Nouveaux débats sur la torture par l’armée française en Algérie
Résumés
Le refus des autorités françaises de reconnaître l’usage de la torture pendant la guerre d’indépendance en Algérie demeure. Face à un silence maintenu, deux nouvelles initiatives très différentes, un appel pour une reconnaissance, mais aussi une campagne contre l’érection d’une statue du général Bigeard, participent d’un débat historique toujours sensible.
Plan
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- 1 Sur la torture en Algérie, voir Pierre Vidal-Naquet, La Raison d’État. Textes publiés par le Comité (...)
- 2 Nous souhaitons aborder cette question ultérieurement.
1L’usage de la torture par l’armée française pendant la guerre d’indépendance en Algérie1 a longtemps été un quasi-tabou et demeure un sujet épineux. Récemment, cette question est réapparue sous plusieurs formes : la demande de sa reconnaissance, une polémique autour de l’érection d’une statue du général Marcel Bigeard ou encore la récente résolution condamnant les événements du 17 octobre 19612, adoptée par l’Assemblée nationale en mars 2024.
Nouvel appel pour la reconnaissance par la France de l’usage de la torture
« Gégène » en argot militaire est le diminutif de « génératrice », dynamo électrique manuelle pour radio utilisée pour torturer – Wikipédia
- 3 Marcel Bigeard réfute ces affirmations dénoncées comme « tissu de mensonges », Le Monde, 22/06/2000 (...)
2Le refus de reconnaître l’usage de la torture par l’armée française pendant la guerre d’indépendance en Algérie se poursuit de la part des autorités françaises. Cette question est pourtant réapparue depuis 2000 dans l’espace public avec la multiplication de témoignages3 et un ensemble d’appels publics.
- 4 l’Humanité, 31/10/2000, <https://www.alternatives-non-violentes.org/Revue/Numeros/161_Algerie._Les_ (...)
- 5 Outre de célèbres signataires comme Henri Alleg, Germaine Tillion, Gisèle Halimi, Josette Audin, Je (...)
- 6 Lionel Jospin, « Pourquoi me suis-je exprimé sur ce sujet – brièvement d’ailleurs – au dîner du Cri (...)
3En octobre 20004, signé par des personnalités d’orientations différentes et reconnues5, « l’Appel des dix » réclame la reconnaissance officielle des tortures en Algérie et l’ouverture des archives, tant politiques que militaires. Le Premier ministre Lionel Jospin aborde alors la question et réclame que « l’on revienne sur les heures sombres de notre histoire6 ».
- 7 Paul Aussaresses, Services spéciaux, Algérie 1955-1957 : mon témoignage sur la torture, Perrin, 200 (...)
- 8 Voir Malika Rahal, Ali Boumendjel : une affaire française, une histoire algérienne, Belles Lettres, (...)
- 9 Jacques Massu, La Vraie Bataille d’Alger, Plon, 1971, p. 167 ; Jean Planchais et Florence Beaugé, « (...)
4Mais le silence des autorités se maintient, malgré différents témoignages d’officiers. Ainsi, le général Aussaresses7 reconnait qu’il a défénestré l’avocat nationaliste Ali Boumendjel8 et qu’il a pendu Larbi Ben M’hidi, cofondateur et dirigeant du FLN. Il révèle aussi que Robert Lacoste, ministre résident à Alger représentant le gouvernement, était informé quotidiennement des arrestations, des sévices et des exécutions. De son côté, le général Jacques Massu reconnaît l’institutionnalisation de la torture, tout en exprimant des regrets9. En 2007, le président Nicolas Sarkozy reste silencieux à la lettre ouverte de Josette Audin lui demandant de faire connaître les circonstances réelles du décès de son époux, Maurice Audin, mathématicien communiste, et de reconnaître son assassinat en 1957.
Arrestation de Larbi Ben M'hidi le 23 février 1957. <http://www.m-moudjahidine.dz/ - Ministère algérien des moudjahidine> ; <https://fr.wikipedia.org/wiki/Larbi_Ben_M%27hidi#/media/Fichier:Larbi_Ben_M'Hidi_-_1957.jpg>
5La présidence d’Emmanuel Macron est marquée par des (petits) pas en avant. En 2018, il reconnaît la responsabilité de l’État dans la disparition de Maurice Audin. Le 2 mars 2021, il informe la famille d’Ali Boumendjel de son exécution : torturé, ce dernier a été défénestré du sixième étage de l’immeuble d’El Biar, célèbre centre de torture. Cet assassinat a été maquillé en suicide.
- 10 « Manifeste pour la reconnaissance et la réparation des crimes et dommages coloniaux français en Al (...)
- 11 Louisette Ighilahiriz, moudjahidate connue pour sa dénonciation des viols ; Henri Pouillot, vétéran (...)
- 12 ACCA : Agir contre le colonialisme aujourd’hui, <http://www.acca.1901.org/>.
