« Soit de bon cœur, soit par grimace » :
l’élection de Dom Calmet à l’abbatiat de Senones
(9 juillet 1728)
Résumés
Les élections religieuses sont, depuis quelques années, l'objet d'un renouveau historiographique. Il s'agit ici d'étudier l’élection de Dom Calmet à l’abbatiat de Senones en s'inscrivant dans cette démarche. Entre le rôle du duc de Loraine qui souhaite peser sur l'élection et les tensions au sein de la Congrégation de Saint-Vanne, dom Calmet est pourtant élu à l'unanimité. Le rôle du vote est alors plus de pacifier une communauté que l'expression d'un choix démocratique. L'élection a une dimension spirituelle, relevant d'un processus très codifié, et son résultat est à lire dans cette optique. L'unanimité est le symbole de l'unité des religieux et indique qu'ils restent seuls maîtres de leur destin quoiqu'il en soit.
Texte intégral
- 1 Olivier Christin, Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel, Paris, Seuil, 2014 (...)
- 2 Léo Moulin, « Les origines religieuses des techniques électorales et délibératives modernes », in (...)
- 3 Véronique Castagnet, « Vitae et Vota : pour une relecture des pratiques électorales au sein des co (...)
1Les élections d’Ancien Régime ont fait, depuis quelques années, l’objet d’une très profonde révision historiographique, qui en a réhabilité les enjeux spécifiques par-delà les critiques qui leur étaient adressées traditionnellement. Certes, elles ne peuvent, le plus souvent, être tenues pour de véritables prolégomènes des expériences démocratiques des Révolutions du xviiie siècle et du xixe siècle : elles ne mobilisent généralement qu’un petit nombre de protagonistes, dont les voix ne sont pas toujours considérées comme égales ; elles sont à la fois très procédurières et pourtant imprécises sur les règles de procédure ; elles donnent lieu à de vives compétitions, mais leurs résultats sont hautement prédictibles ; elles attestent des autonomies de communautés et des corporations, mais sont marquées par les interférences extérieures1. Ce renouveau historiographique a notamment porté sur le cas, particulièrement bien documenté, des élections religieuses, à la faveur de nombreuses enquêtes qui ont complété et nuancé ce qui avait été affirmé par les travaux fondateurs de Léo Moulin2 : Jacques Dalarun et Véronique Julerot ont ainsi rappelé l’ampleur des débats et des combats qui se nouent avec la question des élections autour du gouvernement de l’Église, rappelant la longue nostalgie du régime de la Pragmatique Sanction dans le Royaume de France, bien après le Concordat de Bologne (1516) ; Véronique Castagnet a montré la vigueur des pratiques électives dans les monastères féminins en s’appuyant sur l’exemple du monastère des Ursulines de Pau ; Olivier Christin a décrit, à propos de deux élections contestées de Louvain à la fin du xviie siècle, les ambiguïtés qui règnent encore dans les règles déterminant la manière de donner et de compter les voix3.
- 4 Les registres que la bibliothèque de Saint-Dié conserve dans ses fonds d’archives de Senones (« De (...)
2Nous voudrions poursuivre ici ces réflexions en partant d’un exemple précis et surtout de trois documents, largement inédits, qui permettent d’en comprendre le déroulement et les enjeux. Il s’agit de l’élection, le 9 juillet 1728, de dom Augustin Calmet (1672-1757), religieux bénédictin lorrain de la Congrégation de Saint-Vanne et de Saint-Hydulphe (qu’il a présidé l’année précédente), à l’abbatiat de Saint-Pierre de Senones dans les Vosges, et des pièces qui s’y rapportent dans sa volumineuse correspondance4. À cette date, le duc Léopold de Loraine a repris possession de ses États depuis 1697 et le religieux écrivain a déjà donné le Commentaire littéral des livres de l’ancien et du nouveau testament (1706-1716), le Dictionnaire historique, critique et chronologique de la Bible (1722) et l’Histoire civile et ecclésiastique des duchés de Lorraine et de Bar (1728).
3Trois lettres, qu’il nous faut citer intégralement pour saisir le contexte et les protagonistes de ce cas à la fois exceptionnel (par les acteurs et la documentation) et normal (par ce qu’il révèle des élections d’Ancien Régime), vont retenir notre attention.
1. Lettre de dom Barrois abbé de Moyenmoutier (abbaye voisine de Senones), au prieur de Senones
- 5 Dom Barrois à dom de Braux (Émile Roussel, « Dom Augustin Calmet, abbé de Senones, son refus de l’ (...)
Mon Révérend Père,
J’ai jugé à propos de faire sans vous et à votre nom et de celui de votre communauté, ce que nous étions convenu de faire ensemble. Je sors de l’audience de Son Altesse Royale. Je lui ai dit précisément que je venais en votre nom pour lui donner avis de la mort de votre abbé, et pour la supplier d’agréer que l’on procédât à l’élection d’un successeur. Il m’a répondu qu’il savait que M. de Macra avait obtenu un indult, et qu’il n’y avait point de difficulté. Il m’a demandé quand vous comptiez faire l’élection. Je lui ai répondu que vous comptiez la faire la semaine prochaine, sans lui dire le jour. Il m’a demandé si je ne croyais pas que dom Calmet dût être mis sur les rangs, et avoir bonne part à l’élection. Qu’il était homme de mérite. Je lui ai répondu que le nombre des vocaux était fort considérable, qu’on dit qu’ils étaient au nombre de 28, et qu’il était aisé, que dans un si grand nombre, il y eût des partages dans les idées et les desseins. Au reste, je vous rendrai compte de l’estime de Son Altesse Royale pour dom Calmet. Voilà tout ce qui a été dit à ce sujet. Au reste, vous voyez que l’audience que j’ai eue pour vous, nous met à couvert pour les bienséances, même pour le devoir, et ne nous engage et ne nous lie en rien5.
