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DOSSIER

Cinquante ans depuis la révolution des œillets

Lincoln Secco et Osvaldo Coggiola
p. 53-67

Résumés

La révolution des Œillets a été portugaise et européenne. Les enjeux qui l’ont motivée étaient communs aux sociétés européennes d’après-guerre : décolonisation, démocratie politique (lutte contre l’autoritarisme et les dictatures), intensification des affrontements de classes. Au Portugal, ces différentes tensions convergent et explosent rapidement à l’occasion de la crise des forces armées. Ses acteurs politiques, du MFA à l’extrême gauche, sont contraints d’improviser des réponses politiques à des événements qui les surprennent souvent. En Europe, comme dans le monde, cette révolution a été considérée comme la continuation de la vague amorcée en 1968, de l’est à l’ouest. Son résultat impliqua l’ensemble des forces politiques, à commencer par les États-Unis et les courants de gauche internationaux. Cet article rend compte, d’une manière synthétique, du panorama complexe qui a marqué un processus qui, avec la fin de la « dictature des colonels » en Grèce et la démocratisation espagnole, a conditionné deux des grands enjeux du dernier quart du 20e siècle, l’émergence de l’Union européenne et la vague néolibérale.

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Texte intégral

Ce texte a déjà été publié en mars 2024 en portugais1, et nous remercions ses auteurs pour leur traduction.

1Il y a cinquante ans, en avril 1974, au Portugal, la « révolution des Œillets » secouait l’Europe et le monde. Cette révolution entamait un processus de dissolution de l’appareil d’État, résultat d’une intervention ouvrière et populaire sans équivalent en Europe. À la fin de cette année, le secrétaire d’État américain Henry Kissinger informa les autorités des principales puissances européennes de l’intention des États-Unis d’envahir le Portugal, pour empêcher l’émergence d’un « nouveau Cuba » au milieu de l’Europe. Le président français Valéry Giscard d’Estaing évita de justesse cette intervention, contre la promesse de contenir la révolution par une reconstruction des forces armées portugaises. La guerre révolutionnaire au Vietnam était l’événement central de cette époque, ce qui explique la panique américaine face à une expansion mondiale du communisme. Kissinger exposa même une « théorie du vaccin » qui devrait être appliquée au Portugal pour immuniser l’Europe contre le communisme.

  • 2 Francisco Carlos Palomanes Martinho, « O pensamento autoritário no Estado Novo português : algumas (...)

2Le régime portugais, installé en 1926 sous la direction d’António de Oliveira Salazar et dirigé un demi-siècle plus tard par Marcelo Caetano, met fin aux seize années de la Première République portugaise. Il s’agissait d’une dictature corporatiste-fasciste avec un rôle central de la police politique, la PIDE (Police internationale et de défense de l’État), chargée de réprimer l’opposition au régime de « l’Estado Novo », une forme particulière du corporatisme portugais, installée au cours de cette décennie qui vit partout dans le monde la montée des mouvements fascistes, quand, au Portugal, « le temps des conflits et de la lutte des classes allait se terminer en faveur de “l’intérêt national” ». Dans le cas portugais, on n’assista pas à la création de milices et de brigades comme dans les exemples fascistes, la dictature s’installa par en haut, au travers les forces armées, responsables du renversement de la « république anarchique », puis par l’intervention de l’appareil répressif de l’État lui-même avec l’action vigilante de la PIDE2. Son activité concernait jusqu’aux lieux les plus intimes, jusqu’aux conflits familiaux, mais elle intervenait avec une force particulière dans les conflits du travail. 200 000 personnes, soit 3 % de la population du pays, travaillaient d’une manière ou d’une autre pour la PIDE, qui détenait des archives sur plus de trois millions de documents, soit un nombre équivalent à près de la moitié de la population portugaise. Le Portugal était donc un État policier. La PIDE comptait 2 286 agents en 1974, mais payait entre 10 000 et 12 000 personnes, informateurs compris. Le chef de l’État accordait une audience quotidienne à son chef à partir de 1962.

3Cependant, en février 1974, le régime montra publiquement ses fissures avec la publication du livre Le Portugal et l’avenir, d’António de Spínola. L’auteur, militaire et ancien gouverneur de Guinée-Bissau, prônait, après treize ans de « guerre d’outre-mer », une solution politique et non militaire comme seule issue au conflit colonial. Le régime répondit en limogeant les généraux Spínola et Francisco da Costa Gomes des postes qu’ils occupaient au sein de l’état-major général des forces armées. Marcelo Caetano proposa sa démission au président de la République, qui ne l’accepta pas. Le 25 avril 1974, la mutinerie des capitaines ouvre la voie à une énorme mobilisation populaire, qui oblige le gouvernement à démissionner. Bien vite la PIDE est dissoute et plusieurs de ses principaux dirigeants sont arrêtés. Plus de 1 500 arrestations de membres et informateurs de la PIDE/DGS ont lieu entre avril et octobre 1975. Fin 1976, leurs procès commencent devant le tribunal militaire, les juges étant trop bienveillants envers les anciens membres de la PIDE.

