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Assurer la continuité en régime de Séparation :
les conseils paroissiaux ou curiaux dans le diocèse de Bourges (vers 1907-vers 1912)

Ensuring continuity under the Separation regime:
parish or curial councils in the diocese of Bourges (circa 1907-circa 1912)
Alexis Darchis
p. 177-198

Résumés

Cet article, inspirée d’une thèse de doctorat, examine certains aspects de la mise en œuvre de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Églises et de l’État dans le diocèse de Bourges. Cette loi, provoquant la suppression du Concordat et du budget des Cultes, apparaît, de prime abord, comme une loi de rupture, en particulier pour le financement de l’Église catholique. Or, à l’échelle des paroisses, l’Église catholique a mis en place des conseils paroissiaux ou curiaux avec un fonctionnement inspiré des fabriques concordataires. Ces conseils, sans pouvoirs légaux et officiels, s’efforcent de maintenir les sources de revenus du culte catholique soit les bancs et chaises, les quêtes ou le casuel. Ils étaient composés de 6 membres (dont le curé) dans les paroisses de plus de 5000 habitants et de 4 membres en deçà de ce seuil. Ces conseils rassemblaient les anciens fabriciens qui acceptaient volontiers de retrouver leurs fonctions de gestion des ressources de la paroisse. Néanmoins, les nouveaux conseils se trouvaient sous la seule responsabilité du curé qui choisissaient ses membres. La cléricalisation était renforcée car les laïcs se retrouvaient dans une situation subalterne et de simple assistance au prêtre en termes de gestion des revenus. Ces conseils assuraient une transition apaisée et évitaient l’effondrement des revenus paroissiaux : dans de nombreuses paroisses rurales, les recettes et dépenses demeuraient stables par rapport aux années antérieures. Toutefois, les curés privilégiaient la prudence et évitaient toutes les dépenses excessives et potentiellement superflues.

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Texte intégral

  • 1 Archives du diocèse de Bourges (ADB), série P, Herry, boîte n° 1, registre des délibérations du con (...)

La première réunion du conseil paroissial s’est tenue le 2 novembre 1907, à l’issue de l’office, à 11 heures dans une des salles du presbytère. Étaient présents M.M Duvergnier de Hauranne, maire d’Herry, Théodule Vaillant de Guélis, Louis Caziot, Auguste Pajot, M. Guillon, curé d’Herry. M.M Vincent Fouchard, Raoul Bouchage, anciens membres du conseil de fabrique, avaient été invités à y assister1.

1En ces termes commençait la première délibération du conseil paroissial de la petite commune d’Herry, située au nord-est du département du Cher, dans le Sancerrois. En 1907, à partir de l’été, de nouvelles structures, appelées, selon les paroisses, conseil paroissial, conseil curial ou plus rarement conseil presbytéral, voyaient le jour dans un relatif anonymat. Cette indifférence n’a guère été atténuée par l’historiographie de la loi du 9 décembre 1905.

  • 2 Jean-Marie Mayeur, « Religion et politique : géographie de la résistance aux inventaires (février-m (...)
  • 3 Jacqueline Lalouette, La Séparation des Églises et de l’État. Genèse et développement d’une idée (1 (...)
  • 4 Jean-Paul Scot, L’État chez lui, l’Église chez elle, comprendre la loi de 1905, Paris, Seuil, 2005.
  • 5 Maurice Larkin, L’Église et l’État en France. 1905 : la crise de la Séparation, Cahors, Privat, 200 (...)
  • 6 Christophe Bellon, La République apaisée. Aristide Briand et les leçons politiques de la laïcité (1 (...)
  • 7 Jean Baubérot, La loi de 1905 n’aura pas lieu. Histoire politique des séparations des Églises et de (...)
  • 8 Patrick Cabanel, « La révolte des inventaires », dans Jean-Pierre Chantin, Daniel Moulinet (dir.), (...)
  • 9 Jean-Pierre Chantin, « La loi de 1905 en Beaujolais : une séparation apaisée ? », dans Michel Woron (...)
  • 10 Christian Sorrel, Les catholiques savoyards. Histoire du diocèse de Chambéry (1890-1940), Montmélia (...)
  • 11 Jean-Philippe Bon, Le diocèse de La Rochelle-Saintes sous l’épiscopat de Mgr Eyssautier (1906-1923) (...)
  • 12 Mathilde Guilbaud, L’Église catholique et la loi de séparation dans les diocèses de Meaux et de Ver (...)

2Depuis les travaux emblématiques de J-M. Mayeur2, de très nombreuses études et thèses ont été publiées sur la loi de Séparation des Églises et de l’État, en particulier dans le contexte du centenaire de la loi en 2005 et des débats récurrents sur la « laïcité » française. La genèse du projet et son évolution constante, depuis la Révolution française, ont été examinées par J. Lalouette3 ou J-P. Scot4. Les travaux de M. Larkin5 et plus récemment de C. Bellon6 ou de J. Baubérot7 mettent en exergue le rôle de la commission des 33 et de Briand dans la préparation de la loi et la difficile élaboration de compromis dans un contexte d’anticléricalisme parfois virulent révélé par la seconde expulsion des congrégations en 1902-1903. Les réactions à la loi du 9 décembre 1905, en particulier les inventaires, ont donné lieu à de riches publications, à l’échelle nationale8 ou locale9. La réorganisation de l’Église catholique, après la fin du Concordat et l’entrée en régime de Séparation, a été examinée dans plusieurs études d’histoire diocésaine régionale notamment C. Sorrel pour le diocèse de Chambéry10, J-B. Bon pour le diocèse de La Rochelle11 ou M. Guilbaud dans le diocèse de Versailles12. Toutefois, certains aspects de la mise en œuvre de la Séparation des Églises et de l’État sont moins connus comme l’étude de la « spoliation » des biens ecclésiastiques, soit le transfert des possessions mises sous séquestre aux communes, hospices ou bureaux de bienfaisance et la mutation du financement du culte à l’exception du denier du culte.

  • 13 Alexis Darchis, Les conseils de fabrique dans le diocèse de Bourges, une institution entre paroisse (...)
  • 14 Jean-Pierre Moisset, Les biens de ce monde : les finances de l’Église catholique au xixe siècle dan (...)
  • 15 Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, « De la fabrique au conseil paroissial, une institution économique en (...)
  • 16 Fernand Boulard, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, xixe-xxe siècles. Région (...)

3Cet article, issu de notre thèse13, réfléchit aux moyens mis en œuvre par l’Église pour tenter de préserver, au maximum, le cadre de fonctionnement des fabriques après 1905 par l’établissement des nouveaux conseils paroissiaux ou curiaux. En ce qui concerne les ressources, J-P. Moisset a montré la place croissante, au xixe siècle, du financement privé du culte au détriment du financement public, avec la diminution, notamment sous la IIIe République, du budget des cultes14. À l’échelle des paroisses, selon les évêques, la Séparation des Églises et de l’État ne doit pas apparaître comme une rupture traumatisante pour les catholiques. Toutefois, les permanences de l’appareil fabricien ne sont pas complètes15. Les conseils paroissiaux, comme les fabriques concordataires, apparaissent comme des micro-institutions sans pouvoirs légaux mais d’un intérêt majeur pour assurer le financement du culte catholique. Le diocèse de Bourges, cadre spatial de cette étude, composé des départements du Cher et de l’Indre, se caractérise par une très forte indifférence religieuse avec un effondrement de la pratique pascale masculine dans la seconde moitié du xixe siècle et un fort recul de la pratique pascale féminine sous la IIIe République16. Les registres des conseils paroissiaux et curiaux y ont été bien conservés et nous disposons de nombreuses délibérations pour les paroisses rurales.

Des associations paroissiales aux conseils paroissiaux

Associer les laïcs à la gestion de la paroisse sans constituer une association cultuelle

4Confrontés à l’opposition potentielle du pape à la création d’associations cultuelles et au manque de garanties relativement au contrôle hiérarchique de ces structures, archevêques et évêques français s’efforçaient d’étudier, en 1904-1905, la perspective de constituer des associations alternatives. Mgr Servonnet, archevêque de Bourges, reprenait le projet d’associations paroissiales, suggéré par l’archevêque de Paris, le cardinal Richard, sans toutefois condamner irrémédiablement les associations cultuelles prévues par la loi de Séparation des Églises et de l’État. L’archevêque de Bourges présentait les associations paroissiales en ces termes :

  • 17 La Dépêche du Berry, 19 décembre 1905.

