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AccueilNuméros23VariaLes cimetières familiaux protestants

Résumés

Traditionnellement perçus comme une survivance des guerres de Religion, les cimetières familiaux protestants sont-ils l’ultime reliquat d’un passé en évolution constante ? À travers une présentation du cadre ecclésiastique et législatif dans lequel naquit cette pratique, l’article montre que ces sépultures privées sont antérieures à la Révocation – bien que majoritaires pendant la période de répression du Désert qui suivit – et se poursuivent aujourd'hui. Une synthèse des connaissances sur ces inhumations au niveau national décrit par ailleurs un type : clos, champêtre mais étonnamment fonctionnel et adapté tant à l’espace et ses usages qu’à une période et ses troubles. Enfin, s’esquisse à travers l’exemple succinct de Châteauneuf-de-Vernoux une signification moins religieuse, plus identitaire de cette pratique semblant indiquer qu’il n’existe de Réforme autre que continue et continuée.

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Texte intégral

1En 2017 est commémorée la Réforme. Luthéranisme et calvinisme ont considérablement changé depuis cinq cents ans. Il reste, bien entendu, quelques fondements théologiques, mais aussi quelques habitudes et traditions, parmi lesquelles – peut-être – l’usage des cimetières familiaux protestants : mémoire parcellaire, inscrite dans les paysages qu’elle signe de souvenirs de dragonnades, exil et persécutions, témoignage immémorial d’un passé enfoui avec les corps des défunts, de ceux qui l’ont vécu, mais perdurant par la seule volonté des vivants. Après avoir dressé une chronologie religieuse et civile de la pratique, nous retracerons la présence de ces sépultures privées protestantes dans le paysage français avant de s’arrêter sur celles de Châteauneuf-de-Vernoux. Il s’agira alors de déterminer si cette petite commune ardéchoise s’inscrit dans une continuité ou une discontinuité par rapport aux usages nationaux.

Vers l’existence légale des cimetières familiaux protestants

Directives ecclésiastiques

Réformateurs et Ordonnances ecclésiastiques de l’Église de Genève

  • 1 Craig M. Koslofsky, The Reformation of the Dead : Death and Ritual in Early Modern Germany, 1450-17 (...)
  • 2 Luther s’inspire probablement des mesures – préconisées pour des motifs démogra-phiques – des conse (...)
  • 3 Jean Calvin, Institution de la religion chrestienne, Nouvellement mise en œuvre en quatre livres et (...)
  • 4 Idem, IV, XIX, « De l’extrême onction », p. 572-574, § 18-21.

2Les Réformateurs mettent en place relativement tôt des institutions – synodes, consistoires – ayant charge de veiller à la bonne application des ordonnances et autres institutions issues des milieux protestants. Les procès pour hérésie, les témoignages des deux fois et les remontrances pastorales comme les textes doctrinaux permettent de retracer l’application de ces directives au cours du temps. Dès 1517, Luther statue sur les pratiques funéraires, mais il s’agit davantage du cérémonial – refus des indulgences, intercessions et extrême-onction dès 15201 – que du site d’inhumation. En 1527, pour des raisons hygiénistes2 et suivant les exemples bibliques, il recommande que les inhumations aient lieu « hors les murs ». Dès 1536, l’Institution de la Religion chrétienne de Calvin reprend ces précautions, craignant une « pollution » par le catholicisme, les questions « frivole[s] et sotte[s] » sur l’état d’avant résurrection3, et prône un recours au médecin plus qu’au prêtre « enhuileur »4.

  • 5 Jean Calvin, Les Ordonnances ecclésiastiques de l’église de Genève. Item, l’ordre des escoles de la (...)
  • 6 Exemple de Baudichon de la Maison Neuve, marchand en soie bernois dans J. G. Baum, Procès de Baudic (...)
  • 7 Penny Roberts, « Contesting Sacred Space : Burial Disputes in Sixteenth-Century France », in Bruce (...)

3Le 20 novembre 1541, le conseil de Genève donne à l’Institution un pendant pratique qui vise à organiser l’Église calviniste. Concernant « la Sépulture », ces Ordonnances ecclésiastiques demandent « qu’on ensevelisse honnestement les morts au lieu ordonné », mais précisent : « De la suite & compagnie, nous la laissons à la discretion d’un chacun », si ce nest quelques consignes aux porteurs et sur l’heure d’inhumation5. Aucun rituel n’est donc recommandé pour se préparer à la mort, seulement la « visitation des Malades » – non réservée aux pasteurs – pour « se consoler en Dieu par sa Parole ». Dès lors et bien que la pratique soit antérieure6, les demandes testamentaires de sépulture sans pompe sont considérées comme une présomption d’hérésie7. Il s’avère en tous cas que dès 1525, les inspections ecclésiastiques germaniques relevaient l’existence d’enterrements parfois nocturnes, sans clercs et ayant lieu dans des champ

Les synodes

  • 8 Benjamin Faucher, « Les registres de l’état civil protestant en France depuis le xvie siècle jusqu’ (...)
  • 9 Idem p. 326 et note 3 de ladite page.
  • 10 Charles Drelincourt, Les Consolations de l’ame fidele contre les frayeurs de la mort. Avec les disp (...)
  • 11 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les manuels réformés de préparation à la mort », Revue de l’histoire (...)

4Les synodes nationaux de 1559 à 1598 statuent sur la sobriété requise lors des inhumations. En 1584, suivant l’ordonnance de Blois cinq ans plus tôt, celui de Montauban préconise la tenue de registre des décédés, mais cela n’est guère appliqué8. Le synode de Castres de 1626 étend à « toutes les Eglises » la réponse donnée aux « Frères de Xaintonge » par celui de Gap treize ans plus tôt, jugeant que « tous se doivent tenir à la simplicité ancienne », cest-à-dire renoncer aux « sepulchres » faits de pierre ou à « s’aproprier [sic] un lieu de sepulture ». De fait, la plupart des conciles se contentent de réitérer les injonctions passées en les accompagnant de remontrances, voire de demandes de sanctions, à l’égard des contrevenants. Concernant les cimetières familiaux ou les tombes privées, il n’y est fait aucune allusion hormis peut-être en 1603, dans l’évocation de lieux de sépultures que certains s’appropriaient. Or, la déclaration royale du 11 décembre 1685 déclare pourtant que les réformés se font toujours enterrer « secrètement, en terre profane »9. Du xviie siècle, on ne sait guère davantage. Les Consolations de Drelincourt10, les artes moriendi11 témoignent d’un maintien de la sobriété.

Le droit civil depuis la Révocation

Avant la Révocation : des cimetières confessionnels

  • 12 Plaintes des Églises réformées de France sur les violences et injustices qui leur sont faites en pl (...)
  • 13 « Déclaration royale du 1er février 1669 », articles XX, XXIII, dans Catherine Bergeal et Antoine D(...)
  • 14 Élie Benoist, Histoire de l’Édit de Nantes, contenant les choses les plus remarquables qui se sont (...)

5De l’édit d’Amboise (1563) à la Révocation (1685), l’usage, fragile, fluctuant et contesté, est celui de cimetières confessionnels, sous la responsabilité des édiles puis des commissaires députés à l’application des édits de Nantes (1598) et de Nîmes (1629). Or, la parité entre les commissaires des deux fois n’est pas toujours respectée, et le nombre d’injustices et de vexations diverses croît. Les corps sont alors parfois enterrés « à la campagne », lorsqu’ils ne sont pas tout simplement « abandonnés à la merci de qui voudra »12. En 1669, une déclaration royale entérine la séparation des cimetières13. Que ce soit pour les législateurs ou dans les mentalités, la sépulture privée demeure une exception choisie. Cependant, le 9 juillet 1685, un arrêt du Conseil d’État exige que les cimetières soient abandonnés sous six mois « dans les lieux où il n’y a plus d’exercice » de la R.P.R.14. Trois mois plus tard, l’édit de Nantes est révoqué.

La Révocation : cadre théorique et temporel des cimetières familiaux protestants

  • 15 Jacqueline Thibaut Payen, Les morts, l’Église et l’État : recherches d’histoire administrative sur (...)
  • 16 François-André Isambert (et alii), Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 ju (...)

