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Approches transnationales du catholicisme contemporain, dossier coordonné par Bruno Dumons

Le Vatican et l’espace francophone au xxe siècle

The Vatican and the French-speaking world in the 20th century
Matteo Sanfilippo
p. 119-132

Résumés

L’ouverture de nouvelles séries vaticanes concernant l’entre-deux-guerres nous permet de réévaluer la position du Saint-Siège vis-à-vis de l’espace francophone en Europe, en Afrique et en Amérique au XXe siècle. Avant la Première Guerre mondiale, le Saint-Siège avait surtout essayé d’utiliser les Églises locales pour défendre sa propre position face à l’Italie. Après 1929, la question romaine est close grâce à l’accord avec le gouvernement italien. En même temps, le Vatican commence à entrevoir les nouvelles menaces à sa liberté, provoquées par l’essor des totalitarismes en Allemagne, en Espagne, dans l’Union Soviétique et même en Italie, où le Concordat reconnaît les droits de l’Église, mais où le fascisme cherche à contrôler tout l’espace culturel, ne laissant aucune fonction véritable à la religion. Par conséquent, le Saint-Siège suit avec beaucoup plus d’attention l’évolution des Églises catholiques en Italie et dans les autres pays et cherche à comprendre la nouvelle conjoncture internationale, en particulier pour voir s’il doit encore craindre les questions nationales et linguistiques, si importantes avant la Première Guerre mondiale

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Texte intégral

  • 1 Pour un bilan des recherches dans les archives du Saint-Siège : Martin Pâquet, Matteo Sanfilippo, J (...)
  • 2 Matteo Sanfilippo, « Bruxelles, Paris, Port-au-Prince et Québec dans les rapports envoyés au Vatica (...)
  • 3 David Kertzer, The Pope and Mussolini, New York, Random House, 2014.
  • 4 Michel Ostenc, Mussolini : une histoire du fascisme italien, Paris, Ellipses, 2013.

1L’ouverture de nouvelles séries vaticanes concernant l’entre-deux-guerres nous permet de réévaluer la position du Saint-Siège vis-à-vis de l’espace francophone en Europe, en Afrique et en Amérique au xxe siècle1. L’analyse de ces documents est à peine commencée, mais elle se fonde sur une recherche précédente dans les séries de la Secrétairerie d’État et dans d’autres séries vaticanes2. La conclusion de cette première recherche était que l’entre-deux-guerres enregistre des changements importants dans l’attitude de l’Église romaine vis-à-vis des Églises catholiques des pays de langue française. Avant la Première Guerre mondiale, le Saint-Siège avait surtout essayé d’utiliser les Églises locales pour défendre sa propre position vis-à-vis de l’Italie. Après 1929, la question romaine est close grâce à l’accord avec le gouvernement italien. En même temps, le Vatican commence à entrevoir les nouvelles menaces à sa liberté, provoquées par l’essor des totalitarismes en Allemagne, en Espagne, dans l’Union Soviétique et même en Italie, où le Concordat reconnaît les droits de l’Église, mais où le fascisme cherche à contrôler tout l’espace culturel, ne laissant aucune fonction véritable à la religion3. Par conséquent, le Saint-Siège suit avec beaucoup plus d’attention l’évolution des Églises catholiques en Italie et dans les autres pays et cherche à comprendre la nouvelle conjoncture internationale, en particulier pour voir s’il doit encore craindre les questions nationales et linguistiques, si importantes avant la Première Guerre mondiale, et surtout si ces questions peuvent porter à des développements parallèles aux totalitarismes communistes et fascistes. Dans cette perspective, il est intéressant de voir comment les fonctionnaires du Vatican considèrent les questions nationalistes, qui à leurs yeux menacent l’universalisme catholique et contiennent in nuce les racines du totalitarisme (Mussolini n’est-il pas allé du socialisme au totalitarisme fasciste en passant par le nationalisme4 ?).

2Le début de cette recherche nous permet déjà d’entrevoir combien et comment l’analyse vaticane de l’essor de l’Église dans les pays occidentaux tient compte de la nouvelle conjoncture internationale de l’entre-deux-guerres ou, au contraire, sous-évalue ou même évacue de son panorama les contrastes linguistiques. Toutefois, nous pouvons aussi noter qu’on enregistre des différences liées à la conjoncture locale : le Vatican ne s’intéresse pas vraiment à la « question nationale » des Canadiens français, tandis qu’il se préoccupe de la division entre Wallons et Flamands en Belgique. Pour documenter ces observations, nous partirons d’un exemple tout à fait particulier, qui ne concerne pas les francophones, mais qui nous permet d’envisager la réaction romaine aux protestations des catholiques anglophones de Montréal. Ensuite, nous visualiserons la situation nord-américaine et la comparerons aux scénarios européen et africain qui ressortent des dossiers du Saint-Siège.

Les anglophones de Montréal

  • 5 APF, Nuova Serie, vol. 946, rubr. 69, sottorubr. 4, Località non dipendenti : America, f. 857-858. (...)

3Le 28 avril 1928, Francis Joseph Jackman, marchand de Montréal, était à Rome, à l’hôtel Minerva, en train d’écrire un appel à la Congrégation de la Propagande. Dans son message, il affirme représenter les catholiques anglophones de Montréal et vouloir transmettre au cardinal préfet le résumé d’une supplique que lui et le docteur Ernest James Mullaly ont écrite au Vatican le 27 juillet 19275. Dans cette synthèse, il dressait la liste de neuf problèmes du diocèse de Montréal : 1) le manque de prêtres de langue anglaise ; 2) le nombre insuffisant de paroisses de langue anglaise ; 3) l’absence de représentants de la communauté de langue anglaise dans la curie diocésaine ; 4) l’insuffisance des écoles élémentaires de langue anglaise ; 5) l’absence d’écoles secondaires de langue anglaise ; 6) le manque d’une université catholique de langue anglaise ; 7) le manque d’un ordre religieux féminin qui enseigne en anglais ; 8) le manque de places pour les anglophones dans les hôpitaux de la ville ; 9) le refus croissant des catholiques de langue anglaise d’être assimilés à la majorité de langue française.

