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Deuxième partie : Éclairages

La coopération apostolique interaméricaine

Inter-American Apostolic Cooperation
Cooperación Apostólica Interamericana
Gilles Routhier

Résumés

La coordination de l’ « aide » nord-américaine à apporter à l’Amérique latine est un exemple significatif de l’attention que portent les autorités romaines aux circulations religieuses entre le nord et le sud du continent. Entre 1957 et 1961, avec prudence et par étapes, Rome appuie à distance la mise en place d’une coopération orchestrée par les épiscopats canadien et états-unien.

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Texte intégral

  • 1 Dans sa première encyclique missionnaire (Evangelii praecones, 1951), après avoir évoqué les perséc (...)
  • 2 L’écriture de cet article s’appuie sur la consultation des archives de la Commission épiscopale de (...)

1À partir du début des années 1950, le Saint-Siège se préoccupe de façon croissante de la situation religieuse en Amérique latine1. Au cours de cette décennie, le pape Pie XII et la Curie romaine prennent des initiatives en vue d’y faire partir des prêtres européens. Jusqu’en 1955, alors que le nonce apostolique suggère à Albertius Martin, évêque de Nicolet, d’envoyer des membres du clergé de son diocèse en Amérique latine, l’Amérique du Nord demeure à l’écart de ce mouvement. Seules les congrégations religieuses y envoient des missionnaires. La situation allait bientôt changer2.

2Après que la première rencontre du CELAM, tenue à Rio de Janeiro en juillet 1955, a permis de faire un bilan assez précis des demandes les plus urgentes des diocèses d’Amérique latine, on ressent de plus en plus le besoin d’une action concertée et vigoureuse pour redynamiser l’Église de ce sous-continent qui compte plus du tiers des catholiques du monde entier. Ce coup de barre semble indispensable aux autorités ecclésiastiques au moment où la Guerre Froide fait de l’Amérique latine un terrain de l’affrontement Est-Ouest et où le protestantisme enregistre des progrès. C’est ainsi que dans une lettre adressée le 27 avril 1957 au délégué apostolique au Canada, le cardinal Piazza écrit souhaiter la création, sur un modèle proche de la OCSHA de Madrid et du COPAL, d’une Association canadienne de prêtres séculiers pour l’Amérique du Sud.

  • 3 Lettre de Helder Câmara à Patrick O’Boyle, 21 octobre 1957.
  • 4 Lettre de Marcello Mimmi à Amleto Cicogniani (délégué apostolique aux États-Unis) du 24 juin 1958 e (...)

3De son côté, le 21 octobre de la même année, Dom Helder Câmara fait part à l’archevêque de Washington, le cardinal Patrick O’Boyle, de conversations qu’il a eu à Rome (Consistoriale et Secrétairerie d’État) à la fin du mois de septembre précédent, à propos d’une éventuelle rencontre à Washington entre des représentants de la conférence épiscopale du Brésil et celle des États-Unis. Cette rencontre doit se tenir immédiatement après Pâques et une autre réunion similaire est prévue dans la foulée à Ottawa avec la hiérarchie canadienne3. Le délégué apostolique des États-Unis est immédiatement avisé de ce projet. Le 8 novembre 1957, le Secrétaire de la Consistoriale le cardinal Mimmi, revient à la charge, souhaitant la tenue d’une rencontre entre des représentants de la hiérarchie états-unienne et canadienne avec des représentants de l’épiscopat du Brésil. Dans son esprit, cette rencontre doit avoir lieu au mois d’avril 19584.

  • 5 Lettre de H.J. Carroll (assistant secrétaire général de la NCWC) à Patrick Boyle, 4 novembre 1957.

4Les choses semblent cependant aller trop rapidement et on souhaite que cette proposition soit clarifiée, surtout qu’elle implique « several matters of policy, both in Rome and in the United States, and in any case can hardly be discussed properly except in a much larger framework5. » En tout état de cause, cette idée doit être soumise à la prochaine réunion du conseil d’administration de la conférence épiscopale.

  • 6 Lettre de Paul Tanner à Julian Mendoza, le 7 novembre 1957 (dossier de quatre pages). Une copie est (...)
  • 7 Lettre de Francis Keough archevêque de Baltimore et président de l’Administrative Board (Baltimore) (...)

5Concurremment, le secrétaire général du CELAM Julian Mendoza demande à son homologue, Mgr Tanner, un dossier sur les relations entre l’Église des États-Unis et l’Amérique latine6. L’ensemble fait désordre et crée une certaine confusion, si bien qu’à la suite de la réunion du conseil d’administration de la conférence épiscopale des États-Unis (National Catholic Welfare Conference, NCWC), on se demande s’il est opportun d’entreprendre un dialogue avec un seul pays d’Amérique latine, fût-il le plus grand, sans inclure le CELAM7. Manifestement, ce projet de rencontre entre des évêques des États-Unis et du Brésil n’est pas mûr.

  • 8 Lettre d’Eugênio de Araújo Sales à Amleto Cigognani, 25 mai 1958.
  • 9 « I do hope God will make it possible the establishment of a better understanding between the two h (...)
  • 10 Lettre de Paul Tanner à Francis Keough, 23 juin 1958.

6Le 25 mai 1958, l’administrateur apostolique de Natal (Brésil) Eugênio de Araújo Sales se plaint du manque de réception du projet : « Unhapily the Brazilians Bishops National Conference representatives were not encouraged to go and pay a visit to the United States, this spring, as I suggested in my letter. And D. Helder Camara’s precedent letter was not answered8 ». Malgré tout, l’idée d’une rencontre est relancée au printemps 19589, sans rencontrer toutefois beaucoup d’enthousiasme. Le cardinal Mooney, archevêque de Detroit, pense qu’il est insensé de tenir une telle réunion « since we are not prepared to give the kind of aid that will be asked for10 ».

  • 11 Cette rencontre se tient habituellement dans une ville de l’Amérique du Sud.

7La décision prise le 19 avril 1958 de créer à Rome une Commission pontificale pour l’Amérique latine (CAL), présidée par le cardinal Mimmi, secrétaire de la Consistoriale, donne une nouvelle impulsion à cette idée. En juillet, les officiers du CELAM sont convoqués à Rome pour leur troisième rencontre annuelle11 à laquelle sont conviés également les responsables des diverses agences d’aide à l’Amérique latine créées par les évêques dans divers pays du monde, soit une soixantaine de participants au total. Dans le prolongement de cette réunion, le cardinal Mimmi écrit le 3 juillet 1958 aux délégués apostoliques des États-Unis et du Canada, Amleto Cicognani et Sebastiano Baggio :

Non nasconde a Vostra Eccellenza che, a questo riguardo, non poche speranze la Commissione ritiene di poter riporre nei due grandi Paesi del Nord America – Stati Uniti e Canada – che vincoli geografici, communanza di interessi anche civili, rapporti e intercambi di ogni genere uniscono in maniera speciale alle dette Nazioni e che tanto generosamente sanno espandere, anche fuori dei propri confini, la richezza che, grazie al Cielo, manifesta in essi la vita cattolica. 