6L’édit de Fontainebleau (18 octobre 1685) se présente alors comme l’aboutissement d’une pacification religieuse par abjurations – obtenues de gré ou de force – des huguenots. Le 11 décembre, pour pallier le vide juridique concernant la fin de vie, une déclaration royale statue que les décès des religionnaires doivent être notifiés aux juges locaux sous peine d’amende. En avril, la galère est promise aux mourants qui se rétabliraient après avoir refusé l’extrême-onction. Ceux qui succombent sont traînés sur la voie publique, à peine déposés sur une claie. Enfin, une déclaration du 13 décembre 1698 exige des nouveaux convertis – y compris les seigneurs et notables – une pratique identique aux « bons » catholiques. Concernant les inhumations, l’absence de cimetières conduit à entrer dans le secret : on enterre de nuit, sans registre. Dans un premier temps, les protestants tentent de « reconstituer clandestinement des cimetières » puis se tournent vers les jardins, les caves et les champs15. La déclaration du 8 mars 1715 élargit la notion de relaps à tous les réformés. Désormais, il n’a plus que des « Nouveaux Convertis ». Bien que certains usent de subterfuges juridiques pour obtenir une place dans les cimetières et surtout éviter à leurs proches la confiscation des biens, l’ensevelissement « dans des champs hors de la ville et dans d’autres endroits particuliers » se normalise ; c’est toujours mieux que d’être jeté à la voirie16.

  • 17 J. Thibaut-Payen, Les morts, l’Église et l’État…, op. cit., p. 189.
  • 18 Déclaration du Roy, Concernant la forme de tenir les registres de Batêmes, Mariages, Sepultures, Ve (...)
  • 19 J. Thibaut-Payen, op. cit., p. 191-192.

7Face à la recrudescence de « ces sépultures inconnues, dont il ne se trouve aucune preuve juridique », les autorités s’inquiètent. Les magistrats ne peuvent statuer sans admettre l’existence des religionnaires. La déclaration du 9 avril 1736 vient alors statuer sur « ceux à qui la sépulture ecclésiastique n’est pas accordée »17 à propos desquels Louis XV déclare
– article XIII – qu’ils pourront être inhumés « en vertu d’une Ordonnance du Juge de Police des lieux, rendue sur les conclusions [d’un] Procureur, ou decelui des Hauts-Justiciers »18. Si certains « protestants réussissent à se faire attribuer des cimetières dès avant 1787 »19, l’édit de Fontainebleau apparaît comme le cadre temporel et théorique des cimetières familiaux protestants. Pour autant, le terme n’est alors jamais employé, et l’impression donnée correspond davantage à un éparpillement de tombes individuelles, ou à une pratique communautaire plus large que celle du foyer.

L’Édit de Tolérance, la Révolution… et Napoléon !

  • 20 J. Thibaut-Payen, op. cit., p. 194.
  • 21 Idem, p. 325.
  • 22 Loi qui détermine le mode de constater l’état civil des citoyens [En ligne] URL : http://geneal30.f (...)

8En novembre 1787, l’édit de Versailles – dit « de tolérance » – accorde, par son article 27, « un terrain convenable et décent pour l’inhumation des sujets ou étrangers auxquels la sépulture ecclésiastique ne devait être accordée ». Parfois, cest l’ancien site du temple qui leur échoit, souvent il s’agit d’acquérir une parcelle de terre, ce qui n’est pas sans difficulté. Par ailleurs, ces mesures imposent une déchirure communautaire qui n’est pas sans évoquer celle des années 1600, laquelle était motivée par une volonté religieuse séparatiste. De plus, les enfants de moins de sept ans ayant été baptisés demeurent du ressort des curés. Doit-on penser que de là vient le maintien de la pratique des sépultures privées ? Toujours est-il que la pratique se maintient un peu partout et est même « assez fréquente en Poitou », où elle a été davantage étudiée qu’ailleurs20. Extrêmement rares jusqu’à la fin des années 173021, les registres de décès se multiplient après 1774, mais la Révolution va plus loin dans la déconfessionnalisation de l’état civil. Cependant, les archives n’ont conservé que quelques rares exemplaires légaux – propres aux cimetières confessionnels – qui de plus ne nous concernent pas. La loi du 20 septembre 1792 abroge l’édit de 1787 : l’enregistrement devient véritablement un acte séculier22, bien que les pasteurs continuent à tenir en parallèle leurs propres registres, aléatoirement préservés et transmis aux archives communales dans la continuité du dépôt des « registres du Désert ». De même, il est très difficile de retrouver les permis d’inhumer.

  • 23 Décret du 23 Prairial an XII relatif au lieu d’inhumation [En ligne] URL : http://souvenirnapoleoni (...)
  • 24 Loi du 14 novembre 1881 abrogeant l’article 15 du décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804).
  • 25 Bilan et perspectives de la législation funéraire - Sérénité des vivants et respect des défunts [En (...)

9Alors que les enregistrements des actes « faits au Désert » par les officiers royaux se multiplient, il faut cependant attendre le décret du 23 prairial an XII pour que les cimetières civils, cest-à-dire strictement « soumis à l’autorité, police et surveillance des administrations municipales », soient complétement substitués aux cimetières paroissiaux. Par ailleurs, l’article 15 établit la nécessité d’un « lieu d’inhumation particulier » à chaque culte, séparé des autres cultes « avec une entrée particulière pour chacun » et doté d’un espace proportionnel au nombre de fidèles. Quant à l’article 2 – reprenant une idée de la déclaration royale du 10 mars 1776 et perpétué aujourdhui – il préconise une « distance de trente-cinq à quarante mètres au moins » des enceintes communales23. La neutralité des cimetières n’est ordonnée qu’en 188124 et confirmée en 1884 et 1905. La création de « carrés confessionnels » demeure à la libre appréciation du maire, mais « encouragée » notamment par les circulaires du 28 novembre 1975 et 14 février 199125.

Aujourd’hui : des créations toujours possibles

  • 26 Articles du Code général des collectivités territoriales (CGCT).
  • 27 Ce dernier détermine si une telle réalisation est possible sans qu’en soient affectés le milieu sou (...)
  • 28 Articles 225-17 et 225-18 du Code pénal.
  • 29 Au moins 35 mètres, exception faite des dispositions citées dans l’article L2223-1 du CGCT.
  • 30 Une concession non entretenue, abandonnée peut au contraire faire l’objet d’une « procédure de péri (...)

10L’inhumation en cimetière familial protestant est bien souvent la traduction d’une volonté de se placer dans une continuité, la revendication d’un héritage familial et religieux. Néanmoins, elle peut aussi être une création par identification au passé protestant ou par simple désir de mise à part : envie d’être chez soi – sur sa terre, avec ses proches – ou souhait de se démarquer par une pratique différente, de se tenir à part de manière plus prégnante que la clôture d’un caveau ou la pierre tombale d’une sépulture municipale. Dans tous ces cas, la perpétuation de ces sépultures comme leur fondation demeure possible encore aujourdhui, en vertu des articles L2223-9 et R2213-3226. Toute personne peut ainsi être enterrée sur une propriété particulière, sur autorisation du préfet du département et avis d’un hydrogéologue agréé27. D’autre part, les règles concernant les violations28 comme la distance29 les séparant des habitations sont identiques à celles des concessions, excepté qu’une sépulture privée est inaliénable, incessible et perpétuelle30.

Les cimetières familiaux en France : état des
connaissances

Le Sud Est

Cévennes, Dauphiné, Velay, Vivarais

  • 31 Patrick Cabanel, « Les protestants et les cimetières », Réforme, 29/10/2008.
  • 32 « Étranges Cévennes toutes pavées de tombes », Le Monde, 20/11/2008.

