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Mélanges
Soutenance de thèse

Diégane Sene, Evolution et limites de la christianisation en pays sérère 1880‑1955)

Doctorat nouveau régime d’histoire contemporaine, soutenue à l’Université Jean Moulin, Lyon III, le 25 novembre 1997
Jacques Gadille
p. 106-108

Texte intégral

Jury : M. Michel Meslin (Institut de recherche pour l’étude des religions, Paris‑IV), président ; M. Jacques Gadille (Université Jean Moulin ‑ Lyon 3), rapporteur, MM. Claude Prudhomme (Université Lumière ‑ Lyon 2) et Régis Ladous (Université Jean Moulin ‑ Lyon 3) ; P. Henri Gravrand, ancien curé de Mbour, appelé à sièger à titre d’expert.

1Originaire du pays sérère, l’auteur de ce travail fort de 660 pages entend montrer les conditions qui ont permis la formation d’une chrétienté sérère dans une nation sénégalaise à majorité musulmane ; mais il s’applique aussi à discerner les limites de cette christianisation, limites saisies notamment à travers une enquête sur le terrain. 75 pages de l’ouvrage sont consacrées à l’historique de cette évangélisation, 120 pages aux implantations qui en ont résulté, 150 pages aux stratégies déployées pour cette évangélisation, enfin, sur plus de 200 pages, se développe l’analyse des motifs de conversion et des obstacles rencontrés par l’évangélisation : l’auteur conclut sur les figures illustrant, dans cette conjoncture particulière, les premières formes de dialogue islamo‑chrétien, le P. Jalabert, Thierno Bakar et Moussa Kamara.

2Jacques Gadille déclare apprécier le souci constant qu’a l’auteur de restituer les arrière‑plans historiques du peuplement sérère, les antécédents de la christianisation et de l’islamisation, les processus d’installation des structures médicales et scolaires. La mise en place des stations missionnaires se réduit cependant à un chapelet de monographies, sans un suffisant esprit de synthèse qui eût permis d’observer les stratégies des phases successives de l’évangélisation, cela d’autant plus que les personnalités des vicaires généraux successifs restent dans l’ombre. La partie finale, la plus originale s’applique à mesurer « la réponse à la proposition chrétienne « venue de ces populations sérères Elle expose les raisons qui ont poussé une fraction de la population notamment parmi les jeunes à se « reconvertir « à l’islam majoritaire. Les problèmes relatifs au mariage, l’intransigeance manifestée par certains membres de la mission spiritaine, enfin, les méthodes de l’islam maraboutique, proche de la population rurale sont avancés comme autant de facteurs explicatifs des limites de cette évangélisation.

3M. Gravrand confirme qu’il y a eu compétition inégale entre les 162 cheikhs locaux disposant chacun d’une moyenne de 15 talibés (instituteurs des mosquées locales) et les 4 ou 5 religieux itinérants assistés d’une trentaine de catéchistes. Cependant, il faut se garder de sous‑estimer la complexité de la cosmogonie traditionnelle sérère, en rejetant cette complexité sur la doctrine chrétienne. Il est enfin regrettable que l’enquête n’ait pas été poursuivie jusqu’à l’indépendance (1960), qui a permis à l’Église sénégalaise d’être plus libre et plus africaine : l’objectif fixé par Mgr Lefèbvre d’un bloc de 100.000 Sérères chrétiens est désormais atteint, un effectif quadruple par rapport à celui de 1955.

4Dans la perspective d’une histoire comparée des religions, M. Prudhomme apprécie que l’analyse ait permis de préciser les modes de propagation et d’adhésion respectivement pratiqués par les religions chrétienne et musulmane. Peut‑être aurait‑il fallu montrer les réactions de ces deux groupes face à la modernité.

5Pour M. Ladous, I’oeuvre dégage bien la permanence de la personnalité sérère où l’" animisme " n’abandonne le terrain " que pour mieux l’occuper au profit de conversions superficielles qui avaient toujours besoin de ce fond traditionnel pour s’exprimer ".

6Le Président Meslin souligne les apports de ce travail qui donne des perspectives neuves sur un univers religieux pluraliste. Il regrette cependant que les problèmes posés par la rencontre de la mission catholique avec l’islam et les religions traditionnelles n’aient pas été assez approfondis. Les tensions autour du droit privé, notamment ceux relatifs à la propriété privée défendue par la mission contre la structure clanique traditionnelle auraient dû être mieux mises en lumière. Enfin le pluralisme religieux dans les familles apparait comme une sorte de bricolage spirituel.

7Fondé sur des analyses minutieuses, ce travail fournit néanmoins une bonne base pour poursuivre une réflexion sur l’inculturation de la foi chrétienne dans un contexte de rivalité entre une religion traditionnelle et un autre monothéisme, l’islam.

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Pour citer cet article

Référence papier

Jacques Gadille, « Diégane Sene, Evolution et limites de la christianisation en pays sérère 1880‑1955) »Chrétiens et sociétés, 5 | 1998, 106-108.

Référence électronique

Jacques Gadille, « Diégane Sene, Evolution et limites de la christianisation en pays sérère 1880‑1955) »Chrétiens et sociétés [En ligne], 5 | 1998, mis en ligne le 01 avril 2017, consulté le 22 mars 2025. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/7171 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.7171

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Auteur

Jacques Gadille

Institut d’Histoire du Christianisme - Université Jean Moulin – Lyon 3

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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