- 13 <https://blogs.mediapart.fr/nils-andersson/blog/230922/pour-la-reconnaissance-des-responsabilite-s- (...)
6En 2021 apparaît le « Manifeste pour la reconnaissance et la réparation des crimes et dommages coloniaux français en Algérie10 », lancé par Louisette Ighilahiriz, Henri Pouillot, Olivier Le Cour-Grandmaison et Seddik Larkèche11. Dans ce document très critique, les signataires récusent les actes de repentance, excuses ou « ni-ni » et réclament une reconnaissance de responsabilité « sur les crimes et les dommages coloniaux, y compris écologiques », ainsi que des réparations financières. Ils proposent aussi l’abrogation de la loi de 2005 sur les « bienfaits de la colonisation » comme celle de la loi Gayssot, pour favoriser la promulgation d’« une seule loi générique contre tous les racismes permettant de rassembler au lieu de diviser ». D’autres revendications sont mises en avant : le nettoyage des sites pollués, nucléaires et chimiques ; l’indemnisation des victimes ; la restitution de la totalité des archives algériennes ; la signature d’un traité d’amitié avec l’Algérie et la suppression des visas entre les deux pays. En 2022, l’Association des combattants de la cause anticoloniale (ACCA)12 lance un nouvel appel à la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture durant la guerre d’Algérie13. Enfin, une nouvelle initiative est lancée en mars 2024 : un ensemble d’organisations anticolonialistes, antiracistes et de défense des droits humains rendent public l’appel « Pour la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture lors de la guerre d’Algérie », que nous reproduisons ci-dessous.
- 14 <https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040324/pour-la-reconnaissance-des-respons (...)
« Pour la reconnaissance des responsabilités de l’État dans le recours à la torture lors la guerre d’Algérie », 4 mars 202414 |
Le recours à la torture reconnu, pourquoi demander de reconnaître la responsabilité de l’État ? Engrenage de la violence et de la peur, il n’y a pas de guerre sans crimes de guerre et crimes contre l’humanité, mais comme l’a écrit Jean-Paul Sartre, en 1958, dans le cours des événements s’agissant de la torture : « si rien ne protège une nation contre elle-même, ni son passé, ni ses fidélités, ni ses propres lois, s’il suffit de quinze ans pour changer en bourreaux les victimes, c’est que l’occasion décide seule, selon l’occasion n’importe qui, n’importe quand, deviendra victime ou bourreau. » [1] Contre le silence et le déni, s’engager dans la voie de la compréhension de l’engrenage répressif conduisant au recours à la torture, dont le viol est un instrument constitutif, n’est donc pas un acte de contrition, mais un acte de confiance dans les valeurs de la nation. Il s’agit d’une initiative s’inscrivant dans les actions menées durant la guerre d’Algérie et depuis 1962, par les organisations présentes et d‘autres organisations, pour dénoncer le recours à la torture, comme système, luttes qui ont permis de sortir du déni. – Par la reconnaissance, le 12 septembre 2018, par le Président de la République que « Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile, il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système, légalement institué : le “système arrestation-détention”, mis en place à la faveur des pouvoirs spéciaux qui avaient été confiés par la voie légale aux forces armées. » Puis par la reconnaissance, le 2 mars 2021, que Ali Boumendjel a, lui aussi, été « torturé et assassiné » par l’armée française. – Et par le communiqué de l’Élysée du 18 octobre 2022 : « Nous reconnaissons avec lucidité que dans cette guerre il en est qui, mandatés par le gouvernement pour la gagner à tout prix, se sont placés hors la République. Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétré la torture, envers et contre toutes les valeurs d’une République fondée sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. » C’est là une reconnaissance d’une politique et de décisions prises dans le cadre des institutions de l’État, qui ont conduit à la violation du droit international humanitaire par la France lors de la guerre d’Algérie. Mais cette reconnaissance ne répond pas aux interrogations de Pierre Vidal-Naquet qui demande en 1962 dans La Raison d’État : « Comment déterminer le rôle, dans l’État futur, de la magistrature ou de l’armée ou de la police si nous ne savons pas d’abord comment l’État, en tant que tel, s’est comporté devant les problèmes posés par la répression de l’insurrection algérienne, comment il a été informé par ceux dont c’était la mission, comment il a réagi en présence de ces informations, comment il a informé à son tour les citoyens ? » [2] D’où la volonté de nos organisations de demander clairement la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans le cours des événements et dans l’État futur, donc aujourd’hui. Associations signataires (février 2024) O M2024-05-23T19:47:00OMAgir contre le colonialisme aujourd’hui, ACCA, Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre, 4 ACG, Association française d’amitié et de solidarité avec les peuples d’Afrique, AFASPA, Association Josette & Maurice Audin, AJMA, Association nationale des pieds noirs progressistes et leurs amis, ANPNPA, Association 17 Octobre contre l’oubli, Association pour la taxation des opérations financières et pour l’action citoyenne, ATTAC Association républicaine des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix, ARAC Au nom de la mémoire Comité Vérité Justice Charonne Forum France-Algérie France-Amérique latine, FAL, Histoire coloniale et postcoloniale Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons Ligue des droits de l’homme, LDH Non au service national universel Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, MRAP Mouvement de la paix SOS Racisme [1] Jean-Paul Sartre, Une Victoire, Éditions de Midi, 1958, avec La Question d’Henri Alleg, La Cité Éditeur, 1958. [2] Pierre Vidal-Naquet, La Raison d’État, Éditions de Minuit, 1962. |
Refus d’une statue du général Bigeard à Toul
- 15 <https://www.estrepublicain.fr/edition-de-toul/2018/07/22/c-etait-ici-ou-nulle-part> et <https://ww (...)
