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Haut de pagePaul Airiau (dir.), Nourritures terrestres : alimentation et religion
Paul Airiau (dir.), Nourritures terrestres : alimentation et religion, Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 29, LARHRA, 2016, 110 p.
S’« il faut manger pour vivre et non vivre pour manger », à suivre Molière, il faut tout autant, et peut-être davantage, croire pour manger. Que l’Occident contemporain l’ait assez largement oublié permet désormais aux historiens de ces temps qui sont les nôtres (c’est-à-dire depuis la fin du xviiie siècle) et attentifs au religieux de se saisir d’un sujet qu’ils ont encore trop peu traité, car il échappait à leurs préoccupations. En effet, nombre d’entre eux, des années 1960 aux années 2000, ont appartenu à ou sont issus d’une version modernisatrice du courant religieux qu’ils ont étudié. La relative identification de l’alimentation majoritaire à l’alimentation chrétienne (voire catholique) et la concomitance de leurs mutations ont fait que la question alimentaire ne fut jamais qu’un non sujet, tant elle est quotidienne, banale, normalisée – et, dans le cas du judaïsme, elle était tellement évidente qu’elle ne pouvait non plus être l’objet d’une approche historique. De plus, les modifications des manières religieuses de manger après la Seconde Guerre mondiale et Vatican II, marquées par une massive dérégulation institutionnellement organisée des pratiques d’abstinence et de jeûne, ont été comprises comme un accès à une religion intériorisée et épurée, articulée à l’entrée dans une forme de modernité alimentaire permise par l’agro-industrialisation et les prodromes de la mondialisation alimentaire (disponibilité en abondance, hors saisons et hors zones de production). Enfin, peut-être surtout, l’alimentation n’a jamais vraiment été objet de conflits herméneutiques et donc d’approches historiques, tant la réflexion et l’enquête sur l’ascèse se sont focalisées sur l’autre grand sujet du plaisir – le sexe. Faut-il alors s’étonner que le sujet n’ait pas suscité de grandes investigations ?
50 ans de catholicisme à Lyon 1965-2015. De Vatican II à nos jours
Bernadette Angleraud, Valérie Aubourg et Olivier Chatelan (dir.), 50 ans de catholicisme à Lyon 1965-2015. De Vatican II à nos jours, Paris, Karthlala, Coll. Histoire des mondes chrétiens, 2016, 264 p.
Cet ouvrage se penche sur cinquante ans d’histoire du catholicisme, des lendemains du concile Vatican II (1965) aux débuts du xxie siècle. Renouvellements et adaptations essaient de répondre aux défis de cette période. De nombreuses lignes de partage opposent générations ou sensibilités. L’héritage religieux de Lyon, confronté aux vicissitudes d’une métropole, y a exacerbé les mutations et contribué à faire de la ville un observatoire pertinent abordé selon trois axes.
Le premier axe s’interroge sur le catholicisme social en action. Celui-ci a été stimulé par les tournants majeurs qu’ont été l’encyclique Rerum Novarum (1891) et le concile Vatican II, mais à Lyon, nourri par l’apport de grandes figures de précurseurs, (Frédéric Ozanam, le père Chevrier…), il s’est prolongé dans des initiatives contemporaines, comme Habitat et Humanisme ou Notre-Dame des Sans-Abri, répondant aux précarités sociales propres à une grande cité économique.
Les évolutions sociales ou culturelles de ces cinquante années ont mis la religion en mouvement : c’est le deuxième axe. Le contexte de sécularisation, joint à la crise des vocations, a imposé à l’Église lyonnaise des reconfigurations du clergé, tandis que les sensibilités religieuses se trouvaient bousculées. De nouvelles expressions religieuses ont ainsi vu le jour, qu’il s’agisse d’affirmations identitaires ou de mouvances alors en plein essor, tel le Renouveau charismatique.
Le troisième axe – une religion dans la ville – prend pour point de départ le territoire de Lyon et de la métropole. Le catholicisme a dû s’adapter aux extensions urbaines, en redessinant la géographie du diocèse, et en prenant en compte les particularismes locaux et les lieux de savoir. L’espace urbain rend alors visible de nouvelles expressions de la foi, comme l’illustre le renouveau des festivités du 8 décembre.