11Dans les campagnes cévenoles, on dit les cimetières familiaux protestants omniprésents, « chaque famille ayant le sien » ; mais – ou plutôt, par conséquent – les descriptions en sont plus que sommaires. Il s’agit de « quelques tombes dans un jardin ou un pré, encloses ou non par des murs, parfois signalées par un arbre »31. On y trouve « des tertres très simples, des fleurs, des pierres tombales comprenant parfois un verset biblique », mais « guère de noms », « une lauze plantée en terre », mais « ni croix ni ornements » si ce n’est pour les plus riches, un « casier de zinc qui abrite des couronnes ». Les caveaux sont inhabituels, généralement un « mausolée dont le ciment jure avec l’humilité du pays », avec l’ancienneté du mas qui lui donne de l’ombre. Il y pousse des fruitiers, comme dans les cimetières-vergers de Normandie. Dehors, cyprès et « châtaigniers centenaires » les voilent à l’étranger, mais leur présence remonte à la première forme de la pratique. Aussi trouve-t-on encore des cimetières « à deux pas » de l’habitat : « dans la cave, dans la grange, dans lécurie des chèvres », dans « une dépendance de la ferme ». Les villes, elles, ont souvent un cimetière protestant communal à l’image de ceux – immenses – de Nîmes ou de Montpellier. Sinon, les citadins se contentent de cimetières séparés, comme à Saint-Germain-de-Calberte32.

  • 33 Acte de vente tiré des Archives et cité par Joël Justamont [En ligne] URL : http://huguenotsinfo.fr (...)
  • 34 Jean-Yves Durand, « Entre "paisibles jardins" et "patrimoine culturel". Les cimetières familiaux de (...)
  • 35 On fait généralement remonter leur origine à l’orfèvre Maystre de Nîmes au xviiesiècle.
  • 36 Jean-Yves Durand, « Entre "paisibles jardins" et "patrimoine culturel"… », op. cit., paragraphe 8.

12Dans les autres espaces du Sud-Est français, les cimetières publics protestants semblent peu nombreux. À Saint-Agrève, en Ardèche, le premier cimetière protestant s’établit sur un terrain vendu dans ce but en 1604 par J. Laurens à la communauté réformée33. Outre la préférence d’une situation majoritairement champêtre et souvent au « centre du moins [à] l’intérieur du champ plutôt que sa bordure » aux « tombes dans un bois, si clairsemé soit-il »34, les seules véritables différences observées concernent l’épigraphie. Dans le Diois, J.-C. Rouchouse souligne que « les versets bibliques sont fréquents » – mais sans chiffre, l’interprétation est délicate – et date les croix huguenotes de 166835. J.-Y. Durand relève lui l’absence d’épitaphes ou des « inscriptions réduites au minimum »36.

La Provence

  • 37 Régis Bertrand, « Les cimetières protestants en Provence (xviie-xviiie siècles) », Provence histori (...)
  • 38 Régis Bertrand, « Les cimetières provençaux au début du xviiie siècle d’après l’enquête de l’an XII (...)
  • 39 R. Bertrand, « Les cimetières provençaux au début du xviiie siècle… », op. cit., p. 60.
  • 40 Ibid., p. 67.

13En Provence, Régis Bertrand37 constate également que « bien que les réformés n’en aient pas l’exclusivité, [les tombes champêtres] semblent constituer avant tout un signe familial d’appartenance confessionnelle » se faisant le « symbole de la persécution ancienne et preuve d’un enracinement local » assorti d’un refus de subir une nouvelle « rupture de continuité dans le regroupement familial » en quittant les cimetières familiaux isolés. Ces cimetières protestants ne présentent pas de « lien spatial avec le lieu de culte », mais plutôt avec la propriété privée, la sienne ou celle d’un généreux donateur comme avec J. Gauthier qui, en 1608, lègue son jardin à Marseille « pour le cimetière et la sépulture de ceux de ladite religion réformée » lui donnant un statut flou : propriété privée à usage collectif et communautaire. La forme la plus fréquente pour les inhumations familiales demeure néanmoins « celle de l’enterrement dans un champ appartenant à la famille du décédé » et ce, dès avant le Désert et la clandestinité. Clôtures et tombeaux datent du xixe siècle. Quant aux cyprès, il est « difficile [d’en] dater l’apparition », mais elle ne leur est guère antérieure. La Haute-Provence rurale privilégie la clôture basse, inférieure à deux mètres, voire s’en dispense38. Les premières, surtout végétales, sont « à l’évidence très rares en Provence»39. Les enceintes fermées « d’une bonne serrure » furent « un des combats essentiels des évêques aux xvii-xviiie siècles », mais la terre protestante – non consacrée – ne nécessitait pas autant de protection40.

Saintonge ou Poitou-Charentes

Poitou et Deux-Sèvres

  • 41 Charlotte Pon-Willemsen, « Catholiques et protestants, les cimetières dans la région Poitou-Charent (...)
  • 42 http://cimetieresmellois.fr/acces%20geographique.html

14Avant la fin du xvie siècle, Poitiers, Niort et Saint-Martin-de-Ré disposent d’un cimetière protestant. Dès 1634, les réformés se trouvent contraints de créer des cimetières propres à leur confession. Aussi se tournent-ils rapidement vers les cimetières familiaux protestants41. Le Poitou historique est certainement la région où ces derniers furent le plus étudiés, peut-être aussi où ils sont les plus nombreux. Il en aurait existé plusieurs dizaines de milliers, de tailles diverses, dépassant rarement la dizaine, mais pouvant comporter jusqu’à une vingtaine de tombes. Le sud des Deux-Sèvres42 rassemble la majorité des sépultures du Moyen Poitou alors que les deux Charentes constituent le parent pauvre du Poitou.

  • 43 Charlotte Pon-Willemsen, « Catholiques et protestants, les cimetières dans la région Poitou-Charent (...)
  • 44 http://cimetieresmellois.fr/acces%20geographique.html

15Avant la fin du xvie siècle, Poitiers, Niort et Saint-Martin-de-Ré disposent d’un cimetière protestant. Dès 1634, les réformés se trouvent contraints de créer des cimetières propres à leur confession. Aussi se tournent-ils rapidement vers les cimetières familiaux protestants43. Le Poitou historique est certainement la région où ces derniers furent le plus étudiés, peut-être aussi où ils sont les plus nombreux. Il en aurait existé plusieurs dizaines de milliers, de tailles diverses, dépassant rarement la dizaine, mais pouvant comporter jusqu’à une vingtaine de tombes. Le sud des Deux-Sèvres44 rassemble la majorité des sépultures du Moyen Poitou alors que les deux Charentes constituent le parent pauvre du Poitou.

  • 45 « Les cimetières familiaux protestants », Notice du Musée protestant [En ligne] URL : http://www.mu (...)
  • 46 Jacques Marcadé, « Les protestants de la région de Lusignan après [...] 1787 », André Benoist et Di (...)
  • 47 J. Marcadé, Ibid., p.287.
  • 48 Estelle Jamet, « Cimetière Lys », Cahiers de la maison du protestantisme charentais [En ligne] URL  (...)

16Peu figurent sur les documents cadastraux et cette présence traduit souvent une édification sur un terrain appartenant à un autre propriétaire. Les « enclos accolés » semblent d’ailleurs constituer une spécificité locale. Il s’agit de cimetières de familles ne possédant pas de terrain en propre, mais « autorisées par le propriétaire à édifier leur cimetière à côté du sien »45. Tous sont enclos, majoritairement par des murs. Les pierres sont en plate-forme parfois redressée. Le premier constat est celui de communautés réformées de plus en plus importantes « à mesure que l’on progresse vers l’ouest »46. Le second est davantage axé sur les inhumés eux-mêmes. Utilisés dès 1803, les cimetières familiaux concernent « une écrasante majorité de gens de la terre » et quelques artisans47. La plupart des sépultures sont assez anciennes – celui de Saint-Savinien remonte par exemple à 1671 et fut utilisé durant deux siècles –, mais certains cimetières demeurent encore en service. C’est le cas du cimetière Lys, dans la chênaie de Coulonges. Les quinze tombes s’étalent sur près d’un siècle, de 1888 à 199348.

  • 49 « Une empreinte dans le paysage », Laissez-vous conter le pays Mellois protestant, Melle, Pays d’Ar (...)
  • 50 Archives départementales des Deux-Sèvres, SRSM/1696, cité par Pierre Baudou, « Les protestants, la (...)
  • 51 Charlotte Pon-Willemsen « Un cimetière privé protestant à Nègressauve (Deux-Sèvres) » in Cécile Tre (...)