4Cette séquence débute par une implosion littérale de l’État, ouvrant la voie au commencement d’une révolution sociale. En avril 1974, un processus de démantèlement de l’État corporatif s’amorce en raison de la crise de l’armée, au sein de laquelle de jeunes officiers ont formé, contre la hiérarchie militaire, le MFA (Mouvement des forces armées). La motivation du groupe, initialement appelé « Mouvement des capitaines », est de s’opposer au régime policier et à la guerre coloniale. Ces guerres ont été les plus importantes de l’histoire africaine. L’armée portugaise était confrontée à de sérieux problèmes opérationnels sur quatre théâtres d’opérations. En Guinée Bissau, avec des plaines enclavées entre Sénégal et Guinée Conakry. Au Cap-Vert, les montagnes sont des refuges pour les opposants au colonialisme. En Angola et au Mozambique, les mouvements de guérilla de libération nationale bénéficient d’un large soutien populaire. Le colonialisme se heurtait à des guérillas insurrectionnelles.

  • 3 Perry Anderson, Le Portugal et la fin de l´ultra-colonialisme, Paris, François Maspéro, 1963.

5Le Portugal, pays économiquement dépendant, ne pouvait pas abandonner sa domination coloniale directe en échange d’une domination économique, il s’appuyait sur les revenus procurés par l’accumulation coloniale, jouant le rôle d’intermédiaire entre ses colonies et les grandes puissances3. Déjà en 1916, dans L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine notait :

  • 4 <https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp6.htm>.

« Le Portugal nous offre l’exemple d’une forme, associée à l’indépendance politique, de la dépendance financière et diplomatique. Le Portugal est un État souverain, indépendant, mais il est en fait, depuis plus de deux cents ans, c’est-à-dire depuis la guerre de la Succession d’Espagne (1701-1714), sous protectorat britannique. L’Angleterre a défendu le Portugal et ses possessions coloniales pour fortifier ses propres positions dans la lutte contre ses adversaires, l’Espagne et la France. Elle a reçu, en échange, des avantages commerciaux, des privilèges pour ses exportations de marchandises et surtout de capitaux à destination du Portugal et de ses colonies, mais aussi le droit d’user des ports et des îles du Portugal, de ses câbles télégraphiques, etc. »4

6En 1974, la défaite militaire en vue pousse les forces armées à abandonner leur engagement colonial et à se retourner contre le régime. Pour les militaires, il ne s’agissait pas initialement de faire une révolution, mais plutôt un coup d’État militaire pour sauver leur « dignité » face à un régime qui les exposait à une défaite déshonorante et à la honte d’être responsables de la fin de l’empire colonial. Le 16 mars 1974 déjà, des officiers avaient quitté la caserne de Caldas da Rainha dans le but de renverser la dictature : le « soulèvement de Caldas » échoue, mais il a montré aux militaires que leur unique option est désormais celle d’un coup d’État, dont ils entament les préparatifs. Finalement, le 25 avril, la dictature de Caetano est renversée en moins de 24 heures, presque sans effusion de sang. Des prisonniers politiques sont libérés des prisons de Caxias et Peniche ; la PIDE, qui avait été rebaptisée par Caetano Direction générale de la sécurité (DGS), est dissoute et la censure abolie. Des attaques sont lancées contre le siège de A Época, le journal officiel du régime, dont les symboles sont détruits dans la première semaine, ce qui montre le soutien populaire au MFA. Ainsi les forces armées, autrefois défenseurs du régime, actrices de la répression et protagonistes d’une guerre coloniale, semblent se ranger du côté des exploités, et ce, même dans la perspective d’amener le Portugal au socialisme.

7Les actions populaires les plus décisives visent à contrôler les médias et à renverser le gouvernement fasciste. La population, en descendant dans la rue, a modifié la dynamique du coup d’État militaire et l’a conduit au-delà de ses intentions initiales. Ses différentes actions (libération des prisonniers politiques, occupation d’écoles et des entreprises, « épuration » des universités) n’ont reçu le soutien du MFA que dans la mesure où la sanction populaire avait restauré la dignité militaire perdue. Cependant, le coup d’État des forces armées ne s’est réalisé que grâce à la rupture de la hiérarchie militaire, à la désobéissance envers les hauts responsables. C’est le problème crucial de la révolution : menée au nom de la dignité militaire, elle oppose sa légitimation populaire à la légitimation étatique. Du fait que l’appareil d’État est temporairement désorganisé, seule la population mobilisée légitime le MFA, d’où une contradiction entre la légitimité de ses actions et la hiérarchie des forces armées.

