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- 1 En témoigne notamment l’ouvrage dirigé par Robert Aldrich, Une histoire de l’homosexualité, Paris, (...)
- 2 Anne-Claire Rebreyend, « Genre et histoire des sexualités au xxe siècle », Historiens et géographes(...)
- 3 Frank Proschan, « “Syphilis, Opiomania, and Pederasty” : Colonial Construction of Vietnamese (and F (...)
1L’histoire des sexualités, et plus particulièrement des homosexualités, a connu, ces dernières années, en même temps essor et renouvellements1. Elle reste cependant marquée, pour la France du moins, par des spécificités et des lacunes persistantes : le faible investissement des historien-ne-s dans le domaine, par rapport aux sociologues ou aux littéraires, et, par voie de conséquence, le fait que l’histoire des homosexualités reste encore, en France, un « mauvais objet » à faible capacité d’institutionnalisation ; la domination des recherches et des problématiques venues des États-Unis et du Canada, bien que l’impact des queer studies soit encore mineur du fait, notamment, d’un mouvement de traduction très récent ; le manque de travaux sur l’Europe, particulièrement sur les pays francophones, du Sud ou des Balkans ; la maigre part occupée dans le champ par l’histoire des lesbiennes et plus encore des bisexuels, des travestis ou des transgenres. Plusieurs bilans historiographiques récents ont suffisamment souligné ces traits pour ne pas y revenir ici en détail2. Au terme d’un de ces exercices, Florence Tamagne incitait à se départir de la comparaison systématique avec les États-Unis pour privilégier une histoire plus attentive aux cultures européennes, à leurs échanges, leurs circulations et à leurs liens avec leurs espaces coloniaux3. C’est précisément un des objectifs de ce dossier thématique des Cahiers d’histoire que d’offrir un aperçu sur l’histoire des homosexualités au Royaume-Uni, en Italie, en Belgique, en Suisse et en France à partir de sources, de problématiques et de temporalités diverses.
L’Europe et l’histoire des homosexualités
- 4 Sur cette question, voir Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (dir.), Histoire (...)
2Cet enrichissement de l’historiographie à partir de la multiplication d’exemples nationaux, relativement peu étudiés jusqu’alors, remet-il en question l’histoire de l’homosexualité telle qu’elle s’est écrite dans ses grandes lignes depuis les années 1970 ? L’exemple belge, étudié par Wannes Dupont, permet d’interroger sérieusement l’hypothèse foucaldienne de l’invention de l’homosexualité moderne à la fin du xixe siècle, laquelle s’appuie essentiellement sur les cas français et allemand. À Bruxelles, bien qu’il existe clairement une subculture homosexuelle ayant des territoires bien identifiés, la psychiatrie belge reste étrangement muette confrontée au phénomène. Dans les rares occasions où des médecins s’expriment sur le sujet, notamment lors du congrès international d’anthropologie criminelle qui se tient à Bruxelles en 1892, c’est pour se démarquer de la théorie de la dégénérescence qui s’impose ailleurs et pour mettre en avant la responsabilité et le libre arbitre des sujets. Comment expliquer cette spécificité belge ? Wannes Dupont met en avant la faible professionnalisation de la psychiatrie et de la médecine légale dans ce pays, ainsi que la volonté consciente du corps médical de ne pas offrir de discours capables de nourrir la construction d’une identité homosexuelle. On pourrait aussi se demander si l’influence de la morale catholique ne perdure pas plus longtemps dans l’aliénisme en Belgique, à la fois du fait de la forte présence des congrégations religieuses dans la prise en charge des aliénés et de celui de la polarisation de l’enseignement supérieur. L’exemple belge autorise‑t‑il pour autant à remettre en question l’hypothèse de « l’invention de l’homosexualité » à la fin du xixe siècle telle qu’elle a été pensée jusque-là ? Sans doute faut-il rester circonspect car rien ne permet vraiment de démontrer que les homosexuels belges restent totalement imperméables à une littérature psychiatrique en pleine expansion du fait de l’ampleur et de la médiatisation de la production francophone : que les publications soient scientifiques ou de vulgarisation. Il n’en reste pas moins que leur influence ne doit pas être exagérée non plus, le modèle médical construit à l’époque ne touchant majoritairement qu’une élite cultivée, le plus souvent critique et de surcroît exposée à un idéal-type de la virilité hellénistique4, pour ne rien dire des cultures urbaines plus populaires qui ont leurs propres référents. Le mouvement de subjectivisation homosexuel n’est évidemment pas homogène mais traversé d’influences et de contradictions diverses en fonction des périodes chronologiques et des contextes nationaux et/ou locaux, comme le démontrent clairement les différentes situations évoquées dans ce numéro.