17Dans les Deux-Sèvres, la densité de cimetières familiaux protestants est particulièrement élevée49. La pratique, de plus, est ancienne et très marquée par la tradition familiale, puisqu’en 1696, G. Croué se défend d’avoir fait « mettre les pierres [tombales] de ses ancêtres sur les tombes de ses quatre enfants morts et enterrés au cimetière catholique »50. Les actes notariés témoignent aussi qu’elle est relativement bien inscrite dans les usages dès la fin du xviie siècle. Le lieu-dit de Nègressauve, en pays mellois, est intéressant à différents égards. D’abord, il se situe sur trois communes et, bien que privé, son cimetière était à l’usage « de parentèle élargie, presque ‘public ». À La Villedieu de Pamproux et à Saint-Savinien, en Charente-Maritime, de tels cimetières ont été acquis par la municipalité. Par ailleurs, sur la quarantaine de sépultures qu’il contient, trois sont « antérieures à la révocation de l’édit de Nantes, deux de la seconde moitié du xviiie siècle » et une majorité entre 1787 et 1885, date de la dernière inhumation51.

  • 52 Marion Duvigneau, « Le protestantisme dans les Deux-Sèvres », Chronique familiale [En ligne] URL : (...)
  • 53 Michèle Gueri-Langlois, Inventaire des Cimetières. Glossaire illustré simplifié, Association de Sau (...)

18Dans le canton de Celles-sur-Belle, les cimetières sont assez hétéroclites tant dans leur fondation – le début du xxe siècle à Beaussais, le milieu du xviiie siècle à Miséré – que leurs formes : établis dans les champs ou les jardins mais presque toujours à proximité d’une ferme, présentant toutes les clôtures possibles, y compris leur absence52, privés ou semi-privés53.

La Vendée

  • 54 http://www.chavagneslesredoux.fr/decouvrir/historique/
  • 55 Delphine Blanchard, « Petit tour dans les cimetières familiaux protestants de Vendée », Racines, no (...)

19Dans l’est de la Vendée, on dénombre actuellement quarante-huit cimetières. Ils auraient été utilisés de 1865 à 1925 pour la plupart, quelques-uns jusqu’à aujourdhui. À Mouilleron, il demeure un cimetière protestant employé de 1874 à 191354. Le cimetière des Guillebaud, à Saint-Prouant, concerne la même période. Dans plusieurs communes, le cimetière est entretenu par la municipalité en échange d’un bout de terre cédé pour l’agrandissement du cimetière communal. Ailleurs, les cimetières – créés dans les jardins, au milieu ou au coin dun champ – sont bel et bien privés. S’ils existent dans certains bourgs, les cimetières familiaux protestants demeurent donc dans la Saintonge aussi une réalité essentiellement rurale qui aurait complétement disparu si ces lieux n’avaient été fréquemment marqués par la présence dune « pierre au pied de la sépulture et un monticule à la tête »55, voire d’un enclos.

  • 56 « Les cimetières familiaux protestants », Notice du Musée protestant [En ligne] URL : http://www.mu (...)
  • 57 « Une empreinte dans le paysage », Laissez-vous conter le pays Mellois protestant, Melle, Pays d’Ar (...)
  • 58 Pierre Baudou, « Les protestants, la mort, leurs sépultures », op. cit.
  • 59 Charlotte Pon-Willemsen, « Catholiques et protestants, … », art. cit., p. 327-328.

20Ils sont en effet généralement dépeints comme « ceints de murs de pierres, marqués par des cyprès ou des ifs, plus rarement des pins parasols »56, lesquels indiquaient en Sud-Charente « la maison de celui qui ne dépend pas d’un maître ». Aussi la pigne se retrouve-t-elle dans les temples ou sur certaines tombes protestantes57. On trouve aussi parfois, en bordure des cimetières, des buissons de buis. Les cimetières encore visibles aujourdhui présentent presque systématiquement des murs, « mais parfois sans clôture »58. Ce modèle se retrouve dans l’ensemble de la Saintonge, bien que parfois concurrencé par la présence de vergers qui, « fréquemment », sont partiellement consacrés à l’usage funéraire. Pour compléter cette description, il nous faut rappeler le caractère exceptionnel de l’existence de portails monumentaux59. Par ailleurs, si la majorité des sépultures retrouvées est postérieure à la Seconde République, il ne faut pas oublier Jacquette Nasdeau inhumée en 1560 dans un champ à Saint-Maixent ou Pierre Nicou décédé en 1618 et dont la pierre tombale fut retrouvée rue du boulet-Rouge aux Sables-d’Olonne. Enfin, il faut relever qu’ici aussi, les inhumés sont essentiellement issus du milieu agricole.

Ailleurs en France

Corse, Normandie, Nord, Île-de-France

21Certes, la Corse comprend une multitude de cimetières de familles, mais ceux-ci sont catholiques et non protestants.

  • 60 Jean-Marie Vallez, « Un révélateur du protestantisme normand au début du xviie siècle : l’attributi (...)
  • 61 Idem, p. 172.
  • 62 [En ligne] http://quievy.free.fr/edifices3.htm#cimetieres

22Il est probable qu’une fois les recensements achevés, chaque département pourra revendiquer quelques tombes protestantes éparpillées dans ses campagnes. Pour l’heure, il n’en est encore rien. De même que dans le Calvados, on trouve en Normandie des vergers semi-cultivés qui abritent des sépultures privées. Très tôt, ce département fut doté de terrains pour les inhumations réformées soit par acquisition devant tabellion soit par des commissaires royaux veillant à l’application de l’édit de 157060. Deux régions concentrent chacune plus d’un tiers des cimetières publics protestants : 34,4% dans le pays de Caux et 37,5% autour de Caen. Seuls de rares cimetières familiaux protestants sont rapportés, parfois anciens communaux tombés en désuétude et « fieffé[s] à un particulier »61. Dans le Nord, on recense un cimetière protestant remontant à 1868 à Ligny-le-Grand. Par ailleurs, la tombe de Catherine Daliencourt, inhumée en 1766 dans le jardin paternel à Quievy près de Cambrai, témoigne de l’existence de sépultures familiales antérieures62.

  • 63 Jacques Hillairet, Les deux cents cimetières du Vieux Paris, Paris, Les Éditions de Minuit, 1958 ; (...)

23Cependant, en Ile-de-France, plus particulièrement en région parisienne, la pratique fut dans l’immense majorité celle des cimetières publics établis dès 157663 : rue des Saints-Pères en 1604, des Poules en 1614. Ce n’est qu’après 1685 que furent rapportées « des inhumations nocturnes de Protestants un peu partout : dans des caves, dans des champs près des Invalides (1699), dans le chantier dune marchande de bois du faubourg Saint-Antoine (1724), dans un terrain vague près de la porte Gaillon (1748), du côté du Roule, des Gobelins ». Suite au traité d’Utrecht en 1713, deux cimetières furent accordés aux protestants étrangers. Enfin, en 1725, le cimetière du Port-au-Plâtre, vint se poser en alternative de la tolérance – officieuse jusqu’en 1777 – qui accompagnait les inhumations des huguenots dans les cimetières réservés aux étrangers. Ce modèle – le cimetière public protestant, de rares sépultures privées – est également celui de la Bretagne. Dans le reste du pays, seul l’Est mennonite possède une forte présence de cimetières familiaux protestants ainsi que, bien évidemment, le Sud-Ouest.