Serge Brunet et Philippe Martin (dir.), Paysage et religion...
Serge Brunet et Philippe Martin (dir.), Paysage et religion : Perceptions et créations chrétiennes, Comité des travaux historiques et scientifiques, Coll. CTHS Histoire, 2015, 380 p.
Si la sensibilité à l’espace environnant et l’émergence du concept de paysage peuvent être datés différemment suivant les civilisations, interpréter l’espace de vie des hommes comme une création divine plonge dans la nuit des temps. Cet ouvrage offre une étude du regard porté sur ce que la nature a de sacré, mais aussi sur les édifications humaines empreintes de religieux, à travers les témoignages textuels et matériels qui nous ont été laissés. Vingt-quatre historiens, historiens de l’art, spécialistes de la littérature, conservateurs du patrimoine et théologiens explorent ici la richesse – et la complexité – des liens tissés entre le fait religieux et la perception de l’environnement. Volontairement centré sur l’espace français et ses voisins immédiats, de la Renaissance – moment ou apparaît le mot paysage» – à nos jours, l’ensemble se décline suivant quatre axes principaux : l’articulation entre nature et religion, les modalités de construction d’un paysage sacré, la manière dont les vivants et les morts s’inscrivent dans un paysage religieux et, enfin, comment des perceptions antagonistes de cette sacralité peuvent être à l’origine d’affrontements.
Paul Chopelin et Jean-Dominique Durand (dir.), Le cardinal Joseph Fesch...
Paul Chopelin et Jean-Dominique Durand (dir.), Le cardinal Joseph Fesch, archevêque de Lyon. Nouvelles études, Cinisello Balsamo, Silvana Editoriale, 2015, 93 p.
Né en Corse en 1763, oncle maternel de Napoléon, le cardinal Joseph Fesch a profondément marqué de son empreinte l’histoire de l’Eglise de Lyon. Si son nom peut sembler familier aux visiteurs du trésor de la cathédrale Saint-Jean ou des collections de peinture du Musée des Beaux-Arts, le personnage reste mal connu du grand public. Pourquoi a-t-il été nommé archevêque de Lyon, fonction à laquelle rien ne le prédestinait, en 1802 ? Comment est-il devenu ce mécène et ce collectionneur d’art si réputé dans l’Europe de son temps ? Quel est son héritage local ? Pour répondre à ces questions, les cinq études réunies dans ce volume reviennent sur l’action politique, religieuse et patrimoniale de ce petit chanoine corse qui, homme d’un clan, fit fortune dans les fournitures aux armées sous le Directoire avant de devenir un prélat respecté, élément clé du dispositif diplomatique impérial. Exilé à Rome après le retour des Bourbons en 1815, il demeura profondément attaché à son diocèse de Lyon, dont il resta l’archevêque en titre jusqu’à sa mort en 1839.
Bernard Dompnier, Missions, vocations, dévotions...
Bernard Dompnier, Missions, vocations, dévotions. Pour une anthropologie historique du catholicisme moderne, Recueil d’articles présenté par Bernard Hours et Daniel-Odon Hurel, Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 26, LARHRA, 2015, 445 p.
Ce bouquet d’articles rassemble une vingtaine de textes de Bernard Dompnier, professeur émérite à l’Université Blaise Pascal (Clermont-Ferrand), choisis parmi les plus représentatifs de son activité de recherche. Depuis une quarantaine d’années, Bernard Dompnier a édifié une œuvre historique originale, héritière des méthodes de l’histoire sociale à la française appliquées au champ religieux. Situant son approche au niveau des pratiques, il reste l’un des pionniers de l’anthropologie historique du catholicisme moderne abordé sous l’angle des dévotions et du culte des saints, de la prédication et des missions, de la vocation et du recrutement des réguliers, de la liturgie et de la musique religieuse. Grâce à lui, des sujets souvent délaissés par les historiens, ont été réintroduits dans le champ de leurs investigations. Ses enquêtes reposent sur une description attentive et nuancée de leur objet, le souci d’évaluer le poids des phénomènes étudiés en recourant à la quantification et à la statistique, la prise en compte des acteurs selon des critères objectivables, la mise en perspective des pratiques par rapport aux discours. Les articles présentés ici donnent un riche aperçu d’une œuvre prolifique et innovante, et à travers chacun d’entre eux le lecteur trouvera non seulement un regard stimulant sur la vie religieuse à l’époque moderne, mais aussi une magistrale leçon de méthode.