2. Lettre de Pierre Alliot, maître des cérémonies du duc Léopold à dom Calmet, (1er juillet 1728, soit huit jours avant le vote)
- 6 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728, Bibliothèque diocésaine de Nancy et de Toul, Recueil des lettr (...)
Lunéville, le 1er juillet [1728]
Mon très Révérend Père,
L’orage est enfin passé et la justice que S.A.R. rend a votre mérite a enfin confondu les pretentions des aspirants a l’abbaye de Senones. J’ay parler au Prince de Craön qui est charmer que ses desirs soient accomplis en vous voyant dans un poste dont vous etes si digne. Ce sont aussy les sentiments du R. Pere Guinder a qui j’ay montrer diverses lettres qui m’ont éter écrites des Vosges et qu’il a montré a S.A.R. Si tout le monde vous a placer a Senone sitot qu’on a appris la mort de Mgr de Macra, c’est que tout le monde vous y souhaitait sincerement. Je scay de bonne part que tout est calme a Senone et que tout y est pour vous, soit de bon cœur, soit par grimace, vous ne serez pas moins reellement abbé. Recever donc, je vous conjure mes sinceres compliments. […]
J’ay l’honneur d’etre dans un tres profond respect 6
3. Lettre de dom Bernard Durand, Mauriste de Saint-Bénigne de Dijon, à dom Calmet
- 7 Dom Durand, le 23 octobre 1728 (MB 62).
J’ay apris avec une joye infinie que Vostre Reverence avait esté eslue Abbé de Senonne et qu’elle avait eue pour cela non seulement tous les suffrages des religieux de cette communauté mais [aussi] l’agrement mesme de Son A.R. Mgr le Duc de Lorrainne. Personne n’a pris plus de part a cette élection que moy, et j’en loue de tout mon cœur nostre Seigneur parce que j’espere qu’il en sera glorifié et que cette naturelle dignité fera porter la sanctification de Vostre Reverence et de ses religieux. Elle scait sans douctte que nous avons souscrit a St Bénigne pour son histoire de la maison de Lorrainne7.
4En quelques semaines, plusieurs missives dévoilent donc, de manière précise, le déroulement de l’élection de dom Calmet pour la succession de Mgr de Macra à la tête de l’abbaye de Senones : elles mettent très clairement au jour à la fois la précision des règles qui doivent théoriquement s’appliquer dans ce type d’affaire et la réalité de leur application, lorsque certains protagonistes jugent l’affaire assez importante et jouissent d’assez de crédit pour imposer leurs vues, par-delà les garde-fous et les principes. Nous en retiendrons trois aspects, évidemment intimement solidaires : l’intervention du duc, qui réussit à contourner les obstacles que le statut de l’abbaye aurait dû ériger devant toute immixtion extérieure ; la circulation du résultat avant même le déroulement de l’élection ; l’effacement des voix dissonantes et la célébration obligée d’une unanimité fictive.
Les règles… et leur application
- 8 Dom Mourot, le 15 juin 1712 (MB 65).
5En 1684, le duc de Lorraine avait soutenu la candidature de son frère François à l’abbatiat de Senones contre dom Alliot, canoniquement élu, mais qui n’avait jamais demandé ses bulles. Un procès s’en était suivi en Cour de Rome : « Le prince François a reçu ses bulles pour Senones. On compte cette abbaye perdue […] on crie à l’injustice de toutes parts », écrit dom Mourot à dom Calmet le 15 juin 17128. La mort opportune du prince François met fin au différend. En 1715, le même duc avait cherché à imposer un ecclésiastique séculier, l’abbé de Tornielle. Nouvel échec ! Dom Matthieu Petitdidier est élu. Le 2 décembre 1726, le pape Benoît XIII vient de le nommer évêque in partibus de Macra et accorde à l’abbaye un indult qui la libère en lui garantissant son droit d’élections libres. L’abbaye de Senones échappe ainsi à toute velléité de mise en commende du duc de Lorraine, du prince de Salm, du pape et du roi. En effet, l’originalité de l’abbaye est de se trouver dans une principauté de la famille de Salm, incise dans les Vosges lorraines. Depuis 1709, le duc de Lorraine et le prince de Salm ont signé un accord de gestion commune. Par ailleurs, le territoire de l’évêché de Toul étant particulièrement vaste, cette abbaye ainsi que celles de Moyenmoutier et d’Etival, voisines, sont dites de nullius diocesis et relèvent directement du Saint-Siège.
- 9 Augustin Calmet, Commentaire littéral, historique et moral sur la règle de Saint Benoit, avec des (...)
- 10 Dom Laigneau, le 6 mars 1717 (MB 64).
- 11 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728 (MB 61).