  • 6 Roberto Perin, Ignace de Montréal. Artisan d’une identité nationale, Montréal, Boréal, 2008, chapit (...)
  • 7 « Itaque a iurisdictione Congregationis de Propaganda Fide exempta et ad ius commune deductas decer (...)

4Parmi les fonds de la Propagande, on ne trouve pas de suite et il est possible que la Congrégation n’ait jamais répondu à Jackman. D’ailleurs, la tentative de celui-ci était très en retard sur l’évolution historique du diocèse montréalais où les anglophones avaient commencé à se battre pour leurs paroisses sous l’évêque Ignace Bourget et avaient déjà obtenu satisfaction6. De plus, Jackman s’adressait à la Propagande qui n’était plus en charge de l’Église canadienne depuis 1908 (constitution apostolique Sapienti Consilio)7.

  • 8 Au contraire, ce choc avait été considéré comme l’axe des contrastes internes à l’Église du Canada (...)

5Pourquoi Jackman prit-il un chemin qui ne correspondait plus à l’organisation bureaucratique du Saint-Siège ? On pourrait spéculer qu’il ne connaissait pas le fonctionnement de la bureaucratie romaine et ne savait pas que la Propagande ne s’occupait plus de ces questions. Toutefois, vingt ans après Sapienti Consilio et des dizaines de recours à Rome des catholiques canadiens, anglophones ou francophones, il semble difficile que personne n’avait voulu renseigner Jackman au sujet de la procédure à suivre. Il semble plutôt qu’il recourait à la Propagande, parce que les représentants du Saint-Siège à Ottawa, ainsi que les dicastères du Vatican chargés du contrôle de l’Église canadienne, ne reconnaissaient plus l’importance de la question linguistique8. Par conséquent, la pétition de Jackman n’avait aucune chance d’être reçue par la Secrétairerie d’État ou la Consistoriale, ce qui poussa le représentant des Montréalais de langue anglaise à reprendre d’anciens contacts avec la Propagande, dont la bureaucratie avait montré, vingt ou trente ans auparavant, une certaine disponibilité face aux revendications linguistiques.

Le Canada vu par les délégués

  • 9 L’ancienne lutte entre les Irlandais et les Canadiens français catholiques avait beaucoup changé, c (...)

6Même dans les bureaux de la Propagande, on ne s’intéressait plus aux contrastes linguistiques dans l’Église catholique canadienne. À la fin des années 1920, pour les fonctionnaires du Saint-Siège, le Canada n’était plus un espace anglophone, ni un espace francophone proprement dit, mais un espace bilingue où les deux « races » canadiennes devaient cohabiter, d’autant plus qu’il y avait un troisième groupe, composé par les immigrés, qui était en croissance continuelle. À ce sujet, il est à noter que Jackman n’écrivait pas au nom des Irlandais de Montréal, ou des Anglais, ou des Écossais : désormais, on portait plainte au nom des catholiques de langue anglaise, un groupe qui comprenait aussi les immigrants9.

  • 10 Archives de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires (ACAEE), IV Periodo [1922- (...)
  • 11 Pour les rapports de la visite apostolique : ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 260, fasc. 104-10 (...)

7En tout cas, les ambassadeurs du Saint-Siège ne voulaient pas accepter ce genre d’explication, ni ce genre de bagarre. Le 16 décembre 1929, le délégué Andrea Cassulo (1869-1952, à Ottawa de 1927 à 1936) écrivait au cardinal secrétaire d’État Pietro Gasparri que, depuis sa traversée de l’Atlantique, il suivait les indications de Pie XI à ce sujet10. La stratégie du délégué avait obtenu des résultats et adouci les contrastes linguistiques. Nous en trouvons une confirmation dans plusieurs dossiers de 1935 transmis à la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires. Sept ans après le voyage romain de Jackman, Cassulo parcourut le Canada de l’Atlantique au Pacifique afin d’accomplir sa visite apostolique. Dans ses rapports, il soulignait que les confrontations linguistiques n’étaient plus si aigues, d’autant que le groupe anglophone et le groupe francophone avaient accueilli des immigrés se fondant dans des groupes pluriethniques où les revendications nationalistes jouaient un rôle moindre11. Dans cette perspective, le délégué loua la cohabitation pacifique de plusieurs groupes (francophones, anglophones, allophones) dans les diocèses ontariens d’Haileybury et Sault-Sainte-Marie.

  • 12 Voir la lettre écrite le 11 juin 1934 par le délégué Cassulo au cardinal Pacelli, secrétaire d’État (...)

8Selon le délégué, des difficultés naissaient seulement quand les immigrés n’étaient acceptés ni par les anglophones, ni par les francophones. Dans ce cas, les nouveaux arrivés se sentaient rejetés et pouvaient tomber sous l’emprise des organisations liées au mouvement communiste international en plein essor au Canada. À ce sujet, le délégué expliquait à Rome qu’Henri Bourassa lui avait écrit pour souligner que, désormais, le communisme était le véritable danger pour le catholicisme canadien et le Canada. L’ancien journaliste avait aussi spécifié que la portée de ce danger n’était pas compris par le clergé montréalais et par la hiérarchie catholique canadienne qui, tout au plus, se scandalisaient par le succès de la Fédération du Commonwealth Coopératif (FCC), sans se rendre compte que le parti du révérend J.S. Woodsworth était un véritable rempart contre le communisme12.