Ce recueil permettra aussi de goûter l’écriture d’un grand historien, synthèse d’une connaissance approfondie des sources et de la bibliographie, d’un sens rare de l’observation assorti d’une lucidité tranquille, d’une prudence dans le jugement et d’une grande précision et adéquation de l’expression. Bernard Dompnier nous entraîne au plus profond de la complexité historique. Au plus près des femmes et des hommes, dont le discours et les pratiques sont pris au sérieux sans naïveté, on comprend mieux de quoi était tissée leur religion, sans idéalisation ni soupçon.
Bruno Dumons et Christian Sorrel (dir.), Gouverner l’Église au xxe siècle...
Bruno Dumons et Christian Sorrel (dir.), Gouverner l’Église au xxe siècle. Perspectives de recherche, Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 28, LARHRA, 2015, 180 p.
Si l’évêque du xixe siècle, plus récemment celui du xxe siècle, est désormais bien connu sous les angles sociaux et culturels de la formation et de la pastorale, que connaît-on du travail épiscopal, de l’exercice de son autorité et de ses pratiques de gouvernement ? L’échelle diocésaine n’est cependant pas la seule. Si la centralité romaine obéit à des règles propres au sein de la curie, la paroisse est aussi un lieu où l’exercice du gouvernement s’est profondément modifié entre curés et laïcs. Les travaux manquent ici cruellement. Des études monographiques seraient éclairantes sur les transformations silencieuses qui se sont opérées durant le second xxe siècle à propos des modes de gouvernance paroissiale. À l’échelon national existe-il un mode de gouvernement spécifique ? Que sait-on également des pratiques gouvernementales au sein d’un ordre ou d’une congrégation religieuse ?
Afin que de nouvelles directions de recherches puissent voir le jour sur cette problématique de la gouvernance ecclésiale, il a semblé opportun de publier ce recueil qui envisage les différents jeux d’échelles structurant le gouvernement de l’Église catholique au xxe siècle. L’examen de plusieurs niveaux d’analyse (romain, congréganiste, diocésain) sur l’espace de la catholicité européenne est apparu comme un moyen d’ouvrir la réflexion en direction d’une histoire plus vaste, transnationale, du catholicisme contemporain au sein de laquelle circulent des modèles de gouvernance et de nouvelles figures du pouvoir fondant leur légitimité sur le savoir et l’expertise.
Bruno Dumons, Vincent Petit et Christian Sorrel (dir.), Liturgie et société...
Bruno Dumons, Vincent Petit et Christian Sorrel (dir.), Liturgie et société. Gouverner et réformer l’Église, xixe-xxe siècle, Rennes, PUR, 2016, Coll. Histoire, 238 p.
L’ouvrage réuni les actes d’un colloque qui envisageait la liturgie catholique comme l’expression d’un mode de gouvernance sociale et pas seulement écclesiale. Il s’agissait d’insister sur les pratiques et leur contenu (rites, prières, chants), les textes normatifs, les procédures qui les imposent et leurs applications concrètes. Il s’agissait aussi de ne pas s’en tenir au moment conciliaire Vatican II, objet de polémiques récurrentes. Le volume, tout en se limitant à l’ère francophone, s’intéresse en particulier aux années 1840-1860, qui consacrent une unité liturgique autour du centre romain en phase avec l’ecclésiologie intransigeante, et aux années 1930-1960 marquées par le mouvement liturgique, anticipation et préparation de Vatican II. Il s’ordonne en trois parties : acteurs et agents des réformes ; réceptions : résistances et expérimentations ; la gouvernance ecclésiale à l’épreuve des réformes.
Jean-Dominique Durand (dir.), Les minorités religieuses à Lyon (xvie-xxie siècles)...