  • 12 Lettre d’Amleto Cicognani à Paul Tanner, 3 juillet 1958 (y compris pour les citations suivantes).

8La lettre comporte deux propositions concrètes : d’une part l’établissement aux États-Unis d’une commission semblable à la CAL qui, en plus de poursuivre les collaborations déjà établies, servirait d’instrument « for contact, collaboration and coordination with the Pontifical Commission, and with CELAM12 » ; d’autre part, le souhait du cardinal Mimmi est exaucé puisqu’un

meeting between the representatives of the American Hierarchy, the Canadian Hierarchy, and the Brazilian Episcopate can be arranged. Such a meeting, as you are aware, was suggested last year, but was postponed due to many difficulties. His Eminence suggests that such a meeting be planned and brought about in conjunction with the aforementioned CELAM.

9Il est donc décidé en haut lieu de promouvoir une plus large coopération entre le Canada, les États-Unis et les pays de l’Amérique du Sud. Le plan est ambitieux. D’une part, on souhaite vivement que les Églises du Canada et des États-Unis étudient sérieusement la manière dont elles peuvent contribuer substantiellement (« sostanziale contributo ») à la solution du problème du manque de prêtres en Amérique latine. De manière plus précise, le cardinal suggère que cette réflexion puisse éventuellement conduire à la mise sur pied d’une commission pour la collaboration avec l’Amérique latine sur le modèle de celle créée à Rome, de manière à garder un contact permanent avec la CAL et le CELAM et faciliter ainsi l’échange d’expériences et une collaboration plus suivie dans tous les domaines. Enfin, on souhaite qu’une rencontre interaméricaine de représentants des hiérarchies du Canada, des États-Unis et du Brésil (voire du CELAM) ait lieu dans les prochains mois.

  • 13 Lettre de Marcello Mimmi à Giovanni Panico, 24 juin 1958.
  • 14 Lettre d’Amleto Cigognani à Paul Tanner du 3 juillet 1958 déjà citée. Il reprend les trois projets (...)

10Le délégué apostolique au Canada Giovanni Panico fait savoir au président de la Conférence catholique canadienne Paul Bernier que « la Commission pontificale se permet d’insister auprès de l’épiscopat afin de hâter l’étude du projet de cette rencontre…13 ». Le délégué aux États-Unis presse également les évêques états-uniens d’aller de l’avant14.

  • 15 On trouve un dossier de 14 pages, rédigé par Pattee [ ?], daté du 4 novembre 1958. La description d (...)

11À partir de là, les choses devaient aller rondement. Dès le mois d’août, des études sont amorcées afin d’être examinées lors de la réunion du Conseil d’administration de la conférence épiscopale états-unienne ou de l’assemblée annuelle de la conférence épiscopale canadienne. Le secrétaire général de la NCWC Paul Tanner estime qu’il est probable que l’on constitue un comité spécial qui se chargerait de cette question. On s’affaire alors à préparer des dossiers en vue de la réunion du conseil d’administration de la NCWC prévue pour le 10 novembre15. De plus, du point de vue des États-uniens, le Canada doit jouer un rôle non négligeable dans cette affaire, comme le signale Richard Pattee :

  • 16 Lettre de Pattee à Tanner, 10 septembre 1958.

I like the idea that the Cardinal and the Delegate stress of US-Canada collaboration on these matters. Canadians have a very great advantage in that there is no suspicion of them politically, which we unfortunately have to bear. I know that Archbishop Roy in Quebec and the Cardinal in Montreal are most keen about LA and deeply interested as are other Bishops whom I know such as the one at Trois Rivières and St. Hyacinthe. That angle deserves to be explored most carefully16.

  • 17 Lettre de Karl Alter (archevêque de Cincinnati et président du Conseil) à Marcello Mimmi, 22 novemb (...)
  • 18 Correspondance Tanner-Cicognani, 20-21 novembre 1958.

12À la suite de sa délibération, le Conseil d’administration de la NCWC juge qu’il n’est pas nécessaire de créer une commission pour l’Amérique latine : « It was thought advisable by our Administrative Board of Bishops, NCWC, that they themselves would best serve as liaison with the aforementionned Commissions [CAL et CELAM]17. » Toutefois, on laisse la porte ouverte à la constitution d’un sous-comité, si cela s’avère nécessaire. Enfin, les évêques états-uniens se montrent disposés à tenir une rencontre avec le CELAM, au moment jugé opportun18.

  • 19 « The Pontifical Commission considers it most opportune that a special Episcopal Subcommittee be es (...)
  • 20 « Reference is made in the first place to the founding of Seminaries, particularly if regional, nat (...)
  • 21 Lettres de Marcello Mimmi à Cicognani (24 juin 1958), Miranda (11 février 1959) et Alter (même jour (...)

13Côté romain, les points d’insistance deviennent de plus en plus clairs : il faut mettre sur pied un comité spécial qui constituerait un trait d’union permanent entre les épiscopats du Canada et des États-Unis d’une part, et le CELAM et la CAL d’autre part19. Par ailleurs, la rencontre interaméricaine doit se tenir dans le cadre du CELAM (avec son approbation) représenté par les évêques Miguel Dário Miranda y Gómez (Mexico), Manuel Larraín (Chili), Helder Câmara (auxiliaire de Rio de Janeiro) et trois autres prélats, l’un du Brésil, un autre d’Argentine et un troisième de la Colombie. De plus, les objectifs les plus clairs demeurent la formation des prêtres (fondation de séminaires régionaux ou nationaux), l’envoi de prêtres et l’éducation chrétienne20. La rencontre annuelle des officiers du CELAM à Rome en novembre 1958 avait permis d’insister sur tous ces points21, en particulier sur l’établissement de séminaires, l’envoi de prêtres et de religieux qui permettraient l’ouverture d’écoles et la coopération dans le domaine de la presse et de l’édition afin de défendre la foi catholique et de diffuser la doctrine chrétienne.

  • 22 Lettre de Karl Alter à Paul Tanner, 23 février 1959.
  • 23 Lettre de Karl Alter à Marcello Mimmi, 10 avril 1959. Les membres de ce sous-comité sont le cardina (...)
  • 24 Les correspondances de Lucey, Alter et Cushing du mois de juin et juillet l’indiquent clairement. O (...)
  • 25 Les deux conférences épiscopales ont des réunions de leur conseil en mars Une rencontre entre Mendo (...)
  • 26 Encore en juillet, le secrétaire général de la NCWC écrit : « No mention has yet been made concerni (...)
  • 27 Encore le 7 juillet 1959, Karl Alter écrit à Marcello Mimmi : « I understand from the letter of You (...)
  • 28 Sans precision de lieu : «This is my first experience in a matter of this kind and I have no idea i (...)

