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Couleur de controverse : réflexion autour d’une nouvelle adaptation cinématographique

1Lorsqu’Alice Walker sort son roman La Couleur pourpre en 1982, cette publication provoque un raz de marée au sein de la communauté noire. En effet, en plus de dénoncer le racisme systémique et la ségrégation dans les années 1930 aux États-Unis, Alice Walker aborde sans détour deux sujets tabous : l’homosexualité féminine et les violences sexuelles et conjugales chez les Africains-Américains. Ce sont en effet deux sujets que les membres de la communauté peinent à aborder et qui suscitent, sans étonnement, une violente polémique.

2La Couleur pourpre narre l’histoire tragique de Célie, une jeune femme noire et pauvre qui vit dans le sud des États-Unis dans les années 1930. Depuis très jeune, elle subit la violence des hommes de sa vie : son beau-père, puis son mari. Elle finit par rencontrer amour et tendresse en la personne de Shug Avery, une chanteuse pimpante et haute en couleurs.

4Très rapidement, et malgré la controverse, le réalisateur Steven Spielberg s’intéresse au roman et décide de l’adapter en film. Walker hésite longuement, méfiante à l’idée de laisser la réalisation de son œuvre à succès à un homme blanc. Mais, finalement soucieuse de saisir l’opportunité d’une belle médiatisation du projet par l’entremise d’un metteur en scène en vogue, l’autrice finit par céder ses droits tout en demeurant consultante sur le projet. Le long métrage rencontre un immense succès, qui propulse l’actrice Whoopi Goldberg et l’animatrice populaire Oprah Winfrey sur le devant de la scène et les entérine comme icônes de la lutte féministe et antiraciste.

6En 2005, le roman d’Alice Walker est adapté en comédie musicale et remporte encore une fois un franc succès, malgré la difficulté de la mise en scène. En effet, il paraît difficile d’imaginer le traitement de sujets tels que l’inceste, les violences conjugales et la ségrégation sur fond de musique entraînante.

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7C’est pourtant le parti pris par Oprah Winfrey, qui endosse cette fois-ci le rôle de productrice en compagnie de Steven Spielberg et qui offre une revisite audacieuse, à la fois de l’écrit d’Alice Walker et du film éponyme. Spielberg cède la caméra au réalisateur ghanéen Blitz Bazawule pour l’adaptation du roman en comédie musicale portée à l’écran. Si les fans à la fois du roman et du premier film risquent d’être très déstabilisés par cette revisite, le long métrage a pour mérite de pousser plus loin la représentation LGBTQIA+, à une époque où le combat des personnes queer a grandement avancé, même s’il reste beaucoup à faire.

8On pourrait cependant reprocher à cette nouvelle adaptation d’édulcorer certains passages dramatiques et parfois essentiels à la restitution d’une certaine réalité des années 1930, tout en offrant des instants de « comic relief » qui virent au malaisant.

9Reste que l’initiative est louable, dans la mesure où ce remake a permis à la génération Z de découvrir un classique de la littérature noire américaine, à une époque post-George Floyd et Black Lives Matter, où finalement la question de la lutte noire est on ne peut plus d’actualité.