Jean-Dominique Durand (dir.), Les minorités religieuses à Lyon (xvie-xxie siècles), Cinisello Balsamo, Silvana editoriale, 2016, 127 p.
Carrefour européen d’échanges commerciaux, intellectuels et religieux, Lyon est une cité cosmopolite dès le xve siècle. Au-delà du catholicisme, l’identité de la ville se construit à travers de nombreuses communautés religieuses, accueillies avec une certaine tolérance dans la capitale des Gaules. La journée d’étude tenue aux Musées Gadagne le 13 juin 2013 a abordé les confessions protestante, juive, musulmane, orientale, sans oublier le dialogue religieux si riche à Lyon. Les auteurs (Jean-Dominique Durand, Yves Krumenacker, Alain Briand-Barralon, Jean-Pierre Chantin, Catherine Déchelette-Elmalek, Maxime Yevadian, Mohamed-Cherif Ferjani, Haoues Seniguer, Lionel Obadia, Christian Sorrel), tentent ainsi d’analyser la place des minorités religieuses au sein de la cité et d’en dégager les spécificités.
Jean-Dominique Durand (dir.), Les religions à Lyon et la Première Guerre mondiale
Jean-Dominique Durand (dir.), Les religions à Lyon et la Première Guerre mondiale, Cinisello Balsamo, Silvana editoriale, 2016, 95 p.
La loi de séparation des Eglises et de l’Etat en 1905 donne un statut nouveau aux religions au sein de la République laïque. Les conditions d’un rapprochement avec les forces républicaines avaient déjà été opérées avant la déclaration de guerre, mais l’Union sacrée unit tout un peuple et vise à faire taire les rancœurs. Quelles formes prend l’implication des religions pendant le conflit ? C’est la question posée par la journée d’étude tenue aux Musées Gadagne le 12 juin 2014. Les historiens réunis à cette occasion (Jean-Dominique Durand, Christian Sorrel, Etienne Tissot, Catherine Déchelette-Elmalek, Daniel Moulinet, Olivier Georges, Frédéric Couffin, Bernadette Angleraud, Bernard Berthod, Nadine-Josette Chaline) ont cherché à comprendre la place des religions dans le conflit, les croyances des combattants et des civils, le rôle des ministres des cultes sur le front.
Étienne Fouilloux, Dieu Vivant (1945-1955)...
Étienne Fouilloux, Dieu Vivant (1945-1955) : Christianisme et eschatologie, Editions CLD Coll. Essai d’histoire, 2015, 184 p.
Cette monographie vient reconstituer l’histoire d’une revue prestigieuse, Dieu vivant (1945-1955), animée par Marcel Moré, Jean Daniélou et Louis Massignon, mûrie sous l’Occupation et dans la résistance, et qui accompagna par sa dominante théologique et sa spiritualité « eschatologique » les angoisses de la Guerre froide, la vogue de « l’existentialisme », les approfondissements du dialogue oecuménique et interreligieux et les renouvellements de la pensée catholique dans le moment préconciliaire. Entre Esprit (Mounier), Critique (Bataille) et Les Temps modernes (Sartre), très liée à l’itinéraire spirituel de son principal animateur Marcel Moré (1887-1969), la revue marqua l’un des principaux carrefours intellectuels du moment, laissant ensuite une trace profonde par la qualité et la variété de ses collaborations, le tranchant dialectique de ses positionnements et l’intensité de ses sommaires. Sartre, Bataille, Queneau ou Klossowski, Michel Leiris, Brice Parain ou Jean Hyppolite, mais aussi les Pères de Lubac, Fessard, Bouyer, Urs von Balthasar, Monchanin, Claudel, Maurice de Gandillac ou Gabriel Marcel ont croisé son histoire, à des titres divers, faisant ainsi de Dieu vivant le principal organe de la « nouvelle théologie » d’après-guerre.
Étienne Fouilloux et Michel Fourcade, Culture et Histoire...
Étienne Fouilloux et Michel Fourcade, Culture et Histoire : Lignes de vie et de recherche, Editions CLD, Coll. Essai d’histoire, 2015, 278 p.