- 12 Dom Mourot, le 10 juillet 1728 (MB 65).
- 13 Pierre Alliot, même lettre (MB 61).
6Saint Benoît, dans une Règle de vie rédigée à l’intention des communautés qui se constituent autour d’un religieux, fait cette recommandation : « On tiendra pour règle constante dans l’élection de l’abbé que celui-là soit établi qui aura été choisi dans la vue de Dieu par un consentement général de toute la communauté9. » À Saint-Vanne, on appliquera les préceptes du Concile de Trente en matière d’élections abbatiales. Les Déclarations, écrites en 1610, texte fondateur de la Congrégation, indiquent en effet : « Désormais le moine député au chapitre général par le couvent sera élu par scrutin écrit secret ». Il y a tout lieu d’étendre l’application du scrutin écrit secret dont on sait qu’il est le corollaire de la règle majoritaire et garant de la liberté du choix, à l’ensemble des votes à Saint-Vanne. Les religieux tiennent à ce mode de scrutin. Une seule lettre de la correspondance cite un vote par acclamation et c’est pour le critiquer : elle relate l’appel au concile au Parlement de Paris en mars 1717. « Tous les électeurs adhèrent, adheremus, adheremus […] tumultuairement10 », écrit dom Laigneau. Le Dictionnaire de Trévoux, au mot scrutin, insiste sur le secret « sans qu’on sache le nom de celui qui donne la voix » avant d’ajouter « et son avis ». C’est dans la vitalité des débats auxquels participe la communauté des religieux et qui précèdent les décisions que réside « l’expression de la volonté libre des électeurs ». Or, dans le cas de l’élection de juillet 1728, il est évident que le duc utilise tous les moyens à sa disposition pour faire connaître son sentiment au sujet de la succession ouverte par la mort de dom Petitdidier à l’abbatiat de Senones. Lorsqu’il reçoit à ce sujet l’abbé de Moyenmoutier, et tout en reconnaissant l’existence de l’indult récemment accordé par le souverain pontife, il ne fait pas mystère de sa préférence : « Il m’a demandé si je ne croyais pas que dom Calmet dût être mis sur les rangs, et avoir bonne part à l’élection. Qu’il était homme de mérite », écrit l’abbé. Les délibérations capitulaires sont plus explicites. Elles détaillent les démarches préparatoires du duc de Lorraine : droit d’agréer ou non à l’élection ; obligation de la présentation au préalable de l’identité du candidat ; droit d’accepter la date de l’élection, autant d’ingérences. Le prince a écarté au préalable, explique Pierre Alliot « des aspirants11 ». Dom Mourot fait allusion à « un prélat de ce pays ci », c’est-à-dire la maison de Saint-Avold12. Alliot assure que ce fut « orageux13 ». Si compétition il y a eu, le prince l’a aussi vite interrompue. Nous constatons également que le duc a délégué son conseiller d’État, Tervenu, pour que celui-ci garantisse bon ordre, respect de la liberté des votants et canonicité du déroulement de l’élection (il n’aura pas accès à la salle capitulaire, la liberté des religieux étant ainsi sauvegardée). Quelles menaces ont donc poussé le duc à nier une liberté du vote instituée par la Règle de saint Benoît, prônée par le Concile de Trente et reprise par les Déclarations ?
- 14 Dom Maloët, le 28 juillet 1728 (MB 65).
7Ces interventions s’expliquent. Car tout indique que l’élection de Senones est révélatrice des difficultés que le duc Léopold éprouve à maintenir l’indépendance religieuse des Duchés alors que le roi de France nomme les trois évêques de Metz, Toul et Verdun ; que « les Italiens ne pensent qu’à pêcher en eaux troubles », comme l’écrit de Rome dom Maloët14 ; et qu’il doit lui-même parer aux maladresses de Saint-Vanne et à l’ambiguïté canonique de Senones, terre de nullius diocesis. Quand l’exigence d’orthodoxie de la foi à l’occasion de la crise janséniste a incliné Louis XIV à chercher l’appui de Rome, le duc a renforcé sa politique par les mises en commende des maisons vannistes qui se trouvent sous la compétence religieuse des Trois-Evêchés donnés à la France par le Traité de Westphalie (1648). On l’a vu, il prend le contrôle de Senones, qu’il met en 1685 dans les mains de son frère parce que dom Alliot, canoniquement élu, a commis la maladresse de ne pas demander ses bulles. Il fait de même à Saint-Mihiel qu’il donne à un séculier, Antoine de Lenoncourt (1711). À Saint-Nicolas, en 1710, l’évêque de Toul lui conteste l’application de l’Ordonnance de 1701 (code Léopold) qui doit remédier aux prérogatives exorbitantes prises par les officialités en matière de droit commun, au détriment de la justice laïque. Rome avait mis dix ans à l’accepter. Les démarches entreprises à Paris auprès du nonce apostolique pour débrouiller cette affaire sont relatées par dom Calmet, alors assistant du procureur général des vannistes à Paris, dans les lettres qu’il envoie à ses supérieurs en Lorraine pour les tenir informés. Nous y découvrons le double jeu de l’évêque de Toul Mgr de Camilly qui, sous prétexte de protéger la Congrégation, tente de la dresser contre son duc ; mais aussi l’habileté diplomatique de dom Calmet.
- 15 Dom Laigneau, le 13 février 1720 (MB 64).