Elles auront pour but de grouper dans chaque paroisse les catholiques dont on jugera prudent de provoquer l’adhésion en vue du maintien et de la défense des intérêts religieux. Leur domaine immédiat se composera des écoles chrétiennes, des patronages et des associations charitables. Ces associations sont considérées comme absolument nécessaires au lendemain de la Séparation.17

5Mgr Servonnet estimait possible de créer ces associations paroissiales en complément des associations cultuelles ; de fait, leurs compétences s’éloignaient fortement de celles des fabriques concordataires. La gestion matérielle de la paroisse n’était pas évoquée par contraste avec la « défense des intérêts religieux », soit l’implication des laïcs dans la défense des institutions catholiques notamment des écoles. Mgr Servonnet considérait aussi que l’éventualité du rejet des associations cultuelles rendait nécessaire l’assimilation potentielle des associations paroissiales aux fabriques concordataires :

  • 18 Ibid.

Jamais les associations cultuelles avec les limites imposées à leurs attributions et à leur capacité de posséder ne seront à même de protéger certains intérêts généraux ou particuliers comme les fondations de missions, les biens des confréries, que les fabriques, dans une certaine mesure, abritaient encore. De plus, ces associations cultuelles peuvent être repoussées par l’Église, être insuffisantes dans leur propre domaine, enfin, être soumises à des vicissitudes qui peuvent entraîner leur dissolution ; les associations paroissiales seront là pour les suppléer toujours et quelquefois les remplacer18.

6Les associations paroissiales se distinguaient des associations cultuelles par le contrôle hiérarchique assuré par l’évêque sur leur fonctionnement. Ces associations paroissiales seraient dirigées par le curé et intégrées dans une structure fédérale d’ensemble appelée « fédération des associations diocésaines ». Dans son projet initial, l’archevêque de Paris ne prévoyait pas la constitution de seuils limitant le nombre de membres par contraste avec les associations cultuelles.

  • 19 Jacques Sévenet, Les paroisses parisiennes devant la Séparation des Églises et de l’État (1901-1908 (...)
  • 20 Semaine religieuse de Bourges, 29 juin 1907.

7Le 10 août 1906, l’encyclique Gravissimo officii radicalisait la condamnation initiale de la loi du 9 décembre 1905 formulée dans Vehementer Nos le 19 février 1906. Pie X renouvelait son opposition absolue à la constitution d’associations cultuelles et condamnait aussi le projet de former des associations paroissiales ou fabriciennes, comme le soutenait l’archevêque de Rouen, Mgr Fuzet. L’hostilité du pape aux associations paroissiales suscitait une vive déception parmi les prélats français qui soutenaient majoritairement cette initiative19. Mais, toujours sous l’impulsion de Mgr Richard, les évêques ne renonçaient pas à leur projet et constituaient, à partir du printemps 1907, des conseils appelés « paroissiaux » (diocèses de Paris, Digne, Albi, Moulins) ou, moins fréquemment, « curiaux » (diocèse de Belley, Bayeux). Dans le diocèse de Bourges, Mgr Servonnet, qui revendiquait la filiation avec le modèle de l’archevêché de Paris, employait l’expression « conseils de M.M les curés20 ».

  • 21 Arch. nat France, F19 4113, La Revue catholique, Semaine religieuse de la ville et du diocèse de Tr (...)

8Les conseils paroissiaux ou curiaux répondaient à différents objectifs apparaissant, plus ou moins explicitement dans leurs statuts. Les statuts des conseils du diocèse de Bourges, publiés dans la Semaine religieuse de Bourges le 29 juin 1907, demeuraient silencieux sur les rapports entre les anciennes fabriques concordataires et ces établissements. Mgr Servonnet, par prudence, préférait éviter d’inscrire dans les statuts une continuité directe entre les fabriques et les conseils paroissiaux. D’autres prélats, au contraire, revendiquaient l’héritage des fabriques concordataires comme dans le diocèse de Troyes.21

9La suppression des fabriques et du budget des cultes provoquait une situation d’embarras et de désarroi dans l’Église catholique ; surgissait la crainte de voir les églises fermer ou dans l’impossibilité d’accueillir les fidèles faute de ressources financières susceptibles d’assurer les réparations nécessaires. Ces angoisses apparaissaient sous la plume du curé de Loye-sur-Arnon :

  • 22 ADB, série P, Loye-sur-Arnon, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil de fabrique, 11 déc (...)

un certain dimanche, il y eut une véritable panique dans toutes les paroisses : allait-on réellement fermer les églises, arrêter les curés pour les emprisonner, poursuivre les fidèles eux-mêmes ?22

  • 23 Ibid.

10Face aux incertitudes, les évêques recommandaient la création de ces conseils en s’inspirant de l’expérience antérieure des fabriques. En outre, dans ce contexte troublé, il apparaissait nécessaire de ne pas laisser le prêtre seul et isolé face aux multiples difficultés. Les prêtres avaient besoin du concours des laïcs, comme le rappelait l’archevêque de Bourges23. La création des conseils paroissiaux et curiaux permettait aussi de maintenir et conserver l’implication des laïcs dans la gestion matérielle de la paroisse. L’archevêque d’Albi affirmait :

  • 24 Arch. nat France, F19 4113, Semaine religieuse de l’archidiocèse d’Albi, 18 mai 1907.

Dans une famille unie, surtout aux heures difficiles, il y a échange de vues entre le père et ses enfants sur les intérêts communs : c’est ainsi que la confiance s’établit et que la sécurité s’accroît. Et, de même que j’ai voulu m’entourer des garanties pour la gestion des fonds destinés au traitement du clergé diocésain, de même il convient que l’administration du curé, en ce qui concerne les ressources de la paroisse soit mise à l’abri de tout soupçon ou toute malignité par le contrôle et la collaboration des représentants de son peuple.24

  • 25 Ibid., Lettre circulaire de Monseigneur l’évêque de Gap instituant des conseils paroissiaux, 11 jui (...)

11La préservation de la « famille catholique », métaphore souvent mentionnée dans les statuts créant les nouveaux conseils, impliquait, aux yeux de la hiérarchie, le rappel des anciens fabriciens pour exercer ces fonctions. Les évêques espéraient créer une dynamique circulaire susceptible d’associer ces mêmes hommes aux œuvres charitables de la paroisse et à la perception du denier du culte25.

12A contrario, les évêques n’insistaient guère sur les différences fondamentales entre les fabriques, supprimées par la loi du 9 décembre 1905, et les conseils curiaux ou paroissiaux. Les conseils n’avaient pas le statut d’associations et demeuraient des structures informelles et facultatives.

Organisation et statuts des conseils paroissiaux

  • 26 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain instituant des conseillers pour assister MM. les (...)
  • 27 Arch. nat France, F19 4113, Revue du diocèse d’Annecy, 8 novembre 1907.

13Les membres des conseils paroissiaux ou curiaux devaient être nommés par l’évêque sur proposition du curé. La loi de Séparation entraînait la disparition de toute tutelle étatique et administrative dans la nomination des membres, à la différence des fabriques concordataires. Le contrôle hiérarchique de l’évêque était singulièrement renforcé. L’archevêque de Bourges avait donné des consignes précises aux curés pour confectionner les candidatures et exigeait le choix des anciens fabriciens pour composer les conseils paroissiaux et curiaux26. Dans les autres diocèses français, les prélats faisaient les mêmes recommandations à l’instar de l’évêque d’Annecy27.

  • 28 Jacques Bouquet, La séparation de l’Église et de l’État dans le diocèse de Poitiers, La Crèche, Ges (...)
  • 29 Pour notre thèse, nous n’avons pas trouvé un seul projet ecclésiastique (même embryonnaire) proposa (...)
  • 30 Arch. nat France, F19 4113, lettre circulaire de Monseigneur l’évêque de Gap instituant des conseil (...)
  • 31 Ibid., lettre de l’évêque de Bayonne aux membres des conseils paroissiaux, 20 août 1907.