  • 13 Pour les premiers, ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 188, fasc. 27, Canada – Ucraini e Ruteni 19 (...)
  • 14 On pourrait trouver des références à cette question dans les fonds de la Délégation apostolique, ma (...)
  • 15 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 271, fasc. 113-115, Canada, 1936-1944, Propaganda comunista. L (...)
  • 16 Ildebrando Antoniutti, Memorie autobiografiche, Udine, Arti Friulane, 1975, p. 40-51.

9Dans les années 1930, Cassulo et son successeur Ildebrando Antoniutti (1898-1974, au Canada de 1938 à 1953) renseignèrent la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires au sujet des problèmes des immigrés, par exemple les Ruthènes et les Ukrainiens, et surtout les Italiens13, tandis qu’ils ne rapportaient plus les contrastes parmi les fidèles de deux langues14. De plus, ils continuèrent à transmettre des dossiers sur la montée du communisme, soulignant qu’à Montréal, seuls Bourassa et le jésuite Joseph-Papin Archambeault se rendaient compte du danger, même si ce dernier confondait communistes, socialistes et membres du FCC15. La plupart des dossiers transmis à la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires étaient signés par Cassulo, car Antoniutti arriva en 1938, presque à la fin de la période dont nous pouvons consulter les documents. Toutefois, Antoniutti a laissé une autobiographie dans laquelle il évoque son attention pour le Québec et l’Acadie qu’il considérait comme les éléments permettant au Canada d’éviter son américanisation. Il y rappelle aussi sa curiosité pour la question sociale au Canada, tandis qu’il ne mentionne jamais l’opposition entre anglophones et francophones16.

  • 17 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 221, fasc. 51-52, Saskatchewan. Questione scolastica 1930-1938 (...)
  • 18 Pour le KKK, voir ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 194, fasc. 29, Rapporti di Cassulo 1927-1931 (...)

10À partir de cette perspective, les deux délégués apostoliques atténuèrent dans leurs rapports l’importance de l’élément linguistique dans le suivi des questions scolaires en Ontario et dans le Saskatchewan17. Il est évident que, pour eux, la réalité économique et sociale du Canada avait beaucoup évolué et qu’on ne pouvait plus l’analyser à la lumière des contrastes d’avant la guerre. Dans les années 1930, les fonctionnaires et les diplomates du Saint-Siège tenaient de plus en plus compte de l’impact de la crise économique de 1929, ainsi que des nouvelles réalités politiques qui étaient causées par la grave situation économique ou qui avaient trouvé dans la conjoncture économique un nouveau carburant. Au niveau mondial, leur attention était figée sur le communisme et le fascisme. En Amérique du Nord, ils craignaient l’essor du mouvement communiste, mais aussi celui de mouvements racistes tels que le Klu Klux Klan (KKK) ; de plus, ils considéraient dangereuse la propagande fasciste parmi les immigrés18.

  • 19 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 229, fasc. 74, Regina : situazione economica. Voir aussi ASV, (...)
  • 20 ASV, Congr. Concistoriale [S.C. Consistoriale], Ponenze, 1930, réunion du 30 janvier 1930, fasc. 1, (...)

11La préoccupation vaticane pour la conjoncture socio-économique provoquée par la crise de 1929 était évidente dans l’attention au cadre économique du diocèse de Regina, un des plus pauvres au Canada19, tandis que le problème d’y remplacer un évêque de langue française par un évêque de langue anglaise leur semblait beaucoup moins important20. Diplomates et fonctionnaires romains n’étaient pas certains de la survie économique du nouvel archidiocèse et craignaient de devoir le partager entre les autres diocèses de l’Ouest. Au contraire, le clergé de langue française de l’Ouest ne pensait qu’au danger de perdre le contrôle ecclésiastique de Regina. Soupçonnant la réponse du délégué, celui-ci chercha et trouva en France un intermédiaire pour s’adresser au Vatican.

  • 21 Les lettres au sujet de la succession de Mathieu sont dans le dossier concernant la succession de C (...)
  • 22 ASV, Congr. Concistoriale, Ponenze, 1930, réunion du 30 janvier 1930.
  • 23 Lettre de Knight à Aristide Briand, datée d’Ottawa, le 21 avril 1930 : ACAEE, IV Periodo, Inghilter (...)
  • 24 Cette déclaration provoqua une enquête du délégué, qui se convainquit qu’elle était le produit de l (...)
  • 25 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 45, f. 39-40.

12En janvier 1929, Henri Cambon, ambassadeur français près le Saint-Siège, écrivit deux fois à la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires pour demander un coadjuteur francophone, avec droit de succession, pour Mgr Olivier-Elzéar Mathieu (1853-1929)21. Il soulignait que ce dernier, en accord avec Raymond-Marie Rouleau, archevêque de Québec, et Georges Gautier, archevêque coadjuteur de Montréal, voulait comme successeur Georges Courchène, évêque de Rimouski, « qui est aussi le candidat de l’élément catholique français prépondérant dans le Saskatchewan ». Ce n’était pas la première fois que Cambon s’occupait des affaires canadiennes. Sept ans auparavant, il avait rappelé les difficultés des Canadiens français vis-à-vis des Irlandais en écrivant au cardinal Gasparri au sujet de la succession d’Ottawa et en demandant un archevêque « canadien-français » pour la capitale fédérale. Dans l’affaire d’Ottawa, la France avait quand même obtenu de ne pas voir élire un évêque irlandais dans la capitale ; dans l’Ouest, Rome chercha un compromis, qui ne fut pas apprécié par les francophones. En 1930, le diocèse de Regina fut confié à un évêque anglophone, mais le Saint-Siège créa le diocèse de Gravelbourg pour les francophones22. Selon Jean Knight, le ministre plénipotentiaire de France à Ottawa, il s’agissait d’une énorme injustice23. L’envoyé français fit connaître son opinion au Vatican, par l’entremise de son collègue auprès du Saint-Siège, et à Paris. De plus, il diffusa les conclusions d’Émile Lavoie, commandeur de l’ordre de Jacques Cartier qui, d’un côté, rédigea en 1929 une « Déclaration solennelle concernant l’ingérence maçonnique dans la nomination des évêques irlando-canadiens au pays »24 et, de l’autre, écrivit au même Knight une lettre très amère sur le délégué : « Il a été rumeur à l’automne que Son Excellence Mgr le délégué apostolique avait été nommé à un évêché en Italie. Depuis silence complet. Dieu sait si nous souhaitons son départ, car il a plus ou moins compromis la cause catholique au pays, ce qui veut dire notre cause, à nous Canadiens français de langue française »25. Dans cette lettre, Lavoie demanda à Knight de parler avec l’ambassadeur anglais à Paris et de souligner l’attachement canadien français aux institutions du Royaume-Uni. Il espérait qu’une intervention britannique pouvait redresser la fortune des catholiques canadiens français en contraignant le Vatican à les aider.