Tous deux spécialistes des évolutions du christianisme contemporain, et très attentifs à son inscription dans la culture, Etienne Fouilloux et Michel Fourcade croisent ici les orientations de leurs recherches, leur ligne de vie autobiographique et leur propre parcours spirituel. L’histoire de la pensée et de la culture chrétiennes, dont ils refusent l’un et l’autre l’étude en vase clos, est ici rendue à l’histoire générale, dont les mutations religieuses constituent, à travers même la sécularisation ou la postmodernité, une clé d’intelligence essentielle. Leur ancrage générationnel et ecclésial différent donne aussi à ces deux témoignages, « au cœur du xxe siècle religieux », une large surface de contact avec les transformations, les crises et les défis du catholicisme postconciliaire.
Étienne Fouilloux et Philippe Martin (dir.), Y-a-t-il une spiritualité jésuite ?
Étienne Fouilloux et Philippe Martin (dir.), Y-a-t-il une spiritualité jésuite ? (xvie-xxie siècles), Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 30, LARHRA, 2016, 215 p.
Y-a-t-il une spiritualité jésuite ? Telle est la question posée aux journées d’études organisées en octobre 2015, par le Conseil scientifique de la Collection jésuite des Fontaines, avec le concours du Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes.
Elle peut paraître inutilement provocante. En effet, les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola ont acquis depuis le xvie siècle une réputation universelle : en plus de cinq siècles, ils ont nourri la foi d’innombrables générations de religieux comme de religieuses, de prêtres comme de laïcs. Ils sont la marque de fabrique des jésuites en matière de spiritualité. Cet ouvrage cherche pourtant, dans un premier temps, à prendre la mesure de cette matrice ignatienne et du rôle qu’elle a joué, et qu’elle continue de jouer, dans la formation et la vie religieuse des jésuites eux-mêmes. Ces fondements posés, nous pouvons appréhender les lieux où s’exprime la spiritualité jésuite. Au premier chef, c’est le livre qui, depuis le xvie siècle, est un vecteur pastoral essentiel pour la Compagnie. Enfin, notre volume s’interroge sur la manière dont les jésuites ont conçu l’accompagnement spirituel des laïcs.
Ainsi, en partant d’une question qui peut apparaître inopportune, ce volume se veut un outil pour pénétrer la mouvance spirituelle, riche et variée, de la Compagnie de Jésus du xvie siècle à nos jours.
Il s’agit de la cinquième manifestation du même type depuis l’arrivée de la Collection à la Bibliothèque municipale de Lyon. La dernière en date, de juin 2012, « Jésuites français et sciences humaines (années 1960) », a vu ses actes publiés par le Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes dans sa collection Chrétiens et Sociétés. Documents et mémoires.
Bernard Hours, Des moines dans la cité xvie-xviiie siècle
Bernard Hours, Des moines dans la cité xvie-xviiie siècle, Coll. Histoire, Paris, Belin, 2016, 377 p.
Les villes françaises, au lendemain d’un xvie siècle marqué par la Réforme et les guerres de religions, se couvrent d’un « blanc manteau » de couvents et de monastères. Paris, nouvelle Rome, est exceptionnelle et exemplaire : capitale politique et culturelle, la ville porte une dynamique religieuse rayonnante. Les fondations nouvelles, suscitées par la réforme catholique, se multiplient à côté des anciennes abbayes médiévales qui exercent leurs droits seigneuriaux sur une grande partie du territoire urbain.
Congrégations et ordres religieux sont des acteurs essentiels de la vie de la cité. Au cœur de la spéculation immobilière, leurs terrains sont l’objet de convoitises et chacun de leurs établissements représente un potentiel de production, de consommation, d’emploi et d’assistance. Les réguliers participent aux cérémonies civiques et portent les prières de la cité. Protégés des rois et des grands, conscients de leur pouvoir et de leur influence, ils contribuent pourtant à l’insurrection de la Ligue et prennent une part décisive à la dynamique de la réforme catholique par le biais de leurs prédicateurs et confesseurs. Avec eux, les Parisiens, et les Parisiennes, atteignent un taux d’alphabétisation très supérieur à la moyenne nationale. Paris doit également à leurs bibliothèques et à leurs savants une bonne part de son rayonnement dans la République des Lettres.