14Les évêques ayant établi les statuts des conseils paroissiaux ou curiaux sur le modèle de ceux des fabriques concordataires, le recrutement des anciens marguilliers apparaissait comme une évidence. La gestion matérielle de la paroisse nécessitait une expérience et une maîtrise des fondements, parfois complexes, de la comptabilité. En 1907, les angoisses des autorités catholiques l’emportaient sur l’éventualité d’innover et d’expérimenter d’autres rapports avec les laïcs. Les rares projets audacieux, comme dans le diocèse de Poitiers, évoquant la possibilité d’ouvrir les associations paroissiales à des femmes, étaient abandonnés28. Dans les statuts créant les nouveaux conseils, Mgr Servonnet n’évoquait pas le statut de « notable » indispensable pour faire partie d’une fabrique. Toutefois, cette appartenance était implicite et perçue comme naturelle29. L’évêque de Gap décrivait les futurs membres des conseils comme des « laïques honorables30 » et son collègue de Bayonne les présentait comme une « élite31 » au service de la paroisse et de l’Église catholique.

15Les évêques espéraient aussi préserver le capital socio-culturel symbolique des anciens fabriciens en les incitant à rejoindre les nouveaux conseils. Les usages traditionnels étaient maintenus, comme le rappelait l’article 10 des statuts diocésains :

  • 32 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain…., op. cit., 29 juin 1907.

Les conseillers de M. le curé jouiront, dans l’église et dans les cérémonies religieuses de la paroisse, des mêmes honneurs attribués précédemment aux membres du conseil de fabrique32.

16Les membres des conseils paroissiaux disposaient, comme les fabriciens, d’une place distincte dans l’église au banc de l’œuvre ou près du chœur.

  • 33 Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, « De la fabrique... », art.cit., p. 10.
  • 34 Dans le diocèse de Paris, les conseils paroissiaux étaient composés de 6 membres (moins de 5000 hab (...)
  • 35 Arch. nat France, F19 4113, lettre de Mgr l’évêque du Mans au clergé de son diocèse instituant des (...)

17Le décret du 30 décembre 1809 avait établi une organisation uniforme des fabriques qui étaient composées de sept membres (dont le curé et le maire, membres de droit) dans les paroisses de moins de 4 000 habitants et de neuf membres dans les paroisses dépassant ce seuil. Les nouveaux conseils paroissiaux ou curiaux conservaient le principe de la variation des effectifs selon la démographie paroissiale mais le principe d’uniformisation, à l’échelle nationale, était abandonné. Chaque évêque était libre de choisir le nombre de membres constituant les nouveaux établissements. Mgr Servonnet, dans le diocèse de Bourges, créait des conseils composés de six membres (dont le curé) dans les paroisses de plus de 5 000 habitants et de quatre membres (dont le curé) en deçà de ce seuil. Des tendances similaires, avec quelques nuances, apparaissaient dans les autres diocèses français33. Quelques diocèses choisissaient de former des conseils paroissiaux avec un nombre de membres plus importants34. Plus rarement, comme dans le diocèse du Mans, trois seuils étaient créés selon la démographie de la paroisse35. Comme les fabriques concordataires, la spécificité organisationnelle de la paroisse cathédrale était préservée. Dans le diocèse de Bourges, le conseil de la paroisse Saint-Étienne de Bourges possédait un effectif plus élevé fixé à dix membres, y compris l’archevêque et un chanoine, membres de droit de l’établissement. L’influence du chapitre cathédral sur le conseil était toutefois fortement réduite par rapport aux anciennes fabriques concordataires.

18Les membres des conseils, dans le diocèse de Bourges, exerçaient un mandat d’une durée de 6 ans. Les conseillers assuraient leur renouvellement selon une procédure complexe associant tirage au sort et cooptation selon le modèle des anciennes fabriques :

  • 36 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain....., op. cit., 29 juin 1907.

Le renouvellement se fera partiellement tous les trois ans, par moitié et par rang d’ancienneté. Exceptionnellement, la première moitié, désignée par le sort, sera soumise au renouvellement du mandat au bout de trois ans. Chaque renouvellement ou nomination nouvelle se fera par désignation de Mgr l’archevêque, sur présentation de M. le curé et après avis des conseillers restants. Il en sera de même lorsque l’un des conseillers devra être remplacé hors des intervalles réguliers.36

19Les évêques, dans les statuts créant les nouveaux conseils, insistaient sur la continuité nécessaire avec les anciennes fabriques. Cette rhétorique masquait aussi l’existence de différences profondes, notamment la cléricalisation renforcée de l’institution.

La cléricalisation des conseils : l’influence renforcée du curé

20Le statut précaire des conseils paroissiaux et curiaux entraînait une diminution des prérogatives des membres laïcs et un renforcement du rôle direct du curé. Non seulement le curé choisissait les membres mais il demeurait le seul responsable légal de la gestion matérielle de la paroisse. Celle-ci était centralisée entre les mains du prêtre, alors que les membres laïcs n’avaient qu’un rôle de conseil, d’aide ou d’assistance. L’article 4 des statuts du diocèse de Bourges insistait sur ce point :

  • 37 Ibid.

M. le curé demeure seul responsable de tous les actes de l’administration temporelle de la paroisse. Les conseillers l’assistent de leur avis, lui prêtent leur concours et appui moral.37

21Cette disposition était aussi destinée à rassurer les conseillers laïcs susceptibles de s’interroger sur leurs responsabilités dans une institution au fonctionnement informel. Ainsi, les membres du conseil curial de Châtillon refusaient de signer tout acte du conseil :

  • 38 ADB, série P, Châtillon-sur-Indre, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil curial, 1er dé (...)

ils ont déclaré que, dans la crainte d’être inquiétés et que les dispositions de l’État qui pourrait les considérer comme remplaçant l’ancien conseil de fabrique, ils refusaient de signer tout acte émanant de leurs fonctions de conseillers. Ils ont ajouté qu’ils étaient respectueusement soumis à l’autorité de Monseigneur l’Archevêque mais qu’ils croyaient agir ainsi par mesure de prudence.38

22Cependant, le renforcement de l’autorité du curé sur les conseils répondait surtout aux aspirations de la hiérarchie ecclésiastique, en continuité avec les décennies antérieures. Tout au long du xixe siècle, les évêques attribuaient les difficultés des fabriques à l’incapacité des laïcs à assurer ces fonctions. Ils encourageaient, notamment dans les paroisses rurales, les curés et desservants à assurer la direction de la fabrique et contrôle sa trésorerie.

23Dans un conseil paroissial ou curial, le curé déterminait le nombre de réunions nécessaires, soit 3 au minimum, selon les statuts diocésains. Le prêtre exerçait la fonction de trésorier et disposait d’un livre-journal où il devait noter scrupuleusement toutes les recettes et dépenses de la paroisse. Les anciennes fonctions de président, trésorier et secrétaire de fabrique disparaissaient des statuts diocésains. Les conseils laïcs étaient dans une situation subalterne de simple assistance consultative au prêtre comme le soulignait l’article 5 :

  • 39 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain....., op. cit., 29 juin 1907.

Les conseillers prennent connaissance des recettes et des dépenses […], ils donneront leur avis pour l’établissement des budgets et des comptes qui doivent être présentés par M. le curé à l’approbation de l’autorité diocésaine.39

  • 40 Premier dimanche après Pâques.

24Les conseillers laïcs pouvaient exercer un travail de contrôle et de vérification mais perdaient toute initiative théorique. La reddition des comptes n’avait plus lieu en avril (séance ordinaire de quasimodo40 des fabriques concordataires) mais au cours du mois de février. Par la suite, une seconde réunion était organisée au cours du mois de mai pour préparer le budget de l’année suivante, lui-même soumis au contrôle des autorités diocésaines.

  • 41 Arch. nat France, F19 4113, lettre du préfet de la Haute-Savoie au ministre de l’Instruction publiq (...)

25Les autorités administratives exerçaient une autorité variable et fluctuante selon les départements. Dans le diocèse de Bourges, les préfets du Cher et de l’Indre n’émettaient aucune objection et critique contre les futurs conseils paroissiaux. Par contraste, le préfet de Haute-Savoie accusait l’évêque d’Annecy d’avoir créé des « associations cultuelles sous une forme non voulue par la loi de Séparation »41 en raison des similitudes jugées excessives entre les statuts des conseils et ceux des anciennes fabriques.