  • 26 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 44, f. 99-101. Cassulo utilisa la lettre de Filion (...)

13La position de l’ambassade de France et de l’Ordre de Jacques Cartier n’était pas partagée par le Vatican, par Rome et par nombreux catholiques d’origine canadienne française. En 1929, le jésuite franco-ontarien John M. Filion, déjà supérieur de la province canadienne de son ordre, écrivit à Cassulo au sujet de Regina, où il vivait près du collège jésuite : « Dans cette partie du Canada, l’on confond, ou plutôt l’on identifie, l’Église romaine avec la nationalité française. C’est là un malheur à bien des points de vue ». Il rappelait dans la même lettre que, dans le diocèse, la grande majorité des prêtres était de langue française, tandis que les catholiques francophones représentaient que 22% des fidèles. Il suggéra donc de désigner un évêque de langue anglaise parlant aussi le français26.

En Amérique du Nord

  • 27 ASV, Congr. Concistoriale, Visita apostolica, 77-78, États-Unis.

14En analysant la documentation des séries vaticanes récemment ouvertes, on a l’impression que les délégués apostoliques en Amérique du Nord ne considéraient presque plus les contrastes au niveau linguistique et imaginaient une coexistence possible entre les anglophones, les francophones et les allophones. Aux États-Unis aussi, Giovanni Bonzano et Pietro Fumasoni Biondi, les deux délégués qui menèrent une longue visite apostolique (1922-1931), espéraient dans la cohabitation d’une majorité catholique « all American » et des robustes minorités d’« hyphenated Americans »27. Dans cette perspective, ils critiquaient violemment les Irlandais (prêtres compris), car ils essayaient de dominer les autres groupes catholiques et étaient moins américanisés que les autres à cause de l’immigration plus récente, provoquée par la guerre d’indépendance de leur pays.

  • 28 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 47, Stati Uniti 1927-1928 : Questione tra il vescov (...)
  • 29 Yves Roby, Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre. Rêves et réalités, Sillery, Septentrion (...)
  • 30 ACAEE, IV Periodo [mais désormais dans la Ve période, après 1939], Inghilterra, pos. 187, fasc. 34, (...)

15Dans leurs rapports, les deux délégués à Washington ne soulignaient plus les revendications des Canadiens français émigrés au sud du 49e parallèle : à leurs yeux, ils étaient désormais des Franco-Américains, qui utilisaient de préférence l’anglais, sauf dans quelques diocèses, tels Manchester (New Hampshire) et Portland (Maine), où ils revendiquaient encore l’usage de leur langue. Toutefois, la confrontation allait exploser dans un troisième diocèse, celui de Providence (Rhode Island) à cause de l’agitation provoquée par le journal La Sentinelle. Il est à noter que dans le dossier de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires, on découvre la participation d’un clergé né en France, par exemple Charles A. Cordier, curé de St. Anthony’s, dans la petite ville de Shirley (Massachusetts) qui critique William A. Hickey, évêque de Providence. Le prêtre en question attaque Hickey, mais en même temps fait l’éloge de John G. Murray, évêque de Portland (Maine), qui s’efforce « de rendre justice à tout le monde », et du cardinal William H. O’Connell, archevêque de Boston28. Ici, comme au Canada, on remarque une intervention française, qui suit une logique partiellement différente de celle des immigrés canadiens français d’antan, farouchement contraires à O’Connell29. Il y aurait aussi un dossier, qu’on ne peut malheureusement pas consulter car il a été déplacé parmi les fonds de la période suivante, fermée aux chercheurs, et qui est intitulé « Évêques français », dont le sommaire mentionne les pressions des diplomates français à Rome pour avoir des évêques francophones aux États-Unis30.

  • 31 Yves Roby, Les Franco-Américains, cit., p. 238-265
  • 32 Henri Bourassa, L’Affaire de Providence et la crise religieuse en Nouvelle-Angleterre, Montréal, Le (...)
  • 33 ASV, Congr. Concilio, Sezione disciplinare, Positiones 933-934.

16Pour revenir à la question de La Sentinelle, qui se prolonge pendant une bonne partie des années 1920, Yves Roby l’analyse comme la plaque tournante de la séparation entre militants radicaux et militants modérés de la francophonie aux États-Unis31. De plus, il rappelle le rôle joué par Henri Bourassa, encore lui, quand il déclarait à propos de cette crise qu’on ne pouvait pas « subordonner le catholicisme au nationalisme »32. Le pamphlet de Bourassa est repris dans le double dossier que le délégué apostolique à Washington transmit à la Congrégation du Concile et on découvre que l’intervention de l’ancien fondateur du Devoir avait été sollicitée par le délégué apostolique à Ottawa33. La collaboration des deux délégués à Ottawa et Washington est très intéressante, tout comme celle entre le représentant du Vatican au Canada et Bourassa, mais il convient aussi de prêter attention au rôle que la Congrégation du Concile va jouer.