8L’érection d’un évêché à Saint-Dié aurait limité l’étendue territoriale de celui de Toul. Cela est refusé au duc en 1720. Le projet s’est heurté à l’évêque de Toul et au Roi de France. Depuis Paris, dom Laigneau, correspondant vanniste de dom Calmet et proche de Mgr de Noailles, est affirmatif : jamais le Régent n’acceptera. Il a signifié sa ferme opposition au pape, l’acte en a été dressé « ici » c’est-à-dire à l’évêché de Paris. Dom Laigneau peut même avancer que le duc de Lorraine en a été assez « piqué » pour que, « étant à Paris », il ait boudé les invitations du roi15. Rome multiplie la nomination d’évêques in partibus infidelium dans les Vosges : en 1725, Jean-Claude Sommier de Saint-Dié ; en 1726, dom Matthieu Petitdidier ; en 1728, Louis Hugo abbé d’Etival. Ces évêques contrarient le duc car ces nominations sont précaires, soumises au bon vouloir de Rome. C’est dans cette conjoncture que le fragile siège abbatial de Senones devient vacant en 1728. On comprend l’empressement du duc à prendre cette élection en main ; il a une revanche à prendre sur la collusion ultramontaine du roi de France avec Rome. Quelques mois plus tard, dom Calmet refusera de se laisser gagner lui-aussi par les perspectives d’un épiscopat in partibus d’Hippone (ce serait une nouvelle façon d’étudier cette nomination qui soulève tant de questions).
- 16 Dom Maloët, le 28 juillet 1728 (MB 65).
- 17 Lettre du même, le 4 août 1728. (MB 65).
9Que le duc de Lorraine mène une politique d’ingérence religieuse déterminée et agressive, la correspondance de dom Calmet en apporte la preuve. Ainsi, les missives de dom Maloët témoignent de l’empoignade entre les abbés de Saint-Mihiel, de Senones et le roi de France pour la nomination d’un prieur à Romont16. Le duc intervient à Rome et impose son choix. « Le cardinal dataire l’a destinée pour un jeune clerc de Lorraine recommandé par SAR17. »
10Le rôle du prince dans ces élections abbatiales sous couvert de canonicité relève moins, nous semble-t-il, d’un lotharingisme imité du gallicanisme royal (nulle intervention d’un évêque à sa demande pour prouver la pureté de la doctrine de dom Calmet), que de la tradition autoritaire des Habsbourg. Le duc se veut le garant de la validité de l’élection alors même qu’il interfère dans le choix du candidat. Il procède comme l’empereur le fait (ou est censé le faire), depuis 1663 au Reichstag qu’il préside, parce qu’il est le protecteur des petits États. Le duc Léopold, à l’occasion de ce vote de 1728, se présente comme le protecteur du monde religieux lorrain.
Divine surprise
- 18 Dom Musnier, le 7 avril 1712 (MB 65).
- 19 Dom Mourot, le 27 septembre 1715 (MB 65).
- 20 Dom Bitry, le 4 août 1718 (MB 61).
11Les enjeux politiques et religieux des élections abbatiales, dans ces territoires de frontière religieuse et politique disputée, expliquent en partie une seconde caractéristique de l’élection de l’été 1728 et du triomphe annoncé de dom Calmet. Auparavant, en 1712, 1715 et 1718, des correspondants de dom Calmet lui avaient déjà signalé que le président de la congrégation de Saint-Vanne, dom Belhomme, s’était fait le deus ex machina de trois élections. En 1712, dom Munier parlait ainsi du prieur de Moyenmoutier : « À moins que le RP abbé [et président de la congrégation] ne trouve place pour le faire supérieur18 ». En 1715, dom Mourot expliquait, parlant de Senones : « On convient que il [notre président] est le maître de toute cette affaire et qu’il fera tomber ce bon morceau sur qui il voudra19. » En 1718, dom Louis Bitry écrivait : « Je viens d’apprendre par un religieux de Saint-Avold qu’il [le Président] faisait aujourd’hui l’élection du nouvel abbé qui doit tomber sur Pierre Vassimont », avant d’ajouter : « Je l’en félicite par avance20. » Dom Vassimont est bien élu 28e abbé de Longéville. Le président dom Belhomme avait supervisé ces trois élections, qui étaient restées dans le cadre fermé de la Congrégation. Mais en 1728, dom Belhomme est mort depuis cinq ans et d’autres acteurs vont intervenir : l’élection nous met en présence de la réapparition du rôle du prince dans le choix du candidat lors d’une élection abbatiale.
- 21 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728 (MB 61).
- 22 Dom Mourot, le 10 juillet 1728 (MB 65).
- 23 Dom Maloët, le 14 juillet 1728 (MB 65).
- 24 Dom Cathelinot, le 16 juillet 1728 (MB 62).
- 25 Dom Durand, le 23 octobre 1728 (MB 62).