7Le projet d’érection d’une statue en hommage au général Marcel Bigeard dans la ville de Meurthe-et-Moselle suscite polémique et mobilisations. En effet, cette initiative, soutenue par une municipalité de gauche, est dénoncée par différents réseaux de citoyens et d’historiens et d’organisations de gauche. Début 2018, ce projet a été adopté une première fois à l’unanimité moins quatre abstentions par le conseil municipal15.
- 16 Laurie Henriet, « Meurthe-et-Moselle. Qui était le général Bigeard, dont la statue (re)déclenche la (...)
8Cette sculpture en bronze de plus de deux mètres de haut est un don de la fondation Général-Bigeard en 2018. Il est prévu de l’installer sur le square du lieutenant-colonel René Génin, avenue du Colonel-Grandval à Toul, non loin du monument aux morts à l’entrée de la ville16. Elle reste pour l’instant dans un entrepôt de caserne du 516ème régiment du train de Toul.
- 17 Parmi ses ouvrages, mentionnons : Contre-guérilla, Alger, Baconnier, 1957 ; Aucune bête au monde... (...)
9Originaire de cette ville, Marcel Bigeard (1916-2010) est un des officiers les plus décorés de l’armée française au 20e siècle, auteur de nombreux livres17. Après sa carrière militaire, il s’engage en politique, d’abord secrétaire d’État à la Défense nationale (1975-1976), puis député de Meurthe-et-Moselle (1978-1988). De nombreuses avenues, rues et places portent son nom, notamment à Toul une « avenue du Général-Bigeard ».
Extrait du livre de Marcel Bigeard, Pour une parcelle de gloire, Plon, 1975., <https://www.bons-livres.fr/livre/general-marcel-bigeard/8174-pour-une-parcelle-de-gloire>
10Marcel Bigeard, ancien résistant, est étroitement associé aux guerres coloniales en Indochine et en Algérie, notamment à propos de la torture pendant la guerre d’indépendance algérienne.
- 18 Charlotte Boitiaux, « Après deux ans de polémique, l’État “enterre” le général Bigeard », france24. (...)
- 19 Paul Aussaresses, op. cit.
11Accusé d’avoir commandité et pratiqué la torture, il a toujours refusé toute implication effective, mais il a également toujours réaffirmé que son usage était une nécessité18. Une telle position diffère de celle, par exemple, de son ancien camarade, le général Paul Aussaresses, qui, lui, a reconnu l’avoir pratiquée19.
12L’expression « crevette Bigeard » désignait les personnes exécutées sommairement, jetées dans la mer depuis un hélicoptère. Cette pratique, notamment pendant la « bataille d’Alger » en 1957, fut aussi utilisée dans différents pays d’Amérique latine dans les années 1970.
- 20 Alain Ruscio, « Deux ou trois choses que nous savons du général Bigeard », Cahiers d’histoire. Revu (...)
- 21 Avec la journaliste Rosa Moussaoui, il avait lancé un appel pour alerter et mobiliser contre cette (...)
13En réaction à la décision du gouvernement français de lui rendre un hommage officiel et de transférer ses cendres aux Invalides en 2011, Alain Ruscio20 a critiqué dans notre revue cette forme d’instrumentalisation politique de l’histoire par le pouvoir, avec la reconstruction d’une mythologie nationaliste et la tentative de séduction des mouvances nostalgiques de la colonisation. Il montre aussi comment la « gloire » et la popularité du général Bigeard étaient une construction idéologique qu’il avait lui-même orchestrée, relayée par de nombreux groupes de pression et par le gouvernement21. Face aux nombreuses protestations, ce projet a été finalement abandonné.
Dénonciations et protestations…
- 22 l’Humanité, 30/05/2024.
- 23 Doris Henry, « À Toul, le projet d’installation d’une statue d’un général accusé d’avoir torturé en (...)
- 24 Walid Mebarek, « Révisionnisme historique : à Toul, le tortionnaire Bigeard aura-t-il sa statue ? » (...)