- 5 Jackson Julian, Arcadie. La vie homosexuelle en France de l’après-guerre à la dépénalisation, Paris (...)
3Ainsi, l’étude des milieux homosexuels suisses pendant la Deuxième Guerre mondiale permet à Thierry Delessert de retracer les particularités du mouvement « homoérote », à l’origine, dans les années 1950-1960, du « moment homophile », pour reprendre les termes de Julian Jackson5. En effet, la revue et l’association Der Kreis (Le Cercle) adoptent à Zurich, en 1943, une discrétion qui confine au secret, avec des cartes de membre anonymes et des soirées ouvertes aux seuls affiliés. L’association et la revue prônent d’ailleurs une camaraderie virile et décente, qui respecte la protection de la jeunesse et se méfie tant de la prostitution que de l’efféminement et du travestissement. André Baudry y fera paraître des nouvelles de France dès le début des années 1950. Massimo Prearo se livre, quant à lui, à l’analyse d’une autre étape de la construction de l’homosexualité en Europe : le « moment 1970 » à partir de « l’archipel militant » gay et lesbien italien. Dans le double sillage des mouvements sociaux de 1968 et de la fondation des women’s lib dans les années 1970, cette étape se caractérise à la fois par l’affirmation d’une autonomie radicale par rapport aux cadres traditionnels de l’activisme politique (et notamment par rapport à l’institutionnalisation) et par l’émergence de pratiques collectives ayant pour objectif l’autoconscience et l’affirmation du sujet. Massimo Prearo y voit une « dissidence identitaire » qui persiste dans le refus de l’organisation et privilégie les groupes de parole, mais ne laisse guère de traces et est oubliée ou occultée aujourd’hui avec le retour de formes plus classiquement réformistes de militantisme.
4Ces contributions montrent également l’importance des circulations culturelles et politiques internes à l’Europe. Berlin jusqu’en 1933, puis Paris après la Seconde Guerre mondiale, apparaissent comme des espaces de grande liberté pour les homosexuels nationaux ou européens. Pendant la guerre, dans une Europe majoritairement autoritaire ou fasciste, la situation particulière de la Suisse permet le maintien d’un militantisme mesuré. Les communautés homosexuelles de Zurich y ont noué des contacts importants avec la métropole allemande et par bien des aspects, Der Kreis poursuit les objectifs des mouvements de l’Allemagne de la République Weimar, notamment la Gemeindschaft der Eigene (Communauté des spéciaux) d’Adolf Brand (1874-1945) et la Bund für Menschenrechte (Fédération pour les droits de l’homme) de l’éditeur Friedrich Radzuweit (1876-1932). Les homosexuels de Suisse romande, moins privilégiés, regardent vers Zurich ou Paris et certains d’entre eux y migrent d’ailleurs pour des durées plus ou moins longues. Quant à l’association Arcadie, si importante pour le milieu homosexuel parisien, français, et même européen dans une certaine mesure, on sait qu’elle a pris forme d’abord dans le giron de Der Kreis. Dans les années 1970 par contre, les milieux militants apparaissent beaucoup moins unifiés, locaux et autonomes en même temps, comme le montre l’exemple italien, étudié par Massimo Prearo, qui présente une nébuleuse de groupuscules à Turin, Milan et Rome. éclatés, parfois même divisés, ces derniers n’en constituent pas moins de ponctuelles « internationales homosexuelles », comme celle formée en avril 1972 lors de la convergence à San Remo, contre le congrès international de sexologie qui s’y tenait alors, de militant-e-s venu-e-s du Danemark, des Pays-Bas, de Belgique, de France et d’Italie.