Le conseil paroissial : une micro-institution semblable à la fabrique ?

La formation rapide des conseils paroissiaux et curiaux dans le diocèse de Bourges

  • 42 Ibid., 31 août 1907.
  • 43 Ibid., oct.-déc. 1907.
  • 44 Liliane Pinard, Les mentalités religieuses du Morvan au xixe siècle 1830-1914, Dijon, Éditions univ (...)

26Quelques semaines après la publication des statuts dans la Semaine religieuse de Bourges le 29 juin, les premiers conseils paroissiaux et curiaux voyaient le jour en Berry. D’après les listes établies dans cette même source, au total, 398 établissements étaient créés dans le diocèse de Bourges de juillet 1907 à avril 1908. Environ 80 % des paroisses (80,5 %) disposaient d’un conseil. Les premiers conseils étaient signalés le 20 juillet 1907 dans 35 paroisses comme à Aigurande, Bélâbre ou Tendu. Leur création avait été entérinée par l’archevêché. Un pic de création intervenait au cours du mois d’août 1907 avec 135 nouveaux conseils, soit 1/3 de l’ensemble (33,9 %), comme à Baugy, Saint-Marcel ou Vatan. En une seule semaine, du 24 au 31 août, 58 conseils paroissiaux et curiaux étaient constitués dans le diocèse (Argy, Culan, Lureuil42). Au cours du mois de septembre, seules 18 créations nouvelles étaient mentionnées mais le processus connaissait une relance d’octobre à décembre 1907 avec 164 conseils supplémentaires, dont 52 en octobre (Ardentes, Sancerre), 66 en novembre (Arthon, Déols) et 46 en décembre (Prévéranges, Prissac43). À la fin de l’année 1907, 355 conseils paroissiaux étaient formés dans le diocèse, soit 90 % de l’ensemble. De janvier à avril 1908, 43 nouveaux conseils étaient constitués. Les 4 dernières créations (La Celette, Murs, Meunet-sous-Vatan, Le Perche) étaient mentionnées le 18 avril 1907. Quelques rarissimes formations tardives, ultérieures à 1908, peuvent être signalées comme le « conseil presbytéral » d’Arçay en 1912. Par comparaison, dans le Morvan, L. Pinard estime qu’une majorité de paroisses est dotée d’un conseil paroissial en 191344.

27Il est nécessaire aussi de confronter le fonctionnement réel des conseils paroissiaux et curiaux à leurs statuts.

Activités et pratiques des conseils paroissiaux et curiaux

  • 45 Daniel Moulinet, La Séparation des Églises et de l’État en Bourbonnais, Yzeure, Les Amis du Patrimo (...)

28Les thèses et mémoires n’ont guère examiné le fonctionnement de ces conseils, largement délaissés par l’historiographie de la Séparation des Églises et de l’État. Au-delà des problèmes – réels – de conservation des registres de délibérations des établissements, ces conseils ont parfois été confondus avec les comités paroissiaux créés à la même période45. Or, les comités paroissiaux avaient des objectifs politiques de mobilisation des catholiques, hommes et femmes, pour enrayer la sécularisation croissante de la société. Ces comités, bien que parfois composés des mêmes personnes que les conseils paroissiaux, n’intervenaient pas dans la gestion matérielle de la paroisse.

Composition des comités paroissiaux

Nom
de la paroisse étudiée

Membres (maire et curé non compris) du conseil de fabrique en 1906

Membres du conseil curial ou paroissial créé en 1907-1908

Châtillon-sur-Indre

M.M Bouillet, Lehée, Laimon, De Léré, Verneux

M.M Bouillet, Lehée, Laimon, De Léré

Tendu

M.M Barny de Romanet, Huguet, Guibaud, Simon, Drot

M.M Huguet, Guibaud, Simon, Drot

Bessais-le-Fromental

M.M Barbier, Maujean, Tridon, Renaudin et Rattier

M.M Barbier, Maujean, Tridon, Renaudin

Subligny

M.M Lebleau, Chollet, Godon, Fleurier, Math

M.M Lebleau, Chollet, Godon, Math

Aigurande

M.M Petit, Dorguin, Chasserat, Aujay, Pradeau

M.M Chasserat, Aujay, Pradeau, Gagneault

  • 46 La Semaine religieuse de Bourges, 20 juillet 1907.
  • 47 ADB, série P, Le Subdray, boîte n° 2, registre des délibérations du conseil paroissial, 1907 (date (...)

29Ce tableau confirme la monopolisation des fonctions de conseiller paroissial ou curial par les anciens membres des conseils de fabrique. Ceux-ci étaient systématiquement choisis pour composer les nouveaux établissements, comme le réclamaient les évêques. Toutefois, les conseils comprenaient, dans les petites paroisses, seulement 4 membres, alors que les anciennes fabriques rassemblaient 5 membres. Mgr Servonnet, pour éviter certaines polémiques potentielles, créait la fonction de « fabriciens honoraires » à l’attention des membres qui n’avaient pas été réintégrés dans les nouveaux établissements. Cette fonction attribuait le droit « de prendre place, à l’église et dans les cérémonies, à côté des conseillers nouvellement institués46 ». Le critère de l’âge et de l’expérience semble avoir été retenu par de nombreux curés des paroisses rurales. Au Subdray, le curé assumait le choix d’avoir retenu les 4 anciens fabriciens les plus âgés au détriment du plus jeune47.

30Dans les nouveaux conseils, le maire n’était plus membre de droit, à la différence des anciennes fabriques. Certains curés, cependant, exprimaient la volonté de l’impliquer au sein des établissements dans la gestion de la paroisse. Les maires choisis étaient systématiquement des notables conservateurs qui avaient combattu, plus ou moins activement, la loi de Séparation et soutenaient les luttes des catholiques. Le maire de Vouzeron, M. Mardier, rejoignait, en 1907, le conseil paroissial en compagnie de son adjoint, lui-même ancien fabricien. Le maire de Vouzeron s’était associé à la protestation du curé et de la fabrique contre l’inventaire et avait aussi dénoncé la mise sous séquestre des biens ecclésiastiques lors de la dernière réunion du conseil de fabrique en 1906. Néanmoins, à l’échelle du diocèse, bien peu de maires avaient rejoint les conseils. Les élus républicains, radicaux et socialistes étaient systématiquement maintenus à l’écart de l’institution.

Les relations entre le curé et les conseillers au sein de l’établissement

  • 48 Ibid.
  • 49 ADB, série P, Arcomps, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil de curial, 5 avril 1908.
  • 50 ADB, série P, Aigurande, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 27 mars 1908.

31La première séance du conseil curial ou paroissial commençait rituellement par l’accueil des membres laïcs, la confirmation de l’agrément épiscopal et une analyse, réalisée par le curé, des compétences des établissements. Dans plusieurs paroisses, le curé insistait sur le caractère consultatif du nouveau conseil comme dans la paroisse du Subdray (Cher, Con de Chârost48). À Arcomps, les statuts diocésains étaient entièrement rédigés dans le registre des délibérations49. Une majorité de conseils respectait les principes des statuts diocésains. Les conseillers laïcs avaient des prérogatives limitées et subalternes d’assistance au prêtre. Le curé s’efforçait aussi d’obtenir l’appui des conseillers dans les luttes engagées avec certaines municipalités relativement au presbytère. En 1907, le presbytère était mis en location par les communes. À Aigurande, le conseil curial, écoutant les doléances du curé contre le loyer jugé trop élevé (250 francs), acceptait l’inscription parmi les dépenses annuelles d’une somme de 126,15 francs correspondant à près de la moitié de sa valeur50.

  • 51 ADB, série P, Loye-sur-Arnon, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil de fabrique, 31 mai (...)
  • 52 Archives départementales du Cher, J. 2046, registre des délibérations du conseil curial de Neuvy-de (...)