  • 34 Pour le Canada francophone, ASV, Congr. Concilio, Concilia, 71, Québec (1912), qui contient soit le (...)

17À l’origine, ce dicastère, fondé en 1564, devait s’occuper de l’application des décrets du Concile de Trente. En 1588, Sixte V le chargea aussi du contrôle des conciles provinciaux de tous les archidiocèses. À ce titre, le Concile s’était aussi occupé des États-Unis et du Canada après 1908, tandis qu’auparavant, c’était à la Propagande de s’occuper des conciles provinciaux nord-américains34. En 1923, Pie XI dota la Congrégation d’un Ufficio Catechistico (Bureau du Catéchisme), tandis que ses anciennes fonctions étaient remplies par l’Ufficio Disciplinare (Bureau de la Discipline). En 1929, fut aussi créé l’Ufficio Amministrativo (Bureau d’Administration) qui devait suivre la gestion des diocèses.

  • 35 ASV, Congr. Concilio, Sezione catechistica, Positiones, 57 et 57bis Canada.
  • 36 Acta Apostolicae Sedis, XX, Roma, Typis Polyglottis Vaticanis, 1928, p. 146; Alejandro Mario Diegue (...)
  • 37 Giovanni Pizzorusso, « Donato Sbarretti, deuxième délégué apostolique du Canada », in Luca Codignol (...)

18Avec cette tripartition, augmenta l’importance du dicastère vis-à-vis du Canada et des États-Unis, comme d’ailleurs de tout le monde catholique, car il devint le véritable superviseur de la gestion quotidienne des diocèses. Dès la fin des années 1920, la Congrégation vérifia le bilan et l’utilisation des biens mobiliers et immobiliers de chaque diocèse, surveilla l’enseignement catéchistique ainsi que l’administration des écoles primaires et secondaires, des collèges, des séminaires et des universités35. De plus, elle examina les problèmes de discipline ecclésiastique de chaque diocèse, ainsi que le respect des laïcs envers leurs évêques. Il est évident que l’affaire de La Sentinelle ne pouvait pas échapper à la surveillance de la Congrégation, qui en fit un test de sa force en interdisant la publication du journal et en excommuniant son directeur36. Il faut aussi noter que, de 1919 à 1930, le cardinal Donato Sbarretti, ancien officier de la Délégation apostolique à Washington et ancien délégué apostolique à Ottawa, fut le préfet de cette Congrégation. Il s’intéressait vivement à la situation nord-américaine et souhaitait atténuer toute revendication des francophones pour favoriser l’adoption de l’anglais comme seule langue de l’Église nord-américaine37.

  • 38 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 47, Stati Uniti 1927-1928: Questione tra il vescovo (...)
  • 39 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 47, f. 40.

19Dans ce contexte, les deux délégués à Washington et Ottawa travaillèrent ensemble pour empêcher toute liaison entre les rebelles franco-américains du diocèse de Providence et le clergé et les évêques du Québec. Ils utilisèrent Bourassa à cette fin et renseignèrent régulièrement Rome. Leur effort irrita la hiérarchie québécoise qui protesta auprès de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires38, mais ce fut le cardinal Gasparri qui écrivit le 7 avril 1928 au délégué à Washington en lui signifiant que le n° 406 de L’Osservatore Romano avait publié la prohibition du périodique La Sentinelle par la Congrégation du Concile, ainsi qu’un article très critique au sujet du recours de Daignault contre l’excommunication39.

  • 40 ASV, Congr. Concilio, Sezione amministrativa, Positiones diocesi esteri, 4 (États-Unis), 11 (Montré (...)

20La documentation de la Congrégation du Concile qui est en train d’être mise à disposition des chercheurs nous révèle aussi l’importance de la dimension économique dans la gestion des diocèses. En évoquant Regina, nous avons déjà signalé la documentation au sujet de la situation économique de ce diocèse. Mais on doit ajouter que, pour les années 1930, nous avons un panorama complet de l’essor ou des problèmes économiques des diocèses canadiens et états-uniens40. Ici, on remarque combien la conjoncture économique poussait le Saint-Siège à surveiller les excès nationalistes pour éviter de surcharger des budgets déjà problématiques.

  • 41 ASV, Congregazione Concistoriale. Visita Apostolica, 64, Canada – Questioni nazionalistiche II.
  • 42 Mark G. McGowan, « The Maritimes’ Region and the Building of a Canadian Church : The Case of the Di (...)
  • 43 ASV, Congr. Concistoriale, Visita apostolica, 79, National Catholic Welfare Conference.

21Dans cette perspective, le Saint-Siège continua à douter du nationalisme canadien-français (ou franco-américain), craignant sa capacité à diviser le front catholique et à multiplier les dépenses pour de nouvelles paroisses ou plus de prêtres41. Au même moment, au sein des rangs de l’épiscopat de langue anglaise du Canada, s’affirma une nouvelle génération d’évêques provenant des Maritimes et souvent d’origine écossaise, qui essaya d’amortir les conflits ethnolinguistiques au profit d’une attention soutenue à l’égard de la question sociale42. Parallèlement, augmenta aux États-Unis l’importance de la National Catholic Welfare Conference, qui s’occupait aussi des immigrés de langue française, c’est-à-dire des Canadiens français, des Français et des Belges, mais qui était censée s’occuper surtout des problèmes sociaux43.

La francophonie hors de l’Amérique du Nord

  • 44 Les relations de 1927, 1932 et 1937 des archevêques de Paris dans ASV, Congr. Concist., Relat. Dioe (...)
  • 45 ASV, Arch. Nunz. Belgio, busta 113, fasc. 2 (autonomie flamande, 1916-1918) ; busta 128, fasc. 1 (q (...)