Grâce à Bernard Hours, nous comprenons mieux comment ces femmes et ces hommes, qui ont voulu vivre hors du monde, ont aussi été des acteurs incontournables de la vie culturelle, économique et sociale de la cité.
Fabienne Henryot, À la table des moine...
Fabienne Henryot, À la table des moines. Ascèse et gourmandise de la Renaissance à la Révolution, Vuibert, Coll. La Librairie Vu 2015, 288 p.
À en croire notre imaginaire, bière et vin coulaient à flots dans les abbayes de jadis et on y dégustait les meilleurs fromages. Mais les disciples de l’austère saint Benoît ou de saint Bernard passaient-ils vraiment leur temps à faire bombance ?
Les clichés ont la vie dure, et il aura fallu l’étude précise de Fabienne Henryot pour mettre au jour, pour la première fois, les usages de la table chez les moines. Son livre nous ouvre les portes des réfectoires, cuisines et jardins des innombrables couvents et monastères qui parsèment la France, de Sénanque à Cluny, de la Trappe à la Grande-Chartreuse.
Elle nous fait voir avec quel soin les moines organisaient leur alimentation et cultivaient leurs terroirs, mais aussi tous les accommodements consentis au sein des cloîtres pour satisfaire l’appétit sans tomber dans le mortel péché de gourmandise : par-delà les doctrines et les rituels, elle écrit là une nouvelle page de l’histoire du corps.
Yves Krumenacker (éd.), Marie Huber, Un purgatoire protestant ?
Yves Krumenacker (éd.), Marie Huber, Un purgatoire protestant ? Essai sur l’état des âmes séparées des corps, 2016, Labor et Fides, 317 p.
Cet ouvrage est la première édition critique des Sentimens différens de quelques théologiens sur l’état des âmes séparées des corps, livre publié anonymement en 1731, puis une seconde fois en 1733 sous le titre Le Sistème des anciens et des modernes. Il a fait, à son époque, l’objet d’importantes discussions, avant d’être peu à peu oublié.
Ce livre constitue pourtant un jalon important dans la genèse des Lumières et du protestantisme libéral. Au travers de deux textes qui ont connu un certain succès au xviiie siècle, mais qui n’ont jamais été réédités depuis, l’auteure s’interroge sur l’enfer et les peines éternelles, sujet alors grave et controversé. Elle montre comment le refus du système traditionnel de l’enfer et de la prédestination aboutit à la remise en question totale des fondements du protestantisme « classique ».
C’est ainsi l’un des premiers livres – et des plus importants – écrit par une femme sur ce sujet, qui touche au refus d’un Dieu vengeur et à la recherche du bonheur, c’est-à-dire qui témoigne du passage d’une religion chrétienne traditionnelle à un christianisme des Lumières.
Philippe Martin et Eric Suire (dir.), Les Convertis...
Philippe Martin et Eric Suire (dir.), Les Convertis : parcours religieux, parcours politiques. Tome I, période moderne, Paris, Classiques Garnier, Coll. Constitution de la modernité, 2016, 302 p.
Longtemps confiné dans le domaine de l’histoire de la spiritualité et de la littérature, le problème de la conversion intègre aujourd’hui les horizons de recherche de l’histoire politique. Il interroge les questions d’identité et d’appartenance, de tolérance et de neutralité de l’État. Il invite à examiner la place du religieux dans la société civile et dans son rapport au pouvoir. Le livre aborde le phénomène de la conversion « par le bas », à partir des trajectoires des convertis, et non des tentatives de conversion menées par les institutions. En envisageant la conversion sous l’angle politique, il met en lumière les facteurs ayant provoqué la démarche de conversion, son retentissement social, et ses implications pour l’État, la société, la famille ou le milieu d’origine des convertis
Catherine Maurer et Catherine Vincent (dir.), La coexistence confessionnelle...
Catherine Maurer et Catherine Vincent (dir.), La coexistence confessionnelle en France et en Europe Germanique et Orientale, Lyon, Chrétiens et Sociétés - Documents et Mémoires n° 27, LARHRA, 2015, 365 p.