8Le 25 avril populaire a apporté une vague d’idées et d’actions qui visent à aller bien au-delà de ce que pouvait (ou voulait) la junte de salut national, qui avait pris le pouvoir au nom du MFA. Des végétariens aux maoïstes, des homosexuels aux écologistes, des féministes aux trotskystes, chacun a pu (ou croyait pouvoir) mettre en pratique ses espoirs. Le Movimento reorganizativo do partido do proletariado [Mouvement pour la réorganisation du parti du prolétariat], MRPP, maoïste, imite les dazibaos, immenses affiches chinoises, avec de grands journaux muraux. Les murs de Lisbonne se recouvrent de grandes fresques, comme si les militants étaient en pleine révolution culturelle. Les photographies de ces fresques montrent qu’elles ont été réalisées par divers groupes politiques. Les éditeurs publient des livres auparavant interdits ou retirés, des traductions prêtes, mais censurées, et une vague de publications d’extrême gauche, de Mao à Guevara et Marx, en passant par des essais politiques, sociologiques, sur la guerre outre-mer, qui font augmenter soudainement les ventes de 60 %.

  • 5 Ronald Chilcote, The Portuguese Revolution of 25 April 1974, Annotated bibliography on the antecede (...)
  • 6 Paulo Moura, Otelo : o Revolucionário, Lisbonne, Dom Quixote, 2012.

9De nombreuses organisations de base ont vu le jour au sein de la société civile. Ronald Chilcote en a noté 5805. Treize au moins sont des organisations politiques composées de membres des forces armées, des associations d’anciens combattants, des proches de militaires, de soldats ou d’officiers en service actif ou à la retraite. Les organismes officiels, tels que le Mouvement des forces armées lui-même, le commandement opérationnel continental et d’autres encore, sont des institutions politiques liées aux forces armées. Le 1er régiment d’artillerie, par exemple, est désormais surnommé le « régiment rouge », pour le soutien qu’il a apporté aux actions d’Otelo Saraiva de Carvalho, l’officier le plus identifié avec l’extrême gauche du MFA6.

  • 7 Charles Downs, Revolution at Grassroots. Community organizations in the Portuguese Revolution, New  (...)

10Différentes actions démontrent l’autonomie des bases sociales de la révolution : le mouvement populaire qui, dès le 25 avril, occupait des maisons, des crèches et des prisons politiques ; le mouvement organisé des travailleurs ruraux et urbains, qui a souvent dépassé les limites imposées par leurs représentations syndicales et associatives ; le MFA lui-même, dont les soldats et les officiers subalternes mettent en péril l’unité de l’armée en tant que garante de l’ordre. Ces mobilisations populaires ne sont les courroies de transmission à aucun parti politique. Charles Downs a démontré que l’orientation politique des comités de résidents, par exemple, peut être radicale ou réformiste, davantage en raison de leur participation à des mobilisations autour de problèmes fondamentaux, qui aboutissent à un conflit avec le gouvernement, plutôt qu’en raison d’une orientation politique antérieure à l’extrême gauche7. Les grèves dépassent même les attentes du Parti communiste, on en totalise 734 entre le 25 avril et la tentative de coup d’État du 28 septembre. Aux chantiers navals de Lisnave, où travaillent 8 500 personnes sur le site principal et près de 13 000 dans les entreprises rattachées, les victoires des premières grèves sont spectaculaires. Des grèves partielles y avaient commencé dès février 1974. Peu après avril, les travailleurs obtinrent 7 200 escudos de salaire minimum et 5 000 escudos pour le personnel de la cantine, qui recevait avant 2 500 escudos (une augmentation de 100 %). Les apprentis ont commencé à recevoir 6 800 escudos par mois, 7 200 après six mois ; pas d’ajustement salarial au-dessus de 15 000 escudos et réintégration de tous ceux qui ont été licenciés pour des raisons politiques ou de grève. Une victoire totale.

  • 8 Collectif‎, ‎Documents de l’OCI n° 3, 25 Avril. La dictature fasciste s’effondre à Lisbonne. Problè (...)

11La lutte ouvrière est également politique : le 7 février 1975, les comités ouvriers de Lisbonne appellent à une manifestation de rue contre les manœuvres navales de l’OTAN menées au large des côtes portugaises. La manifestation est interdite, mais les soldats supposés l’empêcher la saluent les poings levés. Le 15 mai, une réunion du MFA déclare que la manifestation de février a été soutenue par le mouvement. Mais le Conseil de la révolution, après six jours de réunion à huis clos, publie une déclaration affirmant que la « dictature du prolétariat » et les « milices ouvrières » « ne coïncident pas avec le socialisme pluraliste du Portugal ». Les luttes dans les entreprises et l’émergence des conseils d’usine conduisent les socialistes et les communistes ainsi que le MFA à tenter de contrôler le mouvement syndical. Le coup d’État du MFA, en réalité, avait tenté d’empêcher une situation hors de contrôle. Le capitaine Maia, l’un de ses exécuteurs, avait ainsi déclaré : « Nous avions le sentiment que nous nous dirigions vers un abîme qui aboutirait à une guerre civile, dans laquelle le peuple s’armerait8 »...