Le Sud-Ouest

  • 64 Laurence Cabrol, « Carrés confessionnels, un enjeu d’intégration », Ariège News, 03/11/2011 [En lig (...)
  • 65 Philippe de Robert, Ch. Miramont et G. Pradalié, « Temple et cimetières protestants de la région du (...)
  • 66 http://lissac.09.free.fr/Lissac.09/Notices_diverses.html

24Les cimetières familiaux protestants du Sud-Ouest sont mal connus. En Ariège, ils se concentrent surtout dans la région du Mas d’Azil64, sont quelquefois doubles65. Souvent la ville voisine comprend un temple ou un cimetière communal protestant, voire les deux assez fréquemment. À Lissac, la famille Sol, propriétaire du château de 1794 à 1895, possède un cimetière de six à neuf tombes, « entouré d’un mur de clôture avec un portail en fer forgé », utilisé au moins de 1854 à 1858 et aujourdhui conservé « par un débroussaillage périodique » du propriétaire du terrain, les descendants ne s’étant plus manifestés depuis les années 1920-193066. Dans le Tarn, ils ponctuent en particulier l’axe Viane-Castelnau.

25Dans le sud de la Dordogne, le constat est similaire aux précédents : les cimetières protestants communaux se rencontrent surtout dans les villes d’importance – peut-être davantage qu’ailleurs – et les cimetières de familles dispersés dans les campagnes, généralement clos. En revanche, un certain nombre renferment de grandes figures : le marquis de la Valette aux Allains, l’historien de l’art Élie Faure près de Sainte-Foy-la-Grande, Armand Reclus à Eynesse en Gironde. À Bergerac se trouve un cimetière protestant de relativement faible superficie, dit du Pont-Saint-Jean, qui concentre la notabilité huguenote des xixe et début xxe siècles. D’autres cimetières protestants collectifs furent fondés près des temples, comme à Saint-Avit en 1658.

La Bretagne

  • 67 En juillet 1603, rapporte J.-Y. Carluer, « toute la ville se presse au convoi funèbre » du vieux pa (...)
  • 68 Jean-Yves Carluer, « Querelle autour d’une tombe protestante : les enjeux, la symbolique et les con (...)
  • 69 « Lieux d’inhumation protestants », dans « Cimetières de Nantes », Wikipedia [En ligne] https://fr. (...)
  • 70 Claude Kahn et Jean Landais, Des Lieux de mémoire : les quinze cimetières de Nantes, Nantes, Ouest (...)
  • 71 Politicien nantais décédé en 1867.
  • 72 J.-Y. Carluer, http://protestantsbretons.fr/protestants/ferdinand-favre/
  • 73 J.-Y. Carluer, « Querelle autour d’une tombe protestante… », op. cit., p. 342-343.

26En Bretagne, la résistance à l’austérité de la discipline calviniste fut particulièrement importante. Longtemps, les seigneurs furent enterrés dans les temples, avec pompe. Une partie des réformés de la première partie du xvie siècle retourna au catholicisme. D’autres, comme à Vitré, vécurent plus d’un siècle d’accommodements et de cohabitation confessionnelle67. Du fait de la prégnance même du catholicisme, outre « la constante pression » sur les pouvoirs politiques, la perspective d’une inhumation non ecclésiastique, être hérétique revêtait une dimension non seulement religieuse, mais également « sociale dans la mesure où la vie collective n’était pas laïcisée et où les traditions communes étaient considérées comme fondamentales dans les villages bretons »68. Le protestantisme, très minoritaire, est donc surtout le fait d’étrangers. Un premier site nantais est accordé dès 1601 dans l’ancien cimetière d’une église, à la motte Saint-André. Après la promulgation de l’édit de Nantes, il est complété par trois nécropoles. Seule celle de Saint-Léonard fut effectivement employée. En 1655, apparaît le « cimetière des Huguenots » puis, après l’édit de 1726, une parcelle est consacrée aux protestants étrangers ; en pratique, les huguenots l’emploient aussi. Elle fut par la suite incluse dans l’actuel cimetière Miséricorde69. Les cimetières privés, eux, ne sont guère représentés. La plupart sont catholiques, dépendants de monastères70 bien que, « selon un usage protestant séculaire », F. Fabre71 « [ait] été inhumé avec les autres membres de sa famille dans un enclos privé [...] à Saint-Sébastien-sur-Loire »72. La « solidarité locale et familiale » est importante et « transcend[e] la réprobation religieuse » en particulier lors des cérémonies funèbres. Aussi, notamment depuis la moitié du xixe siècle, l’enterrement est-il une occasion occasion de proclamer ou d’entendre l’Évangile pour les prédicateurs et les auditeurs73. Peut-être est-ce une des raisons du peu d’inhumations privées. En 1831 puis en 1839, le conseil d’État accorda successivement à l’Église catholique la légalisation de l’administration religieuse et le « monopole des pompes funèbres » en échange de « l’entretien des lieux », en contradiction avec une disposition de 1812 qui interdisait justement aux autorités municipales d’imposer l’usage de carrés confessionnels, dont l’existence était tolérée par le décret de l’an XII (1804). Certes, la population catholique elle-même demandait la constitution d’enclos protestants – pétition publique à Quimper en 1853, imposition officieuse par les édiles à Trémel ou Plougasnon –, mais ce fut, bien souvent, pour mieux refuser l’enterrement dans le cimetière, redevenu en fait paroissial, ou du moins confiner les protestants au coin des réprouvés.

Les pays du Rhin

  • 74 Pierre Marthelot, « Les mennonites dans l’Est de la France », Revue de géographie alpine, 1950, tom (...)
  • 75 Frédéric Schwindt, « La "disparition" d’une minorité visible : l’intégration des mennonites en Fran (...)

27Les mennonites, outre « l’étrangeté de leur costume » et « l’archaïsme de leurs mœurs patriarcales », surprennent par « leurs cimetières séparés et loin des agglomérations [qui] achevaient de les distinguer du reste de la population », note P. Marthelot74. La répartition des cimetières suit en effet celle de la population. Or cette minorité – sans histoire, si ce n’est l’exil religieux – semble rechercher l’isolement, les habitats dispersés, l’autonomie et une certaine distance avec l’emprise villageoise. La famille
– endogame – constitue le socle de leur communauté, comme en témoigne le nombre, très important, de monuments familiaux dans leurs cimetières. Même les rapprochements entre communautés religieuses protestantes ne remontent qu’à 1860 et concernent surtout le prêt de salles, voire de pasteurs. Sans mémoire, sans souvenir, ces anabaptistes tentèrent néanmoins de s’inscrire dans leurs terres d’accueil, non en devenant propriétaires – fait rarissime avant la fin du Second Empire –, mais par leurs sépultures. Retirés dans de grandes exploitations, formant certes un réseau, mais globalement isolées, les mennonites créent des cimetières familiaux protestants dès la fin du xviiie siècle en Alsace, soit à peine cent ans après leur premier établissement en France75.

  • 76 Site Internet de l’Église mennonite du Birkenhof à Ruederbach dans le Haut-Rhin [En ligne] URL : ht (...)
  • 77 Michèle Wolff, Werner Enninger, Lieux d’inhumation mennonites dans l’Est de la France, 1990, I, p. (...)
  • 78 Francine Wild et Frédéric Schwindt, « L’unique témoin d’une communauté silencieuse », Souvenance an (...)
  • 79 [En ligne] URL : http://biblioanab.fr/Biblioanab/IV)_A.html
  • 80 La seule étude sur le sujet (Nicolas Champ, « Les attitudes face à la mort dans une périphérie prot (...)

28Toujours enclos, placés « dans les jardins, les vergers des fermes ou en lisière de forêt »76, ces cimetières furent rapidement remplacés par les carrés confessionnels – comme celui découvert en 2009 à Vaucouleurs, dans la Meuse – ou des cimetières publics protestants. Les stèles sont plutôt simples : « en bouteille », « à cou » ou « en champignon »77. La Meuse « ne possède aucune trace d’un cimetière mennonite particulier privé », contrairement à La Lorraine ou à la vallée de la Bruche78. Celui de Wasselonne remonte à 1574, 1807 pour le Birkenhof, au moins 1825 à Repaix (Lorraine) et, le régime demeurant concordataire, la pratique perdure79. Les autres Églises, évangéliques comme luthéro-réformées, ont pu avoir également des cimetières privés, mais ceux-ci ne semblent avoir fait l’objet d’aucune étude80. Notons néanmoins les cimetières réformés de Kirrberg – Haut-Rhin – et Rauwiller et celui, luthérien, de Fouday à Schirmeck – Bas-Rhin – où repose notamment le pasteur J. F. Oberlin. Dans la principauté de Salm, un cimetière, non clos, fut fondé par Nicolas Augsburger – décédé en 1890 – et mis à disposition de la communauté. Un autre, ceint d’un mur de pierre et accessible par un escalier, témoigne d’inhumations dès 1859, bien qu’un monument date de 1837. La famille le céda en 1976 à la commune qui prend désormais en charge son entretien.