Une histoire urbaine des homosexualités ?
- 6 Notons au passage le vide sidéral des études sur l’homosexualité dans les zones rurales.
- 7 Michael Sibalis, « Les espaces des homosexuels dans le Paris d’avant Haussmann », Karen Bowie (dir. (...)
5Un autre élément transversal à la plupart des contributions est leur insistance, plus ou moins appuyée, sur les territoires urbains des homosexualités6. Cet intérêt porté à l’inscription topographique des sexualités est assez récent en France, plusieurs publications en ayant marqué le coup d’envoi depuis le début des années 20007. Les textes réunis ici évoquent, avec une précision géographique variable selon les sources, les lieux clos ou de plein air où les rencontres sont possibles, voire codifiées : les bars dotés d’arrière-chambres, les restaurants festifs, les hôtels de passe, les rues de la prostitution masculine, les espaces de drague des centres-villes ou de leurs périphéries immédiates, les lieux à l’écart ou qui changent de fonction entre la nuit et le jour, tels les quais ou les parcs où peuvent se retirer des couples occasionnels ; et les nombreux urinoirs (« pissoirs » en suisse romande et en Belgique) qui attirent les homosexuels en quête de rencontres plus ou moins fugaces. Toutes les grandes villes d’Europe sont équipées d’au moins quelques lieux clairement identifiés : les plus grandes métropoles, comme Berlin, Bruxelles, Zurich, Londres, Paris, disposant de nombreux établissements notoires et de zones plus circonscrites (allant parfois jusqu’à former des sortes de « quartiers ») et, de ce fait même, plus denses et diversifiées. Les espaces d’échanges ou de transit (gares, quais, ports, casernes) et les quartiers de divertissements nocturnes (où l’on trouve de nombreux cafés, restaurants, cabarets, théâtres, opéras…) et/ou de prostitution polarisent ce zonage. Les autorités policières les surveillent étroitement, nourrissant ainsi, par leurs nombreux rapports de surveillance ou d’arrestation, les archives qui serviront ensuite aux historiens. En France, comme en Suisse depuis la dépénalisation opérée par le Code pénal fédéral (1942), cette surveillance alimente des dossiers à charge qui sont utilisés, en cas d’attentat public à la pudeur ou de rapports « contre nature » avec un mineur, dans le cadre de procédures judiciaires. Dans une partie des contributions de ce numéro apparaît donc une image attendue, quoique renouvelée, des homosexualités européennes : celle du lien supposé inextricable entre milieux homosexuels, centres urbains et espaces publics.
- 8 Voir Marcus Sharon, Apartment Stories : City and Home in Nineteenth-Century Paris and London, Unive (...)
6Cette image, classique dans l’historiographie depuis les années 1970, est cependant partiellement remise en cause par un certain nombre de nouvelles recherches portant l’accent non plus seulement sur le caractère urbain et public de l’homosexualité mais sur sa dimension privée et intime. Ainsi, Sharon Marcus8, à partir des Mémoires de John Addington Symonds, du roman érotique anonyme Teleny et d’autres écrits personnels, nous invite-t-elle à repenser l’histoire de l’homosexualité, dans l’Angleterre de la fin du xixe siècle, en explorant la domesticité de l’intérieur privé, le foyer, le home de certains couples « invertis » (lesbiens et homosexuels) victoriens. La vie domestique, telle que définie par Sharon Marcus, y devient un composite d’intériorité, d’esthétisme, de sentiment et d’intimité, susceptible de réagencement et de réappropriation par les homosexuels et les lesbiennes. En même temps, cette vie privée, inscrite dans le confort bourgeois d’un intérieur extrêmement travaillé, et souvent agencée autour de l’idée-type du couple monogame et fidèle, permet de questionner avec force la supposée fracture entre le système normatif hétérocentré et la dissidence homosexuelle. Elle permet aussi un relatif rééquilibre entre l’histoire de l’homosexualité au masculin et celle du lesbianisme.