12Les objectifs fondamentaux du MFA sont résumés dans ce qu’on appelle « les trois D » : décolonisation, développement et démocratie. La décolonisation était la principale revendication des militaires. Il s’agissait de mettre fin à l’empire et de sauver la légitimité des forces armées. Pour ce faire, ils devaient changer de fonction : cesser d’être le pilier de l’empire et devenir la base de la transition du colonialisme en Afrique vers un nouveau rôle politique « européen » pour le Portugal. Les objectifs nationaux étaient en conflit avec les objectifs impériaux, car l’armée, principale institution nationale, devait maintenir son intégrité sans perdre la guerre. Or, celle-ci était déjà stratégiquement perdue. Le MFA proposait donc un certain type de développement économique et social pour le Portugal, qui jouait le rôle d’intermédiaire entre les colonies et les grandes puissances, américaines et européennes.

13De plus en plus, ce système ne profitait qu’à une poignée de colons, propriétaires de terres et investisseurs, qui engrangeaient les bénéfices de l’import-export ou de l’exploitation des richesses africaines : la majorité de la nation n’y gagnait rien. Le développement des rares forces productives de ce capitalisme semi-périphérique avait trouvé de nouvelles possibilités d’expansion en Europe plutôt qu’en Afrique. Du point de vue des pays plus développés, comme de celui des colonies elles-mêmes, dont le commerce extérieur se détournait de plus en plus du Portugal, il semblait légitime de supprimer ce voile colonialiste qui masquait l’exploitation bien réelle de l’Afrique portugaise par le capital oligopolistique international. Deux solutions semblaient ouvertes : la révolution sociale anticoloniale ou bien l’adaptation à l’ordre mondial dans le cadre d’un « capitalisme dépendant et associé ».

14La démocratie était le corollaire inévitable de la fin de l’empire. Alors que la superstructure politique était un obstacle à une autre forme d’expansion des rapports de production modernes, que ce soit dans la dépendance à l’Europe ou dans une transition socialiste, la démocratie était le bélier qui ferait s’écrouler l’empire colonial. Mais quel type de démocratie précisément ? Au cours du processus révolutionnaire, les pièces d’échecs se sont déplacées dans une partie dont l’enjeu était de savoir ce qu’on entendait par « démocratie ». Une « démocratie populaire » sous la direction du Parti communiste, le PCP ; une démocratie de conseils de travailleurs ; la coexistence de formes d’action directes et indirectes ; une démocratie représentative libérale, avec plus ou moins de contenu social. Telles étaient les principales options, mais pas les seules. Les trois « D » imposaient le cadre stratégique de l’action révolutionnaire. C’est en son sein que les forces politico-militaires pourraient établir leurs manœuvres tactiques, définissant des limites, mais ouvrant aussi de nouvelles possibilités. La révolution est une accélération du temps historique dans un espace qui devient soudain transparent. Les différentes options paraissent s’opposer radicalement et laissent apparaître toutes les contradictions sociales. Ainsi, les processus révolutionnaires démultiplient la conscience politique de millions de personnes du jour au lendemain et, dans le cas du 25 avril portugais, littéralement d’une nuit à l’aube.

15D’un coup, ce n’est pas seulement le pluralisme politique qui est entré dans les casernes, mais aussi une multitude d’idées, parmi lesquelles celles de l’extrême gauche. L’ancien règlement qui régissait la vie militaire fut qualifié de « fasciste ». L’utilisation d’un restaurant unique pour les officiers et les soldats se généralisa. Ce détail presque anecdotique révèle un nouvel état d’esprit, celui d’une « armée démocratique », qui ne pouvait perdurer sans mettre fin à la mentalité qui garantissait la discipline militaire. Ainsi, le journal du Mouvement des forces armées entendait institutionnaliser une nouvelle compréhension de la hiérarchie, au travers de l’institutionnalisation du MFA lui-même, défini comme « l’avant-garde politique des forces armées » et désormais doté d’assemblées de délégués d’unité (ADU), des organes consultatifs et de soutien au commandement. De fait, le commandant était, en raison de sa nature de supériorité hiérarchique, le chef de l’ADU. Des délégués de l’AMFA – Assemblée du Mouvement des Forces armées – y participaient également. Mais qui commandait ?

16Il est important de souligner que l’ADU ne remet en aucun cas en cause le pouvoir décisionnel et la responsabilité du commandement. Cependant,

« les commandants, à leur tour, doivent être les premiers militants du MFA, en gardant toujours à l’esprit que l’objectif n’est pas de restaurer une institution militaire dépassée, mais plutôt d’en créer une nouvelle, pour évoluer vers une institution militaire compétente, démocratique et révolutionnaire, mise au service du peuple et capable de correspondre à la société socialiste que nous voulons construire. »

17Telles étaient les structures prévues par la « Directive pour la structuration démocratique du MFA dans les unités et établissements militaires ». Cette ambiguïté persistante entre corporatisme et leadership politique, entre démocratie interne et discipline, entre tradition et révolution, apparaît nettement au travers de ces expressions et de ces combinaisons créatives : « discipline consciente et hiérarchie dynamique », « discipline consensuelle », « persuasion avant ordre », « volonté et discipline révolutionnaires ».