14L’initiative du monument de Toul, soutenue par une mairie de gauche, est ainsi expliquée par son maire, ancien membre du PS : « C’est quelqu’un d’important pour Toul, il y est né, il y est mort. (…) Ce n’est pas à la collectivité de juger. Nous recevons autant de courriers de gens pour la statue que de gens contre22 ». L’initiative revient à la fondation Bigeard, qui le finance. Un autre élément avancé est l’absence de condamnation de Marcel Bigeard23. Walid Mebarek, correspondant du journal algérien al-Watan, la caractérise de « révisionnisme historique24 ».
- 25 <https://radiodeclic.fr/2024/03/26/pas-de-statue-du-general-bigeard-dans-lespace-public-telle-etait (...)
15En réaction, différentes critiques et mobilisations s’affirment. En 2023, le collectif toulois « Histoire et mémoire dans le respect des droits humains » se crée pour s’opposer au projet voté deux fois par le conseil municipal, en 2018 puis en 2023. Le 22 mars 2024, des représentants du collectif rencontrent le maire, Alde Harmand, et Émilien Martin Triffandier, conseiller municipal délégué à la démocratie participative et à la citoyenneté25. L’objectif du collectif est de faire changer d’avis la mairie. Philippe Champouillon, ancien combattant d’Algérie et un des premiers critiques de l’initiative, accompagne la délégation.
- 26 l’Humanité, 30/03/2024.
16Le 26 mars 2024, une centaine de Toulois, militants de gauche (PCF, LFI…), de la Ligue des droits de l’homme et d’associations antiracistes, se rassemblent pour une conférence et une manifestation26. Le collectif lance aussi une pétition publiée ci-après :
Pétition : « Pas de statue de Marcel Bigeard dans l’espace public » Appel lancé par le collectif Histoire et mémoire dans le respect des droits humains, France Change.org <https://www.change.org/p/pas-de-statue-de-marcel-bigeard-dans-l-espace-public> |
De même que les cendres du général Bigeard n’ont pas trouvé leur place à l’hôtel des Invalides en 2010, sa statue ne doit pas trouver de place dans l’espace public toulois. Cet homme a œuvré pour le maintien des positions coloniales françaises, utilisant les pires méthodes, qui ne doivent pas être banalisées mais fermement combattues. Parmi de nombreuses exactions, il y a eu celle des « crevettes Bigeard » qui consistait à sceller les pieds du prisonnier vivant, dans un bloc de béton et à le larguer d’un avion ou d’un hélicoptère en pleine mer. Une façon d’organiser les « disparitions », dénoncée par Paul Teitge, alors secrétaire général de la police à la préfecture du département d’Alger. Le nom de Bigeard n’est pas associé par hasard à cette pratique, par la suite exportée au Chili et en Argentine au service des dictatures. Bigeard a toujours refusé d’employer le mot « torture » pour désigner ces actes cruels et barbares. Et ce déni persiste encore aujourd’hui. En Indochine et en Algérie, Marcel Bigeard a laissé aux peuples, aux patriotes qu’il a combattus, aux prisonnier·ère·s qu’il a « interrogé·e·s », à leurs descendant·e·s, de douloureux souvenirs. Aujourd’hui encore, dans bien des familles vietnamiennes et algériennes, qui pleurent toujours leurs morts, ou dont certains membres portent encore dans leur chair les plaies du passé, le nom de Bigeard sonne comme synonyme des pratiques les plus détestables de l’armée française, manifestement contraires au droit international, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à l’intérêt même du peuple français, comme l’ont dénoncé de nombreuses personnalités lucides et engagées pour le respect des droits humains dès l’époque du conflit . • On ne peut pas promouvoir la colonisation qui instaure l’inégalité en principe, source de tous les racismes. • On ne peut pas justifier la torture, les mauvais traitements qui sont des actes de barbarie, des actes criminels condamnés par le droit. • On ne peut pas promouvoir la mémoire d’un homme historiquement associé à la brutalité et à la violence de la présence coloniale française en Indochine et en Algérie, à la mise en place d’un régime d’apartheid, contrôlé par la force et la domination. Nous considérons, comme le président de la République Emmanuel Macron l’a déclaré, que le colonialisme est un crime contre l’humanité. La fondation Bigeard a choisi de représenter le général, décorations sur la poitrine et coiffé du béret de para. Ériger une statue à Bigeard en uniforme de parachutiste en ferait un héros des guerres coloniales, aux yeux des vivants mais aussi des générations futures. La ville de Toul, qui défend des valeurs de tolérance, de solidarité et de mixité sociale pour sa population, ne peut courir le risque de devenir un lieu de pèlerinage pour tous les nostalgiques de la colonisation, pour des groupes fondés sur des idéologies racistes qui fracturent déjà notre société. En reconsidérant sa décision, le conseil municipal préserverait l’honneur des femmes et des hommes dont le nom est inscrit dans la pierre du monument aux Morts et du monument aux Résistant·e·s à la barbarie nazie. Les élu·e·s affirmeraient également leur respect pour la mémoire de nos voisin·e·s, collègues, ami·e·s toulois·e·s dont les familles ont souffert de la colonisation et de la guerre. C’est pourquoi le collectif Histoire et mémoire dans le respect des droits humains demande à la municipalité de Toul de renoncer à ce projet d’installation d’une statue du général Bigeard dans l’espace public. Contact : Collectif toulois : collectif-histoire-memoire@mailfence.com LDH Lorraine : ldh.lorraine@ldh-france.org |
17Personnes et organisations signataires le 22/03/2024 :
18<https://radiodeclic.fr/2024/03/26/>
- 27 Fabrice Riceputi, enseignant et historien spécialiste des questions coloniales et postcoloniales en (...)