L’exemple de Châteauneuf-de-Vernoux81

  • 81 Ne sont présentés ici que les conclusions de : Typhaine Couret, Les cimetières familiaux protestant (...)

29Châteauneuf-de-Vernoux est une commune du Vivarais profondément marquée par le protestantisme, au cœur d’un des bastions de la Réforme française. Une trentaine de cimetières familiaux y ont été étudiés. Ils sont de petite superficie, entourés de murs, murets ou grilles la plupart du temps, repérables généralement par un arbre – mais pas forcément un cyprès.

30La première inhumation privée recensée sur cette commune date de 1854, la dernière de 2009. Comme cela a été observé en milieu rhénan plus particulièrement, la répartition des cimetières suit celle de la population : on les trouve au chef-lieu et dans les hameaux les plus protestants ; elle est intimement liée au facteur familial, mais aussi à la solidarité locale
– profession, voisinage – qui, comme en Bretagne, transcende les relations. D’une superficie inférieure à 30 m² dans plus de 55% des cas, et rarement supérieure à 60m², proches de l’habitat sans y être accolés, établis surtout en milieux champêtres ou boisés, clos et accompagnés de végétation, ces cimetières ne présentent guère de spécificités à même de les différencier des autres sites, qu’ils soient cévenols ou saintongeais. Cependant, l’étude plus approfondie de cette trentaine de cimetières révèle une interprétation plutôt surprenante de cette pratique. Alors que ces cimetières familiaux protestants sont toujours étudiés comme marquage religieux, prévaut ici, plus qu’un héritage religieux et politique, une revendication identitaire mêlée de tradition familiale, un attachement particulier à un lieu. Or, si ce constat ne peut être véritablement comparé aux observations faites ailleurs, certains traits communs suffisent à interroger le sens donné habituellement à ces tombes extra-cémétériales. Partout en effet semble prédominer un même profil sociologique et professionnel composé à la fois de gens de la terre et de notables, évoquant un attachement certain à la commune ou, a minima, à la terre locale. Par ailleurs, une étude précise des épitaphes – affectives et non pas seulement scripturaires – montrerait probablement que, outre les mêmes versets, ce sont les mêmes liens familiaux qui sont mis en valeur au niveau national, puisque l’on observe déjà cela dans les régions rhénanes et à Châteauneuf-de-Vernoux, ce que pourrait confirmer l’établissement de généalogies entre les inhumés des diverses communes.

  • 82 Frédéric Thébault, Le patrimoine funéraire en Alsace, 1804-1939 : Du culte des morts à l’oubli, Pre (...)
  • 83 Frédéric Schwindt, « Les assemblées anabaptistes-mennonites de la Meuse, xviiie-xxe siècles », Égli (...)

31Chaque sépulture témoigne donc d’un vécu, celui de l’individu auquel elle est destinée. Une persécution plus importante demandera davantage de dissimulation, une terre plus pauvre imposera de préserver au maximum l’usage agraire des champs. Dans un relief montagnard, moins fréquenté, les enclos se contenteront d’une clôture basse. Les cimetières familiaux protestants ne sont donc pas une pratique figée, réservée à quelques individus. Tous peuvent en créer un et tous peuvent se revendiquer d’une histoire protestante, qu’ils se reconnaissent dans une foi ou des valeurs communes, ou bien qu’ils s’identifient à un passé religieux ou encore indépendantiste. Pour certains, être d’une région à forte implantation protestante suffit à se sentir réformés. Marqués par cette identité culturelle, ils la revendiquent. D’autres vont se réclamer d’une même unité cultuelle. Néanmoins, il est possible d’établir une sépulture-type, généralement en extérieur à moins de cent mètres de l’habitat. Selon les lieux et les périodes, elle disparaît dans le décor ou s’expose, s’impose aux regards. L’inscription a en effet une importance religieuse et familiale car se joue dans les cimetières familiaux protestants un double enjeu représentatif. Le défunt gagne nu l’éternité et laisse donc ses attributs identitaires à ses proches, à sa terre. Si ces sépultures disparaissent faute d’être bien localisées et marquées par un monument visible, la « lecture de ces inscriptions » peut venir nourrir le « sentiment familial, filial »82. Parce que « trouver sa place dans le cimetière est aussi important que de trouver sa place dans le village »83, notables et pasteurs voient leur fonction concurrencer leurs liens familiaux avec les vivants. Parfois l’un et l’autre sont absents et seule la revendication protestante – souvent discrète, parfois manifestée par son absence même – vient rappeler un peu de celui qui vécut.

32Pour autant, il ne faudrait pas tout rapporter au protestantisme. Un premier motif, souvent négligé, est simplement géographique, spatial. Ces sépultures se concentrent essentiellement dans les milieux ruraux : villages, hameaux, propriétés isolées. Or, la distance même entre l’habitat et le bourg justifie la préférence d’une inhumation chez soi à un déplacement du corps de plusieurs kilomètres dans des conditions, ne serait-ce que physiques
– relief, climat –, souvent difficiles. Entrent également en compte la volonté de marquer sa différence, ainsi que l’attachement particulier à une terre. Il faut enfin se rappeler que, jusqu’au milieu du xxe siècle, toutes les communes ne possédaient pas de cimetière municipal et ce, malgré la loi de 1804 ; quand il existe, au début du xixe siècle, il tient encore beaucoup de la fosse commune. Dès lors, notables protestants et catholiques font bâtir des caveaux, mausolées ou autres monuments – du plus simple aux plus somptueux – sur leurs terres, à destination non seulement d’eux-mêmes, mais aussi de leurs proches. C’est pourquoi les cimetières familiaux, s’ils sont majoritairement protestants, ne le sont pas de manière exclusive.

Cimetières familiaux à Châteauneuf-de-Vernoux

Cimetière de la famille Peyrard

Cimetière de la famille Peyrard

© Photographie de l’auteur.

Cimetière de M. et Mme Reymond Ruel.

Cimetière de M. et Mme Reymond Ruel.

© Photographie de l’auteur.

Cimetière du prieuré Saint-Félix

Cimetière du prieuré Saint-Félix

© Ressources Patrimoine Huguenot de l’Ardèche

Cimetière Changea au hameau de La Pra

Cimetière Changea au hameau de La Pra

© Ressources Patrimoine Huguenot de l’Ardèche

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Notes

1 Craig M. Koslofsky, The Reformation of the Dead : Death and Ritual in Early Modern Germany, 1450-1700, London, Macmillan, 2000, et Naïma Ghermani, « Les conflits confessionnels autour des espaces urbains dans l’Empire au xvie siècle », dans Les Affrontements religieux en Europe (1500-1650), Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, 2009, p. 165-173.

2 Luther s’inspire probablement des mesures – préconisées pour des motifs démogra-phiques – des conseils de villes du Saint-Empire romain germanique de la fin du xve siècle.

3 Jean Calvin, Institution de la religion chrestienne, Nouvellement mise en œuvre en quatre livres et distinguée par chapitres, en ordre et méthode bien propre, augmentée aussi de tel accroissement qu’on la peut presque estimer un livre nouveau, Paris, C. Meyrueis, 1859 (1560), Livre III, chapitre XXV « De la dernière résurrection », § 6, p. 290.

4 Idem, IV, XIX, « De l’extrême onction », p. 572-574, § 18-21.

5 Jean Calvin, Les Ordonnances ecclésiastiques de l’église de Genève. Item, l’ordre des escoles de ladite cité, Lyon, 1562, « De la Sepulture », p. 46-47.