18Il était question de « l’intégration totale des forces dans l’esprit du MFA », qui serait réalisée grâce à « l’éclaircissement et la politisation des forces armées ». Ce même document parlait, paradoxalement, d’« un haut niveau de discipline, de cohésion et d’efficacité ». Définir le MFA au sein de la structure des forces armées n’était qu’une autre des missions impossibles de la révolution. On pensait que cela ne se réaliserait que lorsque le MFA pourrait être étendu à l’ensemble des forces armées, qu’il y aurait une coïncidence des positions politiques. Autrement dit, « à moyen terme » ! Un officier, idéologue du MFA, le major Melo Antunes, s’est interrogé sur cette ambiguïté dont il était lui-même victime et agent : « La situation d’anarchie militaire était dans une certaine mesure le résultat de nos erreurs, ou plus précisément de nos illusions ; nous croyions qu’une structure politique démocratique pouvait être installée dans l’armée ».

19Les militaires révolutionnaires s’inspiraient d’une poésie tirée du passé, prêchant un certain ordre, une certaine hiérarchie, une certaine discipline. Pour ne pas rompre avec ce qu’étaient – et ne pouvaient cesser d’être – les Forces armées, ils cherchèrent avec impatience des modèles, comme le Pérou de Velasco Alvarado. Des articles et des livres circulaient à propos du coup d’État militaire au Pérou et sur son gouvernement militaire, nationaliste et populaire. Dans le catalogue de l’éditeur Prelo, on trouvait ainsi le livre Pérou, deux mille jours de révolution, comme un paradigme des révolutions réalisées par les militaires. Mais aussi des contre-modèles, comme Chili, une révolution militaire tragique. Pour le MFA, l’armée chilienne avait commis des crimes contre son propre peuple, à l’opposé de l’armée péruvienne, qui réalisait « une révolution militaire originale ». Un autre exemple était la révolution algérienne. Il est vrai que ces modèles reflétaient davantage l’esprit de la cinquième division, où étaient logés les officiers les plus proches du colonel Vasco Gonçalves. Mais Cuba était également évoquée. La visite à Cuba d’Otelo Saraiva de Carvalho, photographié lors d’une promenade en voiture militaire avec Fidel Castro, fit sensation. Movimento, le bulletin d’information des forces armées, titrait : « Le MFA à Cuba ». En mai 1974, des comités de défense de la révolution apparaissent dans plusieurs entreprises industrielles de Lisbonne (semblables à leurs homologues cubaines), liés au Parti communiste portugais.

  • 9 Note de l’éditeur : le PPD, désormais Partido Social Democrata, est encore le principal parti de ce (...)

20Il y eut six gouvernements pendant la « révolution des Œillets » : les quatre premiers avec la participation du PS (socialistes), du PCP (communistes), du PPD (Partido popular democrático) et des militaires9 ; le cinquième, principalement soutenu par le personnel militaire proche du PCP ; le sixième, comprenant tous les partis, même s’il était politiquement dominé par le PS et ses alliés militaires. La première phase révolutionnaire fut marquée par trois tentatives de coup d’État, la première, le 10 juillet 1974, la deuxième, le 28 septembre de la même année. Le troisième gouvernement provisoire, formé en octobre 1974, est marqué par la montée des luttes populaires. La dernière tentative de coup d’État, le 11 mars 1975, échoue également. Ainsi, trois tentatives de coup d’État ont échoué. Après l’échec du coup d’État de mars, la révolution s’approfondit. Lors des rassemblements du PCP, ses militants protestent et, tandis que leurs dirigeants prennent la parole, ils crient « à bas le PPD » et réclament ainsi la rupture avec la politique d’« union nationale », priorité de leur parti depuis le début de la révolution. La révolution se politise et montre un visage moins angélique après cette période symbolisée par les œillets plantés dans les fusils. Le 25 avril 1975, premier anniversaire de la révolution, ont lieu les élections à l’Assemblée constituante, avec un taux de participation de 92 %. Le PCP et le PS, principaux partis de gauche, obtiennent conjointement, tout en se présentant séparément, 51 % du total des voix. Le Centro democrático social (CDS), qui proposait un retour à l’ancien régime, n’obtient que 7,65 %. Les élections reflètent, bien que de manière indirecte et certainement déformée, les relations de pouvoir dans le pays. Le MFA en ressent l’impact.

21La restructuration des rapports de force politiques en septembre 1975 et l’impasse des conflits politiques conduisent le MFA à se diviser en trois secteurs principaux. Un premier guidé par l’idée de « pouvoir populaire », lié au COPCON, commandement opérationnel du continent, dirigé par Otelo Saraiva de Carvalho, dont la popularité a augmenté grâce à son rôle de commandement des opérations militaires du 25 avril ; le deuxième est lié à l’appareil gouvernemental dirigé par le charismatique colonel Vasco Gonçalves, seul officier supérieur engagé dans le Mouvement des capitaines avant la prise du pouvoir ; le troisième groupe est proche des socialistes et a une vision modérée du processus révolutionnaire, il est allié au major Melo Antunes, l’un des auteurs du programme du MFA.