22Si en Amérique du Nord, on trouve des revendications fortes des droits de la francophonie, en bonne partie soutenues par une aile du clergé canadien français et par la France, qui essaie de retrouver son rôle en se proposant comme protectrice des Franco-Ontariens (Ottawa), Franco-Saskatois (Regina) et Franco-Américains (Rhode Island), la situation est un peu différente en dehors de ce continent. En France naturellement, il n’y a pas une question française et l’attention des évêques et des représentants du Vatican est concentrée sur les aspects politiques (peur des partis communiste et socialiste) et sociaux (crise économique, immigration)44. En Belgique, au contraire, dès la Grande Guerre, les rapports transmis à Rome tournent autour de la question flamande45. Toutefois, l’on peut noter dans ces documents que la question linguistique est aussi une question sociale, car les Flamands sont décrits comme étant plus pauvres et leur protestation est vue comme une réaction à une situation de détresse.

  • 46 ASV, Arch. Nunz. Haiti, fasc. 38 (migration) et 40-42 (situation politico-religieuse). Sur la migra (...)

23Il y a encore d’autres espaces francophones : les Caraïbes, par exemple, et l’Afrique septentrionale. Au sujet des premiers, si on lit les rapports des délégués apostoliques à Haïti pendant les années 1920 et 1930, on s’aperçoit que l’attention est tournée vers les difficultés politiques et économiques et qu’on remarque aussi le départ de Haïtiens qui cherchent du travail sur l’île de Cuba46. En revanche, on ne trouve presque pas de remarques au sujet des rapports entre Haïti, francophone, et la République dominicaine, hispanophone, même si les deux se partagent le territoire de l’île. Ces documents confirment donc que, dans l’entre-deux-guerres, l’Église catholique se préoccupe davantage de la nouvelle conjoncture politico-sociale et ne tient plus grand compte des questions linguistiques.

  • 47 APF, Nuova Serie, vol. 1289, rubrica 38 (Africa), sottorubrica 2 (Rabat), 473-718 (années 1935-1936 (...)
  • 48 Daniela Melfa, Migrando a sud. Coloni italiani in Tunisia (1881-1939), Rome, Aracne, 2008.

24En Afrique, la situation est néanmoins différente. Les rapports des missionnaires à la Propagande ne se préoccupent pas beaucoup de la condition des colonisés, ni des contrastes entre le français et les langues locales. La vraie question semble être la nécessité de protéger les Italiens qui présents. Au Maroc, par exemple il est question d’avoir des paroisses italiennes à Rabat et Casablanca47. Le problème est lié à la présence d’un grand nombre de ressortissants, mais aussi à la rivalité coloniale entre la France et l’Italie et à l’espoir de cette dernière d’utiliser les migrants comme des leviers politiques48. Dans ce contexte, les fonctionnaires du Vatican ne donnaient pas une attention spéciale à la francophonie et à ses problèmes, mais se préoccupaient toujours de la dimension politique et sociale, en l’occurrence des aspirations coloniales de l’Italie.

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Notes

1 Pour un bilan des recherches dans les archives du Saint-Siège : Martin Pâquet, Matteo Sanfilippo, Jean-Philippe Warren (dir.), Le Saint-Siège, le Québec et l’Amérique française. Les archives vaticanes, pistes et défis, Québec, Presses de l’Université Laval, 2013.

2 Matteo Sanfilippo, « Bruxelles, Paris, Port-au-Prince et Québec dans les rapports envoyés au Vatican », Archives de sciences sociales des religions, n° 165, janvier-mars 2014, p. 199‑218.

3 David Kertzer, The Pope and Mussolini, New York, Random House, 2014.

4 Michel Ostenc, Mussolini : une histoire du fascisme italien, Paris, Ellipses, 2013.

5 APF, Nuova Serie, vol. 946, rubr. 69, sottorubr. 4, Località non dipendenti : America, f. 857-858. Dans le dossier, il y a un extrait de la supplique de 1927, f. 864-868, et une autre supplique de 1928, f. 859-863, signée par Jackman et 16 autres catholiques de langue anglaise appartenant à plusieurs paroisses de Montréal et se plaignant que 65 000 fidèles de langue anglaise étaient desservis par à peine 36 prêtres. Leur indignation naissait du fait que Toronto avait le quadruple de prêtres, avec à peu près le même nombre de catholiques anglophones.

6 Roberto Perin, Ignace de Montréal. Artisan d’une identité nationale, Montréal, Boréal, 2008, chapitre IV, passim. Voir aussi : A. Gordon Darroch and Michael D. Ornstein, « The Geopolitics of the Irish-Canadian Parish in Nineteenth-Century Montréal », Journal of Historical Geography, 27, 4 (2001), p. 553-572 ; Sherry Olson and Patricia Thornton, « The Challenge of the Irish Catholic Community in Nineteenth-Century Montreal », Histoire sociale / Social History, 70 (2002), p. 331-362 ; Rosalyn Trigger, « Irish Politics on Parade : The Clergy, National Societies, and St. Patrick’s Day Processions in Nineteenth-Century Montréal and Toronto », ibid., 74 (2004), p. 159-199 ; Gillian I. Leitch, « The Importance of Being English : English Ethnic Culture in Montreal, c. 1800-1864 », in Tanja Bueltmann, David T. Gleeson and Donald M. Macraid (ed), Locating the English Diaspora (1500-2010), Liverpool, Liverpool University Press, 2014, p. 100-117.

