Résumés
Cet article se fonde sur des terrains ethnographiques menés dans des laboratoires de robotique et dans des espaces de socialisation des robots en France. Il s’intéresse au problème des conditions de la prise de photographies, du cadrage et des modalités de la prise de vue qui dépendent à la fois des technologies et des formes que prennent les interactions entre machines et humains. En s’intéressant aux acteurs et motifs des clichés réalisés par les différents acteurs qui fréquentent les laboratoires de robotique, il s’agira de souligner la place qu’occupent les environnements techniques et humains dans le dispositif visuel : selon qu’ils sont exclus ou au premier rang de la photo, ils dévoilent un message sur la place des robots en société (comme machines autonomes ou comme produits de l’œuvre humaine). Ces lignes de développement nourriront ainsi une réflexion sur la portée et les limites de la technique de la photographie ethnographique et sur les adaptations particulières qu’elle doit consentir, dans un contexte de high-tech comme celui de la robotique, pour demeurer un outil à finalité heuristique.
This article draws on ethnographical fieldwork conducted in robotics laboratories and in spaces in France for the socialisation of robots. It explores questions related to the context in which photographs are taken, the framing, and types of take, which depend both on the technologies and the different forms of interaction between machines and humans. The article considers the parties involved and the subjects of the snapshots produced by the different actors found in robotics laboratories, with the aim of highlighting the space taken up in the visual frame by the technical environments and by humans. Depending on whether they are excluded from the photo, or in the foreground, they reveal a message about the role of robots in society (as autonomous machines or as the fruits of human labour). These lines of enquiry thus also lead to a reflection on the importance and limits of the technique of ethnographic photography and on the specific ways it needs to be adapted in a high-tech context such as robotics, in order to retain its value as a heuristic tool.
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Plan
Introduction
Le robot : objet ou objet de photographie ?
Photographier des robots : ce que cherche l’ethnographe
Attentes d’usagers et réponses de roboticiens
Le robot, comme objet esthétique
Photographier des robots : du côté des roboticiens
Conclusion
Photographie des robots au service de l’ethnographie et ethnographie de la photographie robotique
Aperçu du début du texte
Introduction
Depuis trois décennies, l’anthropologie s’est investie dans l’étude des nouvelles technologies et de la robotique. A l’image d’une anthropologie digitale qui s’efforce de saisir la spécificité des technologies en question en ajustant les techniques d’enquête « traditionnelles » (enquête de terrain de type monographie par immersion et collection directe des informations empiriques) à un contexte d’étude un peu particulier, celui de l’hypermodernité technologique (Escobar 1994), une anthropologie de la robotique se déploie dans un univers de techniques dont elle entend rendre compte avec le regard décentré et comparatif de l’anthropologue. A la différence de l’anthropologie digitale, toutefois, qui explore des « mondes virtuels » qui existent à plat des écrans mais en relief des « sociétés » et « cultures » qui s’y déploient (Seaver 2017 ; Servais 2020), l’anthropologie de la robotique s’intéresse à des objets (théoriques et empiriques) dont la matérialité les rend plus di...
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Pour citer cet article
Référence papier
Lionel Obadia, « Photographier des robots en laboratoire : images, mouvement et contextes », Civilisations, 72 | 2023, 135-151.
Référence électronique
Lionel Obadia, « Photographier des robots en laboratoire : images, mouvement et contextes », Civilisations [En ligne], 72 | 2023, mis en ligne le 01 janvier 2027, consulté le 13 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/civilisations/7764 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/12t99
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Auteur
Professeur d’anthropologie à l’Université de Lyon 2, ancien Fellow de l’Institut d’Études avancées de Strasbourg (USIAS 2014-2016) et de l’Université d’Oxford (2021-2022). Rattaché au Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (LARHRA), ses recherches ont d’abord porté sur l’anthropologie des religions asiatiques en contexte de globalisation, la magie et la sorcellerie dans l’Occident moderne, et la spiritualité d’Auroville, en Inde du Sud. Depuis le milieu des années 2010, il se consacre à l’anthropologie de la high-tech, de l’IA et de la robotique, et des imaginaires technoculturels en général. Il est l’auteur de dix livres, dont, parmi les plus récents : La sorcellerie, mythes et réalités (2022), La spiritualité (2023), Idées reçues sur les Zombies (2023), L’Au-delà. Penser la vie après la mort, à travers l’histoire et les cultures (2024) et L’anthropologie des religions (2024) ainsi que de nombreux articles dans des revues internationales | Université Lyon 2, département d’anthropologie, 5 avenue Pierre Mendès, 69676 Bron, France – lionel.obadia[at]univ-lyon2.fr
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