22Les clivages au sein du MFA s’accentuent avec la publication, en août 1975, de l’« autocritique révolutionnaire » du COPCON, qui défend le pouvoir populaire. Les rues sont remplies de manifestants et les comités ouvriers entament des expériences d’autogestion, de nouvelles occupations de maisons ont lieu à Lisbonne, la revendication d’une réforme agraire monte. En 1975, 25 % des terres arables du Portugal sont gérées par des unités de production coopératives. Le 13 janvier 1975 est approuvée la loi d’unité syndicale, proposée par le PCP, qui reconnaît l’Intersyndicale, dominée par les communistes, comme la seule centrale ouvrière légitime. Le MFA se tourne vers le PCP, qui, entre juin et septembre, a doublé de taille et compte désormais cent mille adhérents, le considérant comme un instrument de maintien de l’ordre face au bouillonnant « monde du travail », enclin aux grèves et aux revendications salariales trop longtemps réprimées.

  • 10 Lincoln Secco, A Revolução dos Cravos. Economias, espaços e tomadas de consciência, São Paulo, Atel (...)

23La part des salaires dans le revenu national passe de 34,2 % l’année précédant immédiatement la révolution à 68,7 % à la fin de celle-ci10. Les partis politiques cherchent à organiser, diriger ou contrôler les initiatives autonomes de la classe ouvrière :

  • 11 Raquel Varela, António Simões do Paço e Joana Alcântara, « O controlo operário na Revolução Portugu (...)

« Il y avait diverses manières de représenter une force dans ce processus, qui se reflètent dans les conseils créés à Lisbonne (l’Assemblée populaire/Commune de Lisbonne) et à Setúbal (Comité de Luta) qui articulait comités de travailleurs et comités d’habitants puis comités de soldats. Le plus important est le coordinateur de la Cintura Industrial de Lisboa (CIL). Mais il en existe aussi d’autres plus directement liés aux partis, comme les Comités de défense de la révolution (CDR), proche du PCP ; des Conseils révolutionnaires des ouvriers, des soldats et des marins (affiliés au PRP-BR) ; et aussi le 1er Congrès national des Comités ouvriers (dirigé par un parti maoïste, le Movimento reorganizativo do partido do proletariado, MRPP, mais avec la présence du groupe trotskiste Partido revolucionário dos trabalhadores, le PRT). »11

24Le Parti communiste portugais se montre le plus actif dans la défense de la stabilité politique du nouvel ordre et agit pour freiner le radicalisme populaire par sa défense de la « bataille de la production ».

25Les 7 et 8 novembre 1975 se tient une réunion des comités ouvriers de la ceinture industrielle de Lisbonne, où la question du contrôle ouvrier et de la coordination nationale des comités ouvriers retient l’attention. Le quatrième gouvernement (dominé par le PCP) et le Conseil de la révolution, après avoir pris le contrôle du secteur bancaire, plaçant sous la protection de l’État un secteur soumis au contrôle ouvrier, adoptent la stratégie de la « bataille de la production ». Premier ministre du cinquième gouvernement, Vasco Gonçalves est la cible d’une opposition croissante. Deux jours plus tard, Otelo Saraiva de Carvalho lui interdit de visiter les unités militaires intégrées à la COPCON et demande au général de « se reposer, rester calme, méditer et lire ». Le pays est en flammes avec la lutte politique et l’escalade de la violence contre les sièges du PCP et des partis d’extrême gauche, notamment dans le nord et le centre du pays. Jusqu’à la crise du 25 novembre 1975, la lutte fait rage entre les trois groupes politico-militaires. Entre septembre et novembre 1975 s’organisent des formes de coordination du contrôle ouvrier, prônant la construction du socialisme, l’abolition des relations marchandes et de la société de classes, le refus de l’appel à la reconstruction nationale, le contrôle des profits. Le mouvement est centralisé à Lisbonne, centre des décisions à cause de la concentration industrielle dans la capitale.

26À partir du 25 novembre, ce mouvement connaît un repli, dû à la confrontation militaire entre la gauche et des secteurs des forces armées. Les « colonels », dirigés par le lieutenant-colonel Ramalho Eanes, victorieux, non seulement purgent l’armée de leurs éléments radicaux, mais stoppent également la carrière de tous les membres du MFA, même les plus modérés, prenant le contrôle du commandement militaire. La journée du 25 novembre commence par une action des parachutistes. La question de savoir si Otelo Saraiva de Carvalho ou les responsables de la COPCON ont donné l’ordre de cette action n’est qu’un détail. On sait que la droite militaire et les modérés du MFA étaient prêts à prendre le contrôle militaire du pays et qu’ils disposaient d’un plan opérationnel pour ce faire. Ce plan impliquait le soutien organisé du Parti socialiste et des puissances étrangères, Angleterre et États-Unis. On peut affirmer que la gauche se préparait également à l’affrontement. Des accusations ont été faites selon lesquelles le PCP se serait réveillé ce jour-là avec la nostalgie de la révolution perdue et aurait mobilisé des militants armés pour ensuite les rassembler. Le parti aurait renoncé à intervenir en échange du maintien de sa légalité. Il est difficile d’imaginer un tel amateurisme de sa part. Pourtant, même si le PCP préparait un coup d’État et qu’Otelo était son chef militaire, il n’y avait pas d’unité à gauche depuis la chute du cinquième gouvernement, et un coup d’État présuppose une unité de commandement.