32Toutefois, dans 10 % à 15 % des cas étudiés, certains conseils rétablissaient aussi des fonctions associées aux anciennes fabriques, soit les titres de « président », de « trésorier » et de « secrétaire » de l’établissement. Ces titres symboliques reflétaient parfois les hiérarchies sociales entre les notables. À Loye-sur-Arnon, le conseil comprenait un président, un vice-président et un secrétaire51. Toutefois, l’examen précis des délibérations de ces paroisses montre que le cœur du pouvoir gestionnaire demeurait concentré entre les mains du prêtre. Les laïcs disposant de ces titres pouvaient, néanmoins, jouer un rôle plus important que celui de simple consultant ou auxiliaire. À Neuvy-deux-Clochers, le curé, qui était le secrétaire du conseil paroissial, lisait en réunion de reddition des comptes, un rapport préparé par le trésorier. Ce dernier, dans cette paroisse, exerçait un travail préparatoire qui dépassait un simple rôle d’assistance et ressemblait à celui des trésoriers des fabriques concordataires52.

Les finances des conseils paroissiaux ou curiaux

Nouveau contexte, vieilles recettes

33L’étude des ressources économiques des paroisses, après 1906, n’a pas suscité le même intérêt historiographique que la mise en place des nouvelles structures de financement du culte, notamment le denier du culte, appelé « œuvre des Traitements du Clergé » dans le diocèse de Bourges. Or, à l’échelle paroissiale, les conseils curiaux et paroissiaux assuraient, de manière informelle, la gestion quotidienne des recettes et dépenses du culte catholique.

  • 53 Jean Kerlévéo, L’Église catholique en régime français de séparation, Paris, Desclée, 1951, t. 1, p. (...)
  • 54 Ibid., p. 161.

34Le refus des associations cultuelles par l’Église catholique provoquait la mise en place, avec la loi complémentaire du 2 janvier 1907, d’un statut transitoire. Les églises demeuraient ouvertes pour le culte mais le curé était un simple « occupant sans titre juridique53 ». La mise en œuvre de la loi de Séparation, à partir de 1907, paraissait, de prime abord, fragiliser et remettre en cause les ressources ordinaires des paroisses. Avec la mise sous séquestre des biens ecclésiastiques (en attente de leur attribution progressive aux communes, bureaux de bienfaisance, etc.), dont ceux des fabriques, les nouveaux conseils paroissiaux et curiaux perdaient la possibilité de prélever un revenu à partir des rentes ou des possessions mobilières ou immobilières. Surtout, comme les chaises et bancs n’avaient pas une destination spécifiquement cultuelle, l’Église catholique n’en avait plus la jouissance exclusive et ne pouvait plus exiger un revenu de leur location ou concession54. Or, la location des bancs et chaises constituait, de très loin, la principale source de revenu des fabriques rurales tout au long du xixe siècle :

  • 55 Semaine Religieuse de Bourges, 15 décembre 1906.

En conséquence, on avertira les fidèles qu’ils n’ont plus à payer les places à l’église. Mais, les paroissiens généreux et dévoués se souviendront que le prix des places avait moins le caractère d’un loyer que d’une offrande pour le besoin du culte, et ils se feront un devoir d’apporter le montant de cette offrande à M.M les curés et même de les dédommager discrètement, chacun selon les moyens.55

35Mgr Servonnet évoquait à la fois le besoin de faire une offrande au clergé par le paiement des places et la nécessité d’un devoir, dans le contexte problématique de la suppression du budget des cultes. Près d’un an plus tard, le ton devenait plus impérieux et ferme. L’archevêque recommandait aux curés de faire payer les places comme à l’époque concordataire au moyen d’une « redevance » :

  • 56 Ibid., 12 octobre 1907.

La communauté paroissiale a le droit de s’organiser pour vivre […], il lui est parfaitement loisible de procéder comme autrefois, et de décider que l’usage des chaises et autres meubles donnera lieu au paiement d’une certaine redevance, en vue de subvenir aux besoins religieux.56

  • 57 Archives départementales de l’Indre, V. 397, lettre du sous-préfet du Blanc au préfet de l’Indre, 2 (...)

36Officiellement, les offrandes pour les chaises et bancs étaient volontaires et spontanées. Mais, le clergé usait d’un mélange de persuasion et de contrainte pour inciter les fidèles, souvent ignorants de la complexité de la nouvelle législation, à payer les bancs et chaises. Quelques années plus tard, en 1910, des enquêtes, ordonnées par le préfet de l’Indre, confirmaient la permanence des usages en termes de bancs et chaises. Dans l’arrondissement du Blanc, dans douze communes comme Mézières-en-Brenne, Tournon-Saint-Martin ou Martizay, la redevance était obligatoire, alors que dans le reste de l’arrondissement, le principe de « l’offrande » au prêtre était appliqué57.

  • 58 ADB, série P, Herry, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial d’Herry, 6 septembre (...)
  • 59 ADB, série P, Vendoeuvres, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, année 1907.
  • 60 Archives diocésaines de Châteauriux (ADC), V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil paroi (...)
  • 61 L. Pinard, op. cit., p. 326-327.
  • 62 ADC, V. dépôt 8, registre des délibérations du conseil de fabrique de La Chapelle-Saint-Ursin, 31 a (...)
  • 63 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil paroissial de Poisieux, 29 décembre 1907.

37En raison de l’absence de comptes et de budgets établis selon des règles uniformisées comme pour les fabriques, nous ne disposons des détails des recettes annuelles que pour une poignée de conseils paroissiaux et curiaux. Mais ces données confirment la prépondérance des bancs et chaises pour les fabriques des paroisses rurales. À Herry, près de Sancerre, en 1908, la location des bancs et chaises représentait les 2/3 des recettes paroissiales (67,1 % soit 1021,5 francs58). À Vendoeuvres, dans la Brenne, les bancs et chaises produisaient environ 45,6 % des recettes. L’année suivante, cette part augmentait pour atteindre 53,4 % des recettes puis 56,9 % en 190959. Dans quelques paroisses fortement détachées de la pratique religieuse comme Poisieux, cette part pouvait être inférieure à 50 % (41 % des recettes moyennes de 1907 à 1909)60. Dans le Morvan, L. Pinard montre que les bancs et chaises assurent l’essentiel des ressources des conseils paroissiaux61. Les membres des conseils paroissiaux ou curiaux accordaient une importance particulière au prélèvement régulier des revenus des bancs et chaises. Dans la paroisse de La Chapelle-Saint-Ursin, les membres du conseil s’interrogeaient sur l’opportunité d’établir un fermage des chaises afin d’augmenter les ressources de l’établissement62. En 1907, avant son départ de la paroisse, le curé de Poisieux achetait, avec ses fonds propres, 46 nouvelles chaises et 3 Prie-Dieu pour remplacer les anciennes chaises fortement dégradées63.

38Les conseils paroissiaux et curiaux disposaient de 2 autres sources potentielles de revenus, les quêtes et les droits casuels. Dans notre thèse, nous avons souligné le déclin et le déclassement des quêtes tout au long du xixe siècle. Non seulement leur part dans les recettes fabriciennes était devenue marginale mais leur mise en œuvre suscitait souvent des difficultés au sein des établissements. Or, après la Séparation, Mgr Servonnet envisageait la multiplication des quêtes dans les paroisses pour pallier les difficultés financières du diocèse. Ainsi, relativement à la quête de l’Assomption, l’archevêque insistait :

  • 64 La Semaine religieuse de Bourges, 20 juillet 1907.

Les fidèles comprendront, sans qu’il soit besoin d’insister, que dans les circonstances présentes, l’appel le plus pressant est fait à leur générosité64.

  • 65 ADC, V. dépôt 896, registre des délibérations du conseil curial de Châteauneuf-sur-Cher, 10 mai 190 (...)
  • 66 ADB série P, Vendoeuvres, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, année 1907.
  • 67 ADB, série P, Herry, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 6 septembre 1908. Da (...)
  • 68 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil paroissial de Poisieux, 20 mai 1909.
  • 69 ADC V. dépôt 8, registre des délibérations du conseil de fabrique de La Chapelle-Saint-Ursin, 24 no (...)