12En chargeant dom Calmet de rédiger l’histoire de sa maison, le duc lui a demandé de garantir, à partir de preuves tangibles, la légitimité de sa race à régner sur les duchés ; cela revenait à prouver le bien fondé des sources de leur indépendance. L’Histoire de Lorraine vient de sortir de presse au printemps 1728. Parallèlement, il s’agit de rendre sa fierté à la nation lorraine par le moyen pacifique d’une vie intellectuelle retrouvée, en ressuscitant le vieux patriotisme lorrain. Enfin, dom Calmet est depuis le Commentaire littéral rédigé en français et un Dictionnaire de la Bible qui ordonne les connaissances selon la vogue des dictionnaires, le promoteur d’une Église qui sait se renouveler parce qu’elle devient érudite. Alliot avertit au préalable dom Calmet du choix du duc : « La justice que SAR rend à votre mérite21. » Faut-il le lire comme un ordre déguisé ou comme la reconnaissance du prince envers l’historiographe de sa famille dont les écrits, lui donnant satisfaction, en ont fait un allié de sa politique ? La correspondance de dom Calmet permet de constater que non seulement l’élu a été choisi par le duc, ce que prouvent les deux lettres de dom Barrois et de Pierre Alliot que nous donnions en introduction, mais aussi que le choix était connu de la Cour de Lunéville et la rumeur allait bon train en Lorraine à ce propos, ce qu’insinue dom Mourot à Saint-Avold, le lendemain de l’élection22. Elle s’était répandue jusqu’à Rome (bien loin) d’où dom Maloët lui écrit le 14 juillet 1728 : « L’assurance qu’on m’a donnée que vous lui succéderez [à Mgr de Macra] […] c’est un titre qui est dû, Mon Très Révérend Père à vos rares talents, à votre régularité, et aux services que vous avez rendus par vos savantes et laborieuses recherches à l’Eglise, à l’estat et à votre congrégation que vous rendez si illustre. J’attends la [bulle de] confirmation de cette agréable nouvelle23. » Le soutien du duc transparaît sous la plume de dom Cathelinot : « et la recommandation de SAR24 » et de dom Durand, mauriste de Dijon : « l’agrément même de SAR le duc de Lorraine25. » Le fait que dom Durand soit un mauriste de Dijon prouve que la nouvelle de l’appui politique se répandait ; a contrario les vannistes restaient très discrets.
- 26 Dietrich W. Poeck, Rituale der Ratswahl. Zeichen und Zeremoniell der Ratssetzung in Europa (12.-18 (...)
- 27 Dom Maloët, le 28 juillet 1728 (MB 65).
13Sous la forme faussement paradoxale d’un résultat connu avant même que les électeurs ne se prononcent formellement, l’élection de juillet 1728 confirme donc ici ce que l’historiographie récente des élections d’Ancien Régime a établi : les élections ne sont que rarement de véritables compétitions électorales, un moment de choix incertain, une décision ouverte, mais bien davantage une forme de reproduction des institutions par elles-mêmes, des rituels de consensus et d’établissement de l’ordre interne à telle ou telle communauté un temps menacé par une disparition, une querelle, une menace26. Or c’est bien cela qui semble en jeu dans l’été 1728. On le sait, au cours de l’histoire, les différends ont été vifs au sein de la Congrégation de Saint-Vanne ; il suffit de lire par exemple l’ouvrage que dom Calmet consacre à l’Histoire de l’abbaye de Senones pour s’en convaincre. Le contexte de l’élection de Senones en 1728 ne fait pas exception. Plusieurs lettres mettent notamment en doute la cohésion des votants : « Dom Barrois, abbé de Moyenmoutier et dom de Braux, sous-prieur de Senones m’ont écrit sur la division qui est survenue entre les plus anciens de cette abbaye et les plus jeunes quand il s’est agi de nommer un successeur à M. de Macra27. » écrit dom Maloët, le 28 juin. Les registres de Saint-Dié donnent les noms des vingt-trois participants. D’après leur matricule, six ont fait profession au siècle précédent ; trois avant 1710 ; et les quatorze autres plus tardivement.
- 28 Dom Cathelinot, le 16 juillet 1728 (MB 62).
14À nouveau, dans le cas exemplaire et révélateur d’une communauté, nous est administrée la preuve que, dans les sociétés de la période moderne, le vote a souvent pour fonction d’assurer la résolution pacifique des conflits inévitables dans une société vivante, qu’il fonctionne comme un rituel d’unité dans lequel tous ceux qui sont invités, voire sommés, d’y prendre part, reconnaissent « l’excellent mérite » (16 juillet 1728) et « le bien du corps28 », c’est-à-dire les intérêts propres à leur abbaye « personne collective », personna ficta.
Nemine contra dicente
15Ces fonctions du vote expliquent la troisième caractéristique de cette élection, que soulignent abondamment les correspondants de dom Calmet et ceux qui commentent son succès : l’unanimité des votants.
- 29 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728 (MB 61).
- 30 Dom Cathelinot, le 16 juillet 1728 (MB 62).
- 31 Dom Maloët, le 28 juillet 1728.