  • 12 Sérgio Reis, « Portugal : le moment de la situation », La Vérité, nº 581, Paris, avril 1978.

27L’idée selon laquelle le 25 novembre était une action militaire contre les radicaux et les modérés simultanément reste valable. Cette attaque visait l’extrême gauche et bénéficiait du soutien des modérés. Mais ses auteurs ont vite réalisé que l’action militaire les dépassait. Le nouveau chef de la région militaire de Lisbonne, Vasco Lourenço, et le président Costa Gomes étaient bouleversés et assistèrent passivement au transfert du commandement militaire et politique dans les mains du conservateur Ramalho Eanes. Une anecdote permet de décrire cet officier bien en vue : lors du défilé du 1er mai 1977 à Lisbonne, après son investiture, il assiste à la célébration depuis la tribune officielle. Une femme à proximité lui demande pourquoi il reste si sérieux, ne souriant pas, ce à quoi Eanes répond : « Parce que la nouvelle Constitution ne m’oblige pas à le faire, chère madame »... Dans son discours à l’Assemblée, Eanes rend hommage à l’ensemble de l’armée et à la police, en avertissant : « Chaque jour, nous sommes témoins de conflits [sociaux] qui, à proprement parler, devraient être qualifiés de sabotage. Il est urgent de réglementer le droit de grève12 ». Le sixième gouvernement, après le 25 novembre, est une sorte de « gouvernement d’unité nationale », avec une majorité de ministres du MFA au sein du cabinet. Si, le 25 avril 1974, a commencé le démantèlement de l’État, le 25 novembre 1975 et le sixième gouvernement marquent, eux, le début du démantèlement de la révolution, même s’il reste encore un long bout de chemin avant d’en venir à bout.

  • 13 Vasco Gonçalves, Um General na Revolução. Entrevista a Maria Manuela Cruzeiro, Lisbonne, Editorial (...)
  • 14 C’était le Comité d’organisation pour la reconstruction de la Quatrième Internationale (CORQI), qui (...)

28Les colonels, finalement, ne réussirent pas à éliminer le MFA de l’histoire des forces armées, bien qu’ils l’aient éliminé de leur structure. Le 25 avril est devenu le jour de la liberté ; les soldats sont renvoyés dans leurs casernes ; le MFA et la COPCON sont abolis ; la révolution est devenue une « évolution » dirigée par la bourgeoisie restaurée. Mais ces évolutions ne vont pas sans protestations populaires. Pour Vasco Gonçalves, le 25 novembre couronne un long processus de changement du rapport des forces militaires et prend la forme d’une provocation et d’un coup d’État contre-révolutionnaire13. Le Parti socialiste, dirigé par Mário Soares, joue un rôle clé dans la reconstitution de l’État, avec notamment le soutien des subventions de la social-démocratie allemande. Il se consolide comme principale force électorale après l’échec du coup d’État-insurrection de novembre 1975. Aux élections à l’Assemblée de la République du 25 avril 1976, le PSP obtient 35 % des voix, suivi de 24 % pour le PPD, 15,9 % pour le CDS et 14,6 % pour le PCP. Les partis d’extrême gauche réunis (MRPP, PCP-ML, PDC et PRT) dépassent à peine 1,5 % de l’électorat. Pour beaucoup, la révolution est terminée. Fin 1976, l’un des auteurs de ce texte, le plus vieux bien entendu, participe à Paris à une réunion trotskiste internationale, dont il préside même, bien qu’il soit très jeune à l’époque, une des séances14, dont la situation au Portugal était le sujet central. Le titre du rapport, réalisé par un militant portugais, était significatif : « Bilan de la révolution portugaise »…

  • 15 Maria I. Rezola, 25 de Abril. Mitos de uma revolução, Lisbonne, A Esfera dos Livros, 2007.

29La révolution d’avril 1974 a-t-elle été une « révolution de Février » non suivie d’une « révolution d’Octobre » ? Le champ de bataille des interprétations reste ouvert. La révolution des Œillets a été rendue possible dans le contexte de la décolonisation africaine, de la confrontation entre l’URSS et les États-Unis, et du repli américain face à la montée des tensions internationales et de classes depuis les années 1960, mais surtout du fait de sa défaite imminente au Vietnam. Mais elle fut limitée par les structures de l’économie portugaise, par sa structure démographique, son organisation agraire, par les limites idéologiques de ses élites politiques et, surtout, par le fait qu’elle était dirigée par une armée incapable de se transformer en un corps résolument révolutionnaire. Le MFA a mené un coup d’État militaire, suivi d’une insurrection urbaine, dans un pays où s’exerçait encore une forte influence rurale et catholique. Son évolution idéologique a été rapide, en lien avec celle de la population des villes, ou d’une partie significative de celles-ci. En ce sens, le MFA n’était pas une avant-garde. Dans le même temps, les partis politiques n’avaient pas la légitimité des armes ni celle d’avoir organisé le coup d’État du 25 avril pour le remplacer15.