7 « Itaque a iurisdictione Congregationis de Propaganda Fide exempta et ad ius commune deductas decernimus – in Europa – ecclesiasticas provincias Angliae, Scotiae, Hiberniae, et Hollandiae, ac dioecesim Luxemburgensem ; – in America – provincias ecclesiasticas dominii Canadensis, Terrae Novae et Foederatarum Civitatum seu Statuum Unitorum. Negotia proinde quae ad haec loca referuntur, tractanda in posterum non erunt penes Congregationem de Propaganda Fide, sed, pro varia eorumdem natura, penes Congregationes ceteras » Sapienti Consilio, I, 6.

8 Au contraire, ce choc avait été considéré comme l’axe des contrastes internes à l’Église du Canada par les délégués apostoliques à la fin du xixe et au début du xxe siècle : John Zucchi (ed.), The View from Rome. Archbishop Stagni’s 1915 Reports on the Ontario Bilingual Schools Question, Montreal-Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2002 ; Luca Codignola, Giovanni Pizzorusso et Matteo Sanfilippo, Le Saint-Siège, le Canada et le Québec. Recherches dans les archives romaines, Viterbe, Sette Città, 2011, chap. 1.

9 L’ancienne lutte entre les Irlandais et les Canadiens français catholiques avait beaucoup changé, car ceux-là, après la guerre, ne revendiquaient plus leur propre spécificité, mais se présentaient comme une des composantes du monde anglophone : Simon Jolivet, Isabelle Matte et Linda Cardinal (dir.), Le Québec et l’Irlande. Culture, histoire, identité, Silléry, Septentrion, 2014.

10 Archives de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires (ACAEE), IV Periodo [1922-1939], Inghilterra, pos. 216, fasc. 44 : 1926-1948, Canada. Situazione religiosa, f. 96-98.

11 Pour les rapports de la visite apostolique : ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 260, fasc. 104-109, Canada 1935, Relazione della Visita apostolica ai seminari e alle diocesi.

12 Voir la lettre écrite le 11 juin 1934 par le délégué Cassulo au cardinal Pacelli, secrétaire d’État : ACAEE, IV Periodo, Inghilterra [Angleterre], pos. 194, fasc. 31, Rapporti Cassulo, 1934-1935, f. 3-5, avec d’autre documents sur la question, y compris une lettre de Bourassa, aux f. 6-14.

13 Pour les premiers, ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 188, fasc. 27, Canada – Ucraini e Ruteni 1926. Pour les Italiens, pos. 254, fasc. 100, Canada. Assistenza religiosa agli italiani, 1934-1937.

14 On pourrait trouver des références à cette question dans les fonds de la Délégation apostolique, mais, dans cette sous-série, les dossiers de Cassulo et Antoniutti ne sont pas encore à disposition des chercheurs, faute d’un premier tri archivistique.

15 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 271, fasc. 113-115, Canada, 1936-1944, Propaganda comunista. Les délégués apostoliques étaient convaincus que les évêques anglophones étaient mieux préparés à combattre le communisme, mais les documents à disposition ne confirment pas leur idée. Toutefois, il est vrai qu’en 1928, Neil McNeil, l’archevêque de Toronto, fut le premier à écrire à Rome à ce sujet : ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 44, f. 73-83. À propos de l’attitude de l’Église catholique du Québec et de celle de l’Ontario vis-à-vis des mouvements communistes : Marcel Fournier, Communisme et anticommunisme au Québec 1920-1950, Montréal, Les Éditions coopératives Albert Saint-Martin, 1979, p. 23-26 ; Paul Maurutto, « Private Policing and Surveillance of Catholics : Anti-Communism in the Roman Catholic Archdiocese of Toronto (1920-1960) », Labour/Le Travail, 40 (1997), p. 113-136.

16 Ildebrando Antoniutti, Memorie autobiografiche, Udine, Arti Friulane, 1975, p. 40-51.

17 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 221, fasc. 51-52, Saskatchewan. Questione scolastica 1930-1938 ; pos. 239, fasc. 83, Canada. Scuola 1933. Les dossiers sur le prolongement de la question scolaire en Ontario se trouvent dans ASV, Sacra Congregazione Concistoriale, Visita Apostolica, 67 – Canada. Questione scolastica nell’Ontario ; 68 – Canada. Commenti alla lettera Commisso Divinitus.

18 Pour le KKK, voir ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 194, fasc. 29, Rapporti di Cassulo 1927-1931, surtout aux f. 18-21 et 45-46. Voir aussi pos. 279, fasc. 126, Canada. Rapporto su nazismo e fascismo 1938.

19 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 229, fasc. 74, Regina : situazione economica. Voir aussi ASV, Congr. Concilio [S.C. du Concile], Sezione amministrativa, Positiones diocesi esteri, 12 (Canada) : dossiers concernant Regina en 1931 et 1932.

20 ASV, Congr. Concistoriale [S.C. Consistoriale], Ponenze, 1930, réunion du 30 janvier 1930, fasc. 1, Regina : au sujet de la désignation de James C. McGuigan et de l’érection du diocèse de Gravelbourg.

21 Les lettres au sujet de la succession de Mathieu sont dans le dossier concernant la succession de Charles-Hugues Gauthier et de Joseph-Médard Émard à Ottawa : ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 156, fasc. 2, Ottawa (Canada) : Provvista della diocesi 1922-1929, f. 41 et 42. L’intervention de la France a été étudiée à partir des documents du ministère des Affaires étrangères français par Philippe Prevost, La France et le Canada d’un après-guerre à l’autre (1918-1944), Saint-Boniface, Les Éditions du Blé, 1994 et La France et les nominations épiscopales au Canada, 1921-1940 : un combat pour la francophonie, Saint-Boniface, Les Éditions du Blé, 1995.

22 ASV, Congr. Concistoriale, Ponenze, 1930, réunion du 30 janvier 1930.

23 Lettre de Knight à Aristide Briand, datée d’Ottawa, le 21 avril 1930 : ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 45: 1926-1948, Canada. Situazione religiosa (seguito), f. 33.