16Comment croire que les religieux aient atteint l’unanimité des suffrages exprimés alors que dans sa lettre du 1er juillet, le maître des cérémonies du duc, Pierre Alliot, assurait dom Calmet du résultat dans des termes qui ne laissaient guère de doutes sur l’existence de fortes réticences : « Soit de bon cœur, soit par grimace, vous n’en serez pas moins réellement abbé29. » Dans la même perspective, Dom Cathelinot fait allusion aux oppositions qui s’y sont produites30. Dom Barrois et dom de Braux font de même31. Pourtant, quelques jours plus tard, le 14 juillet, Mgr Scipion-Jérôme Bégon, évêque de Toul, adresse au Pape une lettre de recommandation car dom Calmet est encore abbé de Saint-Léopold de Nancy. C’est une élection dont le prélat a été exclu par la politique du duc et par le caractère original de Senones. Mais, soucieux des intérêts du Roi de France, il entend y prendre indirectement part en confirmant ce qui ne lui a pas été demandé formellement : il atteste de la pureté de la doctrine et de la vertu de l’impétrant comme le demande d’ordinaire le roi de France. Il faut ici citer une partie de sa missive :
- 32 Émile Roussel, Dom Augustin Calmet, op. cit., p 174.
À tous et à chacun que la chose pourra intéresser, faisons savoir que le Très Révérend Père Augustin Calmet, prêtre de notre diocèse, âgé de 56 ans […] nommé tout récemment Abbé régulier du monastère de Senones, de notre diocèse de Toul, est un homme de vaste intelligence, d’une intégrité de mœurs remarquables, d’une érudition aussi admirable que distinguée. Il a bien mérité de l’Eglise par ses écrits où il a mis tout son temps et tous ses travaux. Il est extrêmement recommandable par sa fidélité aux observances de la discipline régulière, sa science, sa saine doctrine, tous les autres mérites de ses vertus. C’est pourquoi, après avoir été élu, à l’unanimité, abbé de ce monastère de Senones, de notre diocèse, il est bien digne d’en être pourvu canoniquement par notre Saint Père le Pape32.
17Scipion-Jérôme Bégon ajoute donc un élément essentiel à la procédure, en se portant garant du caractère idoine, du zèle, de l’érudition, de l’âge du nouvel élu, dans un esprit parfaitement conforme aux principes des élections religieuses d’Ancien Régime qui étaient aussi un jugement sur les personnes et un examen de leur vocation.
- 33 Ibid., p 173.
- 34 Mgr Pierre-Marcel Corradini, le 14 septembre 1728 (MB 62).
- 35 Dom Laigneau, le 12 novembre 1728 (MB 64) ; dom Mourot, le 15 novembre 1728 (MB 65).
- 36 Cf. ici Barbara Stollberg-Rilinger, « Les assemblées des états d’Ancien Régime en Europe. Rituels (...)
- 37 Dom Gome, le 5 août 1710 (MB 63).
- 38 Olivier Christin, Vox populi, op. cit., p. 67.
- 39 Dom Mourot, le 6 août 1710 (MB 65).
- 40 Dom Musnier, le 7 avril 1712 (MB 65).
- 41 Dom Gome, le 30 septembre 1715 (MB 63).
- 42 Dom Belhomme, le 1er octobre 1715 (MB 61).
18Une fois élu, dom Calmet annonce la nouvelle à Mgr Domenico Passionei (1682-1761), archevêque d’Ephèse et nonce apostolique en Suisse, nonciature de laquelle relève Senones. Dom Calmet lui demande : « de faire les démarches nécessaires pour en obtenir confirmation et approbation du Souverain Pontife33. » Le pape Benoît XIII confirme cette élection le 14 septembre34. Ses bulles arrivent en novembre à Porrentruy où dom Calmet se rend35. On comprend alors pourquoi Bernard Durand peut en octobre féliciter dom Calmet de cette élection, dans des termes qui en soulignent une fois encore le caractère unanime : « J’ay apris avec une joye infinie que Vostre Reverence avait esté eslue Abbé de Senonne et qu’elle avait eue pour cela non seulement tous les suffrages des religieux de cette communauté ». L’élection de juillet 1728 et le caractère unanime que lui prêtent certains de ses acteurs et observateurs intéressés tend ainsi, elle aussi, à occulter les voix dissonantes et les oppositions, et à masquer l’existence d’éventuelles minorités. Le cas n’est évidemment pas isolé : dans les élections municipales ou aux Assemblées générales du Clergé, les voix minoritaires ne sont pas mentionnées ni comptabilisées systématiquement ; des conclaves dans lesquels les voix ont été très divisées sont présentés par les histoires de la papauté comme ayant abouti à un résultat unanime. Les progrès de la décision majoritaire et du calcul de la maior pars ne font pas totalement disparaître la nostalgie et l’espoir de vote consensuel, sans partage et sans calcul, sans querelle et surtout sans vaincus36. Cet espoir d’atteindre l’unanimité apparaît plusieurs fois dans la correspondance d’Augustin Calmet. À Longéville, le 5 août 1710 dom Gome rapporte, lors de l’élection du Père abbé : « Et toutes les voix sont tombées sur dom Claude de Bar37. » Cette interprétation de l’unanimité semble raisonnable à Longéville, proche de Metz, en 171038. Dom Mourot ajoute : « Tout se passa avec beaucoup de tranquillité […] par voie de l’inspiration nemine contra dicente39 ». À Moyenmoutier, le 7 avril 1712, « nous avons fait unanimement conventuel40 » écrit dom Munier. À nouveau à Moyenmoutier, le 30 septembre 1715 : « touttes les voies à dom Matthieu Petitdidier », écrit dom Gome41. Et dom Belhomme confirme le lendemain : « Et son élection fut unanime42. » Dom Calmet pouvait-il faire moins ?
- 43 Olivier Christin, Vox populi, op. cit., p. 67.