La coexistence confessionnelle qui naît en Europe de la diffusion de la réforme luthérienne a été un thème extrêmement fécond pour les réflexions théologiques mais aussi pour la démarche historiographique, et cela dès l’origine. Elle continue à nourrir une recherche très active pour la période moderne mais est moins souvent sollicitée pour d’autres périodes. Rares sont les études diachroniques qui s’efforcent de mettre le phénomène en perspective en privilégiant le temps long et en abordant des relations qui ne sont pas uniquement inter-chrétiennes.
Organisée par la Société d’Histoire Religieuse de la France et l’Université de Strasbourg, la rencontre qui a donné lieu à ce volume a souhaité au contraire s’inscrire dans cette dimension, en mettant l’accent sur la différenciation des cultures générées par l’appartenance confessionnelle, mais aussi sur le degré de leur interpénétration, et en insistant sur les conflits, mais aussi sur le « vivre ensemble malgré et dans la séparation », pour reprendre la formule célèbre du chancelier Willy Brandt.
Chercheurs allemands, suisses et français se sont interrogés sur les débats théologiques, l’approche juridique et institutionnelle, la confrontation entre l’attitude des autorités politiques et religieuses et celle des populations. Ils se sont aussi intéressés à l’évolution des attitudes dans le temps, à la cristallisation sociale et culturelle des différences ou encore au rôle de la durée dans la constitution d’identités confessionnelles concurrentes. Ils ont enfin examiné les différents degrés de la confrontation, la question de l’exclusion et de la tolérance ainsi que les réalités de la frontière confessionnelle. Partie de l’œil du cyclone, le Saint-Empire, l’analyse s’est étendue à la France et aux marges orientales de l’Europe. Son horizon est resté constamment celui d’établir des ponts entre France, Suisse et outre-Rhin, entre historiographies, entre générations d’historiens, entre confessions aussi.
Lionel Obadia, Satan
Lionel Obadia, Satan, Paris, Ellipses Marketing, 2016, Coll. Biographies & mythes historiques, 312 p.
« S’il est une figure qui a marqué, souvent de manière traumatique, l’imagination collective des sociétés occidentales, c’est bien celle de Satan ». Qui se cache derrière l’ombre du mal personnifié qui fut aussi nommée Méphisto, Lucifer ou Belzébuth ?
L’ouvrage revient sur les origines religieuses de cette figure, profondément ancrée au fondement même du monothéisme comme incarnation de l’altérité, de l’opposition entre les forces du Bien et du Mal. L’auteur restitue les contextes de développement et de transformation de ce personnage complexe aux multiples avatars et attributions. Satan est une figure qui déborde le religieux, la sorcellerie, l’Occident et les séquences historiques de l’Antiquité et du Moyen Âge, pour se déployer par-delà les frontières des temps, des idées ou des cultures, et se montre plus résistant qu’on l’imaginait au rationalisme et à la sécularisation des sociétés qui l’ont fait naître et vu se développer.
Instrumentalisé par l’Église au plus fort des temps de la chasse aux sorcières et de la guerre au démon, invoqué par des mouvements sectaires comme le symbole de la transgression des normes et de l’interdit, il peut être aussi considéré comme l’emblème d’une contre-culture populaire qui se manifeste dans la musique des Rolling Stones ou Black Sabbath mais aussi dans la littérature de polars américains ou encore dans les romans de fantasy et merveilleux.
Lionel Obadia, Anne-Laure Zwilling (dir.), Minorité et communauté en religion
Lionel Obadia, Anne-Laure Zwilling (dir.), Minorité et communauté en religion, Presses universitaires de Strasbourg, Coll. Société, droit et religion en Europe, 2016, 294 p.
Quasiment chaque jour, l’actualité fait état d’une crise liée aux appartenances ou aux revendications religieuses, notamment minoritaires. On évoque alors les demandes et habitudes de différentes communautés ou minorités, mais ces deux notions sont loin d’être univoques : leur signification a varié au fil du temps, et les changements rapides de notre société les rendent encore plus difficiles à cerner.