6 Exemple de Baudichon de la Maison Neuve, marchand en soie bernois dans J. G. Baum, Procès de Baudichon de la Maison Neuve, accusé d’hérésie à Lyon, 1534, publié pour la première fois d’après le manuscrit original conservé aux Archives de Berne & précédé d’un Avant-propos, Genève, Imprimeries Jules-G. Frick, 1873, p. 139.

7 Penny Roberts, « Contesting Sacred Space : Burial Disputes in Sixteenth-Century France », in Bruce Gordon, Peter Marshall (éd.), The Place of the Dead : Death and Remembrance in Late Medieval and Early Modern Europe, Cambridge, 2000, p. 131-148 (ici p. 137-138).

8 Benjamin Faucher, « Les registres de l’état civil protestant en France depuis le xvie siècle jusqu’à nos jours », Bibliothèque de l’École des Chartes, vol. 84, n° 1, 1923, p. 306-346 (ici p. 316).

9 Idem p. 326 et note 3 de ladite page.

10 Charles Drelincourt, Les Consolations de l’ame fidele contre les frayeurs de la mort. Avec les dispositions & les preparations necessaires pour bien mourir. Dizième édition de celles qui ont esté reveuës & corrigées par l’Auteur, Paris, chez Louis Vendosme, 1662.

11 Marianne Carbonnier-Burkard, « Les manuels réformés de préparation à la mort », Revue de l’histoire des religions, vol. 217, n° 3, 2000, « La prière dans le christianisme moderne », p. 363-380 et « L’art de mourir réformé. Les récits de "dernières heures", aux xviie et xviiie siècles », dans Homo Religiosus. Autour de Jean Delumeau, Paris, Fayard, 1997, p. 99-107.

12 Plaintes des Églises réformées de France sur les violences et injustices qui leur sont faites en plusieurs endroits du royaume, et pour lesquelles elles se sont en toute humilité, à diverses fois, adressées à Sa Majesté et Messieurs de son conseil. Ce factum fut publié en 1597, cf. Charles Read, « Cimetières et inhumations des Huguenots principalement à Paris aux xvie, xviie et xviiie siècles, 1563-1792 », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français (désormais B.S.H.P.F.), 1862, t. XI, p. 138-150.

13 « Déclaration royale du 1er février 1669 », articles XX, XXIII, dans Catherine Bergeal et Antoine Durrleman, Protestantisme et libertés en France au xviie. De l’édit de Nantes à sa révocation 1598-1685, Editions La Cause, 1985.

14 Élie Benoist, Histoire de l’Édit de Nantes, contenant les choses les plus remarquables qui se sont passées en France, avant et après sa publication, à l’occasion de la diversité des religions : Et principalement les contraventions, inexecutions, chicanes, artifices, violences, & autres injustices, que les Réformez se plaignent d’y avoir souffertes, jusques à l’édit de révocation en octobre 1685, avec ce qui a suivi ce nouvel édit jusques à présent, Delft, Adrien Beman, 1693-1695, vol. V, livre XI, p. 171.

15 Jacqueline Thibaut Payen, Les morts, l’Église et l’État : recherches d’histoire administrative sur la sépulture et les cimetières dans le ressort du parlement de Paris aux xviie et xviiie siècles, Paris, Fernand Lanore, 1977, p. 180 et 184.

16 François-André Isambert (et alii), Recueil général des anciennes lois françaises depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789…, Paris, Belin-Leprieur ; Plon 1821-1833 (29 volumes dont 1 de table), t. XX, p. 640 et t. XXI, p. 596, 598. Cf. Francis Waddington, « Influence de l’ambassade de Hollande à Paris sur les affaires des protestants de France au xviiie siècle, 1515.1728. Établissement d’un cimetière pour les protestants étrangers en 1720 », dans B.S.H.P.F., t. III, p. 596-598.

17 J. Thibaut-Payen, Les morts, l’Église et l’État…, op. cit., p. 189.

18 Déclaration du Roy, Concernant la forme de tenir les registres de Batêmes, Mariages, Sepultures, Vestures, Noviciats & Professions ; Et des Extraits qui en doivent être delivrez. Donnée à Versailles le 9 Avril 1736. Registrée en Parlement. Exemplaire tiré des « archives paroissiales d’une commune de Saintonge », numérisé par D. Chatry et publiée sur son site : http://chatry.pagesperso-orange.fr/declaration_05.htm.

19 J. Thibaut-Payen, op. cit., p. 191-192.

20 J. Thibaut-Payen, op. cit., p. 194.

21 Idem, p. 325.

22 Loi qui détermine le mode de constater l’état civil des citoyens [En ligne] URL : http://geneal30.free.fr/Atelier/etat_civil/loi.htm

23 Décret du 23 Prairial an XII relatif au lieu d’inhumation [En ligne] URL : http://souvenirnapoleonien.blogspot.fr/2011/06/12-juin-1804-23-prairial-xii-decret.html.

24 Loi du 14 novembre 1881 abrogeant l’article 15 du décret du 23 prairial an XII (12 juin 1804).

25 Bilan et perspectives de la législation funéraire - Sérénité des vivants et respect des défunts [En ligne] URL : https://www.senat.fr/rap/r05-372/r05-37223.html

26 Articles du Code général des collectivités territoriales (CGCT).

27 Ce dernier détermine si une telle réalisation est possible sans qu’en soient affectés le milieu souterrain et les systèmes aquifères éventuellement présents dans le secteur concerné. Cette formalité est également exigée en cas de modifications substantielles du terrain ou, à défaut, pour toute nouvelle inhumation postérieure de dix ans ou plus au dernier avis favorable.

28 Articles 225-17 et 225-18 du Code pénal.

29 Au moins 35 mètres, exception faite des dispositions citées dans l’article L2223-1 du CGCT.

30 Une concession non entretenue, abandonnée peut au contraire faire l’objet d’une « procédure de péril » ou, lorsqu’a été constaté et déclaré un état d’abandon, d’une « procédure de reprise de concession ».

31 Patrick Cabanel, « Les protestants et les cimetières », Réforme, 29/10/2008.

32 « Étranges Cévennes toutes pavées de tombes », Le Monde, 20/11/2008.

33 Acte de vente tiré des Archives et cité par Joël Justamont [En ligne] URL : http://huguenotsinfo.free.fr/cimetieres/departements/dep07.htm

34 Jean-Yves Durand, « Entre "paisibles jardins" et "patrimoine culturel". Les cimetières familiaux des protestants du Diois », Terrain n° 20, 1993, p. 119-134, paragraphes 10 et 12.

35 On fait généralement remonter leur origine à l’orfèvre Maystre de Nîmes au xviiesiècle.

36 Jean-Yves Durand, « Entre "paisibles jardins" et "patrimoine culturel"… », op. cit., paragraphe 8.

37 Régis Bertrand, « Les cimetières protestants en Provence (xviie-xviiie siècles) », Provence historique n° 49, fascicule 197, Marseille, 1999, p. 669-682.

38 Régis Bertrand, « Les cimetières provençaux au début du xviiie siècle d’après l’enquête de l’an XII » Provence historique n° 34, fascicule 135, Marseille, Fédération historique de Provence, 1984, p. 55-73 : ici, carte III p. 68.

39 R. Bertrand, « Les cimetières provençaux au début du xviiie siècle… », op. cit., p. 60.

40 Ibid., p. 67.

41 Charlotte Pon-Willemsen, « Catholiques et protestants, les cimetières dans la région Poitou-Charentes de la fin du xvie siècle à nos jours », dans André Benoist et Didier Poton (dir.), « Catholiques et Protestants dans l’Ouest de la France du xvie siècle à nos jours (Actes du colloque. Poitiers, 7-9 avril 1994) », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 5e série, tome IX, 2006, p. 323-340 (ici p. 323).

42 http://cimetieresmellois.fr/acces%20geographique.html

43 Charlotte Pon-Willemsen, « Catholiques et protestants, les cimetières dans la région Poitou-Charentes de la fin du xvie siècle à nos jours », dans André Benoist et Didier Poton (dir.), « Catholiques et Protestants dans l’Ouest de la France du xvie siècle à nos jours (Actes du colloque. Poitiers, 7-9 avril 1994) », Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 5e série, tome IX, 2006, p. 323-340 (ici p. 323).