- 44 Dom Maloët, le 28 septembre 1728 (MB 65).
- 45 Dom Belhomme, le 1er octobre 1715 (MB 61).
- 46 Ibid.
- 47 Olivier Christin, Vox populi, op. cit., p. 193-194.
19Mieux que la règle majoritaire, l’unanimité présente l’image d’une congrégation idéale exempte de tout reproche de luttes intestines doctrinales, que la présence de nombreux jansénistes en son sein pourrait susciter : « Moment d’incertitude relative et parfois d’affrontements, le temps de l’élection peut aussi être le moyen d’une réaffirmation solennelle et collective des fondements de l’unité de la communauté43. » Cette interprétation de l’unanimité semble raisonnable à Longéville, proche de Metz, en 1710. Dom Maloet, le résident des Mauristes à Rome insiste : « Nous sommes dans un temps malheureux ou tout se déchaine contre les moines44. » Aux prétextes de protection de la foi pour le roi de France, de l’intégrité de ses États pour le duc de Lorraine, de la préservation de ses droits pour Rome, dont usent les pouvoirs en place, en embuscade et prêts à fondre sur leur proie, la fragile congrégation vanniste oppose un atout théologique imparable : celui de la canonicité de l’élection de ses abbés. La souveraineté de Dieu se manifeste dans « l’unanimité des vocaux45 », pour reprendre les termes mêmes de dom Belhomme, le 1er octobre 1715. Mais une certaine phrase de la lettre que dom Belhomme envoie à dom Calmet : « Cette unanimité était nécessaire...46 », ouvre sur d’autres perspectives. Le registre des actes capitulaires de Senones, conservé à la Bibliothèque de Saint-Dié constitue un atout précieux pour qui cherche à cerner ces votes abbatiaux. La description détaillée du déroulement du vote du 9 juillet 1728 met en évidence la solennité du cérémonial. C’est au fond : « l’Esprit saint qui préside47. »
- 48 Dictionnaire universel françois et latin, contenant la signification et la définition tant des mot (...)
- 49 Registre des actes capitulaires de Senones (Bibliothèque de Saint-Dié-des-Vosges).
- 50 Olivier Christin, op. cit., p. 195.
20De fait, la souveraineté divine est bien manifeste dans le rituel senonais où le moment du vote prend les caractéristiques d’une liturgie quasi sacramentelle : messe du Saint-Esprit au préalable, puis transfert des électeurs à la salle capitulaire où le délégué du président, dom Guillemin, les invite à n’avoir : « que Dieu en vue ». On chante le veni creator, on récite l’oraison à saint Benoît. Enfin, signe sensible obligatoire dans les sacrements, comme l’eau du baptême, le chrême de l’onction ou le pain de l’eucharistie, les électeurs déposent dans un calice placé sur l’autel le billet sur lequel chacun a exprimé secrètement son suffrage. Exactement comme le rapportent les récits de l’élection du souverain pontife : « les billets cachetés […] dans un calice qui est sur l’autel48. » Les scrutateurs dépouillent et enfin le notaire apostolique peut dresser acte canonique de l’élection49. Le respect d’un « rituel sacramentel » légitime le pouvoir de l’abbé quasi évêque, et partant, de la pérennité, de la solidité de cette élection. La forme fabrique du pouvoir. Toutefois, ni l’élection du pape ni l’investiture des évêques ne sont des sacrements. Les messes au saint Esprit, le chant du veni creator précèdent diverses élections à la même époque. Mais le 9 juillet 1728, l’Esprit a soufflé : l’unanimité prouve qu’Il est devenu l’acteur principal de l’élection : « l’Esprit saint est le seul opérateur possible dans le passage […] à la volonté collective dans laquelle chacun se soumet à la volonté de Dieu50. » Le mot « chacun » pouvant aussi être entendu des pouvoirs laïcs ou religieux en place.
21L’unanimité, lors de cette élection abbatiale de Senones en 1728, loin d’être le signe de la négation de la volonté libre des religieux, met en évidence l’enjeu spirituel de leur engagement puisqu’elle est la manifestation, réussie, de la volonté du Créateur.
Notes
1 Olivier Christin, Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel, Paris, Seuil, 2014 ; Corinne Peneau (dir.), Élections et pouvoirs politiques du viie au xviie siècle. Actes du colloque réuni à Paris 12, du 30 novembre au 2 décembre 2006, Pompignac-près-Bordeaux, Éd. Bière, 2008.
2 Léo Moulin, « Les origines religieuses des techniques électorales et délibératives modernes », in Politix. Revue des sciences sociales du politique, 1998/43, p. 117-162.
3 Véronique Castagnet, « Vitae et Vota : pour une relecture des pratiques électorales au sein des communautés religieuses durant la période moderne », Chrétiens et Sociétés xvie-xxie siècles, 2007, 14, p. 65-99 [http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/201] ; Olivier Christin, « Disinterest, vocation and elections : two late seventeenth-century affairs », French History, volume 29/3, September 2015, p. 285-303 ; Jacques Dalarun, Gouverner c’est servir. Essai de démocratie médiévale, Paris, Alma, 2012 ; Véronique Julerot, « Y a ung grant desordre ». Élections épiscopales et schismes diocésains en France sous Charles VIII, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006 ; Bertrand Marceau, Exercer l’autorité : l’abbé de Cîteaux et la direction politique de l’ordre cistercien en Europe (1584-1651), Paris, Honoré Champion, 2018.