39Toutefois, la croissance numérique des quêtes, aussi bien pour le denier du culte que pour les dépenses paroissiales, entraînait une dilution de leur produit au détriment des conseils curiaux. À Châteauneuf-sur-Cher, à la demande du curé, les membres du conseil curial s’engageaient à accompagner le prêtre dans la mise en place du denier du culte, voire à quêter eux-mêmes dans leurs quartiers65. De 1907 à 1909, les quêtes représentaient environ 15,2 % des recettes du conseil curial de Vendoeuvres66. À Herry, 11,9 % des revenus de la paroisse provenaient de ces mêmes quêtes67. À Poisieux, les membres du conseil paroissial déploraient le produit insuffisant des quêtes à l’église si bien qu’il n’était plus possible de rémunérer le balayage de l’édifice68. À La Chapelle-Saint-Ursin, le curé proposait aux membres du conseil curial d’appliquer des sanctions contre les récalcitrants et les familles refusant de participer aux différentes quêtes. Lors des baptêmes et mariages, les sonneries seraient supprimées, tandis que la 4e classe, destinée aux pauvres, était imposée d’office pour les enterrements69.

  • 70 J-P. Moisset, op. cit., p. 268.
  • 71 ADB, série P, Vendoeuvres, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, année 1907.
  • 72 ADB, série P, Saint-Gaultier, boîte n° 4, registre des délibérations du conseil curial, 18 janvier (...)

40Les droits casuels, c’est-à-dire les revenus prélevés lors des cérémonies de baptême, mariage ou enterrement, étaient tarifés en fonction de « classes » proportionnellement à la richesse de l’apparat, du luminaire et à la présence de prêtres et chantres. La mise en place du casuel avait été lente au xixe siècle mais il était devenu une source de revenu majeure, en particulier pour les paroisses urbaines70. Faute de sources conservées pour les conseils paroissiaux des paroisses urbaines du diocèse, nous ne pouvons pas confirmer l’hypothèse, probable, d’une poursuite des tendances apparues à la veille de 1905. Dans les paroisses rurales, le casuel constituait, pour les conseils paroissiaux, une source de revenu régulière mais moindre que les bancs et chaises. Le casuel du conseil de Vendoeuvres représentait, de 1907 à 1909, environ 14 % des recettes annuelles71. Pour accroître leurs revenus, certains conseils, comme à Saint-Gaultier, étaient tentés par la réévaluation générale, à la hausse, des droits casuels72.

41Aux sources de revenus principales, soit les bancs et chaises, les quêtes et le casuel, s’ajoutaient des recettes ponctuelles, inégalement présentes selon les paroisses, comme les dons et la vente de la cire utilisée lors des enterrements. Nous pouvons toutefois affirmer que la loi de Séparation n’a pas modifié notablement la hiérarchie des recettes paroissiales ; les bancs et chaises demeurent prédominants pour les paroisses rurales.Les finances des conseils paroissiaux après 1906 : effondrement ou nouvelles opportunités ?

  • 73 Liliane Pinard, op. cit., p. 328.

42Les méthodes de gestion financière des conseils, après la Séparation, étaient héritées des pratiques fabriciennes avec le choix majoritaire, notamment dans les paroisses rurales aux moyens limitées, de la proportion des dépenses aux recettes des années antérieures73. Grâce aux données relevées dans les registres, un tableau comparatif a pu être réalisé à partir de paroisses rurales ou de petites villes :

  • 74 Compte de l’année 1906.
  • 75 Les recettes étaient anormalement élevées en raison d’une donation.

Paroisse

Recettes et
dépenses

Dernier compte de la
fabrique74 (francs)

Comptes du conseil paroissial (francs)

1907

1908

1909

1910

1911

Châtillon-

sur-Indre

Rec.

4833,84

2634,35

3273,25

3178,1

Dép.

4828,42

2072,75

2605,35

3014,5

Tendu

Rec.

474

481,6

509,65

499,15

Dép.

474

479,4

508,55

499,15

Loye-sur-Arnon

Rec.

676,05

505,4

487,7

645

620,4

596,3

Dép.

642,3

490

450

420,8

420,8

406,5

Aigurande

Rec.

1792,6

1914,35

2520,65

2602,35

Dép.

1181,65

1868,9

2251,8

2401,75

Poisieux

Rec.

101,6

195,2575

99,9

109,1

120,6

Dép.

101,6

195,25

99,9

109,1

120,6

43Les autorités diocésaines et de nombreux curés, en décembre 1906, lors de la dernière reddition des comptes de fabrique, redoutaient une situation financière catastrophique et l’impossibilité de pourvoir aux dépenses du culte. L’examen de ces 5 paroisses montre que ces craintes ne sont pas réalisées. La situation des paroisses, après 1907, est certes hétérogène mais certains curés paraissent même surpris de l’absence d’effondrement des recettes comme à Poisieux :

  • 76 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil de fabrique de Poisieux, 29 décembre 1907.

Il n’y a donc point de boni, mais, non plus, pas un centime de dettes. On a même pu payer à l’archevêché le “dixième des chaises” et les registres paroissiaux de 1907, ce qu’on n’avait pu faire les années précédentes76.

44Deux paroisses, Châtillon-sur-Indre et Loye-sur-Arnon, connaissent une baisse sensible de leurs recettes après 1906. À Châtillon-sur-Indre, les recettes du conseil paroissial, en 1907, ne représentaient plus qu’environ 54,4 % de celles de la fabrique en 1906. À Loye-sur-Arnon, la chute était moins prononcée, les recettes correspondant à environ 74,7 % du total de l’année précédente. Les recettes des deux paroisses, en 1908-1909, connaissaient une croissance relative, mais sans retrouver le niveau d’avant 1906.

45Dans les autres paroisses étudiées, nous notons une stabilité voire une croissance des recettes après 1906. Les recettes augmentent de 105 % de 1906 à 1909 à Tendu, de 145 % à Aigurande ou de 118 % à Poisieux. Certes, cette hausse doit être nuancée en raison des difficultés de collecte des revenus des bancs et chaises signalées dans de nombreuses paroisses en 1906 mais elle reflète aussi la capacité des curés et conseillers à faire face aux enjeux et responsabilités nouvelles. Les finances des conseils n’étaient pas déficitaires, les établissements réussissaient à éviter l’endettement, parfois provoqué par de lourdes dépenses. Le choc de la Séparation avait été amorti, sur le plan financier, par la capacité de nombreux curés à convaincre les fidèles du caractère impératif et nécessaire des « offrandes » à l’Église. Toutefois, nous pensons que la baisse des revenus paroissiaux est plus prononcée dans les paroisses urbaines qui disposaient de recettes substantielles et parfois importantes avant 1905. Une étude sur les finances de paroisses urbaines (Paris, Lyon) après 1906 permettrait d’invalider ou de confirmer cette hypothèse. Dans les campagnes, même si les recettes ne baissaient pas, elles demeuraient précaires et dépendantes des élites traditionnelles notamment des châtelains toujours fortement représentés dans les nouveaux établissements.

Une tendance majoritaire à la limitation des dépenses

  • 77 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil de fabrique de Poisieux, 25 mai 1911.
  • 78 ADC, V. dépôt 896, registre des délibérations du conseil de fabrique de Châteauneuf-sur-Cher, 1er m (...)

46La bonne santé relative des finances paroissiales, après 1906, ne doit pas dissimuler la pauvreté de nombreux conseils, héritée des décennies antérieures. De nombreuses fabriques rurales avaient des revenus réduits oscillant entre 100 et 200 francs. Les conseils paroissiaux et curiaux adoptaient une stratégie économique prudente et s’efforçaient de circonscrire les dépenses aux acquisitions indispensables pour l’exercice du culte (vin de messe, pain, bougies, entretien des ornements). Le curé de Poisieux s’était félicité de l’absence de déficit dans la paroisse mais son successeur reconnaissait que « les recettes permettent, à peine, de satisfaire à l’indispensable77 ». À Châteauneuf-sur-Cher, le conseil curial, après avoir présenté des comptes à l’équilibre (2003,50 francs de recettes pour 1907 ; 2001,30 francs de dépense), déplorait la confiscation des rentes de la fabrique (pour une valeur au capital de 274 francs) contraignant le conseil à « supprimer certaines dépenses78 ». Quelques mois plus tard, les difficultés posées par le manque de recettes étaient de nouveau discutées en conseil :

  • 79 Ibid., 10 mai 1908.