44 http://cimetieresmellois.fr/acces%20geographique.html

45 « Les cimetières familiaux protestants », Notice du Musée protestant [En ligne] URL : http://www.museeprotestant.org/notice/les-cimetieres-familiaux-protestants-dans-le-poitou/.

46 Jacques Marcadé, « Les protestants de la région de Lusignan après [...] 1787 », André Benoist et Didier Poton (dir.), op. cit., p. 281-290, ici p. 281, 284.

47 J. Marcadé, Ibid., p.287.

48 Estelle Jamet, « Cimetière Lys », Cahiers de la maison du protestantisme charentais [En ligne] URL : http://www.breuillet.net/00text/0page/cimelys.html

49 « Une empreinte dans le paysage », Laissez-vous conter le pays Mellois protestant, Melle, Pays d’Art et d’Histoire /Syndicat mixte du Pays Mellois, s.d. [après 2006], p.11.

50 Archives départementales des Deux-Sèvres, SRSM/1696, cité par Pierre Baudou, « Les protestants, la mort, leurs sépultures », [En ligne] http://guy.vidal.pagesperso-orange.fr/Thomas_MARCHE/index_cimetieres.htm

51 Charlotte Pon-Willemsen « Un cimetière privé protestant à Nègressauve (Deux-Sèvres) » in Cécile Treffort (éd.), Mémoires d’hommes. Traditions funéraires et monuments commémoratifs en Poitou-Charentes, de la Préhistoire à nos jours, La Rochelle, ARCADD / Centre d’Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale, 1997, p. 104-108.

52 Marion Duvigneau, « Le protestantisme dans les Deux-Sèvres », Chronique familiale [En ligne] URL : http://gw.geneanet.org/duvgen?lang=fr;m=NOTES;f=ProtestantsPoitou#a_14

53 Michèle Gueri-Langlois, Inventaire des Cimetières. Glossaire illustré simplifié, Association de Sauvegarde des Cimetières Familiaux Protestants, 2014, p. 4-5.

54 http://www.chavagneslesredoux.fr/decouvrir/historique/

55 Delphine Blanchard, « Petit tour dans les cimetières familiaux protestants de Vendée », Racines, novembre 2011, p.45, URL : http://www.magazine-racines.fr/V2/articles/200/ autrefoiscimetiere.pdf.

56 « Les cimetières familiaux protestants », Notice du Musée protestant [En ligne] URL : http://www.museeprotestant.org/notice/les-cimetieres-familiaux-protestants-dans-le-poitou/.

57 « Une empreinte dans le paysage », Laissez-vous conter le pays Mellois protestant, Melle, Pays d’Art et d’Histoire /Syndicat mixte du Pays Mellois, s.d. [après 2006], p. 8.

58 Pierre Baudou, « Les protestants, la mort, leurs sépultures », op. cit.

59 Charlotte Pon-Willemsen, « Catholiques et protestants, … », art. cit., p. 327-328.

60 Jean-Marie Vallez, « Un révélateur du protestantisme normand au début du xviie siècle : l’attribution de cimetières par les commissaires du roi (1611-1612) », Annales de Normandie, 51e année, n° 2, 2001, p. 139-172 (ici p. 156-157).

61 Idem, p. 172.

62 [En ligne] http://quievy.free.fr/edifices3.htm#cimetieres

63 Jacques Hillairet, Les deux cents cimetières du Vieux Paris, Paris, Les Éditions de Minuit, 1958 ; résumé [En ligne] URL : http://minutier.free.fr/rpr/200cim.html

64 Laurence Cabrol, « Carrés confessionnels, un enjeu d’intégration », Ariège News, 03/11/2011 [En ligne] URL : http://www.ariegenews.com/news-39846.html

65 Philippe de Robert, Ch. Miramont et G. Pradalié, « Temple et cimetières protestants de la région du Mas d’Azil », Volvestre-patrimoine.info, 19/06/2008 [En ligne] URL : http://www.volvestre-patrimoine.info/index.php?option=com_content&task=view&id=44&Itemid=31

66 http://lissac.09.free.fr/Lissac.09/Notices_diverses.html

67 En juillet 1603, rapporte J.-Y. Carluer, « toute la ville se presse au convoi funèbre » du vieux pasteur Merlin [En ligne] URL : http://protestantsbretons.fr/histoire/etudes/ questions-sur-vitre-4/

68 Jean-Yves Carluer, « Querelle autour d’une tombe protestante : les enjeux, la symbolique et les conflits autour des inhumations en Bretagne », dans A. Benoist et D. Poton (dir.), op. cit., p. 341-359 (ici p. 345).

69 « Lieux d’inhumation protestants », dans « Cimetières de Nantes », Wikipedia [En ligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_de_Nantes#Lieux_d.27inhumation_protestants.

70 Claude Kahn et Jean Landais, Des Lieux de mémoire : les quinze cimetières de Nantes, Nantes, Ouest éditions et Université inter-âges de Nantes, décembre 1990, p. 7-8.

71 Politicien nantais décédé en 1867.

72 J.-Y. Carluer, http://protestantsbretons.fr/protestants/ferdinand-favre/

73 J.-Y. Carluer, « Querelle autour d’une tombe protestante… », op. cit., p. 342-343.

74 Pierre Marthelot, « Les mennonites dans l’Est de la France », Revue de géographie alpine, 1950, tome 38, n° 3, p. 475-491 (ici p. 476).

75 Frédéric Schwindt, « La "disparition" d’une minorité visible : l’intégration des mennonites en France (xviiie-xxe siècles) », Lyon, MinoRel, Journée d’étude sur « Les protestan-tismes » du 24 novembre 2014. Le texte de la communication est en ligne sur : http://fredericschwindt.blogspot.fr/2015/01/une-communication-presentee-lyon-une.html

76 Site Internet de l’Église mennonite du Birkenhof à Ruederbach dans le Haut-Rhin [En ligne] URL : http://birkenhof.menno.fr/index.php/qui-sommes-nous

77 Michèle Wolff, Werner Enninger, Lieux d’inhumation mennonites dans l’Est de la France, 1990, I, p. 72.

78 Francine Wild et Frédéric Schwindt, « L’unique témoin d’une communauté silencieuse », Souvenance anabaptiste, 2009, p. 55-69 (ici p. 66).

79 [En ligne] URL : http://biblioanab.fr/Biblioanab/IV)_A.html

80 La seule étude sur le sujet (Nicolas Champ, « Les attitudes face à la mort dans une périphérie protestante : le cas des communautés lorraines, des Articles organiques aux lendemains de la Grande Guerre », dans Laurent Jalabert, Julien Léonard (dir.), Les Protestantismes en Lorraine (xvie-xxie siècle), Villeneuve d’Asq, Presses du Septentrion, à paraître en 2017), ne mentionne pas de cimetière familial.

81 Ne sont présentés ici que les conclusions de : Typhaine Couret, Les cimetières familiaux protestants de Châteauneuf-de-Vernoux, Mémoire de Master 1 d’histoire, Université de Lyon (Jean Moulin), 2015, 132 p.

82 Frédéric Thébault, Le patrimoine funéraire en Alsace, 1804-1939 : Du culte des morts à l’oubli, Presses universitaires de Strasbourg, 2004, p. 261.

83 Frédéric Schwindt, « Les assemblées anabaptistes-mennonites de la Meuse, xviiie-xxe siècles », Église de la Vôge [En ligne] URL : http://www.eglisedelavoge.com/ historique/vue-par-un-historien/72-les-assemblees-anabaptistes-mennonites-de-la-meuse.html

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Pour citer cet article

Référence papier

Typhaine Couret, « Les cimetières familiaux protestants »Chrétiens et sociétés, 23 | -1, 163-.

Référence électronique

Typhaine Couret, « Les cimetières familiaux protestants »Chrétiens et sociétés [En ligne], 23 | 2016, mis en ligne le 09 juin 2022, consulté le 07 décembre 2024. URL : http://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/chretienssocietes/4110 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/chretienssocietes.4110

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Auteur

Typhaine Couret

Université Jean Moulin - Lyon III

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