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Dossier bibliographique
Recensions

Martin Luther, Traités polémiques. Contre Latomus. Contre Jean le Pitre, Genève, Labor et Fides (Œuvres de Martin Luther, tome XIX), 2015, 277 p.

Yves Krumenacker
p. 219-220

Full text

1Depuis 1985, les éditions Labor et Fides publient des œuvres choisies de Luther ; les neuf premiers tomes le faisaient d’une manière chronologique, de 1517 à 1546, puis les tomes suivants (10 à 18) étaient consacrés à des traités exégétiques. Ce nouveau volume semble annoncer une nouvelle série, sur les traités polémiques. Ceux qui sont présentés ici sont de deux périodes très différentes. En, 1521, Luther s’attaque vivement à un théologien de Louvain, Jacques Latomus, qui avait publié au début de l’année une Justification de la condamnation des articles de la doctrine du frère Martin Luther, relativement mesurée – même si elle conclut sur le caractère hérétique des propositions du théologien de Wittenberg, portant surtout sur l’idée que le penchant au mal n’est pas un péché, comme le dit Luther, mais une faiblesse. La réplique, Contre Latomus. Réfutation, publiée en septembre 1521, critique les théologiens scolastiques et leur oppose la manière dont l’Écriture parle du péché. Il s’agit d’un traité savant, en latin, où Luther utilise son érudition, ses qualités d’exégète et les ressources de la rhétorique. On est encore aux tout débuts de la Réforme, Luther se situe toujours dans un horizon humaniste. Tout autre est le texte de 1541, Contre Jean le Pitre (Wider Hans Worst). Hans Worst est une figure traditionnelle de la culture carnavalesque, reprise par Sébastien Brant dans sa Nef des Fous. Ici, il s’agit d’une attaque contre le prince de Brunswick-Lunebourg, le duc Henri II, un des principaux princes catholiques, animateur de la Ligue catholique opposée à la Ligue de Smalkalde. Il avait écrit l’année précédente une Duplique contre le prince-électeur de Saxe, dans laquelle les protestants étaient traités d’hérétiques, à laquelle Luther répond. Ce n’est toutefois qu’un prétexte pour montrer que les protestants sont la vraie Église, l’Église ancienne, celle qui ne vacille pas, n’est pas incertaine, ne cède rien, alors que l’Église papiste est « l’archiputain du diable » dans laquelle se sont introduites toutes sortes de nouveautés, la pire étant l’existence du pape. Dans tous les domaines, les novateurs sont dans l’Église de Rome, non dans l’Église protestante, restée fidèle aux apôtres et à l’Église primitive. La première enseigne la justification par les œuvres, alors que la seconde ne repose que sur la Parole de Dieu. Mais, par rapport au traité Contre Latomus, le texte est en allemand, le ton est plus violent. C’est le vieux Luther, qui a définitivement rompu avec l’Église catholique, qui s’exprime. L’argumentation théologique est toujours aussi solide, mais le principal intérêt est que le pamphlet permet de bien mettre en évidence l’évolution personnelle de Luther.

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References

Bibliographical reference

Yves Krumenacker, Martin Luther, Traités polémiques. Contre Latomus. Contre Jean le Pitre, Genève, Labor et Fides (Œuvres de Martin Luther, tome XIX), 2015, 277 p.Chrétiens et sociétés, 23 | -1, 219-220.

Electronic reference

Yves Krumenacker, Martin Luther, Traités polémiques. Contre Latomus. Contre Jean le Pitre, Genève, Labor et Fides (Œuvres de Martin Luther, tome XIX), 2015, 277 p.Chrétiens et sociétés [Online], 23 | 2016, Online since 09 February 2017, connection on 24 March 2025. URL: http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/4143; DOI: https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.4143

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