14Devant cette insistance de Rome donnant des instructions précises, le président du conseil d’administration de la NCWC demande que ces questions soient à l’ordre du jour de la réunion du mois d’avril22. On lit ainsi dans une correspondance au cardinal Mimmi que « After careful consideration on the part of the Administrative Board in its meeting of April 7, 1959, au Subcommittee of the Bishops was appointed to cooperate with CELAM, as proposed in your letter…23 ». Bien qu’aucune date n’ait encore été fixée pour la rencontre de représentants du CELAM et des épiscopats du Canada et des États-Unis24, il n’y a plus de temps à perdre. Cette urgence conduit à une intensification des contacts et à la préparation de dossiers, aussi bien sur les Églises d’Amérique latine que sur l’aide déjà offerte ou qui pourrait être proposée par les Églises du nord du continent à celles du sud. Les choses s’accélèrent manifestement à partir du mois de février et, à travers les délégations apostoliques et la CAL, Rome suit les choses de près, aiguillant aussi bien le CELAM, chargé d’établir l’ordre du jour qui devait être approuvé par la CAL25, que la conférence épiscopale des États-Unis, celle du Canada étant pour l’instant relativement absente de tous ces échanges26. Cette vigilance romaine dans la conduite de l’opération est manifeste à la lecture des archives et elle s’exprime jusque dans le choix de la date – qui ne sera fixée qu’au mois de juillet27 – et la détermination de l’ordre du jour28 – ce qui ne sera fait qu’au mois d’octobre. L’ensemble évolue donc dans une certaine confusion et la triangulation Rome-CELAM-NCWC s’avère peu efficace.

15Les parties sont conscientes que pareil rapprochement est également complexe pour des motifs géopolitiques et économiques. En effet, comme le reconnaît un membre du Secrétariat général du CELAM :

  • 29 Lettre de James M. McNiff (CELAM) à l’évêque de Sacramento McGucken. Voir aussi la lettre de Richar (...)

The Latin Americans are extremely sensitive about all this talk from the U.S. about the "under developed nations" and being very proud and nationalistic would greatly resent the faintest touch of a paternalistic attitude on the part of our bishops. It can be said that the initiative for a meeting of this sort came through the Brazilian bishops and the other hierarchies are being represented only because the Holy See so desires it. Because of their natural pride, the majority of them would be afraid to approach the U.S. for help and this sentiment might be taken into account. For this reason, the first meeting might be characterized by an effort of mutual understanding with a view of establishing a pattern or an organization to facilitate future exchanges of this nature29.

  • 30 Lettre de Robert Lucey à Fonseca (laïc), 4 août 1959.

16Le choix du lieu, Washington, peut également poser des difficultés, comme le note l’archevêque de San Antonio : « I had been somewhat apprehensive that our friends in Latin America might think that they had discovered some political overtones in this conference because it is to be held in Washington30 ». Aussi la modestie est-elle de mise quant aux attentes et aux résultats d’une telle rencontre.

17Jusque-là, même si Paul Bernier écrit à Jaime Fonseca le 22 août 1959 que « nous nous préparons activement au Canada pour la prochaine rencontre des représentants des hiérarchies de l’Amérique du Nord et du Sud », l’épiscopat canadien demeure manifestement en retrait. Certes, depuis 1955, trois diocèses du Québec (Sherbrooke, Nicolet et Saint-Hyacinthe) sont engagés dans un projet de coopération avec des diocèses du Brésil. De plus, les évêques du Québec ont déjà mis sur pied (9 décembre 1957) une commission épiscopale chargée de coordonner l’effort de coopération apostolique du clergé séculier et du laïcat entre le Canada et l’Amérique latine. Enfin, l’épiscopat du Québec suggère de proposer aux évêques du Canada une lettre pastorale sur la solidarité apostolique avec l’Amérique latine. Toutefois, la conférence épiscopale du Canada ne s’est pas encore engagée.

  • 31 La CAL développe une initiative semblable avec l’Espagne, au même moment (lettre de Paul Tanner à K (...)
  • 32 Voir la correspondance de Paul Bernier archevêque de Gaspé fin août 1959 sur ce sujet.
  • 33 Les noms des participants canadiens (Bernier, Baudoux, Cabana, McDonald, Carter, Sanschagrin) sont (...)

18Les choses allaient bientôt changer. Dans une lettre du 26 juillet 1959, le délégué apostolique Sebastiano Baggio demande au président de la CCC, à l’initiative de la CAL31, de mettre à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de la Conférence la question de la coopération avec l’Amérique latine et, « si possible, qu’elle soit incluse dans la Déclaration collective que l’on songe à faire à l’issue de cette Assemblée32. » Ce n’est vraisemblablement qu’au mois d’août que les préparatifs s’engagent réellement au Canada33.

  • 34 La CECAL est formellement érigée par un rescrit de la Congrégation de la Consistoriale daté du 15 f (...)
  • 35 Voir le long compte-rendu (6 pages) produit par Sanschagrin (sans date).

19On n’est donc pas surpris de voir que lors de sa réunion plénière annuelle, l’épiscopat du Canada publie un communiqué (12 octobre 1959) déclarant qu’il s’est ému des appels angoissés du CELAM et qu’il entend répondre aux vœux du Saint-Siège en contribuant toujours plus à la vie de l’Église en Amérique du Sud. Il s’engage à « préserver et à développer la vie catholique en Amérique latine ». Pour rendre possible cette « coopération apostolique que le Canada peut apporter aux Églises sœurs d’Amérique latine », la CCC met sur pied une Commission pour la coopération apostolique Canada-Amérique latine (CECAL)34. Sitôt créée, cette nouvelle commission se réunit le 31 octobre 1959 à la résidence du délégué apostolique35 pour « établir les lignes d’entente sur les problèmes qui seront objet de discussion avec l’épiscopat du reste de l’Amérique, et pour résumer les propositions concrètes de collaboration déjà esquissées à l’occasion de l’Assemblée plénière de Québec ». Il s’agit surtout de se préparer à la rencontre de Washington qui doit s’ouvrir dans les jours suivants.

  • 36 Lettre pastorale collective de l’épiscopat canadien sur la coopération apostolique Canada-Amérique (...)
  • 37 Lettre de Helder Câmara à Richard Cushing, 5 octobre 1959.
  • 38 Voir Informations catholiques internationales, 108, 1959, p. 15.

20Quelques jours plus tard (2-4 novembre 1959), « fait sans précédent dans le Nouveau Monde36 », a lieu en effet la première réunion interaméricaine de représentants des épiscopats des Amériques. Quelques jours auparavant, les délégués de l’Amérique latine avaient tenu une rencontre préliminaire à Mexico (22 et 23 octobre), afin de s’y préparer37. Cette réunion regroupait six évêques du Canada, sept des États-Unis et six d’Amérique latine, ainsi que les délégués apostoliques du Canada et des États-Unis. Cette rencontre présidée par le cardinal Cushing de Boston se tient à Washington, et a pour objectif d’étudier les moyens « de préserver et développer la vie catholique en Amérique latine ». Le secrétaire pour les Affaires extraordinaires de la Secrétairerie d’État Antonio Samorè qui avait déjà pris part activement à la création du CELAM participe à cette rencontre à laquelle il apporte une lettre de Jean XXIII et du cardinal Mimmi. Toute cette opération, pilotée depuis Rome, l’est davantage par la diplomatie vaticane que par la Propaganda fide, comme on aurait pu s’y attendre. On essaie pour la première fois d’établir une coordination continentale sur la base des initiatives des différents épiscopats nationaux. Il est entendu que les projets de collaboration seront soumis aux conférences épiscopales des divers pays. Comme le souligne Antonio Samoré, la rencontre de Washington a un caractère « amical » et non « législatif38 ».

