971 : 69-79.

42 Roussin 2001 : 185-187.

43 Donceel 1999/2000 : 17.

44 Ma traduction. Stewart 2007 : 64.

45 Achille Tatius, Le Roman de Leucippé et Clitophon, 2.38.2-3, Les Belles Lettres, 2010 (1re éd. 1991).

46 Patrich & Arubas 1989; Donceel-Voûte 1994: 32-33; Hirschfeld 2004: 138.

47 Martial, Epigrams, 14.59 et 3.63.4.

48 Baskin 2002 : 66-67 ; Stewart 2007 : 96.

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Table des illustrations

Titre Fig. 1. Une jarre à manuscrits
Légende Photo Palestine Archaeological Museum © École biblique et archéologique française.
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Titre Fig. 2. Le « scriptorium » (locus 30)
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Titre Fig. 3. Le « refectorium » (locus 77)
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Titre Fig. 4. L’ensemble architectural de Qumrân, vue aérienne
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Titre Fig. 5. Le cimetière, vue aérienne
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Titre Fig. 6. Tombe 7 avant l’ouverture
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Titre Fig. 7. Tombe 7 après l’ouverture
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Titre Fig. 8. Bijoux de la Tombe 33
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Titre Fig. 9. Détail de la Découverte de Moïse enfant par la princesse égyptienne, Synagogue de Doura Europos, iiie siècle après J.-C.
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Titre Fig. 10. Détail de l’Onction de David par Samuel 9, Synagogue de Doura Europos, iiie siècle après J.-C.
Légende © Yale University Art Gallery Dura-Europos Collection.
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Titre Fig. 11. Cruche en céramique de forme globulaire
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Pour citer cet article

Référence papier

Katharina Galor, « Des femmes à Qumrân ? Entre textes et objets »Clio, 40 | 2014, 19-43.

Référence électronique

Katharina Galor, « Des femmes à Qumrân ? Entre textes et objets »Clio [En ligne], 40 | 2014, mis en ligne le 26 novembre 2017, consulté le 09 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/clio/12076 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/clio.12076

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Auteur

Katharina Galor

Archéologue et historienne de l’art, spécialisée dans la région de la Syrie-Palestine. Actuellement enseignante à Brown University et au Rhode Island School of Design à Providence, RI (États-Unis), elle est également chercheuse associée à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (Israël). Elle a fait de fouilles nombreuses en Israël, y compris à Qumrân.
Katharina_Galor@Brown.edu

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