- 28 Alain Ruscio, historien et journaliste, est un spécialiste de la colonisation française. Auteur d’u (...)
- 29 <https://histoirecoloniale.net/>.
- 30 Voir Fabrice Riceputi et Alain Ruscio, « Honorer le colonel Bigeard, c’est honorer la torture colon (...)
- 31 Doris Henry, op. cit.
19Par ailleurs, Fabrice Riceputi27 et Alain Ruscio28, coanimateurs du blog Histoire coloniale et postcoloniale avec Gilles Manceron et François Gèze, récemment disparu29, s’engagent avec un texte critique30. Ils dénoncent ce projet comme une volonté de « glorifier ainsi la pratique de la torture en Indochine et en Algérie » et retracent sa trajectoire problématique, notamment pendant la Bataille d’Alger, indiquant que « le nom de Bigeard est aujourd’hui encore à Alger synonyme de terreur ». Ils rappellent aussi comment son Manuel de contre-guérilla, publié en 1957 à Alger, qui justifie et préconise l’emploi de la torture, a été enseigné à certains officiers. La date d’installation de la statue, prévue pour le 18 juin 2024, date anniversaire du décès de l’officier, demeure officiellement inconnue. Le collectif local souhaite poursuivre ses actions « pour faire barrage à cette décision31 ».
Pour une nécessaire et légitime reconnaissance
- 32 Voir <https://histoirecoloniale.net/> et <https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcolo (...)
- 33 Mentionnons l’exécution des éducateurs des centres sociaux fondés par Germaine Tillion, dont le rom (...)
20La torture demeure un thème d’actualité et empoisonne les relations franco-algériennes, mais aussi la société française dans ses rapports avec son passé. Elle reste un sujet sensible, car la reconnaissance se confronte à différentes questions : les anciens combattants et leur mémoire d’abord, mais aussi l’affirmation croissante d’une nostalgie de l’Algérie française32. De plus, certaines franges radicales ne cessent de promouvoir la mémoire de l’OAS, responsable d’attentats et d’assassinats33.
21Si, d’un point de vue strictement pénal, les faits ayant trait à la guerre d’Algérie sont désormais amnistiés, la politique de la France, notamment sur l’usage de la torture, mérite d’être examinée. Un positionnement critique s’avère nécessaire pour avancer dans les relations avec l’Algérie et dans la volonté de prise en compte d’épisodes problématiques de son passé.
- 34 Voir Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte, 2008 ; Jérémy Rub (...)
- 35 « La direction des opérations spéciales du Pentagone organise une projection de La Bataille d’Alger(...)
22De plus, la torture dépasse le seul cas algérien, car cette pratique a fait « école ». Dans les années 1970 et 1980, des dictatures d’Amérique latine appliquent le « plan Condor ». Cette politique organisée d’enlèvements, tortures et assassinats de militants de gauche, mise au point avec les États-Unis, s’inspire de « l’école française de la torture34 » née à Alger. En 2003, lors de l’invasion et de l’occupation de l’Irak par l’armée américaine, le Pentagone a ainsi projeté le film La Bataille d’Alger35. Les freins des autorités françaises persistent, malgré de petites et lentes ouvertures. Celles-ci ne sont pas dénuées de calculs. Elles restent soumises aux valses hésitations de l’actuelle majorité présidentielle, qui se cantonne trop souvent à des déclarations publiques.
- 36 Rappelons le rôle historique et décisif de Pierre Vidal-Naquet. Jeune assistant à l’université de C (...)
23D’une manière générale, la montée continue de l’extrême droite, la croissante affirmation de thématiques rétro-nostalgiques sur la colonisation et de la xénophobie anti-immigrée, en particulier anti-maghrébine, sous diverses formes, ne peuvent manquer de soulever une vive inquiétude. Les deux épisodes évoqués démontrent, s’il en était besoin, l’importante persistance des débats historiques sur la torture en Algérie et leurs forts enjeux politiques contemporains. Les voix critiques ont toujours existé36 et elles continuent de s’affirmer, tant dans la recherche que dans les médias. Mais face aux offensives nationalistes et conservatrices, les mobilisations demeurent un outil important pour aller vers de concrètes avancées, notamment pour arriver à la reconnaissance de la torture et pour la levée des restrictions sur les archives.