  • 39 Voir l’agenda distribué sur place.

21Les discussions portent surtout sur le besoin de prêtres et de séminaires en Amérique latine, sur l’éducation, en particulier l’offre de bourses aux étudiants latino-américains séjournant dans les collèges ou universités du Canada et des États-Unis et, enfin, sur l’apostolat chrétien, incluant la création d’œuvres sociales, l’instruction religieuse et le renforcement de l’apostolat des laïcs39.

  • 40 Rapport de la rencontre de Washington. On trouve trois rapports de cette rencontre. Aucun n’est dat (...)
  • 41 « Petit mémoire préparé pour Son Excellence Révérendissime Monseigneur Sebastiano Baggio, délégué a (...)
  • 42 Sommaire de la rencontre (publié le 5 novembre 1959).

22La réunion de Washington conduit les épiscopats de l’hémisphère nord à des engagements à l’égard de l’Amérique latine. Au terme de cette réunion, Paul Bernier déclare que le Canada s’engage à fournir le plus grand nombre possible de prêtres aux Églises d’Amérique latine : « Nous sommes déjà prêts à en donner environ 2 000, dit-il, mais nous en donnerons de plus en plus40. » L’engagement le plus important qu’a alors pris l’épiscopat canadien est d’assumer « la fondation, la dotation en personnel et le soutien d’un grand séminaire qui rayonnerait sur toute la zone de l’Amérique centrale et des Antilles41 », alors que l’épiscopat états-unien s’engage à prendre en charge un séminaire au Brésil. Est aussi exprimé l’espoir de voir s’organiser des échanges de professeurs et l’octroi de bourses d’études. Les participants souhaitent aussi que des rencontres aient lieu avec les autorités des communautés religieuses afin de renforcer la collaboration et, surtout, de pouvoir établir des écoles en Amérique latine. Enfin, on recommande le maintien d’une liaison permanente entre le CELAM, la CCC et la NCWC42.

  • 43 Lettre de Karl Alter à Paul Tanner, 19 décembre 1959.
  • 44 Lettre d’Egidio Vagnozzi à Paul Tanner, 7 décembre 1959.
  • 45 Correspondance de Paul Tanner, décembre 1959.
  • 46 Lettre de Karl Alter à Marcello Mimmi, 7 décembre 1959. Le Latin American Bureau est mis sur pied e (...)
  • 47 Cette somme provient de la collecte de l’Œuvre de la Propagation de la foi. Cette réassignation des (...)

23Deux semaines plus tard, lors de la réunion du conseil d’administration de la NCWC, les évêques discutent à nouveau de l’opportunité de créer un Latin American Bureau qui dépendrait immédiatement de l’exécutif. Ce comité consultatif, selon le projet soumis à la discussion, disposerait d’un personnel suffisant et comporterait plusieurs sous-comités directement rattachés aux divers programmes placés sous la responsabilité de ce Bureau : séminaires, étudiants latino-américains séjournant aux États-Unis, affaires sociales, information, apostolat des laïcs, catéchèse, communications sociales, aide à l’éducation, etc. Unanimement, les membres du conseil décident de ne pas concrétiser ce projet dans l’immédiat et de maintenir pour l’instant le sous-comité pour l’Amérique latine comme interlocuteur. Cet ambitieux projet est donc pour l’heure réduit43, même si le délégué apostolique, informé, se réjouit déjà de cette perspective44. De fait, les avis sont divergents sur le sujet : le président du Conseil manifeste certaines réserves, alors que le cardinal Cushing souhaite « to see this office established because I think it is tremendously necessary45. » L’heure est au compromis et, dans sa lettre au cardinal Mimmi, l’archevêque de Cincinnati Karl Joseph Alter note que « the Board was assured that the establishment of an office for Latin American Affairs could be created without too much difficulty at the appropriate time46. » À la même réunion, l’épiscopat états-unien décide également d’offrir une somme d’un million de dollars afin de soutenir les activités de la CAL en Amérique latine47.

  • 48 Lettre du Secrétaire général Raymond Limoges aux cardinaux, archevêques et évêques du Canada, 20 ja (...)

24De son côté, l’épiscopat canadien ne tarde pas non plus à se mettre à pied d’œuvre. Dès le 13 janvier 1960, le Conseil d’administration de la CCC « étudie longuement le texte de la lettre pastorale collective de l’épiscopat sur l’Amérique latine, et après y avoir introduit diverses retouches, en approuve le texte définitif48 ». Cette lettre pastorale (25 janvier 1960) est adressée à tous les catholiques du pays. Après avoir évoqué, en première partie, « les motifs de prêter secours à l’Amérique latine », le document s’emploie surtout, en deuxième partie, à présenter « un plan de coopération apostolique » entre les Églises du nord et celles du sud du continent. Ce plan comporte diverses dispositions dont la plus importante est d’engager les diocèses d’ici à fournir des prêtres à l’Amérique du Sud (no 16). Ceux-ci, rappelle la lettre, devront toujours considérer que « leur tâche essentielle, leur fonction primordiale, consiste à former la jeunesse du pays au sacerdoce et à l’apostolat séculier » (no 19). On est bien dans la perspective des orientations pontificales antérieures : ce dont il s’agit, c’est de former des Églises autochtones disposant d’un clergé issu de ces diocèses. Après avoir engagé les diocèses canadiens à faire un effort missionnaire, on s’adresse ensuite aux congrégations et instituts religieux spécialistes de l’œuvre missionnaire et protagonistes habituels de cette activité. La coordination de cet effort des religieux doit se faire par la Conférence religieuse canadienne (no 20) et l’épiscopat canadien trace des priorités d’engagement : les soins de santé et l’éducation populaire. Le document fait également appel à des « apôtres » laïcs, en particulier des infirmières, des instituteurs et des travailleurs sociaux (no 21). À la même réunion du conseil de la CCC (13 janvier 1960), le trésorier de la Conférence propose qu’un fonds spécial dédié à l’aide à l’Amérique latine soit créé. L’objectif était d’amasser dans un premier temps 100 000 dollars.

  • 49 Lettre de Paul Bernier à Giuseppe Pizzardo, 30 mars 1960.
  • 50 Lettre de Giuseppe Pizzardo à Paul Bernier, 7 juin 1960. Ce séminaire était jusque-là dirigé par le (...)

25En mars 1960, la CCC crée l’Office catholique canadien de l’Amérique latine (OCCAL), chargé, sous la dépendance de la CECAL, de l’exécution du programme d’entraide. Parmi les premières actions entreprises, la Conférence épiscopale souhaite réaliser le projet d’un grand séminaire. Rome est sollicitée pour déterminer un lieu adéquat49 et on s’affaire au recrutement de son personnel parmi le clergé séculier. Ce n’est toutefois qu’au mois de juin 1960 que Rome indique que le Honduras (Tegucigalpa) est choisi pour être le lieu de fondation du Séminaire Notre-Dame de Suyapa50.