24 Cette déclaration provoqua une enquête du délégué, qui se convainquit qu’elle était le produit de la folie (plutôt que de la passion politique) de Lavoie ; de plus, Cassulo examina les activités maçonniques au Canada et conclut qu’elles n’étaient pas dangereuses : AES, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 44, f. 84-94 ; la déclaration de Lavoie est aux f. 102-111.

25 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 45, f. 39-40.

26 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 44, f. 99-101. Cassulo utilisa la lettre de Filion pour écrire à Rome qu’il n’était pas possible de déplacer Arthur A. Sinnott, archevêque de Winnipeg, à Regina, car ce prélat favorisait un peu trop « la race anglaise » (voir annotations manuscrites à la fin de la lettre de Filion).

27 ASV, Congr. Concistoriale, Visita apostolica, 77-78, États-Unis.

28 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 47, Stati Uniti 1927-1928 : Questione tra il vescovo di Providence e il giornale La Sentinelle, f. 30-32.

29 Yves Roby, Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre. Rêves et réalités, Sillery, Septentrion, 2000, p. 170-181.

30 ACAEE, IV Periodo [mais désormais dans la Ve période, après 1939], Inghilterra, pos. 187, fasc. 34, Stati Uniti 1923-1945 : Vescovi francesi.

31 Yves Roby, Les Franco-Américains, cit., p. 238-265

32 Henri Bourassa, L’Affaire de Providence et la crise religieuse en Nouvelle-Angleterre, Montréal, Le Devoir, 1924, p. 20.

33 ASV, Congr. Concilio, Sezione disciplinare, Positiones 933-934.

34 Pour le Canada francophone, ASV, Congr. Concilio, Concilia, 71, Québec (1912), qui contient soit les actes du Concile provincial de 1911, soit les actes du Concile Plénier du Canada de 1909. Voir Giovanni Pizzorusso, « Donato Sbarretti, delegato apostolico a Ottawa, e la difficile organizzazione del Concilio plenario canadese (1909) », Annali accademici canadesi, 6 (1990), p. 77-88.

35 ASV, Congr. Concilio, Sezione catechistica, Positiones, 57 et 57bis Canada.

36 Acta Apostolicae Sedis, XX, Roma, Typis Polyglottis Vaticanis, 1928, p. 146; Alejandro Mario Dieguez, « La sollecitudine pastorale della Chiesa nelle plenarie della Congregazione del Concilio durante il pontificato di Pio XI (1922-1939) », in Ambrogio M. Piazzoni (a cura di), Studi in onore del Cardinal Raffaele Farina, I, Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 2013, p. 497-522.

37 Giovanni Pizzorusso, « Donato Sbarretti, deuxième délégué apostolique du Canada », in Luca Codignola, Giovanni Pizzorusso et Matteo Sanfilippo, Le Saint-Siège, le Canada et le Québec…, cit., p. 127-159.

38 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 47, Stati Uniti 1927-1928: Questione tra il vescovo di Providence e il giornale La Sentinelle, f. 28-32.

39 ACAEE, IV Periodo, Inghilterra, pos. 216, fasc. 47, f. 40.

40 ASV, Congr. Concilio, Sezione amministrativa, Positiones diocesi esteri, 4 (États-Unis), 11 (Montréal), 12 et 13 (Canada), ainsi que Stati patrimoniali esteri, 3 (États-Unis) et 4 (Antilles-Canada). Le diocèse de Montréal a un carton de documents à lui seul, car la Congrégation voulait comprendre le problème des énormes dettes de plusieurs paroisses montréalaises et les recours aux tribunaux civils qui en découlaient.

41 ASV, Congregazione Concistoriale. Visita Apostolica, 64, Canada – Questioni nazionalistiche II.

42 Mark G. McGowan, « The Maritimes’ Region and the Building of a Canadian Church : The Case of the Diocese of Antigonish after Confederation », CCHA Historical Studies, 70, 2004, p. 46-67.

43 ASV, Congr. Concistoriale, Visita apostolica, 79, National Catholic Welfare Conference.

44 Les relations de 1927, 1932 et 1937 des archevêques de Paris dans ASV, Congr. Concist., Relat. Dioec., 605.

45 ASV, Arch. Nunz. Belgio, busta 113, fasc. 2 (autonomie flamande, 1916-1918) ; busta 128, fasc. 1 (question sociale et question flamande) ; ACAEE, III Periodo, Belgio, pos. 347, fasc. 173-174 (1920-1921) ; pos.161, fasc. 9-18 (1923-1939).

46 ASV, Arch. Nunz. Haiti, fasc. 38 (migration) et 40-42 (situation politico-religieuse). Sur la migration à Cuba : ACAES, III periodo, Haiti, pos. 136, fasc. 33 ; pos. 137, fasc. 33 ; IV periodo, Haiti, pos. 95, fasc. 2.

47 APF, Nuova Serie, vol. 1289, rubrica 38 (Africa), sottorubrica 2 (Rabat), 473-718 (années 1935-1936), en particulier f. 501-505, 530-534, 869-875.

48 Daniela Melfa, Migrando a sud. Coloni italiani in Tunisia (1881-1939), Rome, Aracne, 2008.

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Pour citer cet article

Référence papier

Matteo Sanfilippo, « Le Vatican et l’espace francophone au xxe siècle »Chrétiens et sociétés, 24 | 2017, 119-132.

Référence électronique

Matteo Sanfilippo, « Le Vatican et l’espace francophone au xxe siècle »Chrétiens et sociétés [En ligne], 24 | 2017, mis en ligne le 14 mai 2018, consulté le 02 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/4287 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.4287

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Auteur

Matteo Sanfilippo

Università della Tuscia-Viterbe

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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