Il est obligé d’omettre certaines dépenses qui, sans être toutes d’une nécessité absolue, ne peuvent cependant pas être omises longtemps sans nuire d’une façon durable à l’exercice convenable du culte79

47Le conseil curial, constatant aussi son incapacité à financer des dépenses de réparation à l’église et au presbytère, se tournait vers l’archiconfrérie Notre-Dame-des-Enfants, fondée par un ancien curé, l’abbé Horoux, qui s’engageait à pourvoir aux dépenses fixées à 970 francs.

  • 80 ADB, série P, Loye-sur-Arnon, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil curial, 1911.
  • 81 ADB, série P, Aigurande, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 28 mai 1910.
  • 82 ADB, série P, Subligny, boîte n° 4, registre des délibérations du conseil de paroisse, 25 septembre (...)

48Dans les registres de délibération des conseils curiaux et paroissiaux, peu de dépenses sont mentionnées. À Loye-sur-Arnon, en 1911, le conseil paroissial procédait à l’acquisition de nouvelles tentures mortuaires destinées à améliorer l’ornementation du sanctuaire, en particulier pour les cérémonies de première classe. La même année, des chaises spéciales étaient achetées pour assurer la « distinction » des membres du conseil paroissial et des employés de l’église80. Faute de ressources suffisantes, les conseils n’hésitaient pas à organiser des souscriptions locales pour réunir les fonds comme le fit le conseil paroissial d’Aigurande désireux d’acheter une statue pour la fête de Jeanne d’Arc81. À contre-courant des tendances majoritaires dans le diocèse, le conseil paroissial de Subligny réussissait à financer de nombreuses dépenses d’embellissement présentées comme « extraordinaires et considérables82 », soit l’achat de lampes, de bougies, la pose de nouveaux fonts baptismaux, la réfection du fond de l’église et du clocher, la clôture de la chapelle des fonts baptismaux, une nouvelle tenue pour le bedeau et un drap mortuaire. L’ensemble de ces dépenses, fixée à 576,26 francs, était prise en charge entièrement par le conseil de paroisse.

Conclusion

49Au terme de cette analyse, les conseils curiaux ou paroissiaux apparaissent comme une micro-institution dépourvue de prérogatives légales et agissant de manière informelle dans le contexte de la réorganisation de l’Église catholique après la Séparation des Églises et de l’État. En l’absence des associations cultuelles, refusées par le pape Pie X, ces conseils assuraient des tâches comparables aux anciennes fabriques concordataires, soit la gestion de la comptabilité paroissiale, la reddition du compte annuel et la préparation du budget de l’année suivante. La reconstitution du personnel fabricien et la prédominance des notabilités traditionnelles dans les paroisses rurales donnaient l’impression trompeuse d’une continuité intégrale avec les fabriques et d’une absence de toute rupture après 1905. Or, les nouveaux conseils paroissiaux et curiaux se caractérisaient par un renforcement de la tutelle épiscopale et une cléricalisation plus accentuée. Le curé choisissait lui-même les laïcs susceptibles de faire partie de l’institution et pouvait procéder à une sélection selon des critères potentiellement subjectifs. Le curé était désormais le seul responsable des finances de la paroisse et dirigeait le conseil paroissial ou curial. Certes, cette situation n’était pas nouvelle. Tout au long du xixe siècle, dans les campagnes, le curé exerçait souvent les fonctions de président du conseil de fabrique et de trésorier. Mais la concentration des fonctions entre les mains du seul curé entraînait un recul du laïcat en termes de gestion financière, alors que l’Église catholique ne cessait, dans les années 1907-1908, d’appeler les fidèles, hommes et femmes, à se mobiliser dans des comités politiques, dans les œuvres.

  • 83 ADB, série P, Bessais-le-Fromental, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 15 ma (...)
  • 84 ADC, J. 2046, registre des délibérations du conseil paroissial de Neuvy-deux-Clochers, 23 mai 1915.
  • 85 ADC, V. dépôt 668, registre des délibérations du conseil de fabrique de Saint-Étienne de Bourges, 1 (...)

50En dépit de leur caractère informel, les conseils paroissiaux et curiaux ont permis une transition apaisée par la réutilisation des sources de revenus des fabriques, en particulier les bancs et chaises. Alors que l’Église expérimentait, pour les prêtres, de nouveaux systèmes de financement comme le denier du culte, à l’échelle des paroisses, la mise en place des conseils constituait une action sécurisante et complémentaire. Les conseils n’ont pourtant pas constitué une structure durable mais plutôt un intérim nécessaire. De nombreuses délibérations s’arrêtent, sans explications, dans les années 1909-1911. À Bessais, aux confins du Bourbonnais, la dernière réunion eut lieu en mars 191483, tandis qu’à Neuvy-deux-Clochers, le conseil cessait en 1915, alors que 2 de ses membres étaient mobilisés pour la guerre84. Les autorités administratives de l’Indre et du Cher n’avaient pas exercé de pression particulière à l’encontre de ces établissements. Mgr Izart, archevêque de Bourges nommé en 1916, regrettait, en parcourant le registre des délibérations de la paroisse Saint-Étienne de Bourges, l’absence apparente de réunion depuis 1906 et la non-retranscription des comptes de la paroisse-cathédrale85. Les années 1907-1914 ont été marquées, dans le diocèse de Bourges, par un effondrement de la pratique pascale masculine, ce qui a, probablement, compliqué le renouvellement du personnel des conseils, après le décès des anciens fabriciens. Une étude plus spécifique, portant sur des terres de fidélité catholique, comme les diocèses bretons, permettrait de mieux de comprendre les facteurs à l’origine de la disparition – ou non – des conseils paroissiaux.

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Notes

1 Archives du diocèse de Bourges (ADB), série P, Herry, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial d’Herry, 2 novembre 1907.

2 Jean-Marie Mayeur, « Religion et politique : géographie de la résistance aux inventaires (février-mars 1906) », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, n° 6, 1966, p. 1259-1272 et La Séparation des Églises et de l’État, Paris, Archives, Julliard, 1966.

3 Jacqueline Lalouette, La Séparation des Églises et de l’État. Genèse et développement d’une idée (1789-1905), Paris, Seuil, 2005.

4 Jean-Paul Scot, L’État chez lui, l’Église chez elle, comprendre la loi de 1905, Paris, Seuil, 2005.

5 Maurice Larkin, L’Église et l’État en France. 1905 : la crise de la Séparation, Cahors, Privat, 2004.

6 Christophe Bellon, La République apaisée. Aristide Briand et les leçons politiques de la laïcité (1902-1919), Paris, Cerf, 2015.

7 Jean Baubérot, La loi de 1905 n’aura pas lieu. Histoire politique des séparations des Églises et de l’État (1902-1908). Tome 1 : L’impossible « loi de liberté » (1902-1905), Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2019.

8 Patrick Cabanel, « La révolte des inventaires », dans Jean-Pierre Chantin, Daniel Moulinet (dir.), La Séparation de 1905, les hommes et les lieux, Paris, Éditions de l’Atelier, 2005, p. 91-105.

9 Jean-Pierre Chantin, « La loi de 1905 en Beaujolais : une séparation apaisée ? », dans Michel Woronoff (dir.), La Séparation en province, Paris, Akademos, 2005, p. 139-142.

10 Christian Sorrel, Les catholiques savoyards. Histoire du diocèse de Chambéry (1890-1940), Montmélian, La Fontaine de Siloé, 1995.

11 Jean-Philippe Bon, Le diocèse de La Rochelle-Saintes sous l’épiscopat de Mgr Eyssautier (1906-1923). Réorganisation et réorientation pastorale au lendemain de la Séparation des Églises et de l’État, Lille, Septentrion, 2002.

12 Mathilde Guilbaud, L’Église catholique et la loi de séparation dans les diocèses de Meaux et de Versailles, 1905-1914, thèse, Université de Lille, 2009.

13 Alexis Darchis, Les conseils de fabrique dans le diocèse de Bourges, une institution entre paroisse et commune (début xixe siècle-début xxe siècle), thèse, Lyon II, 2021.

14 Jean-Pierre Moisset, Les biens de ce monde : les finances de l’Église catholique au xixe siècle dans le diocèse de Paris (1802- 1905), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2004.