4 Les registres que la bibliothèque de Saint-Dié conserve dans ses fonds d’archives de Senones (« De la cour spirituelle » ; « Des actes capitulaires » ; « Des prises d’habits et des professions ») viennent compléter les missives qui relatent cette élection.
5 Dom Barrois à dom de Braux (Émile Roussel, « Dom Augustin Calmet, abbé de Senones, son refus de l’épiscopat », Bulletin de la Société Philomatique vosgienne, 1931, p. 172).
6 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728, Bibliothèque diocésaine de Nancy et de Toul, Recueil des lettres adressées à Dom Calmet, MB 61. Toutes les lettres citées ci-après et cotées MB sont conservées dans le même fond.
7 Dom Durand, le 23 octobre 1728 (MB 62).
8 Dom Mourot, le 15 juin 1712 (MB 65).
9 Augustin Calmet, Commentaire littéral, historique et moral sur la règle de Saint Benoit, avec des remarques sur les différens ordres religieux qui suivent la règle de S. Benoit, Paris, Emery, 1734, vol. II, p. 393.
10 Dom Laigneau, le 6 mars 1717 (MB 64).
11 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728 (MB 61).
12 Dom Mourot, le 10 juillet 1728 (MB 65).
13 Pierre Alliot, même lettre (MB 61).
14 Dom Maloët, le 28 juillet 1728 (MB 65).
15 Dom Laigneau, le 13 février 1720 (MB 64).
16 Dom Maloët, le 28 juillet 1728 (MB 65).
17 Lettre du même, le 4 août 1728. (MB 65).
18 Dom Musnier, le 7 avril 1712 (MB 65).
19 Dom Mourot, le 27 septembre 1715 (MB 65).
20 Dom Bitry, le 4 août 1718 (MB 61).
21 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728 (MB 61).
22 Dom Mourot, le 10 juillet 1728 (MB 65).
23 Dom Maloët, le 14 juillet 1728 (MB 65).
24 Dom Cathelinot, le 16 juillet 1728 (MB 62).
25 Dom Durand, le 23 octobre 1728 (MB 62).
26 Dietrich W. Poeck, Rituale der Ratswahl. Zeichen und Zeremoniell der Ratssetzung in Europa (12.-18. Jahrhundert), Köln/Weimar/Wien, Böhlau, 2004 ; Raphael Barat, Les élections que fait le peuple : République de Genève, vers 1680-1707, Genève, Droz, 2018.
27 Dom Maloët, le 28 juillet 1728 (MB 65).
28 Dom Cathelinot, le 16 juillet 1728 (MB 62).
29 Pierre Alliot, le 1er juillet 1728 (MB 61).
30 Dom Cathelinot, le 16 juillet 1728 (MB 62).
31 Dom Maloët, le 28 juillet 1728.
32 Émile Roussel, Dom Augustin Calmet, op. cit., p 174.
33 Ibid., p 173.
34 Mgr Pierre-Marcel Corradini, le 14 septembre 1728 (MB 62).
35 Dom Laigneau, le 12 novembre 1728 (MB 64) ; dom Mourot, le 15 novembre 1728 (MB 65).
36 Cf. ici Barbara Stollberg-Rilinger, « Les assemblées des états d’Ancien Régime en Europe. Rituels de prise de décision ou actes de communication symboliques ? », dans Samuel Hayat, Corinne Péneau, Yves Sintomer (dir.), La représentation avant le gouvernement représentatif, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 31-54.
37 Dom Gome, le 5 août 1710 (MB 63).
38 Olivier Christin, Vox populi, op. cit., p. 67.
39 Dom Mourot, le 6 août 1710 (MB 65).
40 Dom Musnier, le 7 avril 1712 (MB 65).
41 Dom Gome, le 30 septembre 1715 (MB 63).
42 Dom Belhomme, le 1er octobre 1715 (MB 61).
43 Olivier Christin, Vox populi, op. cit., p. 67.
44 Dom Maloët, le 28 septembre 1728 (MB 65).
45 Dom Belhomme, le 1er octobre 1715 (MB 61).
46 Ibid.
47 Olivier Christin, Vox populi, op. cit., p. 193-194.
48 Dictionnaire universel françois et latin, contenant la signification et la définition tant des mots de l’une et de l’autre langue... [ dit Dictionnaire de Trévoux], Paris, Compagnie des Libraires associés, MDCCXXI, t III, p. 613.
49 Registre des actes capitulaires de Senones (Bibliothèque de Saint-Dié-des-Vosges).
50 Olivier Christin, op. cit., p. 195.
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Référence papier
Julien Reny, « « Soit de bon cœur, soit par grimace » :
l’élection de Dom Calmet à l’abbatiat de Senones
(9 juillet 1728) », Chrétiens et sociétés, 27 | 2020, 87-100.
Référence électronique
Julien Reny, « « Soit de bon cœur, soit par grimace » :
l’élection de Dom Calmet à l’abbatiat de Senones
(9 juillet 1728) », Chrétiens et sociétés [En ligne], 27 | 2020, mis en ligne le 19 mars 2021, consulté le 17 février 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/7838 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.7838
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