Notes
1 Sur la torture en Algérie, voir Pierre Vidal-Naquet, La Raison d’État. Textes publiés par le Comité Audin, La Découverte ; Pierre Vidal-Naquet, La Torture dans la République : essai d’histoire et de politique contemporaine (1954-1962), Éditions de Minuit, 1972 ; Pierre Vidal-Naquet, L’Affaire Audin, 1957-1978, Éditions de Minuit, 1989 ; Raphaëlle Branche et Sylvie Thénault, « Le secret sur la torture pendant la guerre d’Algérie », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2000, n° 1, p. 57-63 ; Pierre Vidal-Naquet, Les Crimes de l’armée française, Algérie 1954-1962, La Découverte, 2001 ; Raphaëlle Branche, La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, Gallimard, 2001 ; Hamid Bousselham, Quand la France torturait en Algérie, Alger, Rahma, 2001 ; Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte, 2004 ; Jérémy Rubenstein, Terreur et séduction. Une histoire de la doctrine de la « guerre révolutionnaire », La Découverte, 2022 ; Fabrice Riceputi, Le Pen et la torture, Alger 1957, l’histoire contre l’oubli, Le Passager Clandestin, 2023. Citons également des auteurs de l’époque : Henri Alleg, La Question, Éditions La Cité, Lausanne, 1958 et Éditions de Minuit, Paris, 1961 ; Benoist Rey, Les Égorgeurs, Éditions de Minuit, 1961 ; Jean-Luc Einaudi, La Ferme Améziane. Enquête sur un centre de torture pendant la guerre d’Algérie, L’Harmattan, 1991 ; Louisette Ighilahriz et Anne Nivat, Algérienne, Calmann-Lévy, 2001 ; Jacques Massu, La Vraie bataille d’Alger, 1972 ; Jacques Pâris de Bollardière, Bataille d’Alger, bataille de l’homme, Desclée de Brouwer, 1972 ; Benjamin Stora, La Gangrène et l’oubli. La mémoire de la guerre d’Algérie, La Découverte, 1991 ; Marnia Lazreg, Torture and the Twilight of Empire: From Algiers to Baghdad, Princeton University Press, 2008.
2 Nous souhaitons aborder cette question ultérieurement.
3 Marcel Bigeard réfute ces affirmations dénoncées comme « tissu de mensonges », Le Monde, 22/06/2000. Voir Louisette Ighilahriz et Anne Nivat, Algérienne, op. cit ; Florence Beaugé, Algérie, une guerre sans gloire. Histoire d’une enquête, Calmann-Lévy, 2005 ; Louisette, court-métrage d’animation écrit par Florence Beaugé, réalisé par Charles-Henry Groult et mis en scène et dessiné par Aurel, Le Monde et La Revue dessinée (2022).
4 l’Humanité, 31/10/2000, <https://www.alternatives-non-violentes.org/Revue/Numeros/161_Algerie._Les_violences_dune_guerre_les_chances/Appel_a_la_reconnaissance_du_crime_de_torture_par>. Sur l’Appel des douze, voir Charles Silvestre, La Torture aux aveux, Au Diable Vauvert, 2004 ; Charles Silvestre, Gilles Manceron, Pierre Audin, La Vérité est en marche, rien ne l’arrêtera, Éditions de l’Humanité, 2022.
5 Outre de célèbres signataires comme Henri Alleg, Germaine Tillion, Gisèle Halimi, Josette Audin, Jean-Pierre Vernant et Laurent Schwartz, on retrouve des acteurs de la résistance à la guerre coloniale. Nicole Dreyfus est une courageuse avocate (voir notice DREYFUS Nicole par Vanessa Codaccioni, <https://maitron.fr/spip.php?article22971>) ; Alban Liechti, jeune communiste et premier appelé qui refuse, entre juillet 1956 et mai 1959, de participer à la guerre d’Algérie (voir Alban Liechti, Le Refus, Le Temps des Cerises, 2005 ; notice LIECHTI Alban [LIECHTI Olivier, Alban] par Tramor Quemeneur, <https://maitron.fr/spip.php?article140969>) ; Noël Favrelière, sous-officier parachutiste rappelé qui déserte en 1956 et combat dans les rangs de l’ALN. Son récit, Le Désert à l’aube, publié aux Éditions de Minuit en 1960, est censuré (« “Le Désert à l’aube” saisi aux Éditions de Minuit », Le Monde, 15/10/1960). Cet unique déserteur survivant inspire un personnage dans Avoir vingt ans dans les Aurès, film de René Vautier (1972).