  • 51 Correspondance Lemieux-Pizzardo (octobre-décembre 1960).
  • 52 Lettre d’Albert Sanschagrin à Lemieux du 30 novembre 1960.
  • 53 Lettre de Marie-Joseph Lemieux à Giuseppe Pizzardo, à la suite de la plénière de la CCC et de la ré (...)

26Sur place, la situation n’est pas simple et le terrain miné. Ce n’est donc qu’après de longues discussions (CCC-CECAL-Congrégation des séminaires-Commission pour l’Amérique latine51- CELAM–épiscopat du Honduras) que l’on parvient à établir un contrat52 et à mettre le projet en route. Les Canadiens ne prennent par conséquent la charge de ce séminaire qu’en février 196253.

  • 54 Dès la première année, 25 étudiants (1 laïc, 4 religieuses et 20 prêtres en provenance de Saint-Bon (...)
  • 55 Lettre de Marie-Joseph Lemieux à Albert Sanschagrin, 19 septembre 1960.

27Dans l’intervalle, d’autres dossiers avancent. Le 29 mars 1960, la CECAL tient sa première réunion à Ottawa, en marge de la plénière de l’épiscopat canadien. Plusieurs décisions sont prises, dont l’approbation d’un programme de formation de six semaines offert l’été par l’Institut de pastorale de Sedes sapientiae à l’intention des prêtres, des laïcs et des religieux qui se préparent à partir pour l’Amérique latine54. Toute cette effervescence, depuis janvier, conduit en septembre à la présentation d’un « Plan canadien pour l’apostolat en Amérique latine »55.

  • 56 Réalisations bien évoquées dans le rapport adressé au cardinal Mimmi et daté du 15 février 1961.
  • 57 Ainsi, au cours de la première année du plan, 34 étudiants du Sud, en provenance de 14 pays d’Améri (...)
  • 58 À la demande de la CECAL, de nombreux évêques canadiens se sont cotisés pour coopérer au projet de (...)

28Ainsi, un an après la rencontre interaméricaine de Washington, l’épiscopat canadien présente un plan d’action. Parmi les initiatives importantes de ce premier plan56, on trouve la fondation du Grand séminaire national de Tegucigalpa (Honduras), l’octroi de bourses d’études pour des étudiants d’Amérique latine57, le développement d’une formation pour les futurs leaders de l’Amérique latine58 et la création d’un bulletin de liaison destiné aux évêques et aux supérieurs majeurs des communautés religieuses. Ce bulletin doit faire état des réalisations canadiennes en Amérique latine et faire valoir l’urgence des « besoins » de ce continent.

29La mobilisation diocésaine n’est pas de moins grande envergure, puisque la coopération apostolique avec l’Amérique latine dépend de la mobilisation des diocèses. Les trois diocèses de la province ecclésiastique de Sherbrooke (Nicolet, Saint-Hyacinthe et Sherbrooke), déjà engagés en Amérique latine, renforcent leurs équipes déjà à l’œuvre au Brésil (Prélature de Pinheiro). Au total, à la fin de 1960, ce sont 59 Canadiens, en provenance de ces diocèses, qui sont à l’œuvre au Brésil. D’autres diocèses emboîtent le pas : celui de Québec ouvre sa mission au Paraguay (Asunción) alors que le diocèse de Saint-Boniface dirige deux prêtres à São Paulo. Les diocèses d’Ottawa et de Mont-Laurier envoient quant à eux une équipe de cinq prêtres au Vicariat de Tupi-Paulista (diocèse de Marilia, Brésil). Moncton, Trois-Rivières et Sainte-Anne-de-la-Pocatière fournissent chacun un prêtre pour l’œuvre du Grand séminaire de Tegucigalpa. D’autres diocèses élaborent des projets de coopération : London et St. John’s se proposent de travailler ensemble au diocèse de Chiclayo (Pérou) alors que le diocèse d’Amos a l’ambition de libérer plusieurs jeunes prêtres en faveur de l’Amérique latine (Honduras). Pour sa part, à la suite d’un voyage au Chili, l’évêque de Saint-Jean-de-Québec Gérard-Marie Coderre s’engage à prêter main forte au diocèse de Valparaíso, même si la forme de collaboration demeure encore à définir. D’autres diocèses envisagent la possibilité de fondations dans le Sud.

30Les instituts religieux et missionnaires ne sont pas en reste. Les contingents principaux viennent d’une part des Oblats de Marie-Immaculée (est du Canada) avec 79 religieux dont 68 prêtres (37 au Chili, 28 en Bolivie, 3 au Pérou et 11 en Haïti) et d’autre part des prêtres des Missions étrangères de Québec avec 80 prêtres répartis entre trois pays : Cuba, le Honduras et le Pérou. Plusieurs intensifient leur présence dans le Sud : augmentation du personnel, nouvelles fondations, accroissement des œuvres, etc. Entre 1959 et 1961, on peut recenser 8 nouvelles fondations de la part des instituts cléricaux, 17 de la part de communautés non-cléricales et une de la part d’un institut séculier féminin. Plusieurs fondations sont en lien avec celles des diocèses.

  • 59 Lettre de Francis O’Grady à Marie-Joseph Lemieux, 16 juillet 1960. Quatre femmes sont originaires d (...)

31La promotion d’un laïcat missionnaire est un autre axe de développement. Au cours de 1960, près d’une centaine de laïcs canadiens se sont montrés volontaires pour un service en Amérique latine. Un problème inédit s’est posé aux coordonnateurs de l’OCCAL : une quinzaine de laïcs étaient désireux de partir pour l’Amérique latine, mais ils ne disposaient pas de rattachement (congrégation religieuse ou institut séculier). C’est dire que la réponse des fidèles du Canada a été assez enthousiaste. Comme le dit Francis O’Grady: « Our problem is this: what will we do with them ?59 ».

  • 60 Lettre de John Considine (Maryknoll) à Paul Tanner (8 juillet) et à Cushing, Alter, Lucey, Ritter, (...)

32Si l’épiscopat états-unien a développé un programme désigné du nom de « Papal Volunteers for Apostolic Collaboration in Latin America »60, il n’y a rien d’équivalent au Canada. Aussi, le directeur de l’OCCAL devait-il poursuivre : « Here in Canada, for English speaking people, I can find no institute, diocese, school, center or whatever one might call it where training can be had for them; and after such necessary training nobody has any authority to do anything with them ! » Si l’on trouve plusieurs propositions pour des associations pieuses, ajoute-t-il, « I find absolutely nothing else in the whole country for people who wish to volunteer for two or three or five years, and remain lay people in the full sense, both during and after their service. Quid faciendum ? ».

  • 61 Lettre reproduite dans le Bulletin de l’OCCAL (bimensuel), n° 6-7, 20 février 1961.

33L’année 1960 s’achève, le 20 décembre, par une nouvelle lettre de Jean XXIII à l’épiscopat canadien. Il y exprime sa grande satisfaction pour le travail accompli. Cette lettre est suivie, peu de temps après, le 2 février 1961, par celle du Cardinal Mimmi, président de la CAL, qui, en plus de féliciter l’épiscopat canadien pour « l’activité vraiment imposante que le CECAL a déployée » depuis sa constitution, sollicite de sa part un exposé le plus complet possible des initiatives déjà mises en œuvre61. Le cardinal note : « La cause de l’Église en Amérique latine marquerait sans doute des progrès sensibles si l’exemple du Canada pouvait être suivi par d’autres nations ».