Des lesbiennes encore trop minoritaires dans les études
- 9 Voir Michelle Perrot, Les femmes ou les silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 2012.
7Un autre élément récurrent dans les textes de ce numéro est en effet le constat d’une forte asymétrie dans les sources entre l’homosexualité masculine et féminine. Les rapports de police, les pièces des procès judiciaires, les enquêtes, les publications associatives nous renseignent beaucoup plus sur les hommes que sur les femmes. Ce « silence des femmes » dans l’histoire n’est pas nouveau9, mais s’agissant de sexualité, il semble encore plus assourdissant. Accusant un contrôle social plus fort, notamment des familles, et disposant de moins de ressources économiques, les femmes ne parviennent que rarement à une réelle autonomie, ce qui les conduit à subir une domination écrasante des hommes. Thierry Delessert, en retraçant l’archéologie de Der Kries (Le Cercle), révèle un épisode qui a valeur, dans ce contexte, de parabole. La première association homosexuelle suisse, le Damenclub Amicitia (Club féminin Amicitia) est en effet fondée, en août 1931, par 21 femmes, tandis que le premier périodique homosexuel suisse, la Schweizerisches Freundschaftsbanner (Bannière suisse de l’amitié), voit le jour la même année sous l’impulsion de Laura Thoma (1901‑1966) et Anna Vock (1885-1962). L’association comme son périodique, initialement destinés aux femmes et/ou aux lesbiennes, commencent à accueillir des hommes à partir de 1934, ce qui entraîne assez rapidement, semble-t-il, leur marginalisation. En 1941, les deux feuilles destinées aux femmes Frauenliebe (L’amour entre femmes) disparaissent purement et simplement de la revue et les lesbiennes quittent alors ce qui est clairement devenu une association masculine, Der Kries. L’histoire se répétera avec le FHAR (le Front homosexuel d’action révolutionnaire), en France, au début des années 1970. à la lecture de ce qui vient d’être dit on ne s’étonne nullement que les lesbiennes soient encore le parent pauvre d’une historiographie des homosexualités pourtant en pleine croissance.
- 10 Philippe Artières et Dominique Kalifa, « L’historien et les archives personnelles : Pas à pas », So (...)
8Pour atteindre la sexualité féminine, ce « continent noir », et pour explorer autrement la vie sexuelle et amoureuse des hommes, les historien-ne-s doivent ruser avec les archives en ayant souvent recours aux écrits intimes. Qu’on les nomme « archives de soi », « écrits domestiques », « ordinaires » ou « de l’intime », « littératures personnelles » ou encore « écrits du for privé », ces sources personnelles ont acquis une réelle légitimité dans la discipline depuis une trentaine d’année, d’abord dans l’histoire des marginaux, des femmes ou dans les études gay et lesbiennes, puis plus généralement, pour saisir dans une démarche anthropologique, les expériences subjectives ou quotidiennes10. Au carrefour de l’analyse textuelle, de la microstoria et de l’agentivité (agency), ces sources permettent de confronter les déterminismes sociaux et les actions individuelles, le contexte historique et la singularité des trajectoires personnelles, les normes et ce qu’en font les individus. Dans ce numéro, Emmanuelle Rétaillaud-Bajac et Anne-Claire Rebreyend se sont penchées sur les récits autobiographiques de Mireille Havet et de Charlotte qui se réfèrent à des époques sensiblement comparables (des années 1910 aux années 1920 pour l’une, des années 1920 aux années 1940 pour l’autre). Dans les deux articles, ce que l’on voit d’abord, c’est une critique poussée des sources elles-mêmes : de leurs régimes d’historicité (l’un a été écrit au jour le jour, sans remords ni révisions, l’autre au terme de la vie), de leurs fonctions pour les diaristes (confession et pratique autoérotique pour l’une, simple témoignage pour l’autre), de la qualité de leur écriture (incandescente chez l’une, fonctionnelle chez l’autre). Mais se dégagent également, ensuite, les informations sociales et historiques que ces autobiographies délivrent : les éléments d’identité homosexuelle qu’elles contiennent (garçonne et « milieu gousse » pour l’une, saphisme Belle époque pour l’autre), les contextes sociaux et culturels qu’elles donnent à voir (la scène lesbienne et gay parisienne chez l’une, les milieux bohèmes, artistes et littéraires pour les deux), les formes de liaisons adoptées (plutôt polygames pour l’une, quasi conjugales pour l’autre) ; les pratiques sexuelles (décrites et variées chez l’une, très peu explicitées chez l’autre).