6 Lionel Jospin, « Pourquoi me suis-je exprimé sur ce sujet – brièvement d’ailleurs – au dîner du Crif ? Tout simplement, parce que je m’exprimais sur le devoir de vérité, l’obligation de considérer notre histoire dans tous ses aspects, même les plus sombres. Et il est vrai que j’avais été interpellé – comme le Président de la République d’ailleurs, et moi en tant que Premier ministre – par un appel signé par des intellectuels. Tout cela s’est produit dans le cadre d’un conflit long et terrible », 28/11/2000, <https://www.vie-publique.fr/discours/157317-declaration-de-m-lionel-jospin-premier-ministre-en-reponse-une-ques>.
7 Paul Aussaresses, Services spéciaux, Algérie 1955-1957 : mon témoignage sur la torture, Perrin, 2001 ; Pierre Vidal-Naquet, « Il faut prendre ce livre pour ce qu’il est, les Mémoires d’un assassiné », Le Monde, 03/05/2001.
8 Voir Malika Rahal, Ali Boumendjel : une affaire française, une histoire algérienne, Belles Lettres, 2010.
9 Jacques Massu, La Vraie Bataille d’Alger, Plon, 1971, p. 167 ; Jean Planchais et Florence Beaugé, « Jacques Massu, le général repenti », Le Monde, 22/05/2008. Voir aussi l’émission « Massu sur la torture », Pierre Dumayet, INA, 15/10/1971.
10 « Manifeste pour la reconnaissance et la réparation des crimes et dommages coloniaux français en Algérie », <tsa-algerie.com>, 23/02/2021, <https://www.tsa-algerie.com/manifeste-pour-la-reconnaissance-et-la-reparation-des-crimes-et-dommages-coloniaux-francais-en-algerie/>.
11 Louisette Ighilahiriz, moudjahidate connue pour sa dénonciation des viols ; Henri Pouillot, vétéran d’Algérie et militant anticolonialiste, auteur de La Villa Sesini aux Éditions Tirésias (2001) ; Olivier Le Cour-Grandmaison, universitaire français engagé et auteur prolifique ; Seddik Larkeche, auteur de Le Poison français, lettre au Président de la République, ENA Éditions (2017).
12 ACCA : Agir contre le colonialisme aujourd’hui, <http://www.acca.1901.org/>.
13 <https://blogs.mediapart.fr/nils-andersson/blog/230922/pour-la-reconnaissance-des-responsabilite-s-de-l-e-tat-dans-le-recours-la-torture-0>.
14 <https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040324/pour-la-reconnaissance-des-responsabilites-de-l-etat-dans-le-recours-la-torture-lors-l>.
15 <https://www.estrepublicain.fr/edition-de-toul/2018/07/22/c-etait-ici-ou-nulle-part> et <https://www.estrepublicain.fr/edition-de-toul/2018/06/28/feu-vert-pour-le-projet-de-statue-bigeard>.
16 Laurie Henriet, « Meurthe-et-Moselle. Qui était le général Bigeard, dont la statue (re)déclenche la polémique à Toul ? », Est républicain, 13/03/2024, mis à jour le 14/03/2024, <https://www.estrepublicain.fr/politique/2024/03/13/qui-est-le-general-bigeard-dont-la-statue-(re)declenche-la-polemique-a-toul> ; Didier Humbert, « Meurthe-et-Moselle. La statue du général Bigeard déclenche la polémique », Vosges Matin, 12/03/2024, <https://www.vosgesmatin.fr/culture-loisirs/2024/03/12/la-statue-du-general-bigeard-declenche-la-polemique>.
17 Parmi ses ouvrages, mentionnons : Contre-guérilla, Alger, Baconnier, 1957 ; Aucune bête au monde..., Pensée moderne, 1959 ; Piste sans fin, Pensée moderne, 1963 ; Pour une parcelle de gloire, Plon, 1975 ; Ma Guerre d’Indochine, Hachette, 1994 ; Ma Guerre d’Algérie, Éditions du Rocher, 1995 ; Crier ma vérité, Éditions du Rocher, 2002 ; Paroles d’Indochine, Éditions du Rocher, 2004 ; J’ai mal à la France, Éditions du Polygone, 2006 ; Adieu ma France, Éditions du Rocher, 2006 ; Mon dernier round, Éditions du Rocher, 2009 ; Ma vie pour la France, Éditions du Rocher, 2010. Il inspire des personnages de films, par exemple dans Les Centurions (1966) et La Bataille d’Alger (1966).
18 Charlotte Boitiaux, « Après deux ans de polémique, l’État “enterre” le général Bigeard », france24.com, 20/11/2012.
19 Paul Aussaresses, op. cit.
20 Alain Ruscio, « Deux ou trois choses que nous savons du général Bigeard », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 118, 2012, p. 145-163.
21 Avec la journaliste Rosa Moussaoui, il avait lancé un appel pour alerter et mobiliser contre cette initiative, recueillant plus de 10 000 signatures.
22 l’Humanité, 30/05/2024.