15 Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, « De la fabrique au conseil paroissial, une institution économique en France de 1802 à 1962 », Archives de l’Église de France. Bulletin de l’Association des archivistes de l’Église de France, n° 63, 2005, p. 2-17.

16 Fernand Boulard, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, xixe-xxe siècles. Région de Paris, Haute-Normandie, Pays de Loire, Centre, t. 1, Paris, EHESS-FNSP-CNRS, 1982.

17 La Dépêche du Berry, 19 décembre 1905.

18 Ibid.

19 Jacques Sévenet, Les paroisses parisiennes devant la Séparation des Églises et de l’État (1901-1908), Paris, Letouzey & Ané, 2005, p. 202-203.

20 Semaine religieuse de Bourges, 29 juin 1907.

21 Arch. nat France, F19 4113, La Revue catholique, Semaine religieuse de la ville et du diocèse de Troyes, 25 mai 1907.

22 ADB, série P, Loye-sur-Arnon, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil de fabrique, 11 décembre 1906.

23 Ibid.

24 Arch. nat France, F19 4113, Semaine religieuse de l’archidiocèse d’Albi, 18 mai 1907.

25 Ibid., Lettre circulaire de Monseigneur l’évêque de Gap instituant des conseils paroissiaux, 11 juin 1907.

26 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain instituant des conseillers pour assister MM. les curés du diocèse de Bourges dans l’administration temporelle des paroisses, 29 juin 1907.

27 Arch. nat France, F19 4113, Revue du diocèse d’Annecy, 8 novembre 1907.

28 Jacques Bouquet, La séparation de l’Église et de l’État dans le diocèse de Poitiers, La Crèche, Geste éditions, 2004, p. 176.

29 Pour notre thèse, nous n’avons pas trouvé un seul projet ecclésiastique (même embryonnaire) proposant la remise en cause du critère de notabilité et l’ouverture des fabriques à d’autres groupes sociaux.

30 Arch. nat France, F19 4113, lettre circulaire de Monseigneur l’évêque de Gap instituant des conseillers paroissiaux, 11 juin 1907.

31 Ibid., lettre de l’évêque de Bayonne aux membres des conseils paroissiaux, 20 août 1907.

32 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain…., op. cit., 29 juin 1907.

33 Jeanne-Marie Tuffery-Andrieu, « De la fabrique... », art.cit., p. 10.

34 Dans le diocèse de Paris, les conseils paroissiaux étaient composés de 6 membres (moins de 5000 hab.) et 10 membres (plus de 5000 hab.).

35 Arch. nat France, F19 4113, lettre de Mgr l’évêque du Mans au clergé de son diocèse instituant des conseils paroissiaux, 17 novembre 1907. Les conseils rassemblaient 3 à 4 membres dans les paroisses de moins de 2000 habitants, 5 à 6 membres dans les paroisses entre 2000 et 5000 habitants et 8 à 9 membres au-delà.

36 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain....., op. cit., 29 juin 1907.

37 Ibid.

38 ADB, série P, Châtillon-sur-Indre, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil curial, 1er décembre 1907.

39 Semaine religieuse de Bourges, règlement diocésain....., op. cit., 29 juin 1907.

40 Premier dimanche après Pâques.

41 Arch. nat France, F19 4113, lettre du préfet de la Haute-Savoie au ministre de l’Instruction publique et des Cultes, 17 novembre 1907.

42 Ibid., 31 août 1907.

43 Ibid., oct.-déc. 1907.

44 Liliane Pinard, Les mentalités religieuses du Morvan au xixe siècle 1830-1914, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 1997, p. 326.

45 Daniel Moulinet, La Séparation des Églises et de l’État en Bourbonnais, Yzeure, Les Amis du Patrimoine Religieux en Bourbonnais, 2004, p. 133-136 ; Esther Deloche, Le diocèse d’Annecy de la Séparation à Vatican II, thèse, Université Lyon 2, 2009, p. 168 : « Il [le comité paroissial] reprend en quelque sorte le rôle des anciennes fabriques ».

46 La Semaine religieuse de Bourges, 20 juillet 1907.

47 ADB, série P, Le Subdray, boîte n° 2, registre des délibérations du conseil paroissial, 1907 (date précise non indiquée).

48 Ibid.

49 ADB, série P, Arcomps, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil de curial, 5 avril 1908.

50 ADB, série P, Aigurande, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 27 mars 1908.

51 ADB, série P, Loye-sur-Arnon, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil de fabrique, 31 mai 1907.

52 Archives départementales du Cher, J. 2046, registre des délibérations du conseil curial de Neuvy-deux-Clochers, années 1908-1910.

53 Jean Kerlévéo, L’Église catholique en régime français de séparation, Paris, Desclée, 1951, t. 1, p. 184-185.

54 Ibid., p. 161.

55 Semaine Religieuse de Bourges, 15 décembre 1906.

56 Ibid., 12 octobre 1907.

57 Archives départementales de l’Indre, V. 397, lettre du sous-préfet du Blanc au préfet de l’Indre, 22 avril 1910.

58 ADB, série P, Herry, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial d’Herry, 6 septembre 1908.

59 ADB, série P, Vendoeuvres, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, année 1907.

60 Archives diocésaines de Châteauriux (ADC), V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil paroissial de Poisieux, années 1907-1909.

61 L. Pinard, op. cit., p. 326-327.

62 ADC, V. dépôt 8, registre des délibérations du conseil de fabrique de La Chapelle-Saint-Ursin, 31 août 1908.

63 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil paroissial de Poisieux, 29 décembre 1907.

64 La Semaine religieuse de Bourges, 20 juillet 1907.

65 ADC, V. dépôt 896, registre des délibérations du conseil curial de Châteauneuf-sur-Cher, 10 mai 1908.

66 ADB série P, Vendoeuvres, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, année 1907.

67 ADB, série P, Herry, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 6 septembre 1908. Dans ce total, les conseillers incluaient aussi le produit de quelques « chaises roulantes ».

68 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil paroissial de Poisieux, 20 mai 1909.

69 ADC V. dépôt 8, registre des délibérations du conseil de fabrique de La Chapelle-Saint-Ursin, 24 novembre 1909.

70 J-P. Moisset, op. cit., p. 268.

71 ADB, série P, Vendoeuvres, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, année 1907.

72 ADB, série P, Saint-Gaultier, boîte n° 4, registre des délibérations du conseil curial, 18 janvier 1908.

73 Liliane Pinard, op. cit., p. 328.

74 Compte de l’année 1906.

75 Les recettes étaient anormalement élevées en raison d’une donation.

76 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil de fabrique de Poisieux, 29 décembre 1907.

77 ADC, V. dépôt 39, registre des délibérations du conseil de fabrique de Poisieux, 25 mai 1911.

78 ADC, V. dépôt 896, registre des délibérations du conseil de fabrique de Châteauneuf-sur-Cher, 1er mars 1908.

79 Ibid., 10 mai 1908.

80 ADB, série P, Loye-sur-Arnon, boîte n° 3, registre des délibérations du conseil curial, 1911.

81 ADB, série P, Aigurande, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 28 mai 1910.

82 ADB, série P, Subligny, boîte n° 4, registre des délibérations du conseil de paroisse, 25 septembre 1910.

83 ADB, série P, Bessais-le-Fromental, boîte n° 1, registre des délibérations du conseil curial, 15 mars 1914.

84 ADC, J. 2046, registre des délibérations du conseil paroissial de Neuvy-deux-Clochers, 23 mai 1915.

85 ADC, V. dépôt 668, registre des délibérations du conseil de fabrique de Saint-Étienne de Bourges, 11 juillet 1917.

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Pour citer cet article

Référence papier

Alexis Darchis, « Assurer la continuité en régime de Séparation :
les conseils paroissiaux ou curiaux dans le diocèse de Bourges (vers 1907-vers 1912) »
Chrétiens et sociétés, 28 | 2021, 177-198.

Référence électronique

Alexis Darchis, « Assurer la continuité en régime de Séparation :
les conseils paroissiaux ou curiaux dans le diocèse de Bourges (vers 1907-vers 1912) »
Chrétiens et sociétés [En ligne], 28 | 2021, mis en ligne le 13 mai 2022, consulté le 11 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/8633 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.8633

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