  • 62 Voir le site web de cette société missionnaire : https://www.socstjames.com/history [consulté le 17 (...)
  • 63 Lettre de Richard Cushing à Paul Tanner, 8 décembre 1959.
  • 64 « The U.S. diocesan clergy currently serving in Latin America totals 179 from 49 archdioceses and d (...)
  • 65 Ces chiffres sont tirés du même rapport de décembre 1964.
  • 66 Paul Tanner, Latin America Bureau Report, 3, février 1961.

34On retrouve sensiblement les mêmes axes d’action aux États-Unis : intensification des programmes de bourses d’étudiants latino-américains, création d’un grand séminaire régional au Brésil, appuis dans le secteur des communications sociales, de l’éducation catholique et du travail social, et envoi de prêtres par des diocèses. Cette initiative demeure cependant moins organisée par rapport à ce que l’on trouve au Canada. Cet envoi se fait surtout à travers la Missionnary Society of St. James the Apostle mise sur pied à Boston en 1958 par le cardinal Cushing62. Dans une lettre adressée au Secrétaire général de la NCWC, le 8 décembre 1959, le cardinal Cushing écrit : « We hope to send twelve or fourteen more priests to Peru and Bolivia next February. That will bring our total to over thirty and I must have a full-time priest helping me with this project. A number of those who are going with us in February have been loaned to us from other dioceses63 ». C’est donc par le biais de cette société missionnaire, plutôt qu’à travers le jumelage de diocèses du nord et du sud, que des prêtres états-uniens sont envoyés en Amérique latine, ce dont témoignent d’autres correspondances. C’est encore le cas au milieu de la décennie 196064. Ce sont surtout les congrégations religieuses des États-Unis qui s’investissent en Amérique latine : 1 670 religieux (prêtres et frères) et 1 883 religieuses65. L’initiative la plus originale est la création des Papal Volunteers for Apostolic Collaboration in Latin America mis sur pied dans plusieurs diocèses des États-Unis à partir de 196166. En 1964, on en dénombre 359, dont 292 en provenance de diocèses et 67 envoyés par des instituts séculiers.

  • 67 L’assistance économique n’est pas incluse. Une enquête de l’OCCAL en 1965 indique que les congrégat (...)

35On peut constater que l’élan missionnaire canadien vers l’Amérique latine, amorcé au milieu du xxe siècle, s’accentue au cours de la décennie 196067. En moins de dix ans (1961-1968), on passe de 1 157 missionnaires canadiens en Amérique du Sud à 2 078, soit une augmentation de 921 (80 %). Parmi eux, on compte 7 évêques, 511 prêtres religieux, 144 prêtres séculiers, 249 frères, 950 sœurs, 75 femmes membres d’un institut séculier, 104 missionnaires laïcs et 38 scolastiques. Ces 2 078 missionnaires se répartissent ainsi : 208 en Amérique centrale et Mexique ; 1 226 en Amérique du Sud et 644 dans les Antilles, y compris françaises. Fait étonnant, un pays comme Haïti accueille 406 missionnaires canadiens. Ce pays n’est dépassé que par le Pérou qui en reçoit 409. Ces deux pays d’accueil sont suivis par le Brésil (320) et le Chili (209). Les autres sont loin derrière. Seuls le Honduras et la Bolivie en comptent plus de 100 (131 dans chacun des pays). Pour le reste, on compte quelques exceptions : la République dominicaine (89), le Guatemala (51), Cuba (41) et l’Argentine (40). Ailleurs, le nombre est inférieur à 30. Dans certains pays, on n’atteint pas la dizaine : Costa Rica et Antigua (1), Porto Rico (2), Guyane française (4), Grenade, Dominique et El Salvator (5), Uruguay et Martinique (8), Nicaragua (9), etc. Le flux de missionnaires en partance pour l’Amérique du Sud est donc constant jusqu’au début des années 1970 où il ralentit un peu sans pourtant décliner de manière significative.

36Tout au long de cette période, on voit se dessiner une solidarité continentale. On pourrait tracer cette évolution à partir de la création des conférences épiscopales nationales et continentales, au cours des années 1950 jusqu’à l’assemblée spéciale du Synode des évêques de l’Amérique (1997). Les rencontres interaméricaines périodiques des évêques de l’Amérique du Nord et du Sud ont largement contribué à ce développement et elles se poursuivent encore aujourd’hui. Il en va de même de la présence de missionnaires du Nord en Amérique latine.

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Notes

1 Dans sa première encyclique missionnaire (Evangelii praecones, 1951), après avoir évoqué les persécutions de l’Église, le pape Pie XII attire l’attention non seulement vers ces territoires non encore évangélisés, mais également « sur ces lieux où les fidèles courent de graves périls en raison de la diffusion du matérialisme athée et du communisme ou de doctrines qui usurpent le nom de chrétienne, mais corrompues par l’erreur ». Il recommande en particulier les missions d’Amérique latine, « sachant quels dangers insidieux sont menacés les populations de ces territoires, en particulier par les sectes non-catholiques ».

2 L’écriture de cet article s’appuie sur la consultation des archives de la Commission épiscopale de coopération apostolique Canada-Amérique latine (CECAL), conservée aux Archives de la Conférence des évêques catholiques du Canada à Ottawa. Concernant les résultats pour les États-Unis, l’auteur a pu consulter des archives relatives à l’Amérique latine de la National Catholic Welfare Conference (NCWC) connue aujourd’hui sous le nom de United States Bishops’ Conference (Washington). Pour les États-Unis encore, on lira avec profit Mary McGlone, The Missionary Movement in American Catholic History (Orbis Books, 1999) et Sharing Faith Across the Hemisphere, Committee on the Church in Latin America. National Conference of Catholic Bishops, Maryknoll, New York, Orbis Books, 1997.

3 Lettre de Helder Câmara à Patrick O’Boyle, 21 octobre 1957.

4 Lettre de Marcello Mimmi à Amleto Cicogniani (délégué apostolique aux États-Unis) du 24 juin 1958 et de Marcello Mimmi à Giovanni Panico (délégué apostolique au Canada), à la même date. Voir aussi la lettre du cardinal Adeodato Giovanni Piazza à Giovanni Panico du 8 novembre 1957. Il s’agissait alors d’« examiner le projet d’une rencontre entre les représentants de la hiérarchie du Canada et des États-Unis… ».

5 Lettre de H.J. Carroll (assistant secrétaire général de la NCWC) à Patrick Boyle, 4 novembre 1957.

6 Lettre de Paul Tanner à Julian Mendoza, le 7 novembre 1957 (dossier de quatre pages). Une copie est envoyée au délégué apostolique Cicognani le 26 décembre.