30Le MFA, en tant que partie intégrante des forces armées, ne pourrait devenir le leader d’un processus révolutionnaire radical que s’il franchissait le Rubicon et détruisait le reste de l’armée. En tant que faction minoritaire, il aurait alors dû recourir à la violence (ou à la menace de celle-ci) contre des personnes liées à ses membres par le biais de liens de camaraderie forgés dans les écoles/académies militaires ou durant la guerre coloniale. Il aurait aussi fallu rompre avec sa propre formation strictement militaire et enfin armer les civils, prenant le risque d’être plongé dans une lutte civils/militaires et de perdre le contrôle de l’appareil d’État. En l’absence d’un parti révolutionnaire, le MFA n’aurait pu remplir un tel rôle que dans la mesure où il se serait préparé en très peu de temps. Mais sa lente création (dans le temps long des Forces armées nationales) a rendu une telle politique impossible. Quant au prolétariat, aux ouvriers urbains et aux paysans, ils étaient capables d’initiatives organisationnelles sans précédent – notamment dans la radicalisation de « l’été chaud » jusqu’à novembre 1975 – sans équivalent dans l’Europe d’après-guerre, sans toutefois être capable de surmonter l’absence d’une orientation politique unifiée et d’une direction politique capable de la poursuivre. Les organismes sociaux d’un pouvoir révolutionnaire se sont dessinés et se sont développés sans pouvoir se présenter comme une alternative politique pour le pays, ce qui aurait favorisé la désintégration des corps armés de l’État. La principale révolution européenne de la deuxième période d’après-guerre s’est épuisée dans ses premières phases, sans atteindre ses conséquences potentielles finales. Après trois ans, alors que la révolution se retrouvait dans une impasse politique, l’OTAN et l’Europe de la guerre froide ont pu pousser un soupir de soulagement. Mais leur peur avait été immense, de part et d’autre de l’Atlantique, et elle s’était étendue au monde entier.

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Notes

2 Francisco Carlos Palomanes Martinho, « O pensamento autoritário no Estado Novo português : algumas Interpretações », Locus. Revista de História, Juiz de Fora, vol. 13, nº 2, 2007.

3 Perry Anderson, Le Portugal et la fin de l´ultra-colonialisme, Paris, François Maspéro, 1963.

4 <https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1916/vlimperi/vlimp6.htm>.

5 Ronald Chilcote, The Portuguese Revolution of 25 April 1974, Annotated bibliography on the antecedents and aftermath, Coimbra, Universidade-Centro de Documentação 25 de Abril, 1987.

6 Paulo Moura, Otelo : o Revolucionário, Lisbonne, Dom Quixote, 2012.

7 Charles Downs, Revolution at Grassroots. Community organizations in the Portuguese Revolution, New York, State University of New York, 1989.

8 Collectif‎, ‎Documents de l’OCI n° 3, 25 Avril. La dictature fasciste s’effondre à Lisbonne. Problèmes de la révolution portugaise, Paris, SELIO, 1974.

9 Note de l’éditeur : le PPD, désormais Partido Social Democrata, est encore le principal parti de centre droit.

10 Lincoln Secco, A Revolução dos Cravos. Economias, espaços e tomadas de consciência, São Paulo, Ateliê, 2024.

11 Raquel Varela, António Simões do Paço e Joana Alcântara, « O controlo operário na Revolução Portuguesa 1974-1975 », Marx e o Marxismo, vol. 2, nº 2, São Paulo, janvier-juillet 2014.

12 Sérgio Reis, « Portugal : le moment de la situation », La Vérité, nº 581, Paris, avril 1978.

13 Vasco Gonçalves, Um General na Revolução. Entrevista a Maria Manuela Cruzeiro, Lisbonne, Editorial Notícias, 2002.

14 C’était le Comité d’organisation pour la reconstruction de la Quatrième Internationale (CORQI), qui avait recruté dans ses rangs les députés socialistes portugais Carmelinda Pereira et Ayres Rodrigues. Le Secrétariat unifié (SU) de la Quatrième Internationale était également présent.

15 Maria I. Rezola, 25 de Abril. Mitos de uma revolução, Lisbonne, A Esfera dos Livros, 2007.

1 <https://aterraeredonda.com.br/50-anos-da-revolucao-dos-cravos/>.

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Pour citer cet article

Référence papier

Lincoln Secco et Osvaldo Coggiola, « Cinquante ans depuis la révolution des œillets »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 160 | 2024, 53-67.

Référence électronique

Lincoln Secco et Osvaldo Coggiola, « Cinquante ans depuis la révolution des œillets »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 160 | 2024, mis en ligne le 01 mars 2024, consulté le 17 janvier 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chrhc/23765 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/122ed

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Auteurs

Lincoln Secco

Université de São Paulo (USP)

Osvaldo Coggiola

Université de São Paulo (USP)

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Droits d’auteur

CC-BY-NC-ND-4.0

Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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