- 11 Eric Fassin, L’Inversion de la question homosexuelle, Paris, Amsterdam, 2005.
9Ce qui ressort de ces deux analyses, c’est cependant à quel point les éléments supportant la construction collective d’une identité lesbienne sont appropriés différemment par l’une et par l’autre, sans que ni le milieu social familial, ni la génération, n’apparaissent déterminants. De ce fait même, l’identité lesbienne – si tant est qu’elle puisse être définie comme cela pour les deux protagonistes et notamment pour Charlotte qui a des relations sexuelles avec des femmes mais aussi avec des hommes – ne semble que peu structurée et donc peu contraignante, ce qui peut expliquer une certaine tolérance de l’environnement socioculturel proche. À tel point que pour Charlotte du moins : « il semble beaucoup plus douloureux de devenir “fille-mère”, et d’être acceptée en tant que telle par ses connaissances et sa famille, que de vivre ses relations homosexuelles. » Bien que desserrées par les milieux bohèmes et artistes de l’époque, les normes de genre (bien plus que les pratiques sexuelles en soi) pèsent donc encore très lourdement sur ces deux femmes : elles expliquent ainsi une forte culpabilité, qui bien qu’intermittente n’en est pas moins réelle, vis-à-vis des relations homosexuelles ; et un attachement étonnamment « normal », voire normatif, à l’idéal du grand amour. De ce fait, ces textes d’Emmanuelle Retaillaud-Bajac et d’Anne-Claire Rebreyend nous invitent à une riche interrogation sur le degré de singularité, et donc de représentativité, de ces expériences féminines, et à la manière dont il faut utiliser ces dernières pour produire une histoire des relations (y compris sexuelles) entre femmes qui soit simultanément plus riche et moins stéréotypée. Inversant la question homosexuelle11, ces deux articles nous incitent en effet à réfléchir sur les conditions d’exercice de la sexualité féminine hétérosexuelle et sur la force et la permanence des relations et des normes de genre hétérocentrées qui y interagissent.
- 12 Jonathan Katz, L’invention de l’hétérosexualité, Paris, EPEL, 2001 ; Louis-Georges Tin, L’invention (...)
10Ainsi, qu’il s’agisse de rappeler l’importance de l’amour (monogame et fidèle) dans les couples lesbiens ou bien de signaler à quel point la figure de la « butch » pose problème – au même titre que celle de la « folle » comme le montre Massimo Prearo, dans son article, au travers de la trajectoire de Mieli en Italie - à la majorité des lesbiennes et aux sociétés dans lesquelles elles s’inscrivent, ce sont bien les questions de genre, et donc aussi celles d’hétérosexualité et d’hétérocentrisme12, qui sont relues par les articles de ce dossier.
Notes
1 En témoigne notamment l’ouvrage dirigé par Robert Aldrich, Une histoire de l’homosexualité, Paris, Le Seuil, 2006.
2 Anne-Claire Rebreyend, « Genre et histoire des sexualités au xxe siècle », Historiens et géographes, n° 394, 2006, p. 93-100 ; Régis Revenin, « Les études et recherches lesbiennes et gays en France (1970-2006) », Genre & Histoire, n° 1, 2007 ; Florence Tamagne, « écrire l’histoire des homosexualités en Europe : xixe-xxe siècles », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 53, n° 4, 2007, p. 7-31. Pour un panorama comparatif à l’échelle de l’Europe voir : Dagmar Herzog, « Syncopated Sex : Transforming European Sexual Cultures », The American Historical Review, vol. 114, n° 5, 2009, p. 1287-1308.