7 Lettre de Francis Keough archevêque de Baltimore et président de l’Administrative Board (Baltimore), à Eugênio de Araújo Sales, le 27 décembre 1957. Mgr Keough ajoute : « the resources of the Church of the United States for works at home and all over the world are heavy to the point that it would be quite impossible to extend them further at this time ».

8 Lettre d’Eugênio de Araújo Sales à Amleto Cigognani, 25 mai 1958.

9 « I do hope God will make it possible the establishment of a better understanding between the two hierarchies and christianities » (Idem).

10 Lettre de Paul Tanner à Francis Keough, 23 juin 1958.

11 Cette rencontre se tient habituellement dans une ville de l’Amérique du Sud.

12 Lettre d’Amleto Cicognani à Paul Tanner, 3 juillet 1958 (y compris pour les citations suivantes).

13 Lettre de Marcello Mimmi à Giovanni Panico, 24 juin 1958.

14 Lettre d’Amleto Cigognani à Paul Tanner du 3 juillet 1958 déjà citée. Il reprend les trois projets de Mimmi et conclut ainsi : « I shall be grateful if you will present the entire problem, and these specific steps in particular, to the Most Reverend Chairman of the NCWC Board, for consideration and discussion, and especially with a view to the formation of the proposed and evidently much desired Commission for Latin America. »

15 On trouve un dossier de 14 pages, rédigé par Pattee [ ?], daté du 4 novembre 1958. La description de la situation se conclut par cinq propositions : l’aide matérielle à l’Amérique latine, le soutien d’étudiants de l’Amérique latine aux États-Unis, l’accueil de séminaristes aux États-Unis, l’aide à l’apostolat par les médias, enfin la création d’un centre spécialisé pour la formation de prêtres envoyés en Amérique latine (« It might desirable to envisage the creation of a specialized training center at Catholic university, similar to that at Louvain, for clergy, and perhaps laity, going to Latin America or for Latin American priest coming here. Canada might be considered for the location as a more neutral area and one to which Latin Americans are attracted by the similarity of culture and the affinities with the language. ») En plus de ce dossier, on trouve des données sur l’aide à l’Amérique latine déjà fournie par les États-Unis.

16 Lettre de Pattee à Tanner, 10 septembre 1958.

17 Lettre de Karl Alter (archevêque de Cincinnati et président du Conseil) à Marcello Mimmi, 22 novembre 1958.

18 Correspondance Tanner-Cicognani, 20-21 novembre 1958.

19 « The Pontifical Commission considers it most opportune that a special Episcopal Subcommittee be established, judging it a truly useful means of coordinating, and if possible of increasing, the aid and collaboration furnished by the American Hierarchy towards the solution of the Church’s problems in Latin-American lands. […] It is of great importance, moreover, that the Subcommittee, once set up, should be in constant contact with this Pontifical Commission and with the “Consejo Episcopal Latinoamericano” » (Lettre de Marcello Mimmi à Karl Alter, 11 février 1959).

20 « Reference is made in the first place to the founding of Seminaries, particularly if regional, national or pluri-national, and to their upkeep…» (idem).

21 Lettres de Marcello Mimmi à Cicognani (24 juin 1958), Miranda (11 février 1959) et Alter (même jour).

22 Lettre de Karl Alter à Paul Tanner, 23 février 1959.

23 Lettre de Karl Alter à Marcello Mimmi, 10 avril 1959. Les membres de ce sous-comité sont le cardinal Cushing (Boston), Lucey (San Antonio), Ritter (Saint-Louis), McGucken (Sacramento), Garriga (Corpus Christi) et Griffiths (auxiliaire à New York).

24 Les correspondances de Lucey, Alter et Cushing du mois de juin et juillet l’indiquent clairement. On faisait alors l’hypothèse d’une rencontre en octobre, mais cette date risquait de télescoper celle du centième anniversaire de la fondation du Pontifical North American College à Rome.

25 Les deux conférences épiscopales ont des réunions de leur conseil en mars Une rencontre entre Mendoza, Câmara et Larraín a lieu à ce sujet en juin. On prévoit alors une rencontre vers la fin octobre, de manière à ce que les délégués d’Amérique latine puissent faire rapport de la rencontre lors de l’Assemblée du CELAM du 9 au 15 novembre (lettre de Marcello Mimmi, 26 juin 1959).

26 Encore en juillet, le secrétaire général de la NCWC écrit : « No mention has yet been made concerning the representatives of the Canadian hierarchy, nor has the question been settled as to who will notify them of the joint meeting to be held at some future date » (lettre de Karl Alter à Richard Cushing, 7 juillet 1959). Même écho dans une lettre de Karl Alter à Marcello Mimmi le même jour (« As yet, no word has been received concerning the appointment of a Committee from the Canadian Hierarchy… ») ou dans la correspondance Alter-Tanner-Mimmi-Vagnozzi.

27 Encore le 7 juillet 1959, Karl Alter écrit à Marcello Mimmi : « I understand from the letter of Your Eminence that the agenda are now in the process of preparation and will be sent to the Pontifical Commission for approval ». La date (2-5 novembre) et le lieu (Washington D.C.) sont pratiquement arrêtés le 9 juillet mais les discussions se poursuivent encore. Le 22 octobre, on est toujours sans agenda : « Archbishop Samorè said that booklet we received entitled "Subjects for study" constituted the agenda. We will do the best we can, the angels can’t do any more. » (lettre de Paul Tanner à Richard Cushing, 22 octobre 1959). Fin octobre, « il n’y a pas de nouvelles instructions, sauf celles déjà connues et envoyées par la CAL et les renseignements du CELAM. » (procès-verbal de la rencontre de la CECAL, 31 octobre 1959, p. 1).

28 Sans precision de lieu : «This is my first experience in a matter of this kind and I have no idea in what city in the United States the meeting should be held » (lettre de Richard Cushing à Paul Tanner, 7 juillet 1959). Dans sa correspondance, Tanner propose que la rencontre ait lieu à Washington.

29 Lettre de James M. McNiff (CELAM) à l’évêque de Sacramento McGucken. Voir aussi la lettre de Richard Cushing à Paul Tanner (3 août 1959) : « I heard, however, that the Bishops from South America were not too enthusiastic about meeting in Washington ».

30 Lettre de Robert Lucey à Fonseca (laïc), 4 août 1959.

31 La CAL développe une initiative semblable avec l’Espagne, au même moment (lettre de Paul Tanner à Karl Alter, 11 septembre 1959).

32 Voir la correspondance de Paul Bernier archevêque de Gaspé fin août 1959 sur ce sujet.

33 Les noms des participants canadiens (Bernier, Baudoux, Cabana, McDonald, Carter, Sanschagrin) sont communiqués le 28 août. Le 8 octobre, Paul Bernier fait parvenir la liste officielle des délégués canadiens. Les noms de Baudoux et Carter ne figurent plus dans la liste, ceux de Lemieux, Allen et Cody (Antigonish) sont ajoutés.

34 La CECAL est formellement érigée par un rescrit de la Congrégation de la Consistoriale daté du 15 février 1960 (procès-verbal de la réunion du 29 mars 1960). La création officielle états-unienne date du 7 avril 1959.