Cet ouvrage analyse ces notions lourdes d’enjeux sociaux et symboliques. Il réunit les contributions de spécialistes qui apportent au débat une grande diversité disciplinaire. Certains décrivent les différentes façons dont les groupes minoritaires ont pu à la fois faire et questionner l’Histoire. D’autres interrogent les choix de terminologie, en droit, en sciences sociales, en sciences politiques, dévoilant les enjeux idéologiques sous-jacents. D’autres, enfin, décryptent les déclinaisons contemporaines de ces notions, en France ou ailleurs, ainsi que la réticence française à penser le communautarisme.
À l’heure où la pluralité religieuse interroge la gouvernance, sur l’arrière-plan des débats politiques et sociaux sur l’intégration et la laïcité, cet ouvrage contribue à la compréhension des reconfigurations géopolitiques et religieuses de notre monde.
Oissila Saaidia et Laurick Zerbini (dir), L’Afrique et la mission...
Oissila Saaidia et Laurick Zerbini (dir), L’Afrique et la mission. Terrains anciens, questions nouvelles avec Claude Prudhomme, Karthala, Coll. Hommes et sociétés, 2015, 348 p.
Une vingtaine d’auteurs sont réunis dans ce livre pour rendre hommage à l’historien Claude Prudhomme. Leurs textes dessinent le paysage nouveau des missions à l’époque contemporaine. Plus que tout autre, écrit Denis Pelletier, Claude Prudhomme a contribué à renouveler les méthodes et les perspectives de ce champ qui a longtemps peiné à se démarquer des études de missiologie, où l’histoire s’ordonnait à un projet croyant.
À partir des années 1960, l’entreprise missionnaire est progressivement devenue un objet d’étude pour les historiens. Cette entrée dans l’espace universitaire s’est opérée avec les outils des sciences humaines, en lien avec une approche critique des cultures et de leur rencontre. La décennie 1970 a été décisive à ce point de vue pour l’intégration des missions dans l’histoire religieuse académique.
Le choc de la décolonisation surmonté et l’autonomie des Églises locales affirmée, les congrégations missionnaires détentrices des fonds documentaires les plus importants amorcent alors une ouverture aux chercheurs. Les archivistes de sociétés telles que les Missions étrangères de Paris, les lazaristes, les spiritains, les Pères Blancs, les Missions africaines de Lyon... vont jouer un rôle majeur en fournissant les matériaux de cette historiographie nouvelle.
C’est autour de trois grandes thématiques que l’ouvrage a été pensé dans une perspective transdisciplinaire. Les auteurs de la mission sont l’objet d’une première partie qui les montre « en action ». Dans un deuxième temps, il est rappelé que les missionnaires, en particulier à partir de la Première Guerre mondiale, n’ont pas pu se soustraire à la dimension politique qui culminera avec l’affirmation des nationalismes. Plus réflexive, une troisième partie aborde des sujets tels que la missiologie ou science des missions, le rôle de la presse et de la bande dessinée, la place de l’architecture. L’ouvrage s’achève sur le témoignage de proches et sur la postface de Jean-Dominique Durand. Le lecteur y découvrira les engagements multiples de Claude Prudhomme, en particulier auprès des jeunes chercheurs.
Clara Saraiva, Peter Jan Margry, Lionel Obadia, Kinga Povedák, José Mapril (dir.), Experiencing Religion...
Clara Saraiva, Peter Jan Margry, Lionel Obadia, Kinga Povedák, José Mapril (dir.), Experiencing Religion: New Approaches to Personal Religiosity, Lit Verlag, 2016, 240 p.
The various ethnologists and anthropologists contributing to this volume focus on the "self"-perspective in relation to religion and spirituality: on how religiosity is personally thought, dreamt, imagined, created, felt, perceived and experienced, in its various subjective forms. The personal motive and practice in religion is here put to the front. One can see this perspective also reflected in todays’ society, in the ways people, most strongly in the West, are nowadays dealing with religion, religiosity or spirituality, often drifted far away from the institutional church organizations. As a deeply personal experience, it is amazing how little effort is undertaken in a scholarly way to put the personal reflections, utterings and experiences into words. A wide variety of personal religious or spiritual experiences, Christian and non-Christian, recent and historical, are now described and analyzed in this fascinating volume.