3 Frank Proschan, « “Syphilis, Opiomania, and Pederasty” : Colonial Construction of Vietnamese (and French) Social Diseases », Journal of the History of Sexuality, volume 11, n° 4, octobre 2002, p. 610-636 ; Jocelyne Dakhlia, « Homoérotismes et trames historiograhiques du monde islamique », Annales. Histoire, sciences sociales, vol. 62, n° 5, 2007, p. 1097-1120 ; Christelle Taraud, « Les femmes, le genre et les sexualités dans le Maghreb colonial (1830-1962) », Clio. Histoire, Femmes et Société, n° 33, 2011, p. 157-191.
4 Sur cette question, voir Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello (dir.), Histoire de la virilité, trois tomes, Paris, Le Seuil, 2011.
5 Jackson Julian, Arcadie. La vie homosexuelle en France de l’après-guerre à la dépénalisation, Paris, Autrement, 2009.
6 Notons au passage le vide sidéral des études sur l’homosexualité dans les zones rurales.
7 Michael Sibalis, « Les espaces des homosexuels dans le Paris d’avant Haussmann », Karen Bowie (dir.), La Modernité avant Haussmann : Formes de l’espace urbain à Paris, 1801-1853, Paris, Éditions Recherches, 2001, p. 231-241 et « Urban Space and Homosexuality : The Example of the Marais, Paris “Gay Ghetto” » Alan Collins (ed.), Cities of Pleasure : Sex and the Urban Socialscape, London and New York, Routledge, 2006, p. 109-128 ; Stéphane Leroy, « Le Paris gay. Éléments pour une géographie de l’homosexualité », Annales de géographie, n° 646, 2005, p. 579-601 ; Régis Revenin, « L’émergence d’un monde homosexuel moderne dans le Paris de la belle époque », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 53, n° 4, 2006, p. 74-86 ; Albert Nicole G., « De la topographie invisible à l’espace public et littéraire : les lieux de plaisir lesbien dans le Paris de la belle époque », Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 53, n° 4, 2006.
8 Voir Marcus Sharon, Apartment Stories : City and Home in Nineteenth-Century Paris and London, University of California Press, 1999 ; et Between Women : Friendship, Desire, and Marriage in Victorian England, Princeton, Princeton University Press, 2007.
9 Voir Michelle Perrot, Les femmes ou les silences de l’histoire, Paris, Flammarion, 2012.
10 Philippe Artières et Dominique Kalifa, « L’historien et les archives personnelles : Pas à pas », Sociétés & Représentations, n° 13, 2002, p. 7-15 ; et Isabelle Lacoue-Labarthe et Sylvie Mouysset, « De “l’ombre légère” à la “machine à écrire familiale” : l’écriture quotidienne des femmes », Clio, Histoire, femmes et sociétés, n° 35, 2012, p. 7-20.
11 Eric Fassin, L’Inversion de la question homosexuelle, Paris, Amsterdam, 2005.
12 Jonathan Katz, L’invention de l’hétérosexualité, Paris, EPEL, 2001 ; Louis-Georges Tin, L’invention de la culture hétérosexuelle, Paris, Autrement, 2008 ; Catherine Deschamps, Laurent Gaissad, Christelle Taraud, (dir.), Hétéros. Discours, lieux, pratiques, Paris, Epel, 2009.
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Référence papier
Sylvie Chaperon et Christelle Taraud, « Introduction », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 119 | 2012, 11-18.
Référence électronique
Sylvie Chaperon et Christelle Taraud, « Introduction », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 119 | 2012, mis en ligne le 01 janvier 2014, consulté le 12 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chrhc/2686 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chrhc.2686
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