35 Voir le long compte-rendu (6 pages) produit par Sanschagrin (sans date).

36 Lettre pastorale collective de l’épiscopat canadien sur la coopération apostolique Canada-Amérique latine (25 janvier 1960).

37 Lettre de Helder Câmara à Richard Cushing, 5 octobre 1959.

38 Voir Informations catholiques internationales, 108, 1959, p. 15.

39 Voir l’agenda distribué sur place.

40 Rapport de la rencontre de Washington. On trouve trois rapports de cette rencontre. Aucun n’est daté. Cependant, il est certain qu’ils ont été produits dans la quinzaine suivant la rencontre elle-même, probablement un peu avant, car les évêques en disposent.

41 « Petit mémoire préparé pour Son Excellence Révérendissime Monseigneur Sebastiano Baggio, délégué apostolique au Canada, concernant le projet d’un séminaire international dans la région des Caraïbes », 6 mai 1960.

42 Sommaire de la rencontre (publié le 5 novembre 1959).

43 Lettre de Karl Alter à Paul Tanner, 19 décembre 1959.

44 Lettre d’Egidio Vagnozzi à Paul Tanner, 7 décembre 1959.

45 Correspondance de Paul Tanner, décembre 1959.

46 Lettre de Karl Alter à Marcello Mimmi, 7 décembre 1959. Le Latin American Bureau est mis sur pied en mars 1960.

47 Cette somme provient de la collecte de l’Œuvre de la Propagation de la foi. Cette réassignation des dons est reconduite à chaque année au cours de la décennie, comme en fait foi la documentation.

48 Lettre du Secrétaire général Raymond Limoges aux cardinaux, archevêques et évêques du Canada, 20 janvier 1960.

49 Lettre de Paul Bernier à Giuseppe Pizzardo, 30 mars 1960.

50 Lettre de Giuseppe Pizzardo à Paul Bernier, 7 juin 1960. Ce séminaire était jusque-là dirigé par les lazaristes qui vont donc désormais concentrer leurs efforts dans deux séminaires qu’ils animent au Panama et au Costa Rica. Le président de l’OCCAL Marcel Gérin (Société des Missions étrangères du Québec) favorise pour sa part une fondation à Cuba. Il en fait part dans un mémoire adressé au délégué apostolique au mois de mai 1960. François Houtart à Albert Sanschagrin : « C’est le dernier pays où établir un séminaire régional. Il y manque beaucoup d’éléments humains et également une certaine densité de vie chrétienne » (lettre du 25 juin 1960).

51 Correspondance Lemieux-Pizzardo (octobre-décembre 1960).

52 Lettre d’Albert Sanschagrin à Lemieux du 30 novembre 1960.

53 Lettre de Marie-Joseph Lemieux à Giuseppe Pizzardo, à la suite de la plénière de la CCC et de la réunion de la CECAL (13 octobre 1960).

54 Dès la première année, 25 étudiants (1 laïc, 4 religieuses et 20 prêtres en provenance de Saint-Boniface, Nicolet, Sherbrooke, Nouveau-Brunswick) s’y sont inscrits (lettre d’Albert Sanschagrin à François Houtart, 2 juillet 1960, et de Francis T. O’Grady à Marie-Joseph Lemieux, 16 juillet 1960). Sanschagrin, Gérin et O’Grady donneront une partie de ce cours.

55 Lettre de Marie-Joseph Lemieux à Albert Sanschagrin, 19 septembre 1960.

56 Réalisations bien évoquées dans le rapport adressé au cardinal Mimmi et daté du 15 février 1961.

57 Ainsi, au cours de la première année du plan, 34 étudiants du Sud, en provenance de 14 pays d’Amérique latine, sont accueillis comme boursiers dans les grands séminaires canadiens : Chicoutimi (du Pérou et du Honduras), Montréal (Colombie, Guatemala et deux de la République dominicaine), Québec (trois de Panama), Ottawa (Uruguay, Argentine, trois de Panama et de l’Équateur), Nicolet (Pérou et Brésil), Pont-Viau (six de Cuba), Saint-Hyacinthe (Brésil et Uruguay), Nicolet (Pérou, Brésil), Rimouski (Brésil), Sherbrooke (Argentine), Trois-Rivières (Chili), et Laprairie (Colombie). Hors Québec : Saint-Boniface (Venezuela), Kitchener (Cuba), Mission City (El Salvator). Il faudrait y ajouter l’accueil dans les scolasticats canadiens. Ainsi, au début de 1961, on retrouve 24 Latino-américains au scolasticat jésuite de l’Immaculée-Conception.

58 À la demande de la CECAL, de nombreux évêques canadiens se sont cotisés pour coopérer au projet de l’Institut international Coady chargé d’organiser un cours spécial d’une durée de huit mois de formation socio-économique pour les futurs dirigeants de l’Amérique latine. Le résultat a été le financement en 1961 de 18 bourses, limitées pour cette première année à des pays d’Amérique centrale : Guatemala, Honduras, Nicaragua, Salvator, Costa Rica et Panama.

59 Lettre de Francis O’Grady à Marie-Joseph Lemieux, 16 juillet 1960. Quatre femmes sont originaires du diocèse de Sherbrooke, trois femmes et deux hommes de Nicolet, et deux hommes et deux femmes de Saint-Hyacinthe.

60 Lettre de John Considine (Maryknoll) à Paul Tanner (8 juillet) et à Cushing, Alter, Lucey, Ritter, McCucken, Garriga et Griffiths (13 juillet) ; lettre de Marcello Mimmi à Richard Cushing, 15 juillet 1960.

61 Lettre reproduite dans le Bulletin de l’OCCAL (bimensuel), n° 6-7, 20 février 1961.

62 Voir le site web de cette société missionnaire : https://www.socstjames.com/history [consulté le 17 septembre 2018].

63 Lettre de Richard Cushing à Paul Tanner, 8 décembre 1959.

64 « The U.S. diocesan clergy currently serving in Latin America totals 179 from 49 archdioceses and dioceses with by far the heaviest contribution from Boston. His Eminence Cardinal Cushing’s Society of St. James the Apostle supplies 39 priests of the Archidiocese while total U.S. membership in this Society runs to 74. […] Seven other dioceses have loaned five or more priests for the Latin American apostolate : Jefferson City, Missouri 12, Saint Louis 10, Newark 8, San Diego 7, Camdem 6, Bridgeport 5, Kansas City-St. Joseph 5 » (rapport de Joseph McGucken archevêque de San Francisco au pape Paul VI, 10 décembre 1964). Indications similaires dans son rapport du 19 mars 1963.

65 Ces chiffres sont tirés du même rapport de décembre 1964.

66 Paul Tanner, Latin America Bureau Report, 3, février 1961.

67 L’assistance économique n’est pas incluse. Une enquête de l’OCCAL en 1965 indique que les congrégations religieuses et les diocèses canadiens donnent 3 millions de dollars par année à l’Amérique latine.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Gilles Routhier, « La coopération apostolique interaméricaine »Chrétiens et sociétés [En ligne], Numéro spécial III | 2019, mis en ligne le 08 juin 2022, consulté le 01 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/4968 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.4968

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Auteur

Gilles Routhier

Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval (Québec, Canada)

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