23 Doris Henry, « À Toul, le projet d’installation d’une statue d’un général accusé d’avoir torturé en Algérie fait polémique », Le Parisien, 11/05/2024, <https://www.leparisien.fr/meurthe-et-moselle-54/a-toul-le-projet-dinstallation-dune-statue-dun-general-ayant-torture-en-algerie-fait-polemique-11-05-2024>.
24 Walid Mebarek, « Révisionnisme historique : à Toul, le tortionnaire Bigeard aura-t-il sa statue ? », El Watan, 01/04/2024, <https://elwatan-dz.com/rrevisionnisme-historique-a-toul-le-tortionnaire-bigeard-aura-t-il-sa-statue>.
25 <https://radiodeclic.fr/2024/03/26/pas-de-statue-du-general-bigeard-dans-lespace-public-telle-etait-la-demande-emise-par-le-collectif-histoire-et-memoire-dans-le-respect-des-droits-humains-lors-de-sa-rencontre-avec-le-maire-de/>.
26 l’Humanité, 30/03/2024.
27 Fabrice Riceputi, enseignant et historien spécialiste des questions coloniales et postcoloniales en France, est un ancien élève de Pierre Vidal-Naquet. Associé à l’IHTP, il s’intéresse au système répressif colonial en Algérie et à sa place mémorielle en France. Il coanime le projet « 1000autres.org » avec Malika Rahal. Voir Fabrice Riceputi, La Bataille d’Einaudi : comment la mémoire du 17 octobre 1961 revint à la République, Le Passager clandestin, 2015 ; Ici on noya les Algériens : la bataille de Jean-Luc Einaudi pour la reconnaissance du massacre policier et raciste du 17 octobre 1961, Le Passager clandestin, 2021 ; Le Pen et la torture : Alger, 1957, lutter contre l’oubli, Le Passager clandestin, 2024.
28 Alain Ruscio, historien et journaliste, est un spécialiste de la colonisation française. Auteur d’une très riche production scientifique, il est aussi un infatigable acteur engagé en faveur de la vulgarisation des connaissances historiques. Alain Ruscio, Les Communistes français et la guerre d’Indochine, 1944-1954, L’Harmattan, 1985 ; La Décolonisation tragique. Une histoire de la décolonisation française, 1945-1962, Messidor-Éditions sociales, 1987 ; Le Credo de l’homme blanc. Regards coloniaux français, XIXe-XXe siècles, Bruxelles, Complexe, 1996 ; Que la France était belle au temps des colonies, Maisonneuve & Larose, 2001 ; avec Sébastien Jahan, Histoire de la colonisation. Réhabilitations, falsifications, instrumentalisations, Les Indes savantes, 2007 ; Nostalgérie. L’interminable histoire de l’OAS, La Découverte, 2015 ; Les Communistes et l’Algérie : des origines à la guerre d’indépendance, 1920-1962, La Découverte, 2019 ; Encyclopédie de la colonisation française, Les Indes Savantes, 2016, 2017, 2019, 2022.
29 <https://histoirecoloniale.net/>.
30 Voir Fabrice Riceputi et Alain Ruscio, « Honorer le colonel Bigeard, c’est honorer la torture coloniale », billet de blog histoirecoloniale.net, Mediapart, 10/03/2024, <https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcoloniale/blog/100324/>.
31 Doris Henry, op. cit.
32 Voir <https://histoirecoloniale.net/> et <https://blogs.mediapart.fr/histoire-coloniale-et-postcoloniale/blog/>.
33 Mentionnons l’exécution des éducateurs des centres sociaux fondés par Germaine Tillion, dont le romancier Mouloud Feraoun, et l’attentat du Petit-Clamart contre Charles De Gaulle.
34 Voir Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l’école française, La Découverte, 2008 ; Jérémy Rubenstein, Terreur et séduction. Une histoire de la doctrine de la « guerre révolutionnaire », La Découverte, 2022.
35 « La direction des opérations spéciales du Pentagone organise une projection de La Bataille d’Alger », Le Monde, 08/09/2003.
36 Rappelons le rôle historique et décisif de Pierre Vidal-Naquet. Jeune assistant à l’université de Caen, il publie dès 1958 L’Affaire Audin aux Éditions de Minuit. Voir François Gèze, « Pierre Vidal-Naquet, l’homme révolté. Celui qui nous a aidés à tenir », Mouvements, n° 49, 2007, p. 124-127 ; François Dosse, Pierre Vidal-Naquet. Une vie, La Découverte, 2020.
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Référence papier
Didier Monciaud, « Nouveaux débats sur la torture par l’armée française en Algérie », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 160 | 2024, 155-170.
Référence électronique
Didier Monciaud, « Nouveaux débats sur la torture par l’armée française en Algérie », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 160 | 2024, mis en ligne le 01 mars 2024, consulté le 13 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chrhc/24263 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/122el
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